Le Club

Présentation
Le Club est une organisation clandestine internationale, dont le but est de protéger l’humanité des machinations ourdies par le Symposium et les Prométhéens. Concrètement, le Club cherche à empêcher le Symposium d’étendre son influence déjà considérable et d’enrayer ainsi la course à la guerre mondiale programmée par les dirigeants de la Machine. A court terme, Nemo et les autres Invisibles espèrent pouvoir amener les grandes nations du globe à prendre conscience de la menace prométhéenne et à s’allier ensemble pour défendre la Terre contre les envahisseurs venus de Mars : mais avant cela, il est indispensable de briser l’emprise grandissante de la Machine sur les milieux politiques, militaires et industriels et une telle lutte ne peut être menée que dans le plus grand secret — et dans l’urgence, car le grand compte à rebours a d’ores et déjà commencé…
Organisation générale
Sur le plan de l’organisation, le Club s’apparente beaucoup à un service secret, avec ses hommes de terrain, ses agents de liaison, ses stratèges et ses techniciens. Cette similitude ne doit rien au hasard, les bases de cette organisation ayant été posées par Sir Mortimer Grey, retraité des services de renseignements britanniques.

Lorsqu’un individu intègre le Club en tant qu’agent de terrain, il rejoint un des nombreux Cercles qui composent le Club. Chaque Cercle regroupe un petit nombre d’agents opérationnels (généralement entre trois et cinq), placés sous la tutelle d’un agent plus expérimenté, surnommé Précepteur. Ce Précepteur sert de relais entre les agents et les instances supérieures du Club, transmettant instructions, informations et renseignements. En plus du Précepteur et des agents de terrain, un Cercle peut également comporter une ou plusieurs Sentinelles, chargées d’assurer les transmissions logigraphiques et d’assister le Précepteur dans sa tâche.
Un Cercle possède presque toujours une façade, une couverture permettant à ses différents membres de se rencontrer sans éveiller trop de curiosité dans leur entourage ou de la part d’éventuels curieux : à l’origine, cette façade était souvent celle d’un cercle de whist, mais de nombreux Cercles dissimulent également leurs activités sous le couvert de salons littéraires, de causeries scientifiques, de séances de spiritisme, de cours de musique ou de sociétés amicales aux intérêts divers.
L’ensemble des Cercles opérant dans une même zone géographique est placé sous l’autorité d’un Bureau, véritable quartier-général chargé de centraliser les informations recueillies et de superviser les activités des agents en mission. A l’heure actuelle, le Club dispose de sept Bureaux actifs : trois en Europe (Paris, Londres et Vienne), deux aux Etats Unis (New York et San Francisco) et deux Bureaux « coloniaux », situés au Caire et à Bombay.
Jusqu’à une date récente, il existait également un Bureau opérationnel à Berlin, mais il a été démantelé par l’Abteilung et n’a toujours pas pu être rétabli. A court terme, le Club compte établir de nouveaux Bureaux un peu partout dans le monde, notamment à Prague, à Moscou et à Pékin, où plusieurs agents œuvrent d’ores et déjà à leur mise en service.
Chaque Bureau est dirigé par un Curateur, sorte d’administrateur général choisi pour sa fiabilité, son esprit d’initiative et son sens de l’organisation. Pour l’assister dans sa lourde tâche, chaque Curateur peut compter sur l’aide active d’un Secrétaire (chargé, éventuellement, de le remplacer en cas de nécessité) ainsi que sur un petit contingent de Sentinelles chargées de transmettre et d’archiver les diverses communications logigraphiques émises ou reçues par le Bureau. Il commande également un petit groupe d’agents spéciaux placés sous son autorité directe, les Hommes en Noir (voir ci-dessous).
Enfin, au-dessus des Bureaux locaux, on trouve le Conseil des Invisibles, véritable état-major regroupant les fondateurs et les principaux stratèges de l’organisation autour de la figure charismatique du Capitaine Nemo.
A cette hiérarchie verticale s’ajoutent un certain nombre de groupes disposant d’un statut particulier au sein de l’organisation : les Horlogers, les Instructeurs, les Hommes en Noir et les Agents Extraordinaires. Chacun de ces groupes est examiné en détail un peu plus loin.
Recrutement
Les individus que le Club recrute dans ses rangs ont tendance à se diviser en deux grandes catégories : d’une part, les personnes jugées intéressantes par les Invisibles ou les Curateurs, en vertu de leurs compétences, de leur personnalité ou de leur profil particulier ; d’autre part, les personnes ayant accidentellement découvert l’existence de la Machine, du Club ou de quelque autre aspect de la Guerre Secrète. Dans le premier cas, le Club dispose généralement d’un dossier fort détaillé concernant la personne à recruter ; en règle générale, les manœuvres d’approche s’effectueront par l’intermédiaire d’une des antichambres du Club, comme la Société des Gentlemen Globe Trotters ou la Fondation Odysseus. Dans le second cas, les choses dépendent surtout de la situation mais aussi de la valeur potentielle de l’individu en question, ainsi que du degré de menace qu’il pourrait représenter pour la sécurité du Club s’il venait à ébruiter ce qu’il a découvert. Lorsque ce genre de problème se présente, le Club fait appel aux Hommes en Noir pour nettoyer la mémoire des personnes concernées… Bien sûr, si le Club était une organisation de criminels ou de fanatiques, ses agents n’hésiteraient pas à éliminer les éventuels témoins gênants ou à torturer les prisonniers ennemis afin de leur arracher leurs secrets… seulement voilà, le Club est avant tout une association d’idéalistes et de gentlemen, pour qui de tels actes d’injustice et de cruauté sont tout simplement impensables.
Le seul club mixte de son époque
Même si les hommes restent largement majoritaires au sein du Club, l’organisation comprend un nombre non-négligeable d’Agents de sexe féminin, lesquelles sont traitées avec le même respect et la même attention que leurs confrères masculins, un fait qui tranche de façon extrême avec les conventions sociales de l’époque, selon lesquelles le foyer est la seule véritable place d’une femme.

Au sein du Club, on considère généralement que la sauvegarde de l’humanité passe avant tout et que les nécessités de la Guerre Secrète justifient entièrement ce genre d’incartades à l’ordre établi. Parmi les Agentes se trouvent même quelques féministes convaincues, bien décidées à faire évoluer les mentalités pendant qu’il en est encore temps. A l’inverse, on rencontrera toujours ça et là quelques Clubmen conservateurs (on ne parle pas encore de sexisme à l’époque victorienne), épouvantés à l’idée de devoir faire confiance à une femme en dehors de l’univers cloisonné de la vie domestique…
Petit lexique à l’usage des agents du Club
Agent : Membre du Club impliqué dans des missions de terrain ; membre d’un Cercle.
Agent Extraordinaire : Agent d’élite, n’appartenant à aucun Cercle particulier et obéissant directement aux Invisibles.
Antichambre : Organisation contrôlée ou surveillée par le Club, par l’intermédiaire de laquelle des membres potentiels peuvent être recrutés.
Bureau : Quartier général local du Club. Il existe pour l’instant trois Bureaux en Europe (Londres, Paris et Vienne), deux aux États Unis (New York et San Francisco), un en Inde (Bombay) et un en Egypte (Le Caire).
Cercle : Petit groupe d’agents opérant sous la tutelle du même Précepteur.
Clubman : Membre du Club.
Conseil : Conseil des Invisibles.
Corbillard : Voiture à cheval couverte utilisée par les Hommes en Noir dans leurs missions de déménagement et d’évacuation.
Croque-Mort : Surnom des Hommes en Noir.
Curateur : Chef d’un Bureau.
Etourdisseur : Arme fétiche des agents du Club. Voir description de l’équipement.
Hommes en Noir : Agents spéciaux chargés des opérations de nettoyage : effacer les souvenirs d’éventuels témoins indésirables, évacuer les blessés et les prisonniers etc.
Horloger : Technicien, ingénieur ou inventeur au service du Club.
Invisible : Un des membres dirigeants du Club.
Joueur de Whist : Surnom désignant un agent du Club, et tout particulièrement un de ces agents de la première heure, issus des services secrets britanniques.
Logigraphe : Prodigieux calculateur électromécanique utilisé par les membres du Club pour transmettre et archiver leurs informations.
Membre Honoraire : Individu protégé et surveillé à son insu, afin d’éviter son enlèvement, son élimination, son recrutement ou encore sa manipulation par les forces de la Machine.
Oreille : Sentinelle spécialement formée, chargée d’espionner les communications électromagnétiques des agents de la Machine.
Précepteur : Agent expérimenté chargé de coordonner les activités d’un Cercle.
Protocole : Ensemble des règles et des procédures de sécurité du Club.
Secrétaire : Principal assistant du Curateur.
Sentinelle : Membre du Club n’ayant pas les capacités d’un agent de terrain, employé au sein d’un Cercle ou d’un Bureau comme opérateur logigraphique, homme-à-tout-faire etc.
Smith : Pseudonyme employé par les Horlogers britanniques et américains. Les équivalents français et germaniques sont Lefèbvre et Schmidt.
Sondeur : Homme en Noir spécialiste des techniques d’hypnose et d’interrogatoire.
Synchronisateur : Gadget emblématique des membres du Club, qui se présente sous la forme d’une montre à gousset. Voir description de l’équipement.
Tempus Fugit (litt. « Le temps s’enfuit ») : Phrase fétiche des agents du Club, signifiant que le temps presse et qu’il n’y a pas une minute à perdre.
Transmetteur : Transmetteur logigraphique. Voir description de l’équipement.
Dialogue entre une nouvelle recrue et un agent chevronné
Quels sont nos buts ?
Ils sont aussi simples à comprendre que difficiles à atteindre : lutter contre la Machine, empêcher le Symposium d’arriver à ses fins, c’est à dire la domination de la Terre par les Prométhéens.
Pourquoi garder secrète l’existence du Symposium et de la conspiration ? Pourquoi ne pas alerter les gouvernements de la Terre de la menace qui pèse sur l’avenir de l’humanité ?
C’est le grand débat au sein du Club… Nos supérieurs estiment, et j’incline à les suivre, que l’humanité n’est pas encore prête à affronter la vérité : pour le moment, révéler la menace au public provoquerait une panique planétaire — ce qui servirait tout aussi bien les intérêts du Symposium. Les Invisibles ont déjà tenté d’avertir en secret les dirigeants de quelques grandes nations, en pure perte. Le Symposium contrôle encore trop de choses pour qu’une telle stratégie soit efficace… mais il est évident que, tôt ou tard, nous devrons sortir de la clandestinité et alerter le monde.
Revenons au Club. Qui le dirige exactement ?
Un petit groupe de personnes appelées les Invisibles — dont la véritable identité ne peut être révélée à un simple agent. Le chef suprême de l’organisation est un certain Capitaine Nemo.
Nemo ? Comme dans « Vingt Mille Lieues sous les Mers » ?

