Le Symposium

Organisation générale

« La Machine est une Hydre à sept têtes, et c’est là sa force autant que sa fai­blesse. Un seul adver­saire ne peut com­battre les sept têtes à la fois, car il ne peut jamais savoir avec cer­ti­tude d’où vien­dra la pro­chaine attaque. D’un autre côté, il arrive par­fois que plu­sieurs têtes se dis­putent la même proie, et, tant que les têtes ne se sont pas accor­dées entre elles, le corps entier du monstre demeure inopé­rant… »

Extrait d’une confé­rence stra­té­gique du Capi­taine Nemo

La Machine n’est pas diri­gée par une seule tête pen­sante, mais par sept brillants esprits, dont le génie n’a d’égale que la méga­lo­ma­nie : chacun d’entre eux est un maître du monde en puis­sance, dont la folie des gran­deurs s’accommode a priori assez mal de l’existence des six autres. Cette hos­ti­lité larvée peut prendre diverses formes : les plus arro­gants, comme Edison ou Bar­ry­more, tentent régu­liè­re­ment d’imposer leur supré­ma­tie au sein de l’auguste assem­blée ; d’autres, comme von Zep­pe­lin ou Gregor, œuvrent appa­rem­ment dans le sens des inté­rêts du groupe, tout en menant dans l’ombre leurs propres machi­na­tions, des­ti­nées à désta­bi­li­ser l’influence d’un de leurs rivaux ou à conso­li­der secrè­te­ment leurs propres forces en vue d’un éven­tuel affron­te­ment final. Cette divi­sion des pou­voirs, com­bi­née à la struc­ture soi­gneu­se­ment cloi­son­née de ses com­po­santes, consti­tue, au pre­mier abord, la grande force de la Machine, qui appa­raît comme une puis­sance sou­ter­raine et ten­ta­cu­laire, mais elle en est aussi la faille la plus pro­fonde. Comme le pres­sentent les diri­geants du Club, la méfiance mutuelle qui règne entre les membres du Sym­po­sium alour­dit consi­dé­ra­ble­ment leur coopé­ra­tion et limite for­te­ment le par­tage ou la trans­mis­sion d’informations cru­ciales, notam­ment celles qui concernent les acti­vi­tés du Club et de ses agents. Si l’un des membres du Sym­po­sium se trouve mis en échec sur son ter­rain, il pré­fé­rera taire sa défaite plutôt que de la signa­ler à ses chers alliés, qui ris­que­raient alors de se liguer contre lui pour l’écarter peu à peu des déci­sions les plus impor­tantes. A plus long terme, cer­tains membres du Sym­po­sium pour­raient fort bien déci­der de faire cava­lier seul, voire se retour­ner contre ses anciens confrères. Chacun d’entre eux pos­sède en effet ses propres plans, comme l’indiquent clai­re­ment leurs por­traits détaillés.

Face à de telles dis­sen­sions, on peut s’interroger sur la per­ti­nence dont firent preuve les Pro­mé­théens lorsqu’ils sélec­tion­nèrent les actuels membres du Sym­po­sium afin de servir leurs sinistres pro­jets… Com­ment des êtres à la fois aussi avan­cés et aussi orga­ni­sés ont-ils pu ne pas per­ce­voir les fai­blesses inhé­rentes à cette démarche, fai­blesses qui peuvent pour­tant sem­bler assez pré­vi­sibles ? La réponse est des plus simples : les Pro­mé­théens, dont la struc­ture sociale est assez proche de celle qui existe chez cer­tains insectes (comme les four­mis), ignorent tout de la psy­cho­lo­gie humaine, à com­men­cer par tout ce qui touche à la notion d’individualité et donc d’individualisme. Des notions comme la jalou­sie, la vanité, l’égoïsme ou même la per­son­na­lité leur sont donc tota­le­ment étran­gères, pour ne pas dire tota­le­ment incon­ce­vable : à partir de là, il leur était pra­ti­que­ment impos­sible d’anticiper les riva­li­tés et les divi­sions qui règnent au sein du Sym­po­sium.

Pour les Pro­mé­théens, les membres du Sym­po­sium ne sont que des exé­cu­tants char­gés de faci­li­ter la conquête de la pla­nète en pré­pa­rant le ter­rain. Contrai­re­ment à ce que les membres du Sym­po­sium pensent, les Pro­mé­théens ne sont pas encore fixés sur le sort de l’humanité, et pour­raient fort bien déci­der de l’exterminer jusqu’à son der­nier spé­ci­men, membres du Sym­po­sium com­pris. Quant à cette his­toire d’immortalité, c’est un leurre ima­giné par leurs envoyés sur Terre, forts des ren­sei­gne­ments que leurs pou­voirs télé­pa­thiques leur ont permis de glaner sur les aspi­ra­tions fon­da­men­tales des êtres humains…

Les membres du Sym­po­sium ne se réunissent pra­ti­que­ment jamais au même endroit — tout par­ti­cu­liè­re­ment depuis qu’ils ont décou­vert l’existence d’une force adverse orga­ni­sée. De manière géné­rale, les sept ne com­mu­niquent entre eux que dans les situa­tions de pre­mière impor­tance, lorsque les impé­ra­tifs de leurs divers Pro­grammes ou les vicis­si­tudes de la Guerre Secrète rendent indis­pen­sable une col­la­bo­ra­tion active au plut haut niveau de la Machine. Ils uti­lisent alors un moyen de com­mu­ni­ca­tion secret, beau­coup plus avancé que le télé­phone ou la simple trans­mis­sion d’ondes élec­tro­ma­gné­tiques : le Télec­tro­scope. Mise au point par Edison, cette extra­or­di­naire inven­tion permet de s’entretenir à dis­tance avec un inter­lo­cu­teur en rece­vant non seule­ment le son mais aussi l’image du cor­res­pon­dant — en temps réel (ou presque), exac­te­ment comme si la per­sonne se tenait en face de l’émetteur. Chaque membre du Sym­po­sium pos­sède dans ses quar­tiers géné­raux per­son­nels une cabine de confé­rence télec­tro­sco­pique à partir de laquelle il peut entrer en com­mu­ni­ca­tion avec ses six homo­logues, chacun d’entre eux pou­vant appa­raître simul­ta­né­ment sur un écran dif­fé­rent. La trans­mis­sion télec­tro­sco­pique s’effectue par l’intermédiaire de la toile élec­tro­ma­gné­tique, grâce à une antenne spé­cia­le­ment conçue. Pour l’heure, seuls les membres du Sym­po­sium ont accès à ce for­mi­dable moyen de com­mu­ni­ca­tion, mais cer­tains d’entre eux ont en projet d’étendre le dis­po­si­tif à leurs subor­don­nés immé­diats, tout par­ti­cu­liè­re­ment au sein d’organisations secrètes comme les Hérauts du Pro­grès, l’Abteilung ou le Coun­cil Extra­or­di­naire.

Professeur James H. Barrymore : l’Apôtre Illuminé

« Sem­blables à Moïse des­cen­dant du Mont Sacré chargé des Tables de la Loi, nous sommes char­gés par les Puis­sances Supé­rieures d’apporter à l’Humanité entière les com­man­de­ments d’un Age nou­veau. Les Pro­mé­théens nous offrent l’opportunité sublime de guider la race humaine vers son ultime des­ti­née. Il ne nous appar­tient pas de remettre en ques­tion les déci­sions qu’Ils ont prises concer­nant le futur de notre monde, car ces déci­sions sont aussi incon­tes­tables et iné­luc­tables que les mou­ve­ments de la grande hor­loge de l’univers… »

Extrait des car­nets cryp­tés du Pro­fes­seur James H. Bar­ry­more

Pro­fes­seur James H. Bar­ry­more 

Pre­mier être humain à être entré en contact avec les Pro­mé­théens, le Pro­fes­seur Bar­ry­more est le fon­da­teur du Sym­po­sium et le prin­ci­pal ins­ti­ga­teur de la Machine. Pour lui, les Pro­mé­théens sont les véri­tables dieux que l’humanité igno­rante a atten­dus et espé­rés durant des mil­lé­naires : il est leur élu, leur pro­phète, leur ser­vi­teur le plus fidèle et sa des­ti­née est de leur obéir aveu­glé­ment, afin d’accomplir leur suprême volonté – en récom­pense, ses maîtres ne man­que­ront pas de faire de lui un être immor­tel et omni­scient…

Né en 1824, James Hora­tio Bar­ry­more est le der­nier des­cen­dant d’une glo­rieuse lignée d’hommes de guerre (son propre père était aux côtés de Nelson, à Tra­fal­gar, comme en atteste son second prénom) ; des­tiné, comme ses aînés, à une brillante car­rière mili­taire, le jeune James dut renon­cer à la voie des armes en raison d’une vue défi­ciente et d’une clau­di­ca­tion due à un mal­heu­reux acci­dent sur­venu dans sa prime enfance. Hanté par ce qu’il per­ce­vait comme un ter­rible échec per­son­nel, il se réfu­gia dans les études, se pas­sion­nant dès son plus jeune âge pour l’astronomie et émer­veillant ses pré­cep­teurs par ses extra­or­di­naires dis­po­si­tions pour les mathé­ma­tiques.

