La Machine

L’Ennemi est La Machine
« L’ennemi contre lequel nous luttons a plus d’un visage et porte plus d’un nom. C’est une monstrueuse machine, aux rouages soigneusement cachés, une machine infernale à l’échelle du monde, une machine que nous devons enrayer avant qu’il ne soit trop tard ! »
Adrien Forestal à Jane Huntington, lors de son admission au Club
Plutôt que de vous infliger un indigeste pensum théorique sur la Machine, ses objectifs, ses méthodes et ses activités, nous avons choisi de vous présenter ces diverses informations sous la forme d’un échange de questions-réponses entre une nouvelle recrue du Club et un de ses compagnons plus expérimentés, les réponses de ce dernier permettant de dresser un bilan de ce que la plupart des agents du Club savent (et ignorent encore) au sujet de leurs ennemis. En marge du texte principal, vous trouverez des citations, des précisions et des renseignements supplémentaires qui vous aideront, en tant que Chroniqueur, à compléter votre connaissance de la Machine.
Qu’est ce exactement que la Machine ?
C’est un assemblage complexe et hétéroclite de sociétés plus ou moins secrètes, d’organisations scientifiques et de ligues criminelles. Tous ces groupes sont apparemment indépendants les uns des autres, mais en réalité, leurs activités sont coordonnées et supervisées par les sept membres du Symposium, avec pour objectif final de préparer la future invasion de la Terre par les forces prométhéennes, prévue pour l’an 1900.
Quel rôle ces différentes organisations jouent-elles dans tout cela ?
Leur principale fonction est de permettre au Symposium d’étendre son influence dans le monde entier, au sein des milieux les plus divers : ainsi, grâce à des groupes comme les Hérauts du Progrès ou les Conquérants de l’Air, les membres du Symposium tentent d’établir un contrôle total sur l’évolution de la technologie terrestre, tandis que des sociétés comme le Stahl Kartell en Europe ou la Venture Society aux États Unis leur permettent d’attirer dans leurs filets certains des hommes les plus riches de la planète : barons de la finance, empereurs de l’acier et autres princes de la mine et du rail.
Depuis quand la Machine est-elle active ?
Il est impossible de répondre avec précision à cette question. Nous croyons savoir que les Prométhéens ont pris contact avec les futurs membres du Symposium pour la première fois vers 1880 et qu’à partir de là, les choses se sont structurées progressivement. Certaines organisations ont été créées de toutes pièces par les membres du Symposium : d’autres existaient bien avant sa fondation et ont été peu à peu avalées ou détournées par la Machine, sans que leurs membres en aient forcément conscience.
Concrètement, qui dirige quoi ?
En pratique, chaque membre du Symposium dirige en personne, ou contrôle de façon plus indirecte, trois ou quatre organisations, qui servent aussi bien ses propres intérêts que ceux du Symposium et des Prométhéens. A quelques exceptions près, chacune de ces organisations ignore l’existence des autres, et la plupart des agents de la Machine sont bien loin de soupçonner la véritable nature des intérêts qu’ils servent… La Machine constitue donc une sorte d’immense réseau d’organisations soigneusement cloisonnées, où la manipulation, l’endoctrinement et la désinformation règnent en maîtres.
Comment s’appellent ces organisations ?
Pour le moment, nous en avons identifié onze, mais nous supposons qu’il en existe davantage. Les onze que nous connaissons sont :
- Les Hérauts du Progrès, fraternité secrète des apôtres de la science
- La Ligue des Inventeurs, façade publique de la précédente
- La Venture Society, amicale des milliardaires américains
- L’Institut Bainbridge, société scientifique britannique
- La Liste Noire, complot infiltré dans les milieux anarchistes
- La loge des Nouveaux Bâtisseurs, cercle d’ingénieurs et d’architectes
- L’Abteilung, une branche des services secrets allemands
- Les Conquérants de l’Air, société d’inventeurs allemands
- Le Stahl Kartell, consortium secrets d’industriels européens
- La Compagnie Générale des Mines, présente sur quatre continents
- Le BRIC, un ancien « bureau colonial » de l’armée française
Note : Ces onze groupes vous sont présentés en détail un peu plus loin, ainsi que quelques autres dont le Club ne connaît pas encore l’existence… Seuls les organisations occidentales ont été détaillées : celles qui dépendent du Russe Krylenkov et du Japonais Nakamura vous seront présentées dans un prochain supplément.
De quelles ressources spéciales les agents de la Machine disposent-ils ?
Suivant la faction à laquelle ils appartiennent et l’importance des missions qui leur sont confiées, les agents de la Machine ont accès à tout un arsenal d’armes étranges et sophistiquées, qui vont du pistolet à aiguille soporifique au fusil dislocateur de matière en passant par la bombe de gaz empoisonné. Certains disposent également d’appareils de communication à distance extrêmement sophistiqués, les transmetteurs vocaux, qui fonctionnent un peu comme des téléphones, mais sans fil ni opératrice ! Mieux encore, certains de leurs ingénieurs sont capables de fabriquer de véritables aéronefs à moteur, mais aussi des automates capables d’imiter la vie humaine… sans parler de toutes les armes de destruction massive et autres machines infernales conçues dans l’attente de la prochaine grande guerre. Évidemment, ils préfèrent garder toutes ces inventions secrètes afin d’en rester les seuls détenteurs, un peu comme nous, du reste.
