L’Éveil et la marche des Elfes

Auteur : © Léo pour la Cour d’Obéron
Origines
Les Elfes, ou Quendi, sont les Premiers Enfants d’Ilúvatar, destinés par lui à peupler le monde en premier.
Ils s’éveillèrent en l’an 1050 des Années des Arbres de Valinor, près des Eaux de l’Éveil, sur la rive ouest du lac Cuiviénen, sous les étoiles de Varda. Ces premiers Elfes étaient 144, une moitié d’hommes et l’autre de femmes. On dit que quand les Elfes se réveillèrent, la première chose qu’ils virent fut le ciel et ses étoiles, et ils s’écrièrent « El ! » pour inviter les suivants à regarder aussi. Mais la première chose que virent les femmes fut leurs époux, et immédiatement après, les étoiles. Ainsi Varda (Elbereth) est-elle de tous les Valar celle à qui les Elfes offrent en premier leur amour, leur respect, et leurs prières. Ils nommèrent ensuite toutes les choses qui les entouraient, c’est pourquoi ils s’appelèrent eux-mêmes les « Quendi » (ceux qui parlent avec une voix). On dit que parmi les Elfes, les trois premiers qui s’éveillèrent devinrent par la suite les chefs des trois tribus. Le premier fut nommé Imin (« Un »), le deuxième Tata (« Deux ») et le troisième Enel (« Trois »).
Que les Quendi soient les plus belles créatures terrestres, qu’ils possèdent et imaginent et fassent apparaître plus de beauté que tous mes autres Enfants et qu’ils trouvent le plus grand bonheur en ce monde.
Histoire commune
Les Elfes se scindèrent dès le début en trois tribus, qui vivaient alors ensemble, en parfaite harmonie, et parlaient la même langue. Ceux qui suivirent Imin, les moins nombreux, se nommèrent les Minyar, et ils étaient 14 au tout début, ceux qui suivirent Tata les Tatyar, et ils étaient 56, ceux qui suivirent Enel les Nelyar, et ils étaient 74.
Melkor fut le premier à découvrir l’existence des Elfes. Il envoya certains de ses serviteurs parmi eux, pour les tourmenter, les effrayer, et les détourner des Valar lorsqu’ils les verraient. Certains disparaissaient, et les Elfes avaient peur, et disaient que le Chasseur les avait emportés, ou que le Cavalier Noir les avait pourchassés. Plus tard, beaucoup pensèrent que les Elfes qui avaient été enlevés avaient servi à engendrer les premiers pères de l’immonde race des Orques.
Les Valar étaient loin, retranchés à Valinor, mais ils n’oubliaient pas les Elfes et ils savaient qu’ils devaient apparaître. De plus, Oromë parcourait les Terres du Milieu, sur son cheval Nahar, chassant et explorant dans les Terres du Milieu. C’est ainsi qu’un jour, pendant une de ses chevauchées, 35 années valinoréennes plus tard, il passa sous l’ombre des Orocarni, les Montagnes de l’Est, quand sa monture partit d’un fort hennissement, puis il entendit des voix qui chantaient au loin. Il resta émerveillé en voyant les Elfes, que plus tard il appela les Eldar, dans leur propre langage (le peuple des étoiles). Mais beaucoup prirent peur à la venue du Vala, à cause des créatures et des rumeurs qu’avait disséminées Melkor, pour les détourner d’Oromë. Néanmoins, ceux qui osèrent rester, les plus braves, en voyant la lumière d’Aman sur son visage, comprirent que ce n’était pas là une des créatures démoniaques de Melkor, et ils l’appelèrent le Grand Chevalier. Il resta avec eux, les éclaira, et tant qu’il était là Melkor ne les importunait plus.
Il dut retourner parmi les siens, pour leur porter la nouvelle, et pendant qu’ils débattaient sur la conduite à adopter, celui-ci put recommencer à les persécuter, mais il revint bien vite. Les Valar choisirent de faire la guerre à Melkor pour lui arracher la domination des Terres du Milieu. Ce fut une guerre terrible, dont les Elfes n’entendirent que de lointains échos, ceux de la colère des Valar, et Melkor n’oublia jamais qu’elle avait été entreprise contre lui pour les Elfes. Il fut emprisonné à Valinor, et le monde connu la paix pour un long moment.