Entré à Cam­bridge à l’âge de 17 ans, il devint rapi­de­ment l’étudiant le plus brillant de sa pro­mo­tion, s’attirant la jalou­sie de ses congé­nères et même de cer­tains ensei­gnants. Alors qu’il n’avait que 20 ans, il ridi­cu­lisa publi­que­ment un émi­nent astro­nome en démon­trant le carac­tère tota­le­ment erroné d’une de ses plus célèbres théo­ries. Bien­tôt titu­laire de la chaire de phy­sique astro­no­mique à Cam­bridge, James H. Bar­ry­more devint très vite une grande figure du monde uni­ver­si­taire bri­tan­nique, à la fois admiré et redouté, res­pecté et haï, adulé et jalousé. En 1874, il publia son œuvre maî­tresse : « De la Dyna­mique des Asté­roïdes », un traité d’une telle com­plexité qu’il fut pure­ment et sim­ple­ment ignoré par la plu­part des grands savants de l’époque – une véri­table humi­lia­tion pour Bar­ry­more, dont l’esprit sombra alors dans un irré­ver­sible délire de per­sé­cu­tion. Convaincu que le monde entier com­plo­tait contre lui pour étouf­fer son génie, il adopta avec cer­tains de ses confrères et de ses étu­diants un com­por­te­ment de plus en plus étrange et de plus en plus embar­ras­sant pour les auto­ri­tés de l’université : le point de non-retour fut atteint en 1875, lorsque le Pro­fes­seur tenta d’étrangler, en plein amphi­théâtre, un étu­diant qui avait eu le mal­heur de lui poser une ques­tion imper­ti­nente et mal­veillante. L’affaire fut promp­te­ment étouf­fée, mais il fut décidé en haut lieu que le pro­fes­seur Bar­ry­more pren­drait sine die un congé d’une durée indé­ter­mi­née afin de se consa­crer exclu­si­ve­ment à ses recherches. Plus que jamais per­suadé d’être vic­time d’un com­plot, Bar­ry­more quitta Cam­bridge la honte aux joues et la rage au cœur, se reti­rant aux envi­rons de Londres afin de se rap­pro­cher de ses confrères de l’Institut Bain­bridge qui, eux, ne l’avaient pas trahi… Le Pro­fes­seur s’absorba alors dans l’étude des corps célestes, espé­rant faire la décou­verte capi­tale qui lui per­met­trait de graver son nom dans l’Histoire et de prendre sa revanche sur les esprits médiocres qui avaient ourdi sa perte. Lorsqu’un soir de 1877, il aper­çut dans son téles­cope un mys­té­rieux aéro­lithe, James H. Bar­ry­more sut que sa des­ti­née allait enfin prendre un tour déci­sif – il ne pou­vait se douter à quel point il avait raison…

Rendu irré­mé­dia­ble­ment dément par son long séjour dans la base pro­mé­théenne du pôle sud, Bar­ry­more voue aux enti­tés venues de Mars une loyauté totale, digne des fana­tiques reli­gieux les plus zélés – mais, bien loin de se com­por­ter comme un for­cené exalté et fré­né­tique, Bar­ry­more dis­si­mule sa folie sous un masque froid et ultra-ration­nel : tota­le­ment imper­méable au doute (ou à n’importe quel sen­ti­ment), il se flatte d’être par­venu, grâce à la bien­veillante sagesse de ses men­tors pro­mé­théens, à un degré supé­rieur de la conscience, où les consi­dé­ra­tions humaines ordi­naires n’ont plus la moindre signi­fi­ca­tion. A ses yeux, il n’est que l’instrument de la volonté cos­mique des Pro­mé­théens et ce n’est qu’en ser­vant leurs des­seins qu’il pourra, lui aussi, deve­nir à son tour un pur esprit, défi­ni­ti­ve­ment débar­rassé des contin­gences du corps et de la matière. Ses maîtres ne lui ont-ils pas promis de l’amener à cette sublime trans­cen­dance ? En atten­dant cette inef­fable apo­théose, sa mis­sion est d’œuvrer de son mieux à la conduite d’intrigues bas­se­ment ter­restres mais néces­saires à l’accomplissement de la Grande Vision, comme par exemple le déclen­che­ment de la Grande Guerre ou le ren­ver­se­ment de l’empire bri­tan­nique. Pour Bar­ry­more, toutes les réa­li­sa­tions et les menées du Sym­po­sium – y com­pris les pré­pa­ra­tifs de sa propre prise de pou­voir en Angle­terre grâce au Coun­cil Extra­or­di­naire – ne sont que des étapes sur le long et dif­fi­cile chemin de sa Trans­for­ma­tion Cos­mique, par laquelle il pourra enfin accé­der aux secrets de l’Espace et du Temps. Des sept membres du Sym­po­sium, Bar­ry­more est sans conteste le plus versé dans les arcanes de la science pro­mé­théenne, mais, contrai­re­ment aux autres, il ne mani­feste que peu d’intérêt pour ses appli­ca­tions tech­no­lo­giques immé­diates, pré­fé­rant confier ce genre de tâches aux Vision­naires de l’Institut Bain­bridge pour se consa­crer entiè­re­ment à la recherche théo­rique. Mathé­ma­ti­cien et astro­nome de génie, le Pro­fes­seur s’intéresse tout par­ti­cu­liè­re­ment à ce que les scien­ti­fiques les plus avant-gar­distes de son époque bap­tisent la Qua­trième Dimen­sion. (Voir le Pro­fes­seur, l’Espace et le Temps, ci-des­sous) Per­sonne au sein du Sym­po­sium n’a réel­le­ment pris conscience du degré de démence du Pro­fes­seur : pour Edison et les autres, Bar­ry­more est avant tout un homme de pou­voir, certes dérangé, mais dont les visées ne dif­fèrent pas fon­da­men­ta­le­ment des leurs – comme semblent le prou­ver les agis­se­ments des diverses orga­ni­sa­tions pla­cées sous son contrôle. Les plans de Bar­ry­more concer­nant la Grande Bre­tagne (voir le Coun­cil Extra­or­di­naire) sont, dans leurs grandes lignes, connus de tous les autres membres du Sym­po­sium et aucun d’entre eux ne semble ima­gi­ner qu’ils ne consti­tuent pas une fin en soi…

Para­noïaque au der­nier degré, Bar­ry­more se montre extrê­me­ment méfiant à l’égard des autres membres du Sym­po­sium, à l’exception du doc­teur Gregor, qu’il consi­dère comme un loyal et fidèle ser­vi­teur de la cause pro­mé­théenne, et du Russe Kry­len­kov, qui est à ses yeux le seul à pou­voir conce­voir la véri­table dimen­sion de leur suprême objec­tif. Son prin­ci­pal rival au sein du Sym­po­sium est évi­dem­ment Edison, qu’il soup­çonne (avec raison) de vou­loir le sup­plan­ter dans l’esprit des Pro­mé­théens. Bar­ry­more fait éga­le­ment montre d’une défiance crois­sante envers Béthan­court, qu’il a pour­tant lui-même choisi et par­rainé, et qui semble se rap­pro­cher de plus en plus de l’inventeur amé­ri­cain. A ses yeux, Zep­pe­lin et Naka­mura ne sont que de vul­gaires pions, dont la pré­sence au Sym­po­sium n’est jus­ti­fiée que par la seule néces­sité de mettre sur pied la Grande Guerre – une fois le conflit enclen­ché, il sera pré­fé­rable de se débar­ras­ser d’eux – ce que les Pro­mé­théens, dans leur infi­nie sagesse, ont déjà com­pris depuis le début. Mais le mépris ou la méfiance dont Bar­ry­more fait preuve à l’égard de la plu­part de ses confrères n’est rien au regard de la haine qu’il voue au pro­fes­seur Ter­ra­nova : non content d’avoir trahi le Sym­po­sium, les Pro­mé­théens et la confiance que Bar­ry­more lui-même avait placée en lui, Ter­ra­nova porte en outre la lourde res­pon­sa­bi­lité d’avoir intro­duit dans leurs rangs le détes­table Edison. Pour Bar­ry­more, il ne fait aucun doute que le Traître est le véri­table supé­rieur du Club, Machine rivale créée dans le seul but de contre­car­rer les pro­jets de ses anciens alliés. Retrou­ver Ter­ra­nova est devenu pour Bar­ry­more une véri­table obses­sion, et le Pro­fes­seur compte bien châ­tier de ses propres mains celui qui eut l’impudence de défier les futurs maîtres de la Terre… 

Pro­fes­seur Bar­ry­more

Atouts : Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (astro­no­mie, mathé­ma­tique), Fin Stra­tège, For­ma­tion Scien­ti­fique (sciences phy­siques), Grande For­tune, Mémoire Éton­nante, Patience Extrême, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Vaste Éru­di­tion, Volonté de Fer.