Justement, d’où provient cette incroyable technologie ? A-t-elle la même origine que celle dont nous disposons ?
Pas vraiment. Pour l’essentiel, ce sont les Prométhéens qui ont révélé à leurs serviteurs du Symposium les connaissances scientifiques nécessaires à la conception et à la réalisation de toutes ces babioles : l’imagination d’Edison et consorts a fait le reste. Le principal point commun entre la technologie secrète de la Machine et celle de nos Horlogers réside dans la source d’énergie utilisée par les engins et les dispositifs les plus puissants : le Vulcanium, un minerai aux propriétés uniques, dont l’existence reste encore pour l’instant un secret bien gardé. Il semble que le Vulcanium existe également sur Mars, la planète d’origine des Prométhéens. Sur Terre, il n’est présent qu’en quantités limitées, et la maîtrise de ces précieux gisements constitue un des enjeux les plus immédiats de la guerre que nous livrons à la Machine.
Qui sont les sept membres du Symposium ?
Le professeur Barrymore, que tout le monde croit mort, l’inventeur américain Thomas Edison, le financier français Charles-André Béthancourt, le comte Ferdinand von Zeppelin, le mathématicien russe Sergei Krylenkov, l’ingénieur japonais Tadashi Nakamura et le docteur Gregor, un célèbre aliéniste praguois.
Comment les Prométhéens les ont-ils choisis ?
Nous ignorons pour l’instant la manière exacte dont les membres du Symposium ont été contactés mais il n’est pas très difficile d’imaginer la façon dont les Prométhéens les ont gagnés à leur cause. En échange de leurs bons et loyaux services, les Prométhéens ont livré aux Sept certaines de leurs connaissances scientifiques et technologiques et leur ont garanti qu’ils constitueraient la future oligarchie terrienne, chargée de toutes les médiations entre une humanité réduite en esclavage et ses nouveaux seigneurs venus des étoiles. Mieux encore, ils leur ont manifestement fait miroiter la possibilité de devenir immortels, grâce aux secrets de leur prodigieuse science. Savoir, pouvoir et éternité : c’est l’éternelle histoire du docteur Faust…
En quoi consiste exactement la préparation de l’invasion prométhéenne ?
Le premier grand objectif de la stratégie du Symposium consiste à provoquer avant la fin du siècle un conflit d’ampleur internationale entre les grandes puissances du globe, afin d’éliminer une bonne partie de la population terrestre, mais aussi de plonger les nations les plus puissantes dans le chaos le plus complet. Ceci faciliterait considérablement la tâche des futurs envahisseurs prométhéens, qui n’auraient alors qu’à prendre possession d’une planète ravagée, sans que ses habitants puissent leur opposer la moindre résistance organisée.
Et comment comptent-ils mener le monde à la guerre ?
Certains agents de la Machine ont précisément pour mission d’attiser les tensions déjà vives entre les grands Empires, afin de déstabiliser la paix précaire qui règne en Europe et d’allumer ainsi le foyer d’une Grande Guerre Mondiale. C’est le rôle d’organisations comme le BRIC ou l’Abteilung, grâce auxquelles le Symposium manipule et infiltre les milieux diplomatiques et militaires. Les membres du Symposium ont également pris soin d’établir une influence considérable dans l’industrie de l’armement, et supervisent la mise au point d’armes de destruction massive, afin que le futur conflit soit aussi meurtrière que possible : canons surpuissants, aéronefs de guerre et autres bombes volantes font partie du programme. Tout est prévu pour que cette guerre soit la dernière de l’Histoire de l’Humanité…
Quel intérêt les membres du Symposium peuvent-ils avoir à déclencher une telle folie ?
En plus de son potentiel strictement destructeur, qui sert les desseins de leurs maîtres prométhéens, cette Grande Guerre Mondiale pourrait également permettre aux membres du Symposium de consolider leur pouvoir politique personnel, en s’érigeant en guides providentiels d’une humanité désorientée, prête à embrasser n’importe quel Ordre Nouveau lui garantissant un avenir meilleur. Endoctrinée, enrégimentée et purgée de ses éléments réfractaires à l’accomplissement de sa destinée, l’espèce humaine serait ainsi mieux à même d’accueillir ses nouveaux maîtres venus des étoiles, sous la tutelle du Symposium, seule autorité humaine habilitée à traiter avec les Prométhéens.
Mais comment des êtres humains peuvent-ils ainsi projeter la destruction de notre monde ?
