Mystères & Révélations (suite)

Troisième Partie : Le mystère Terranova

Le pro­fes­seur Ter­ra­nova a été bien malgré lui un des prin­ci­paux acteurs de la genèse de la Guerre Secrète entre le Club et la Machine : trans­fuge du Sym­po­sium, il trans­met­tra des infor­ma­tions vitales à son assis­tant Nor­wood, les­quelles consti­tue­ront la base des ren­sei­gne­ments du Club sur la grande conspi­ra­tion pro­mé­théenne. Cette sec­tion exa­mine de plus près le par­cours sin­gu­lier de cet étrange per­son­nage…

Beau­coup de rumeurs et de légendes cir­culent sur le compte du pro­fes­seur Cor­né­lius Ter­ra­nova, fon­da­teur de l’Academia Meca­nica et inven­teur de génie. Cer­tains le décrivent comme un éter­nel rêveur, vivant dans son propre monde de pro­diges et de mer­veilles, à la manière d’un Merlin l’Enchanteur moderne ; d’autres font de lui le digne suc­ces­seur de Léo­nard de Vinci, pro­phète incom­pris d’une nou­velle Renais­sance. D’autres encore mur­murent que les tra­vaux du pro­fes­seur l’ont emmené bien au-delà des limites de la raison humaine et ont irré­mé­dia­ble­ment dérangé son esprit. Quelques uns enfin parlent à mi-voix de décou­vertes si extra­or­di­naires que leur concep­teur aurait pré­féré en détruire toute trace, de peur qu’elles ne bou­le­versent l’avenir de l’humanité. Une seule chose est sûre : Cor­né­lius Ter­ra­nova a dis­paru depuis 1884…

Dans un pre­mier temps, la mys­té­rieuse dis­pa­ri­tion du grand homme de science pas­sionna de nom­breux repor­ters, excen­triques et amis du pro­grès, qui ten­tèrent par tous les moyens de retrou­ver sa trace… en pure perte. Cor­né­lius Ter­ra­nova sem­blait s’être tout sim­ple­ment vola­ti­lisé de la sur­face de la Terre. Toutes les hypo­thèses furent évo­quées : enlè­ve­ment, assas­si­nat, empri­son­ne­ment, exil forcé ou volon­taire… Petit à petit, les ima­gi­na­tions et les bonnes volon­tés com­men­cèrent à s’épuiser et, au bout de quelques années, on finit par aban­don­ner tout espoir de revoir un jour le pro­fes­seur Ter­ra­nova.

Seuls le Club, la Machine et l’Academia Meca­nica pour­suivent les recherches – dans des buts bien dif­fé­rents, mais tous ont conscience du for­mi­dable enjeu que repré­sentent Ter­ra­nova, son savoir et ses com­pé­tences. S’il est encore de ce monde, il pour­rait bien à nou­veau jouer un rôle majeur dans les évé­ne­ments de la Guerre Secrète, dont il consti­tue en quelque sorte la « carte folle » : un élé­ment incon­trôlé, indé­pen­dant et impré­vi­sible dont le rôle exact dépend avant tout de l’imagination du Chro­ni­queur.

L’enfant prodige

Né en 1830 en Angle­terre, le futur pro­fes­seur Ter­ra­nova perd ses parents quelque temps après sa nais­sance et est rapi­de­ment placé dans un orphe­li­nat des envi­rons de Londres. A l’âge de deux ans, il est adopté par un riche excen­trique anglais nommé Per­ci­vale New­land, qui l’élevera comme le fils qu’il n’a jamais eu. Très vite, on remarque que l’enfant pos­sède une viva­cité intel­lec­tuelle excep­tion­nelle, dou­blée d’une ima­gi­na­tion peu com­mune. Eduqué par les meilleurs pré­cep­teurs, le jeune Cor­né­lius New­land se révèle bien­tôt être un authen­tique enfant pro­dige. Il mani­feste très vite une pré­di­lec­tion mar­quée pour les sciences, effec­tuant ses pre­mières inven­tions dès l’âge de douze ans. A seize ans, il entre à la pres­ti­gieuse uni­ver­sité d’Oxford, où il pour­suit de brillantes études, bien loin des pré­oc­cu­pa­tions mon­daines et des ambi­tions sociales de la plu­part de ses condis­ciples. Son tem­pé­ra­ment rêveur et son ima­gi­na­tion par­fois débri­dée lui attirent néan­moins l’antipathie de nombre de ses pro­fes­seurs, uni­ver­si­taires tâtillons et tra­di­tio­na­listes.

De Newland à Terranova

Dès l’obtention de ses diplômes, le jeune Cor­né­lius New­land décide de consa­crer le reste de son exis­tence à inven­ter les machines du futur, déci­sion saluée par un père adop­tif débor­dant de fierté. Ce der­nier n’aura mal­heu­reu­se­ment jamais l’occasion de connaître les pre­miers grand succès d’inventeur de Cor­né­lius, puisqu’il décède en 1852, à l’âge véné­rable de 91 ans. En pre­nant connais­sance du tes­ta­ment du vieux gent­le­man, Cor­né­lius apprend qu’il se trouve désor­mais à la tête d’une for­tune colos­sale, issue en grande partie de pla­ce­ments finan­ciers effec­tués à son inten­tion… et qu’il n’est pas le véri­table fils de Per­ci­vale New­land, révé­la­tion qui lui cause un véri­table choc. Son cha­grin est aggravé par le dou­lou­reux dif­fé­rend juri­dique qui l’oppose alors aux membres de la famille New­land, avec les­quels le vieux Per­ci­vale avait cessé toute rela­tion depuis des décen­nies et qui refusent de voir un orphe­lin étran­ger héri­ter d’une partie de leurs biens ainsi que de leur nom. S’ensuit alors une pénible bataille de pro­cé­dures, au terme de laquelle Cor­né­lius se trouve contraint, ou décide (les sources divergent sur ce point), de renon­cer au patro­nyme de New­land… pour adop­ter le nom de Ter­ra­nova, son exacte tra­duc­tion latine.

Le visionnaire

Esprit curieux et aty­pique, Cor­né­lius Ter­ra­nova se pas­sionne pour les grandes inven­tions mécon­nues, mau­dites ou oubliées, de l’horloge hydrau­lique de Die­trich le Vien­nois à la machine dif­fé­ren­tielle de Charles Bab­bage, en pas­sant par l’aile volante de Léo­nard de Vinci. Ses propres recherches l’entraînent dans de mul­tiples direc­tions, lui gagnant bien­tôt une répu­ta­tion de génie éclec­tique mais brouillon, prompt à s’enthousiasmer pour les théo­ries les plus extra­va­gantes : ainsi, ses expé­riences sur l’électricité lui valent l’admiration de noms aussi illustres que Max­well et Bec­que­rel, tandis que ses tra­vaux sur la méca­nique auto­ma­tique et la kuber­né­tique (cyber­né­tique), pro­ba­ble­ment trop avan­cés pour l’époque, ne sus­citent que peu d’intérêt chez ses contem­po­rains… Indif­fé­rent aux sirènes de la renom­mée, Cor­né­lius Ter­ra­nova ne cher­cha jamais à cour­ti­ser les faveurs du public et ses nom­breuses contri­bu­tions à la cause du pro­grès res­tèrent injus­te­ment mécon­nues en dehors des cercles scien­ti­fiques.

En 1860, Ter­ra­nova épouse Amelia Hart­ley, fille d’un vieil ami de son père adop­tif. Le jeune couple voyage beau­coup, notam­ment en Europe et en Amé­rique. On sait peu de choses sur leur vie privée mais de nom­breuses rumeurs — pro­ba­ble­ment infon­dées — pré­sentent Ter­ra­nova comme un époux peu atten­tionné, constam­ment plongé dans un uni­vers faits de sché­mas et de cal­culs. De fait, leur mariage ne semble pas très heu­reux et, quand en 1861, leur pre­mier enfant meurt quelques jours après sa nais­sance, Amelia s’enfonce dans un état de dépres­sion dont elle ne sor­tira plus jamais. De son côté, Ter­ra­nova se réfu­gie dans le tra­vail, atti­tude que de nom­breuses per­sonnes de leur entou­rage inter­pré­te­ront à tort comme de l’indifférence et de l’insensibilité. Lorsque la fra­gile Amelia meurt en 1866, cer­taines mau­vaises langues n’hésiteront pas à accu­ser Ter­ra­nova de l’avoir lais­sée dépé­rir et mourir de cha­grin : en réa­lité, elle a suc­combé à la mala­die du som­meil, contrac­tée lors d’un voyage en Afrique.