La base secrète du Professeur Barrymore

Entre deux voyages d’un point à l’autre du globe à tra­vers le réseau tel­lu­rique atlante, le Pro­fes­seur aime à se retran­cher dans ses quar­tiers secrets : les sous-sols d’une usine aban­don­née de Londres, située sur les docks de la Tamise, dans les envi­rons de l’Ile aux Chiens. L’endroit sert éga­le­ment de caserne cen­trale à ses redou­tables Silence Men et abrite éga­le­ment le pied-à-terre lon­do­nien du Colo­nel Thurs­dyke, une de ses âmes dam­nées. Les appar­te­ments privés du Pro­fes­seur, beau­coup plus luxueux et confor­tables que les quar­tiers de ses sinistres gardes, sont sépa­rés du reste du bâti­ment par une énorme porte de chambre-forte, qui ne peut être action­née que de l’intérieur ; ils sont éga­le­ment reliés à un hangar sou­ter­rain conte­nant une cap­sule sub­mer­sible que Bar­ry­more et Thurs­dyke uti­lisent par­fois pour se dépla­cer en toute dis­cré­tion sous la sur­face de la Tamise — et qui leur four­ni­rait, le cas échéant, un excellent moyen d’évasion…

De Barrymore à Moriarty

« N’est-il pas l’auteur de « La Dyna­mique d’un Asté­roïde », livre qui atteint aux cîmes de la pure mathé­ma­tique et dont on assure qu’il échappe à toute réfu­ta­tion ? »

Sher­lock Holmes, à propos du Pro­fes­seur Moriarty, in « La Vallée de la Peur », d’Arthur Conan Doyle

Les ama­teurs des exploits du célèbre Sher­lock Holmes ne man­que­ront pas d’observer cer­taines simi­li­tudes trou­blantes entre le per­son­nage de Bar­ry­more et l’ennemi juré du grand détec­tive ima­giné par Conan Doyle, le sinistre Pro­fes­seur Moriarty. Cette res­sem­blance n’a rien de for­tuit, l’un étant direc­te­ment ins­piré de l’autre. Dans le monde d’Uchronia, Arthur Conan Doyle est membre du Club, au même titre qu’un jeune jour­na­liste nommé Her­bert George Wells. En 1890, Doyle a déjà écrit de nom­breuses aven­tures de Sher­lock Holmes mais n’a pas encore « créé » le dia­bo­lique Moriarty, dont le public ne fera la connais­sance qu’en décembre 1893, dans le fameux récit du « Der­nier Pro­blème » qui mettra pro­vi­soi­re­ment un terme aux exploits de l’illustre détec­tive, pré­ci­pité avec son adver­saire dans les Chutes de Rei­chen­bach…

Le Professeur, l’espace et le temps

« Depuis un cer­tain temps, je me suis occupé de cette géo­mé­trie à Quatre Dimen­sions. J’ai obtenu quelques résul­tats curieux. »

Her­bert George Wells, « La Machine à Explo­rer le Temps »

La Qua­trième Dimen­sion n’est que l’autre nom de cet Espace-Temps dont les savants atlantes par­vinrent, jadis, à percer les secrets. Les Pro­mé­théens, quant à eux, ne pos­sèdent en la matière que des connais­sances très théo­riques, mais cer­taines de leurs infor­ma­tions sur la tech­no­lo­gie employée par le Club les a amenés à se deman­der si les Invi­sibles n’avaient pas accès, d’une façon ou d’une autre, à quelques frag­ments de l’ancien savoir hérité de Mu, soup­çon qu’ils se sont bien gardés de trans­mettre à leurs ser­vi­teurs humains, excep­tion faite du fidèle Bar­ry­more, mis dans la confi­dence en vertu de son génie scien­ti­fique et de sa loyauté sans faille. Après avoir trans­mis au Pro­fes­seur leurs connais­sances concer­nant les Anciens, les Atlantes et la Guerre Dilu­vienne, les Pro­mé­théens char­gèrent « leur plus brillant sujet humain » de mener des recherches sur les ves­tiges atlantes, recherches qui pour­raient bien s’avérer capi­tales pour la pour­suite de la Guerre Secrète.

Ces recherches furent cou­ron­nées de succès en 1888, lorsqu’une expé­di­tion de l’Institut Bain­bridge décou­vrit en Colom­bie un Por­tail atlante à peu près intact. Avec l’aide des Pro­mé­théens et grâce à ses pro­di­gieuses capa­ci­tés d’analyse mathé­ma­tique, le Pro­fes­seur put décryp­ter les mys­té­rieuses ins­truc­tions gra­vées à la sur­face du por­tail, ce qui lui permit, après quelques mois de patientes recherches, de réac­ti­ver une por­tion du réseau de télé­por­ta­tion mis en place par les Atlantes en des temps aujourd’hui oubliés. Grâce à cette décou­verte, le Pro­fes­seur peut « sauter mathé­ma­ti­que­ment » en un ins­tant de l’une à l’autre des Portes sui­vantes : Sto­ne­henge (Angle­terre), Carnac (Bre­tagne), Tenoch­tit­lan (aujourd’hui Mexico), Nazca (Pérou), l’Île de Pâques et un point perdu dans l’immensité du désert aus­tra­lien. Tou­jours sous la tutelle des Pro­mé­théens, Bar­ry­more a entre­pris de percer les mys­tères d’Ayers Rock, qu’il sait être le récep­tacle de secrets anté­di­lu­viens mais dont il ignore encore la véri­table nature… 

En exhu­mant ainsi d’anciens secrets atlantes, Bar­ry­more viole sans le savoir le domaine réservé des Adeptes, ces mages héri­tiers du savoir perdu d’Atlantis : les plus puis­sants d’entre eux l’ont d’ores et déjà repéré et iden­ti­fié, mais attendent d’en apprendre plus sur les mys­té­rieuses puis­sances qu’il sert pour passer à l’action ou pour prendre contact avec lui… 

Thomas Edison : le Brillant Imposteur

« Hell, there are no rules here — we’re trying to accom­plish some­thing ! »

Thomas Edison (le vrai !)

En 1890, Thomas Edison est déjà une véri­table célé­brité. Des mil­lions d’Américains le consi­dèrent comme une sorte de magi­cien des temps modernes, appor­tant le Pro­grès dans tous les foyers, mais aussi comme un modèle de réus­site, vivante incar­na­tion des valeurs de la jeune nation. La vieille Europe elle-même recon­naît son génie, à com­men­cer par la France, qui le fait com­man­deur de la Légion d’honneur en 1889. Mais der­rière cette façade idéale se cache un indi­vidu oppor­tu­niste et cal­cu­la­teur, prêt à toutes les mani­pu­la­tions pour satis­faire ses ambi­tions déme­su­rées…

Thomas Edison

Âgé d’une qua­ran­taine d’années (il est né en 1847), Edison est de loin le membre le plus jeune du Sym­po­sium. Brillant inven­teur auto­di­dacte, Thomas Edison se rend célèbre dès l’âge de 17 ans avec son fameux télé­graphe duplex, avant de deve­nir l’ingénieur de plu­sieurs socié­tés télé­gra­phiques et de fonder sa propre société en 1876. Il enchaîne alors les décou­vertes et les inno­va­tions : le pho­no­graphe (1877), la lampe élec­trique à incan­des­cence (1878) ou encore le récep­teur télé­pho­nique élec­tro-chi­mique (1880). Au début des années 1880, il s’intéresse de près à l’émission thermo-ionique, qui consti­tue la base de ce que nous appel­le­rions l’électronique : ces tra­vaux attirent l’attention du pro­fes­seur Ter­ra­nova, qui devient bien­tôt le mentor secret de l’inventeur pro­dige, avant de le par­rai­ner dans les rangs du Sym­po­sium, en 1882. Fas­ciné par les extra­or­di­naires pos­si­bi­li­tés de la science pro­mé­théenne, Edison se montre alors un de leurs ser­vi­teurs les plus zélés, cer­tain que les enti­tés venues de Mars lui per­met­tront de réa­li­ser un rêve qu’il caresse depuis tou­jours : deve­nir le plus grand inven­teur de toute l’Histoire de l’Humanité, éclip­ser Archi­mède et Léo­nard de Vinci, régner en maître incon­testé sur la marche du pro­grès scien­ti­fique et tech­nique. Usant de sa noto­riété, de ses rela­tions et de sa for­tune déjà consi­dé­rable, il met rapi­de­ment sur pied les Hérauts du Pro­grès, une des plus impor­tantes com­po­santes de la Machine, et la Ligue des Inven­teurs, plus spé­cia­le­ment char­gée de servir ses ambi­tions per­son­nelles d’hégémonie tech­no­lo­gique.

Lorsque les Pro­mé­théens cla­ri­fient leurs inten­tions à l’égard de l’espèce humaine, Edison n’est guère sur­pris : plus prag­ma­tique que ses col­lègues, il a très tôt com­pris que ces créa­tures ne pou­vaient être moti­vées par leur seul altruisme et que leurs dis­cours sur la des­ti­née cos­mique de l’humanité cachaient des plans sans doute moins géné­reux. L’idée que les Pro­mé­théens cherchent à deve­nir les maîtres de la Terre est pré­sente dans son esprit depuis ses pre­miers contacts avec eux et, bien loin de le tour­men­ter, cette pers­pec­tive conforte sa cer­ti­tude d’être du côté des plus forts – le seul qui compte, l’Histoire étant tou­jours écrite par les vain­queurs. Mais il n’en aban­donne pas toute pru­dence, bien au contraire : à partir de cette date, tous ses agis­se­ments sui­vront un double plan d’action. D’un côté, il conti­nuera à servir les des­seins des Pro­mé­théens comme le fidèle dis­ciple qu’il a tou­jours été – ou feint d’être. De l’autre, il oeu­vrera en secret aux moyens éven­tuels de se retour­ner contre eux, au cas où la situa­tion ren­drait néces­saire un tel revi­re­ment. Il s’assure ainsi deux des­ti­nées pos­sibles, toutes deux aussi glo­rieuses l’une que l’autre : maître du monde ou sau­veur de l’humanité.