Absolument. Je peux même te révéler qu’il passe son temps à bord d’un submersible baptisé le Nautilus, encore plus extraordinaire que le navire imaginé par Jules Verne. Cela dit, ne va pas croire que « Vingt Mille Lieues… » ou « L’Ile Mystérieuse » soient des récits authentiques : d’après ce que je sais, notre capitaine a simplement adopté le pseudonyme de Nemo et baptisé son sous-marin le Nautilus en hommage au roman de Verne. Ceux qui l’ont rencontré en personne disent qu’il ressemble assez au personnage, et qu’il est au moins aussi impressionnant… Du reste, quel meilleur nom que Nemo (« personne », en latin) pour désigner le supérieur d’une organisation secrète ? Qui irait soupçonner que le Capitaine Nemo existe bel et bien ? Même Jules Verne l’ignore !
Qui est vraiment Nemo ? Cette réponse reflète l’opinion la plus répandue dans les rangs du Club mais, comme souvent dans le monde d’Uchronia, la véritable explication est un peu plus alambiquée… En réalité, Nemo est originaire d’un futur où l’humanité a été vaincue par les Prométhéens (ce qu’ignorent la plupart des membres du Club). Pour plus de détails, voir le dossier consacré à la Véritable Odyssée du Capitaine Nemo et aux Ecrivains Visionnaires.
Depuis quand le Club existe-t-il ?
En tant que tel, le Club a été fondé en 1884, mais Nemo et quelques uns des Invisibles luttaient déjà contre la Machine depuis plusieurs années.
Combien sommes-nous ?
Trop peu, malheureusement. Seuls les Invisibles connaissent nos effectifs exacts, mais il semble que le Club ne compte pas plus d’une centaine d’agents de terrain, ce qui ne pèse pas très lourd comparé aux moyens dont disposent nos adversaires…
Avons-nous la moindre chance de réussir ?
Il faut l’espérer. De toute façon, nous n’avons guère le choix. Nous sommes peu nombreux, mais nous avons certains avantages non-négligeables de notre côté, à commencer par d’excellentes informations sur les activités ennemies et par toute cette formidable technologie, qui surpasse même celle du Symposium.
Justement, d’où viennent ces extraordinaires inventions ? Qui les conçoit ?
En plus de ses agents de terrain, le Club emploie de nombreux ingénieurs et techniciens, que nous surnommons les Horlogers. Nemo lui-même est un inventeur de génie et je peux te révéler qu’un autre des Invisibles est un des plus brillants scientifiques de notre temps…
Où se trouve notre quartier général ?
A ma connaissance, le Club n’a pas de véritable quartier général, en dehors peut-être du Nautilus… Par contre, nous avons plusieurs Bureaux, qui coordonnent les activités du Club dans différentes régions du monde. Pour le moment, nos principaux Bureaux se trouvent à Londres, à Paris, à Vienne, à New York et à San Francisco. Nous en avons aussi un en Inde et un autre en Egypte… mais nos agents sont présents un peu partout autour du globe. Le Club possède aussi une école secrète en Écosse où les agents peuvent se former à diverses techniques d’espionnage. Il existe également un endroit ultra-secret surnommé « l’Île Mystérieuse » (toujours Jules Verne…), où Nemo et son équipage font parfois escale, mais je n’en sais guère plus…
Rôles et fonctions au sein du Club
Voici une brève description des différentes fonctions existant au sein du Club. Le grade permet de savoir qui a autorité sur qui, en cas de problème.
Grade I : Sentinelles
Grade II : Agents
Grade III : Horlogers, Précepteurs, Hommes en Noir, Secrétaires
Grade IV : Curateurs, Maîtres Horlogers, Agents Extraordinaires
Grade V : Invisibles
Sentinelle (grade I) : Les Sentinelles sont en quelque sorte les employés de bureau du Club. Ils sont les obscurs et indispensables opérateurs logigraphiques, archivistes et autres assistants sans lesquels les rouages du Club ne pourraient tourner. En règle générale, chaque Cercle possède une ou deux Sentinelles, et chaque Bureau entre trois et six.
Agent (grade II) : Le terme agent s’applique spécifiquement aux agents de terrain, membres d’un Cercle. C’est à cette catégorie qu’appartiendront, a priori, les héros incarnés par les joueurs, après avoir fait leurs preuves.
Homme en Noir (grade III) : Les Hommes en Noir sont des agents spéciaux, reconnaissables à leur redingote et à leur haut de forme noirs. Chargés des opérations de nettoyage, ils sont directement placés sous les ordres des Curateurs. Leur travail consiste notamment à effacer les indices compromettants, à évacuer les éventuels prisonniers et à faire en sorte qu’aucun témoin indésirable ne mette en danger la sécurité du Club. Ceux que l’on surnomme les Croque-Morts utilisent toutes sortes d’outils dans l’exercice de leur profession : pistolets narcotiques, faux uniformes de policiers, de pompiers ou d’ambulanciers, menottes, matériel médical etc. Ils disposent également d’un transmetteur logigraphique mobile, dissimulé de leur Corbillard. Chaque Bureau dispose de quatre ou cinq Hommes en Noir, dont un ou deux Sondeurs.
Sondeur (grade III) : Une des principales fonctions des Hommes en Noir consiste à effacer, modifier ou manipuler la mémoire d’éventuels témoins gênants, dont les souvenirs pourraient constituer une menace pour la sécurité du Club. Ce travail d’expert incombe plus précisément aux Sondeurs, agents spécialisés dans les techniques d’hypnose et d’interrogatoire. Suivant la situation, l’individu dont la mémoire doit être nettoyée pourra recevoir une discrète visite à son domicile ou être enlevé et retenu captif dans un lieu secret durant quelques heures, le temps pour le Sondeur de fouiller et de trafiquer ses souvenirs : grâce au principe de la suggestion hypnotique, le Sondeur est même capable d’implanter dans l’esprit de sa victime des souvenirs totalement fictifs, le plus souvent pour recouvrir les blancs laissés par l’effacement de noms, de faits et de visages compromettants… Les Sondeurs sont également utilisés pour les interrogatoires intensifs de prisonniers ennemis et sont passés maîtres dans l’art d’extraire les informations les plus confidentielles des esprits les plus volontaires. Chaque Sondeur est équipé d’une sacoche noire semblable à celle d’un médecin, sacoche qui contient tout le matériel nécessaire à l’exercice de leur art : les lunettes hypnoélectriques permettant de maintenir un sujet dans un état de transe profonde, un pistolet narcotique pour les situations difficiles et plusieurs doses de sérum d’oubli.

Horloger (grade III) : Les Horlogers sont les ingénieurs, les techniciens et les inventeurs du Club, chargés de la mise au point, de la fabrication et de la réparation des divers gadgets et accessoires hautement sophistiqués utilisés par les agents. Chaque Bureau est en relation directe (par voie logigraphique) avec un ou plusieurs Horlogers, lesquels peuvent aller et venir d’un Cercle à l’autre, en fonction des besoins. En règle générale, ils ne participent jamais aux missions de terrain. Les Horlogers forment, au sein du Club, une sorte de caste à part, avec ses rituels, ses conventions et ses excentricités. Ainsi, tous les Horlogers ont un pseudonyme, formé suivant des règles précises, inspirées par le nom d’un des héros de « L’Île Mystérieuse », Cyrus Smith. Le faux patronyme d’un Horloger sera toujours SMITH pour un anglo-saxon ou son équivalent dans une autre langue (Lefèvre, Lefèbvre ou Lefébure en français, Schmidt en allemand, Faber en latin etc) et le prénom se terminera toujours en –US, comme Septimus, Marcus ou Artémus.
Précepteur (grade III) : La tâche d’un Précepteur consiste à coordonner les activités d’un Cercle. En règle générale, il s’agit d’un ancien agent de terrain, trop âgé pour participer aux missions les plus éprouvantes (ou peut-être retiré du service actif suite à une mauvaise blessure) mais doté d’une solide expérience de la Guerre Secrète.
Secrétaire (grade III) : Chaque Curateur est assisté d’un Secrétaire, qui peut également le remplacer en cas de crise. La plupart des Secrétaires présentent un profil assez similaire à celui des Curateurs : ce sont avant tout des administrateurs et des stratèges, choisis pour leur esprit de synthèse et leur sens de l’organisation.
Agent Extraordinaire (grade IV) : Les Agents Extraordinaires, également appelés Agents X, constituent l’élite des agents du Club. Ils ne sont rattachés à aucun Cercle et obéissent directement aux Invisibles. Il n’y a à l’heure actuelle qu’une petite poignée d’Agents Extraordinaires au sein du Club. Lorsqu’ils ne sont pas en mission, les Agents Extraordinaires sont chargés de former leurs confrères aux techniques de la Guerre Secrète.
Curateur (grade IV) : Un Curateur dirige un des Bureaux de l’organisation. Il s’agit d’un poste à très haute responsabilité, exercé par des individus possédant à la fois un esprit d’exception et une détermination sans faille. Le Club emploie à l’heure actuelle sept Curateurs. Lorsque de nouveaux Bureaux seront créés, les Curateurs seront choisis par les Invisibles parmi d’autres agents de grade III, IV ou V.
Maître-Horloger (grade IV) : Ce titre est porté par les Horlogers les plus brillants du Club, qui travaillent généralement sous la tutelle de l’Invisible Héraclitus, alias Sir William Thomson.
Invisible (grade V) : Les Invisibles sont les chefs suprêmes de l’organisation. En règle générale, les agents ne les connaissent que par leur nom de code et n’ont pas de contact direct avec eux — sauf lorsqu’une situation exceptionnelle l’exige (ou que le Capitaine Nemo a décidé d’impressionner de jeunes recrues en leur offrant un petit voyage à bord du Nautilus).
Noms de code et noms de guerre
Chaque membre du Club, de la plus humble Sentinelle à Nemo lui-même, possède un nom de code destiné à l’identifier dans les transmissions logigraphiques, les rapports confidentiels ou en cas d’extrême urgence. De manière générale, les agents d’un Cercle ne s’appellent jamais par leurs noms de code, afin précisément de limiter les risques de fuite, d’indiscrétion et d’identification par l’ennemi. En règle générale, le nom de code d’un agent est choisi par le Précepteur du Cercle mais certains Précepteurs permettent aux agents de choisir leur propre identifiant — en évitant évidemment les pseudonymes trop transparents ou révélateurs.
Bureaux, Quartiers Secrets et Antichambres
Les Bureaux constituent l’infrastructure du Club, en permettant notamment une transmission extrêmement rapide des informations entre les différentes branches de l’organisation. Pour d’évidentes raisons de sécurité, les agents des différents Cercles (Précepteurs compris) ignorent la localisation exacte du Bureau dont ils dépendent, la communication entre Cercles et Bureaux étant (normalement) toujours effectuée par transmission logigraphique. Les renseignements qui suivent sont donc, a priori, réservés au seul Chroniqueur et ne devront être divulguées aux joueurs qu’en cas d’extrême nécessité — à la faveur, par exemple, d’une situation de crise sans précédent, susceptible de menacer l’existence même de l’organisation.

Londres : Créé en 1884, le Bureau de Londres est le plus ancien et fait encore figure de bureau central dans l’esprit de nombreux agents du Club. Situés dans une salle secrète du labyrinthique British Museum, les locaux du Bureau londonien se cachent sous la très officielle étiquette du Département des Manuscrits Incomplets et Documents Fragmentaires, une section rigoureusement interdite au public. Le Curateur en est le très respectable, très érudit (et très obscur) professeur Henry Oliver Eccleston (nom de code Daedalus).
Paris : Les locaux du Bureau parisien se cachent derrière la vétuste façade du cabinet Lagrume & Faucherie, une étude de notaire totalement fictive aux allures (trompeuses) d’officine poussiéreuse. Le Curateur est un certain Armand Lechevalier (nom de code Mr Fox), qui fut en son temps un des plus brillants éléments de la Sûreté parisienne, remarqué pour son flair, sa persévérance et son intégrité — jusqu’à ce que d’obscures intrigues de ministère ne mettent un terme prématuré à sa carrière.
Vienne : Le Bureau viennois occupe le siège social d’une obscure maison d’éditions de partitions musicales, la Wieners Lyrische Verlag. Son Curateur, Victor Goldenthal, alias le Kappelmeister, est un touche-à-tout de génie, tout à la fois violoniste virtuose, champion d’échecs et expert en cryptologie. A 34 ans, Goldenthal est aussi le plus jeune Curateur du Club et aurait certainement fait un excellent agent de terrain si une paralysie des membres inférieurs ne le contraignait à se déplacer en fauteuil roulant.
New York : Principale antenne du Club sur le continent nord-américain, le Bureau de New York (baptisé Bureau Atlantique) se situe dans un luxueux hôtel particulier de Park Avenue. Le Curateur est le richissime excentrique Oscar van Lynden (nom de code Theobald), héritier d’une des plus vieilles familles de Nouvelle Angleterre ; esthète, mécène et philanthrope, van Lynden ne cache pas son mépris pour le monde des affaires et les soi-disants barons de la finance.
San Francisco : Derrière la façade de la compagnie maritime North Star se cache en fait le Bureau Pacifique du Club. Son Curateur est un certain Tyler Morris (nom de code Corsair), ancien aventurier et armateur aux fortunes diverses. Situé dans une Californie en plein essor, le Bureau Pacifique permet également au Club d’avoir un œil sur l’Alaska, territoire d’une importance économique majeure qui sera bientôt le théâtre d’une ruée vers le vulcanium orchestrée par la Machine.
Le Caire : Situé dans une annexe du prestigieux Musée Egyptien, le Bureau du Caire est considéré par beaucoup d’agents du Club comme une succursale coloniale plutôt tranquille du Bureau de Londres… réputation en fait assez justifiée. Son Curateur, surnommé le Scribe, n’est autre que l’éminent égyptologue anglais Sir Hilary Foster, ami personnel du professeur Eccleston (Curateur de Londres) et de Sir Mortimer Grey.
Bombay : Véritable avant-poste du Club en Asie, le Bureau de Bombay est appelé à jouer un rôle stratégique de premier plan dans la lutte contre l’aile orientale de la Machine. Ses locaux sont situés dans un entrepôt de l’immense dock Victoria, construit en 1888. Son Curateur est Manish Subram (nom de code Goodfellow), docte érudit indien et ancien maître-espion à la solde des autorités coloniales britanniques, recruté par Sir Mortimer Grey.
En marge des Bureaux, le Club possède également plusieurs bases spéciales répondant à des besoins logistiques particuliers. Parmi celles-ci, les endroits suivants sont d’une importance primordiale.
Le Manoir : Situé près de Greenwich Park, dans les environs de Londres, ce gigantesque bâtiment (qui ressemble plus à un entrepôt qu’à un manoir), sert de laboratoire et d’atelier à Sir William et aux Maîtres Horlogers qui travaillent avec lui. C’est là, notamment, que le grand physicien conduit ses expériences les plus avancées sur la Quatrième Dimension. Inutile de dire que l’endroit est soumis aux règles de sécurité les plus strictes. Seuls les individus de grade IV ou V peuvent y avoir accès.