Les Valar avaient deux points de vue sur ce qu’ils devaient faire vis-à-vis des Elfes : certains pensaient qu’il fallait les faire venir à Valinor, et c’étaient les plus nombreux. D’autres, dont Ulmo, pensaient qu’il valait mieux les laisser libres de leur volonté sur les Terres du Milieu. Mais ceux qui pensaient le contraire étaient plus nombreux, et il en fut ainsi. « Malheur à nous », dit alors Mandos. Ils envoyèrent Oromë leur proposer de le suivre, mais ils avaient encore un peu peur, mais trois, un de chaque tribu, acceptèrent de le suivre : Ingwë, Finwë, et Elwë. Ceux-là furent tellement conquis et impressionnés par la merveille de Valinor, et surtout de la Lumière, qu’en retournant à Cuiviénen ils n’eussent pas beaucoup de mal à convaincre leurs frères de les suivre, mais tous ne voulurent pas partirent. Ce fut la première séparation des Elfes. Ceux qui partirent furent surnommés les Eldar, même si ce terme désignait au début tous les Elfes, et les autres les Avari (Ceux du Refus).
Les Avari
Les Elfes eux-mêmes ne se sont jamais mis d’accord sur le nombre de ceux qui partirent pour le Grand Voyage. Seuls les Minyar partirent tous. La moitié des Tatyar ne partit pas, 28 donc, ainsi que 28 Nelyar. Les premiers Avari furent donc 56. Ils se divisèrent certainement par la suite, mais on ne sait exactement ce qu’ils firent. On sait toutefois qu’ils furent parmi les premiers enseignants des Humains, avec les Nains, avec qui ils commerçaient. Ils étaient méfiants et belliqueux, et il est possible que certains luttassent aux côtés de Morgoth. Morwë et Nurwë étaient deux Elfes des Tatyar et des Nelyar qui n’avaient pas confiance envers les Valar, et qui s’étaient fait harceler par les créatures de Melkor, car ils vivaient avec les leurs, à l’écart. Au début, ils réussirent à convaincre les autres de ne pas partir, car ils aimaient Cuiviénen, mais l’attrait de la lumière fut plus fort, et ils regrettèrent longuement le départ de leurs frères.
Les Minyar, qui suivaient Ingwë, furent les premiers à partir, les plus rapides et aussi les moins nombreux. Venaient ensuite les Tatyar qui suivaient Finwë, et qui avaient pris le nom de Noldor. Les Nelyar, qui suivaient Elwë et son frère Olwë, venaient ensuite, les plus nombreux et les plus lents. C’est à cette époque, celle du départ, que les Avari sortent des récits des Eldar.
Les Vanyar
« Les Blonds », le nom qui leur était donné par les Noldor (ils se nomment généralement eux-mêmes Minyar), en référence à la couleur de leurs cheveux, ou aussi appelés « les Beaux ». Les Vanyar sont composés de la totalité des Minyar, qui suivirent Ingwë, leur chef, qu’ils avaient pris comme Roi (et qui était aussi le Roi de tous les Elfes). Leurs yeux sont bleus, leur chevelure blonde dorée, et ils sont sveltes et grands. Ce sont ceux qui ressemblent le plus aux Ainur, et les plus doués dans la poésie, la magie, et la danse. À cause de cette grande beauté, les Noldor cherchaient souvent à contracter des mariages avec des Vanyar.
Ingwë réussit facilement à convaincre son clan de le suivre, et ils arrivèrent rapidement aux côtes de Beleriand, jusqu’à la mer. Un problème se posa alors, comment la franchir ? Manwë convainquit Ulmo d’utiliser une île comme bateau, avec l’aide d’Ossë. Lorsqu’il arriva, les Noldor et une partie des Lindar étaient déjà arrivés au Beleriand. Les Elfes avaient peur de l’océan, mais quand soufflèrent les Ulumuri, cette peur se mua en désir, et les Vanyar et les Noldor embarquèrent ensemble.
À Valinor, les Vanyar vécurent d’abord à Tirion, la cité des Noldor, pendant de longues années, car ils ne voulaient pas encore vivre en pleine lumière : une moitié de Tirion était exposée aux étoiles et à la nuit d’un côté des Pelori (les montagnes qui protègent Valinor), et l’autre tournée vers la lumière des Deux Arbres. Ingwë y avait sa tour, Mindon Eldaliéva. Mais plus tard, aspirant à la lumière complète, la plupart des Vanyar, excepté quelques-uns qui aimaient trop les Noldor et qui restèrent à Tirion, se rendirent directement sur la montagne de Manwë ou dans les plaines et les bois de Valinor. Ils se rendaient souvent chez les Valar, ou faisaient de grands voyages pour découvrir les êtres vivants, les eaux et les secrets de la terre.