C’est une question que nous nous posons tous, à un moment ou à un autre de notre combat. A mon avis, les Sept ne se considèrent ni comme des traîtres, ni comme des monstres, mais comme des élus, dont le destin est de guider l’humanité vers son futur. D’après ce que nous savons d’eux, tous sont des visionnaires, des esprits brillants, certains de leur supériorité sur le commun des mortels : le fait d’avoir été spécialement choisis par les Prométhéens n’a certainement pas arrangé leur folie des grandeurs. Je pense que les membres du Symposium considèrent l’invasion prométhéenne comme un événement inéluctable, une fatalité contre laquelle il est inutile de se révolter et qu’il faut accepter comme un fait établi : à partir de là, ils estiment très certainement être les mieux placés pour devenir les garants du futur de l’humanité en pactisant avec l’envahisseur. Si l’on suit cette vision des choses, un tel compromis sert à la fois leur propre soif de pouvoir, mais aussi l’intérêt général de l’espèce humaine…
Où se trouvent les quartiers généraux des membres du Symposium ?
Chacun des Sept possède apparemment plusieurs places fortes. En ce qui concerne Edison, nous savons qu’il fait bâtir une véritable cité ultra-moderne en plein désert de l’Arizona et qu’il possède également une base secrète à New York, et peut-être même des bureaux à l’intérieur même de la tête de la Statue de la Liberté. Le comte von Zeppelin quitte rarement son château de Koënigsberg en Allemagne, une forteresse qui cache sous ses allures médiévales diverses installations aussi meurtrières que perfectionnées. Quant à Béthancourt, il vit à Paris, entouré d’une armada d’hommes de paille… et mieux protégé qu’un président.
De quelle façon les membres du Symposium se concertent-ils ?
D’après ce que nous savons, ils ne se réunissent jamais, du moins physiquement. Leurs assemblées ont lieu par le biais de la transvision, un système de communication extrêmement perfectionné qui permet de parler à un interlocuteur n’importe où dans le monde, tout en observant son image sur une grande lentille optique, un peu comme le « téléphote » décrit par Jules Verne dans un de ses derniers récits. Jusqu’ici, nos tentatives d’interception de ces messages sonores et visuels ne permettent pas d’espionner leurs communications de façon efficace, mais nos Horlogers y travaillent d’arrache-pied.
Comment les Prométhéens communiquent-ils avec le Symposium ?
Par le biais d’un système surpuissant de transmission de signaux sonores voyageant à travers l’éther entre la Terre et Mars. Les deux principaux transmetteurs terrestres se trouvent l’un à l’intérieur du flambeau de la statue de la Liberté de New York, l’autre au sommet de la Tour Eiffel parisienne, inaugurée pour l’Exposition Universelle de 1889. Dans les deux cas, le travail d’installation secrète a été supervisé par l’ingénieur français Gustave Eiffel, un membre haut placé de la loge des Nouveaux Bâtisseurs.
Puisque nous connaissons Edison et von Zeppelin, pourquoi ne pas les éliminer ?
Pour plusieurs raisons, en fait. La première, et la plus évidente, c’est que ces deux personnes ne sont pas des plus faciles à approcher et sont protégées en quasi-permanence. La seconde est qu’une telle action ne résoudrait rien, bien au contraire : la France aurait-elle évité la guerre avec l’Allemagne en 1870 si Bismarck ou le Kaiser avait été assassiné ? Certainement pas. Si nous nous en prenions directement à Edison ou à von Zeppelin, nous risquerions de perdre toute chance d’identifier les autres membres du Symposium : pire encore, ces derniers risqueraient d’oublier définitivement leurs rivalités et d’unir toutes leurs ressources contre nos propres forces, ce qui n’est évidemment pas souhaitable. Selon Nemo lui-même, l’élimination physique des membres du Symposium ne sera envisageable que lorsqu’ils auront tous été identifiés et que nous en connaîtrons encore davantage sur leurs possibilités d’action. Pour le moment, une telle initiative serait aussi prématurée qu’hasardeuse, et pourrait compromettre très sérieusement notre stratégie.
Quelle est la principale faiblesse de la Machine ?
Paradoxalement, le grand point faible de la Machine est également ce qui fait sa force : l’étendue de son champ d’action, le cloisonnement de ses différentes factions, et la manipulation constante à laquelle sont soumis la plupart de ses agents. Tout cela semble limiter considérablement la circulation d’informations vitales (concernant, par exemple, nos propres activités) entre les différents pans de la Machine, comme nous avons pu le constater plusieurs fois. Ce phénomène tend également à confirmer ce que nous subodorons depuis longtemps, à savoir qu’il existerait certaines dissensions assez sérieuses au sein même du Symposium. Il semble en effet que ses différents membres aient beaucoup de mal à coopérer les uns avec les autres et ne soient pas particulièrement pressés d’avertir leurs homologues de leurs éventuels échecs. Nous cherchons évidemment à en apprendre le plus possible sur ces probables rivalités entre nos sept apprentis maîtres du monde…
Et eux, que savent-ils exactement sur nous ?