Le Château de Glen Hurich : Située en Ecosse, dans les environs d’Inverness, cette magnifique forteresse médiévale abrite en fait un centre de formation aux techniques de la Guerre Secrète, où les agents du Club peuvent recevoir un entraînement spécialisé ou simplement se maintenir en forme, avec comme instructeurs des Agents Extraordinaires tels que John Peel, qui séjourne souvent à Glen Hurich. L’endroit est sous la garde d’un Curateur spécial nommé Angus McLennane.
La Maison du Dr Bergmann : Située dans les environs de Paris, cette paisible demeure abrite une clinique privée, dirigée par le Dr Isaac Bergmann, ancien Précepteur d’un Cercle parisien. Ici, tous les patients sont membres du Club : il s’agit le plus souvent d’agents grièvement blessés ou dont les nerfs ont lâché après une mission de trop. Grâce au sérum de Corrigan et à diverses techniques thérapeutiques avancées, la plupart des pensionnaires se remettent rapidement d’aplomb.
L’Île Mystérieuse : Cet îlot, perdu quelque part dans l’Atlantique Nord, constitue le port d’attache secret du Nautilus. C’est là, par exemple, que le submersible fait escale lorsqu’il doit subir des réparations, recevoir des améliorations techniques ou tout simplement renouveler son équipage. Surveillé en permanence par une colonie de Selkies, l’endroit abrite une véritable petite ville secrète où résident la plupart des hommes du Nautilus lorsqu’ils sont en permission, ainsi que plusieurs Horlogers et divers individus placés sous la protection du Club, comme le Dr Corrigan et les membres de sa famille. Il arrive aussi à quelques Agents Extraordinaires d’y séjourner quelque temps, loin du monde et des dangers de la Guerre Secrète…
Les Îles de Transmission : Le Club contrôle également une douzaine de petits îlots dispersés dans les différentes mers du globe, où le Nautilus peut faire escale sans le moindre risque d’être repéré. Chacun de ces îlots abrite également une station-relais de transmission électromagnétique grâce à laquelle le Nautilus peut toujours communiquer avec le réseau logigraphique du Club, quelle que soit sa position. En temps normal, personne ne séjourne sur les Iles de Transmission, placées sous l’étroite surveillance de Selkies alliés du Club.
Enfin, le Club possède un certain nombre d’Antichambres : il s’agit d’organisations contrôlées (ou surveillées) par le Club, et utilisées comme passerelles pour contacter et éventuellement recruter des membres potentiels. Voici une brève description des trois principales Antichambres du Club :
La Société des Gentlemen Globe Trotters : Cette société amicale fut fondée suite à l’engouement suscité par « Le Tour du Monde en Quatre-Vingts Jours », afin de promouvoir ce que ses membres appellent « l’esprit Phileas Fogg ». Elle possède de luxueux locaux à Paris et à Londres et organise régulièrement rencontres, dîners et expéditions. Un Homme du Monde avec l’Atout Grand Voyageur a de fortes chances d’y appartenir. Bien qu’elle soit essentiellement composée de riches dilettantes, la Société compte également quelques authentiques Hommes d’Action (explorateurs, grands navigateurs etc) dans ses rangs.
La Fondation Odysseus : Officiellement, cette discrète fondation a pour objectif de contribuer financièrement à tous les projets et travaux scientifiques sortant des sentiers battus, comme par exemple les recherches sur l’éther, les spéculations sur la quatrième dimension, les expériences sur le magnétisme psychique ou encore la recherche des vestiges de l’Atlantide. En fait, la Fondation permet surtout au Club d’entrer en contact avec des Hommes de Science aux idées larges, susceptibles d’accepter plus facilement certaines réalités — à commencer l’existence d’une conspiration mondiale d’origine extra-terrestre…
Le Delphian Club : Ce club londonien aussi select que discret rassemble différents membres (ou ex-membres) des services secrets britanniques, parmi lesquels Sir Mortimer Grey repère les éléments les plus susceptibles de contribuer efficacement à la lutte contre la Machine. Il s’agit en quelque sorte la vieille garde du Club (qui lui doit d’ailleurs son nom) : de nombreux agents de la première heure appartiennent au Delphian, à commencer par John Peel et les fameux Joueurs de Whist. Le Delphian Club est un point d’entrée idéal pour les Hommes de l’Ombre (ou du Monde) issus des services secrets de Sa Majesté.
Informations Confidentielles
Il va de soi qu’un agent ne se voit pas révéler tous les rouages du Club dès son recrutement. Certaines informations ne lui seront dévoilées que progressivement, suivant les besoins des missions qui lui seront confiées ou en fonction de ses propres interrogations et investigations. Voici les principaux secrets internes qu’un agent du Club est susceptible de découvrir ou de se voir révéler au cours de ses aventures :
- L’identité des Invisibles.
- L’origine atlante de la technologie avancée utilisée par le Club.
- L’existence des Selkies et leur alliance avec le Club.
- Les véritables origines de Nemo et du Nautilus.
La rapidité et la facilité avec lesquelles ces informations peuvent être découvertes dépendent essentiellement du Chroniqueur qui devra gérer ces révélations en fonction des besoins de son Feuilleton mais aussi des attentes de ses joueurs. Le Livre du Chroniqueur contient divers conseils pratiques à ce sujet. En ce qui concerne les autres membres du Club, on pourra estimer que toutes ces informations sont connues ou pressenties à partir du grade III.
Equipement et technologie avancée

Les Horlogers travaillent en permanence sur de nouvelles inventions susceptibles d’influer sur le cours de la Guerre Secrète, et les membres du Club ont pris l’habitude d’utiliser divers gadgets technologiques, comme l’Etourdisseur et le Synchronisateur, qui constituent la panoplie de base de l’agent en mission. Ces extraordinaires créations, ainsi que d’autres accessoires du même style, sont décrites dans l’appendice consacré à l’équipement. Quant aux Logigraphes et aux Transmetteurs, ils occupent une place de premier plan dans l’organisation logistique du Club.
Opérations parallèles
Si la lutte contre la Machine constitue la priorité absolue et la raison d’être du Club, ses agents se voient parfois confier des missions sans rapport direct avec la Guerre Secrète mais touchant de près aux intérêts de l’organisation. Parmi ces objectifs périphériques, on trouve notamment les investigations destinées à retrouver la trace du professeur Terranova, les missions de contact avec les Selkies, les expériences scientifiques sur la Quatrième Dimension ainsi que certaines enquêtes ultra-confidentielles liées aux perturbations et autres interférences provoquées par le saut temporel du Nautilus. Ces diverses activités sont confiées à des Cercles spéciaux, dont la Cellule Arronax, constitue un excellent exemple.
La Cellule Arronax : Pour des raisons assez complexes (décrites dans La Véritable Odyssée du Capitaine Nemo et Les Ecrivains Visionnaires), l’écrivain Jules Verne fait l’objet, à son insu, d’une attention toute particulière de la part du Club, dont il est sans le savoir un des membres honoraires. Plus précisément, il existe au sein du Club un Cercle spécial, la Cellule Arronax (en référence au narrateur fictif de « Vingt Mille Lieues sous les Mers »), placée sous l’autorité du Bureau de Paris. Les membres de la cellule Arronax se consacrent exclusivement à la surveillance (discrète) des faits et gestes de l’écrivain ainsi qu’au décryptage méthodique de ses œuvres, lesquelles contiennent parfois d’insoupçonnables vérités…
Quelques agents très spéciaux
Considérés comme de véritables spécialistes dans leur branche respective, ces individus hors du commun appartiennent à l’élite des agents du Club.
Aristide Locard est sans doute un des plus grands détectives privés de son temps. Celui que l’on surnomme parfois « le Sherlock Holmes parisien » se distingue cependant du fameux limier par ses méthodes, qui doivent plus à l’intuition qu’à la déduction, mais aussi par un tempérament de séducteur typiquement français. Depuis 1888, il a rejoint les rangs du Club, sous la tutelle du Bureau de Paris, puis en qualité d’Agent Extraordinaire, son flair exceptionnel faisant de lui un des meilleurs investigateurs de l’organisation.
Atouts : Adresse Exceptionnelle, Beaucoup de Charme, Cambrioleur, Esprit Intuitif, Fin Stratège, Maître du Déguisement, Mémoire Étonnante, Prestidigitateur, Sang-froid Exceptionnel, Sens de l’Observation, Talents d’Acteur, Vigilance Constante.
Miss Sarah Galifrey (alias « Pandora ») est la seule femme à avoir rejoint le cercle très fermé des Maîtres Horlogers du Club, dont elle est l’une des plus brillantes représentantes. Fille de l’inventeur Edwin Galifrey, disciple méconnu de Babbage, Miss Galifrey apporta à Sir William Thomson une aide précieuse lors de la conception des premiers logigraphes. On lui attribue également l’invention des Etourdisseurs et de plusieurs autres gadgets couramment utilisés par les agents en mission.
Atouts : Esprit Analytique, Esprit Visionnaire, Expert (logigraphes, électricité), Formation Scientifique (sciences physiques), Mécanicienne, Mémoire Étonnante, Patience Extrême, Sens de l’Observation, Talents de Bricoleuse, Technologie Avancée, Volonté de Fer.

John Peel est considéré par la plupart de ses compagnons d’armes comme le meilleur Agent Extraordinaire du Club. Issu des services secrets britanniques, il fut recruté dès 1884 par Sir Mortimer et conserve comme lui de nombreuses relations au sein de la grande maison, par l’intermédiaire du Delphian Club, dont il est un des membres les plus illustres. Son savoir-faire, son sens de l’improvisation et, par dessus tout, son flegme légendaire lui ont valu une double-réputation de maître-espion et de parfait gentleman.
Atouts : Adresse Exceptionnelle, Athlète Accompli, Beaucoup de Charme, Cambrioleur, Entregent, Esprit Intuitif, Excellent Escrimeur, Excellent Pugiliste, Excellent Tireur, Fin Stratège, Personnalité Magnétique, Sang-froid Exceptionnel, Sens de l’Observation, Vigilance Constante, Volonté de Fer.
Edward Norwood (alias « Tinkerman ») est le principal Maître Horloger de la branche américaine du Club. C’est lui qui, en 1884, apporta à Sir William Thomson la lettre dans laquelle le professeur Terranova, son ancien mentor, révélait l’existence du Symposium. Elégant et sociable, Norwood se définit lui-même comme un gentleman-inventeur plus que comme un véritable scientifique : il n’en demeure pas moins un authentique virtuose en matière de kubernétique et de servomécanique.
Atouts : Beaucoup de Charme, Esprit Analytique, Esprit Visionnaire, Expert (kubernétique, servomécanique), Mécanicien, Sens de l’Observation, Sens des Affaires, Talents de Bricoleur, Technologie Avancée.