Ingwë Quendiran est leur roi, mais aussi celui de tous les Elfes, il habite avec sa famille dans le palais de Manwë. D’autres habitent aussi à Valmar. La plupart de leurs échanges sont avec les Noldor, et ils n’ont plus de contacts avec les Teleri. Leur langue est le Quenya, très peu différent de celui des Noldor, qu’on appelle parfois Vanyarin. Une de leurs plus grandes œuvres est la Complainte des Deux Arbres, ou Aldudenïe, composée par Elemirrë.
Au cours des siècles, les Vanyar demeurèrent en paix à Valinor, pleurant parfois sur le passé et les souffrances des Terres du Milieu, ils ne quittèrent Valinor qu’à la fin du Premier Âge, lors de la Grande Colère, pour aller affronter les hordes de Morgoth, et les légions blanches des Vanyar se rassemblèrent derrière Ingwë, victorieusement.
Les Noldor
« Les Sages », « les Elfes Profonds », deuxième clan des Eldar, issus des Tatyar, qui entreprit le Grand Voyage, sous la conduite de Finwë Noldoran, c’est d’eux qu’il s’agit dans bon nombre de récits sur les Terres du Milieu. Ce sont les autres tribus qui les appelaient comme ça, car ils étaient déjà les plus doués dans les arts, les travaux manuels, la création, et étaient avides de connaissances, et ils acceptèrent ce nom. Ils sont grands, ressemblant un peu aux Vanyar, mais ont le teint plus basané, avec des cheveux généralement noirs et des yeux gris acier. Ils sont les créateurs de beaucoup des plus belles œuvres d’Arda. À Valinor ils inventèrent le Quenya, qui devint la langue de tout le Pays d’Aman. Sur les Terres du Milieu, ce sont les Elfes qui s’entendent le mieux avec les Nains, car ils partagent l’amour d’Aulë et de la forge, et les deux races ont souvent tiré profit l’une de l’autre.
Finwë souhaitait autant partir pour Valinor avec son peuple qu’Ingwë, mais ce n’était pas le cas de tous les Tatyar, dont la moitié refusa de partir (bien que les Noldor aient du mal à l’admettre). Bien plus tard, les Noldor revenus au Beleriand retrouvèrent leurs lointains cousins Avari issus des Tatyar, qui se déclarèrent leurs parents, et les Noldor exilés furent outragés, blessés dans leur orgueil.
Le voyage depuis Cuiviénen se déroula rapidement, mais Finwë voulait attendre son ami Elwë, aussi les Noldor retardaient leur pas pour le régler sur celui des Teleri (les Lindar). De plus, ils s’émerveillaient continuellement sur ce qu’ils trouvaient en chemin. En arrivant au Beleriand, ils séjournèrent avec les Vanyar qui attendaient de traverser, et ils embarquèrent avec eux sur l’île affrétée par Ulmo et Ossë pour traverser l’océan.
À Valinor, ils battirent Tirion, au sommet de la colline de Tuna, dans le Calarcya, seule ouverture des Pelori, où ils vécurent, au début, avec les Vanyar. Devant Mindon, la tour d’Ingwë, Yavanna plante Galathilion, une réplique plus petite de Telperion, le préféré des Vanyar et des Noldor, mais qui ne faisait pas de lumière, et qui donna beaucoup de rejetons, comme Celeborn, qui est à Tol Eressëa. Un côté de la cité était tourné vers la nuit et les étoiles du monde extérieur, l’autre vers la lumière des Deux Arbres. À Valinor, ils étaient les préférés d’Aulë, avec qui ils partageaient l’amour de la création, de la forge, des sciences et de l’orfèvrerie.