En 1888, il inau­gure à West Orange (près de New York) une gigan­tesque « usine à inven­tions » capable d’assurer toutes les étapes de la réa­li­sa­tion de n’importe quel appa­reil ou arte­fact tech­no­lo­gique, depuis sa concep­tion ini­tiale jusqu’à sa pro­duc­tion en série. Bien vite, le com­plexe de West Orange devient le noyau cen­tral d’un véri­table consor­tium techno-indus­triel, le pre­mier du genre. Les ambi­tions d’Edison ne connaissent en effet aucune limite : il veut deve­nir l’architecte, le bâtis­seur et l’ingénieur du futur de l’humanité. Pour mener à bien ses pro­jets colos­saux, il sol­li­cite l’aide des richis­simes entre­pre­neurs de la Ven­ture Society, qui devien­dront bien­tôt à leur insu les prin­ci­paux asso­ciés finan­ciers de la Machine, sous cou­vert de miri­fiques pro­jets des­ti­nés à « bâtir le monde de demain ». Devenu une véri­table figure publique, Edison par­tage pour l’instant l’essentiel de son temps entre les trois lieux sym­bo­liques de sa réus­site : New York (siège de la Ven­ture Society et de la Ligue des Inven­teurs), l’usine à inven­tions de West Orange et sa ville futu­riste d’Electricity, en Ari­zona. A terme, il envi­sage de se reti­rer dans la ville-cita­delle de New Cen­tury, et de ne plus inter­ve­nir dans la vie publique que par l’intermédiaire de ses nom­breux asso­ciés, col­la­bo­ra­teurs et autres hommes de paille.

Au sein du Sym­po­sium, Edison tente de s’imposer comme seul et unique chef, dis­pu­tant ainsi les pré­ro­ga­tives et l’autorité de Bar­ry­more, qui se consi­dère comme le fon­da­teur du groupe et comme son diri­geant natu­rel. Les rai­sons pour les­quelles Edison cherche à dimi­nuer l’influence de Bar­ry­more au sein de la Machine sont mul­tiples : en pre­mier lieu, il s’agit tout sim­ple­ment d’une ques­tion d’ambition et de pou­voir per­son­nel, mais Edison redoute éga­le­ment que Bar­ry­more, qui l’a tou­jours détesté, ne finisse par voir clair dans son double-jeu et ne le tra­hisse auprès des Pro­mé­théens. Bar­ry­more mani­fes­tant des signes de plus en plus évi­dents d’aliénation men­tale, Edison n’a guère de mal à appa­raître aux yeux des autres membres comme un leader res­pon­sable et ration­nel : ainsi Béthan­court s’est-il fina­le­ment rangé à ses côtés, à la grande fureur du Pro­fes­seur. C’est avec l’aide du maître des Nou­veaux Bâtis­seurs et de son ingé­nieur-en-chef Gus­tave Eiffel qu’Edison va réa­li­ser une extra­or­di­naire prouesse tech­no­lo­gique : l’installation, en 1886, d’un trans­met­teur d’ondes dans l’armature de la statue de la Liberté new-yor­kaise, per­met­tant ainsi une liai­son radio­pho­nique directe avec les Pro­mé­théens de Mars. En dis­po­sant ainsi d’un contact per­ma­nent avec la pla­nète rouge, Edison coupe l’herbe sous le pied de Bar­ry­more et détrône le Pro­fes­seur en tant qu’interlocuteur pri­vi­lé­gié des futurs maîtres de la Terre.

Sur le plan tech­no­lo­gique, le prin­ci­pal domaine de recherches d’Edison reste les com­mu­ni­ca­tions. Après être passé du télé­graphe à la radio­pho­nie grâce aux connais­sances des Pro­mé­théens, il a mis au point le Visio­graphe, appa­reil per­met­tant l’enregistrement et la dif­fu­sion à dis­tance d’images mobiles, et grâce auquel les membres du Sym­po­sium peuvent tenir de véri­tables confé­rences visio­gra­phiques. Assisté d’une véri­table armada d’ingénieurs membre de la Ligue des Inven­teurs ou des Hérauts du Pro­grès, il se consacre éga­le­ment à la mise au point des armes de la pro­chaine guerre, ayant récem­ment mis la der­nière main aux plans de plu­sieurs engins mili­taires des plus des­truc­teurs, parmi les­quels on trouve le sub­mer­sible Pur­sui­vant, le cui­rassé Hyper­ion et la mitrailleuse modi­fiée Thun­ders­torm : toutes ces machines infer­nales seront bien­tôt fabri­quées en série par Edison Indus­tries, prêtes à être livrées en état de marche aux gou­ver­ne­ments les plus bel­li­queux.

Tota­le­ment égo­cen­trique, Edison n’a que mépris pour ses asso­ciés du Sym­po­sium (et pour la plu­part des êtres humains en géné­ral) : il consi­dère Bar­ry­more et Gregor comme des fous dan­ge­reux, Béthan­court et Zep­pe­lin comme des imbé­ciles pré­ten­tieux aisé­ment mani­pu­lables, Naka­mura comme un ser­vi­teur tout dévoué. Seul Kry­len­kov trouve quelque crédit à ses yeux, en vertu de son pro­di­gieux génie inven­tif mais, loin de l’admirer, Edison le jalouse et tente secrè­te­ment de s’approprier les résul­tats de ses der­niers tra­vaux sur la méca­nique kuber­né­tique. La dis­pa­ri­tion de Ter­ra­nova consti­tue, avec l’existence du Club, un des prin­ci­paux sujets d’inquiétude d’Edison : il redoute de voir son ancien mentor refaire sur­face et révé­ler à la face du monde l’existence et les secrets du Sym­po­sium – ce qui met­trait gra­ve­ment en péril les rêves de gloire et de puis­sance de l’inventeur amé­ri­cain. Plus que n’importe quel autre membre du Sym­po­sium, Edison est fer­me­ment convaincu que le Club et l’Academia Meca­nica sont les deux prin­ci­pales com­po­santes d’une « Machine rivale » créée et diri­gée par Ter­ra­nova lui-même pour contre­car­rer leurs des­seins : fort de cette cer­ti­tude erro­née, il consacre donc une grande partie de ses res­sources à espion­ner en pure perte les acti­vi­tés de l’inoffensive Aca­de­mia… 

Thomas Edison

Atouts : Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (élec­tri­cité), Figure Publique, Immense For­tune (via ses rela­tions), Méca­ni­cien, Sens des Affaires, Talents de Bri­co­leur, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Per­son­na­lité Magné­tique, Volonté de Fer.

L’Atout Figure Publique repré­sente l’extraordinaire noto­riété d’Edison, véri­table légende vivante.

Charles-André Béthancourt : le Bâtisseur d’Empires

Génie de la spé­cu­la­tion bour­sière et empe­reur de l’industrie, Charles-André Béthan­court est en quelque sorte le ministre des finances du Sym­po­sium, ainsi que son prin­ci­pal ambas­sa­deur dans le monde des affaires et de la poli­tique. Son influence per­son­nelle s’étend à tra­vers tout l’empire colo­nial fran­çais, et sa for­tune colos­sale lui a permis de nouer de fort pré­cieuses rela­tions dans les milieux les plus divers, de la banque à l’armée, en pas­sant par les salons mon­dains et les cercles maçon­niques. Pro­fon­dé­ment avide, doté d’une ambi­tion sans limite, Béthan­court est animé par une insa­tiable soif de richesse et de puis­sance, qui le pousse à vou­loir tou­jours plus qu’il ne pos­sède déjà. A ses yeux, la Machine repré­sente sur­tout un moyen d’accroître son pou­voir per­son­nel à l’échelle de la pla­nète entière.

Charles-André Béthan­court 

Né en 1830 dans une famille de la grande bour­geoi­sie pari­sienne pro­prié­taire de plu­sieurs mines de char­bon dans le Nord de la France, Charles-André Béthan­court se découvre très jeune un talent cer­tain (et une véri­table pas­sion) pour les jeux et les intrigues de la Bourse. Pro­fi­tant de la fièvre de spé­cu­la­tion qui s’empare de Paris après l’accession au pou­voir de Napo­léon III, Béthan­court amasse en quelques années une for­tune consi­dé­rable, mul­ti­pliant les opé­ra­tions finan­cières auda­cieuses et les inves­tis­se­ments lucra­tifs. Ecra­sant ses concur­rents avec un achar­ne­ment métho­dique, accu­lant nombre de ses enne­mis à la ban­que­route ou au sui­cide, Béthan­court gagne rapi­de­ment une répu­ta­tion d’affairiste sans pitié, mais peu lui importe, car il est désor­mais à la tête d’un véri­table empire – banque, métaux, chemin de fer, presse, arme­ment, grands tra­vaux, matières pre­mières issues des colo­nies. Doté d’une intui­tion par­ti­cu­liè­re­ment aigui­sée, il anti­cipe la chute du Second Empire et, loin de tomber en dis­grâce, noue les ami­tiés qui lui per­met­tront de deve­nir un des hommes les plus puis­sants de la Troi­sième Répu­blique.