La perte d’Amelia porte un coup sup­plé­men­taire au pro­fes­seur, qui s’enferme un peu plus dans son per­son­nage de savant soli­taire. Après une période de pro­fond désar­roi, le jeune veuf reprend ses tra­vaux, plus décidé que jamais à bâtir le monde de demain. Ce fai­sant, il se coupe un peu plus de la réa­lité, s’enfermant dans sa vision uto­pique d’un futur idéal ; comme bon nombre de ses confrères, il est inti­me­ment per­suadé que le pro­grès scien­ti­fique et tech­nique consti­tue le suprême remède à tous les maux de l’humanité et qu’il n’existe aucun pro­blème natu­rel ou social qui ne puisse être résolu par l’invention d’une nou­velle machine ou par l’application rigou­reuse de méthodes, de prin­cipes ou de sys­tèmes.

Trois rencontres décisives

Au cours d’un voyage en Amé­rique, en 1875, Ter­ra­nova fait la connais­sance d’un jeune inven­teur nommé Thomas Edison, dont l’esprit nova­teur le séduit aus­si­tôt. Beau­coup plus doué avec les machines qu’avec les êtres humains, Ter­ra­nova ne per­çoit à aucun moment le carac­tère oppor­tu­niste et l’ambition déme­su­rée de celui qu’il consi­dère alors comme son jeune frère spi­ri­tuel… Lors de ce même voyage aux Etats Unis, Ter­ra­nova ren­con­tra éga­le­ment le mil­liar­daire amé­ri­cain Warren Siller­ton, magnat du chemin de fer menant une exis­tence morne et sans joie depuis la mort de son épouse et de son fils unique dans le tra­gique nau­frage de l’Aurora, au large de l’Australie. Entre les deux hommes naquit une amitié aussi immé­diate qu’inattendue, fondée sur leurs nom­breux points com­muns : le savant et le mil­lion­naire appar­te­naient tous les deux à l’élite de leur temps, mais avaient vu leurs espoirs ruinés et leur vie bou­le­ver­sée par la tra­gé­die. L’idéalisme chi­mé­rique et les visions gran­dioses de Ter­ra­nova ral­lu­mèrent dans l’âme du vieux magnat blasé le désir d’œuvrer pour l’humanité. Le Léo­nard de Vinci du XIXème siècle venait de trou­ver son mécène…

Un an et demi plus tard, une troi­sième ren­contre va venir bou­le­ver­ser la des­ti­née de Cor­né­lius Ter­ra­nova. Lorsque les Pro­mé­théens chargent Bar­ry­more de contac­ter en secret quelques uns des plus grands cer­veaux de la pla­nète, le nom de Ter­ra­nova s’impose immé­dia­te­ment au Pro­fes­seur, qui le consi­dère à juste titre comme un pion­nier injus­te­ment méconnu, animé de cette ouver­ture d’esprit propre aux véri­tables décou­vreurs. Bar­ry­more entre donc en contact avec Ter­ra­nova ainsi qu’avec le mathé­ma­ti­cien russe Kry­len­kov…

De grandes espérances

Pour Ter­ra­nova, la révé­la­tion de l’existence des Pro­mé­théens et la décou­verte de leur extra­or­di­naire supé­rio­rité tech­no­lo­gique consti­tuent un véri­table miracle scien­ti­fique ainsi qu’une résur­rec­tion per­son­nelle : grâce à leur pro­di­gieux savoir, il va enfin pou­voir réa­li­ser ses pro­jets les plus gran­dioses et poser les pre­mières pierres d’un monde de paix, de pro­grès et de pros­pé­rité uni­ver­selle. Ter­ra­nova est lit­té­ra­le­ment enivré par ces extra­or­di­naires pers­pec­tives ; pas un seul ins­tant il ne doute de la sin­cé­rité des Pro­mé­théens ou de leur bien­veillance à l’égard de l’espèce humaine. C’est dans cet esprit d’utopie vision­naire que Ter­ra­nova fonde, avec Bar­ry­more et Kry­len­kov, la pre­mière incar­na­tion du Sym­po­sium. Plus tard, lorsque les Pro­mé­théens deman­de­ront aux trois savants d’élargir les rangs de leur petit conclave, c’est tout natu­rel­le­ment que le choix de Ter­ra­nova se por­tera sur Thomas Edison, qui lui semble être la recrue idéale. Il est alors bien loin de se douter à quel point la per­son­na­lité de l’inventeur amé­ri­cain cor­res­pond effec­ti­ve­ment aux des­seins des enti­tés venues de Mars…

Sui­vant la logique d’extension secrète du Sym­po­sium, Ter­ra­nova fonde l’Academia Meca­nica en 1880 (voir ci-des­sous pour plus de détails). Celle-ci lui permet de créer autour de lui un cercle de brillants ingé­nieurs, mathé­ma­ti­ciens et méca­ni­ciens, avec les­quels il va reprendre ses tra­vaux sur la kuber­né­tique, dans le but de créer les machines du futur, des­ti­nées à sou­la­ger l’homme des tâches les plus fas­ti­dieuses, pénibles ou tri­viales. Entouré du Pra­guois Aaron Sil­ber­mann, de l’Américain Edward Nor­wood et de l’Anglais Arthur Pem­ber­ton, Cor­né­lius Ter­ra­nova donne bien­tôt nais­sance à sa pre­mière géné­ra­tion d’automates kuber­né­tiques. Dans le cadre plus secret du Sym­po­sium, il col­la­bore éga­le­ment avec Kry­len­kov à l’élaboration des prin­cipes de la céré­bro­ma­tique, la science des machines pen­santes.

Le Projet Heliopolis

Enthou­siasmé par la rapi­dité et l’étendue de ses pro­grès, Ter­ra­nova ima­gine bien­tôt un projet miri­fique, qui consti­tue­rait la concré­ti­sa­tion de ses rêves les plus fous : construire une cité entiè­re­ment basée sur la tech­no­lo­gie, un para­dis futu­riste où, grâce aux bien­faits de la science humaine et pro­mé­théenne, l’Homme serait libéré de toutes les contraintes de l’existence ordi­naire et pour­rait consa­crer tout son temps à la créa­tion et à la réflexion. En réfé­rence aux cités-états de l’antiquité grecque, il bap­tise son utopie Helio­po­lis, « la cité du soleil » : dans l’esprit de son créa­teur, l’autarcie idéale d’Heliopolis est des­ti­née à rayon­ner dans le monde entier et à servir de modèle à la société du pro­chain siècle… Déter­miné à réa­li­ser son inven­tion suprême, Ter­ra­nova s’enferme nuit et jour dans son bureau, noir­cis­sant des cahiers entiers de notes, de plans et de cal­culs ; il étudie les grands tra­vaux des bâtis­seurs de l’antiquité, consulte des dizaines d’architectes, d’artistes et de pen­seurs, envoie ses assis­tants aux quatre coins du monde, à la recherche d’un site digne d’accueillir la ville de ses rêves…

Un réveil douloureux

Tota­le­ment acca­paré par son gran­diose projet, Ter­ra­nova se dés­in­té­resse tota­le­ment des autres acti­vi­tés du Sym­po­sium et ne prête aucune atten­tion aux ten­sions internes qui com­mencent à appa­raître au sein de l’assemblée secrète. Ainsi, il ne per­çoit pas les manœuvres our­dies par Edison pour prendre le contrôle du Sym­po­sium au détri­ment de ses membres fon­da­teurs, et ne réa­li­sera que trop tard l’ampleur de la menace dont il s’est naï­ve­ment rendu com­plice (voir His­toire du Sym­po­sium). Lorsqu’il prend enfin conscience des véri­tables des­seins des Pro­mé­théens et de la soif de pou­voir qui anime la plu­part de ses chers confrères, Ter­ra­nova reçoit un véri­table choc. Confronté à la ter­rible vérité et aux consé­quences de son propre aveu­gle­ment, il décide de dis­pa­raître, empor­tant avec lui le rêve d’Héliopolis, la cité idéale… mais avant cela, il doit abso­lu­ment aver­tir l’humanité du danger qui la menace.

Le testament de Terranova

Après quelques hési­ta­tions, Ter­ra­nova choi­sit de confier le lourd far­deau de la vérité à son fidèle assis­tant Edward Nor­wood, à qui il écrit une longue lettre dans laquelle il consigne l’essentiel de ce qu’il sait sur le Sym­po­sium et ses inten­tions ; cette lettre sera ensuite trans­mise aux Invi­sibles et consti­tuera la pre­mière preuve de l’existence de la conspi­ra­tion pro­mé­théenne… La Guerre Secrète peut alors com­men­cer.