Finwë prit pour épouse Miriel Serindë (Serindë signifie « tisseuse », car elle excellait dans la broderie). Elle mit au monde un enfant, et elle sentit alors que toute son énergie, toute la force qui lui aurait permis d’en avoir d’autres allait être consommée, si bien qu’elle nomma son fils Feänaro (Esprit du Feu qui devient Fëanor en Sindarin). Sa joie de vivre mourut aussi dans l’accouchement, et elle se retira dans les jardins de Lórien, avant de quitter son corps pour aller dans les Cavernes de l’Attente. Finwë éleva son fils, l’appelant Curufinwë. Il était doué, intelligent, et recevait toute l’affection de Finwë, mais était aussi d’humeur sombre et arrogante. Il conçut plus tard les plus grandes œuvres d’Arda, les Silmarils, mais est aussi à l’origine des Tengwar, les runes elfiques, ou des Palantíri.
Longtemps plus tard, Ingwë invita Finwë à venir apaiser son chagrin chez lui quelque temps. Là il rencontra Indis, qui chantait merveilleusement, sur les pentes du Taniquetil. C’était la sœur d’Ingwë, qui aimait secrètement Finwë depuis longtemps. La loi de Valinor fut changée pour leur permettre de se marier (car Finwë l’était toujours avec Miriel), et il fut permis à un époux de se remarier quand l’autre était décédé. Mais Fëanor fut jaloux, et n’aima ni Indis ni ses enfants. Il y en eut cinq, trois filles et deux fils, Fingolfin et Finarfin, aussi appelés Ñolofinwë Ingoldo et Arafinwë Ingalaurë. Ils étaient bons et justes.
Fëanor avait un maître, Mathan, un forgeron qui lui apprit tous ses secrets. Il épousa sa fille, Nerdanel, qui lui donna sept fils, Maedhros, Maglor, Celegorm, Curufin, Amrod et Amras.
À Valinor, les Vanyar, les Noldor et les Teleri étaient heureux. Les Noldor creusaient les montagnes et ouvrageaient des gemmes.
C’est alors, au bout d’un certain temps, que Melkor fut libéré. Pendant un certain temps, il demeura parmi les Elfes, affichant une belle et bonne apparence, faisant mine de réparer ses fautes, mais il préparait sa revanche. Les Noldor étaient ceux qui l’écoutaient le plus, avides de connaissances, et c’est sur eux qu’il concentrait toute son attention. Ses mensonges allaient bientôt engendrer le malheur.
C’est à cette époque que Fëanor, guidé par une intuition qui lui demandait de conserver la lumière des Deux Arbres, conçut les Silmarils. Ces joyaux étaient plus merveilleux que tout ce qui avait été fait ou qui le sera à jamais, et les Valar les avaient bénis, aussi Melkor fut-il immédiatement pris d’envie, et ils augmentèrent aussi l’orgueil de Fëanor, qui, au demeurant, détestait Melkor, car il percevait sa vraie nature. Melkor, pour parfaire sa vengeance et jeter le trouble parmi les Noldor à Valinor, fit alors passer de mauvaises rumeurs, pour apporter la discorde dans la famille royale déjà en équilibre instable, disant que Fingolfin voulait la couronne, et en disant aussi que si les Valar voulaient garder les Elfes à Valinor c’était pour les maintenir prisonniers, et les empêcher de voir le monde extérieur. Il leur apprit aussi à faire des armes, et tous, secrètement, forgeaient des armes de leur côté. Fëanor commença même à parler de rébellion ouverte contre les Valar, et les Noldor se méfiaient les uns des autres. Finwë convoqua le conseil des Noldor, pour tenter de résoudre les problèmes. Fingolfin était en train de parler des agissements de Fëanor lorsque celui-ci entra, avec une épée. Il se mit en colère, et le menaça. Les Valar le condamnèrent à l’exil hors de Tirion, et, avec les siens, il se construisit une forteresse au nord de Valinor, appelée Formenos. Melkor voulut le convaincre de s’allier avec lui, parlant notamment des Silmarils qu’il fallait protéger de la convoitise des Valar, mais Fëanor lut dans son cœur et lui claqua la porte au nez. Finwë ne voulait pas se séparer de son fils, et il alla y vivre lui aussi, laissant la couronne à Fingolfin, et réalisant ainsi les mensonges de Melkor. Les Valar, comprenant que tout ceci était de sa faute, souhaitèrent le capturer à nouveau, mais il s’était enfui. Pour un temps, le bonheur et le calme revinrent à Valinor. Il était en fait allé dans le sud, pour trouver Ungoliant.
