4·1 Les Vallées de l'Anduin


La Contrée Sep­ten­trio­nale est domi­née par deux chaînes de mon­tagnes : les Monts Bru­meux à l’Ouest et, au Nord, les pics moins élevés et géo­lo­gi­que­ment plus anciens des Mon­tagnes Grises. La région où ces deux chaînes de mon­tagnes se rejoignent pré­sente un pay­sage tor­turé. Froid et rocheux, c’est un pays extrê­me­ment rude. Des mon­tagnes déchi­que­tées entourent les hautes val­lées ver­doyantes, pré­sen­tant des falaises escar­pées, des pics acci­den­tés et des gla­ciers vir­tuel­le­ment infran­chis­sables.

Bien que magni­fique, la Contrée Sep­ten­trio­nale est un lieu inhos­pi­ta­lier qui n’offre que peu de pos­si­bi­li­tés à ses habi­tants. Ces val­lées res­semblent à un mur d’enceinte pour un grand châ­teau natu­rel, gardé par des murailles de mon­tagnes. Les voyages sont res­treints aux confins encais­sés de la vallée de l’Anduin. Des cols glacés et des val­lées ennei­gées, la plu­part du temps inac­ces­sibles, rendent les tra­jets dans les hautes terres vir­tuel­le­ment impos­sibles pen­dant neuf ou dix mois de l’année.

Les hautes val­lées habi­tées par les Éothéod sont com­po­sées d’un large pla­teau formé par l’action de la glace qui creuse l’angle où se rejoignent les Monts Bru­meux et les Mon­tagnes Grises. À l’Est de la rivière Grey­lin (S. « Mith­lin »), le pays com­mence à être moins abrupt et à s’abaisser, à l’endroit où la partie rela­ti­ve­ment basse de la région des hautes terres ren­contre le Grand’Peur Sep­ten­trio­nal.

Consti­tuant une vaste plaine, brisée ici et là par des col­lines rocheuses déchi­que­tées et des bos­quets d’arbres, les hautes val­lées pro­duisent un sen­ti­ment d’absolu, néan­moins intri­guant. Les nom­breux petits et rapides cours d’eau clairs de la région creusent des canyons rocheux peu pro­fonds, à l’image de veines brillantes ser­pen­tant à tra­vers l’herbe grasse et la lande.

Des mil­liers de fon­drières aident aussi à casser la mono­to­nie du pay­sage. Elles sont une source de com­bus­tible (tourbe) et de quelques désa­gré­ments inat­ten­dus pour les voya­geurs impru­dents. Res­sem­blant à des souches d’arbres étouf­fées, ces mares de boue noire puante, cou­vertes de végé­ta­tion emmê­lée, ont pré­levé plus que leur tribut en pas­teurs et en voya­geurs.

De petits lacs, dont les bas­sins ont été creu­sés par l’avance des gla­ciers et dont les extré­mi­tés infé­rieures ont été blo­quées par des moraines lais­sées par le recul des gla­ciers, sont très cou­rants dans les hautes terres. Ils sont clairs comme du cris­tal et leurs eaux sont très froides et sou­vent très pro­fondes. Rem­plis de truites et de sau­mons, ils four­nissent un sup­plé­ment au régime Spar­tiate des Hommes du Nord.

En plus d’avoir laissé des lacs, le retrait des gla­ciers a gra­ti­fié le pays d’une variété de sculp­tures natu­relles. Des pro­mon­toires de roches gra­vées s’élèvent au hasard dans les plaines, tous por­tant les marques du racle­ment de la glace. D’énormes mono­lithes gris et lisses, dres­sés et gougés, recou­verts de lichen ornent les col­lines. Nombre d’entre eux portent des sillons paral­lèles qui cana­lisent les sources comme s’il s’agissait d’aqueducs de pierre. Des roches erra­tiques jonchent le pay­sage, comme si elles avaient été jetées là au hasard par des géants. Les moraines ser­pentent à tra­vers le pay­sage de crêtes, créant de comiques clô­tures de pierre. Elles forment occa­sion­nel­le­ment des mon­ti­cules qui rap­pellent les tumuli en pierre des Éothéod.