La vérité sur la dis­pa­ri­tion du Pro­fes­seur Ter­ra­nova vous sera dévoi­lée en détail dans un pro­chain sup­plé­ment. D’ici là, rien n’empêche vos cou­ra­geux héros de se lancer sur la piste du mys­té­rieux savant et de ses chi­mères…

Quatrième Partie : Êtres, Entités et Créatures

Les Prométhéens

Si les Pro­mé­théens occupent une place pri­mor­diale dans l’univers d’Uchronia, c’est d’abord par l’intermédiaire de leurs alliés et ser­vi­teurs humains du Sym­po­sium et de la Machine. Pour le moment, les seuls Pro­mé­théens pré­sents sur Terre sont ceux de l’avant-poste polaire – un endroit qu’ils n’ont a priori aucune raison de quit­ter. Seule et unique excep­tion : le Pro­mé­théen drogué au fluide médium­nique que le dia­bo­lique doc­teur Gregor garde pré­cieu­se­ment dans une cuve satu­rée de vapeurs vul­ca­niques… A ce stade des choses, il n’y a donc pra­ti­que­ment aucune chance pour qu’un héros d’Uchronia se retrouve nez à nez avec un Pro­mé­théen.

Lorsque le moment sera venu, nous vous pro­po­se­rons une étude détaillée des Pro­mé­théens, de leur société, de leur bio­lo­gie et de leur psy­cho­lo­gie. En atten­dant, voici quelques infor­ma­tions de base, que tout Chro­ni­queur se doit de connaître :

Ori­gine : Les Pro­mé­théens sont ori­gi­naires de la pla­nète Mars ; ils sont les des­cen­dants des Octo­poïdes, créa­tures conçues par les Anciens pour récol­ter le Vul­ca­nium dans les océans de la pla­nète rouge.

Aspect Phy­sique : Phy­si­que­ment, un Pro­mé­théen res­semble à une sorte de croi­se­ment entre une pieuvre, une méduse et un cer­veau géant, de cou­leur rou­geâtre, capable de se dépla­cer en volant silen­cieu­se­ment au-dessus du sol… Très som­mai­re­ment, l’anatomie externe d’un Pro­mé­théen se com­pose de deux grands élé­ments : le bulbe, de forme vague­ment sphé­rique, siège de toutes les fonc­tions vitales, auquel se rat­tache une dou­zaine de petits appen­dices d’aspect ten­ta­cu­laire, cer­tains pré­hen­siles, d’autres uni­que­ment sen­so­riels. La taille des indi­vi­dus semble varier sui­vant leur statut au sein de la société pro­mé­théenne : les Pro­mé­théens du Pôle (et celui de Gregor) appar­tiennent à la caté­go­rie la plus cou­rante – leur bulbe a à peu près la taille d’un ballon de bau­druche ordi­naire.

Pou­voirs Psy­chiques : Les Pro­mé­théens pos­sèdent diverses facul­tés psy­chiques. Ils com­mu­niquent entre eux grâce à une forme de télé­pa­thie élec­tro­ma­gné­tique ; avec un peu d’habitude, ils peuvent apprendre à ajus­ter leur trans­mis­sion de pen­sées à l’esprit humain. Ils uti­lisent éga­le­ment des machines capables d’amplifier la portée de leur télé­pa­thie natu­relle sous forme d’ondes radio – ce qui leur permet, par exemple, de com­mu­ni­quer direc­te­ment avec cer­tains membres du Sym­po­sium. Les Pro­mé­théens sont éga­le­ment capables d’émettre un flux télé­ki­né­tique leur per­met­tant de voler au-dessus du sol ainsi que d’affecter leur envi­ron­ne­ment phy­sique dans un rayon d’environ trois mètres autour de leur per­sonne. Ils peuvent éga­le­ment exer­cer une forme de vam­pi­risme psy­chique sur les orga­nismes vivants afin de se nour­rir de leur Fluide (voir ci-des­sous) : l’esprit d’un être humain est à la fois par­ti­cu­liè­re­ment riche en Fluide et capable, par sa volonté, d’opposer une cer­taine forme de résis­tance à ce ter­ri­fiant pou­voir. C’est cette résis­tance que le doc­teur Gregor cherche à anni­hi­ler, afin de faire passer l’espèce humaine du statut de proie poten­tielle à celui de simple bétail, inca­pable de toute rébel­lion.

Intel­li­gence et Tech­no­lo­gie : La plu­part des membres du Sym­po­sium les consi­dèrent comme des enti­tés quasi-omni­scientes, à l’intelligence pro­di­gieuse – une image que les Pro­mé­théens font évi­dem­ment tout pour entre­te­nir, mais qui ne cor­res­pond pas tout à fait à la réa­lité. Certes, leur civi­li­sa­tion pos­sède un degré de déve­lop­pe­ment scien­ti­fique et tech­no­lo­gique glo­ba­le­ment très supé­rieur à celui de l’espèce humaine… mais la quasi-tota­lité de leur savoir pro­vient en réa­lité de la civi­li­sa­tion dis­pa­rue des Anciens, leurs créa­teurs et leurs anciens maîtres. En eux mêmes, les Pro­mé­théens n’ont pra­ti­que­ment rien décou­vert, se conten­tant d’exploiter et d’adapter les acquis du passé sans pro­gres­ser de façon notable au fil des siècles. Contrai­re­ment au cer­veau humain, le cer­veau pro­mé­théen semble vir­tuel­le­ment dénué d’imagination, faculté typi­que­ment humaine qu’ils ont appa­rem­ment le plus grand mal à prendre en compte dans leurs rai­son­ne­ments.

Survie : Les Pro­mé­théens sur­vivent en drai­nant le Fluide vital de leur envi­ron­ne­ment natu­rel et des créa­tures qui les entourent. Ce drai­nage est effec­tué de manière psy­chique et semble inti­me­ment lié aux autres facul­tés men­tales des Pro­mé­théens : sans un apport régu­lier de Fluide, l’espèce serait condam­née à très court terme. A l’instar du Horla décrit par Guy de Mau­pas­sant dans son récit épo­nyme, les Pro­mé­théens peuvent donc être consi­dé­rés comme des vam­pires psy­chiques, se nour­ris­sant de la force vitale de l’univers qui les entoure. Cette carac­té­ris­tique est la prin­ci­pale moti­va­tion de leurs pro­jets d’invasion ter­restre : mil­lé­naire après mil­lé­naire, les Pro­mé­théens ont peu à peu drainé tout le Fluide vital de Mars, qui est désor­mais une pla­nète mori­bonde. L’exode est donc pour eux une néces­sité abso­lue. En outre, les Pro­mé­théens ne peuvent sur­vivre que dans une atmo­sphère satu­rée de pous­sière vul­ca­nique : une fois la pla­nète conquise, ils n’auront aucun mal à recon­di­tion­ner l’atmosphère ter­restre, qui sera sans doute déjà lar­ge­ment impré­gnée par les retom­bées vul­ca­niques des armes de des­truc­tion mas­sive uti­li­sées dans la Grande Guerre… Une telle atmo­sphère, sans être direc­te­ment mor­telle pour l’homme, lui serait à terme extrê­me­ment nocive, pro­vo­quant chez lui diverses formes de dégé­né­res­cence cel­lu­laire et res­pi­ra­toire. Notons que ce recon­di­tion­ne­ment a déjà été effec­tué par les Pro­mé­théens à une échelle très locale, dans les limites de l’avant-poste polaire.