En 1881, le Pro­fes­seur Bar­ry­more décida que le Sym­po­sium devait accueillir en son sein un génie de la finance, afin de doter rapi­de­ment la Machine de res­sources éco­no­miques à l’échelle de ses tita­nesques pro­jets ; il impor­tait éga­le­ment à l’Anglais de conso­li­der sa posi­tion face à Edison, déjà très intro­duit dans le monde des affaires amé­ri­cain, en par­rai­nant un nou­veau membre capable d’exercer son influence au niveau inter­na­tio­nal. Ainsi Charles-André Béthan­court fut-il intro­nisé au sein du Sym­po­sium. Passé le choc ini­tial de la Grande Révé­la­tion, le Fran­çais trouva rapi­de­ment ses marques au sein de ce petit groupe d’apprentis maîtres du monde, auquel il apporta ses excep­tion­nelles com­pé­tences de stra­tège et d’administrateur. Grâce à ses rela­tions et à ses conseils avisés, la Machine put aisé­ment péné­trer dans les anti­chambres du pou­voir poli­tique et finan­cier ; mieux encore, c’est lui qui orga­nisa la pros­pec­tion secrète de Vul­ca­nium aux quatre coins du globe, assu­rant à ses asso­ciés scien­ti­fiques une main-mise presque totale sur le fabu­leux mine­rai…

Aujourd’hui, neuf ans plus tard, Béthan­court est devenu un des hommes les plus riches du monde et attend avec impa­tience le déclen­che­ment de la Grande Guerre, cette guerre qui le rendra encore plus riche et encore plus puis­sant. Dans son esprit assoiffé de pou­voir et de gran­deur, un nou­veau projet a com­mencé à prendre forme, un projet qui lui per­met­trait enfin de réa­li­ser son ultime ambi­tion : entrer dans l’Histoire et deve­nir aussi illustre que Napo­léon Ier, Char­le­magne ou Alexandre le Grand… Voici le scé­na­rio chi­mé­rique de son irré­sis­tible ascen­sion : une fois la Grande Guerre ter­mi­née et la pla­nète enva­hie par les colons Pro­mé­théens, la France ne sera plus qu’un champ de ruines, peu­plée d’hommes et de femmes débous­so­lés, prêts à tout pour recons­truire leur nation ago­ni­sante… C’est alors qu’il émer­gera du chaos pour ras­sem­bler les Fran­çais meur­tris et décou­ra­gés, avant de les mener vers une nou­velle ère de puis­sance et de gloire, sous le règne de l’Empereur Charles-André Béthan­court. Entiè­re­ment dévoué à sa cause, le BRIC assu­rera l’exécution tech­nique du coup d’état et for­mera le noyau dur de la future armée impé­riale ; quant aux Nou­veaux Bâtis­seurs, ils pré­si­de­ront à la recons­truc­tion du pays et d’une capi­tale futu­riste tout entière vouée au culte du nouvel empe­reur, sau­veur de la nation et garant de la pax pro­me­theana… car les enti­tés venues de Mars font évi­dem­ment partie de ce gran­diose avenir. En homme d’affaires réa­liste et prag­ma­tique, le Fran­çais n’entretient évi­dem­ment aucune illu­sion sur leur sagesse cos­mique ou leurs moti­va­tions supé­rieures : pour lui, l’alliance entre le Sym­po­sium et les Pro­mé­théens est basée sur les mêmes prin­cipes que n’importe quelle asso­cia­tion com­mer­ciale et obéit avant tout à la loi des inté­rêts mutuels – une vision de la situa­tion qui peut sem­bler, a priori, plus sensée que celle d’un Bar­ry­more ou d’un Zep­pe­lin mais qui se trouve gra­ve­ment alté­rée par l’incroyable orgueil de Béthan­court et par son inca­pa­cité à appré­hen­der les par­ti­cu­la­ri­tés de la psy­cho­lo­gie pro­mé­théenne, où les notions d’individu et de profit per­son­nel n’ont presque aucune vali­dité. Fer­me­ment convaincu de sa propre supé­rio­rité sur le commun des mor­tels, le finan­cier ne peut ima­gi­ner un seul ins­tant que les Pro­mé­théens le consi­dèrent comme un simple pion sur leur échi­quier, et non comme une pièce-maî­tresse, un asso­cié indis­pen­sable et irrem­pla­çable. Fort de cette cer­ti­tude et de ses succès passés, il n’a aucun doute sur sa capa­cité à négo­cier avec les Pro­mé­théens afin, le moment venu, d’obtenir tout ce qu’il exi­gera d’eux…

Au sein du Sym­po­sium, Béthan­court occupe une place à part, seul membre tota­le­ment étran­ger au monde des sciences et des tech­niques ; pour cette raison, ses asso­ciés le consi­dèrent davan­tage comme un par­te­naire éco­no­mique, plutôt que comme un de leurs pairs… et donc de leurs rivaux. Le Fran­çais entre­tient donc d’excellentes rela­tions d’affaires avec les six autres — tout par­ti­cu­liè­re­ment avec Edison, dont le côté self-made man ne pou­vait que le séduire. Au grand dam de Bar­ry­more – qui comp­tait bien garder Béthan­court sous sa coupe – Edison est par­venu à impli­quer le finan­cier dans plu­sieurs de ses pro­jets les plus ambi­tieux, notam­ment la construc­tion de Tita­nia, cité sou­ter­raine des­ti­née à accueillir l’élite de l’humanité durant la Grande Guerre et l’Invasion pro­mé­théenne. Loin de se consi­dé­rer comme un membre de second plan, Béthan­court se voit au contraire comme le pivot cen­tral du Sym­po­sium, l’indispensable pour­voyeur de fonds sans qui rien ne serait pos­sible… Sur un plan stric­te­ment per­son­nel, Béthan­court se méfie par­ti­cu­liè­re­ment de Gregor, à cause de sa démence mani­feste – plus fla­grante que la folie de Bar­ry­more. Quant au Club, Béthan­court consi­dère cette orga­ni­sa­tion comme un dan­ge­reux « ramas­sis d’imbéciles idéa­listes qui n’ont rien com­pris au sens de l’Histoire » (dixit) et dont la stu­pide obs­ti­na­tion pour­rait bien com­pro­mettre la bonne marche des entre­prises de la Machine, si le pro­blème qu’ils repré­sentent n’est pas rapi­de­ment (et défi­ni­ti­ve­ment) résolu. Sur un plan plus pra­tique, le finan­cier estime tou­te­fois que la lutte contre les Invi­sibles et leurs agents n’est pas de son res­sort et concerne en prio­rité les autres membres du Sym­po­sium, tout par­ti­cu­liè­re­ment Zep­pe­lin et Bar­ry­more, plus aptes selon lui à trai­ter ce genre de situa­tion. De plus, comme il aime à le rap­pe­ler, on ne peut être à la fois au four et au moulin, et ses acti­vi­tés d’administrateur prin­ci­pal du Sym­po­sium mobi­lisent d’ores et déjà l’essentiel de son temps et de son éner­gie, sans parler de la ges­tion directe de dif­fé­rents grands pro­jets’ en rap­port avec les Nou­veaux Archi­tectes ou le Stahl Kar­tell. Ce n’est que récem­ment, à la demande expresse de ses asso­ciés, que Béthan­court a fina­le­ment accepté, après bien des dis­cus­sions, d’impliquer le BRIC dans les aléas de la Guerre Secrète.

Charles-André Béthan­court

Atouts : Entre­gent, Expert (finance inter­na­tio­nale), Esprit Vision­naire, Fin Stra­tège, Immense For­tune, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Per­son­na­lité Magné­tique, Sens des Affaires, Volonté de Fer.

Docteur Gregor : le Faiseur de Monstres

« Vous oubliez tout ce qu’un habile vivi­sec­teur peut faire avec des êtres vivants… »

Her­bert George Wells, « L’Ile du Doc­teur Moreau »

Tout à la fois alié­niste, chi­miste, chi­rur­gien et géné­ti­cien, le doc­teur Gregor est sans doute le membre le plus excen­trique du Sym­po­sium – et aussi celui dont la per­son­na­lité se rap­proche le plus de l’archétype du savant fou tel que le conçoivent les auteurs de romans d’anticipation scien­ti­fique. A bien des égards, Gregor évoque le doc­teur Jekyll ima­giné par Ste­ven­son en 1887 et pré­fi­gure de façon sai­sis­sante ce sinistre doc­teur Moreau dont Her­bert George Wells contera un jour l’histoire.