Quelque temps après, Manwë organisa une grande fête pour réconcilier les Noldor, et les Vanyar vinrent eux aussi, ainsi que Fëanor, seuls et sans apparats, et sans les Silmarils. Là il se réconcilia avec Fingolfin. C’est en ce jour fatidique que Melkor vint tuer les Deux Arbres, avec Ungoliant, avant d’attaquer Formenos, pour y tuer Finwë, et y voler les Silmarils ainsi que le reste du trésor, avant de s’enfuir.
La peine subie était terrible, tous se rendirent sur les collines des Deux Arbres pour pleurer et regarder Yavanna tenter de redonner vie aux Arbres. Elle demanda alors si Fëanor acceptait de lui donner les Silmarils, pour faire revivre les Deux Arbres, mais celui-ci refusa, c’était son œuvre et l’abandonner ainsi le tuerait, et il fut le premier à appeler Melkor Morgoth, le Noir Ennemi. C’est alors qu’arrivèrent des messagers, qui leur apprirent ce qui s’était passé à Formenos, et tous sûrent que le destin était scellé. Fëanor était dans une rage folle, il rassembla son peuple et ses fils, et se rendit à Tirion. Là il prononça un discours contre les Valar, qu’il accusait de passivité et de lâcheté, et contre Morgoth, enjoignant les Noldor à le suivre hors de Valinor, pour aller reprendre les Silmarils à Morgoth. Ce discours était d’une intensité telle que les Noldor s’enflammèrent, même si Fingolfin et Finarfin étaient contre, car il avait attisé en eux l’attrait de la liberté et des grands espaces. Fëanor et ses fils firent alors un terrible serment, qui attirerait à eux la Nuit Eternelle s’ils venaient à le briser : ils jurèrent de poursuivre de leur haine et leur vengeance jusqu’aux confins du monde tout Vala, Démon, Elfe, tout Humain ou tout être encore à naître, toute créature grande ou petite, bonne ou mauvaise qui pourrait venir au monde jusqu’à la fin des temps et qui aurait un Silmaril en sa possession. La majorité des Noldor décida de suivre Fëanor, même Fingolfin et Finarfin, car ils y étaient poussés par leurs enfants, et les Noldor qui ne partirent pas ne le firent pas par lâcheté, mais par amour pour Tirion et Valinor. Fëanor souhaitait partir tout de suite, car il ne voulait voir baisser l’ardeur des Noldor, aussi demanda-t-il aux Teleri d’Alqualondë de lui prêter leurs navires, ou même de le suivre, mais ils essayèrent au contraire de le dissuader de partir. Dans sa colère, Fëanor et son peuple attaquèrent les Teleri, pour prendre les navires de force. Ceux-ci étaient plus nombreux et ils les repoussèrent avec perte. Arrivèrent alors les suivants de Fingolfin, et ils se jetèrent dans la bataille, croyant que les Teleri avaient attaqué les premiers, et les Noldor l’emportèrent. Finarfin et ses enfants n’intervinrent pas, car Eärwen, l’épouse de Finarfin, était la fille d’Olwë, le roi d’Alqualondë. Le Massacre Fratricide des Teleri fut un motif de plus dans les dissensions, qui devaient engendrer de grands malheurs par la suite.
Manwë ne voulait pas retenir les Noldor, qui étaient libres, mais il avait toutefois envoyé un messager pour les dissuader de partir, mais la réponse de Fëanor l’obligea à s’incliner, réduit au silence. Après le Massacre, alors que les Noldor faisaient route vers le nord sur leurs navires, un messager plus funeste fit son apparition, dont beaucoup dirent que c’était Mandos lui-même.
« Vous pleurerez des larmes sans nombre et les Valar fortifieront Valinor pour vous enfermer dehors, afin que même l’écho de vos plaintes ne franchisse plus les montagnes. La colère des Valar s’étend de l’Est à l’Ouest sur la maison de Fëanor, et elle touchera tous ceux qui les suivront. Leur Serment les entraînera, les trahira ensuite et leur fera perdre jusqu’aux trésors qu’ils avaient juré de poursuivre. Tout ce qui commence bien finira mal et la fin viendra des trahisons entre les frères et de la peur d’être trahi. Ils seront à jamais les Dépossédés ».
