Le Club

Présentation

Le Club est une orga­ni­sa­tion clan­des­tine inter­na­tio­nale, dont le but est de pro­té­ger l’humanité des machi­na­tions our­dies par le Sym­po­sium et les Pro­mé­théens. Concrè­te­ment, le Club cherche à empê­cher le Sym­po­sium d’étendre son influence déjà consi­dé­rable et d’enrayer ainsi la course à la guerre mon­diale pro­gram­mée par les diri­geants de la Machine. A court terme, Nemo et les autres Invi­sibles espèrent pou­voir amener les grandes nations du globe à prendre conscience de la menace pro­mé­théenne et à s’allier ensemble pour défendre la Terre contre les enva­his­seurs venus de Mars : mais avant cela, il est indis­pen­sable de briser l’emprise gran­dis­sante de la Machine sur les milieux poli­tiques, mili­taires et indus­triels et une telle lutte ne peut être menée que dans le plus grand secret — et dans l’urgence, car le grand compte à rebours a d’ores et déjà com­mencé…

Organisation générale

Sur le plan de l’organisation, le Club s’apparente beau­coup à un ser­vice secret, avec ses hommes de ter­rain, ses agents de liai­son, ses stra­tèges et ses tech­ni­ciens. Cette simi­li­tude ne doit rien au hasard, les bases de cette orga­ni­sa­tion ayant été posées par Sir Mor­ti­mer Grey, retraité des ser­vices de ren­sei­gne­ments bri­tan­niques.

Un des nom­breux Cercles du Club 

Lorsqu’un indi­vidu intègre le Club en tant qu’agent de ter­rain, il rejoint un des nom­breux Cercles qui com­posent le Club. Chaque Cercle regroupe un petit nombre d’agents opé­ra­tion­nels (géné­ra­le­ment entre trois et cinq), placés sous la tutelle d’un agent plus expé­ri­menté, sur­nommé Pré­cep­teur. Ce Pré­cep­teur sert de relais entre les agents et les ins­tances supé­rieures du Club, trans­met­tant ins­truc­tions, infor­ma­tions et ren­sei­gne­ments. En plus du Pré­cep­teur et des agents de ter­rain, un Cercle peut éga­le­ment com­por­ter une ou plu­sieurs Sen­ti­nelles, char­gées d’assurer les trans­mis­sions logi­gra­phiques et d’assister le Pré­cep­teur dans sa tâche.

Un Cercle pos­sède presque tou­jours une façade, une cou­ver­ture per­met­tant à ses dif­fé­rents membres de se ren­con­trer sans éveiller trop de curio­sité dans leur entou­rage ou de la part d’éventuels curieux : à l’origine, cette façade était sou­vent celle d’un cercle de whist, mais de nom­breux Cercles dis­si­mulent éga­le­ment leurs acti­vi­tés sous le cou­vert de salons lit­té­raires, de cau­se­ries scien­ti­fiques, de séances de spi­ri­tisme, de cours de musique ou de socié­tés ami­cales aux inté­rêts divers.

L’ensemble des Cercles opé­rant dans une même zone géo­gra­phique est placé sous l’autorité d’un Bureau, véri­table quar­tier-géné­ral chargé de cen­tra­li­ser les infor­ma­tions recueillies et de super­vi­ser les acti­vi­tés des agents en mis­sion. A l’heure actuelle, le Club dis­pose de sept Bureaux actifs : trois en Europe (Paris, Londres et Vienne), deux aux Etats Unis (New York et San Fran­cisco) et deux Bureaux « colo­niaux », situés au Caire et à Bombay.

Jusqu’à une date récente, il exis­tait éga­le­ment un Bureau opé­ra­tion­nel à Berlin, mais il a été déman­telé par l’Abteilung et n’a tou­jours pas pu être réta­bli. A court terme, le Club compte éta­blir de nou­veaux Bureaux un peu par­tout dans le monde, notam­ment à Prague, à Moscou et à Pékin, où plu­sieurs agents œuvrent d’ores et déjà à leur mise en ser­vice.

Chaque Bureau est dirigé par un Cura­teur, sorte d’administrateur géné­ral choisi pour sa fia­bi­lité, son esprit d’initiative et son sens de l’organisation. Pour l’assister dans sa lourde tâche, chaque Cura­teur peut comp­ter sur l’aide active d’un Secré­taire (chargé, éven­tuel­le­ment, de le rem­pla­cer en cas de néces­sité) ainsi que sur un petit contin­gent de Sen­ti­nelles char­gées de trans­mettre et d’archiver les diverses com­mu­ni­ca­tions logi­gra­phiques émises ou reçues par le Bureau. Il com­mande éga­le­ment un petit groupe d’agents spé­ciaux placés sous son auto­rité directe, les Hommes en Noir (voir ci-des­sous).

Enfin, au-dessus des Bureaux locaux, on trouve le Conseil des Invi­sibles, véri­table état-major regrou­pant les fon­da­teurs et les prin­ci­paux stra­tèges de l’organisation autour de la figure cha­ris­ma­tique du Capi­taine Nemo.

A cette hié­rar­chie ver­ti­cale s’ajoutent un cer­tain nombre de groupes dis­po­sant d’un statut par­ti­cu­lier au sein de l’organisation : les Hor­lo­gers, les Ins­truc­teurs, les Hommes en Noir et les Agents Extra­or­di­naires. Chacun de ces groupes est exa­miné en détail un peu plus loin.

Recrutement

Les indi­vi­dus que le Club recrute dans ses rangs ont ten­dance à se divi­ser en deux grandes caté­go­ries : d’une part, les per­sonnes jugées inté­res­santes par les Invi­sibles ou les Cura­teurs, en vertu de leurs com­pé­tences, de leur per­son­na­lité ou de leur profil par­ti­cu­lier ; d’autre part, les per­sonnes ayant acci­den­tel­le­ment décou­vert l’existence de la Machine, du Club ou de quelque autre aspect de la Guerre Secrète. Dans le pre­mier cas, le Club dis­pose géné­ra­le­ment d’un dos­sier fort détaillé concer­nant la per­sonne à recru­ter ; en règle géné­rale, les manœuvres d’approche s’effectueront par l’intermédiaire d’une des anti­chambres du Club, comme la Société des Gent­le­men Globe Trot­ters ou la Fon­da­tion Odys­seus. Dans le second cas, les choses dépendent sur­tout de la situa­tion mais aussi de la valeur poten­tielle de l’individu en ques­tion, ainsi que du degré de menace qu’il pour­rait repré­sen­ter pour la sécu­rité du Club s’il venait à ébrui­ter ce qu’il a décou­vert. Lorsque ce genre de pro­blème se pré­sente, le Club fait appel aux Hommes en Noir pour net­toyer la mémoire des per­sonnes concer­nées… Bien sûr, si le Club était une orga­ni­sa­tion de cri­mi­nels ou de fana­tiques, ses agents n’hésiteraient pas à éli­mi­ner les éven­tuels témoins gênants ou à tor­tu­rer les pri­son­niers enne­mis afin de leur arra­cher leurs secrets… seule­ment voilà, le Club est avant tout une asso­cia­tion d’idéalistes et de gent­le­men, pour qui de tels actes d’injustice et de cruauté sont tout sim­ple­ment impen­sables.

Le seul club mixte de son époque

Même si les hommes res­tent lar­ge­ment majo­ri­taires au sein du Club, l’organisation com­prend un nombre non-négli­geable d’Agents de sexe fémi­nin, les­quelles sont trai­tées avec le même res­pect et la même atten­tion que leurs confrères mas­cu­lins, un fait qui tranche de façon extrême avec les conven­tions sociales de l’époque, selon les­quelles le foyer est la seule véri­table place d’une femme.

Le seul club mixte de son époque 

Au sein du Club, on consi­dère géné­ra­le­ment que la sau­ve­garde de l’humanité passe avant tout et que les néces­si­tés de la Guerre Secrète jus­ti­fient entiè­re­ment ce genre d’incartades à l’ordre établi. Parmi les Agentes se trouvent même quelques fémi­nistes convain­cues, bien déci­dées à faire évo­luer les men­ta­li­tés pen­dant qu’il en est encore temps. A l’inverse, on ren­con­trera tou­jours ça et là quelques Club­men conser­va­teurs (on ne parle pas encore de sexisme à l’époque vic­to­rienne), épou­van­tés à l’idée de devoir faire confiance à une femme en dehors de l’univers cloi­sonné de la vie domes­tique…

Petit lexique à l’usage des agents du Club

Agent : Membre du Club impli­qué dans des mis­sions de ter­rain ; membre d’un Cercle.

Agent Extra­or­di­naire : Agent d’élite, n’appartenant à aucun Cercle par­ti­cu­lier et obéis­sant direc­te­ment aux Invi­sibles.

Anti­chambre : Orga­ni­sa­tion contrô­lée ou sur­veillée par le Club, par l’intermédiaire de laquelle des membres poten­tiels peuvent être recru­tés.

Bureau : Quar­tier géné­ral local du Club. Il existe pour l’instant trois Bureaux en Europe (Londres, Paris et Vienne), deux aux États Unis (New York et San Fran­cisco), un en Inde (Bombay) et un en Egypte (Le Caire).

Cercle : Petit groupe d’agents opé­rant sous la tutelle du même Pré­cep­teur.

Club­man : Membre du Club.

Conseil : Conseil des Invi­sibles.

Cor­billard : Voi­ture à cheval cou­verte uti­li­sée par les Hommes en Noir dans leurs mis­sions de démé­na­ge­ment et d’évacuation.

Croque-Mort : Surnom des Hommes en Noir.

Cura­teur : Chef d’un Bureau.

Etour­dis­seur : Arme fétiche des agents du Club. Voir des­crip­tion de l’équipement.

Hommes en Noir : Agents spé­ciaux char­gés des opé­ra­tions de net­toyage : effa­cer les sou­ve­nirs d’éventuels témoins indé­si­rables, éva­cuer les bles­sés et les pri­son­niers etc.

Hor­lo­ger : Tech­ni­cien, ingé­nieur ou inven­teur au ser­vice du Club.

Invi­sible : Un des membres diri­geants du Club.

Joueur de Whist : Surnom dési­gnant un agent du Club, et tout par­ti­cu­liè­re­ment un de ces agents de la pre­mière heure, issus des ser­vices secrets bri­tan­niques.

Logi­graphe : Pro­di­gieux cal­cu­la­teur élec­tro­mé­ca­nique uti­lisé par les membres du Club pour trans­mettre et archi­ver leurs infor­ma­tions.

Membre Hono­raire : Indi­vidu pro­tégé et sur­veillé à son insu, afin d’éviter son enlè­ve­ment, son éli­mi­na­tion, son recru­te­ment ou encore sa mani­pu­la­tion par les forces de la Machine.

Oreille : Sen­ti­nelle spé­cia­le­ment formée, char­gée d’espionner les com­mu­ni­ca­tions élec­tro­ma­gné­tiques des agents de la Machine.

Pré­cep­teur : Agent expé­ri­menté chargé de coor­don­ner les acti­vi­tés d’un Cercle.

Pro­to­cole : Ensemble des règles et des pro­cé­dures de sécu­rité du Club.

Secré­taire : Prin­ci­pal assis­tant du Cura­teur.

Sen­ti­nelle : Membre du Club n’ayant pas les capa­ci­tés d’un agent de ter­rain, employé au sein d’un Cercle ou d’un Bureau comme opé­ra­teur logi­gra­phique, homme-à-tout-faire etc.

Smith : Pseu­do­nyme employé par les Hor­lo­gers bri­tan­niques et amé­ri­cains. Les équi­va­lents fran­çais et ger­ma­niques sont Lefèbvre et Schmidt.

Son­deur : Homme en Noir spé­cia­liste des tech­niques d’hypnose et d’interrogatoire.

Syn­chro­ni­sa­teur : Gadget emblé­ma­tique des membres du Club, qui se pré­sente sous la forme d’une montre à gous­set. Voir des­crip­tion de l’équipement.

Tempus Fugit (litt. « Le temps s’enfuit ») : Phrase fétiche des agents du Club, signi­fiant que le temps presse et qu’il n’y a pas une minute à perdre.

Trans­met­teur : Trans­met­teur logi­gra­phique. Voir des­crip­tion de l’équipement.

Dialogue entre une nouvelle recrue et un agent chevronné

Quels sont nos buts ?

Ils sont aussi simples à com­prendre que dif­fi­ciles à atteindre : lutter contre la Machine, empê­cher le Sym­po­sium d’arriver à ses fins, c’est à dire la domi­na­tion de la Terre par les Pro­mé­théens.

Pour­quoi garder secrète l’existence du Sym­po­sium et de la conspi­ra­tion ? Pour­quoi ne pas aler­ter les gou­ver­ne­ments de la Terre de la menace qui pèse sur l’avenir de l’humanité ?

C’est le grand débat au sein du Club… Nos supé­rieurs estiment, et j’incline à les suivre, que l’humanité n’est pas encore prête à affron­ter la vérité : pour le moment, révé­ler la menace au public pro­vo­que­rait une panique pla­né­taire — ce qui ser­vi­rait tout aussi bien les inté­rêts du Sym­po­sium. Les Invi­sibles ont déjà tenté d’avertir en secret les diri­geants de quelques grandes nations, en pure perte. Le Sym­po­sium contrôle encore trop de choses pour qu’une telle stra­té­gie soit effi­cace… mais il est évident que, tôt ou tard, nous devrons sortir de la clan­des­ti­nité et aler­ter le monde.

Reve­nons au Club. Qui le dirige exac­te­ment ?

Un petit groupe de per­sonnes appe­lées les Invi­sibles — dont la véri­table iden­tité ne peut être révé­lée à un simple agent. Le chef suprême de l’organisation est un cer­tain Capi­taine Nemo.

Nemo ? Comme dans « Vingt Mille Lieues sous les Mers » ?

Le Nau­ti­lus 

Abso­lu­ment. Je peux même te révé­ler qu’il passe son temps à bord d’un sub­mer­sible bap­tisé le Nau­ti­lus, encore plus extra­or­di­naire que le navire ima­giné par Jules Verne. Cela dit, ne va pas croire que « Vingt Mille Lieues… » ou « L’Ile Mys­té­rieuse » soient des récits authen­tiques : d’après ce que je sais, notre capi­taine a sim­ple­ment adopté le pseu­do­nyme de Nemo et bap­tisé son sous-marin le Nau­ti­lus en hom­mage au roman de Verne. Ceux qui l’ont ren­con­tré en per­sonne disent qu’il res­semble assez au per­son­nage, et qu’il est au moins aussi impres­sion­nant… Du reste, quel meilleur nom que Nemo (« per­sonne », en latin) pour dési­gner le supé­rieur d’une orga­ni­sa­tion secrète ? Qui irait soup­çon­ner que le Capi­taine Nemo existe bel et bien ? Même Jules Verne l’ignore !

Qui est vraiment Nemo ? Cette réponse reflète l’opinion la plus répandue dans les rangs du Club mais, comme souvent dans le monde d’Uchronia, la véritable explication est un peu plus alambiquée… En réalité, Nemo est originaire d’un futur où l’humanité a été vaincue par les Prométhéens (ce qu’ignorent la plupart des membres du Club). Pour plus de détails, voir le dossier consacré à la Véritable Odyssée du Capitaine Nemo et aux Ecrivains Visionnaires.

Depuis quand le Club existe-t-il ?