Doc­teur Gregor 

Né en 1844 à Prague dans une famille de la grande bour­geoi­sie, Karl Armi­nius Gregor se pas­sionne dès son plus jeune âge pour la méde­cine et les sciences. Ado­les­cent, il se consacre entiè­re­ment à ses études et intègre dès 1861 l’Université de Méde­cine de Prague ; élève par­ti­cu­liè­re­ment stu­dieux, il est vite remar­qué par ses pro­fes­seurs pour sa constance et sa rigueur mais peu aimé de ses condis­ciples, qui le trouvent froid et peu sociable. Métho­dique et précis, Karl Armi­nius se des­tine à l’art de la chi­rur­gie. En marge de ses études, il se pas­sionne éga­le­ment pour les nou­velles décou­vertes scien­ti­fiques de l’époque en matière de phy­sio­lo­gie, de chimie et d’histoire natu­relle – à com­men­cer par les théo­ries sur l’évolution des espèces de Darwin – mais aussi pour tout ce qui touche à l’aliénisme et à la patho­lo­gie des mala­dies men­tales, encore très mal connues. Après avoir obtenu ses diplômes avec brio, le jeune doc­teur Gregor devient rapi­de­ment un des chi­rur­giens les plus remar­qués de Prague, tout en pour­sui­vant ses recherches per­son­nelles, qui prennent bien­tôt la forme d’une véri­table obses­sion : com­prendre et maî­tri­ser le fonc­tion­ne­ment du cer­veau humain. Ses théo­ries sont com­plexes et s’appuient sur une mul­ti­tude de concepts pseudo-scien­ti­fiques, mais peuvent être glo­ba­le­ment résu­mées par l’axiome sui­vant : tous les dérè­gle­ments de l’esprit humain – troubles du com­por­te­ment et de la mémoire, mais aussi toutes les formes de folie connues – résultent d’anomalies dans la confor­ma­tion du cer­veau, ano­ma­lies qu’il est par­fois pos­sible de cor­ri­ger par une appli­ca­tion judi­cieuse de la chi­rur­gie. Il a bien­tôt l’occasion de mettre ses théo­ries en pra­tique grâce à la com­plai­sance de confrères alié­nistes, qui lui per­mettent d’exercer son art sur de mal­heu­reux déments dont per­sonne ne se soucie. Gregor jouit néan­moins d’une excel­lente répu­ta­tion dans la haute-société, et compte bien­tôt parmi ses rela­tions de hauts digni­taires de l’administration impé­riale, dont il sait culti­ver les faveurs avec une rare habi­leté. Sa per­son­na­lité semble s’être lit­té­ra­le­ment dédou­blée : d’un côté, il y a le bon doc­teur Gregor, altruiste et géné­reux, adulé par des aris­to­crates ignares pour son sublime dévoue­ment ; de l’autre, il y a un être froid et sans âme, tota­le­ment dénué de com­pas­sion, capable d’effectuer des tré­pa­na­tions sans anes­thé­sie ou d’injecter des tissus céré­braux ani­maux dans le cer­veau d’un patient par simple curio­sité scien­ti­fique…

En 1882, il est nommé à la tête du plus impor­tant asile d’aliénés de Prague, un rêve qu’il cares­sait depuis plu­sieurs années. Il dis­pose à pré­sent d’un vivier inépui­sable de sujets humains : sous sa direc­tion, l’asile se trans­forme en une véri­table anti­chambre de l’enfer, où tous les patients dépour­vus de for­tune ou de rela­tions servent de cobayes à d’épouvantables expé­riences. En 1884, il publie un pre­mier et volu­mi­neux ouvrage, Méca­nique Natu­relle du Cer­veau Humain, où il expose ses théo­ries, assor­ties d’un compte-rendu détaillé de ses expé­riences les plus inté­res­santes, et entame une série de confé­rences à tra­vers l’Europe – appa­ri­tions qui lui atti­re­ront l’hostilité et le mépris de la plu­part des som­mi­tés occi­den­tales en matière d’aliénisme : à Paris, il se heurte avec viru­lence aux dis­ciples de Char­cot ; à Londres, il est publi­que­ment ridi­cu­lisé par l’illustre Sir William Gull, méde­cin per­son­nel de Sa Majesté la Reine Vic­to­ria. Humi­lié, Gregor regagne son asile de Prague la rage au cœur, repre­nant ses expé­riences avec un achar­ne­ment redou­blé. C’est pour­tant la publi­cité engen­drée par cette mal­heu­reuse expé­rience qui va amener Bar­ry­more à s’intéresser à lui, pour fina­le­ment le recru­ter au sein du Sym­po­sium, à la demande des Pro­mé­théens (voir His­toire du Sym­po­sium). Ceux-ci inculquent à leur nou­veau dis­ciple d’extraordinaires connais­sances en matière de bio­lo­gie molé­cu­laire et lui révèlent l’existence du mys­té­rieux Fluide vital, source de leur sub­sis­tance et de nom­breux phé­no­mènes inex­pli­qués. Fort de cet ensei­gne­ment, il met au point son ter­ri­fiant sérum pro­téïque, qui lui permet de pra­ti­quer des greffes humain/​animal sans le moindre risque de rejet et d’altérer pro­gres­si­ve­ment les com­po­santes géné­tiques du sujet. Son asile se trans­forme alors en véri­table fabrique de monstres ; en quelques mois, Gregor donne nais­sance à une armada d’êtres hybrides, cer­tains ter­ri­fiants, d’autres pathé­tiques et gro­tesques, reflets de l’imagination malade de leur créa­teur : hommes-chiens, hommes-rats, femmes-rep­tiles, hommes à deux têtes… Ses créa­tions les plus réus­sies trouvent par­fois une place dans la foire aux monstres du Pan­de­mo­nium, tandis que les autres sont condam­nées à une exis­tence de cau­che­mar, errant comme des âmes en peine dans les sous-sols de sa cli­nique. Mais ces épou­van­tables tra­vaux ne sont pour lui qu’un passe-temps, un violon d’Ingres qui ne sau­rait prendre le pas sur la grande mis­sion que ses supé­rieurs lui ont confiée : anni­hi­ler la rela­tive résis­tance de l’esprit humain aux pou­voirs des Pro­mé­théens, afin de trans­for­mer l’humanité en réserve de bétail psy­chique… Après avoir essuyé plu­sieurs échecs plus ou moins catas­tro­phiques, le doc­teur a l’occasion de pra­ti­quer ses expé­riences sur des indi­vi­dus cen­sé­ment dotés de dons médium­niques : il en découle une série de décou­vertes pro­pre­ment cau­che­mar­desques… Ses obser­va­tions lui apprennent que les authen­tiques médiums pos­sèdent non seule­ment un Fluide extrê­me­ment riche mais qu’ils semblent dépour­vus de cette bar­rière psy­chique qu’il avait crue com­mune à tous les êtres humains. Il conçoit ensuite un Extrac­teur capable de drai­ner le Fluide médium­nique : en nour­ris­sant de ce Fluide son mentor pro­mé­théen, le doc­teur constate que cette sub­stance agit sur l’entité à la manière d’une drogue psy­cho­trope par­ti­cu­liè­re­ment puis­sante et addic­tive… A chaque nou­velle dose, la créa­ture auto­rise son pour­voyeur humain à pré­le­ver un échan­tillon de ses tissus céré­braux. C’est le mélange de ces cel­lules et du sérum pro­téïque qui donne nais­sance aux mons­trueux Cépha­loïdes, qui repré­sentent une étape déci­sive dans sa recherche d’une com­pa­ti­bi­lité psy­chique entre l’espèce humaine et ses futurs maîtres… A terme, le doc­teur envi­sage d’amorcer sa propre méta­mor­phose en Cépha­loïde, lorsqu’il aura résolu divers petits pro­blèmes inhé­rents au pro­ces­sus de trans­for­ma­tion, à com­men­cer par la faible durée de vie de ses créa­tions suprêmes…

Irré­mé­dia­ble­ment dément, en proie à un véri­table délire faus­tien, Gregor consi­dère les Pro­mé­théens comme des enti­tés supé­rieures, gar­diennes de connais­sances inson­dables et grâce aux­quelles il a enfin pu dépas­ser les fron­tières du savoir humain : comme Bar­ry­more, il aspire plus ou moins à une forme de trans­cen­dance ou de trans­mu­ta­tion qui lui per­met­trait de se rap­pro­cher encore un peu plus de ses guides suprêmes. Il n’a que mépris pour la plu­part de ses confrères du Sym­po­sium, à l’exception de Kry­len­kov, dont il ne peut que recon­naître le génie scien­ti­fique, et de Bar­ry­more, son par­rain au sein de l’assemblée secrète, envers qui il mani­feste une défé­rence presque obsé­quieuse. Au sein de la Machine, Gregor occupe une place à part : com­paré à ses autres diri­geants, il ne mani­feste que peu d’intérêt pour la pour­suite de la Guerre Secrète ou pour l’extension de l’influence occulte du Sym­po­sium, lais­sant volon­tiers ses chers asso­ciés s’occuper de ces basses intrigues poli­tiques afin de pour­suivre en toute quié­tude son opus magnum…

Doc­teur Gregor

Atouts : Adepte du Magné­tisme, Com­pé­tences Médi­cales, Esprit Vision­naire, Expert (chi­rur­gie, bio­lo­gie cel­lu­laire), For­ma­tion Scien­ti­fique (sciences natu­relles), Sang-froid Excep­tion­nel, Per­son­na­lité Magné­tique, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.