« Vous avez répandu injustement le sang de vos frères, vous avez souillé la terre d’Aman. Pour le sang vous verserez le sang et au-delà d’Aman vous marcherez sous l’ombre de la Mort. Car si Eru ne vous a pas destiné à mourir de maladie en ce monde, vous pouvez être tués et la mort s’abattra sur vous : par les armes, la souffrance et le malheur, et vos esprits errants devront alors se présenter devant Mandos. Et là vous attendrez longtemps, vous regretterez vos corps perdus en implorant miséricorde. Croyez-vous trouver de la pitié, croyez-vous que ceux que vous avez tués intercéderont pour vous ? Et pour ceux qui n’atteindront pas le trône de Mandos et resteront sur les Terres du Milieu, le monde deviendra un fardeau qui les affaiblira, ils ne seront plus que les ombres d’un regret quand viendra la race plus jeune. Ainsi les Valar ont parlé ».
Et voici la réponse de Fëanor, à ce que l’on appela la Prophétie du Nord, ou le Destin des Noldor :
« Nous n’avons pas fait ce serment à la légère et nous le tiendrons. On nous menace de grands maux, la trahison n’est pas le moindre, mais il n’est pas dit que nous aurons à souffrir de la lâcheté ou de la peur des lâches. Alors je dis que nous allons continuer et j’ajoute ces mots à la prophétie : les exploits que nous allons accomplir seront chantés sur Arda jusqu’à la fin des temps ».
Beaucoup de Noldor, et Finarfin le premier, à la fois terrorisés par les paroles des Valar et honteux du Massacre, reniant Fëanor, firent alors demi-tour, pour aller implorer le pardon des Valar, qui leur accordèrent, mais les autres continuèrent leur route. Finarfin devint Roi des Noldor à Tirion, mais ses enfants continuaient leur chemin.
Fëanor trouvait que le chemin était trop long, et il souhaita rattraper Morgoth au plus vite. Aussi, avant Helcaraxë, où le climat est très froid, il traversa avec ses fils et son peuple sur les navires, puis les fit brûler, abandonnant Fingolfin et les autres, en qui il n’avait de toute façon pas confiance. Ce fut le premier accomplissement de la prophétie de Mandos, et la traversée de l’enfer glacé n’allait pas être un mince exploit pour Fingolfin et les siens, qui ne voulaient pas faire marche arrière.
Les Teleri
« Les Derniers », nom qui leur est donné par les autres tribus, ils sont aussi appelés les Lindar « les chanteurs ». Ils furent le dernier clan à entreprendre le Grand Voyage, à l’origine les Nelyar, et aussi le plus nombreux. Ils avaient deux chefs, Elwë Singollo, qui avait été un des trois ambassadeurs, avec Ingwë et Finwë, et son frère Olwë. Les Teleri sont d’excellents chanteurs, ils aiment la nature et la mer, et de grands marins, c’est pourquoi ils aiment beaucoup Ulmo et Ossë. Ils sont d’apparence physique très diversifiée, mais beaucoup d’entre eux ont les cheveux argentés. Leur grand nombre fait qu’ils sont incapables de l’union, aussi très tôt on peut observer différents groupes : les Falmari, les Falathrim, les Nandor, les Laiquendi, et les Sindar.
Lors du grand voyage, ils étaient divisés en deux groupes : l’un, plus pressé, dirigé par Elwë qui voulait retourner à Valinor, et l’autre, plus lent, qui suivait Olwë. Arrivés devant les Monts Brumeux, élevés par Melkor pour bloquer le passage des Elfes, un groupe, dirigé par Lenwë (Dân), et effrayé par les Montagnes, s’éprit de l’Anduin et des forêts qui l’entouraient, et ils décidèrent de rester là, sortant pour un temps de l’histoire connue. On les appela les Nandor, bien qu’ils continuassent à s’appeler Lindar. Au Troisième Âge, le Nandorin était toujours parlé à Mirkwood et en Lórien. Plus tard, certains vinrent à Beleriand, sous la conduite de Denethor, fils de Lenwë, et se fondirent dans d’autres populations, chez les Sindar ou en Ossiriand.