En tant que tel, le Club a été fondé en 1884, mais Nemo et quelques uns des Invi­sibles lut­taient déjà contre la Machine depuis plu­sieurs années.

Com­bien sommes-nous ?

Trop peu, mal­heu­reu­se­ment. Seuls les Invi­sibles connaissent nos effec­tifs exacts, mais il semble que le Club ne compte pas plus d’une cen­taine d’agents de ter­rain, ce qui ne pèse pas très lourd com­paré aux moyens dont dis­posent nos adver­saires… 

Avons-nous la moindre chance de réus­sir ?

Il faut l’espérer. De toute façon, nous n’avons guère le choix. Nous sommes peu nom­breux, mais nous avons cer­tains avan­tages non-négli­geables de notre côté, à com­men­cer par d’excellentes infor­ma­tions sur les acti­vi­tés enne­mies et par toute cette for­mi­dable tech­no­lo­gie, qui sur­passe même celle du Sym­po­sium.

Jus­te­ment, d’où viennent ces extra­or­di­naires inven­tions ? Qui les conçoit ?

En plus de ses agents de ter­rain, le Club emploie de nom­breux ingé­nieurs et tech­ni­ciens, que nous sur­nom­mons les Hor­lo­gers. Nemo lui-même est un inven­teur de génie et je peux te révé­ler qu’un autre des Invi­sibles est un des plus brillants scien­ti­fiques de notre temps… 

Où se trouve notre quar­tier géné­ral ?

A ma connais­sance, le Club n’a pas de véri­table quar­tier géné­ral, en dehors peut-être du Nau­ti­lus… Par contre, nous avons plu­sieurs Bureaux, qui coor­donnent les acti­vi­tés du Club dans dif­fé­rentes régions du monde. Pour le moment, nos prin­ci­paux Bureaux se trouvent à Londres, à Paris, à Vienne, à New York et à San Fran­cisco. Nous en avons aussi un en Inde et un autre en Egypte… mais nos agents sont pré­sents un peu par­tout autour du globe. Le Club pos­sède aussi une école secrète en Écosse où les agents peuvent se former à diverses tech­niques d’espionnage. Il existe éga­le­ment un endroit ultra-secret sur­nommé « l’Île Mys­té­rieuse » (tou­jours Jules Verne…), où Nemo et son équi­page font par­fois escale, mais je n’en sais guère plus… 

Rôles et fonctions au sein du Club

Voici une brève des­crip­tion des dif­fé­rentes fonc­tions exis­tant au sein du Club. Le grade permet de savoir qui a auto­rité sur qui, en cas de pro­blème.

Grade I : Sen­ti­nelles

Grade II : Agents

Grade III : Hor­lo­gers, Pré­cep­teurs, Hommes en Noir, Secré­taires

Grade IV : Cura­teurs, Maîtres Hor­lo­gers, Agents Extra­or­di­naires

Grade V : Invi­sibles

Sen­ti­nelle (grade I) : Les Sen­ti­nelles sont en quelque sorte les employés de bureau du Club. Ils sont les obs­curs et indis­pen­sables opé­ra­teurs logi­gra­phiques, archi­vistes et autres assis­tants sans les­quels les rouages du Club ne pour­raient tour­ner. En règle géné­rale, chaque Cercle pos­sède une ou deux Sen­ti­nelles, et chaque Bureau entre trois et six.

Agent (grade II) : Le terme agent s’applique spé­ci­fi­que­ment aux agents de ter­rain, membres d’un Cercle. C’est à cette caté­go­rie qu’appartiendront, a priori, les héros incar­nés par les joueurs, après avoir fait leurs preuves.

Homme en Noir (grade III) : Les Hommes en Noir sont des agents spé­ciaux, recon­nais­sables à leur redin­gote et à leur haut de forme noirs. Char­gés des opé­ra­tions de net­toyage, ils sont direc­te­ment placés sous les ordres des Cura­teurs. Leur tra­vail consiste notam­ment à effa­cer les indices com­pro­met­tants, à éva­cuer les éven­tuels pri­son­niers et à faire en sorte qu’aucun témoin indé­si­rable ne mette en danger la sécu­rité du Club. Ceux que l’on sur­nomme les Croque-Morts uti­lisent toutes sortes d’outils dans l’exercice de leur pro­fes­sion : pis­to­lets nar­co­tiques, faux uni­formes de poli­ciers, de pom­piers ou d’ambulanciers, menottes, maté­riel médi­cal etc. Ils dis­posent éga­le­ment d’un trans­met­teur logi­gra­phique mobile, dis­si­mulé de leur Cor­billard. Chaque Bureau dis­pose de quatre ou cinq Hommes en Noir, dont un ou deux Son­deurs.

Son­deur (grade III) : Une des prin­ci­pales fonc­tions des Hommes en Noir consiste à effa­cer, modi­fier ou mani­pu­ler la mémoire d’éventuels témoins gênants, dont les sou­ve­nirs pour­raient consti­tuer une menace pour la sécu­rité du Club. Ce tra­vail d’expert incombe plus pré­ci­sé­ment aux Son­deurs, agents spé­cia­li­sés dans les tech­niques d’hypnose et d’interrogatoire. Sui­vant la situa­tion, l’individu dont la mémoire doit être net­toyée pourra rece­voir une dis­crète visite à son domi­cile ou être enlevé et retenu captif dans un lieu secret durant quelques heures, le temps pour le Son­deur de fouiller et de tra­fi­quer ses sou­ve­nirs : grâce au prin­cipe de la sug­ges­tion hyp­no­tique, le Son­deur est même capable d’implanter dans l’esprit de sa vic­time des sou­ve­nirs tota­le­ment fic­tifs, le plus sou­vent pour recou­vrir les blancs lais­sés par l’effacement de noms, de faits et de visages com­pro­met­tants… Les Son­deurs sont éga­le­ment uti­li­sés pour les inter­ro­ga­toires inten­sifs de pri­son­niers enne­mis et sont passés maîtres dans l’art d’extraire les infor­ma­tions les plus confi­den­tielles des esprits les plus volon­taires. Chaque Son­deur est équipé d’une sacoche noire sem­blable à celle d’un méde­cin, sacoche qui contient tout le maté­riel néces­saire à l’exercice de leur art : les lunettes hyp­no­élec­triques per­met­tant de main­te­nir un sujet dans un état de transe pro­fonde, un pis­to­let nar­co­tique pour les situa­tions dif­fi­ciles et plu­sieurs doses de sérum d’oubli.

Les Hor­lo­gers sont les ingé­nieurs 

Hor­lo­ger (grade III) : Les Hor­lo­gers sont les ingé­nieurs, les tech­ni­ciens et les inven­teurs du Club, char­gés de la mise au point, de la fabri­ca­tion et de la répa­ra­tion des divers gad­gets et acces­soires hau­te­ment sophis­ti­qués uti­li­sés par les agents. Chaque Bureau est en rela­tion directe (par voie logi­gra­phique) avec un ou plu­sieurs Hor­lo­gers, les­quels peuvent aller et venir d’un Cercle à l’autre, en fonc­tion des besoins. En règle géné­rale, ils ne par­ti­cipent jamais aux mis­sions de ter­rain. Les Hor­lo­gers forment, au sein du Club, une sorte de caste à part, avec ses rituels, ses conven­tions et ses excen­tri­ci­tés. Ainsi, tous les Hor­lo­gers ont un pseu­do­nyme, formé sui­vant des règles pré­cises, ins­pi­rées par le nom d’un des héros de « L’Île Mys­té­rieuse », Cyrus Smith. Le faux patro­nyme d’un Hor­lo­ger sera tou­jours SMITH pour un anglo-saxon ou son équi­valent dans une autre langue (Lefèvre, Lefèbvre ou Lefé­bure en fran­çais, Schmidt en alle­mand, Faber en latin etc) et le prénom se ter­mi­nera tou­jours en –US, comme Sep­ti­mus, Marcus ou Arté­mus.

Pré­cep­teur (grade III) : La tâche d’un Pré­cep­teur consiste à coor­don­ner les acti­vi­tés d’un Cercle. En règle géné­rale, il s’agit d’un ancien agent de ter­rain, trop âgé pour par­ti­ci­per aux mis­sions les plus éprou­vantes (ou peut-être retiré du ser­vice actif suite à une mau­vaise bles­sure) mais doté d’une solide expé­rience de la Guerre Secrète.

Secré­taire (grade III) : Chaque Cura­teur est assisté d’un Secré­taire, qui peut éga­le­ment le rem­pla­cer en cas de crise. La plu­part des Secré­taires pré­sentent un profil assez simi­laire à celui des Cura­teurs : ce sont avant tout des admi­nis­tra­teurs et des stra­tèges, choi­sis pour leur esprit de syn­thèse et leur sens de l’organisation.

Agent Extra­or­di­naire (grade IV) : Les Agents Extra­or­di­naires, éga­le­ment appe­lés Agents X, consti­tuent l’élite des agents du Club. Ils ne sont rat­ta­chés à aucun Cercle et obéissent direc­te­ment aux Invi­sibles. Il n’y a à l’heure actuelle qu’une petite poi­gnée d’Agents Extra­or­di­naires au sein du Club. Lorsqu’ils ne sont pas en mis­sion, les Agents Extra­or­di­naires sont char­gés de former leurs confrères aux tech­niques de la Guerre Secrète.

Cura­teur (grade IV) : Un Cura­teur dirige un des Bureaux de l’organisation. Il s’agit d’un poste à très haute res­pon­sa­bi­lité, exercé par des indi­vi­dus pos­sé­dant à la fois un esprit d’exception et une déter­mi­na­tion sans faille. Le Club emploie à l’heure actuelle sept Cura­teurs. Lorsque de nou­veaux Bureaux seront créés, les Cura­teurs seront choi­sis par les Invi­sibles parmi d’autres agents de grade III, IV ou V.

Maître-Hor­lo­ger (grade IV) : Ce titre est porté par les Hor­lo­gers les plus brillants du Club, qui tra­vaillent géné­ra­le­ment sous la tutelle de l’Invisible Héra­cli­tus, alias Sir William Thom­son.

Invi­sible (grade V) : Les Invi­sibles sont les chefs suprêmes de l’organisation. En règle géné­rale, les agents ne les connaissent que par leur nom de code et n’ont pas de contact direct avec eux — sauf lorsqu’une situa­tion excep­tion­nelle l’exige (ou que le Capi­taine Nemo a décidé d’impressionner de jeunes recrues en leur offrant un petit voyage à bord du Nau­ti­lus).

Noms de code et noms de guerre

Chaque membre du Club, de la plus humble Sen­ti­nelle à Nemo lui-même, pos­sède un nom de code des­tiné à l’identifier dans les trans­mis­sions logi­gra­phiques, les rap­ports confi­den­tiels ou en cas d’extrême urgence. De manière géné­rale, les agents d’un Cercle ne s’appellent jamais par leurs noms de code, afin pré­ci­sé­ment de limi­ter les risques de fuite, d’indiscrétion et d’identification par l’ennemi. En règle géné­rale, le nom de code d’un agent est choisi par le Pré­cep­teur du Cercle mais cer­tains Pré­cep­teurs per­mettent aux agents de choi­sir leur propre iden­ti­fiant — en évi­tant évi­dem­ment les pseu­do­nymes trop trans­pa­rents ou révé­la­teurs.

Bureaux, Quartiers Secrets et Antichambres

Les Bureaux consti­tuent l’infrastructure du Club, en per­met­tant notam­ment une trans­mis­sion extrê­me­ment rapide des infor­ma­tions entre les dif­fé­rentes branches de l’organisation. Pour d’évidentes rai­sons de sécu­rité, les agents des dif­fé­rents Cercles (Pré­cep­teurs com­pris) ignorent la loca­li­sa­tion exacte du Bureau dont ils dépendent, la com­mu­ni­ca­tion entre Cercles et Bureaux étant (nor­ma­le­ment) tou­jours effec­tuée par trans­mis­sion logi­gra­phique. Les ren­sei­gne­ments qui suivent sont donc, a priori, réser­vés au seul Chro­ni­queur et ne devront être divul­guées aux joueurs qu’en cas d’extrême néces­sité — à la faveur, par exemple, d’une situa­tion de crise sans pré­cé­dent, sus­cep­tible de mena­cer l’existence même de l’organisation.

Le Bureau de Londres 

Londres : Créé en 1884, le Bureau de Londres est le plus ancien et fait encore figure de bureau cen­tral dans l’esprit de nom­breux agents du Club. Situés dans une salle secrète du laby­rin­thique Bri­tish Museum, les locaux du Bureau lon­do­nien se cachent sous la très offi­cielle éti­quette du Dépar­te­ment des Manus­crits Incom­plets et Docu­ments Frag­men­taires, une sec­tion rigou­reu­se­ment inter­dite au public. Le Cura­teur en est le très res­pec­table, très érudit (et très obscur) pro­fes­seur Henry Oliver Eccles­ton (nom de code Dae­da­lus).

Paris : Les locaux du Bureau pari­sien se cachent der­rière la vétuste façade du cabi­net Lagrume & Fau­che­rie, une étude de notaire tota­le­ment fic­tive aux allures (trom­peuses) d’officine pous­sié­reuse. Le Cura­teur est un cer­tain Armand Leche­va­lier (nom de code Mr Fox), qui fut en son temps un des plus brillants élé­ments de la Sûreté pari­sienne, remar­qué pour son flair, sa per­sé­vé­rance et son inté­grité — jusqu’à ce que d’obscures intrigues de minis­tère ne mettent un terme pré­ma­turé à sa car­rière.

Vienne : Le Bureau vien­nois occupe le siège social d’une obs­cure maison d’éditions de par­ti­tions musi­cales, la Wie­ners Lyrische Verlag. Son Cura­teur, Victor Gol­den­thal, alias le Kap­pel­meis­ter, est un touche-à-tout de génie, tout à la fois vio­lo­niste vir­tuose, cham­pion d’échecs et expert en cryp­to­lo­gie. A 34 ans, Gol­den­thal est aussi le plus jeune Cura­teur du Club et aurait cer­tai­ne­ment fait un excellent agent de ter­rain si une para­ly­sie des membres infé­rieurs ne le contrai­gnait à se dépla­cer en fau­teuil rou­lant.

New York : Prin­ci­pale antenne du Club sur le conti­nent nord-amé­ri­cain, le Bureau de New York (bap­tisé Bureau Atlan­tique) se situe dans un luxueux hôtel par­ti­cu­lier de Park Avenue. Le Cura­teur est le richis­sime excen­trique Oscar van Lynden (nom de code Theo­bald), héri­tier d’une des plus vieilles familles de Nou­velle Angle­terre ; esthète, mécène et phi­lan­thrope, van Lynden ne cache pas son mépris pour le monde des affaires et les soi-disants barons de la finance.

San Fran­cisco : Der­rière la façade de la com­pa­gnie mari­time North Star se cache en fait le Bureau Paci­fique du Club. Son Cura­teur est un cer­tain Tyler Morris (nom de code Cor­sair), ancien aven­tu­rier et arma­teur aux for­tunes diverses. Situé dans une Cali­for­nie en plein essor, le Bureau Paci­fique permet éga­le­ment au Club d’avoir un œil sur l’Alaska, ter­ri­toire d’une impor­tance éco­no­mique majeure qui sera bien­tôt le théâtre d’une ruée vers le vul­ca­nium orches­trée par la Machine.