Les Selkies

Les Sel­kies, aussi sur­nom­més Tri­tons par cer­tains membres du Club, sont un peuple d’humanoïdes aqua­tiques dont les ori­gines remontent à l’ère atlante. Décou­verts par l’équipage du Nau­ti­lus, ils comptent parmi les alliés les plus pré­cieux et les plus étranges des Invi­sibles : sans eux, Nemo n’aurait jamais eu accès aux mys­tères des cylindres atlantes et de la porte tem­po­relle, et l’humanité aurait été irré­mé­dia­ble­ment condam­née à subir la tyran­nie secrète de la Machine, jusqu’à la Grande Guerre et à l’Invasion pro­mé­théenne… Etres paci­fiques et bien­veillants, les Sel­kies ne sont tou­te­fois pas moti­vés par leur seul altruisme, mais œuvrent éga­le­ment pour leur propre salut et pour celui de toutes les autres créa­tures des océans, dont la survie est elle aussi mena­cée par les pro­jets des Pro­mé­théens et de leurs ser­vi­teurs ter­restres. Contrai­re­ment à ce que pour­raient lais­ser sup­po­ser cer­tains mythes sur la cité englou­tie d’Atlantis, les Sel­kies ne sont pas les loin­tains des­cen­dants des anciens Atlantes, même si l’histoire de leur race est étroi­te­ment liée à celle du conti­nent dis­paru d’Atlantide…

Leur appa­rence phy­sique se dis­tingue de la nôtre par quelques traits notables. Leur taille est à peu près simi­laire à celle d’un être humain, mais leur sil­houette est beau­coup plus svelte. Leur peau, dont la cou­leur varie géné­ra­le­ment entre le gris-argent et le bleu pâle, est tota­le­ment dépour­vue de pilo­sité et rap­pelle étran­ge­ment l’épiderme des dau­phins, une espèce avec laquelle les Sel­kies entre­tiennent de nom­breux points com­muns. Leurs doigts et leurs orteils sont légè­re­ment palmés et ne pos­sèdent pas d’ongles. Quant à leurs visages, ils sont si lisses qu’ils semblent presque dénués de traits : leurs lèvres sont extrê­me­ment minces, leur nez presque inexis­tant et leur oreilles ne sont que de simples ouïes ; ils sont en revanche dotés d’une bouche par­ti­cu­liè­re­ment expres­sive et leurs grands yeux dorés leur confèrent faci­le­ment un air mali­cieux et énig­ma­tique. Contrai­re­ment aux sirènes des légendes, les femelles sel­kies ne pos­sèdent ni che­ve­lure abon­dante ni poi­trine opu­lente, et dif­fèrent assez peu de leurs congé­nères mâles sur le plan mor­pho­lo­gique. Il existe éga­le­ment quelques rares Sel­kies asexués, à l’épiderme vert-doré, qui occupent une place fort par­ti­cu­lière dans la société des Tri­tons (voir ci-des­sous).

Créa­tures amphi­bies, les Sel­kies sont par­fai­te­ment capables de sur­vivre et d’agir à l’air libre pen­dant une dou­zaine d’heures ; passé ce délai, ils sont Affai­blis (-1 dé sur toutes les actions phy­siques, y com­pris les tests de résis­tance) et risquent la mort s’ils ne retrouvent pas leur envi­ron­ne­ment marin dans les six heures qui suivent. Une fois réim­mergé, un Selkie Affai­bli récu­père très vite et retrouve toutes ses pos­si­bi­li­tés au bout d’un temps approxi­ma­ti­ve­ment égal à la moitié de la durée de son affai­blis­se­ment. Omni­vores, les Sel­kies se nour­rissent essen­tiel­le­ment de pois­sons et d’algues, leur méta­bo­lisme par­ti­cu­lier leur per­met­tant de s’accommoder d’un seul repas toutes les qua­rante-huit heures envi­ron : ce cycle de nutri­tion alterne avec leur cycle de som­meil, qui est d’environ quatre heures toutes les qua­rante-huit heures.

Sur le plan bio­lo­gique, les Sel­kies peuvent être clas­sés dans la caté­go­rie des mam­mi­fères marins. Leur espé­rance de vie moyenne est d’une petite cen­taine d’années pour les indi­vi­dus sexués et d’environ deux-cents ans pour les asexués. Com­pa­rés aux humains, les jeunes Sel­kies par­viennent très rapi­de­ment à matu­rité, vers l’âge de neuf ou dix ans. Le cycle de ges­ta­tion d’une femelle selkie dure envi­ron six mois et abou­tit presque tou­jours par la nais­sance de jumeaux de sexes dif­fé­rents. Dans de très rares cas, la mère peut mettre au monde un seul enfant, natu­rel­le­ment asexué et sté­rile, ou, plus rare­ment encore, des tri­plés : la portée com­por­tera alors un couple de jumeaux des deux sexes et un troi­sième Selkie, asexué et sté­rile. Ces par­ti­cu­la­ri­tés géné­tiques s’expliquent très cer­tai­ne­ment par les ori­gines arti­fi­cielles de l’espèce (voir ci-des­sous).

Les Sel­kies sont mono­games, mais leur struc­ture matri­mo­niale res­semble fort peu à la nôtre… A l’exception des asexués, chaque Selkie vient au monde avec un jumeau de l’autre sexe, qui est en quelque sorte son com­pa­gnon natu­rel, ce que nous appel­le­rions son âme sœur : en gran­dis­sant, les deux indi­vi­dus déve­loppent un lien empa­thique par­ti­cu­liè­re­ment fort, qui les pousse natu­rel­le­ment l’un vers l’autre lorsqu’ils par­viennent ensemble à la matu­rité. Il n’existe donc pas chez les Sel­kies de notion d’inceste frère/​sœur, du moins pas entre jumeaux, ce type de couple consti­tuant la base même de leur société. Il est inté­res­sant de noter que ce mode de repro­duc­tion assez sin­gu­lier n’a entraîné aucune dégé­né­res­cence de l’espèce. Si le jumeau d’un Selkie meurt, le sur­vi­vant sombre dans un état de pro­fonde mélan­co­lie et ne tarde pas à se lais­ser mourir, après s’être éloi­gné de son banc. Cer­tains d’entre eux, tou­te­fois, sur­vivent à la perte de l’âme sœur et deviennent des créa­tures soli­taires, qui vivent à l’écart de leurs congé­nères et tentent par­fois de retrou­ver chez un humain le jumeau qu’ils ont perdu.

Les Sel­kies sont beau­coup moins nom­breux que les humains, la popu­la­tion actuelle attei­gnant envi­ron cinq cent mille indi­vi­dus, répar­tis sur tous les océans du globe. Il semble que ce chiffre soit resté à peu près constant au fil des mil­lé­naires, la démo­gra­phie selkie étant soi­gneu­se­ment régu­lée par les lois de la nature.

Les Sel­kies com­mu­niquent entre eux à l’aide d’un lan­gage com­plexe fait d’ultrasons et d’ondes télé­pa­thiques, lan­gage que les dau­phins, les baleines et les autres mam­mi­fères marins sont eux aussi capables de per­ce­voir et d’émettre – d’une façon évi­dem­ment fort rudi­men­taire, compte tenu de leur intel­li­gence limi­tée. Il existe un lien empa­thique par­ti­cu­liè­re­ment fort entre les Sel­kies et ces dif­fé­rentes espèces, que les Tri­tons ne consi­dèrent d’ailleurs pas comme des ani­maux, mais plutôt comme des cou­sins éloi­gnés et comme des com­pa­gnons de jeu ou de voyage. A l’instar de leurs cou­sins les dau­phins, les Sel­kies sont dotés d’une grande curio­sité et d’un tem­pé­ra­ment très joueur, par­fois assez décon­cer­tant pour les humains qui ne sont guère fami­lia­ri­sés avec leur mode de pensée. Ils sont éga­le­ment capables de per­ce­voir les pen­sées des humains ainsi que de pro­je­ter vers eux leurs propres impres­sions ; avec un peu de temps et de pra­tique, un humain peut apprendre à dia­lo­guer men­ta­le­ment avec les Sel­kies ; de leur côté, les Sel­kies sont capables d’adapter très rapi­de­ment leur propre lan­gage télé­pa­thique avec le fonc­tion­ne­ment de la pensée humaine.

La télépathie des Selkies La télépathie des Selkies obéit à un certain nombre de règles. Ainsi, un Selkie ne peut communiquer télépathiquement qu’avec un humain qu’il connaît, c’est à dire qu’il a pu étudier de visu pendant quelques minutes. Une fois que ce premier contact a été établi, des messages d’une complexité croissante peuvent être échangés tant que chaque interlocuteur a conscience de la présence de l’autre. Les expériences effectuées par les hommes du Nautilus montrent toutefois que ce langage silencieux a une portée limitée dans la plupart des cas à une dizaine de mètres, voire vingt ou trente si le Selkie fournit un effort particulièrement intense. Entre deux Selkies, ou entre un Selkie et un mammifère marin, le premier contact est inutile et la portée des messages est dix fois plus grande.