Apollonia appartient elle aussi au cercle restreint des Agents Extraordinaires. Aussi belle que dangereuse, cette ancienne aventurière d’origine italienne est une véritable virtuose dans l’art du subterfuge et de l’imposture. Avant d’être recrutée par Sir Mortimer Grey, elle avait déjà eu l’occasion d’utiliser ses extraordinaires talents d’espionne pour le compte des services secrets britanniques et français. C’est grâce à elle – et à elle seule – que le fameux « fiasco berlinois » ne se transforma pas en désastre pour toute l’organisation…
Atouts : Adresse Exceptionnelle, Beaucoup de Charme, Cambrioleuse, Don des Langues, Esprit Intuitif, Grande Voyageuse, Maîtresse du Déguisement, Personnalité Magnétique, Sang-froid Exceptionnel, Sens de l’Observation, Talents d’Actrice, Volonté de Fer.
John Morgan est le second du Nautilus et l’homme-à-tout-faire de Nemo, à qui il voue une loyauté sans borne. Célèbre pour son franc parler et son accent irlandais, Morgan est un loup de mer endurci, que la Guerre Secrète a transformé en soldat de l’ombre. Il lui arrive parfois de quitter le Nautilus pour mener à bien une mission particulièrement délicate, opérant sous les ordres directs du Capitaine. Certaines rumeurs font de lui l’exécuteur attitré des Invisibles, chargé d’éliminer les traîtres et les agents doubles…
Atouts : Athlète Accompli, Constitution Robuste, Esprit Pratique, Excellent Pugiliste, Expert (Nautilus), Mécanicien, Meneur d’Hommes, Navigateur Chevronné, Patience Extrême, Sang-froid Exceptionnel, Vigilance Constante, Volonté de Fer.
Les Invisibles
Le moment est venu à présent de nous pencher un peu plus en détail sur les membres les plus haut-placés de l’organisation : les mystérieux Invisibles, qui dirigent et supervisent les activités du Club sous la tutelle du Capitaine Nemo. Sans compter Nemo, cet état major secret comprend sept membres, généralement désignés par leurs seuls noms de code : Prospero, Heraclitus, Hector, Bishop, Lucian… Sous ces pseudonymes se cachent des personnalités aussi diverses que l’ancien maître-espion britannique Sir Mortimer Grey, le célèbre physicien et inventeur Sir William Thomson, le politicien français Georges Clémenceau, l’ex-révolutionnaire et mathématicien russe Alexei Bogatyr, le milliardaire américain Correl Buchalter… et un Selkie gardien de la mémoire de son peuple. Il serait tentant mais tout à fait erroné de considérer les Invisibles comme de simples reflets inversés de leurs puissants adversaires du Symposium. Au contraire des chefs suprêmes de la Machine, les Invisibles ne sont pas des apprentis maîtres du monde qui n’acceptent de coopérer les uns avec les autres que pour servir leurs ambitions démesurées mais forment un groupe d’individus apparemment disparates, unis par un engagement commun et par une loyauté mutuelle indéfectible. Pourtant, sans l’existence du Symposium ou de la Grande Menace, il est certain que des personnages aussi radicalement différents que Sir Mortimer Grey, Alexei Bogatyr ou Correl Buchalter n’auraient jamais œuvré ni même accepté d’œuvrer ensemble ; une fois le pas franchi, cependant, rien ne pourra plus les détourner de leur but commun. A l’image du reste de l’organisation, l’état major secret du Club repose sur le principe de l’union sacrée, face à un adversaire censément invincible…
Nemo (identité inconnue)
Les mystérieuses origines du Capitaine Nemo sont exposées en détail dans la section intitulée L’effet Widdershin, que nous vous recommandons de lire si vous ne l’avez déjà fait. Ce récit, toutefois, ne fait que soulever un coin du voile et laisse dans l’ombre la question la plus importante : qui est réellement Nemo ? Quelle était son identité dans son monde d’origine ? Quelles sont ses relations exactes avec son double temporel de l’époque d’Uchronia ? Plutôt que d’apporter une réponse à ces questions, nous vous proposons plusieurs possibilités, parmi lesquelles chaque Chroniqueur devra faire son choix… sans y être toutefois obligé : rien n’empêche en effet Nemo de demeurer à jamais un mystère vivant, objet de toutes les conjectures et de toutes les théories. Mais avant d’examiner les différents visages possibles de Nemo, il est sans doute utile de revenir sur le secret qui l’entoure.

Pour la plupart des agents, qui ignorent tout du voyage temporel effectué par Nemo, le mystère de sa véritable identité ne constitue qu’un secret de plus, imposé par les exigences de la clandestinité. Seuls ceux qui connaissent ses origines futuristes savent que le pseudonyme du Capitaine (nemo signifie personne en latin) reflète parfaitement sa situation : en tant qu’individu venu d’un autre temps, Nemo n’a effectivement aucune véritable identité, en dehors de celle qu’il s’est choisie. Lui-même considère qu’il a totalement cessé d’être l’homme qu’il était autrefois, dans son futur d’origine, lorsqu’il a traversé le Maelström, ainsi qu’il le confia lui-même à Sir William Thomson :
« C’était un autre temps, et j’étais alors un tout autre homme. Mon passé est un futur que j’essaie à toutes forces d’empêcher. Pour cela, je suis devenu Nemo et Nemo n’a ni souvenirs, ni regrets, juste une mission à accomplir. »
Bien sûr, son fidèle second, John Morgan, et quelques autres membres de l’équipage d’origine du Nautilus connaissent la vérité, mais aucun d’entre eux ne trahirait jamais un tel secret, fût-ce sous la torture. Du reste, pour eux, Nemo n’a ni nom ni existence en dehors du Nautilus et de la Guerre Secrète : il est leur Capitaine et tous ont juré de le servir jusqu’à la mort. Eux aussi, du reste, ont perdu leur passé en franchissant les portes du temps.
Un des aspects les plus importants du problème est l’existence, quelque part dans le monde d’Uchronia, d’un « futur Nemo »… et les diverses interférences que cette situation pourrait créer. Nemo a-t-il cherché à rencontrer son alter ego ? Le fait-il surveiller ? Va-t-il tenter d’en faire un second lui-même, propre à prendre sa succession s’il venait à disparaître ou, tout au contraire, compte-t-il le tenir à l’écart des intrigues de la Guerre Secrète, de peur de créer quelque paradoxe aux effets totalement imprévisibles – y compris sur le plan cosmique ? Autant de questions dont les réponses dépendent du véritable visage du Capitaine Nemo.
L’identité originelle de Nemo devra être choisie par le Chroniqueur lui-même. Nous vous proposons quatre grandes possibilités, toutes parfaitement cohérentes avec le contexte d’Uchronia et l’histoire de la Guerre Secrète :
- Nemo = Nemo : Nemo est simplement « un savant venu du futur », dont l’identité réelle ne sera jamais révélée ou ne fera jamais l’objet d’une quelconque interférence temporelle. « La Véritable Odyssée du Capitaine Nemo » constitue alors la totalité du background du personnage. C’est, de loin, la solution la plus simple. Dans ce cas, le Chroniqueur est libre de donner à Nemo l’apparence physique de son choix.
- Nemo = Terranova : Nemo est en fait le Professeur Terranova, venu de son futur d’origine pour empêcher la catastrophe à laquelle, en tant qu’ex-membre du Symposium, il a le sentiment d’avoir participé. Dans ce cas, c’est peut-être lui qui, dans le monde d’Uchronia, est à l’origine de la disparition de son double (afin de l’empêcher de répéter ses terribles erreurs ou, tout au contraire, pour faire de lui son propre successeur). Si Nemo est effectivement le professeur Terranova revenu du futur, il est âgé d’environ 70 ans au moment de son saut temporel et apparaîtra donc, dans les années 1890, sous les traits d’un homme âgé de plus de 80 ans – soit 20 ans de plus que l’âge de son double actuel. Comme on peut le constater, cette option peut entraîner des conséquences fort complexes sur le déroulement des événements mais est fortement recommandée si vous êtes amateur de paradoxes, de boucles temporelles et autres situations théoriquement impossibles.
- Nemo = Jules Verne : Dans le futur d’origine de Nemo, il était un certain Jules Verne et ce Jules Verne n’était pas un écrivain à succès mais un brillant ingénieur, inventeur de diverses machines extraordinaires, à commencer par son cher Nautilus. Dans ce cas, Nemo effectue son saut temporel à l’âge de 72 ans et apparaîtra donc, dans les années 1890 d’Uchronia, sous les traits d’un octogénaire. Dans ce cas, les écrits visionnaires de l’autre Jules Verne sont la conséquence directe d’interférences métapsychiques créées par les remous du saut temporel et les esprits des deux Jules Verne pourraient bien communiquer entre eux à travers la Quatrième Dimension. Soucieux d’éviter toute interférence incontrôlée, Nemo n’a jamais rencontré son alter ego romancier, mais le fait étroitement surveiller par la fameuse Cellule Arronax, dont le rôle au sein du Club devient alors primordial…
- Nemo = ? : Le mystère total entourant l’identité de Nemo peut vous permettre de réaliser un tour de passe-passe rôlistique des plus amusants. Et si l’alter ego de Nemo était un des personnages incarnés par les joueurs ? Rien, sur un plan strictement théorique, ne s’oppose à cette possibilité… Il suffit qu’il y ait parmi les héros de votre Feuilleton un brillant inventeur correspondant peu ou prou au profil (ou plutôt à la silhouette de Nemo). Dans ce cas, son recrutement par le Club prend une importance toute particulière et il est certain que Nemo gardera un œil attentif sur les exploits (et les éventuels revers de fortune) de son double… Imaginez la surprise du joueur lorsque son personnage découvrira l’improbable vérité ! A côté de cela, le fameux « Je suis ton père… » de Dark Vador fait bien pâle figure. De telles occasions ne se ratent pas… Une variante moins spectaculaire mais plus facile à gérer consiste à faire du futur Nemo un personnage-non-joueur très proche des héros – veiller sur l’alter ego du Capitaine pourrait alors constituer une sorte de mission permanente pour le groupe de héros (que ceux-ci soient ou non au courant de la vérité).
Rien n’empêche, enfin, de combiner ces différentes options : ainsi, Nemo pourrait tout à fait être Jules Verne et avoir fait enlever Terranova afin d’en faire son successeur… Dans le monde d’Uchronia, tout est possible.
Quelle que soit sa véritable identité, le Nemo d’Uchronia est forcément un personnage exceptionnel. Il possède presque obligatoirement tous les Atouts suivants : Don des Langues, Esprit Analytique, Esprit Visionnaire, Expert (navigation sous-marine et sans doute plusieurs autres domaines), Fidèle Serviteur (John Morgan), Fin Stratège, Formation Scientifique (Sciences Physiques), Grand Voyageur, Immense Fortune, Mécanicien, Meneur d’Hommes, Mémoire Étonnante, Navigateur Chevronné, Patience Extrême, Sang-froid Exceptionnel, Technologie Avancée, Vigilance Constante, Volonté de Fer.
Cette liste constitue une sorte de modèle de base et devra sans doute être modifiée en fonction de votre propre interprétation de Nemo : ainsi, si votre Nemo est relativement jeune, vous pouvez lui ajouter une Constitution Robuste ; si vous voulez faire de lui une figure véritablement charismatique, dotez-le d’une Personnalité Magnétique ; si vous voulez insister sur sa prodigieuse intelligence, ajoutez-lui une Mémoire Etonnante etc.
Sir William Thomson (nom de code : Heraclitus)
« La loi éternelle de l’honneur force la science à regarder bravement en face tout problème qui se présente à elle. »
Sir William Thomson, Lord Kelvin
Physicien génial, Sir William Thomson est le seul Invisible à posséder une réelle notoriété auprès du grand public : avec Thomas Edison et quelques autres, il fait partie de ceux en qui l’imagination populaire se plaît à voir les pionniers d’un monde futur, entièrement placé sous les bienveillants auspices de la Science. Archétype du professeur à barbe blanche, Sir William incarne mieux que quiconque la figure du savant victorien. Les agents qui ont eu l’honneur de le rencontrer gardent de lui le souvenir d’un esprit en perpétuelle ébullition, mais aussi d’un homme enthousiaste et débonnaire, animé d’une foi presque naïve dans l’omnipotence de la Science.