Le Caire : Situé dans une annexe du pres­ti­gieux Musée Egyp­tien, le Bureau du Caire est consi­déré par beau­coup d’agents du Club comme une suc­cur­sale colo­niale plutôt tran­quille du Bureau de Londres… répu­ta­tion en fait assez jus­ti­fiée. Son Cura­teur, sur­nommé le Scribe, n’est autre que l’éminent égyp­to­logue anglais Sir Hilary Foster, ami per­son­nel du pro­fes­seur Eccles­ton (Cura­teur de Londres) et de Sir Mor­ti­mer Grey.

Bombay : Véri­table avant-poste du Club en Asie, le Bureau de Bombay est appelé à jouer un rôle stra­té­gique de pre­mier plan dans la lutte contre l’aile orien­tale de la Machine. Ses locaux sont situés dans un entre­pôt de l’immense dock Vic­to­ria, construit en 1888. Son Cura­teur est Manish Subram (nom de code Good­fel­low), docte érudit indien et ancien maître-espion à la solde des auto­ri­tés colo­niales bri­tan­niques, recruté par Sir Mor­ti­mer Grey.

En marge des Bureaux, le Club pos­sède éga­le­ment plu­sieurs bases spé­ciales répon­dant à des besoins logis­tiques par­ti­cu­liers. Parmi celles-ci, les endroits sui­vants sont d’une impor­tance pri­mor­diale.

Le Manoir : Situé près de Green­wich Park, dans les envi­rons de Londres, ce gigan­tesque bâti­ment (qui res­semble plus à un entre­pôt qu’à un manoir), sert de labo­ra­toire et d’atelier à Sir William et aux Maîtres Hor­lo­gers qui tra­vaillent avec lui. C’est là, notam­ment, que le grand phy­si­cien conduit ses expé­riences les plus avan­cées sur la Qua­trième Dimen­sion. Inutile de dire que l’endroit est soumis aux règles de sécu­rité les plus strictes. Seuls les indi­vi­dus de grade IV ou V peuvent y avoir accès.

Le Châ­teau de Glen Hurich 

Le Châ­teau de Glen Hurich : Située en Ecosse, dans les envi­rons d’Inverness, cette magni­fique for­te­resse médié­vale abrite en fait un centre de for­ma­tion aux tech­niques de la Guerre Secrète, où les agents du Club peuvent rece­voir un entraî­ne­ment spé­cia­lisé ou sim­ple­ment se main­te­nir en forme, avec comme ins­truc­teurs des Agents Extra­or­di­naires tels que John Peel, qui séjourne sou­vent à Glen Hurich. L’endroit est sous la garde d’un Cura­teur spé­cial nommé Angus McLen­nane.

La Maison du Dr Berg­mann : Située dans les envi­rons de Paris, cette pai­sible demeure abrite une cli­nique privée, diri­gée par le Dr Isaac Berg­mann, ancien Pré­cep­teur d’un Cercle pari­sien. Ici, tous les patients sont membres du Club : il s’agit le plus sou­vent d’agents griè­ve­ment bles­sés ou dont les nerfs ont lâché après une mis­sion de trop. Grâce au sérum de Cor­ri­gan et à diverses tech­niques thé­ra­peu­tiques avan­cées, la plu­part des pen­sion­naires se remettent rapi­de­ment d’aplomb.

L’Île Mys­té­rieuse : Cet îlot, perdu quelque part dans l’Atlantique Nord, consti­tue le port d’attache secret du Nau­ti­lus. C’est là, par exemple, que le sub­mer­sible fait escale lorsqu’il doit subir des répa­ra­tions, rece­voir des amé­lio­ra­tions tech­niques ou tout sim­ple­ment renou­ve­ler son équi­page. Sur­veillé en per­ma­nence par une colo­nie de Sel­kies, l’endroit abrite une véri­table petite ville secrète où résident la plu­part des hommes du Nau­ti­lus lorsqu’ils sont en per­mis­sion, ainsi que plu­sieurs Hor­lo­gers et divers indi­vi­dus placés sous la pro­tec­tion du Club, comme le Dr Cor­ri­gan et les membres de sa famille. Il arrive aussi à quelques Agents Extra­or­di­naires d’y séjour­ner quelque temps, loin du monde et des dan­gers de la Guerre Secrète… 

Les Îles de Trans­mis­sion : Le Club contrôle éga­le­ment une dou­zaine de petits îlots dis­per­sés dans les dif­fé­rentes mers du globe, où le Nau­ti­lus peut faire escale sans le moindre risque d’être repéré. Chacun de ces îlots abrite éga­le­ment une sta­tion-relais de trans­mis­sion élec­tro­ma­gné­tique grâce à laquelle le Nau­ti­lus peut tou­jours com­mu­ni­quer avec le réseau logi­gra­phique du Club, quelle que soit sa posi­tion. En temps normal, per­sonne ne séjourne sur les Iles de Trans­mis­sion, pla­cées sous l’étroite sur­veillance de Sel­kies alliés du Club.

Enfin, le Club pos­sède un cer­tain nombre d’Antichambres : il s’agit d’organisations contrô­lées (ou sur­veillées) par le Club, et uti­li­sées comme pas­se­relles pour contac­ter et éven­tuel­le­ment recru­ter des membres poten­tiels. Voici une brève des­crip­tion des trois prin­ci­pales Anti­chambres du Club :

La Société des Gent­le­men Globe Trot­ters : Cette société ami­cale fut fondée suite à l’engouement sus­cité par « Le Tour du Monde en Quatre-Vingts Jours », afin de pro­mou­voir ce que ses membres appellent « l’esprit Phi­leas Fogg ». Elle pos­sède de luxueux locaux à Paris et à Londres et orga­nise régu­liè­re­ment ren­contres, dîners et expé­di­tions. Un Homme du Monde avec l’Atout Grand Voya­geur a de fortes chances d’y appar­te­nir. Bien qu’elle soit essen­tiel­le­ment com­po­sée de riches dilet­tantes, la Société compte éga­le­ment quelques authen­tiques Hommes d’Action (explo­ra­teurs, grands navi­ga­teurs etc) dans ses rangs.

La Fon­da­tion Odys­seus : Offi­ciel­le­ment, cette dis­crète fon­da­tion a pour objec­tif de contri­buer finan­ciè­re­ment à tous les pro­jets et tra­vaux scien­ti­fiques sor­tant des sen­tiers battus, comme par exemple les recherches sur l’éther, les spé­cu­la­tions sur la qua­trième dimen­sion, les expé­riences sur le magné­tisme psy­chique ou encore la recherche des ves­tiges de l’Atlantide. En fait, la Fon­da­tion permet sur­tout au Club d’entrer en contact avec des Hommes de Science aux idées larges, sus­cep­tibles d’accepter plus faci­le­ment cer­taines réa­li­tés — à com­men­cer l’existence d’une conspi­ra­tion mon­diale d’origine extra-ter­restre… 

Le Del­phian Club : Ce club lon­do­nien aussi select que dis­cret ras­semble dif­fé­rents membres (ou ex-membres) des ser­vices secrets bri­tan­niques, parmi les­quels Sir Mor­ti­mer Grey repère les élé­ments les plus sus­cep­tibles de contri­buer effi­ca­ce­ment à la lutte contre la Machine. Il s’agit en quelque sorte la vieille garde du Club (qui lui doit d’ailleurs son nom) : de nom­breux agents de la pre­mière heure appar­tiennent au Del­phian, à com­men­cer par John Peel et les fameux Joueurs de Whist. Le Del­phian Club est un point d’entrée idéal pour les Hommes de l’Ombre (ou du Monde) issus des ser­vices secrets de Sa Majesté.

Informations Confidentielles

Il va de soi qu’un agent ne se voit pas révé­ler tous les rouages du Club dès son recru­te­ment. Cer­taines infor­ma­tions ne lui seront dévoi­lées que pro­gres­si­ve­ment, sui­vant les besoins des mis­sions qui lui seront confiées ou en fonc­tion de ses propres inter­ro­ga­tions et inves­ti­ga­tions. Voici les prin­ci­paux secrets internes qu’un agent du Club est sus­cep­tible de décou­vrir ou de se voir révé­ler au cours de ses aven­tures :

La rapi­dité et la faci­lité avec les­quelles ces infor­ma­tions peuvent être décou­vertes dépendent essen­tiel­le­ment du Chro­ni­queur qui devra gérer ces révé­la­tions en fonc­tion des besoins de son Feuille­ton mais aussi des attentes de ses joueurs. Le Livre du Chro­ni­queur contient divers conseils pra­tiques à ce sujet. En ce qui concerne les autres membres du Club, on pourra esti­mer que toutes ces infor­ma­tions sont connues ou pres­sen­ties à partir du grade III.

Equipement et technologie avancée

Les Hor­lo­gers tra­vaillent en per­ma­nence sur de nou­velles inven­tions sus­cep­tibles d’influer sur le cours de la Guerre Secrète, et les membres du Club ont pris l’habitude d’utiliser divers gad­gets tech­no­lo­giques, comme l’Etourdisseur et le Syn­chro­ni­sa­teur, qui consti­tuent la pano­plie de base de l’agent en mis­sion. Ces extra­or­di­naires créa­tions, ainsi que d’autres acces­soires du même style, sont décrites dans l’appendice consa­cré à l’équipement. Quant aux Logi­graphes et aux Trans­met­teurs, ils occupent une place de pre­mier plan dans l’organisation logis­tique du Club.

Opérations parallèles

Si la lutte contre la Machine consti­tue la prio­rité abso­lue et la raison d’être du Club, ses agents se voient par­fois confier des mis­sions sans rap­port direct avec la Guerre Secrète mais tou­chant de près aux inté­rêts de l’organisation. Parmi ces objec­tifs péri­phé­riques, on trouve notam­ment les inves­ti­ga­tions des­ti­nées à retrou­ver la trace du pro­fes­seur Ter­ra­nova, les mis­sions de contact avec les Sel­kies, les expé­riences scien­ti­fiques sur la Qua­trième Dimen­sion ainsi que cer­taines enquêtes ultra-confi­den­tielles liées aux per­tur­ba­tions et autres inter­fé­rences pro­vo­quées par le saut tem­po­rel du Nau­ti­lus. Ces diverses acti­vi­tés sont confiées à des Cercles spé­ciaux, dont la Cel­lule Arro­nax, consti­tue un excellent exemple.

La Cel­lule Arro­nax : Pour des rai­sons assez com­plexes (décrites dans La Véri­table Odys­sée du Capi­taine Nemo et Les Ecri­vains Vision­naires), l’écrivain Jules Verne fait l’objet, à son insu, d’une atten­tion toute par­ti­cu­lière de la part du Club, dont il est sans le savoir un des membres hono­raires. Plus pré­ci­sé­ment, il existe au sein du Club un Cercle spé­cial, la Cel­lule Arro­nax (en réfé­rence au nar­ra­teur fictif de « Vingt Mille Lieues sous les Mers »), placée sous l’autorité du Bureau de Paris. Les membres de la cel­lule Arro­nax se consacrent exclu­si­ve­ment à la sur­veillance (dis­crète) des faits et gestes de l’écrivain ainsi qu’au décryp­tage métho­dique de ses œuvres, les­quelles contiennent par­fois d’insoupçonnables véri­tés…

Quelques agents très spéciaux

Consi­dé­rés comme de véri­tables spé­cia­listes dans leur branche res­pec­tive, ces indi­vi­dus hors du commun appar­tiennent à l’élite des agents du Club.

Aris­tide Locard est sans doute un des plus grands détec­tives privés de son temps. Celui que l’on sur­nomme par­fois « le Sher­lock Holmes pari­sien » se dis­tingue cepen­dant du fameux limier par ses méthodes, qui doivent plus à l’intuition qu’à la déduc­tion, mais aussi par un tem­pé­ra­ment de séduc­teur typi­que­ment fran­çais. Depuis 1888, il a rejoint les rangs du Club, sous la tutelle du Bureau de Paris, puis en qua­lité d’Agent Extra­or­di­naire, son flair excep­tion­nel fai­sant de lui un des meilleurs inves­ti­ga­teurs de l’organisation.

Atouts : Adresse Excep­tion­nelle, Beau­coup de Charme, Cam­brio­leur, Esprit Intui­tif, Fin Stra­tège, Maître du Dégui­se­ment, Mémoire Éton­nante, Pres­ti­di­gi­ta­teur, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Talents d’Acteur, Vigi­lance Constante.

Miss Sarah Gali­frey (alias « Pan­dora ») est la seule femme à avoir rejoint le cercle très fermé des Maîtres Hor­lo­gers du Club, dont elle est l’une des plus brillantes repré­sen­tantes. Fille de l’inventeur Edwin Gali­frey, dis­ciple méconnu de Bab­bage, Miss Gali­frey apporta à Sir William Thom­son une aide pré­cieuse lors de la concep­tion des pre­miers logi­graphes. On lui attri­bue éga­le­ment l’invention des Etour­dis­seurs et de plu­sieurs autres gad­gets cou­ram­ment uti­li­sés par les agents en mis­sion.

Atouts : Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (logi­graphes, élec­tri­cité), For­ma­tion Scien­ti­fique (sciences phy­siques), Méca­ni­cienne, Mémoire Éton­nante, Patience Extrême, Sens de l’Observation, Talents de Bri­co­leuse, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.

John Peel 

John Peel est consi­déré par la plu­part de ses com­pa­gnons d’armes comme le meilleur Agent Extra­or­di­naire du Club. Issu des ser­vices secrets bri­tan­niques, il fut recruté dès 1884 par Sir Mor­ti­mer et conserve comme lui de nom­breuses rela­tions au sein de la grande maison, par l’intermédiaire du Del­phian Club, dont il est un des membres les plus illustres. Son savoir-faire, son sens de l’improvisation et, par dessus tout, son flegme légen­daire lui ont valu une double-répu­ta­tion de maître-espion et de par­fait gent­le­man.

Atouts : Adresse Excep­tion­nelle, Ath­lète Accom­pli, Beau­coup de Charme, Cam­brio­leur, Entre­gent, Esprit Intui­tif, Excellent Escri­meur, Excellent Pugi­liste, Excellent Tireur, Fin Stra­tège, Per­son­na­lité Magné­tique, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Vigi­lance Constante, Volonté de Fer.

Edward Nor­wood (alias « Tin­ker­man ») est le prin­ci­pal Maître Hor­lo­ger de la branche amé­ri­caine du Club. C’est lui qui, en 1884, apporta à Sir William Thom­son la lettre dans laquelle le pro­fes­seur Ter­ra­nova, son ancien mentor, révé­lait l’existence du Sym­po­sium. Elé­gant et sociable, Nor­wood se défi­nit lui-même comme un gent­le­man-inven­teur plus que comme un véri­table scien­ti­fique : il n’en demeure pas moins un authen­tique vir­tuose en matière de kuber­né­tique et de ser­vo­mé­ca­nique.

Atouts : Beau­coup de Charme, Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (kuber­né­tique, ser­vo­mé­ca­nique), Méca­ni­cien, Sens de l’Observation, Sens des Affaires, Talents de Bri­co­leur, Tech­no­lo­gie Avan­cée.