L’intelligence des Sel­kies est glo­ba­le­ment équi­va­lente à l’intelligence humaine, mais fonc­tionne de façon assez dif­fé­rente : alors que l’Homme cherche à maî­tri­ser les forces de la nature par divers moyens tech­niques, le Selkie pos­sède une sorte de conscience éco­lo­gique intui­tive qui lui permet de vivre en har­mo­nie avec son envi­ron­ne­ment natu­rel. Ainsi, il n’existe pas chez les Sel­kies de notion de pro­grès ou d’évolution, leur espèce ayant tou­jours vécu en par­faite adé­qua­tion avec le milieu sous-marin. Étran­gers à toute tech­no­lo­gie, les Sel­kies ne fabriquent pra­ti­que­ment aucun objet, à l’exception de cou­teaux de chasse en os ou de parures de corail et de nacre. Ils ne bâtissent aucune construc­tion, uti­li­sant grottes et cavernes sous-marines comme lieux de repos et de réunion. Leur société est fondée sur le banc, groupe pou­vant atteindre au maxi­mum une tren­taine d’individus. Lorsque ce seuil est dépassé, le banc ne tarde pas à se scin­der en deux bancs plus petits, et ainsi de suite. Créa­tures très paci­fiques, les Sel­kies ignorent la guerre et ne pos­sèdent aucune notion de ter­ri­toire : ils mènent une exis­tence semi-nomade de chas­seurs-cueilleurs, selon quelques lois élé­men­taires que chacun res­pecte de son plein gré. Il n’y a chez eux ni chefs ni cri­mi­nels, les notions d’autorité, de profit ou de domi­na­tion étant appa­rem­ment tota­le­ment absentes de leur psy­cho­lo­gie.

Au sein de cette société aux règles appa­rem­ment fort simples, les indi­vi­dus asexués occupent une posi­tion des plus com­plexes. Jeunes, ils se dis­tinguent de leurs congé­nères par un tem­pé­ra­ment par­ti­cu­liè­re­ment fou­gueux et capri­cieux, fai­sant sou­vent preuve d’une témé­rité et d’une impul­si­vité extrême. Sté­riles et privés de jumeaux, ils gran­dissent géné­ra­le­ment à l’écart de leurs congé­nères, pas­sant sou­vent d’un banc à l’autre ou vivant en soli­taires. Les Sel­kies sexués consi­dèrent leurs jeunes cou­sins asexués avec une sorte d’indulgence fata­liste, car ils savent qu’en chaque sau­va­geon som­meille un futur sage. En effet, les Sel­kies asexués s’assagissent très rapi­de­ment à l’approche de la matu­rité et deviennent même d’un carac­tère son­geur et médi­ta­tif. Vers l’âge de vingt ans, ils se mettent en quête des plus anciens d’entre eux, afin de suivre leur ensei­gne­ment : ces véné­rables Sel­kies, dont l’âge dépasse par­fois deux siècles, sont des Mémo­riens, dépo­si­taires et gar­diens de la mémoire de tout un peuple. Chez les humains, les peuples qui ne connaissent pas l’écriture per­pé­tuent leur his­toire et leurs mythes grâce à la tra­di­tion orale, sous forme de poèmes, de contes et de légendes : dans le cas des Sel­kies, la trans­mis­sion du savoir ances­tral n’est ni écrite ni orale, mais empa­thique, pas­sant d’un Mémo­rien à un autre par un mys­té­rieux pro­ces­sus d’apprentissage psy­chique, dont la nature exacte demeure une énigme même aux yeux des autres Sel­kies.

A pre­mière vue, les Sel­kies évoquent ces bons sau­vages chers au phi­lo­sophe Jean-Jacques Rous­seau, vivant à l’état de nature, dans une igno­rance saine et naïve des vices et des arti­fices de la civi­li­sa­tion. Il faut tou­te­fois se garder de toute inter­pré­ta­tion sim­pliste de la culture selkie : anciens esclaves des Atlantes, les Tri­tons connaissent tout à fait les notions de tech­no­lo­gie et de civi­li­sa­tion, notions que leurs ancêtres ont pré­féré bannir à tout jamais du monde des pro­fon­deurs. La connais­sance des ori­gines fort sin­gu­lières de cette espèce apporte sans doute un début d’explication à nombre de ses bizar­re­ries phy­sio­lo­giques et cultu­relles… En effet, l’espèce des Sel­kies n’est pas le résul­tat d’un quel­conque pro­ces­sus d’évolution natu­relle mais le pro­duit de l’ancienne science des Atlantes. Capables de mani­pu­ler à leur gré la struc­ture géné­tique de n’importe quel orga­nisme vivant, les savants atlantes façon­nèrent les Sel­kies à partir de cel­lules d’humains et de dau­phins, dans le seul but d’obtenir une espèce par­fai­te­ment adap­tée à la pros­pec­tion et à la récolte du Vul­ca­nium sous-marin. Les Mémo­riens conservent le sou­ve­nir de cette créa­tion arti­fi­cielle sous la forme de mythes imagés au sujet d’une grande matrice où les sor­ciers-savants atlantes auraient mêlé et modelé à leur gré la semence du père des dau­phins et celle d’un homme des rivages issu d’un peuple aujourd’hui oublié. Les légendes des Sel­kies racontent ensuite com­ment les Atlantes asser­virent les enfants de la matrice, qu’ils avaient modelé à leur gré pour récol­ter la pierre rouge au fond des océans… Les Atlantes veillèrent éga­le­ment à ce que cette race forgée de toutes pièces soit dotée d’un carac­tère docile et peu agres­sif, par­fai­te­ment adapté à sa fonc­tion d’esclave. Les Sel­kies seraient pro­ba­ble­ment restés un peuple soumis et passif si la Nature ne s’était char­gée de reprendre le contrôle de la situa­tion : lorsque les pre­miers Sel­kies asexués appa­rurent, les savants atlantes attri­buèrent leur exis­tence à un inex­pli­cable inci­dent, qu’ils ten­tèrent en vain d’enrayer. Dotés d’un carac­tère tota­le­ment opposé à celui des Sel­kies ordi­naires, les Mémo­riens ten­tèrent sans relâche de sou­le­ver leurs congé­nères contre le joug cruel de leurs tout-puis­sants maîtres, béné­fi­ciant par­fois de l’aide de tribus humaines rebelles et de quelques idéa­listes atlantes révol­tés par la déca­dence de leur société. Seule la des­truc­tion de l’orgueilleuse Atlan­tide, fou­droyée par « le feu du ciel » et englou­tie par « la colère de l’océan », libéra fina­le­ment les Sel­kies de leur escla­vage : quant au Déluge, il donna lieu à un grand exode où s’illustrèrent de nom­breux Mémo­riens, qui surent guider le peuple des Sel­kies vers des mers fer­tiles et hos­pi­ta­lières, loin du tumulte des élé­ments déchaî­nés… Grâce à la clair­voyance et la déter­mi­na­tion des Mémo­riens, les Sel­kies purent s’adapter à leur liberté nou­vel­le­ment conquise et deve­nir les seuls maîtres de leur des­ti­née.

Quelque part dans les pro­fon­deurs de l’océan atlan­tique, non loin d’une ancienne Porte tem­po­relle, se trouve un des Sanc­tuaires de connais­sance construits par les der­niers Atlantes éclai­rés peu avant la chute de leur civi­li­sa­tion. Pour les Sel­kies, ce Sanc­tuaire est la tombe des Atlantes, un lieu sacré qui doit rester inviolé jusqu’à ce que s’accomplisse une pro­phé­tie connue de tous les Mémo­riens : selon cette pro­phé­tie, lorsque la des­truc­tion fera rage au-dessus des flots, le « der­nier sage de la sur­face » vien­dra trou­ver les Sel­kies pour que ceux-ci le mènent jusqu’à la tombe des Atlantes, où il pourra trou­ver le savoir néces­saire à sa vic­toire sur les sei­gneurs du monde sans mer, ter­ribles et mys­té­rieuses enti­tés aux des­seins des­truc­teurs : cette pro­phé­tie est en passe d’être accom­plie par Nemo, en qui la plu­part des Sel­kies ont reconnu le fameux « der­nier sage de la sur­face »…

Origine du nom Selkies Le nom que se donnent les Selkies dans leur propre langage télépathique peut être traduit par le peuple de la mer. C’est un homme d’équipage du Nautilus, originaire des Iles Orcades, qui leur donna pour la première fois le nom de Selkies. Dans le folklore du nord de l’Écosse, les Selkies sont des sirènes capables de se métamorphoser en phoques ou en dauphins, et dotées d’un caractère foncièrement bienveillant — sauf lorsqu’un mortel imprudent s’en prend à l’une d’entre elles ou se met en tête de dérober leurs trésors. Il ne fait aucun doute que ces légendes constituent le souvenir plus ou moins déformé de rencontres entre humains et membres du peuple de la mer, interprétation qui peut probablement s’appliquer à d’autres êtres imaginaires du même type, sirènes, nixes, morgans et autres tritons. L’existence même de ces légendes témoigne des rapports complexes que les Selkies entretenaient autrefois avec les hommes de la terre ferme, rapports où la crainte le disputait à la curiosité — avec même parfois un véritable sentiment de fascination et d’attraction, particulièrement chez les Selkies solitaires ayant perdu leur âme sœur… Quant aux histoires de naufrages provoqués par des sirènes ou des tritons, il semble qu’elles résultent surtout de réactions typiquement humaines de peur et d’incompréhension face à l’inconnu ; il n’est toutefois pas exclu que certains accidents parfois désastreux aient été occasionnés par de jeunes Mémoriens inconscients ou désireux de venger la mort d’une baleine harponnée par des pêcheurs.