Né à Belfast en 1824, William Thomson manifeste dès son plus jeune âge des dispositions intellectuelles proprement extraordinaires puisqu’il entre à l’université de Glasgow à l’âge de dix ans. Etudiant prodige, il suscite l’admiration de ses professeurs, dont il rejoint lui-même les rangs en 1846, alors qu’il est âgé d’à peine 22 ans. Il partage alors son temps entre l’enseignement et la poursuite de ses propres recherches, multipliant les découvertes et les avancées capitales.
Il s’intéresse notamment au domaine de la thermodynamique (transformation de l’énergie mécanique en chaleur), collaborant avec un autre physicien célèbre, le grand James P. Joule. Thomson poursuit également des recherches dans le domaine de l’électricité, recherches qui joueront un rôle capital dans le développement de la télégraphie. Aux découvertes théoriques s’ajoutent également de nombreuses réalisations techniques de premier plan : après avoir perfectionné divers appareils scientifiques comme le galvanomètre à miroir ou l’enregistreur à siphon, il apporte des améliorations décisives au processus de fabrication des câbles électriques. Employé dès 1858 comme conseiller scientifique lors de l’installation du câble télégraphique de l’Atlantique, il s’intéressera aux instruments de navigation, inventant notamment un appareil de sondage des hauts et bas-fonds ainsi qu’un dispositif de prédiction des marées. Sa notoriété grandissante lui vaut, entre autres honneurs, de prendre la direction du Journal de Mathématiques de l’université de Cambridge. Puis, c’est l’anoblissement : en 1866, il reçoit le titre de Sir. Poursuivant ses travaux avec une ardeur indéfectible, Sir William se penche sur des sujets aussi divers que les décharges électriques, le calcul du magnétisme, les propriétés électrodynamiques des métaux et divers phénomènes électromagnétiques. Animé d’une véritable passion pour la Science, il se penche alors sur la question de l’âge de la Terre et sur diverses questions de physique astronomique, tout en poursuivant ses activités d’inventeur – on lui doit notamment un analyseur d’harmoniques et un calculateur mécanique d’équations différentielles (1876). Ses divers accomplissements lui valent d’être nommé, en 1890, président de la très prestigieuse Royal Society, fonction qui fait de lui un des premiers personnages du royaume. Certains n’hésitent pas à voir en lui le « Merlin » de l’ère victorienne. Voilà donc pour la biographie officielle.
Examinons à présent les singuliers événements qui firent de Sir William un des premiers compagnons d’armes de Nemo et un des membres fondateurs du Club…
En 1878, quelque temps après son saut temporel, Nemo se met en devoir de contacter plusieurs scientifiques de haut niveau, dans l’espoir d’obtenir leur aide afin de prévenir la terrible menace qui pèse sur le futur de l’humanité. Sir William Thomson sera le premier d’entre eux. Ce choix ne doit rien au hasard : en effet, dans son futur d’origine, Nemo connaissait Sir William – mieux encore, il avait été un de ses assistants et c’est en partie grâce aux prodigieuses connaissances du vieux savant que le Nautilus a pu être construit. Tout cela, le William Thomson de 1878 n’a aucun moyen de le savoir, leur première rencontre dans le futur de Nemo datant de 1889… Encore une fois, Nemo espère pouvoir altérer le cours de l’histoire en devançant l’avenir. Connaissant le caractère de l’éminent physicien, il sait que Sir William acceptera de croire l’impossible si on lui présente des preuves scientifiques irréfutables : ces preuves, il va les trouver dans les souvenirs de son temps d’origine, en révélant à Sir William le futur de ses propres recherches. Il lui décrit ainsi en détail la conception et le fonctionnement de plusieurs machines sur lesquelles Sir William vient à peine de commencer à travailler, ou qui n’existent encore que dans son imagination. Subjugué, le scientifique accepte d’écouter le récit de Nemo et de l’accompagner à bord du Nautilus, dont l’existence même constitue une preuve supplémentaire de la vérité… Nemo et lui auront ensuite plusieurs longs entretiens, qui achèveront de convaincre Sir William d’apporter toute son aide au Voyageur venu du futur.
Dans un premier temps, Sir William participe activement à la fondation de la société des Veilleurs, l’ancêtre du Club. Grâce à ses nombreuses relations dans le milieu scientifique, il aide Nemo à contacter et à convaincre divers savants de rejoindre leur organisation, tout en leur révélant peu à peu ses incroyables secrets. Dans ce rôle d’intermédiaire, de recruteur et de mentor, Sir William s’avère être beaucoup plus doué que l’impétueux Nemo, qui lui confie bientôt la direction de la société, préférant rester dans l’ombre à bord de son Nautilus. Parallèlement à cela, Sir William oriente désormais la majeure partie de ses travaux dans des directions intimement liées aux révélations de Nemo : il sera ainsi le premier scientifique de son temps à étudier les propriétés du vulcanium, plus de dix ans avant sa découverte officielle et se plongera avec passion dans le savoir des cylindres atlantes, qui lui révèleront les ultimes secrets du temps, de l’espace, de l’énergie et de la matière. Premier Grand Horloger, il sera à l’origine de la conception des logigraphes, des étourdisseurs, des synchronisateurs et de divers autres accessoires utilisés par les agents du Club. Récemment, il a quelque peu délaissé cet aspect de son travail, confiant la conception de nouveaux gadgets aux Invisibles Edward Norwood et Sarah Galifrey, afin de se consacrer à des recherches fondamentales touchant à la Quatrième Dimension et au voyage spatio-temporel – domaines qui pourraient bien s’avérer d’une importance décisive – notamment en cas de confrontation directe avec les Prométhéens. Sa récente nomination à la tête de la Royal Society de Londres lui confère bien sûr de nouvelles responsabilités mais également une nouvelle source d’influence, qui pourrait jouer un rôle capital dans l’évolution de la Guerre Secrète : quelle meilleure tribune, en effet, que la très respectable Royal Society pour révéler l’existence des Prométhéens et la menace qu’ils constituent pour l’espèce humaine ?
Atouts : Aristocrate, Esprit Analytique, Esprit Visionnaire, Expert (électricité, thermodynamique, machines analytiques), Formation Scientifique (Sciences Physiques), Grande Fortune, Mécanicien, Mémoire Étonnante, Patience Extrême, Technologie Avancée, Vaste Érudition.
En termes de jeu, l’accession de Sir William à la Tête de la Royal Society fera de lui une véritable Figure Publique. Cet Atout, qui représente une notoriété extraordinaire et l’influence qui en découle, est, a priori, strictement réservé aux grands personnages historiques de l’univers d’Uchronia, comme Edison ou notre futur Lord Kelvin.
De Sir William Thomson à Lord Kelvin
Contrairement à la plupart des autres Invisibles, Sir William Thomson est un personnage historique, plus connu sous le nom de Lord Kelvin, titre qu’il recevra en 1892. La citation présentée au début de ce portrait, ainsi que les détails de son existence présentés comme sa biographie officielle sont rigoureusement authentiques – y compris les noms de ces étranges machines qui semblent tout droit sorties d’un vieux roman de science fiction. Dans notre monde, le grand savant mourra en 1907, à l’âge de 83 ans, au terme d’une existence entièrement consacrée à la Science.
La Royal Society de Londres
Fondée dans les années 1660, cette vénérable institution est l’équivalent britannique de notre Académie des Sciences. Au cours de son histoire, elle a accueilli des membres aussi illustres que Newton, Darwin, Rutherford et, plus près de nous, Albert Einstein et Stephen Hawking. En dépit de ce que son nom pourrait laisser supposer, la Société est totalement indépendante du gouvernement britannique. Ses principaux objectifs sont d’encourager la recherche scientifique de haut niveau, mais aussi de faciliter la communication entre scientifiques de différentes nations et de promouvoir le rôle de la science dans la société moderne. A l’époque victorienne, la Royal Society est sans aucun doute la plus prestigieuse académie scientifique du monde ; ses publications et ses conférences font office de référence incontestable et définissent rigoureusement les frontières et les horizons du savoir scientifique sérieux.
Grâce à l’accession de Sir William à la tête de la Royal Society, le Club est en passe d’obtenir ce qui lui faisait jusqu’ici cruellement défaut : des liens étroits avec une institution à la crédibilité irréprochable, capable d’annoncer la terrible vérité au monde entier – mais cette révélation devra être soigneusement préparée, afin d’éviter une panique mondiale qui, dans l’état actuel des choses, ne ferait que servir les intérêts du Symposium. Tant qu’il n’aura pas démantelé (ou suffisamment affaibli) la Machine, le Club restera contraint d’agir en secret…
Sir Mortimer Grey (nom de code : Prospero)
Si Nemo reste l’inspirateur incontesté du Club, Sir Mortimer Grey en fut l’architecte et le bâtisseur : c’est lui qui mit sur pied la structure de l’organisation et recruta ses premiers agents opérationnels. Aujourd’hui, il occupe une place de premier plan dans la direction stratégique du Club, dont il supervise les activités sur l’ensemble du territoire européen mais aussi dans les régions les plus reculées de l’empire britannique, ce qui fait de lui le n°2 de l’organisation, juste après Nemo lui-même. Il faut dire que Sir Mortimer a l’habitude d’assumer des responsabilités aussi secrètes que cruciales, ayant été pendant plusieurs années un des principaux cerveaux des services de renseignements de Sa Majesté la Reine Victoria.

De sa brillante et discrète carrière au sein d’une des institutions les plus secrètes du monde, Sir Mortimer a conservé une grande expérience du monde de l’ombre, un sens aigü de l’analyse et de l’organisation, ainsi que de nombreuses relations dans les hautes sphères – autant d’atouts qu’il a su mettre à profit dans son nouveau rôle d’Invisible. En dehors de son exceptionnel savoir-faire dans le domaine du renseignement, Sir Mortimer se distingue du commun des mortels par une intelligence véritablement prodigieuse, qui aurait certainement fait de lui un des plus grands cerveaux de son temps s’il avait embrassé la vocation scientifique.
Physiquement, Sir Mortimer est un personnage extroardinairement corpulent (pour ne pas dire franchement obèse, ce qui lui a valu d’être surnommé « Sir Moby Dick » par quelques esprits jaloux et malveillants), aux manières posées et au regard faussement rêveur. Il mène en apparence une existence de gentleman sédentaire et célibataire, aux habitudes soigneusement réglées et aux passe-temps irréprochables (déjeuners dans divers clubs de Londres, séances de lecture à la bibliothèque du British Musem, visites à de vieux amis de tel ou tel ministère etc). Lorsque les affaires du Club ne l’obligent pas à quitter Londres (ce qu’il déteste par-dessus tout), Sir Mortimer partage son temps entre le Delphian Club, le Bureau de Londres et son appartement de Pall Mall, qui lui sert de quartier général personnel.
Né en 1827, Mortimer Grey est issu d’une vieille famille de la gentry du nord de l’Angleterre. Son père, Sir Reginald, mena une brillante carrière de diplomate au sein du Foreign Office. Remarqué dès son plus jeune âge pour ses extraordinaires dispositions intellectuelles, Mortimer suivit le cursus typique des jeunes gentlemen : éducation à Eton, puis entrée à l’université de Cambridge – à l’âge de seulement quinze ans. Là, il gagne rapidement une réputation d’étudiant surdoué, provoquant l’admiration de ses professeurs et la jalousie de nombre de ses condisciples. Excellent dans toutes les disciplines (sauf en éducation physique, en raison de sa corpulence déjà excessive), il se montre particulièrement brillant en histoire, en mathématique et dans l’étude des langues anciennes, où ses extraordinaires facultés de mémorisation et d’analyse font merveille. C’est à Cambridge qu’il croise pour la première fois le chemin d’un autre étudiant prodige, lui aussi féru d’histoire et de mathématique : James Horatio Barrymore, de trois ans son aîné. Les deux jeunes gentlemen seraient peut-être devenus amis sans l’insupportable arrogance de Barrymore – un trait de caractère totalement étranger à la personnalité de Mortimer, d’un naturel aussi modeste que réservé. Leurs deux existences prennent bientôt des voies fort différentes et ne se croiseront à nouveau qu’une soixantaine d’années plus tard, lorsque Sir Mortimer acceptera de coordonner la lutte contre le Symposium… Mais revenons à ses années de jeunesse. Après avoir brillamment obtenu divers diplômes et titres universitaires, Mortimer intègre tout naturellement la hiérarchie des services secrets britanniques, habitués à repérer leurs nouvelles recrues au sein des plus prestigieuses universités du royaume. Alors âgé d’une vingtaine d’années, Mortimer Grey commence une carrière d’homme de dossiers dans un modeste petit bureau. Son travail consiste alors à analyser toutes sortes de dépêches et d’informations en provenance des quatre coins de l’Empire, tâche qu’il va poursuivre avec constance et efficacité pendant plus de vingt années, gravissant peu à peu les échelons de la bureaucratie secrète de l’état britannique. En 1872, on lui confie la création d’un département du chiffre, chargé de décrypter les codes secrets utilisés par les espions étrangers opérant sur le territoire britannique. Il s’acquitte de cette tâche avec brio et c’est tout naturellement qu’en 1874, il se voit confier la direction d’une des principales branches des services de renseignements de Sa Majesté. Sous sa tutelle, le département va devenir un des plus efficaces du monde, anticipant régulièrement les stratégies des services secrets prussiens, russes et français. C’est grâce à son action inspirée qu’en 1875 le premier ministre Disraeli pourra négocier le contrôle du canal de Suez, au détriment des Français. Il jouera également un rôle aussi discret que décisif lors de la crise des Balkans de 1878 et déjouera de nombreux complots contre les intérêts de la Couronne. Ce faisant, il suscite également de nombreuses jalousies au sein de l’establishment, jalousies qu’il choisit d’ignorer, comme à l’époque de Cambridge. Les manœuvres de ses rivaux auront pourtant raison de Sir Mortimer : en 1882, de sordides intrigues de cabinet provoquent son éviction au profit d’un de ses nombreux rivaux, Sir Edward Spenser, qui se révèlera totalement inapte à la tâche. Ecoeuré par ce triomphe de l’arrivisme, Sir Mortimer donne sa démission en tout bien tout honneur. Dès les premiers mois de sa retraite, il sera régulièrement consulté par ses anciens confrères, totalement dépassés par l’incompétence de son successeur, et coopèrera officieusement à la résolution de plusieurs dossiers délicats, dont Sir Edward s’appropriera toute la gloire…
Un soir de mai 1887, Sir Mortimer reçoit la visite de l’éminent physicien Sir William Thomson, qui lui apporte une lettre des plus singulières, une lettre dans laquelle le professeur Cornélius Terranova dévoile l’existence du Symposium, des Prométhéens et de la grande conspiration contre l’humanité. La première réaction de Sir Mortimer est, hélas, prévisible : pour lui, la lettre est l’œuvre d’un fou ou d’un imposteur et il s’étonne qu’un esprit aussi brillant que Sir William ait pu lui accorder le moindre crédit. L’entrevue s’achève avec une certaine froideur et les choses auraient pu en rester là si, quelques jours plus tard, Sir Mortimer ne s’était rendu au Delphian Club pour y discuter avec d’anciens confrères et amis, conformément à ses habitudes. Là, une de ses relations du Foreign Office lui demande son avis sur un dossier épineux, celui des travaux aéronautiques du Comte von Zeppelin et de leurs évidentes applications militaires. Le diplomate est particulièrement intrigué par certains renseignements apparemment assez extravagants selon lesquels Zeppelin aurait rencontré plusieurs fois en secret le financier français Charles-André Béthancourt et certains Américains proches de l’inventeur Thomas Edison… ce qui recoupe très exactement les informations contenues dans la lettre de Terranova. Troublé, Sir Mortimer décide de mener sa propre enquête, ne serait-ce que pour en avoir le cœur net. Il demande ainsi à plusieurs de ses anciens agents de recueillir tous les renseignements possibles concernant le naufrage de l’Hibernia, les récents investissements de Béthancourt, la disparition du professeur Terranova et divers autres éléments mentionnés dans la lettre : en quelques semaines, il constitue un énorme dossier, regroupant des informations apparemment disparates — mais qui corroborent à l’évidence les révélations de Terranova. Bien sûr, le vieux gentleman a quelque difficulté à accepter l’idée d’une invasion venue de Mars mais il perçoit en revanche l’extraordinaire menace qu’une organisation comme le Symposium pourrait constituer pour l’équilibre mondial. Sa décision est prise et, bientôt, il contacte Sir William pour lui apprendre qu’il a changé d’avis et qu’il est prêt à rejoindre la lutte. S’ensuit alors une réunion cruciale entre Nemo, Thomson et Grey, au cours de laquelle seront jetées les bases du Club. En quelques semaines, Sir Mortimer met sur pied un véritable petit service secret indépendant, recrutant les premiers agents opérationnels parmi ses relations du Delphian Club. Le Club est né et la Guerre Secrète est déclarée !
Atouts : Aristocrate, Don des Langues, Entregent, Esprit Analytique, Fin Stratège, Grande Fortune, Mémoire Étonnante, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Sang-froid Exceptionnel, Sens de l’Observation, Vaste Érudition, Volonté de Fer.
Si vous connaissez l’univers de Sherlock Holmes, vous ne pourrez qu’être frappé par la ressemblance évidente entre Sir Mortimer Grey et le frère du célèbre détective, Mycroft Holmes : cette ressemblance, totalement voulue et assumée, est d’abord motivée par la volonté de rendre hommage à Sir Arthur Conan Doyle mais possède également sa propre justification à l’intérieur de l’univers d’Uchronia, tout comme les similitudes existant entre notre Professeur Barrymore et le diabolique Professeur Moriarty…
Georges Clémenceau (nom de code : Hector)
Dans notre monde, Georges Clémenceau est surtout connu pour la seconde moitié de son extraordinaire carrière politique : ardent défenseur de Dreyfus (c’est lui qui fera publier le « J’Accuse » de Zola dans l’Aurore en 1898), puis sénateur (1902), il sera Ministre de l’Intérieur de 1906 à 1909, période au cours de laquelle il créera les fameuses « Brigades du Tigre », la première force de police moderne (et motorisée) de l’histoire de France. On le retrouvera en 1913 à la tête du journal L’Homme Libre, qui deviendra L’Homme Enchaîné au cours de la Première Guerre Mondiale. En 1917, Poincaré le nommera à la tête du gouvernement, afin de redresser le pays, durement ébranlé par les ravages de la guerre. Il deviendra alors le « Père-la-Victoire », défendant avec intransigeance les intérêts de la France et négociant le traité de Versailles avec l’Allemagne. Sa carrière politique s’achèvera en 1920, après une défaite aux élections présidentielles. Il consacrera alors les sept dernières années de sa vie à voyager et à écrire…