Apol­lo­nia 

Apol­lo­nia appar­tient elle aussi au cercle res­treint des Agents Extra­or­di­naires. Aussi belle que dan­ge­reuse, cette ancienne aven­tu­rière d’origine ita­lienne est une véri­table vir­tuose dans l’art du sub­ter­fuge et de l’imposture. Avant d’être recru­tée par Sir Mor­ti­mer Grey, elle avait déjà eu l’occasion d’utiliser ses extra­or­di­naires talents d’espionne pour le compte des ser­vices secrets bri­tan­niques et fran­çais. C’est grâce à elle – et à elle seule – que le fameux « fiasco ber­li­nois » ne se trans­forma pas en désastre pour toute l’organisation…

Atouts : Adresse Excep­tion­nelle, Beau­coup de Charme, Cam­brio­leuse, Don des Langues, Esprit Intui­tif, Grande Voya­geuse, Maî­tresse du Dégui­se­ment, Per­son­na­lité Magné­tique, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Talents d’Actrice, Volonté de Fer.

John Morgan est le second du Nau­ti­lus et l’homme-à-tout-faire de Nemo, à qui il voue une loyauté sans borne. Célèbre pour son franc parler et son accent irlan­dais, Morgan est un loup de mer endurci, que la Guerre Secrète a trans­formé en soldat de l’ombre. Il lui arrive par­fois de quit­ter le Nau­ti­lus pour mener à bien une mis­sion par­ti­cu­liè­re­ment déli­cate, opé­rant sous les ordres directs du Capi­taine. Cer­taines rumeurs font de lui l’exécuteur atti­tré des Invi­sibles, chargé d’éliminer les traîtres et les agents doubles…

Atouts : Ath­lète Accom­pli, Consti­tu­tion Robuste, Esprit Pra­tique, Excellent Pugi­liste, Expert (Nau­ti­lus), Méca­ni­cien, Meneur d’Hommes, Navi­ga­teur Che­vronné, Patience Extrême, Sang-froid Excep­tion­nel, Vigi­lance Constante, Volonté de Fer.

Les Invisibles

Le moment est venu à pré­sent de nous pen­cher un peu plus en détail sur les membres les plus haut-placés de l’organisation : les mys­té­rieux Invi­sibles, qui dirigent et super­visent les acti­vi­tés du Club sous la tutelle du Capi­taine Nemo. Sans comp­ter Nemo, cet état major secret com­prend sept membres, géné­ra­le­ment dési­gnés par leurs seuls noms de code : Pros­pero, Hera­cli­tus, Hector, Bishop, Lucian… Sous ces pseu­do­nymes se cachent des per­son­na­li­tés aussi diverses que l’ancien maître-espion bri­tan­nique Sir Mor­ti­mer Grey, le célèbre phy­si­cien et inven­teur Sir William Thom­son, le poli­ti­cien fran­çais Georges Clé­men­ceau, l’ex-révolutionnaire et mathé­ma­ti­cien russe Alexei Boga­tyr, le mil­liar­daire amé­ri­cain Correl Buchal­ter… et un Selkie gar­dien de la mémoire de son peuple. Il serait ten­tant mais tout à fait erroné de consi­dé­rer les Invi­sibles comme de simples reflets inver­sés de leurs puis­sants adver­saires du Sym­po­sium. Au contraire des chefs suprêmes de la Machine, les Invi­sibles ne sont pas des appren­tis maîtres du monde qui n’acceptent de coopé­rer les uns avec les autres que pour servir leurs ambi­tions déme­su­rées mais forment un groupe d’individus appa­rem­ment dis­pa­rates, unis par un enga­ge­ment commun et par une loyauté mutuelle indé­fec­tible. Pour­tant, sans l’existence du Sym­po­sium ou de la Grande Menace, il est cer­tain que des per­son­nages aussi radi­ca­le­ment dif­fé­rents que Sir Mor­ti­mer Grey, Alexei Boga­tyr ou Correl Buchal­ter n’auraient jamais œuvré ni même accepté d’œuvrer ensemble ; une fois le pas fran­chi, cepen­dant, rien ne pourra plus les détour­ner de leur but commun. A l’image du reste de l’organisation, l’état major secret du Club repose sur le prin­cipe de l’union sacrée, face à un adver­saire cen­sé­ment invin­cible…

Nemo (identité inconnue)

Les mys­té­rieuses ori­gines du Capi­taine Nemo sont expo­sées en détail dans la sec­tion inti­tu­lée L’effet Wid­der­shin, que nous vous recom­man­dons de lire si vous ne l’avez déjà fait. Ce récit, tou­te­fois, ne fait que sou­le­ver un coin du voile et laisse dans l’ombre la ques­tion la plus impor­tante : qui est réel­le­ment Nemo ? Quelle était son iden­tité dans son monde d’origine ? Quelles sont ses rela­tions exactes avec son double tem­po­rel de l’époque d’Uchronia ? Plutôt que d’apporter une réponse à ces ques­tions, nous vous pro­po­sons plu­sieurs pos­si­bi­li­tés, parmi les­quelles chaque Chro­ni­queur devra faire son choix… sans y être tou­te­fois obligé : rien n’empêche en effet Nemo de demeu­rer à jamais un mys­tère vivant, objet de toutes les conjec­tures et de toutes les théo­ries. Mais avant d’examiner les dif­fé­rents visages pos­sibles de Nemo, il est sans doute utile de reve­nir sur le secret qui l’entoure.

Le Capi­taine Nemo 

Pour la plu­part des agents, qui ignorent tout du voyage tem­po­rel effec­tué par Nemo, le mys­tère de sa véri­table iden­tité ne consti­tue qu’un secret de plus, imposé par les exi­gences de la clan­des­ti­nité. Seuls ceux qui connaissent ses ori­gines futu­ristes savent que le pseu­do­nyme du Capi­taine (nemo signi­fie per­sonne en latin) reflète par­fai­te­ment sa situa­tion : en tant qu’individu venu d’un autre temps, Nemo n’a effec­ti­ve­ment aucune véri­table iden­tité, en dehors de celle qu’il s’est choi­sie. Lui-même consi­dère qu’il a tota­le­ment cessé d’être l’homme qu’il était autre­fois, dans son futur d’origine, lorsqu’il a tra­versé le Mael­ström, ainsi qu’il le confia lui-même à Sir William Thom­son :

« C’était un autre temps, et j’étais alors un tout autre homme. Mon passé est un futur que j’essaie à toutes forces d’empêcher. Pour cela, je suis devenu Nemo et Nemo n’a ni sou­ve­nirs, ni regrets, juste une mis­sion à accom­plir.  »

Bien sûr, son fidèle second, John Morgan, et quelques autres membres de l’équipage d’origine du Nau­ti­lus connaissent la vérité, mais aucun d’entre eux ne tra­hi­rait jamais un tel secret, fût-ce sous la tor­ture. Du reste, pour eux, Nemo n’a ni nom ni exis­tence en dehors du Nau­ti­lus et de la Guerre Secrète : il est leur Capi­taine et tous ont juré de le servir jusqu’à la mort. Eux aussi, du reste, ont perdu leur passé en fran­chis­sant les portes du temps.

Un des aspects les plus impor­tants du pro­blème est l’existence, quelque part dans le monde d’Uchronia, d’un « futur Nemo »… et les diverses inter­fé­rences que cette situa­tion pour­rait créer. Nemo a-t-il cher­ché à ren­con­trer son alter ego ? Le fait-il sur­veiller ? Va-t-il tenter d’en faire un second lui-même, propre à prendre sa suc­ces­sion s’il venait à dis­pa­raître ou, tout au contraire, compte-t-il le tenir à l’écart des intrigues de la Guerre Secrète, de peur de créer quelque para­doxe aux effets tota­le­ment impré­vi­sibles – y com­pris sur le plan cos­mique ? Autant de ques­tions dont les réponses dépendent du véri­table visage du Capi­taine Nemo. 

L’identité ori­gi­nelle de Nemo devra être choi­sie par le Chro­ni­queur lui-même. Nous vous pro­po­sons quatre grandes pos­si­bi­li­tés, toutes par­fai­te­ment cohé­rentes avec le contexte d’Uchronia et l’histoire de la Guerre Secrète :

Rien n’empêche, enfin, de com­bi­ner ces dif­fé­rentes options : ainsi, Nemo pour­rait tout à fait être Jules Verne et avoir fait enle­ver Ter­ra­nova afin d’en faire son suc­ces­seur… Dans le monde d’Uchronia, tout est pos­sible.

Quelle que soit sa véri­table iden­tité, le Nemo d’Uchronia est for­cé­ment un per­son­nage excep­tion­nel. Il pos­sède presque obli­ga­toi­re­ment tous les Atouts sui­vants : Don des Langues, Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (navi­ga­tion sous-marine et sans doute plu­sieurs autres domaines), Fidèle Ser­vi­teur (John Morgan), Fin Stra­tège, For­ma­tion Scien­ti­fique (Sciences Phy­siques), Grand Voya­geur, Immense For­tune, Méca­ni­cien, Meneur d’Hommes, Mémoire Éton­nante, Navi­ga­teur Che­vronné, Patience Extrême, Sang-froid Excep­tion­nel, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Vigi­lance Constante, Volonté de Fer.

Cette liste consti­tue une sorte de modèle de base et devra sans doute être modi­fiée en fonc­tion de votre propre inter­pré­ta­tion de Nemo : ainsi, si votre Nemo est rela­ti­ve­ment jeune, vous pouvez lui ajou­ter une Consti­tu­tion Robuste ; si vous voulez faire de lui une figure véri­ta­ble­ment cha­ris­ma­tique, dotez-le d’une Per­son­na­lité Magné­tique ; si vous voulez insis­ter sur sa pro­di­gieuse intel­li­gence, ajou­tez-lui une Mémoire Eton­nante etc.

Sir William Thomson (nom de code : Heraclitus)

« La loi éter­nelle de l’honneur force la science à regar­der bra­ve­ment en face tout pro­blème qui se pré­sente à elle. »

Sir William Thom­son, Lord Kelvin

Phy­si­cien génial, Sir William Thom­son est le seul Invi­sible à pos­sé­der une réelle noto­riété auprès du grand public : avec Thomas Edison et quelques autres, il fait partie de ceux en qui l’imagination popu­laire se plaît à voir les pion­niers d’un monde futur, entiè­re­ment placé sous les bien­veillants aus­pices de la Science. Arché­type du pro­fes­seur à barbe blanche, Sir William incarne mieux que qui­conque la figure du savant vic­to­rien. Les agents qui ont eu l’honneur de le ren­con­trer gardent de lui le sou­ve­nir d’un esprit en per­pé­tuelle ébul­li­tion, mais aussi d’un homme enthou­siaste et débon­naire, animé d’une foi presque naïve dans l’omnipotence de la Science.

Hera­cli­tus 

Né à Bel­fast en 1824, William Thom­son mani­feste dès son plus jeune âge des dis­po­si­tions intel­lec­tuelles pro­pre­ment extra­or­di­naires puisqu’il entre à l’université de Glas­gow à l’âge de dix ans. Etu­diant pro­dige, il sus­cite l’admiration de ses pro­fes­seurs, dont il rejoint lui-même les rangs en 1846, alors qu’il est âgé d’à peine 22 ans. Il par­tage alors son temps entre l’enseignement et la pour­suite de ses propres recherches, mul­ti­pliant les décou­vertes et les avan­cées capi­tales.

Il s’intéresse notam­ment au do­maine de la thermo­dynamique (trans­for­ma­tion de l’énergie méca­nique en cha­leur), col­la­bo­rant avec un autre phy­si­cien célèbre, le grand James P. Joule. Thom­son pour­suit éga­le­ment des recherches dans le domaine de l’électricité, recherches qui joue­ront un rôle capi­tal dans le déve­lop­pe­ment de la télé­gra­phie. Aux décou­vertes théo­riques s’ajoutent éga­le­ment de nom­breuses réa­li­sa­tions tech­niques de pre­mier plan : après avoir per­fec­tionné divers appa­reils scien­ti­fiques comme le gal­va­no­mètre à miroir ou l’enregistreur à siphon, il apporte des amé­lio­ra­tions déci­sives au pro­ces­sus de fabri­ca­tion des câbles élec­triques. Employé dès 1858 comme conseiller scien­ti­fique lors de l’installation du câble télé­gra­phique de l’Atlantique, il s’intéressera aux ins­tru­ments de navi­ga­tion, inven­tant notam­ment un appa­reil de son­dage des hauts et bas-fonds ainsi qu’un dis­po­si­tif de pré­dic­tion des marées. Sa noto­riété gran­dis­sante lui vaut, entre autres hon­neurs, de prendre la direc­tion du Jour­nal de Mathé­ma­tiques de l’université de Cam­bridge. Puis, c’est l’anoblissement : en 1866, il reçoit le titre de Sir. Pour­sui­vant ses tra­vaux avec une ardeur indé­fec­tible, Sir William se penche sur des sujets aussi divers que les décharges élec­triques, le calcul du magné­tisme, les pro­prié­tés élec­tro­dy­na­miques des métaux et divers phé­no­mènes élec­tro­ma­gné­tiques. Animé d’une véri­table pas­sion pour la Science, il se penche alors sur la ques­tion de l’âge de la Terre et sur diverses ques­tions de phy­sique astro­no­mique, tout en pour­sui­vant ses acti­vi­tés d’inventeur – on lui doit notam­ment un ana­ly­seur d’harmoniques et un cal­cu­la­teur méca­nique d’équations dif­fé­ren­tielles (1876). Ses divers accom­plis­se­ments lui valent d’être nommé, en 1890, pré­sident de la très pres­ti­gieuse Royal Society, fonc­tion qui fait de lui un des pre­miers per­son­nages du royaume. Cer­tains n’hésitent pas à voir en lui le « Merlin » de l’ère vic­to­rienne. Voilà donc pour la bio­gra­phie offi­cielle.

Exa­mi­nons à pré­sent les sin­gu­liers évé­ne­ments qui firent de Sir William un des pre­miers com­pa­gnons d’armes de Nemo et un des membres fon­da­teurs du Club…

En 1878, quelque temps après son saut tem­po­rel, Nemo se met en devoir de contac­ter plu­sieurs scien­ti­fiques de haut niveau, dans l’espoir d’obtenir leur aide afin de pré­ve­nir la ter­rible menace qui pèse sur le futur de l’humanité. Sir William Thom­son sera le pre­mier d’entre eux. Ce choix ne doit rien au hasard : en effet, dans son futur d’origine, Nemo connais­sait Sir William – mieux encore, il avait été un de ses assis­tants et c’est en partie grâce aux pro­di­gieuses connais­sances du vieux savant que le Nau­ti­lus a pu être construit. Tout cela, le William Thom­son de 1878 n’a aucun moyen de le savoir, leur pre­mière ren­contre dans le futur de Nemo datant de 1889… Encore une fois, Nemo espère pou­voir alté­rer le cours de l’histoire en devan­çant l’avenir. Connais­sant le carac­tère de l’éminent phy­si­cien, il sait que Sir William accep­tera de croire l’impossible si on lui pré­sente des preuves scien­ti­fiques irré­fu­tables : ces preuves, il va les trou­ver dans les sou­ve­nirs de son temps d’origine, en révé­lant à Sir William le futur de ses propres recherches. Il lui décrit ainsi en détail la concep­tion et le fonc­tion­ne­ment de plu­sieurs machines sur les­quelles Sir William vient à peine de com­men­cer à tra­vailler, ou qui n’existent encore que dans son ima­gi­na­tion. Sub­ju­gué, le scien­ti­fique accepte d’écouter le récit de Nemo et de l’accompagner à bord du Nau­ti­lus, dont l’existence même consti­tue une preuve sup­plé­men­taire de la vérité… Nemo et lui auront ensuite plu­sieurs longs entre­tiens, qui achè­ve­ront de convaincre Sir William d’apporter toute son aide au Voya­geur venu du futur.