Leur ren­contre et leur alliance avec le Capi­taine Nemo a marqué un tour­nant dans l’histoire des Sel­kies, tout par­ti­cu­liè­re­ment pour ceux qui se sont enga­gés acti­ve­ment dans la Guerre Secrète en rejoi­gnant les rangs du Club en tant que membres extra­or­di­naires. Pour l’instant, ces agents d’un genre par­ti­cu­lier se sont sur­tout can­ton­nés à la récolte du Vul­ca­nium sous-marin et à des mis­sions de recon­nais­sance, en liai­son avec Nemo et son équi­page, mais tous savent qu’ils auront un rôle déci­sif à jouer lorsque le Sym­po­sium sera lui aussi en mesure d’explorer le fond des océans, à la recherche du pré­cieux mine­rai, ou de lancer ses propres sub­mer­sibles à la pour­suite du Nau­ti­lus.

En termes de jeu, tous les Sel­kies pos­sèdent les Atouts sui­vants : Adresse Excep­tion­nelle, Ath­lète Accom­pli, Consti­tu­tion Robuste, Empa­thie Ani­male, Esprit Intui­tif et Vigi­lance Constante. Les Mémo­riens pos­sèdent éga­le­ment une Mémoire Éton­nante. Les Atouts suivis d’une étoile (*) ne sont pris en compte qu’en milieu sous-marin ; quant à l’Atout d’Empathie Ani­male, il avan­tage le Selkie dans toutes les situa­tions d’interaction avec les mam­mi­fères marins (dau­phins, baleines etc.).

Le monde des Abysses

Situé dans les grandes pro­fon­deurs des océans, le royaume des Sel­kies est resté inac­ces­sible à l’Homme depuis la chute de l’Atlantide. Pour l’instant, seul le Nau­ti­lus a pu décou­vrir ce monde, avec ses mys­tères, ses mer­veilles et ses dan­gers… En dehors des ves­tiges atlantes et des gise­ments de vul­ca­nium sous-marins, les Abysses abritent éga­le­ment une flore et une faune sous-marine tota­le­ment incon­nue de la science, sur­vi­vance du loin­tain passé de la Terre. Si la plu­part de ces espèces sont aussi étranges qu’inoffensives, d’autres peuvent consti­tuer une sérieuse menace, même pour un vais­seau aussi for­mi­dable que le Nau­ti­lus – c’est notam­ment le cas des kra­kens, gigan­tesques cépha­lo­podes soli­taires se nour­ris­sant prin­ci­pa­le­ment de baleines et de cacha­lots (et donc sus­cep­tibles d’attaquer par erreur tout ce qui y res­semble…). Le fameux combat contre pieuvre géante décrit dans « Vingt Mille Lieues sous les Mers » est l’écho d’un ren­contre bien réelle entre le Nau­ti­lus et l’une de ces mons­trueuses créa­tures.

Les Hommes Taupes

Ces étranges huma­noïdes sub­ter­ra­niens vivent dans de vastes réseaux de gale­ries et de cavernes, loin de la sur­face et du monde des hommes, où ils ne s’aventurent presque jamais, car ils craignent plus que tout la lumière du soleil. Leur véri­table nom s’est perdu dans le brouillard des siècles, mais les légendes trans­mises par nos loin­tains ancêtres conservent cer­taines traces de leur exis­tence, sous le masque des gnomes, gobe­lins, lémures, trolls et autres génies sou­vent mal­fai­sants du monde infé­rieur. En réa­lité, les Hommes Taupes sont les des­cen­dants dégé­né­rés d’une espèce jadis créée par les Atlantes pour extraire le Vul­ca­nium des pro­fon­deurs de la Terre. Comme celle des Sel­kies, l’espèce des Hommes Taupes sur­vé­cut à la chute de l’Atlantide et au grand cata­clysme qui s’ensuivit, vivant pen­dant des dizaines de mil­liers d’années à l’écart de leurs loin­tains cou­sins humains… jusqu’à ce que ces der­niers ne s’aventurent un peu trop loin sous la sur­face, en quête du pré­cieux mine­rai.

L’Homme Taupe a une mor­pho­lo­gie huma­noïde, et pour­rait même passer pour un être humain de petite taille dans l’obscurité, à tra­vers un épais brouillard ou à une très grande dis­tance. D’ossature extrê­me­ment trapue, il mesure géné­ra­le­ment entre un mètre trente et un mètre cin­quante, mais semble plus petit à cause de sa démarche voûtée. Son épi­derme, d’un gris lai­teux, est incroya­ble­ment résis­tant. Ses mains sont pour­vues de cinq doigts, nantis de griffes épaisses capables d’entamer la pierre la plus solide. Son visage est sans doute ce qui sépare le plus l’Homme Taupe de l’être humain : son front fuyant, ses arcades sour­ci­lières pro­émi­nentes et sa mâchoire saillante évoquent assez ceux d’un pithé­can­thrope ; ses oreilles atro­phiées sont presque indis­cer­nables et ses yeux exor­bi­tés sont sem­blables à deux globes jau­nâtres phos­pho­res­cents.

Sur le plan phy­sio­lo­gique, les Hommes Taupes sont de par­faits mam­mi­fères. Leur espé­rance de vie moyenne est d’environ quatre-vingts ans, mais peut atteindre une cen­taine d’années pour les indi­vi­dus par­ti­cu­liè­re­ment robustes. Les femelles sont géné­ra­le­ment un peu plus petites que les mâles, et sont dotées de six mamelles : leur cycle de ges­ta­tion est de seule­ment trois mois, avec des por­tées comp­tant géné­ra­le­ment de trois à six petits. Le carac­tère extrê­me­ment pro­li­fique de l’espèce ne pro­voque tou­te­fois aucune infla­tion démo­gra­phique, l’existence des Hommes Taupes étant sou­mise aux lois d’une sélec­tion par­ti­cu­liè­re­ment cruelle. Dès les pre­mières années de sa vie, le petit Homme Taupe est rapi­de­ment rangé dans l’une des deux caté­go­ries sui­vantes : les forts, qui méritent de sur­vivre, et les faibles, qui sont uti­li­sés comme bétail par leurs propres congé­nères. Ce pro­ces­sus de sélec­tion ins­tinc­tive ne sus­cite aucune révolte chez les vic­times, qui acceptent leur sort avec la doci­lité fata­liste de la bête menée à l’abattoir. A l’origine, les Hommes Taupes n’étaient pro­ba­ble­ment pas can­ni­bales, mais la dégé­né­res­cence de leur espèce et les néces­si­tés de l’adaptation natu­relle ont irré­mé­dia­ble­ment modi­fié leur ins­tincts. Notons qu’ils se nour­rissent éga­le­ment de racines, de fungi et de toutes sortes de petits ani­maux sou­ter­rains — ils seraient en outre ravis de goûter à la chair humaine au cas où d’imprudents intrus venus de la sur­face vien­draient à s’aventurer dans leur domaine… Leurs cordes vocales atro­phiées ne leur per­mettent pas de pro­duire autre chose que de vagues chuin­te­ments inar­ti­cu­lés (qu’ils sont d’ailleurs eux-mêmes inca­pables d’entendre), mais ces créa­tures pos­sèdent bel et bien une forme de lan­gage pri­mi­tif (voir ci-des­sous). Les Hommes Taupes se dis­tinguent éga­le­ment des humains par leur incroyable résis­tance phy­sio­lo­gique (ils sont immu­ni­sés à la plu­part des mala­dies et des poi­sons natu­rels) et par le fonc­tion­ne­ment de leurs organes sen­so­riels. Chez eux, le sens le plus déve­loppé est l’odorat, com­pa­rable au flair des meilleurs chiens de chasse. Leurs yeux natu­rel­le­ment phos­pho­res­cents leur per­mettent de voir assez net­te­ment dans l’obscurité ; ils pos­sèdent éga­le­ment un sens par­ti­cu­lier, qui leur permet de s’orienter de façon quasi-infaillible dans leur envi­ron­ne­ment sou­ter­rain, mais aussi de per­ce­voir avec une extra­or­di­naire acuité les vibra­tions de l’air, les chan­ge­ments de tem­pé­ra­ture. Ce sens com­pense le manque d’acuité de leur ouïe, très infé­rieure à celle des humains. A peu près com­plè­te­ment sourds, les Hommes Taupes ne réagissent qu’aux sons par­ti­cu­liè­re­ment aigus et stri­dents — sons qui ont géné­ra­le­ment pour effet de les déso­rien­ter tota­le­ment et de les plon­ger dans le plus grand affo­le­ment. L’autre grande fai­blesse phy­sio­lo­gique des Hommes Taupes est leur extrême sen­si­bi­lité à la lumière, natu­relle comme arti­fi­cielle : un éclair lumi­neux par­ti­cu­liè­re­ment intense (comme par exemple le flash d’un appa­reil pho­to­gra­phique) peut les aveu­gler de façon per­ma­nente, et endom­ma­ger à jamais leurs facul­tés de per­cep­tion par­ti­cu­lière — ce qui les condamne à une mort presque cer­taine à plus ou moins long terme. Une source de lumière moins intense suffit à les plon­ger dans une ter­reur panique, et même la flamme d’une allu­mette ou d’un bri­quet peut les effrayer. C’est prin­ci­pa­le­ment pour cette raison que les Hommes Taupes ne s’aventurent presque jamais à la sur­face, et encore moins près des lieux habi­tés par les hommes, qu’ils ont appris à redou­ter. A l’époque pré­his­to­rique, les Hommes Taupes effec­tuaient encore quelques fur­tives expé­di­tions noc­turnes à la sur­face, afin de se pro­cu­rer de la nour­ri­ture (le plus sou­vent sous la forme d’êtres humains en bas âge) et, à l’occasion, des armes et des outils ; au fil des géné­ra­tions, les tribus humaines apprirent à com­battre l’ennemi sou­ter­rain, le repous­sant défi­ni­ti­ve­ment (?) dans les entrailles de la Terre par le pou­voir du feu et du métal. Peu à peu, le sou­ve­nir de l’existence des Hommes Taupes se fondit dans les brumes de la légende, avant de dis­pa­raître tout à fait de la mémoire humaine.