L’éminence grise du Doc­teur

Afin de guider le Doc­teur dans ses recherches sur les facul­tés psy­chiques de leur race (et sur leur pos­sible com­pa­ti­bi­lité avec l’esprit humain), les Pro­mé­théens ont accordé à Gregor un pri­vi­lège unique, qui n’est pas sans sus­ci­ter la jalou­sie du Pro­fes­seur Bar­ry­more : ils lui ont adjoint l’un d’entre eux. Ce mons­trueux mentor, que Gregor a affec­tueu­se­ment sur­nommé son émi­nence grise, est entre­posé dans un cais­son saturé de vapeurs de Vul­ca­nium, au sous-sol de la cli­nique du doc­teur. Le cais­son est muni d’un ingé­nieux sys­tème de concep­tion pro­mé­théenne per­met­tant de retrans­crire sous forme de signaux télé­gra­phiques les ondes céré­brales émises par la créa­ture, qui peut ainsi com­mu­ni­quer en toute liberté avec son dis­ciple humain. Avec le temps, une étrange rela­tion d’accoutumance mutuelle semble s’être ins­tau­rée entre Gregor et son émi­nence grise : celle-ci est désor­mais tota­le­ment dépen­dante des doses de Fluide médium­nique que lui admi­nistre régu­liè­re­ment le Doc­teur ; de son côté, ce der­nier a constaté qu’il se sen­tait de plus en plus proche de l’entité et qu’il était même par­fois capable de per­ce­voir ses pen­sées sans l’intermédiaire du déco­deur télé­gra­phique…

La méthode du Doc­teur Gregor

Avec l’aide de son émi­nence grise, Gregor tra­vaille actuel­le­ment à la mise au point d’une méthode capable de rendre les humains tota­le­ment vul­né­rables aux facul­tés psy­chiques des Pro­mé­théens, afin de faci­li­ter l’asservissement de l’espèce humaine par ses futurs maîtres. L’opération est des plus déli­cates, puisqu’elle doit à la fois anni­hi­ler la volonté du sujet et pré­ser­ver toute la richesse de son Fluide psy­chique. Pour le moment, il a obtenu quelques succès très encou­ra­geants sur plu­sieurs sujets, en com­bi­nant chi­rur­gie du cer­veau, trai­te­ments chi­miques et séances de létho­graphe, mais le pro­ces­sus est encore trop incer­tain, trop com­plexe et sur­tout trop long à mettre en œuvre pour l’application mas­sive à laquelle il est des­tiné. A terme, le Doc­teur espère abou­tir à une méthode aussi simple et pra­tique qu’une vul­gaire injec­tion.

Comte Ferdinand von Zeppelin : le Seigneur des Airs

Ancien mili­taire, inven­teur et indus­triel, Zep­pe­lin est l’ homme de guerre du Sym­po­sium. C’est un conqué­rant dans l’âme, convaincu d’appartenir à la race des sei­gneurs et bien décidé à étendre l’empire ger­ma­nique à tra­vers les cinq conti­nents, grâce à l’armada de diri­geables de guerre qui sor­tira bien­tôt de ses chan­tiers ultra-secrets. Pour lui, la Machine, le Sym­po­sium et les Pro­mé­théens eux-mêmes ne sont que des ins­tru­ments au ser­vice de la cause suprême : la gran­deur de l’Allemagne, sur terre, dans les airs et – pour­quoi pas – dans tout l’univers.

Comte Fer­di­nand von Zep­pe­lin 

En 1890, le Comte Fer­di­nand von Zep­pe­lin à 52 ans. A la tête d’une vaste for­tune per­son­nelle, il vient à peine de quit­ter l’armée alle­mande – où il a conservé de nom­breux et puis­sants amis — pour se consa­crer entiè­re­ment à ses recherches aéro­nau­tiques, qu’il pour­suit déjà depuis de nom­breuses années. Telle est, en tous les cas, la ver­sion offi­cielle des faits. En réa­lité, les recherches aéro­nau­tiques du Comte ont pris un tour spec­ta­cu­laire depuis qu’il a rejoint les rangs du Sym­po­sium, voici bien­tôt six ans. Les grands diri­geables dont il rêvait, ces majes­tueux et impo­sants navires des airs capables de porter la guerre sur le sol de l’ennemi en sur­vo­lant ses armées sub­ju­guées, sont désor­mais une réa­lité – même si leur exis­tence demeure, pour quelque temps encore, un secret bien gardé. Le plus puis­sant d’entre eux, l’Eroberer (le « Conqué­rant »), est opé­ra­tion­nel depuis 1885 : véri­table cita­delle volante, le vais­seau amiral de la future Sturm­waffe est pro­pulsé par un puis­sant moteur au Vul­ca­nium et doté d’armes incroya­ble­ment des­truc­trices, conçues par les ingé­nieurs des Conqué­rants de l’Air, la prin­ci­pale orga­ni­sa­tion secrète diri­gée par le Comte.

Lorsqu’il n’est pas aux com­mandes de l’Eroberer, dont il compte bien faire son quar­tier géné­ral volant, Zep­pe­lin vit en grand sei­gneur dans son châ­teau de Köe­nig­sberg, pro­tégé par un impor­tant contin­gent d’agents de l’Abteilung, branche des ser­vices secrets mili­taires dont les chefs lui sont tout dévoués. Dans un pre­mier temps, la plu­part des autres membres du Sym­po­sium avaient une nette ten­dance à consi­dé­rer Zep­pe­lin comme un être fruste et pro­saïque, doté d’un tem­pé­ra­ment bel­li­queux et de moti­va­tions bas­se­ment ter­restres. A leurs yeux, la pré­sence du Comte au sein d’une assem­blée de vision­naires se jus­ti­fiait seule­ment par la néces­sité d’œuvrer au déclen­che­ment et au dérou­le­ment de la Grande Guerre – notam­ment en favo­ri­sant la créa­tion du Stahl Kar­tell, consor­tium secret d’industriels de l’armement fran­çais et alle­mands. Il est vrai que, com­paré au génie d’un Bar­ry­more, d’un Kry­len­kov ou d’un Edison, le cer­veau de Zep­pe­lin pou­vait paraître quelque peu limité dans sa vision du monde, uni­que­ment pré­oc­cupé par deux idées fixes (la conquête du ciel et la conquête du monde) et inca­pable d’envisager les impli­ca­tions phi­lo­so­phiques supé­rieures de la tâche du Sym­po­sium. Ses col­lègues auraient sans doute conti­nué à le trai­ter en exé­cu­tant pri­vi­lé­gié (c’est à dire en membre de second ordre) s’il n’avait été le pre­mier d’entre eux à décou­vrir l’existence du Club, grâce aux pré­cieux ren­sei­gne­ments recueillis par les hommes de l’Abteilung. Ebahis par les infor­ma­tions que le Comte por­tait à leur connais­sance, Edison, Bar­ry­more et consorts révi­sèrent rapi­de­ment leur juge­ment sur leur col­lègue ger­ma­nique qui, sous ses allures tudesques, se révé­lait sou­dain un indis­pen­sable allié, seul capable de mettre sur pied une stra­té­gie effi­cace de lutte contre le mys­té­rieux ennemi.

Au sein du Sym­po­sium, Zep­pe­lin ne fait confiance à per­sonne ; méfiant et ran­cu­nier, il n’a pas oublié le mépris dont ses chers col­lègues firent preuve à son encontre lors de son intro­ni­sa­tion. A ses yeux, sa col­la­bo­ra­tion avec les autres chefs de la Machine n’est qu’une étape néces­saire à l’accomplissement de sa glo­rieuse des­ti­née : éta­blir la domi­na­tion abso­lue de sa mère patrie sur le reste du monde. Sur un plan plus per­son­nel, ses opi­nions sur ses col­lègues reflètent géné­ra­le­ment sa men­ta­lité des­po­tique, raciste et into­lé­rante : pour lui, Edison est « un Amé­ri­cain vul­gaire et arro­gant (sûre­ment un Juif) », Béthan­court « un Fran­çais lâche et déca­dent (sûre­ment un pédé­raste) », Gregor « un Bohé­mien abâ­tardi et mal­sain (sûre­ment un autre Juif) », Bar­ry­more « un Anglais pré­ten­tieux et maniéré (sûre­ment un autre pédé­raste) », Kry­len­kov « un Slave hypo­crite et gei­gnard (sûre­ment Juif et pédé­raste) » et Naka­mura « un Orien­tal fourbe et orgueilleux (cer­tai­ne­ment pas Juif, mais sans doute pédé­raste) ». Sa vision des Pro­mé­théens doit beau­coup aux vieux mythes ger­ma­niques : pour Zep­pe­lin, les sei­gneurs de Mars forment une race de dieux mys­té­rieux et ter­ribles, aux­quels il convient de se sou­mettre pour l’instant, mais contre les­quels il faudra se retour­ner le moment venu, afin de pou­voir prendre leur place. Contrai­re­ment à ce que pensent Edison ou Bar­ry­more, Zep­pe­lin a par­fai­te­ment réa­lisé que les Pro­mé­théens comp­taient véri­ta­ble­ment enva­hir et colo­ni­ser la Terre une fois la Grande Guerre ter­mi­née – projet évi­dem­ment incom­pa­tible avec les rêves d’hégémonie ger­ma­nique du Comte…

Pour Zep­pe­lin, la Machine est avant tout un for­mi­dable moyen de confé­rer à l’Allemagne une supré­ma­tie mili­taire mon­diale, et le Sym­po­sium n’est qu’un ramas­sis d’intellectuels dégé­né­rés avec les­quels il est pour l’instant indis­pen­sable de s’allier mais qu’il faudra natu­rel­le­ment éli­mi­ner une fois la pla­nète conquise. Quant aux Pro­mé­théens, Zep­pe­lin compte régler le pro­blème qu’ils repré­sentent grâce à une arme aussi secrète qu’absolue sur laquelle ses meilleurs ingé­nieurs tra­vaillent depuis main­te­nant deux ans, à l’insu de tous les autres membres du Sym­po­sium. Le prin­cipe de cette arme est simple : un énorme canon ana­logue à celui uti­lisé par les Pro­mé­théens pour envoyer leurs vais­seaux-obus sur Terre, mais capable de tirer sur Mars un obus explo­sif suf­fi­sam­ment puis­sant pour détruire la pla­nète – rien de moins. Pour le moment, la chose, bap­ti­sée Göt­ter­dam­me­rung, n’en est qu’au stade de projet et sa concep­tion se heurte à d’innombrables obs­tacles tech­niques ou théo­riques, mais les cher­cheurs du Comte ont encore près de dix ans devant eux…