Dans un pre­mier temps, Sir William par­ti­cipe acti­ve­ment à la fon­da­tion de la société des Veilleurs, l’ancêtre du Club. Grâce à ses nom­breuses rela­tions dans le milieu scien­ti­fique, il aide Nemo à contac­ter et à convaincre divers savants de rejoindre leur orga­ni­sa­tion, tout en leur révé­lant peu à peu ses incroyables secrets. Dans ce rôle d’intermédiaire, de recru­teur et de mentor, Sir William s’avère être beau­coup plus doué que l’impétueux Nemo, qui lui confie bien­tôt la direc­tion de la société, pré­fé­rant rester dans l’ombre à bord de son Nau­ti­lus. Paral­lè­le­ment à cela, Sir William oriente désor­mais la majeure partie de ses tra­vaux dans des direc­tions inti­me­ment liées aux révé­la­tions de Nemo : il sera ainsi le pre­mier scien­ti­fique de son temps à étu­dier les pro­prié­tés du vul­ca­nium, plus de dix ans avant sa décou­verte offi­cielle et se plon­gera avec pas­sion dans le savoir des cylindres atlantes, qui lui révè­le­ront les ultimes secrets du temps, de l’espace, de l’énergie et de la matière. Pre­mier Grand Hor­lo­ger, il sera à l’origine de la concep­tion des logi­graphes, des étour­dis­seurs, des syn­chro­ni­sa­teurs et de divers autres acces­soires uti­li­sés par les agents du Club. Récem­ment, il a quelque peu délaissé cet aspect de son tra­vail, confiant la concep­tion de nou­veaux gad­gets aux Invi­sibles Edward Nor­wood et Sarah Gali­frey, afin de se consa­crer à des recherches fon­da­men­tales tou­chant à la Qua­trième Dimen­sion et au voyage spatio-tem­po­rel – domaines qui pour­raient bien s’avérer d’une impor­tance déci­sive – notam­ment en cas de confron­ta­tion directe avec les Pro­mé­théens. Sa récente nomi­na­tion à la tête de la Royal Society de Londres lui confère bien sûr de nou­velles res­pon­sa­bi­li­tés mais éga­le­ment une nou­velle source d’influence, qui pour­rait jouer un rôle capi­tal dans l’évolution de la Guerre Secrète : quelle meilleure tri­bune, en effet, que la très res­pec­table Royal Society pour révé­ler l’existence des Pro­mé­théens et la menace qu’ils consti­tuent pour l’espèce humaine ?

Atouts : Aris­to­crate, Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (élec­tri­cité, ther­mo­dy­na­mique, machines ana­ly­tiques), For­ma­tion Scien­ti­fique (Sciences Phy­siques), Grande For­tune, Méca­ni­cien, Mémoire Éton­nante, Patience Extrême, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Vaste Éru­di­tion.

En termes de jeu, l’accession de Sir William à la Tête de la Royal Society fera de lui une véri­table Figure Publique. Cet Atout, qui repré­sente une noto­riété extra­or­di­naire et l’influence qui en découle, est, a priori, stric­te­ment réservé aux grands per­son­nages his­to­riques de l’univers d’Uchronia, comme Edison ou notre futur Lord Kelvin.

De Sir William Thom­son à Lord Kelvin

Contrai­re­ment à la plu­part des autres Invi­sibles, Sir William Thom­son est un per­son­nage his­to­rique, plus connu sous le nom de Lord Kelvin, titre qu’il rece­vra en 1892. La cita­tion pré­sen­tée au début de ce por­trait, ainsi que les détails de son exis­tence pré­sen­tés comme sa bio­gra­phie offi­cielle sont rigou­reu­se­ment authen­tiques – y com­pris les noms de ces étranges machines qui semblent tout droit sor­ties d’un vieux roman de science fic­tion. Dans notre monde, le grand savant mourra en 1907, à l’âge de 83 ans, au terme d’une exis­tence entiè­re­ment consa­crée à la Science.

La Royal Society de Londres

Fondée dans les années 1660, cette véné­rable ins­ti­tu­tion est l’équivalent bri­tan­nique de notre Aca­dé­mie des Sciences. Au cours de son his­toire, elle a accueilli des membres aussi illustres que Newton, Darwin, Ruther­ford et, plus près de nous, Albert Ein­stein et Ste­phen Haw­king. En dépit de ce que son nom pour­rait lais­ser sup­po­ser, la Société est tota­le­ment indé­pen­dante du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. Ses prin­ci­paux objec­tifs sont d’encourager la recherche scien­ti­fique de haut niveau, mais aussi de faci­li­ter la com­mu­ni­ca­tion entre scien­ti­fiques de dif­fé­rentes nations et de pro­mou­voir le rôle de la science dans la société moderne. A l’époque vic­to­rienne, la Royal Society est sans aucun doute la plus pres­ti­gieuse aca­dé­mie scien­ti­fique du monde ; ses publi­ca­tions et ses confé­rences font office de réfé­rence incon­tes­table et défi­nissent rigou­reu­se­ment les fron­tières et les hori­zons du savoir scien­ti­fique sérieux.

Grâce à l’accession de Sir William à la tête de la Royal Society, le Club est en passe d’obtenir ce qui lui fai­sait jusqu’ici cruel­le­ment défaut : des liens étroits avec une ins­ti­tu­tion à la cré­di­bi­lité irré­pro­chable, capable d’annoncer la ter­rible vérité au monde entier – mais cette révé­la­tion devra être soi­gneu­se­ment pré­pa­rée, afin d’éviter une panique mon­diale qui, dans l’état actuel des choses, ne ferait que servir les inté­rêts du Sym­po­sium. Tant qu’il n’aura pas déman­telé (ou suf­fi­sam­ment affai­bli) la Machine, le Club res­tera contraint d’agir en secret…

Sir Mortimer Grey (nom de code : Prospero)

Si Nemo reste l’inspirateur incon­testé du Club, Sir Mor­ti­mer Grey en fut l’architecte et le bâtis­seur : c’est lui qui mit sur pied la struc­ture de l’organisation et recruta ses pre­miers agents opé­ra­tion­nels. Aujourd’hui, il occupe une place de pre­mier plan dans la direc­tion stra­té­gique du Club, dont il super­vise les acti­vi­tés sur l’ensemble du ter­ri­toire euro­péen mais aussi dans les régions les plus recu­lées de l’empire bri­tan­nique, ce qui fait de lui le n°2 de l’organisation, juste après Nemo lui-même. Il faut dire que Sir Mor­ti­mer a l’habitude d’assumer des res­pon­sa­bi­li­tés aussi secrètes que cru­ciales, ayant été pen­dant plu­sieurs années un des prin­ci­paux cer­veaux des ser­vices de ren­sei­gne­ments de Sa Majesté la Reine Vic­to­ria.

Pros­pero 

De sa brillante et dis­crète car­rière au sein d’une des ins­ti­tu­tions les plus secrètes du monde, Sir Mor­ti­mer a conservé une grande expé­rience du monde de l’ombre, un sens aigü de l’analyse et de l’organisation, ainsi que de nom­breuses rela­tions dans les hautes sphères – autant d’atouts qu’il a su mettre à profit dans son nou­veau rôle d’Invisible. En dehors de son excep­tion­nel savoir-faire dans le domaine du ren­sei­gne­ment, Sir Mor­ti­mer se dis­tingue du commun des mor­tels par une intel­li­gence véri­ta­ble­ment pro­di­gieuse, qui aurait cer­tai­ne­ment fait de lui un des plus grands cer­veaux de son temps s’il avait embrassé la voca­tion scien­ti­fique.

Phy­si­que­ment, Sir Mor­ti­mer est un per­son­nage extroar­di­nai­re­ment cor­pu­lent (pour ne pas dire fran­che­ment obèse, ce qui lui a valu d’être sur­nommé « Sir Moby Dick » par quelques esprits jaloux et mal­veillants), aux manières posées et au regard faus­se­ment rêveur. Il mène en appa­rence une exis­tence de gent­le­man séden­taire et céli­ba­taire, aux habi­tudes soi­gneu­se­ment réglées et aux passe-temps irré­pro­chables (déjeu­ners dans divers clubs de Londres, séances de lec­ture à la biblio­thèque du Bri­tish Musem, visites à de vieux amis de tel ou tel minis­tère etc). Lorsque les affaires du Club ne l’obligent pas à quit­ter Londres (ce qu’il déteste par-dessus tout), Sir Mor­ti­mer par­tage son temps entre le Del­phian Club, le Bureau de Londres et son appar­te­ment de Pall Mall, qui lui sert de quar­tier géné­ral per­son­nel.

Né en 1827, Mor­ti­mer Grey est issu d’une vieille famille de la gentry du nord de l’Angleterre. Son père, Sir Regi­nald, mena une brillante car­rière de diplo­mate au sein du Foreign Office. Remar­qué dès son plus jeune âge pour ses extra­or­di­naires dis­po­si­tions intel­lec­tuelles, Mor­ti­mer suivit le cursus typique des jeunes gent­le­men : édu­ca­tion à Eton, puis entrée à l’université de Cam­bridge – à l’âge de seule­ment quinze ans. Là, il gagne rapi­de­ment une répu­ta­tion d’étudiant sur­doué, pro­vo­quant l’admiration de ses pro­fes­seurs et la jalou­sie de nombre de ses condis­ciples. Excellent dans toutes les dis­ci­plines (sauf en édu­ca­tion phy­sique, en raison de sa cor­pu­lence déjà exces­sive), il se montre par­ti­cu­liè­re­ment brillant en his­toire, en mathé­ma­tique et dans l’étude des langues anciennes, où ses extra­or­di­naires facul­tés de mémo­ri­sa­tion et d’analyse font mer­veille. C’est à Cam­bridge qu’il croise pour la pre­mière fois le chemin d’un autre étu­diant pro­dige, lui aussi féru d’histoire et de mathé­ma­tique : James Hora­tio Bar­ry­more, de trois ans son aîné. Les deux jeunes gent­le­men seraient peut-être deve­nus amis sans l’insupportable arro­gance de Bar­ry­more – un trait de carac­tère tota­le­ment étran­ger à la per­son­na­lité de Mor­ti­mer, d’un natu­rel aussi modeste que réservé. Leurs deux exis­tences prennent bien­tôt des voies fort dif­fé­rentes et ne se croi­se­ront à nou­veau qu’une soixan­taine d’années plus tard, lorsque Sir Mor­ti­mer accep­tera de coor­don­ner la lutte contre le Sym­po­sium… Mais reve­nons à ses années de jeu­nesse. Après avoir brillam­ment obtenu divers diplômes et titres uni­ver­si­taires, Mor­ti­mer intègre tout natu­rel­le­ment la hié­rar­chie des ser­vices secrets bri­tan­niques, habi­tués à repé­rer leurs nou­velles recrues au sein des plus pres­ti­gieuses uni­ver­si­tés du royaume. Alors âgé d’une ving­taine d’années, Mor­ti­mer Grey com­mence une car­rière d’homme de dos­siers dans un modeste petit bureau. Son tra­vail consiste alors à ana­ly­ser toutes sortes de dépêches et d’informations en pro­ve­nance des quatre coins de l’Empire, tâche qu’il va pour­suivre avec constance et effi­ca­cité pen­dant plus de vingt années, gra­vis­sant peu à peu les éche­lons de la bureau­cra­tie secrète de l’état bri­tan­nique. En 1872, on lui confie la créa­tion d’un dépar­te­ment du chiffre, chargé de décryp­ter les codes secrets uti­li­sés par les espions étran­gers opé­rant sur le ter­ri­toire bri­tan­nique. Il s’acquitte de cette tâche avec brio et c’est tout natu­rel­le­ment qu’en 1874, il se voit confier la direc­tion d’une des prin­ci­pales branches des ser­vices de ren­sei­gne­ments de Sa Majesté. Sous sa tutelle, le dépar­te­ment va deve­nir un des plus effi­caces du monde, anti­ci­pant régu­liè­re­ment les stra­té­gies des ser­vices secrets prus­siens, russes et fran­çais. C’est grâce à son action ins­pi­rée qu’en 1875 le pre­mier ministre Dis­raeli pourra négo­cier le contrôle du canal de Suez, au détri­ment des Fran­çais. Il jouera éga­le­ment un rôle aussi dis­cret que déci­sif lors de la crise des Bal­kans de 1878 et déjouera de nom­breux com­plots contre les inté­rêts de la Cou­ronne. Ce fai­sant, il sus­cite éga­le­ment de nom­breuses jalou­sies au sein de l’establishment, jalou­sies qu’il choi­sit d’ignorer, comme à l’époque de Cam­bridge. Les manœuvres de ses rivaux auront pour­tant raison de Sir Mor­ti­mer : en 1882, de sor­dides intrigues de cabi­net pro­voquent son évic­tion au profit d’un de ses nom­breux rivaux, Sir Edward Spen­ser, qui se révè­lera tota­le­ment inapte à la tâche. Ecoeuré par ce triomphe de l’arrivisme, Sir Mor­ti­mer donne sa démis­sion en tout bien tout hon­neur. Dès les pre­miers mois de sa retraite, il sera régu­liè­re­ment consulté par ses anciens confrères, tota­le­ment dépas­sés par l’incompétence de son suc­ces­seur, et coopè­rera offi­cieu­se­ment à la réso­lu­tion de plu­sieurs dos­siers déli­cats, dont Sir Edward s’appropriera toute la gloire…

Un soir de mai 1887, Sir Mor­ti­mer reçoit la visite de l’éminent phy­si­cien Sir William Thom­son, qui lui apporte une lettre des plus sin­gu­lières, une lettre dans laquelle le pro­fes­seur Cor­né­lius Ter­ra­nova dévoile l’existence du Sym­po­sium, des Pro­mé­théens et de la grande conspi­ra­tion contre l’humanité. La pre­mière réac­tion de Sir Mor­ti­mer est, hélas, pré­vi­sible : pour lui, la lettre est l’œuvre d’un fou ou d’un impos­teur et il s’étonne qu’un esprit aussi brillant que Sir William ait pu lui accor­der le moindre crédit. L’entrevue s’achève avec une cer­taine froi­deur et les choses auraient pu en rester là si, quelques jours plus tard, Sir Mor­ti­mer ne s’était rendu au Del­phian Club pour y dis­cu­ter avec d’anciens confrères et amis, confor­mé­ment à ses habi­tudes. Là, une de ses rela­tions du Foreign Office lui demande son avis sur un dos­sier épi­neux, celui des tra­vaux aéro­nau­tiques du Comte von Zep­pe­lin et de leurs évi­dentes appli­ca­tions mili­taires. Le diplo­mate est par­ti­cu­liè­re­ment intri­gué par cer­tains ren­sei­gne­ments appa­rem­ment assez extra­va­gants selon les­quels Zep­pe­lin aurait ren­con­tré plu­sieurs fois en secret le finan­cier fran­çais Charles-André Béthan­court et cer­tains Amé­ri­cains proches de l’inventeur Thomas Edison… ce qui recoupe très exac­te­ment les infor­ma­tions conte­nues dans la lettre de Ter­ra­nova. Trou­blé, Sir Mor­ti­mer décide de mener sa propre enquête, ne serait-ce que pour en avoir le cœur net. Il demande ainsi à plu­sieurs de ses anciens agents de recueillir tous les ren­sei­gne­ments pos­sibles concer­nant le nau­frage de l’Hibernia, les récents inves­tis­se­ments de Béthan­court, la dis­pa­ri­tion du pro­fes­seur Ter­ra­nova et divers autres élé­ments men­tion­nés dans la lettre : en quelques semaines, il consti­tue un énorme dos­sier, regrou­pant des infor­ma­tions appa­rem­ment dis­pa­rates — mais qui cor­ro­borent à l’évidence les révé­la­tions de Ter­ra­nova. Bien sûr, le vieux gent­le­man a quelque dif­fi­culté à accep­ter l’idée d’une inva­sion venue de Mars mais il per­çoit en revanche l’extraordinaire menace qu’une orga­ni­sa­tion comme le Sym­po­sium pour­rait consti­tuer pour l’équilibre mon­dial. Sa déci­sion est prise et, bien­tôt, il contacte Sir William pour lui apprendre qu’il a changé d’avis et qu’il est prêt à rejoindre la lutte. S’ensuit alors une réunion cru­ciale entre Nemo, Thom­son et Grey, au cours de laquelle seront jetées les bases du Club. En quelques semaines, Sir Mor­ti­mer met sur pied un véri­table petit ser­vice secret indé­pen­dant, recru­tant les pre­miers agents opé­ra­tion­nels parmi ses rela­tions du Del­phian Club. Le Club est né et la Guerre Secrète est décla­rée !