Dans le monde d’Uchronia, tout ceci n’a pas encore eu lieu et ne se déroulera sans doute jamais tel quel, compte tenu des interférences de la Guerre Secrète sur le cours de l’Histoire, mais il y a de fortes chances pour que Georges Clémenceau y joue un rôle au moins aussi important. En tant qu’Invisible, Georges Clémenceau est le principal contact du Club dans le monde politique français ; sa détermination et son sens de l’organisation font également de lui un excellent meneur d’hommes, tout à fait apte à prendre les rênes du Club à l’échelon européen si Sir Mortimer Grey n’était plus en mesure d’assurer ses fonctions de n°2. En tant que politicien et ancien journaliste, il lui incombera très certainement de préparer et de gérer la révélation publique de la Menace Prométhéenne, lorsque le moment sera venu. Avant d’examiner plus avant les circonstances qui amenèrent Clémenceau à rejoindre les rangs du Club, penchons-nous brièvement sur sa carrière publique : jusqu’en 1890, celle-ci suit évidemment le même cours dans le monde d’Uchronia que dans le nôtre.
En 1890, Georges Clémenceau a 49 ans et siège depuis presque quinze ans à l’Assemblée Nationale comme député de la Seine. Très ancré à gauche, il est considéré comme le chef des radicaux et possède une impressionnante réputation de « tombeur de ministères », ayant notamment provoqué la chute des gouvernements de Gambetta (1882) et de Jules Ferry (1885). Fervent patriote (comme tous les politiciens de l’époque), il est en revanche farouchement opposé au colonialisme, qu’il considère comme un fardeau empêchant la France de jouer son véritable rôle sur le plan européen. Celui que l’on surnomme déjà le « Tigre » est aussi un grand homme de presse, contributeur régulier de journaux comme Le Temps, L’Aurore ou La Justice (qu’il a lui-même créée en 1880).
A l’origine, Georges Clémenceau se destinait, comme son père, à la carrière médicale. Il exercera d’ailleurs la profession de médecin pendant vingt ans, de 1865 à 1885 – mais c’est avant tout l’engagement politique qui caractérise son existence, et ce dès ses plus jeunes années. Ainsi, en 1863, en plein Second Empire, il fut emprisonné pendant quatre mois pour avoir proclamé la République sur la place de la Bastille. Fin 1870, il participa à l’insurrection parisienne contre le régime impérial, dont la chute lui permit de commencer une brillante carrière politique, d’abord comme député-maire du XVIIIème arrondissement de Paris (Montmartre), puis comme député de la Seine à partir de 1876.
Dans le monde d’Uchronia, Georges Clémenceau a rejoint le cercle des Invisibles en 1887, recruté par Nemo en personne. Les circonstances exactes de leur rencontre restent un mystère pour la plupart des agents du Club et nombre d’entre eux s’interrogent sur les raisons qui poussèrent Nemo à contacter le politicien français et sur la manière dont il le persuada de la réalité de la Grande Menace. Il est généralement admis que Sir Mortimer Grey joua un rôle décisif dans le recrutement de Clémenceau, ce qui est exact, mais seuls Nemo et ses compagnons les plus proches connaissent le fin mot de l’histoire… L’explication est intimement liée aux événements survenus dans le futur d’origine de Nemo, quelque temps avant que la Grande Guerre Mondiale ne s’abatte sur la planète.
Dans le futur d’origine de Nemo, Clémenceau sera le fondateur et l’un des principaux dirigeants de la Société Européenne pour la Paix (SEP) qui, jusqu’au bout, tentera d’éviter la guerre entre les grandes nations du globe – en pure perte. Dans ce monde livré aux intrigues du Symposium, Georges Clémenceau sera assassiné le 13 avril 1897, avec les autres dirigeants de la SEP réunis en congrès extraordinaire à Paris. Soigneusement préparé par des experts à la solde de la Machine, l’attentat à la bombe, dont les principaux belligérants ne cesseront de se rejeter mutuellement la responsabilité, mettra un terme à tout espoir de paix.
Si Clémenceau avait presque sauvé la paix dans son futur, peut-être pouvait-il la sauver réellement dans ce monde-ci, en prenant connaissance de la menace qui pesait sur l’avenir de l’humanité… Voilà pourquoi, en 1886, Nemo décida d’entrer en contact avec le politicien français. Sous l’identité d’un mystérieux ami, il prédit à Clémenceau, en termes aussi exacts que détaillés, plusieurs événements politiques inattendus devant survenir dans les mois à venir (notamment les revirements du Général Boulanger et l’affaire Schnaebele). D’abord persuadé d’avoir affaire à quelque dément ou à un imposteur cherchant à le discréditer politiquement, Clémenceau accepta finalement de croire l’incroyable lorsque les prévisions du mystérieux inconnu se réalisèrent les unes après les autres… Environ un an après leur première rencontre, Nemo reprit contact avec Clémenceau. Il lui révéla alors toute la vérité, ainsi que la destinée qui avait été/serait/pourrait être la sienne dans le futur. Ces révélations provoquèrent-elles chez le politicien une sorte d’écho psychique, de certitude irrationnelle d’être en face de la vérité, aussi délirante pût-elle sembler ? Toujours est-il qu’après une brève période de réflexion, Clémenceau accepta de rejoindre le Club. Il eut alors un long entretien avec Sir Mortimer Grey, qui lui fournit d’innombrables preuves de l’existence d’une conspiration secrète, visant à provoquer une guerre mondiale et impliquant des personnages comme Thomas Edison ou le Comte von Zeppelin. Certes, l’idée d’une invasion extra-terrestre ou d’un Nemo venu du futur était encore difficile à accepter : un voyage à bord du Nautilus, au cours duquel Nemo lui présenta des images enregistrées de la guerre « à venir », acheva de le convaincre et Georges Clémenceau rejoignit bientôt l’état-major du Club.
Talents d’Orateur L’Atout Talents d’Orateur constitue une variante « politique » de Talents d’Acteur, surtout utile pour les discours publics, improvisés ou préparés à l’avance. Quant à l’Atout Figure Publique, il représente l’extraordinaire influence politique de Clémenceau, ainsi que sa grande notoriété sur le plan national.
Atouts : Compétences Médicales, Entregent, Esprit Intuitif, Esprit Pratique, Figure Publique, Fin Stratège, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Sang-froid Exceptionnel, Talents d’Orateur, Volonté de Fer.
L’avenir du Tigre
Il est intéressant de noter que, dans notre monde, la carrière politique de Clémenceau connut une éclipse d’une petite dizaine d’années, de 1893 à 1902, période durant laquelle il se consacra essentiellement au journalisme. Cette période de disgrâce fut provoquée par son implication dans le fameux scandale de Panama, ainsi que par de vives accusations le dénonçant comme un agent de l’Angleterre. Dans le contexte d’Uchronia, cette éclipse peut très bien ne pas avoir lieu (tout dépend de l’évolution historique décidée par le Chroniqueur) et ses deux causes prennent une saveur toute particulière. L’accusation d’être un agent à la solde de l’Angleterre peut très bien découler de son appartenance au Club, organisation clandestine comprenant de nombreux membres britanniques, à commencer par Sir Mortimer Grey, avec lequel Clémenceau maintient des contacts réguliers. Quant au scandale financier de Panama, il y a de fortes chances pour que le Clémenceau d’Uchronia n’y soit pas mêlé – pour plus de précisions à ce sujet, voir la section sur les Nouveaux Bâtisseurs.
M’sieur Clémenceaaauuuu… (air connu)
Si nous avons choisi d’intégrer la figure historique de Georges Clémenceau au background d’Uchronia, c’est (entre autres) en hommage à la série télévisée « Les Brigades du Tigre ». En dépit d’un manque de moyens assez évident, les exploits de ces « Incorruptibles à la française » passionnèrent toute une génération de téléspectateurs et se laissent encore regarder aujourd’hui avec un certain plaisir. Bien que leurs aventures se situent au moins quinze ans avant l’époque d’Uchronia, l’élégant commissaire Valentin, l’agile Pujol et le robuste Terrasson constituent d’excellents modèles d’agents du Club à la française. Qui sait si, dans le futur d’Uchronia, Clémenceau ne sera pas amené à créer des « Brigades Extraordinaires », antichambres du Club au sein de la police française ?
Alexei Bogatyr (nom de code : Bishop)
Brillant mathématicien et joueur d’échecs prodige, l’Invisible Alexei Bogatyr présente des compétences étrangement similaires à celles de son compatriote, le professeur Sergei Krylenkov, membre du Symposium… Cette singulière parenté de savoir et d’esprit ne doit rien au hasard, Bogatyr ayant été, autrefois, le disciple le plus doué, presque le fils spirituel, de Krylenkov. Aujourd’hui, le maître et l’élève sont devenus des ennemis jurés, chacun œuvrant dans un des camps adverses de la Guerre Secrète. Pour comprendre les raisons de cet étonnant face-à-face, il est nécessaire d’examiner le passé d’Alexei Bogatyr…