Suivant l’organisation à laquelle ils appartiennent, les agents de la Machine nous voient toujours comme leur ennemi naturel : en interrogeant de nombreux prisonniers, nous nous sommes aperçus qu’ils nous prenaient généralement pour des espions à la solde de l’Angleterre ou de l’Allemagne (s’ils étaient issus du BRIC) ou, au contraire, de la France (s’ils appartenaient à l’Abteilung), ou encore comme les membres d’une ligue criminelle rivale (dans le cas de la Tarentule); quant aux Hérauts du Progrès et aux nombreux autres serviteurs de la Machine à vocation scientifique, ils pensent avoir affaire à des « apôtres de l’obscurantisme » ou aux tenants d’une vaste conspiration visant à dominer le monde, ce qui donne une idée du degré de manipulation dont ils sont victimes. Quant à leurs supérieurs du Symposium et à leurs collaborateurs les plus proches, ils connaissent l’existence de Nemo, mais possèdent très peu de renseignements concrets sur nos ressources, notre fonctionnement ou même nos motivations exactes. Il est même possible qu’ils nous voient comme une sorte de Machine rivale qui leur disputerait la suprématie mondiale et la faveur des Prométhéens !
Mais nous, comment pouvons-nous être aussi bien renseignés sur leur compte ? Comment les Invisibles ont-ils pu apprendre l’existence des Prométhéens ou même celle du Symposium ?
Là, tu m’en demandes trop. Seuls les Invisibles connaissent la réponse à ce genre de questions…
Le brouillard de la guerre (secrète)
Comme on le voit dans cet entretien, les connaissances du Club sur la Machine – bien qu’encore incomplètes – sont à la fois suffisamment précises et étendues pour permettre aux agents des Invisibles de mener une lutte efficace contre les serviteurs du Symposium. Pour le moment, le Club possède une appréciable avance sur ses adversaires : les membres et même les têtes pensantes de la Machine ignorent encore beaucoup de choses sur les moyens, les ressources et les intentions exactes du Club – pire (ou mieux ?) encore, certaines de leurs suppositions sont totalement erronées. Vous trouverez ci-dessous un bilan résumé des connaissances actuelles des dirigeants du Symposium au sujet du Club. Pour savoir ce que savent (ou croient savoir) leurs agents et leurs pions, reportez-vous à la description détaillée des différentes organisations qui composent la Machine.
Ce qu’ils savent déjà
- Le Club est une organisation secrète qui connaît nos projets et qui tente de les contrecarrer.
- Le Club est dirigé par un groupe d’individus se faisant appeler « Invisibles » et a pour chef suprême un homme surnommé Nemo, qui sillonne les mers du globe dans un submersible incroyablement sophistiqué baptisé le Nautilus.
- Le Club semble entretenir des liens étroits avec certaines branches des services secrets britanniques.
- Le Club a accès à une technologie extraordinairement avancée, en partie basée sur le Vulcanium et qui présente certaines similitudes (mais aussi d’étonnantes différences) avec la technologie prométhéenne.
Ce qu’ils aimeraient bien savoir
- Qui sont vraiment les Invisibles et ce fameux « Nemo » ?
- Quelle est l’origine réelle de la technologie employée par le Club ?
- Combien sont-ils et jusqu’où leur influence secrète remonte-t-elle ?
- Comment peuvent-ils être aussi bien renseignés ?
Ce qu’ils supposent
Obnubilés par la désertion de leur ancien confrère Terranova, les membres du Symposium soupçonnent fortement ce dernier de faire partie des Invisibles, voire d’être leur chef suprême, ce qui expliquerait à la fois l’extraordinaire technologie dont dispose le Club et l’incroyable quantité d’informations que semblent posséder ses agents sur la Machine, le Symposium et les Prométhéens : cette hypothèse, qui paraît être la seule explication logique à la situation actuelle, a contribué à brouiller les pistes, en orientant les investigations du Symposium dans de mauvaises directions – plusieurs de ses membres sont ainsi persuadés que l’Academia Mecanica et le Club sont en réalité les deux faces de la même organisation, ce qui est totalement inexact. En revanche, les renseignements du Club sur le Symposium et sa conspiration proviennent effectivement en grande partie du professeur Terranova — pour plus de détails à ce sujet, consultez les sections sur l’histoire du Club et sur le « Mystère Terranova ».
