La magie en Terre du Milieu

Pour partir de sources sérieuses, nous avons choisi un éminent Tolkiendil, Erik Tracy, dont l’étude « Magie et Sorts en Terre du Milieu » , traduite de l’anglais par Odilon Dubost sur le site tolkiendil.com, va nous servir de base pour envisager une transposition dans le jeu de rôles. Il est conseillé aux MJs et aux joueurs de mages de lire l’ensemble de l’étude.
La magie existe-t-elle en Terre du Milieu ?
Tolkien admet que la « magie » existe en Terre du Milieu, mais seulement certains personnages peuvent l’utiliser.
Nous avons ici une confirmation d’une évidence : le monde de la Terre du Milieu est baigné dans la magie, la magie existe, son accès est simplement restreint à certaines personnes. Ouf ! Voyons quelles sont les créatures supposées utiliser cette magie.
Qui peut utiliser cette magie ?
Tolkien pensait que la « magie » en Terre du Milieu était dérivée d’une force inhérente à l’individu. Les Elfes ont reçu cette capacité, mais les Hommes et les autres races de la Terre du Milieu (Nains, Hobbits, Orques, etc.) n’ont pas ce type de pouvoir.
Remarquons que Tolkien fait une distinction entre l’utilisation de la « magie » et celui de « sorts » . De toutes les races de la Terre du Milieu, seuls les Elfes (et les Magiciens, mais ils ne sont pas une race) peuvent se servir de la magie — c’est-à-dire l’utilisation d’un pouvoir inné et inhérent de créer des états ou des objets. Cependant, il continue à expliquer qu’il y a quelques exceptions à cela (comme presque tout en Terre du Milieu), plus particulièrement dans le cas d’Aragorn, à cause de son ascendance elfique.
« La faculté de guérir d’Aragorn peut être considérée comme « magique », ou au moins comme un mélange de magie, de pharmacie et de procédés « hypnotiques ». Mais c’est (en théorie) rapporté par les Hobbits, qui ont de très faibles connaissances en philosophie et en science ; de plus Aragorn n’est pas un « Homme » pur, mais un lointain descendant des « Enfants de Lúthien ». »
Letters of J.R.R. Tolkien n°155.
Cette analyse nous donne les premières bases de travail : les Elfes utilisent la magie de manière innée, sans support, et ils puisent la mana (le pouvoir magique) en leur for intérieur.
N’y a-t-il aucun exemple de mortels faisant usage de la magie ?
Si, comme toute chose en Terre du Milieu chez Tolkien, il semble y avoir des exceptions.
Notez les mots de Gandalf lorsque la compagnie essaye d’entrer par les portes de la Moria :
« Je connaissais tous les sorts dans toutes les langues elfiques, humaines ou même orques, qui étaient employés dans ce but. »
(Le Seigneur des Anneaux — La Communauté de l’Anneau — Un voyage dans l’obscurité).
Ce passage implique que d’autres races (même les Orques) peuvent utiliser des sorts dans le but d’ouvrir les portes. Cependant il est plus probable que le Portes de la Moria furent elles-mêmes « magiques », avec un mot/sort spécifique qui doit être dit pour les ouvrir : « Mellon ».
Les jeteurs de sorts non elfiques sont donc très rares mais ils existent. Ces autres races n’ont pas de source innée de magie et doivent donc puiser la mana dans des sources extérieures pour jeter des sorts.
Quelle est la nature de cette magie ?
La nature de la magie est enveloppée dans la philosophie tolkienienne du pouvoir et de la domination :
« La magie elfique est un Art, libéré pour beaucoup de ses limites humaines, plus facile, plus rapide, plus complète (produit et vision, dans un correspondance parfaite) Et son but est l’Art, non le Pouvoir, la création, non la domination ou une réforme tyrannique de la création… L’Ennemi est toujours « naturellement » en rapport avec la pure domination, tout comme le Seigneur de la magie et des machines… »
Letters of J.R.R. Tolkien n°131.
La bonne magia est censée être artistique dans le but de créer ou de faire persévérer la beauté, contrairement à la mauvaise magia, qui est utilisée comme « fourberie » ou pour dominer les désirs des autres. Tolkien explique les différences de type et de motivation de la magie dans une autre de ses lettres :
« Mais je suppose que, dans l’optique du conte, d’aucuns diraient qu’il y a une distinction latente comme celle entre « magia » et « goetia ». Galadriel parle des « fourberies de l’Ennemi ». Bien, mais la magia peut avoir été considérée comme bonne (per se), et la goetia mauvaise. Ni l’une ni l’autre n’est dans cette histoire bonne ou mauvaise (per se) sauf dans leur mobile ou leur but. Chacun utilise les deux, mais pour des buts différents. Le motif le plus mauvais est la domination des autres « esprits libres ». Les opérations de l’Ennemi ne sont en aucun cas toutes des fourberies gothiques, mais de la magie qui donne des effets réels dans le monde physique. Il utilise sa magia pour forcer choses et personnes, et sa goetia pour terrifier et subjuguer. Les Elfes et Gandalf usent (avec modération) leur magia : une magia qui produit des effets réels (comme mettre le feu à des brindilles mouillées) dans certains buts salutaires. Les effets gothiques sont entièrement artistiques et n’ont pas l’intention de tromper : ils ne trompent jamais les Elfes (mais peuvent abuser ou étonner les Hommes ignorants) car la différence pour eux est aussi claire que pour nous celle de la fiction, la peinture, la sculpture… et la vie. »
Letters of J.R.R. Tolkien n°155
Il existe donc deux grands types de magie : la magie de type elfique utilisée par les Peuples Libres et la magie de l’Ennemi, pratiquée par les forces sombres de Melkor et de Sauron.
La magie dans HARP | Terre du Milieu
On peut donc statuer, pour simplifier les choses dans le cadre de nos jeux de rôles en restant cohérent avec les écrits du Professeur :
- Les elfes utilisent des pouvoirs innés pour créer des effets magiques, ils sont leur propre source de mana et leurs incantations sont souvent chantées.
- Les autres races, dont les hommes, se servent de catalyseurs pour jeter des sorts, que ce soient des bâtons pour les mages ou des runes pour les nains. Ils puisent la mana dans des sources externes et leurs incantations sont parlées ou écrites.
- Les races sous l’emprise de l’Ennemi font elles appel au sombre pouvoir pour invoquer de la sorcellerie, une magie dont les buts sont néfastes. Ils ont aussi besoin d’une source de mana externe pour lancer leurs incantations parlées.
Nous allons donc définir deux grands regroupements pour les sphères de magie, le « libram magia » pour la magie des Peuples Libres, dont le mode d’accès diffèrera suivant la race (Elfe, Homme, Nain) du jeteur de sorts, et le « libram goetia », réservée aux serviteurs de l’Ennemi.
Auteur : Mando [17/10/2004]
Sources : Tolkiendil — Auteur de l’essai cité : Erik Tracy. Cité avec autorisation.
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