Né en 1852 dans une famille de moujiks, Alexei Bogatyr connaît une enfance misérable sur les bords de la Volga. Comme les autres fils de paysans avec lesquels il grandit, il semble promis à une existence de labeur et de souffrance… jusqu’à ce qu’un banal accident ne vienne altérer le cours de sa destinée. A l’âge de six ans, Alexei fait une grave chute, qui le laissera irrémédiablement infirme : affligé d’une patte folle, il est désormais inapte à tout travail de force et devient un fardeau pour sa famille. Mais le jeune garçon a attiré l’attention du médecin local qui l’a soigné après son accident : le bon docteur a remarqué l’extraordinaire vivacité d’esprit d’Alexei qui, bien qu’illettré, semble posséder une mémoire et une intelligence tout à fait hors du commun. Convaincu d’avoir trouvé là un brillant esprit qui ne demande qu’à s’épanouir, le vieux médecin, qui n’a pas d’enfant, persuade facilement les parents d’Alexei de le laisser pourvoir à son éducation.
En quelques mois, Alexei apprend à lire et à écrire et passe bientôt près de douze heures par jour plongé dans les livres. A dix ans, il parle couramment cinq langues. Le docteur l’a également initié aux échecs, domaine dans lequel le jeune garçon fait preuve d’une intelligence réellement prodigieuse. Alexei rencontre bientôt des champions régionaux plus âgés que lui, qu’il bat tous à plates coutures. Petit à petit, sa réputation grandit et, lorsqu’il a treize ans, son tuteur l’emmène à Saint-Petersbourg pour l’inscrire à un tournoi organisé par la très sérieuse société impériale des joueurs d’échecs de Russie. Là, le jeune prodige fait grand bruit en remportant plusieurs victoires magistrales contre quelques uns des meilleurs joueurs de l’empire… jusqu’à ce qu’il rencontre le professeur Sergei Krylenkov. Il ne faudra que quelques minutes à Krylenkov pour mettre le jeune garçon échec et mat (sa première défaite !) mais le scientifique le juge suffisamment intelligent pour le prendre sous son aile et faire de lui un de ses élèves – honneur qu’un vieux médecin de province ne saurait refuser.
Séparé de son tuteur, qu’il considérait comme son père, le jeune Alexei devient donc un des élèves prodiges du professeur Krylenkov, déjà considéré comme un des chefs de l’élite scientifique russe. Sous la tutelle de ce maître d’une exigence et d’une froideur quasi-inhumaines, Alexei passe une adolescence entièrement consacrée à l’étude – mais le vieux médecin, avec lequel il correspond régulièrement, lui manque cruellement. Il découvre la société russe, avec ses injustices et ses inégalités qui le révoltent de plus en plus. Peu à peu, il se met à écouter les discours de ceux qui dénoncent ce régime moyenâgeux et plaident la cause du peuple. Lorsqu’il apprend les timides penchants progressistes de celui qu’il considère comme son plus brillant élève, Krylenkov le met en garde contre les sirènes de l’idéalisme : pour lui, le seul Progrès qui compte est celui de la Science. Épris de liberté, Bogatyr échappe bientôt à la tutelle du professeur, préférant mener une existence précaire, faite d’expédients et d’emplois éphémères. Parallèlement à cela, il se met à fréquenter certains intellectuels révolutionnaires – ces anarchistes qui semblent faire si peur à la bonne société.
En 1874, avec plusieurs de ses camarades, il est arrêté par la police secrète, l’Okhrana, qui voit en lui un dangereux conspirateur nihiliste prêt à prendre les armes contre le Tsar. Emprisonné et torturé pendant plusieurs jours, il reçoit bientôt une visite inattendue… celle de son ancien professeur, Krylenkov, qui semble posséder de très hautes relations au sein de l’appareil secret du gouvernement. Abasourdi, Bogatyr apprend que Krylenkov travaille désormais pour les services de renseignements du Tsar en tant qu’expert cryptographe, poste qui lui confère de nombreux privilèges – comme celui de pouvoir tirer Bogatyr de prison, afin de lui proposer de revenir à ses côtés. Brisé et désespéré, Bogatyr accepte l’aide de Krylenkov et supplie celui-ci d’intercéder pour ses camarades, eux aussi innocents des crimes dont l’Okhrana les accuse. Krylenkov lui promet d’intervenir – ce qu’il n’a nullement l’intention de faire. Lorsque Bogatyr découvre que Krylenkov lui a menti et que ses compagnons ont été éliminés par l’Okhrana, il quitte Saint Petersbourg pour Moscou, où il tente sans succès d’entrer en contact avec de vrais anarchistes. Il découvre alors que Krylenkov a levé toute protection le concernant et que l’Okhrana le considère désormais comme un dangereux fugitif.
En 1876, il parvient à quitter clandestinement la Russie et se réfugie à Londres, où il côtoie de nombreux compatriotes exilés. En 1878, il apprend que Krylenkov est à Londres, invité par l’Institut Bainbridge pour une série de conférences. Il se rend à l’une d’entre elles et accuse publiquement son ancien maître d’être au service de la police secrète du Tsar. L’esclandre, vite étouffé, n’intéressera que quelques journalistes… ainsi que les services secrets britanniques. Sir Mortimer Grey, alors haut responsable desdits services, s’intéresse de près à l’ancien étudiant de Krylenkov. Bogatyr reçoit bientôt la visite de mystérieux gentlemen qui l’interrogent méthodiquement sur son passé, ses opinions politiques et ses rapports avec le professeur Krylenkov. Malgré leur insistance, il refuse absolument de collaborer avec quelque gouvernement que ce soit. Bientôt évincé de son poste par un rival, Sir Mortimer n’aura guère l’occasion d’approfondir ce dossier, qu’il classera néanmoins dans un recoin de sa prodigieuse mémoire. Six ans plus tard, lorsque Sir Mortimer jettera les bases d’une organisation destinée à lutter, entre autres, contre Krylenkov, il se souviendra d’Alexei Bogatyr, qu’il contactera alors personnellement et à qui il révèlera l’impensable vérité. Pensant qu’il s’agit là d’une nouvelle manœuvre de manipulation, Bogatyr refusera d’abord d’apporter sa contribution à la création du Club – puis il rencontrera Nemo, qui saura le convaincre de rejoindre les rangs de son armée secrète. C’est Alexei Bogatyr qui organisera le réseau logigraphique du Club et formera les premières Sentinelles. C’est également lui qui mettra sur pied le Bureau de Vienne, placé sous la tutelle de son ami et disciple Victor Goldenthal. Les contacts de Bogatyr dans les milieux révolutionnaires permettront également au Club de recruter plusieurs agents de terrain bien différents des gentlemen de Sir Mortimer… mais tout aussi efficaces et déterminés. Ses extraordinaires facultés d’analyse font également de lui un des principaux stratèges de la Guerre Secrète. Aujourd’hui, le joueur d’échecs se prépare à jouer la partie de sa vie : retourner en Russie, pour y organiser un Bureau à Moscou, peut-être un autre à Saint-Petersbourg… et pouvoir enfin affronter Krylenkov de plus près.
Atouts : Don des Langues, Esprit Analytique, Expert (Logigraphes), Fin Stratège, Formation Scientifique (Mathématicien), Mémoire Étonnante, Patience Extrême, Personnalité Magnétique, Sang-froid Exceptionnel, Sens de l’Observation, Technologie Avancée, Volonté de Fer.
Lucian (nom de code : Lucian)
« Lucian » n’est qu’un pseudonyme, le véritable nom de cet Invisible étant imprononçable, du moins par des cordes vocales humaines… et pour cause : Lucian n’est pas un être humain, mais un Selkie – et plus précisément un Mémorien. Il fait partie de ces Selkies qui rencontrèrent Nemo dans son futur d’origine : c’est lui qui fut choisir pour accompagner le Nautilus dans son grand saut à travers le Maelstrom. Dès le début de leur aventure commune, le Mémorien et le Voyageur développèrent un lien particulier, mélange étrange d’empathie et de respect mutuel ; c’est tout naturellement que Lucian s’imposa comme intermédiaire privilégié entre Nemo et le reste de son peuple, rôle qu’il continua ensuite à jouer après le Grand Saut.

Rappelons que, pour de nombreux Selkies, Nemo est une figure quasi-messianique, le « dernier sage de la surface » annoncé par d’antiques prophéties : ce statut mythique rejaillit évidemment sur Lucian, que beaucoup de ses congénères considèrent comme le messager et le premier apôtre de Nemo. Lucian est d’une loyauté sans borne envers le Capitaine du Nautilus, qu’il considère à la fois comme son meilleur ami et comme une sorte de dieu vivant, ce qui, selon la logique des Selkies, n’a rien de contradictoire.
Comme tout Selkie vivant à proximité d’humains, Lucian éprouve la plus grande fascination pour les gens de la surface et leurs mœurs étranges : il nourrit ainsi une curiosité toute particulière concernant des notions comme l’étiquette, la mode ou les arts (notamment la peinture et la photographie). Sa télépathie possède désormais toutes les finesses et les nuances de la conversation la plus distinguée. Au contact des autres Invisibles, Lucian a même adopté quelques habitudes et occupations typiquement humaines : ainsi, en côtoyant Bogatyr, il s’est découvert d’étonnantes dispositions pour les échecs ; John Morgan, le second du Nautilus, lui a également appris à fumer le cigare et à jouer de l’harmonica…
Tout cela n’empêche pas Lucian d’être extrêmement efficace dans son rôle d’Invisible : en tant que tel, il supervise les activités des Selkies activement engagés dans la Guerre Secrète et joue également le rôle d’intermédiaire auprès des colonies de Selkies alliées au Club. Il est assisté dans cette lourde tâche par son double temporel, surnommé « Lucian Junior » par les quelques membres du Club qui ont connaissance de son existence : le lien télépathique entre les deux Lucian semble virtuellement illimité, chacun d’entre eux ayant intuitivement connaissance des informations transmises à l’autre. Cela dit, les deux Lucian restent très différents l’un de l’autre : Lucian Junior ne côtoie pas les humains d’aussi près que son double et n’a pas vécu l’ordalie mystique du Grand Saut à travers le Maëlstrom, qui a fait de Lucian une figure unique parmi les Selkies.
Correl Buchalter
Richissime armateur américain et magnat de la presse, Correll Buchalter vient à peine de rejoindre les rangs des Invisibles, en qualité de superviseur général des activités du Club aux Etats Unis. Vous trouverez bientôt ici-même son portrait complet, avec son histoire et les détails de son recrutement par les instances dirigeantes du Club.
Devi Hanesha

La devi Hanesha est la veuve du maharadja du Djawur, minuscule (et richissime) état du nord de l’Inde. Les activités du Club sont en grande partie financées par sa colossale fortune – le sous-sol du Djawur regorge de diamants, mais comporte aussi d’importants gisements de Vulcanium, source de toutes les convoitises.
Bientôt, vous trouverez ici le portrait de la devi ainsi que le récit des tragiques circonstances l’ayant amenée à rejoindre les rangs du Club…
Le Nautilus et son équipage
Le Nautilus constitue en quelque sorte le quartier général mobile du Club. C’est aussi, avec l’Eroberer du Comte Zeppelin, un des plus formidables véhicules et engins de guerre existant pour l’instant dans le monde d’Uchronia. Depuis sa construction, Nemo n’a cessé de le modifier et de le perfectionner, mettant à profit les fabuleuses connaissances scientifiques et techniques contenues dans les cylindres atlantes pour doter le submersible de nouvelles armes ainsi que de dispositifs de défense et de navigation améliorés.
Ce Léviathan des mers est beaucoup plus massif que le submersible imaginé par Verne : sa silhouette évoque superficiellement celle d’une baleine ou d’un gigantesque requin, et non l’espèce de cigare allongé décrit dans Vingt Mille Lieues sous les Mers. Ses dimensions sont impressionnantes : plus de 80 mètres de longueur, 20 mètres dans sa largeur la plus importante et un poids dépassant les 4000 tonnes.
Sa vitesse de croisière est d’environ 54 nœuds, soit un peu plus de 100 km/heure mais il peut atteindre une vitesse de presque 100 nœuds (soit un peu plus de 180 km/heure) sur de courtes distances et moyennant une grande dépense d’énergie. Propulsé par un énorme moteur électro-vulcanique, le Nautilus peut parcourir près de 100 000 km (ce qui représente une quarantaine de jours de voyage) avant de devoir renouveler ses réserves de vulcanium – opération qu’il effectue en fait régulièrement en récoltant le minerai sous-marin, de sorte que son autonomie est pratiquement illimitée.