Histoire du Symposium et de la Machine
1877 : Premier contact avec les Prométhéens
Tout commença en février 1877, par la chute d’un mystérieux météore dans les glaces de l’antarctique, non loin du pôle sud de notre planète. Le météore en question n’avait rien d’un corps céleste naturel, puisqu’il s’agissait en réalité du premier obus d’exploration envoyé sur la Terre par les Prométhéens depuis leur citadelle du Mont Olympe, point culminant de la planète Mars. A bord de l’obus se trouvait une douzaine de Prométhéens, tous chargés d’étudier l’environnement terrestre et sa population en vue d’une éventuelle colonisation. Grâce à leur extraordinaire technologie, les explorateurs prométhéens établirent en peu de temps un premier bastion près du pôle, soigneusement isolé et protégé de toute intrusion extérieure par de puissants champs magnétiques. Aucun être humain ne se serait jamais douté de leur présence si un brillant astronome anglais, le professeur James H. Barrymore, n’avait repéré le météore dans son télescope… Après avoir suivi avec attention sa trajectoire des plus inhabituelles, le professeur parvint à calculer très précisément son point d’impact sur Terre. Surexcité par les perspectives scientifiques d’une telle découverte, Barrymore réussit à convaincre ses confrères du très respectable Institut Bainbridge de mettre sur pied une expédition maritime destinée à étudier de plus près l’étrange aérolithe, sur les propriétés duquel le professeur se perdait déjà en conjectures. L’expédition fut organisée avec une certaine discrétion car Barrymore souhaitait se réserver la primeur de sa découverte. Barrymore et plusieurs éminents scientifiques s’embarquèrent donc à bord de l’Hibernia, solide navire ayant déjà connu les glaces des deux pôles. Au terme d’un long voyage, l’Hibernia arriva à destination…
Ayant détecté l’approche de mystérieux intrus, sans doute animés d’intentions hostiles, les Prométhéens du pôle réagirent avec la froide brutalité caractéristique de leur espèce et envoyèrent l’Hibernia par le fond en quelques salves de canon dislocateur. Seuls survécurent quelques scientifiques et hommes d’équipage qui avaient quitté le navire quelques heures plus tôt à bord d’une chaloupe dans le but d’explorer la zone d’impact supposée. Horrifiés, ils assistèrent impuissants à la destruction du navire avant d’être capturés par des Prométhéens curieux d’en apprendre plus sur les étranges habitants de ce monde inconnu. Au cours des mois qui suivirent, les survivants du naufrage furent soumis à d’innombrables tests scientifiques destinés à définir les caractéristiques physiologiques et psychologiques de l’espèce humaine. Au terme de ses tests, les Prométhéens éliminèrent purement et simplement les malheureux spécimens, à l’exception de Barrymore, dont l’extraordinaire intelligence et les connaissances avancées en mathématique et en physique avaient retenu toute leur attention. Ils gardèrent donc Barrymore à leurs côtés dans leur base polaire (une étrange citadelle de forme pyramidale), soumettant leur « fidèle créature inférieure » à de nouveaux tests d’apprentissage, qui eurent pour effet de le faire définitivement sombrer dans la démence tout en le familiarisant avec la nature, le savoir et la mentalité de ses nouveaux maîtres. De son côté, le savant fournit aux Prométhéens une extraordinaire masse de renseignements biologiques, historiques, géographiques et politiques sur la race humaine, permettant aux créatures venues de Mars de disposer de connaissances générales très complètes sur notre planète et sur notre espèce. Pendant ce temps, le monde apprenait la disparition de l’Hibernia et de tous ses passagers dans les glaces de l’antarctique… La triste nouvelle fit la une des quotidiens pendant quelques jours, avant d’être reléguée au second plan par les exigences de l’actualité. Aujourd’hui, en 1890, le désastre de l’Hibernia est une vieille histoire qui n’intéresse plus grand monde…
1879 : Genèse du Symposium
Très vite, et devant les brillants résultats obtenus avec Barrymore, les Prométhéens du Pôle furent chargés par leurs maîtres de recueillir encore plus de données sur les Terriens et d’établir avec « les plus avancés d’entre eux » un protocole secret basé sur un échange soigneusement contrôlé d’informations et de connaissances scientifiques. Ne pouvant agir au grand jour, ils choisirent d’utiliser le Professeur comme intermédiaire et lui donnèrent comme mission de créer un réseau d’influence regroupant les plus brillants cerveaux de la planète. Officiellement porté disparu, Barrymore regagna l’Angleterre sous une fausse identité, à bord d’une capsule submersible de facture prométhéenne. Désormais entièrement dévoué à ses nouveaux maîtres (et irrémédiablement dérangé), le Professeur s’attela dans l’ombre à la glorieuse tâche qui lui avait été confiée : il lui fallait réunir les futurs bâtisseurs de la prochaine ère terrestre, une ère où la Science et l’Ordre triompheraient enfin sous l’égide des tout-puissants Prométhéens… Un soir historique d’octobre 1879, Barrymore exposa l’incroyable vérité aux professeurs Krylenkov et Terranova, deux hommes qu’il considérait comme ses égaux sur le plan scientifique et intellectuel : d’omniscientes et omnipotentes entités venues de Mars se proposaient de guider les habitants de la Terre vers un nouvel Age d’Or et l’avaient choisi, lui, James H. Barrymore, pour être le premier de leurs glorieux serviteurs. Les deux hommes firent évidemment montre du plus vif scepticisme, jusqu’à ce que leur collègue leur présente plusieurs artefacts et schémas techniques d’origine prométhéenne. Face à ces preuves tangibles de l’existence d’une civilisation extra-terrestre dotée d’un savoir scientifique largement supérieur à celui de l’humanité, Krylenkov et Terranova durent se rendre à l’évidence : Barrymore, qu’ils avaient cru dément, disait bien la vérité. Après leur avoir fait jurer de ne rien divulguer à qui que ce soit, Barrymore proposa aux deux hommes de l’accompagner jusqu’à ce qu’il appelait « la Pyramide du Pôle », pour y rencontrer de visu les mystérieuses entités.