Les Hommes Taupes vivent dans d’immenses cavernes sou­ter­raines, presque tou­jours situées à proxi­mité des gise­ments de Vul­ca­nium qu’exploitaient leurs loin­tains ancêtres. La struc­ture de leur société est des plus rudi­men­taires, fondée sur une loi aussi simple que cruelle : celle du plus fort. Les Hommes Taupes vivent géné­ra­le­ment en colo­nies, dont la taille varie sur­tout en fonc­tion des dimen­sions de la caverne qui leur sert d’habitat, une colo­nie pou­vant comp­ter d’une ving­taine à plu­sieurs cen­taines d’individus, avec tou­jours à peu près autant de forts que de faibles. Si le sur­peu­ple­ment menace, l’instinct des Hommes Taupes les pousse à ranger tous les nou­veaux-nés dans la caté­go­rie des faibles et à les dévo­rer dès leur plus jeune âge, afin de main­te­nir la popu­la­tion à un niveau à peu près constant. Les colo­nies d’Hommes Taupes sont géné­ra­le­ment très éloi­gnées les unes des autres, et n’entretiennent entre elles ni échange ni conflit. Par contre, les guerres intes­tines ne sont pas rares, et semblent même consti­tuer un élé­ment inévi­table de la vie de l’espèce. De telles luttes ont tou­jours pour ori­gine une que­relle entre forts et se soldent inva­ria­ble­ment par la mise à mort des per­dants, qui sont ensuite dévo­rés au cours d’un grand festin can­ni­bale.

Créa­tures bru­tales et dégé­né­rées, les Hommes Taupes font montre d’une intel­li­gence extrê­me­ment limi­tée et très peu dif­fé­ren­ciée sui­vant les indi­vi­dus. En revanche, l’espèce pos­sède une sorte de mémoire ances­trale com­mune, ata­vique et ins­tinc­tive, où se trouvent conser­vées les infor­ma­tions vitales à sa survie — comme par exemple l’existence des habi­tants de la sur­face. Les Hommes Taupes ne sont pas doués de parole, mais pos­sèdent une forme de lan­gage ges­tuel et cor­po­rel rudi­men­taire per­met­tant de tra­duire des notions essen­tielles comme la faim, l’autorité, la sou­mis­sion ou encore la pré­sence d’un danger. Ils sont en revanche capables de com­mu­ni­quer entre eux à dis­tance, en frap­pant sur les parois d’une gale­rie ou d’une caverne avec un outil quel­conque, sui­vant une sorte de code ultra-pri­mi­tif com­posé de quelques signaux carac­té­ris­tiques : appel, alerte etc. Les Hommes Taupes n’entendent pas les sons ainsi pro­duits, mais en per­çoivent les vibra­tions (ainsi que leur direc­tion, leur dis­tance etc.) avec une incroyable acuité. En l’absence d’un véri­table lan­gage, les Hommes Taupes n’ont pu déve­lop­per ni culture ni tech­no­lo­gie, du moins au sens clas­sique du terme. Sur le plan tech­nique, ils sont capables d’utiliser des outils rudi­men­taires pour tran­cher, percer, casser, creu­ser en fonc­tion de leurs besoins ; quant à leur vie cultu­relle, elle se limite à l’exécution d’immenses fresques rupestres sur les parois de leurs cavernes. Exé­cu­tées à l’aide de pig­ments d’origine miné­rale, végé­tale ou ani­male, ces étranges pein­tures, dont la raison d’être demeure un inson­dable mys­tère, se limitent géné­ra­le­ment à des repré­sen­ta­tions très pri­mi­tives d’Hommes Taupes seuls ou en groupes, entou­rés de motifs aussi abs­traits qu’énigmatiques. Il est pos­sible que ces pein­tures aient pour voca­tion de déli­mi­ter le ter­ri­toire de chaque colo­nie, ou peut-être de le pro­té­ger de façon sur­na­tu­relle.

En 1890, les Hommes Taupes se terrent tou­jours dans les entrailles de la pla­nète, loin du monde des hommes et de sa bruyante civi­li­sa­tion, mais la décou­verte du Vul­ca­nium pour­rait bien bou­le­ver­ser cette situa­tion. La recherche du mine­rai-pro­dige va amener l’homme à des­cendre à des pro­fon­deurs où il ne s’était jamais aven­turé aupa­ra­vant… Tôt ou tard, il empiè­tera sans le savoir sur le ter­ri­toire sou­ter­rain des Hommes Taupes. Tôt ou tard, des rumeurs au sujet de mys­té­rieux des­sins, d’ombres fur­tives et d’yeux jaunes phos­pho­res­cents entra­per­çus au détour d’un boyau se met­tront à cir­cu­ler parmi les mineurs. Se sen­tant mena­cés par leur ancien ennemi, les Hommes Taupes ne tar­de­ront pas à passer à l’action. Ca et là, des mineurs com­men­ce­ront à dis­pa­raître de façon inex­pli­cable. Les diri­geants de la Com­pa­gnie Géné­rale des Mines et la Bri­tish Mining Cor­po­ra­tion veille­ront évi­dem­ment à étouf­fer ces étranges acci­dents, qu’ils ten­te­ront d’élucider en envoyant sous terre des unités de sécu­rité, qui pour­raient bien dis­pa­raître à leur tour… Pous­sés dans leurs der­niers retran­che­ments, les Hommes Taupes pour­raient alors de nou­veau s’aventurer à la sur­face, atta­quant les ins­tal­la­tions minières iso­lées, mas­sa­crant ou enle­vant leurs occu­pants, lais­sant peut-être der­rière eux des marques de leur pas­sage (des­sins, empreintes etc.) ou quelque sur­vi­vant ter­ri­fié en mesure de révé­ler leur exis­tence à une huma­nité incré­dule. Dans ce cas, il y a fort à parier que le Sym­po­sium, une fois averti du danger, ferait tout pour empê­cher la nou­velle d’être divul­guée, afin d’éviter toute curio­sité super­flue autour des gise­ments de Vul­ca­nium placés sous son contrôle. Les Hommes Taupes pour­raient alors deve­nir l’objet d’un nou­veau secret et d’un nou­veau Pro­gramme, des­tiné à les exter­mi­ner, ou peut-être à les uti­li­ser comme sujets d’expérience pour quelque dia­bo­lique projet du Dr Gregor.