Muni d’une double-coque en acier vulcanique renforcé, le Nautilus est pratiquement invulnérable et peut atteindre des profondeurs extrêmes sans craindre les effets de la pression sous-marine : il peut descendre jusqu’à 4000 mètres de profondeur et dispose même d’un bathyscaphe d’exploration (le « Nixie ») pouvant atteindre deux fois cette profondeur. A titre de comparaison, le fond des océans se situe généralement entre 1500 et 3500 mètres, à l’exception de fosses sous-marines pouvant atteindre une profondeur bien supérieure…
Le Nautilus peut rester submergé près de 72 heures d’affilée, voire deux fois plus en utilisant ses réserves d’air auxiliaires. Deux énormes projecteurs lumineux, situés approximativement à l’endroit des yeux de la baleine, permettent d’éclairer et de fouiller les grands fonds ; contrairement au submersible de Verne, le Nautilus dispose également d’un puissant périscope, mais aussi d’un extraordinaire système de vigie électromagnétique permettant de détecter à distance les navires (et d’éventuels monstres marins…) grâce à la réflexion des ondes sonores.
Sur le plan des communications, le Nautilus est équipé d’un transmetteur logigraphique surpuissant permettant une liaison directe avec tous les Bureaux du Club, et ce quelle que soit la position du submersible, grâce aux stations électromagnétiques cachées sur les différentes Iles de Transmission. Le submersible de Nemo est également une formidable machine de guerre. Sa proue est munie d’un éperon rotatif permettant de percer à peu près n’importe quel matériau (même protégé par un blindage d’acier vulcanique !), à la manière d’une foreuse géante. Il dispose également de six torpilles explosives aussi précises que destructrices, dont la portée dépasse les 1000 mètres… Enfin, le bâtiment contient plusieurs capsules de sauvetage pressurisées permettant l’évacuation rapide et la remontée en surface de l’équipage.

L’équipement mis à disposition des hommes d’équipage et des éventuels invités est tout aussi impressionnant : scaphandres en acier vulcanique dotés de réserves d’oxygène autonomes permettant de descendre jusqu’à 2000 mètres de profondeur, fusils pneumatiques sous-marins capables de neutraliser les créatures les plus gigantesques…
A l’intérieur, le Nautilus est également assez différent du submersible décrit par Verne. Ainsi, les appartements personnels de Nemo n’ont rien de particulièrement luxueux et si le capitaine possède effectivement une bibliothèque, celle-ci est de dimensions assez modestes. Le Nautilus comporte également quatre cabines spécialement aménagées, réservées à d’éventuels invités, ainsi qu’une vingtaine de cabines plus fonctionnelles attribuées aux membres de l’équipage. Ces cabines sont reliées à des couloirs conduisant à une vaste salle de réunion circulaire ainsi qu’au poste de commandement proprement dit, où trône Mnemos, l’impressionnant orgue atlante de Nemo. Ajoutons à cela une infirmerie, une immense salle des machines, la soute du Nixie, les accès aux capsules de sauvetage…
Le Nautilus fonctionne avec un équipage d’une vingtaine d’hommes. En tout, Nemo peut compter sur une trentaine de sous-mariniers spécialement formés, l’équipage se renouvelant par roulements tous les trois ou quatre mois. Lorsqu’ils ne sont pas à bord du submersible, ces hommes résident généralement dans l’Île Mystérieuse ou servent le Club en qualité d’agents de terrain, d’Horlogers ou de Sentinelles – en fonction de leurs compétences personnelles. Quelques hommes accompagnent Nemo en permanence : ces fidèles parmi les fidèles, qui passent pratiquement toute leur vie à bord du Nautilus, font tous partie de l’équipage originel du submersible. Comme Nemo, ils ont fait le grand saut et, comme lui, ont juré de consacrer le reste de leur existence à la guerre contre la Machine et ses alliés. Parmi eux se trouve l’intrépide John Morgan, le second de Nemo, qui a aussi grade d’agent extraordinaire au sein du Club.
Histoire du Club
1879–1884 : Genèse
Sous sa forme actuelle, le Club existe depuis 1884 mais ses racines remontent en fait un peu plus loin. En 1879, Nemo décide de mettre sur pied une sorte d’organisation secrète de vigilance destinée à préserver la paix mondiale et à préparer l’humanité à affronter la menace prométhéenne. Sous différentes identités, il contacte alors quelques savants, penseurs et humanistes soigneusement sélectionnés : la plupart refusent de l’écouter, le prenant pour un dément ou un charlatan ; d’autres, comme le futur Invisible William Thomson, acceptent de prêter l’oreille aux étranges discours de ce mystérieux personnage. Peu à peu, ses extraordinaires connaissances technologiques et sa faculté à prédire avec exactitude certains événements internationaux achèvent de convaincre les plus sceptiques. Cette poignée de scientifiques exposés à l’incroyable vérité constitue l’ossature de la société secrète des Veilleurs, première incarnation du Club. A ce stade, le premier objectif des Veilleurs est d’essayer de sensibiliser l’humanité à un discours progressiste et pacifiste, dans l’espoir quelque peu chimérique d’unifier les nations terrestres avant le tournant du siècle… Certains, incapables de supporter l’attente de l’inéluctable apocalypse, choisissent de briser le secret et tentent de divulguer la vérité, en pure perte : on leur rit au nez, on les traite de fous – certains, comme le mathématicien Charles Bentham, se retrouvent même internés de force à la demande de leur entourage familial épouvanté. D’autres cèdent au découragement et décident d’abandonner l’humanité à son sort.
Il faut dire que l’ampleur de la tâche a de quoi faire renoncer les esprits les plus résolus : tenter d’empêcher la course à la guerre entre les grandes nations du globe constitue déjà un objectif formidable, mais comment préparer l’humanité à l’éventualité d’une invasion venue de la planète Mars ? Comment convaincre qui que ce soit de la réalité d’une telle menace ? Rappelons qu’à cette époque, Nemo ignore encore tout du Symposium, de la Machine ou d’une quelconque conspiration humaine au service des Prométhéens : même s’il a toujours soupçonné l’existence d’une mystérieuse relation de cause à effet entre la guerre mondiale et l’invasion prométhéenne, il est alors incapable de mettre un nom sur cet adversaire invisible dont il pressent néanmoins l’existence. Tout cela va changer en 1884.
1884 : Révélations et fondation
Le 13 avril 1884, un mystérieux inconnu rend visite à Charles Bentham dans l’asile d’aliénés où il séjourne depuis plusieurs mois : le visiteur n’est autre que l’inventeur américain Edward Norwood, ancien assistant du célèbre professeur Terranova, dont la récente disparition fait alors grand bruit. Norwood interroge longuement Bentham sur ce que les médecins appellent ses idées délirantes, ces histoires insensées d’entités venues de Mars pour coloniser la Terre et anéantir l’Humanité. D’abord réticent, Bentham se confie à son visiteur et, en pesant soigneusement ses mots, lui révèle l’existence de la société des Veilleurs. La réaction de l’inconnu ne se fait pas attendre : il faut absolument qu’il rencontre les compagnons de Bentham, car il a, lui aussi, d’incroyables révélations à leur faire ! Ayant finalement obtenu le nom de Sir William Thomson, l’Américain prend bientôt contact avec l’éminent physicien, qui accepte de le recevoir. Après quelques explications embarrassées, Norwood dévoile à Sir William le contenu de la lettre que lui a fait parvenir Terranova avant sa disparition – lettre où Terranova révèle tout ce qu’il sait sur le Symposium et la conspiration des Prométhéens… Le contenu de cette lettre constituera la base des informations du Club sur le Symposium et la Machine.
A partir de là, les événements s’accélèrent. Comprenant qu’ils se trouvent face à des ennemis bien conscients de leurs actes, Nemo et ses alliés décident de restructurer leur organisation afin de la transformer en armée clandestine capable de lutter à armes égales contre les forces du Symposium. A la demande de Nemo, Sir William entre en contact avec Sir Mortimer Grey, ancien haut responsable des services secrets de Sa Majesté, et lui fait lire la lettre de Terranova. Quelques semaines plus tard, Sir Mortimer posera les premières bases de l’organisation du Club. Pour plus de détails sur ces heures historiques, reportez-vous au portrait de Sir Mortimer.
1884–1887 : Débuts encourageants
Parallèlement aux débuts opérationnels du Club, Sir William et ses disciples les plus brillants, comme Sarah Galifrey, créent le corps des Horlogers, véritable département technologique du Club chargé d’exploiter de manière pratique les extraordinaires connaissances contenues dans les cylindres atlantes : dès 1885, les premiers Logigraphes voient le jour, puis c’est le tour des Transmetteurs, des Etourdisseurs et des Synchronisateurs.
A l’origine, l’organisation est dirigée par ses trois fondateurs : Nemo, Sir William Thomson et Sir Mortimer Grey mais, très vite, le cercle des supérieurs accueille de nouveaux membres, à commencer par le mathématicien russe Alexis Bogatyr et Edward Norwood lui-même. Les Invisibles sont nés.
Peu à peu, l’organisation se structure et s’agrandit, accueillant de nouveaux membres, s’implantant un peu partout en Europe, puis en Amérique et dans les principales colonies britanniques. Pendant près de trois années, le Club va espionner les agissements de la Machine, complétant peu à peu les informations révélées par Terranova…
1887 : Bas les masques
C’est en 1887, trois ans après sa fondation, que le Club va connaître sa première défaite sérieuse… défaite qui va révéler son existence aux dirigeants de la Machine. Connu sous le nom de « fiasco berlinois », cet épisode marque un tournant importants dans le cours de la Guerre Secrète.
Un jour de septembre 1887, les services de l’Abteilung parvinrent à démanteler ce qu’ils pensaient être un réseau d’agents secrets britanniques opérant sur le sol allemand, avec pour mission d’espionner les recherches ultra-secrètes du Comte von Zeppelin. Le coup de filet, mené par le redoutable maître-espion Otto Lindermann, aboutit à la capture de quatre agents du Club, dont trois ressortissants britanniques… Averti à temps par voie logigraphique, le Curateur du Bureau berlinois eut à peine le temps de plier bagage et de sauver les meubles. Ravies de leur bonne fortune, les hautes instances de l’Abteilung prirent discrètement contact avec leurs homologues britanniques en vue d’un échange de prisonniers ou de quelque autre règlement à l’amiable — conformément aux conventions et à l’étiquette du Grand Jeu de l’espionnage international. Non sans un certain embarras, les autorités des services secrets de Sa Majesté nièrent (à juste titre) être à l’origine de l’opération et, en gage de bonne foi, laissèrent l’Abteilung libre de tout mettre en œuvre pour élucider le mystère de ces espions francs-tireurs, qui devaient manifestement travailler pour une autre puissance, sans doute la France ou l’empire austro-hongrois…

Les agents capturés furent bientôt transférés dans une prison secrète de Prusse orientale, où ils furent dûment interrogés et torturés. Deux d’entre eux ne survécurent pas aux horribles traitements qui leur furent infligés et, bientôt, deux des quatre survivants craquèrent et révélèrent à leurs bourreaux l’improbable vérité : ils agissaient pour une organisation appelée « le Club » ayant pour but d’empêcher le Comte von Zeppelin et ses alliés du Symposium d’étendre leur domination sur le monde… D’abord incrédules, les agents de l’Abteilung transmirent néanmoins leurs rapports au Baron en personne. Ainsi le Symposium découvrit-il l’existence du Club… Fort heureusement pour le reste de l’organisation, les deux captifs purent s’évader avant d’être ré-interrogés, grâce à l’intervention de l’agent Apollonia, envoyée en urgence sur les lieux par Sir Mortimer.
A elle seule, Apollonia parvint à faire sortir les deux prisonniers d’Allemagne, exploit qui lui valut le grade d’agent extraordinaire. Quant aux évadés, après un long séjour de remise en forme dans la clinique parisienne du Dr Bergmann (un agent du Club), ils opèrent désormais sous de nouvelles identités et sous d’autres cieux, loin du champ d’action de l’Abteilung. Depuis cet incident, aucun Bureau permanent n’a pu être ré-installé sur le territoire germanique et l’Allemagne est considérée comme une zone à haut risque par tous les agents du Club.
1888–1890 : Et maintenant ?
Depuis le fiasco berlinois, Sir Mortimer a tout fait pour renforcer la sécurité de l’organisation et de ses agents. Les Hommes en Noir, chargés du nettoyage, les Sentinelles, chargées de la transmission des informations confidentielles, et les Oreilles, chargées d’espionner les communications électromagnétiques de la Machine, vinrent ainsi compléter un dispositif de plus en plus structuré et efficace. De son côté, les forces du Symposium ont appris à redouter, à débusquer et à combattre ce mystérieux ennemi, qui semble bien décidé à contrecarrer leurs grandioses desseins.
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