Quelques semaines plus tard, après moult discussions, Krylenkov, Terranova et Barrymore embarquèrent dans le plus grand secret à bord de la capsule submersible avec pour destination le continent antarctique. Là, au terme d’un long voyage, ils furent enfin mis en présence des Prométhéens. Terranova et Krylenkov séjournèrent à la Pyramide pendant près d’un mois, partageant les prodigieuses connaissances scientifiques et techniques de leurs hôtes. A leur retour, émerveillés et fascinés, ils décidèrent de tout mettre en œuvre pour préparer l’Humanité à la Grande Révélation : aveuglé par son matérialisme mesquin, prisonnier de préjugés issus de son ignorance crasse, le commun des mortels n’était pas encore prêt à accepter l’existence d’entités supérieures désireuses de guider sa destinée vers un âge de progrès et d’harmonie ; il fallait d’abord éduquer les esprits, éveiller les consciences et, pour cela, contrôler les rouages de la société – à l’insu de l’espèce humaine, certes, mais pour son plus grand bien. Le Symposium était né.
1880 : Naissance de la Machine
Sur Mars, l’épuisement progressif des ressources naturelles devenait une réelle menace pour la survie des Prométhéens en tant qu’espèce. Les prédictions les plus pessimistes semblaient se réaliser et même les plus sceptiques durent bientôt se rendre à l’évidence : la planète rouge se mourait, victime d’un lent processus de désagrégation écologique amorcé deux millénaires plus tôt lors de la grande guerre entre les Anciens de Mars et leurs successeurs prométhéens. Confrontés à la perspective de leur extinction, les Prométhéens décidèrent bientôt de quitter leur monde agonisant pour coloniser la Terre… Grâce aux résultats des expériences opérées par leurs explorateurs terrestres et aux précieuses données fournies par Barrymore, les dirigeants prométhéens purent rapidement mettre au point leur grand programme d’exode et d’invasion, programme dont le bastion du pôle Sud constituait désormais l’avant-poste. De simples observateurs scientifiques, les Prométhéens du Pôle se trouvèrent bientôt chargés d’organiser sur Terre les préparatifs de la future conquête, avec l’aide de leurs contacts humains. Bien évidemment, ils se gardèrent bien de révéler leurs véritables desseins à leurs précieux agents du Symposium, auprès desquels ils continuèrent à jouer le rôle de puissances cosmiques énigmatiques mais bienveillantes.
Des trois membres fondateurs du Symposium, Barrymore fut sans doute le plus actif. Après avoir secrètement pris le contrôle de l’Institut Bainbridge, qui lui permettait d’exercer une influence considérable au sein des milieux scientifiques anglais, le Professeur s’attela à la création du Council Extraordinaire, cabale politico-financière destinée à devenir le gouvernement secret de l’Empire britannique. Désireux d’étendre son influence occulte sur le continent et à travers les colonies des autres puissances européennes, il entra en contact avec le richissime industriel et spéculateur français Charles-André Béthancourt, qui devint bientôt le quatrième homme du Symposium. Ensemble, Barrymore et Béthancourt mirent sur pied la prospection, l’exploitation et le contrôle des gisements terrestres de Vulcanium par l’intermédiaire de diverses compagnies minières. Dans le même temps, Terranova proposa d’accueillir au sein du petit conclave le brillant inventeur américain Thomas Edison, dont il avait suivi les travaux avec grand intérêt. Déjà célèbre et doté de cet esprit d’entreprise typiquement américain, Edison fut spécialement chargé d’étendre l’influence du Symposium aux États Unis, par l’intermédiaire d’organisations comme la Ligue des Inventeurs ou la fraternité secrète des Hérauts du Progrès. Peu à peu, la Machine prenait forme. Bientôt, les premières dissensions sérieuses apparurent au sein du Symposium, principalement à cause de l’ambition et du caractère très indépendant d’Edison. En renforçant ses liens avec Béthancourt, l’inventeur américain s’attira tout d’abord l’inimitié de Barrymore, obsédé par ses prérogatives de fondateur et d’interlocuteur privilégié des Prométhéens. De son côté, Krylenkov se mit à reprocher ouvertement à Edison de vouloir utiliser le savoir prométhéen pour son seul profit personnel. Quant à Terranova, l’avidité et l’arrogance qu’il découvrait chez son disciple l’amenèrent à s’interroger sur l’avenir du Symposium, dont les objectifs lui semblaient de plus en plus éloignés de la grande cause de la Science et du Progrès…
1883 : Clarification des objectifs
Pendant ce temps, sur la planète rouge, alors que s’organisait la grande migration, les immenses forges prométhéennes donnaient naissance aux gigantesques vaisseaux-obus et aux engins de mort destinés à semer le chaos et la ruine sur notre monde. La position des stratèges prométhéens était claire : la conquête rapide et totale de la Terre se trouverait grandement facilitée si ses habitants s’étaient préalablement entre-massacrés dans un conflit d’ampleur planétaire. Il fut donc décidé qu’une guerre mondiale aurait lieu sur Terre avant son invasion définitive et que le Symposium serait l’instrument de son déclenchement. Au début de 1883, les Prométhéens du Pôle réunirent les cinq membres du Symposium pour leur révéler la terrible nouvelle : grâce à leurs extraordinaires facultés d’analyse et aux informations fournies par leurs précieux correspondants humains, les esprits visionnaires qui dirigeaient la civilisation prométhéenne étaient arrivés à la conclusion qu’une guerre généralisée entre les habitants de la Terre était malheureusement inévitable. Il ne s’agissait pas d’une éventualité, mais d’une certitude scientifique : avant la fin du siècle, les grands empires de la Terre s’affronteraient en un conflit aussi meurtrier qu’absurde, un conflit qui ravagerait la planète et qui compromettait gravement l’avènement de cette ère de progrès pour laquelle Prométhéens et membres du Symposium avaient si généreusement œuvré durant les cinq dernières années…