Atouts : Aris­to­crate, Don des Langues, Entre­gent, Esprit Ana­ly­tique, Fin Stra­tège, Grande For­tune, Mémoire Éton­nante, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Vaste Éru­di­tion, Volonté de Fer.

Si vous connais­sez l’univers de Sher­lock Holmes, vous ne pour­rez qu’être frappé par la res­sem­blance évi­dente entre Sir Mor­ti­mer Grey et le frère du célèbre détec­tive, Mycroft Holmes : cette res­sem­blance, tota­le­ment voulue et assu­mée, est d’abord moti­vée par la volonté de rendre hom­mage à Sir Arthur Conan Doyle mais pos­sède éga­le­ment sa propre jus­ti­fi­ca­tion à l’intérieur de l’univers d’Uchronia, tout comme les simi­li­tudes exis­tant entre notre Pro­fes­seur Bar­ry­more et le dia­bo­lique Pro­fes­seur Moriarty…

Georges Clémenceau (nom de code : Hector)

Dans notre monde, Georges Clé­men­ceau est sur­tout connu pour la seconde moitié de son extra­or­di­naire car­rière poli­tique : ardent défen­seur de Drey­fus (c’est lui qui fera publier le « J’Accuse  » de Zola dans l’Aurore en 1898), puis séna­teur (1902), il sera Ministre de l’Intérieur de 1906 à 1909, période au cours de laquelle il créera les fameuses « Bri­gades du Tigre », la pre­mière force de police moderne (et moto­ri­sée) de l’histoire de France. On le retrou­vera en 1913 à la tête du jour­nal L’Homme Libre, qui devien­dra L’Homme Enchaîné au cours de la Pre­mière Guerre Mon­diale. En 1917, Poin­caré le nom­mera à la tête du gou­ver­ne­ment, afin de redres­ser le pays, dure­ment ébranlé par les ravages de la guerre. Il devien­dra alors le « Père-la-Vic­toire », défen­dant avec intran­si­geance les inté­rêts de la France et négo­ciant le traité de Ver­sailles avec l’Allemagne. Sa car­rière poli­tique s’achèvera en 1920, après une défaite aux élec­tions pré­si­den­tielles. Il consa­crera alors les sept der­nières années de sa vie à voya­ger et à écrire…

Hector 

Dans le monde d’Uchronia, tout ceci n’a pas encore eu lieu et ne se dérou­lera sans doute jamais tel quel, compte tenu des inter­fé­rences de la Guerre Secrète sur le cours de l’Histoire, mais il y a de fortes chances pour que Georges Clé­men­ceau y joue un rôle au moins aussi impor­tant. En tant qu’Invisible, Georges Clé­men­ceau est le prin­ci­pal contact du Club dans le monde poli­tique fran­çais ; sa déter­mi­na­tion et son sens de l’organisation font éga­le­ment de lui un excellent meneur d’hommes, tout à fait apte à prendre les rênes du Club à l’échelon euro­péen si Sir Mor­ti­mer Grey n’était plus en mesure d’assurer ses fonc­tions de n°2. En tant que poli­ti­cien et ancien jour­na­liste, il lui incom­bera très cer­tai­ne­ment de pré­pa­rer et de gérer la révé­la­tion publique de la Menace Pro­mé­théenne, lorsque le moment sera venu. Avant d’examiner plus avant les cir­cons­tances qui ame­nèrent Clé­men­ceau à rejoindre les rangs du Club, pen­chons-nous briè­ve­ment sur sa car­rière publique : jusqu’en 1890, celle-ci suit évi­dem­ment le même cours dans le monde d’Uchronia que dans le nôtre.

En 1890, Georges Clé­men­ceau a 49 ans et siège depuis presque quinze ans à l’Assemblée Natio­nale comme député de la Seine. Très ancré à gauche, il est consi­déré comme le chef des radi­caux et pos­sède une impres­sion­nante répu­ta­tion de « tom­beur de minis­tères », ayant notam­ment pro­vo­qué la chute des gou­ver­ne­ments de Gam­betta (1882) et de Jules Ferry (1885). Fervent patriote (comme tous les poli­ti­ciens de l’époque), il est en revanche farou­che­ment opposé au colo­nia­lisme, qu’il consi­dère comme un far­deau empê­chant la France de jouer son véri­table rôle sur le plan euro­péen. Celui que l’on sur­nomme déjà le « Tigre » est aussi un grand homme de presse, contri­bu­teur régu­lier de jour­naux comme Le Temps, L’Aurore ou La Jus­tice (qu’il a lui-même créée en 1880).

A l’origine, Georges Clé­men­ceau se des­ti­nait, comme son père, à la car­rière médi­cale. Il exer­cera d’ailleurs la pro­fes­sion de méde­cin pen­dant vingt ans, de 1865 à 1885 – mais c’est avant tout l’engagement poli­tique qui carac­té­rise son exis­tence, et ce dès ses plus jeunes années. Ainsi, en 1863, en plein Second Empire, il fut empri­sonné pen­dant quatre mois pour avoir pro­clamé la Répu­blique sur la place de la Bas­tille. Fin 1870, il par­ti­cipa à l’insurrection pari­sienne contre le régime impé­rial, dont la chute lui permit de com­men­cer une brillante car­rière poli­tique, d’abord comme député-maire du XVIIIème arron­dis­se­ment de Paris (Mont­martre), puis comme député de la Seine à partir de 1876.

Dans le monde d’Uchronia, Georges Clé­men­ceau a rejoint le cercle des Invi­sibles en 1887, recruté par Nemo en per­sonne. Les cir­cons­tances exactes de leur ren­contre res­tent un mys­tère pour la plu­part des agents du Club et nombre d’entre eux s’interrogent sur les rai­sons qui pous­sèrent Nemo à contac­ter le poli­ti­cien fran­çais et sur la manière dont il le per­suada de la réa­lité de la Grande Menace. Il est géné­ra­le­ment admis que Sir Mor­ti­mer Grey joua un rôle déci­sif dans le recru­te­ment de Clé­men­ceau, ce qui est exact, mais seuls Nemo et ses com­pa­gnons les plus proches connaissent le fin mot de l’histoire… L’explication est inti­me­ment liée aux évé­ne­ments sur­ve­nus dans le futur d’origine de Nemo, quelque temps avant que la Grande Guerre Mon­diale ne s’abatte sur la pla­nète.

Dans le futur d’origine de Nemo, Clé­men­ceau sera le fon­da­teur et l’un des prin­ci­paux diri­geants de la Société Euro­péenne pour la Paix (SEP) qui, jusqu’au bout, ten­tera d’éviter la guerre entre les grandes nations du globe – en pure perte. Dans ce monde livré aux intrigues du Sym­po­sium, Georges Clé­men­ceau sera assas­siné le 13 avril 1897, avec les autres diri­geants de la SEP réunis en congrès extra­or­di­naire à Paris. Soi­gneu­se­ment pré­paré par des experts à la solde de la Machine, l’attentat à la bombe, dont les prin­ci­paux bel­li­gé­rants ne ces­se­ront de se reje­ter mutuel­le­ment la res­pon­sa­bi­lité, mettra un terme à tout espoir de paix.

Si Clé­men­ceau avait presque sauvé la paix dans son futur, peut-être pou­vait-il la sauver réel­le­ment dans ce monde-ci, en pre­nant connais­sance de la menace qui pesait sur l’avenir de l’humanité… Voilà pour­quoi, en 1886, Nemo décida d’entrer en contact avec le poli­ti­cien fran­çais. Sous l’identité d’un mys­té­rieux ami, il prédit à Clé­men­ceau, en termes aussi exacts que détaillés, plu­sieurs évé­ne­ments poli­tiques inat­ten­dus devant sur­ve­nir dans les mois à venir (notam­ment les revi­re­ments du Géné­ral Bou­lan­ger et l’affaire Schnae­bele). D’abord per­suadé d’avoir affaire à quelque dément ou à un impos­teur cher­chant à le dis­cré­di­ter poli­ti­que­ment, Clé­men­ceau accepta fina­le­ment de croire l’incroyable lorsque les pré­vi­sions du mys­té­rieux inconnu se réa­li­sèrent les unes après les autres… Envi­ron un an après leur pre­mière ren­contre, Nemo reprit contact avec Clé­men­ceau. Il lui révéla alors toute la vérité, ainsi que la des­ti­née qui avait été/​serait/​pourrait être la sienne dans le futur. Ces révé­la­tions pro­vo­quèrent-elles chez le poli­ti­cien une sorte d’écho psy­chique, de cer­ti­tude irra­tion­nelle d’être en face de la vérité, aussi déli­rante pût-elle sem­bler ? Tou­jours est-il qu’après une brève période de réflexion, Clé­men­ceau accepta de rejoindre le Club. Il eut alors un long entre­tien avec Sir Mor­ti­mer Grey, qui lui four­nit d’innombrables preuves de l’existence d’une conspi­ra­tion secrète, visant à pro­vo­quer une guerre mon­diale et impli­quant des per­son­nages comme Thomas Edison ou le Comte von Zep­pe­lin. Certes, l’idée d’une inva­sion extra-ter­restre ou d’un Nemo venu du futur était encore dif­fi­cile à accep­ter : un voyage à bord du Nau­ti­lus, au cours duquel Nemo lui pré­senta des images enre­gis­trées de la guerre « à venir », acheva de le convaincre et Georges Clé­men­ceau rejoi­gnit bien­tôt l’état-major du Club.

Talents d’Orateur L’Atout Talents d’Orateur constitue une variante « politique » de Talents d’Acteur, surtout utile pour les discours publics, improvisés ou préparés à l’avance. Quant à l’Atout Figure Publique, il représente l’extraordinaire influence politique de Clémenceau, ainsi que sa grande notoriété sur le plan national.

Atouts : Com­pé­tences Médi­cales, Entre­gent, Esprit Intui­tif, Esprit Pra­tique, Figure Publique, Fin Stra­tège, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Sang-froid Excep­tion­nel, Talents d’Orateur, Volonté de Fer.

L’avenir du Tigre

Il est inté­res­sant de noter que, dans notre monde, la car­rière poli­tique de Clé­men­ceau connut une éclipse d’une petite dizaine d’années, de 1893 à 1902, période durant laquelle il se consa­cra essen­tiel­le­ment au jour­na­lisme. Cette période de dis­grâce fut pro­vo­quée par son impli­ca­tion dans le fameux scan­dale de Panama, ainsi que par de vives accu­sa­tions le dénon­çant comme un agent de l’Angleterre. Dans le contexte d’Uchronia, cette éclipse peut très bien ne pas avoir lieu (tout dépend de l’évolution his­to­rique déci­dée par le Chro­ni­queur) et ses deux causes prennent une saveur toute par­ti­cu­lière. L’accusation d’être un agent à la solde de l’Angleterre peut très bien décou­ler de son appar­te­nance au Club, orga­ni­sa­tion clan­des­tine com­pre­nant de nom­breux membres bri­tan­niques, à com­men­cer par Sir Mor­ti­mer Grey, avec lequel Clé­men­ceau main­tient des contacts régu­liers. Quant au scan­dale finan­cier de Panama, il y a de fortes chances pour que le Clé­men­ceau d’Uchronia n’y soit pas mêlé – pour plus de pré­ci­sions à ce sujet, voir la sec­tion sur les Nou­veaux Bâtis­seurs.

M’sieur Clé­men­ceaaauuuu… (air connu)

Si nous avons choisi d’intégrer la figure his­to­rique de Georges Clé­men­ceau au back­ground d’Uchronia, c’est (entre autres) en hom­mage à la série télé­vi­sée « Les Bri­gades du Tigre ». En dépit d’un manque de moyens assez évident, les exploits de ces « Incor­rup­tibles à la fran­çaise » pas­sion­nèrent toute une géné­ra­tion de télé­spec­ta­teurs et se laissent encore regar­der aujourd’hui avec un cer­tain plai­sir. Bien que leurs aven­tures se situent au moins quinze ans avant l’époque d’Uchronia, l’élégant com­mis­saire Valen­tin, l’agile Pujol et le robuste Ter­ras­son consti­tuent d’excellents modèles d’agents du Club à la fran­çaise. Qui sait si, dans le futur d’Uchronia, Clé­men­ceau ne sera pas amené à créer des « Bri­gades Extra­or­di­naires », anti­chambres du Club au sein de la police fran­çaise ?

Alexei Bogatyr (nom de code : Bishop)

Brillant mathé­ma­ti­cien et joueur d’échecs pro­dige, l’Invisible Alexei Boga­tyr pré­sente des com­pé­tences étran­ge­ment simi­laires à celles de son com­pa­triote, le pro­fes­seur Sergei Kry­len­kov, membre du Sym­po­sium… Cette sin­gu­lière parenté de savoir et d’esprit ne doit rien au hasard, Boga­tyr ayant été, autre­fois, le dis­ciple le plus doué, presque le fils spi­ri­tuel, de Kry­len­kov. Aujourd’hui, le maître et l’élève sont deve­nus des enne­mis jurés, chacun œuvrant dans un des camps adverses de la Guerre Secrète. Pour com­prendre les rai­sons de cet éton­nant face-à-face, il est néces­saire d’examiner le passé d’Alexei Boga­tyr…

Bishop 

Né en 1852 dans une famille de mou­jiks, Alexei Boga­tyr connaît une enfance misé­rable sur les bords de la Volga. Comme les autres fils de pay­sans avec les­quels il gran­dit, il semble promis à une exis­tence de labeur et de souf­france… jusqu’à ce qu’un banal acci­dent ne vienne alté­rer le cours de sa des­ti­née. A l’âge de six ans, Alexei fait une grave chute, qui le lais­sera irré­mé­dia­ble­ment infirme : affligé d’une patte folle, il est désor­mais inapte à tout tra­vail de force et devient un far­deau pour sa famille. Mais le jeune garçon a attiré l’attention du méde­cin local qui l’a soigné après son acci­dent : le bon doc­teur a remar­qué l’extraordinaire viva­cité d’esprit d’Alexei qui, bien qu’illettré, semble pos­sé­der une mémoire et une intel­li­gence tout à fait hors du commun. Convaincu d’avoir trouvé là un brillant esprit qui ne demande qu’à s’épanouir, le vieux méde­cin, qui n’a pas d’enfant, per­suade faci­le­ment les parents d’Alexei de le lais­ser pour­voir à son édu­ca­tion.