Elwë allait souvent seul, notamment voir son ami Finwë Noldoran, mais un jour il disparut subitement. Les siens commencèrent à le chercher, en pure perte, mais ne purent se résoudre à l’abandonner. Pendant ce temps, Olwë et les siens continuaient, si bien qu’ils arrivèrent au Beleriand. Mais les Vanyar et les Noldor étaient déjà partis, si bien qu’ils restèrent sur les côtes à attendre, ou bien retournèrent dans les forêts à la recherche d’Elwë. Ossë le Maia vint alors parmi eux et les enseigna, et ils le surnommèrent Balar (« Valar » dans leur langage), si bien qu’ils nommèrent le pays où ils se trouvaient Beleriand, et le morceau d’île qui avait été détaché de celle utilisée pour transporter les Elfes à Valinor, et où il aimait se rendre, « l’île de Balar ». Finalement, les Noldor réclamant la venue de leurs frères Lindar, Olwë et beaucoup de ceux qui le suivaient embarquèrent sur l’île pour aller vers l’ouest, même si Ulmo aurait préféré qu’ils restent sur les Terres du Milieu, pensant que c’était là la meilleure chose pour les Elfes. Ceux qui restèrent, accédant aux prières d’Ossë et Uinen, devinrent les Falathrim, et Círdan devint leur chef, et les autres les Falmari (les Elfes Marins). En plein milieu de la baie d’Eldamar, en vue de Valinor, les Teleri demandèrent à Ossë d’arrêter leur progression, et lui et Ulmo acceptèrent bien volontiers. Cent années valinoriennes passèrent, et ils demandèrent à se rendre à Valinor. Ossë leur apprit donc à construire des navires, en forme de cygne, et ils se rendirent au port que les Noldor avaient construit pour eux, Alqualondë. D’autres restèrent sur l’île, qui s’appela désormais l’Ile Solitaire, Tol Eressëa, en vue des Terres Immortelles, et ils y construisirent un port, Avalonnë, dont le phare était la première chose que voyait le marin qui naviguait vers Valinor. Un Arbre Blanc pousse au centre de l’île, Celeborn, un rejeton de Gralathilion, lui-même image de Telperion que Yavanna donna aux Eldar.
Les Falmari de Valinor se rendirent à Alqualondë, dont le palais était tout entier fait de perles, et le Port des Cygnes éclairé par les lampes innombrables. Ils avaient la lumière des étoiles, et un peu de celle des Deux Arbres qui passait par Calarcirya. Ils commercent avec les Noldor, échangeant des perles en échange de pierres précieuses, qui décorent leurs plages et leurs côtes, et n’ont pas de contacts avec les Vanyar. Ils aiment à naviguer dans leurs navires en forme de cygnes. Eärwen, la fille du roi des Falmari Olwë, épousa Finarfin, le troisième fils de Finwë, et ils engendrèrent Finrod et Orodreth, Angrod et Aegnor, et Galadriel. Les siècles s’écoulaient paisiblement pour les Falmari, jusqu’à la libération de Melkor et la discorde des Noldor. Fëanor, qui voulait quitter Valinor pour partir à la poursuite de Melkor et des Silmarils, se rendit auprès d’Olwë, lui demandant de l’aider à traverser l’océan avec ses navires, ou même de partir avec eux, car il pensait que cela attristerait les Valar, en lui disant notamment qu’il pourrait retrouver ses parents oubliés du Beleriand. Mais Olwë refusa, tentant même de convaincre les Noldor de rester à Valinor, et Fëanor répondit que si Olwë était un ami, il devrait prêter les navires. Olwë répliqua qu’il était aussi de son devoir de le mettre en garde. Et ses navires étaient aussi uniques que les Silmarils de Fëanor. Celui-ci quitta les halls d’Olwë, furieux, et pensant que les Falmari étaient à la solde des Valar, et il décida de prendre les navires par la force. Les Lindar les repoussèrent au début, car plus nombreux, quand arrivèrent les troupes de Fingolfin, qui pensaient que les Teleri avaient délibérément voulu empêcher les Noldor de quitter Valinor. Les troupes de Finarfin n’intervinrent ni d’un côté ni de l’autre. La bataille dégénéra en massacre, car les Noldor étaient bien mieux armés, et ils quittèrent Valinor en meurtriers. Par la suite, les Falmari n’intervinrent hors de Valinor que pendant la Grande Colère, pour conduire par navire les troupes de Valinor au Beleriand, mais ils ne voulurent pas poser quitter leurs navires, car même s’ils avaient pardonné le Massacre du Port des Cygnes, ils ne l’avaient pas oublié. Au Deuxième Âge, les Falmari de Tol Eressëa se rendaient souvent à Númenor, pour y porter des cadeaux et rendre visite aux Dúnedain. Ils leur donnèrent même une pousse de Celeborn, qui donna Nimloth.
En réalité, Elwë avait rencontré Melian, vers l’an 1130 des Deux Arbres, dans la profonde forêt de Nan Elmoth au Beleriand…
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