Il subsistait toutefois un espoir, une ultime chance pour que l’Humanité puisse malgré tout accéder à ce nouvel âge d’or et découvrir enfin l’existence de ses bienveillants guides : s’il était désormais impossible d’empêcher cette guerre inévitable, peut-être pouvait-on espérer qu’elle constituerait au moins une leçon profitable pour l’espèce humaine, une sorte d’ordalie dont elle sortirait meurtrie mais assagie, finalement renforcée par la terrible épreuve. Ayant pris conscience de sa place dans l’univers, elle pourrait enfin accéder à la révélation suprême et partager l’extraordinaire sagesse des Prométhéens. Compte tenu du caractère inéluctable des événements, la seule manière de les maîtriser consistait non seulement à les prévoir mais encore à les provoquer : ainsi pourrait-on contrôler le déroulement du conflit, depuis son déclenchement jusqu’à sa conclusion, et ce, comme toujours, pour le plus grand bien de l’humanité. Loin d’être un obstacle à leur sublime dessein, cette guerre ferait des membres du Symposium les bâtisseurs d’une nouvelle ère placée sous le signe de la Science et suprêmes médiateurs entre les humains et les Prométhéens : tout bien considéré, la future guerre mondiale était une chance inespérée pour l’Homme…
Parmi les cinq maîtres de la Machine, seul Terranova fut véritablement terrifié par ce discours, dont les implications dépassaient ses pires craintes : les Prométhéens n’étaient venus sur Terre que pour asservir ou anéantir l’Humanité, et le Symposium avait été l’instrument dévoué de leurs sinistres desseins… Quant aux quatre autres, chacun d’entre eux accueillit la nouvelle de façon différente, mais aucun ne songea un seul instant à briser le pacte qui les liaient aux Prométhéens et tous acceptèrent de continuer à servir leurs projets : Barrymore était guidé par sa folie, Krylenkov par son aveuglement, Béthancourt par sa cupidité et Edison par son ambition. Comprenant qu’un refus mettrait sa vie en péril, Terranova feignit de se soumettre à la décision générale… avant de s’évanouir dans la nature dès son retour en Europe. A partir de cette date, son histoire et celle du Symposium suivirent des routes séparées (voir Le Mystère Terranova). Les quatre autres membres assimilèrent son départ à une trahison, et mirent tout en œuvre pour retrouver sa trace, craignant qu’il ne divulgue aux yeux du monde l’existence et les projets de leur auguste assemblée : ils infiltrèrent notamment de nombreux espions et informateurs au sein de l’Academia Mecanica, pensant ainsi découvrir la cachette et les intentions exactes de leur ancien confrère.
1884–1887 : Le compte à rebours commence
La défection de Terranova ne modifia en rien la stratégie globale du Symposium, qui s’attela avec ardeur à sa nouvelle mission : déclencher une gigantesque guerre mondiale avant 1899. Sur un plan strictement politique, il fut décidé de tout mettre en œuvre pour déstabiliser l ‘équilibre précaire existant entre les grandes puissances européennes (la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Empire Austro-Hongrois, la Russie) et pour encourager l’expansionnisme de jeunes nations entreprenantes et ambitieuses, comme les États Unis ou le nouveau Japon. D’un point de vue plus technique, les armées des futurs belligérants devaient absolument être dotées d’un arsenal suffisamment perfectionné pour assurer une destruction massive des grands centres de population – arsenal dont la conception et la production seraient évidemment totalement contrôlées par le Symposium, qui se doterait lui-même d’un armement encore plus puissant et sophistiqué, afin d’assurer sa propre sécurité et de parer à toute éventualité.
Pour mener à bien ces tâches titanesques, le Symposium accueillit dans ses rangs deux nouveaux membres, réputés pour leurs travaux en matière d’armement et de technologie militaire : l’Allemand Ferdinand von Zeppelin, parrainé par Barrymore, et le Japonais Nakamura, contacté par Edison. La Machine s’enrichit bientôt de nouveaux rouages, tous appelés à jouer un rôle dans la préparation de la grande guerre : les Conquérants de l’Air et les Nouveaux Bâtisseurs, l’Abteilung et le BRIC, la Venture Society et le Stahl Kartell…
Grâce à son dynamisme et à son sens de la manipulation, Edison parvint peu à peu à supplanter Barrymore auprès de leurs maîtres extra-terrestres, devenant ainsi l’interlocuteur privilégié des Prométhéens. Cette prise de pouvoir feutrée fut grandement facilitée par le soutien de Béthancourt et l’indifférence affichée de Nakamura et Zeppelin pour les luttes de pouvoir internes. Ainsi Edison se vit-il confier la direction d’un projet de la plus haute importance, qu’il supervisa avec l’aide de l’ingénieur français Gustave Eiffel, membre éminent des Nouveaux Bâtisseurs : la construction de deux gigantesques antennes de transmission (une en Amérique et l’autre en Europe) permettant des communications directes avec les Prométhéens de Mars. La première fut installée à l’intérieur du flambeau de la Statue de la Liberté du port de New York (dont Eiffel avait conçu l’armature métallique), la seconde au sommet de la fameuse Tour Eiffel parisienne, construite à l’origine pour l’Exposition Universelle de 1889.