En quelques mois, Alexei apprend à lire et à écrire et passe bien­tôt près de douze heures par jour plongé dans les livres. A dix ans, il parle cou­ram­ment cinq langues. Le doc­teur l’a éga­le­ment initié aux échecs, domaine dans lequel le jeune garçon fait preuve d’une intel­li­gence réel­le­ment pro­di­gieuse. Alexei ren­contre bien­tôt des cham­pions régio­naux plus âgés que lui, qu’il bat tous à plates cou­tures. Petit à petit, sa répu­ta­tion gran­dit et, lorsqu’il a treize ans, son tuteur l’emmène à Saint-Peters­bourg pour l’inscrire à un tour­noi orga­nisé par la très sérieuse société impé­riale des joueurs d’échecs de Russie. Là, le jeune pro­dige fait grand bruit en rem­por­tant plu­sieurs vic­toires magis­trales contre quelques uns des meilleurs joueurs de l’empire… jusqu’à ce qu’il ren­contre le pro­fes­seur Sergei Kry­len­kov. Il ne faudra que quelques minutes à Kry­len­kov pour mettre le jeune garçon échec et mat (sa pre­mière défaite !) mais le scien­ti­fique le juge suf­fi­sam­ment intel­li­gent pour le prendre sous son aile et faire de lui un de ses élèves – hon­neur qu’un vieux méde­cin de pro­vince ne sau­rait refu­ser.

Séparé de son tuteur, qu’il consi­dé­rait comme son père, le jeune Alexei devient donc un des élèves pro­diges du pro­fes­seur Kry­len­kov, déjà consi­déré comme un des chefs de l’élite scien­ti­fique russe. Sous la tutelle de ce maître d’une exi­gence et d’une froi­deur quasi-inhu­maines, Alexei passe une ado­les­cence entiè­re­ment consa­crée à l’étude – mais le vieux méde­cin, avec lequel il cor­res­pond régu­liè­re­ment, lui manque cruel­le­ment. Il découvre la société russe, avec ses injus­tices et ses inéga­li­tés qui le révoltent de plus en plus. Peu à peu, il se met à écou­ter les dis­cours de ceux qui dénoncent ce régime moyen­âgeux et plaident la cause du peuple. Lorsqu’il apprend les timides pen­chants pro­gres­sistes de celui qu’il consi­dère comme son plus brillant élève, Kry­len­kov le met en garde contre les sirènes de l’idéalisme : pour lui, le seul Pro­grès qui compte est celui de la Science. Épris de liberté, Boga­tyr échappe bien­tôt à la tutelle du pro­fes­seur, pré­fé­rant mener une exis­tence pré­caire, faite d’expédients et d’emplois éphé­mères. Paral­lè­le­ment à cela, il se met à fré­quen­ter cer­tains intel­lec­tuels révo­lu­tion­naires – ces anar­chistes qui semblent faire si peur à la bonne société.

En 1874, avec plu­sieurs de ses cama­rades, il est arrêté par la police secrète, l’Okhrana, qui voit en lui un dan­ge­reux conspi­ra­teur nihi­liste prêt à prendre les armes contre le Tsar. Empri­sonné et tor­turé pen­dant plu­sieurs jours, il reçoit bien­tôt une visite inat­ten­due… celle de son ancien pro­fes­seur, Kry­len­kov, qui semble pos­sé­der de très hautes rela­tions au sein de l’appareil secret du gou­ver­ne­ment. Aba­sourdi, Boga­tyr apprend que Kry­len­kov tra­vaille désor­mais pour les ser­vices de ren­sei­gne­ments du Tsar en tant qu’expert cryp­to­graphe, poste qui lui confère de nom­breux pri­vi­lèges – comme celui de pou­voir tirer Boga­tyr de prison, afin de lui pro­po­ser de reve­nir à ses côtés. Brisé et déses­péré, Boga­tyr accepte l’aide de Kry­len­kov et sup­plie celui-ci d’intercéder pour ses cama­rades, eux aussi inno­cents des crimes dont l’Okhrana les accuse. Kry­len­kov lui promet d’intervenir – ce qu’il n’a nul­le­ment l’intention de faire. Lorsque Boga­tyr découvre que Kry­len­kov lui a menti et que ses com­pa­gnons ont été éli­mi­nés par l’Okhrana, il quitte Saint Peters­bourg pour Moscou, où il tente sans succès d’entrer en contact avec de vrais anar­chistes. Il découvre alors que Kry­len­kov a levé toute pro­tec­tion le concer­nant et que l’Okhrana le consi­dère désor­mais comme un dan­ge­reux fugi­tif.

En 1876, il par­vient à quit­ter clan­des­ti­ne­ment la Russie et se réfu­gie à Londres, où il côtoie de nom­breux com­pa­triotes exilés. En 1878, il apprend que Kry­len­kov est à Londres, invité par l’Institut Bain­bridge pour une série de confé­rences. Il se rend à l’une d’entre elles et accuse publi­que­ment son ancien maître d’être au ser­vice de la police secrète du Tsar. L’esclandre, vite étouffé, n’intéressera que quelques jour­na­listes… ainsi que les ser­vices secrets bri­tan­niques. Sir Mor­ti­mer Grey, alors haut res­pon­sable des­dits ser­vices, s’intéresse de près à l’ancien étu­diant de Kry­len­kov. Boga­tyr reçoit bien­tôt la visite de mys­té­rieux gent­le­men qui l’interrogent métho­di­que­ment sur son passé, ses opi­nions poli­tiques et ses rap­ports avec le pro­fes­seur Kry­len­kov. Malgré leur insis­tance, il refuse abso­lu­ment de col­la­bo­rer avec quelque gou­ver­ne­ment que ce soit. Bien­tôt évincé de son poste par un rival, Sir Mor­ti­mer n’aura guère l’occasion d’approfondir ce dos­sier, qu’il clas­sera néan­moins dans un recoin de sa pro­di­gieuse mémoire. Six ans plus tard, lorsque Sir Mor­ti­mer jet­tera les bases d’une orga­ni­sa­tion des­ti­née à lutter, entre autres, contre Kry­len­kov, il se sou­vien­dra d’Alexei Boga­tyr, qu’il contac­tera alors per­son­nel­le­ment et à qui il révè­lera l’impensable vérité. Pen­sant qu’il s’agit là d’une nou­velle manœuvre de mani­pu­la­tion, Boga­tyr refu­sera d’abord d’apporter sa contri­bu­tion à la créa­tion du Club – puis il ren­con­trera Nemo, qui saura le convaincre de rejoindre les rangs de son armée secrète. C’est Alexei Boga­tyr qui orga­ni­sera le réseau logi­gra­phique du Club et for­mera les pre­mières Sen­ti­nelles. C’est éga­le­ment lui qui mettra sur pied le Bureau de Vienne, placé sous la tutelle de son ami et dis­ciple Victor Gol­den­thal. Les contacts de Boga­tyr dans les milieux révo­lu­tion­naires per­met­tront éga­le­ment au Club de recru­ter plu­sieurs agents de ter­rain bien dif­fé­rents des gent­le­men de Sir Mor­ti­mer… mais tout aussi effi­caces et déter­mi­nés. Ses extra­or­di­naires facul­tés d’analyse font éga­le­ment de lui un des prin­ci­paux stra­tèges de la Guerre Secrète. Aujourd’hui, le joueur d’échecs se pré­pare à jouer la partie de sa vie : retour­ner en Russie, pour y orga­ni­ser un Bureau à Moscou, peut-être un autre à Saint-Peters­bourg… et pou­voir enfin affron­ter Kry­len­kov de plus près.

Atouts : Don des Langues, Esprit Ana­ly­tique, Expert (Logi­graphes), Fin Stra­tège, For­ma­tion Scien­ti­fique (Mathé­ma­ti­cien), Mémoire Éton­nante, Patience Extrême, Per­son­na­lité Magné­tique, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.

Lucian (nom de code : Lucian)

« Lucian » n’est qu’un pseu­do­nyme, le véri­table nom de cet Invi­sible étant impro­non­çable, du moins par des cordes vocales humaines… et pour cause : Lucian n’est pas un être humain, mais un Selkie – et plus pré­ci­sé­ment un Mémo­rien. Il fait partie de ces Sel­kies qui ren­con­trèrent Nemo dans son futur d’origine : c’est lui qui fut choi­sir pour accom­pa­gner le Nau­ti­lus dans son grand saut à tra­vers le Mael­strom. Dès le début de leur aven­ture com­mune, le Mémo­rien et le Voya­geur déve­lop­pèrent un lien par­ti­cu­lier, mélange étrange d’empathie et de res­pect mutuel ; c’est tout natu­rel­le­ment que Lucian s’imposa comme inter­mé­diaire pri­vi­lé­gié entre Nemo et le reste de son peuple, rôle qu’il conti­nua ensuite à jouer après le Grand Saut.

Lucian 

Rap­pe­lons que, pour de nom­breux Sel­kies, Nemo est une figure quasi-mes­sia­nique, le « der­nier sage de la sur­face » annoncé par d’antiques pro­phé­ties : ce statut mythique rejaillit évi­dem­ment sur Lucian, que beau­coup de ses congé­nères consi­dèrent comme le mes­sa­ger et le pre­mier apôtre de Nemo. Lucian est d’une loyauté sans borne envers le Capi­taine du Nau­ti­lus, qu’il consi­dère à la fois comme son meilleur ami et comme une sorte de dieu vivant, ce qui, selon la logique des Sel­kies, n’a rien de contra­dic­toire.

Comme tout Selkie vivant à proxi­mité d’humains, Lucian éprouve la plus grande fas­ci­na­tion pour les gens de la sur­face et leurs mœurs étranges : il nour­rit ainsi une curio­sité toute par­ti­cu­lière concer­nant des notions comme l’étiquette, la mode ou les arts (notam­ment la pein­ture et la pho­to­gra­phie). Sa télé­pa­thie pos­sède désor­mais toutes les finesses et les nuances de la conver­sa­tion la plus dis­tin­guée. Au contact des autres Invi­sibles, Lucian a même adopté quelques habi­tudes et occu­pa­tions typi­que­ment humaines : ainsi, en côtoyant Boga­tyr, il s’est décou­vert d’étonnantes dis­po­si­tions pour les échecs ; John Morgan, le second du Nau­ti­lus, lui a éga­le­ment appris à fumer le cigare et à jouer de l’harmonica… 

Tout cela n’empêche pas Lucian d’être extrê­me­ment effi­cace dans son rôle d’Invisible : en tant que tel, il super­vise les acti­vi­tés des Sel­kies acti­ve­ment enga­gés dans la Guerre Secrète et joue éga­le­ment le rôle d’intermédiaire auprès des colo­nies de Sel­kies alliées au Club. Il est assisté dans cette lourde tâche par son double tem­po­rel, sur­nommé « Lucian Junior » par les quelques membres du Club qui ont connais­sance de son exis­tence : le lien télé­pa­thique entre les deux Lucian semble vir­tuel­le­ment illi­mité, chacun d’entre eux ayant intui­ti­ve­ment connais­sance des infor­ma­tions trans­mises à l’autre. Cela dit, les deux Lucian res­tent très dif­fé­rents l’un de l’autre : Lucian Junior ne côtoie pas les humains d’aussi près que son double et n’a pas vécu l’ordalie mys­tique du Grand Saut à tra­vers le Maël­strom, qui a fait de Lucian une figure unique parmi les Sel­kies.

Correl Buchalter

Richis­sime arma­teur amé­ri­cain et magnat de la presse, Cor­rell Buchal­ter vient à peine de rejoindre les rangs des Invi­sibles, en qua­lité de super­vi­seur géné­ral des acti­vi­tés du Club aux Etats Unis. Vous trou­ve­rez bien­tôt ici-même son por­trait com­plet, avec son his­toire et les détails de son recru­te­ment par les ins­tances diri­geantes du Club.

Devi Hanesha

La devi Hane­sha est la veuve du maha­radja du Djawur, minus­cule (et richis­sime) état du nord de l’Inde. Les acti­vi­tés du Club sont en grande partie finan­cées par sa colos­sale for­tune – le sous-sol du Djawur regorge de dia­mants, mais com­porte aussi d’importants gise­ments de Vul­ca­nium, source de toutes les convoi­tises.

Bien­tôt, vous trou­ve­rez ici le por­trait de la devi ainsi que le récit des tra­giques cir­cons­tances l’ayant amenée à rejoindre les rangs du Club…

Le Nautilus et son équipage

Le Nau­ti­lus consti­tue en quelque sorte le quar­tier géné­ral mobile du Club. C’est aussi, avec l’Eroberer du Comte Zep­pe­lin, un des plus for­mi­dables véhi­cules et engins de guerre exis­tant pour l’instant dans le monde d’Uchronia. Depuis sa construc­tion, Nemo n’a cessé de le modi­fier et de le per­fec­tion­ner, met­tant à profit les fabu­leuses connais­sances scien­ti­fiques et tech­niques conte­nues dans les cylindres atlantes pour doter le sub­mer­sible de nou­velles armes ainsi que de dis­po­si­tifs de défense et de navi­ga­tion amé­lio­rés.

Ce Lévia­than des mers est beau­coup plus massif que le sub­mer­sible ima­giné par Verne : sa sil­houette évoque super­fi­ciel­le­ment celle d’une baleine ou d’un gigan­tesque requin, et non l’espèce de cigare allongé décrit dans Vingt Mille Lieues sous les Mers. Ses dimen­sions sont impres­sion­nantes : plus de 80 mètres de lon­gueur, 20 mètres dans sa lar­geur la plus impor­tante et un poids dépas­sant les 4000 tonnes.

Sa vitesse de croi­sière est d’environ 54 nœuds, soit un peu plus de 100 km/​heure mais il peut atteindre une vitesse de presque 100 nœuds (soit un peu plus de 180 km/​heure) sur de courtes dis­tances et moyen­nant une grande dépense d’énergie. Pro­pulsé par un énorme moteur élec­tro-vul­ca­nique, le Nau­ti­lus peut par­cou­rir près de 100 000 km (ce qui repré­sente une qua­ran­taine de jours de voyage) avant de devoir renou­ve­ler ses réserves de vul­ca­nium – opé­ra­tion qu’il effec­tue en fait régu­liè­re­ment en récol­tant le mine­rai sous-marin, de sorte que son auto­no­mie est pra­ti­que­ment illi­mi­tée.

Le Nau­ti­lus 

Muni d’une double-coque en acier vul­ca­nique ren­forcé, le Nau­ti­lus est pra­ti­que­ment invul­né­rable et peut atteindre des pro­fon­deurs extrêmes sans craindre les effets de la pres­sion sous-marine : il peut des­cendre jusqu’à 4000 mètres de pro­fon­deur et dis­pose même d’un bathy­scaphe d’exploration (le « Nixie ») pou­vant atteindre deux fois cette pro­fon­deur. A titre de com­pa­rai­son, le fond des océans se situe géné­ra­le­ment entre 1500 et 3500 mètres, à l’exception de fosses sous-marines pou­vant atteindre une pro­fon­deur bien supé­rieure…

Le Nau­ti­lus peut rester sub­mergé près de 72 heures d’affilée, voire deux fois plus en uti­li­sant ses réserves d’air auxi­liaires. Deux énormes pro­jec­teurs lumi­neux, situés approxi­ma­ti­ve­ment à l’endroit des yeux de la baleine, per­mettent d’éclairer et de fouiller les grands fonds ; contrai­re­ment au sub­mer­sible de Verne, le Nau­ti­lus dis­pose éga­le­ment d’un puis­sant péri­scope, mais aussi d’un extra­or­di­naire sys­tème de vigie élec­tro­ma­gné­tique per­met­tant de détec­ter à dis­tance les navires (et d’éventuels monstres marins…) grâce à la réflexion des ondes sonores.