Quant aux Invi­sibles, ils ignorent eux aussi (pour l’instant) l’existence des Hommes Taupes. Plus pré­ci­sé­ment, ils ignorent que la race sou­ter­raine créée par les Atlantes pour récol­ter le Vul­ca­nium (et dont l’existence est men­tion­née dans les cylindres atlantes du Nau­ti­lus) a sur­vécu au cata­clysme. Dans le futur d’origine du Capi­taine Nemo, le Sym­po­sium avait réussi à garder leur exis­tence secrète et à exter­mi­ner la plu­part d’entre eux à l’aide d’une variante sur­puis­sante du Brouillard Vert… mais les choses pour­raient très bien suivre un autre cours dans ce monde-ci : et si un agent du Club, infil­tré comme ingé­nieur, mineur ou admi­nis­tra­teur au sein de la Com­pa­gnie Géné­rale des Mines, venait à décou­vrir leur exis­tence ? Que se pas­se­rait-il alors ? En tant que pro­ta­go­nistes de l’univers d’Uchronia, les Hommes Taupes sont entre les mains du Chro­ni­queur : celui-ci est libre d’ignorer com­plè­te­ment leur exis­tence ou, à l’inverse, d’en faire le thème cen­tral d’une ou plu­sieurs intrigues. Sur le plan dra­ma­tique, ces créa­tures offrent l’avantage non-négli­geable de pou­voir être pré­sen­tés sous dif­fé­rents éclai­rages : monstres dégé­né­rés surgis des pro­fon­deurs, objets de curio­sité et de spé­cu­la­tion scien­ti­fique, pitoyables vic­times de la cupi­dité humaine — ou tout cela à la fois…

En termes de jeu, l’Homme Taupe typique pourra être consi­déré comme un pro­ta­go­niste secon­daire, doté des Atouts Consti­tu­tion Robuste, Féro­cité et Vigi­lance Constante. Ses puis­santes griffes lui per­mettent d’infliger de véri­tables bles­sures, exac­te­ment comme une bête sau­vage.

Un air de famille

Les Hommes Taupes d’Uchronia pos­sèdent un cer­tain nombre de points com­muns avec les effrayants Mor­locks décrits par Her­bert George Wells dans son roman « La Machine à Explo­rer le Temps »… de même que les Pro­mé­théens rap­pellent par de nom­breux côtés les ter­ri­fiants Mar­tiens de « La Guerre des Mondes ». Rap­pe­lons que, dans le monde d’Uchronia, H.G. Wells est membre du Club : en 1890, il n’a pas encore entamé sa car­rière lit­té­raire — qu’il n’entamera peut-être jamais, compte tenu de son impli­ca­tion dans la Guerre Secrète et de l’incertitude qui plane sur l’histoire future de la Terre d’Uchronia…

Les Adeptes

Les Adeptes existent en marge des prin­ci­paux élé­ments du back­ground d’Uchronia. Comme c’est le cas pour de nom­breuses autres com­po­santes de ce back­ground, leur exis­tence est stric­te­ment option­nelle et lais­sée à l’entière appré­cia­tion du Chro­ni­queur.

Les années 1890 four­millent de soi-disants thau­ma­turges, sor­ciers et autres démo­no­logues ins­pi­rés : dans le monde d’Uchronia, ces magi­ciens sont presque tous des char­la­tans, des illu­mi­nés ou les deux à la fois. Quant aux fameux ordres pseudo-her­mé­tiques qui fleu­rissent dans le sillage de la célèbre Golden Dawn et des révé­la­tions théo­so­phiques de Madame Bla­vatsky, la plu­part d’entre eux ne sont que des ramas­sis d’imposteurs plus ou moins méga­lo­manes ou de dilet­tantes blasés en quête de nou­velles sen­sa­tions… Tout semble donc indi­quer, du moins à pre­mière vue, que dans l’univers d’Uchronia, la Magie n’existe pas… ce qui est à la fois vrai et faux. Les lois du monde d’Uchronia res­tent domi­nées par la science et la tech­no­lo­gie et n’accordent donc aucune réa­lité aux pou­voirs des jeteurs de sor­ti­lèges, nécro­mants et autres ensor­ce­leurs. Par contre, les recoins les plus mys­té­rieux de son his­toire secrète dis­si­mulent l’existence d’une forme de savoir magique jalou­se­ment pré­servé et pra­ti­qué par quelques indi­vi­dus, membres d’un ordre occulte plu­sieurs fois mil­lé­naire, si secret que la plu­part des socié­tés secrètes ignorent jusqu’à son exis­tence…

L’ordre en ques­tion n’a pas de nom atti­tré, car il n’en a pas besoin. Par mesure de clarté, nous l’appellerons l’ordre des Adeptes, du nom que se donnent eux-mêmes ses membres. Ceux-ci sont fort peu nom­breux, l’accès au savoir immé­mo­riel de l’ordre étant stric­te­ment réservé à quelques élus, triés sur le volet : à l’époque d’Uchronia, l’ordre ne compte guère plus d’une ving­taine de membres, dis­per­sés à tra­vers le monde. Tous acceptent l’autorité d’un des quatre Grands Maîtres de l’ordre, que l’on dit immor­tels…

A l’origine, les pre­miers Adeptes tirent leur savoir des cylindres conte­nus dans un Sanc­tuaire atlante perdu dans les hau­teurs de l’Himalaya, le seul (avec le Sanc­tuaire sous-marin des­tiné à être redé­cou­vert par Nemo) à avoir sur­vécu à la chute de l’Atlantide. Décou­vert vers –3000 avant notre ère, ce savoir fut ensuite trans­mis à tra­vers les siècles, de géné­ra­tion en géné­ra­tion, de maître à dis­ciple.

La magie des Adeptes a donc la même ori­gine que la science ultra-avan­cée uti­li­sée par le Club (les fameux cylindres atlantes) mais se mani­feste sous une forme tota­le­ment dif­fé­rente : celle de rituels et de sor­ti­lèges per­met­tant aux Adeptes d’affecter les lois natu­relles par l’intermédiaire de la Qua­trième Dimen­sion. A l’origine, ces rituels et ces sor­ti­lèges étaient consi­dé­rées par les Atlantes comme des pro­cé­dures scien­ti­fiques : ce sont les Adeptes qui, selon leur logique mys­tique, ont fait de ces connais­sances un savoir her­mé­tique, réservé à de rares ini­tiés. Ce mode de trans­mis­sion a évi­dem­ment abouti à l’érosion pro­gres­sive de ce savoir et la puis­sance des Adeptes des années 1890 n’est que le pâle reflet de celle des pre­miers ini­tiés. Cela dit, ils n’en demeurent pas moins les héri­tiers du savoir de l’ancien Atlan­tide : même incom­plètes, frag­men­taires et déna­tu­rées, leurs connais­sances leur per­mettent bel et bien d’accomplir quelques pro­diges incon­nus de la science moderne. Sur un plan très concret, les pou­voirs des Adeptes leur per­mettent par exemple de pro­je­ter leurs pen­sées à dis­tance, de domi­ner la matière par la seule force de leur esprit ou encore de se télé­por­ter à tra­vers le fameux réseau tel­lu­rique redé­cou­vert par le pro­fes­seur Bar­ry­more… Les plus puis­sants d’entre eux seraient même capables de ralen­tir le vieillis­se­ment de leur orga­nisme au point d’acquérir une lon­gé­vité de plu­sieurs siècles…

Mais tout cela, pour l’instant, est des­tiné à rester dans l’ombre. Si les Adeptes existent bel et bien, ils ne jouent (pour l’instant) aucun rôle dans la Guerre Secrète et semblent s’intéresser davan­tage à la pré­ser­va­tion de leur savoir secret qu’à la des­ti­née de la pla­nète. Mais, dans un monde comme celui d’Uchronia, tout est tou­jours pos­sible… Que se pas­se­rait-il si une expé­di­tion orga­ni­sée par l’Institut Bain­bridge (pour le compte de la Machine) décou­vrait le mys­té­rieux Sanc­tuaire hima­layen et ses secrets mil­lé­naires ? Que se pas­se­rait-il si, par l’intermédiaire d’un médium, ou de quelque ves­tige atlante, le Club entrait en contact avec l’un des quatre Grands Maîtres de l’Ordre ? Sans parler des expé­riences du Pro­fes­seur Bar­ry­more, qui pour­raient bien finir par pro­vo­quer sa ren­contre avec les véri­tables « pro­prié­taires » du réseau de trans­fert tel­lu­rique…

Les Adeptes, leurs pou­voirs et leur his­toire seront exa­mi­nés en détail dans un pro­chain sup­plé­ment d’Uchronia. En atten­dant, libre à vous d’ignorer leur exis­tence, de la lais­ser trans­pa­raître à tra­vers d’infimes mais trou­blants détails ou de mettre en scène votre propre inter­pré­ta­tion de ce pan du back­ground d’Uchronia.


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