1887 : Entrée dans la Guerre Secrète
Jusqu’à cette date, le Symposium ignorait tout de l’existence et des objectifs du Club. Certes, quelques signes avant-coureurs (projets mystérieusement sabotés, disparition de scientifiques en voie de recrutement, etc.) avaient éveillé leur méfiance, mais tous avaient attribué ces vicissitudes aux efforts de Terranova, seul humain capable à leurs yeux de s’opposer ainsi à leur volonté secrète. Tout changea lorsque l’Abteilung captura trois « espions anglais » infiltrés dans l’entourage du Comte von Zeppelin, espions qui, après avoir été horriblement torturés, livrèrent un bien étrange récit aux agents allemands : ils ne travaillaient ni pour le Foreign Office ni pour aucun autre département des services secrets de Sa Majesté Victoria, mais pour une mystérieuse organisation répondant simplement au nom de « Club », dont la mission était de contrecarrer à tout prix les projets de personnages apparemment aussi disparates que le comte von Zeppelin, le financier Béthancourt et l’inventeur Edison. Plus étrange encore, les trois prisonniers étaient équipés de singuliers pistolets produisant des décharges électriques (les Etourdisseurs) et de divers petits appareils hautement sophistiqués : ils ne repérèrent toutefois pas les Synchronisateurs, grâce auxquels les agents capturés purent donner l’alerte à leurs supérieurs.
Extrêmement interloqués, les agents de l’Abteilung avisèrent aussitôt leurs supérieurs, qui transmirent ensuite l’information à Zeppelin lui-même. Le Comte dut se rendre à la seule conclusion possible : il existait un groupe secret structuré et organisé, connaissant l’existence du Symposium et cherchant à mettre leurs projets en échec. Il ne put cependant en apprendre davantage, car les trois prisonniers furent arrachés à leurs geôliers par une espionne du Club, infiltrée dans l’entourage direct du Comte (pour plus de détails à ce sujet, voir le portrait d’Apollonia, dans la section sur les Invisibles).
Suite à « l’incident de Koënigsberg », Zeppelin organisa une grande conférence stratégique avec les cinq autres membres du Symposium, conférence qui marqua une étape décisive dans le déroulement de la Guerre Secrète et qui aboutit à la création ou à la restructuration de plusieurs organisations spécialement chargées de lutter contre le mystérieux adversaire : Barrymore chargea certains membres de son Council Extraordinaire de remonter la piste de ces vrais-faux agents britanniques et mit en place, avec l’aide de Krylenkov, la redoutable Liste Noire, tandis qu’Edison donnait une nouvelle orientation à la grande mission des Hérauts du Progrès en leur révélant l’existence du Grand Complot Obscurantiste…
1887 marqua un autre tournant dans l’histoire du Symposium, avec le recrutement de son septième et dernier membre : le terrifiant docteur Gregor. A l’origine, les Prométhéens avaient ordonné à leur fidèle serviteur Barrymore d’accueillir au sein de l’assemblée un individu devant être choisi selon des critères très précis : l’homme devait être un scientifique expert en médecine, plus particulièrement versé dans l’étude de l’esprit humain – dont de nombreux aspects demeuraient énigmatiques aux yeux des entités venues de Mars. Le Professeur se pencha sur le cas du docteur Gregor, aliéniste praguois aux méthodes fort controversées dont les récents travaux sur la « mécanique cérébrale humaine » avaient fait l’objet de critiques véhémentes au sein de l’establishment médical – fait que Barrymore interpréta aussitôt comme un présage favorable : après tout, les véritables génies n’étaient-ils pas condamnés par leur condition même à subir l’incompréhension et la jalousie des médiocres, comme il en avait lui-même fait l’expérience au début de sa carrière universitaire ? L’accueil réservé à ces travaux ne prouvait-il pas que Gregor faisait justement partie de ces précurseurs méconnus, seuls capables d’appréhender à sa juste valeur le message des Prométhéens ?
Barrymore se rendit donc personnellement à Prague pour y rencontrer l’aliéniste : au bout de quelques heures d’entretien, il apparut au Professeur qu’il avait effectivement trouvé le candidat idéal, suffisamment ambitieux (mégalomane) et ouvert d’esprit (totalement dérangé) pour rejoindre les rangs du Symposium, désormais au complet… Durant les trois ans qui suivirent, les membres du Symposium s’employèrent à poursuivre leurs multiples objectifs, servant les desseins de leurs maîtres prométhéens tout en œuvrant aux recherches, aux intrigues et aux machinations destinées à faire d’eux les maîtres du siècle à venir…
Nous sommes désormais en 1890, à dix ans de cette échéance fatidique.
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