Sur le plan des com­mu­ni­ca­tions, le Nau­ti­lus est équipé d’un trans­met­teur logi­gra­phique sur­puis­sant per­met­tant une liai­son directe avec tous les Bureaux du Club, et ce quelle que soit la posi­tion du sub­mer­sible, grâce aux sta­tions élec­tro­ma­gné­tiques cachées sur les dif­fé­rentes Iles de Trans­mis­sion. Le sub­mer­sible de Nemo est éga­le­ment une for­mi­dable machine de guerre. Sa proue est munie d’un éperon rota­tif per­met­tant de percer à peu près n’importe quel maté­riau (même pro­tégé par un blin­dage d’acier vul­ca­nique !), à la manière d’une foreuse géante. Il dis­pose éga­le­ment de six tor­pilles explo­sives aussi pré­cises que des­truc­trices, dont la portée dépasse les 1000 mètres… Enfin, le bâti­ment contient plu­sieurs cap­sules de sau­ve­tage pres­su­ri­sées per­met­tant l’évacuation rapide et la remon­tée en sur­face de l’équipage.

Sca­phandres en acier vul­ca­nique 

L’équipement mis à dis­po­si­tion des hommes d’équipage et des éven­tuels invi­tés est tout aussi impres­sion­nant : sca­phandres en acier vul­ca­nique dotés de réserves d’oxygène auto­nomes per­met­tant de des­cendre jusqu’à 2000 mètres de pro­fon­deur, fusils pneu­ma­tiques sous-marins capables de neu­tra­li­ser les créa­tures les plus gigan­tesques…

A l’intérieur, le Nau­ti­lus est éga­le­ment assez dif­fé­rent du sub­mer­sible décrit par Verne. Ainsi, les appar­te­ments per­son­nels de Nemo n’ont rien de par­ti­cu­liè­re­ment luxueux et si le capi­taine pos­sède effec­ti­ve­ment une biblio­thèque, celle-ci est de dimen­sions assez modestes. Le Nau­ti­lus com­porte éga­le­ment quatre cabines spé­cia­le­ment amé­na­gées, réser­vées à d’éventuels invi­tés, ainsi qu’une ving­taine de cabines plus fonc­tion­nelles attri­buées aux membres de l’équipage. Ces cabines sont reliées à des cou­loirs condui­sant à une vaste salle de réunion cir­cu­laire ainsi qu’au poste de com­man­de­ment pro­pre­ment dit, où trône Mnemos, l’impressionnant orgue atlante de Nemo. Ajou­tons à cela une infir­me­rie, une immense salle des machines, la soute du Nixie, les accès aux cap­sules de sau­ve­tage…

Le Nau­ti­lus fonc­tionne avec un équi­page d’une ving­taine d’hommes. En tout, Nemo peut comp­ter sur une tren­taine de sous-mari­niers spé­cia­le­ment formés, l’équipage se renou­ve­lant par rou­le­ments tous les trois ou quatre mois. Lorsqu’ils ne sont pas à bord du sub­mer­sible, ces hommes résident géné­ra­le­ment dans l’Île Mys­té­rieuse ou servent le Club en qua­lité d’agents de ter­rain, d’Horlogers ou de Sen­ti­nelles – en fonc­tion de leurs com­pé­tences per­son­nelles. Quelques hommes accom­pagnent Nemo en per­ma­nence : ces fidèles parmi les fidèles, qui passent pra­ti­que­ment toute leur vie à bord du Nau­ti­lus, font tous partie de l’équipage ori­gi­nel du sub­mer­sible. Comme Nemo, ils ont fait le grand saut et, comme lui, ont juré de consa­crer le reste de leur exis­tence à la guerre contre la Machine et ses alliés. Parmi eux se trouve l’intrépide John Morgan, le second de Nemo, qui a aussi grade d’agent extra­or­di­naire au sein du Club.

Histoire du Club

1879–1884 : Genèse

Sous sa forme actuelle, le Club existe depuis 1884 mais ses racines remontent en fait un peu plus loin. En 1879, Nemo décide de mettre sur pied une sorte d’organisation secrète de vigi­lance des­ti­née à pré­ser­ver la paix mon­diale et à pré­pa­rer l’humanité à affron­ter la menace pro­mé­théenne. Sous dif­fé­rentes iden­ti­tés, il contacte alors quelques savants, pen­seurs et huma­nistes soi­gneu­se­ment sélec­tion­nés : la plu­part refusent de l’écouter, le pre­nant pour un dément ou un char­la­tan ; d’autres, comme le futur Invi­sible William Thom­son, acceptent de prêter l’oreille aux étranges dis­cours de ce mys­té­rieux per­son­nage. Peu à peu, ses extra­or­di­naires connais­sances tech­no­lo­giques et sa faculté à pré­dire avec exac­ti­tude cer­tains évé­ne­ments inter­na­tio­naux achèvent de convaincre les plus scep­tiques. Cette poi­gnée de scien­ti­fiques expo­sés à l’incroyable vérité consti­tue l’ossature de la société secrète des Veilleurs, pre­mière incar­na­tion du Club. A ce stade, le pre­mier objec­tif des Veilleurs est d’essayer de sen­si­bi­li­ser l’humanité à un dis­cours pro­gres­siste et paci­fiste, dans l’espoir quelque peu chi­mé­rique d’unifier les nations ter­restres avant le tour­nant du siècle… Cer­tains, inca­pables de sup­por­ter l’attente de l’inéluctable apo­ca­lypse, choi­sissent de briser le secret et tentent de divul­guer la vérité, en pure perte : on leur rit au nez, on les traite de fous – cer­tains, comme le mathé­ma­ti­cien Charles Ben­tham, se retrouvent même inter­nés de force à la demande de leur entou­rage fami­lial épou­vanté. D’autres cèdent au décou­ra­ge­ment et décident d’abandonner l’humanité à son sort.

Il faut dire que l’ampleur de la tâche a de quoi faire renon­cer les esprits les plus réso­lus : tenter d’empêcher la course à la guerre entre les grandes nations du globe consti­tue déjà un objec­tif for­mi­dable, mais com­ment pré­pa­rer l’humanité à l’éventualité d’une inva­sion venue de la pla­nète Mars ? Com­ment convaincre qui que ce soit de la réa­lité d’une telle menace ? Rap­pe­lons qu’à cette époque, Nemo ignore encore tout du Sym­po­sium, de la Machine ou d’une quel­conque conspi­ra­tion humaine au ser­vice des Pro­mé­théens : même s’il a tou­jours soup­çonné l’existence d’une mys­té­rieuse rela­tion de cause à effet entre la guerre mon­diale et l’invasion pro­mé­théenne, il est alors inca­pable de mettre un nom sur cet adver­saire invi­sible dont il pressent néan­moins l’existence. Tout cela va chan­ger en 1884.

1884 : Révélations et fondation

Le 13 avril 1884, un mys­té­rieux inconnu rend visite à Charles Ben­tham dans l’asile d’aliénés où il séjourne depuis plu­sieurs mois : le visi­teur n’est autre que l’inventeur amé­ri­cain Edward Nor­wood, ancien assis­tant du célèbre pro­fes­seur Ter­ra­nova, dont la récente dis­pa­ri­tion fait alors grand bruit. Nor­wood inter­roge lon­gue­ment Ben­tham sur ce que les méde­cins appellent ses idées déli­rantes, ces his­toires insen­sées d’entités venues de Mars pour colo­ni­ser la Terre et anéan­tir l’Humanité. D’abord réti­cent, Ben­tham se confie à son visi­teur et, en pesant soi­gneu­se­ment ses mots, lui révèle l’existence de la société des Veilleurs. La réac­tion de l’inconnu ne se fait pas attendre : il faut abso­lu­ment qu’il ren­contre les com­pa­gnons de Ben­tham, car il a, lui aussi, d’incroyables révé­la­tions à leur faire ! Ayant fina­le­ment obtenu le nom de Sir William Thom­son, l’Américain prend bien­tôt contact avec l’éminent phy­si­cien, qui accepte de le rece­voir. Après quelques expli­ca­tions embar­ras­sées, Nor­wood dévoile à Sir William le contenu de la lettre que lui a fait par­ve­nir Ter­ra­nova avant sa dis­pa­ri­tion – lettre où Ter­ra­nova révèle tout ce qu’il sait sur le Sym­po­sium et la conspi­ra­tion des Pro­mé­théens… Le contenu de cette lettre consti­tuera la base des infor­ma­tions du Club sur le Sym­po­sium et la Machine.

A partir de là, les évé­ne­ments s’accélèrent. Com­pre­nant qu’ils se trouvent face à des enne­mis bien conscients de leurs actes, Nemo et ses alliés décident de restruc­tu­rer leur orga­ni­sa­tion afin de la trans­for­mer en armée clan­des­tine capable de lutter à armes égales contre les forces du Sym­po­sium. A la demande de Nemo, Sir William entre en contact avec Sir Mor­ti­mer Grey, ancien haut res­pon­sable des ser­vices secrets de Sa Majesté, et lui fait lire la lettre de Ter­ra­nova. Quelques semaines plus tard, Sir Mor­ti­mer posera les pre­mières bases de l’organisation du Club. Pour plus de détails sur ces heures his­to­riques, repor­tez-vous au por­trait de Sir Mor­ti­mer. 

1884–1887 : Débuts encourageants

Paral­lè­le­ment aux débuts opé­ra­tion­nels du Club, Sir William et ses dis­ciples les plus brillants, comme Sarah Gali­frey, créent le corps des Hor­lo­gers, véri­table dépar­te­ment tech­no­lo­gique du Club chargé d’exploiter de manière pra­tique les extra­or­di­naires connais­sances conte­nues dans les cylindres atlantes : dès 1885, les pre­miers Logi­graphes voient le jour, puis c’est le tour des Trans­met­teurs, des Etour­dis­seurs et des Syn­chro­ni­sa­teurs.

A l’origine, l’organisation est diri­gée par ses trois fon­da­teurs : Nemo, Sir William Thom­son et Sir Mor­ti­mer Grey mais, très vite, le cercle des supé­rieurs accueille de nou­veaux membres, à com­men­cer par le mathé­ma­ti­cien russe Alexis Boga­tyr et Edward Nor­wood lui-même. Les Invi­sibles sont nés.

Peu à peu, l’organisation se struc­ture et s’agrandit, accueillant de nou­veaux membres, s’implantant un peu par­tout en Europe, puis en Amé­rique et dans les prin­ci­pales colo­nies bri­tan­niques. Pen­dant près de trois années, le Club va espion­ner les agis­se­ments de la Machine, com­plé­tant peu à peu les infor­ma­tions révé­lées par Ter­ra­nova…

1887 : Bas les masques

C’est en 1887, trois ans après sa fon­da­tion, que le Club va connaître sa pre­mière défaite sérieuse… défaite qui va révé­ler son exis­tence aux diri­geants de la Machine. Connu sous le nom de « fiasco ber­li­nois », cet épi­sode marque un tour­nant impor­tants dans le cours de la Guerre Secrète.

Un jour de sep­tembre 1887, les ser­vices de l’Abteilung par­vinrent à déman­te­ler ce qu’ils pen­saient être un réseau d’agents secrets bri­tan­niques opé­rant sur le sol alle­mand, avec pour mis­sion d’espionner les recherches ultra-secrètes du Comte von Zep­pe­lin. Le coup de filet, mené par le redou­table maître-espion Otto Lin­der­mann, abou­tit à la cap­ture de quatre agents du Club, dont trois res­sor­tis­sants bri­tan­niques… Averti à temps par voie logi­gra­phique, le Cura­teur du Bureau ber­li­nois eut à peine le temps de plier bagage et de sauver les meubles. Ravies de leur bonne for­tune, les hautes ins­tances de l’Abteilung prirent dis­crè­te­ment contact avec leurs homo­logues bri­tan­niques en vue d’un échange de pri­son­niers ou de quelque autre règle­ment à l’amiable — confor­mé­ment aux conven­tions et à l’étiquette du Grand Jeu de l’espionnage inter­na­tio­nal. Non sans un cer­tain embar­ras, les auto­ri­tés des ser­vices secrets de Sa Majesté nièrent (à juste titre) être à l’origine de l’opération et, en gage de bonne foi, lais­sèrent l’Abteilung libre de tout mettre en œuvre pour élu­ci­der le mys­tère de ces espions francs-tireurs, qui devaient mani­fes­te­ment tra­vailler pour une autre puis­sance, sans doute la France ou l’empire austro-hon­grois… 

Le « fiasco ber­li­nois » 

Les agents cap­tu­rés furent bien­tôt trans­fé­rés dans une prison secrète de Prusse orien­tale, où ils furent dûment inter­ro­gés et tor­tu­rés. Deux d’entre eux ne sur­vé­curent pas aux hor­ribles trai­te­ments qui leur furent infli­gés et, bien­tôt, deux des quatre sur­vi­vants cra­quèrent et révé­lèrent à leurs bour­reaux l’improbable vérité : ils agis­saient pour une orga­ni­sa­tion appe­lée « le Club » ayant pour but d’empêcher le Comte von Zep­pe­lin et ses alliés du Sym­po­sium d’étendre leur domi­na­tion sur le monde… D’abord incré­dules, les agents de l’Abteilung trans­mirent néan­moins leurs rap­ports au Baron en per­sonne. Ainsi le Sym­po­sium décou­vrit-il l’existence du Club… Fort heu­reu­se­ment pour le reste de l’organisation, les deux cap­tifs purent s’évader avant d’être ré-inter­ro­gés, grâce à l’intervention de l’agent Apol­lo­nia, envoyée en urgence sur les lieux par Sir Mor­ti­mer.

A elle seule, Apol­lo­nia par­vint à faire sortir les deux pri­son­niers d’Allemagne, exploit qui lui valut le grade d’agent extra­or­di­naire. Quant aux évadés, après un long séjour de remise en forme dans la cli­nique pari­sienne du Dr Berg­mann (un agent du Club), ils opèrent désor­mais sous de nou­velles iden­ti­tés et sous d’autres cieux, loin du champ d’action de l’Abteilung. Depuis cet inci­dent, aucun Bureau per­ma­nent n’a pu être ré-ins­tallé sur le ter­ri­toire ger­ma­nique et l’Allemagne est consi­dé­rée comme une zone à haut risque par tous les agents du Club.

1888–1890 : Et maintenant ?

Depuis le fiasco ber­li­nois, Sir Mor­ti­mer a tout fait pour ren­for­cer la sécu­rité de l’organisation et de ses agents. Les Hommes en Noir, char­gés du net­toyage, les Sen­ti­nelles, char­gées de la trans­mis­sion des infor­ma­tions confi­den­tielles, et les Oreilles, char­gées d’espionner les com­mu­ni­ca­tions élec­tro­ma­gné­tiques de la Machine, vinrent ainsi com­plé­ter un dis­po­si­tif de plus en plus struc­turé et effi­cace. De son côté, les forces du Sym­po­sium ont appris à redou­ter, à débus­quer et à com­battre ce mys­té­rieux ennemi, qui semble bien décidé à contre­car­rer leurs gran­dioses des­seins.


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