En atten­dant ce moderne Cré­pus­cule des Dieux, le Comte œuvre avec constance à l’avènement de la future guerre mon­diale, sur le plan tech­nique – en conce­vant les plans des armes de demain — comme sur le plan poli­tique – grâce à l’influence occulte du Stahl Kar­tell et aux agis­se­ments secrets de l’Abteilung. Récem­ment, Zep­pe­lin a dirigé les efforts de cer­tains de ses meilleurs ingé­nieurs vers l’armée de terre (« la pié­taille » selon ses propres termes), dans le cadre du projet Eisen Staf­fel, mené avec la béné­dic­tion de l’état-major alle­mand. Le Comte prend très au sérieux la menace que le Club fait peser sur sa future guerre, et consi­dère la lutte contre le Club comme une prio­rité abso­lue – tâche dont il s’est, pour le moment, acquitté avec une redou­table effi­ca­cité. Les succès de l’Abteilung font de Zep­pe­lin le membre du Sym­po­sium le mieux ren­sei­gné sur les agis­se­ments du Club en Europe – infor­ma­tions qu’il se garde évi­dem­ment bien de par­ta­ger avec ses chers confrères, même (ou sur­tout ?) lorsqu’elles pour­raient leur éviter de cui­sants revers.

Comte Fer­di­nand von Zep­pe­lin

Atouts : Aris­to­crate, Esprit Vision­naire, Expert (aéro­nau­tique), Fin Stra­tège, Figure Publique, Grande For­tune, Méca­ni­cien, Meneur d’Hommes, Sang-froid Excep­tion­nel, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.

L’Atout Figure Publique repré­sente l’extraordinaire mélange de noto­riété, de pres­tige et d’influence du Comte, un des plus célèbres et plus puis­sants per­son­nages de l’empire ger­ma­nique.

Le Comte et l’écrivain

Zep­pe­lin sait fort bien que Jules Verne ne joue aucun rôle direct dans la Guerre Secrète, mais il ne peut s’empêcher de voir en lui un ennemi per­son­nel ainsi que l’inspirateur incons­cient du Club (n’est-il pas, après tout, le créa­teur de Nemo et du Nau­ti­lus ?).

En fait, la haine toute par­ti­cu­lière qu’il voue à l’écrivain fran­çais a pour cause prin­ci­pale la vision sou­vent peu flat­teuse que Verne a donnée de l’Allemagne et des Alle­mands dans cer­taines de ses œuvres, notam­ment dans « Les Cinq Cents Mil­lions de la Bégum » qui met en scène un inven­teur ger­ma­nique par­ti­cu­liè­re­ment cari­ca­tu­ral, sous les traits duquel Zep­pe­lin se serait reconnu… Le Comte se sent éga­le­ment atta­qué, sans doute à juste titre, en tant que pion­nier de la conquête des airs, lorsque, dans « Robur le Conqué­rant » (1887), Verne fait dire à son prin­ci­pal pro­ta­go­niste que seuls « des esprits mal équi­li­brés s’entêtent à croire à la direc­tion des bal­lons » et « s’imaginent qu’un moteur quel­conque, élec­trique ou autre, peut être appli­qué à leurs pré­ten­tieuses bau­druches… » Ajou­tons à cela l’inconcevable admi­ra­tion du Kaiser lui-même pour l’œuvre du roman­cier fran­çais, et l’on com­pren­dra sans doute mieux la ran­cœur du Comte pour l’auteur des Voyages Extra­or­di­naires.

La « branche orientale » du Symposium

Diri­geants de la « branche orien­tale » du Sym­po­sium, le Russe Kry­len­kov et le Japo­nais Naka­mura seront pré­sen­tés en détail dans un pro­chain sup­plé­ment, avec une étude minu­tieuse de leur sphère d’influence et des dif­fé­rents rouages de la Machine placés sous leur contrôle. En atten­dant ce por­trait com­plet, voici un bref aperçu de leur bio­gra­phie et de leur per­son­na­lité.

Professeur Sergei Krylenkov : le Génie aux deux Visages

Né en 1824, ce mathé­ma­ti­cien de génie est sans nul doute le plus brillant scien­ti­fique russe de son époque – et pro­ba­ble­ment de tous les temps. L’extrême com­plexité et la nature très abs­traite de ses recherches échappent évi­dem­ment à la com­pré­hen­sion du grand public, mais celui que l’on sur­nomme par­fois « le Maître » jouit d’une noto­riété inter­na­tio­nale dans le milieu des joueurs d’échecs – d’aucuns le disent tout sim­ple­ment invin­cible.

Pro­fes­seur Sergei Kry­len­kov 

Choisi par Bar­ry­more pour être un des membres fon­da­teurs du Sym­po­sium, Kry­len­kov perçut rapi­de­ment l’extraordinaire poten­tiel de la science pro­mé­théenne et fut, avec Ter­ra­nova, un des pion­niers de la recherche kuber­né­tique. Reclus dans son labo­ra­toire secret de Sibé­rie orien­tale, il semble consa­crer tout son temps à ses tra­vaux, dont le but suprême est de créer une véri­table machine pen­sante, capable d’égaler voire de sup­plan­ter les plus brillants cer­veaux humains. A pre­mière vue, Kry­len­kov paraît être le membre du Sym­po­sium le moins actif sur le plan des conspi­ra­tions poli­tiques et des mani­pu­la­tions occultes… mais c’est un être com­plexe, qui, sous des dehors de savant vision­naire entiè­re­ment voué à la cause de la Science, cache une immense soif de pou­voir. Kry­len­kov a à son ser­vice une petit armada de tech­ni­ciens, d’assistants et de savants moins brillants, qui lui vouent un véri­table culte… mais il pos­sède éga­le­ment de puis­santes rela­tions au sein du gou­ver­ne­ment russe, notam­ment dans les rangs de l’Okhrana, la sinistre police secrète du Tsar, pour qui il fait par­fois office de maître-cryp­to­graphe et de conseiller scien­ti­fique.

Sergei Kry­len­kov

Atouts : Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (kuber­né­tique, cryp­to­lo­gie), Fin Stra­tège, For­ma­tion Scien­ti­fique (mathé­ma­ti­cien), Grande For­tune, Méca­ni­cien, Mémoire Éton­nante, Patience Extrême, Per­son­na­lité Magné­tique, Sang-froid Excep­tion­nel, Sens de l’Observation, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.

Professeur Tadashi Nakamura : l’Artisan des Conquêtes

Fidèle ser­vi­teur de l’Empire du Soleil Levant, ce brillant ingé­nieur naval est un pur pro­duit de de la fameuse ère meiji, amor­cée en 1868 et des­ti­née à per­mettre au Japon de rat­tra­per en quelques années son retard indus­triel et tech­no­lo­gique sur les autres grandes nations – notam­ment dans le domaine mili­taire.

Pro­fes­seur Tada­shi Naka­mura 

Le génie tech­nique de Naka­mura et ses talents d’inventeur n’ont d’égal que son fana­tisme et sa déter­mi­na­tion : fer­me­ment per­suadé que les Japo­nais sont « l’unique race divine sur Terre », il consi­dère la Machine, le Sym­po­sium et même les Pro­mé­théens comme de simples ins­tru­ments de la des­ti­née de son peuple, appelé à régner sans par­tage sur la tota­lité du globe. A court terme, il espère pou­voir doter le Japon d’une flotte mili­taire invin­cible, dont les pre­miers cui­ras­sés et sub­mer­sibles sont d’ores et déjà en construc­tion sur une base secrète de l’île d’Hokkaido. Comme on peut s’en douter, Naka­mura est étroi­te­ment lié à l’armée et aux ser­vices secrets de son pays ; il pos­sède éga­le­ment son propre réseau d’agents de ren­sei­gne­ment et semble entre­te­nir d’excellents rap­ports avec le Yakuza, la haute pègre japo­naise. Fort de son accès à la science pro­mé­théenne, Naka­mura étudie actuel­le­ment la pos­si­bi­lité de com­man­der aux élé­ments, c’est à dire de déclen­cher à volonté toutes sortes de phé­no­mènes sis­miques et cli­ma­tiques : trem­ble­ments de terre, cyclones et autres raz de marée dévas­ta­teurs… 

Tada­shi Naka­mura

Atouts : Esprit Ana­ly­tique, Esprit Vision­naire, Expert (tech­no­lo­gie mili­taire), Fin Stra­tège, For­ma­tion Scien­ti­fique (sciences phy­siques), Grande For­tune, Méca­ni­cien, Meneur d’Hommes, Patience Extrême, Sang-froid Excep­tion­nel, Tech­no­lo­gie Avan­cée, Volonté de Fer.


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