Les rivières

Il y a prin­ci­pa­le­ment deux rivières dans la Contrée Sep­ten­trio­nale : la Lang­well et la Grey­lin. Elles joignent leurs flots pour former le puis­sant Anduin. Des deux, la Lang­well est la plus impor­tante, étant quelque peu plus grande, mieux four­nie en pois­sons et consti­tuant une plus grande source de hasards pour les voya­geurs. Cepen­dant, les deux rivières sont vitales pour le com­merce et la poli­tique des Éothéod, étant deve­nues de grandes voies de négoce et des fron­tières faci­le­ment défi­nis­sables pour les divi­sions poli­tiques majeures de la Contrée Sep­ten­trio­nal.

La Lang­well prend sa source dans les Monts Bru­meux, sur le grand pla­teau de Gun­da­lok, au Sud de la haute cime du Mont Gun­da­bad. Son ali­men­ta­tion est due à l’eau issue de la fonte de plu­sieurs gla­ciers, créant un for­mi­dable tor­rent Pen­dant les crues du prin­temps, il est très dif­fi­cile d’aller à plus de 80 km en amont de Fram­sburg. De nom­breuses truites brunes, cer­taines d’une taille impres­sion­nante, se cachent dans ses eaux.

Après être passée par les Chutes de Gun­da­lok (100 m de déni­vel­la­tion), la rivière s’élargit et jaillit à tra­vers un pro­fond pas­sage. Des rochers énormes forment des îles tout au long de sa course, tandis que son lit est consti­tué par des pierres extrê­me­ment glis­santes. Des bancs de gra­vier se déve­loppent dans les courbes, à l’image de grèves caillou­teuses. Bien que la Lang­well soit gelée en hiver, ren­dant moins hasar­deux les voyages, elle coule si rapi­de­ment qu’il y a sou­vent les mois les plus froids des flaques d’eau noire.

La Grey­lin est une rivière plus pai­sible, qui coule dans son cours infé­rieur, sur un lit consti­tué de gra­vier et occa­sion­nel­le­ment de plaques rocheuses. Dans sa course de mon­tagne, elle s’écoule sur des plaques en sur­plomb et sur des rochers de taille moyenne. Elle est navi­gable en canot sur envi­ron 130 km en amont de Fram­sburg. Les eaux de son cours supé­rieur, bien que non pol­luées, sont fré­quem­ment colo­rées par la suie des forges des Nains et les rapides semblent gris la plu­part du temps. Moins impo­sante que la Lang­well, la Grey­lin peut être tra­ver­sée, sauf pen­dant les crues, par un homme à cheval sur qua­si­ment toute sa lon­gueur.

Le climat

Le climat des val­lées supé­rieures est plus froid que celui des plaines du Rho­va­nion mais il n’a pas obligé les Éothéod à faire des chan­ge­ments majeurs dans leur style de vie. En fait, la majo­rité de ce peuple qui s’est échappé des ruines du Rho­va­nion, est habi­tuée à des tem­pé­ra­tures hiver­nales et des chutes de neige à peine plus douces. Cepen­dant, ils furent tout de même sur­pris par la sou­dai­neté et la dureté des tem­pêtes de neige qui dévalent de temps en temps des mon­tagnes. Ces bliz­zards com­mencent par un assaut de vents furieux et les chutes de neige qui suivent sont si impor­tantes que les repères fami­liers du pay­sage dis­pa­raissent dans la blanche lumière ; même les gens connais­sant leur route peuvent se perdre faci­le­ment La tem­pé­ra­ture peut chuter de 17 à 22 degrés en vingt minutes.

Les val­lées supé­rieures sont magni­fiques et plai­santes à la fin du prin­temps, pen­dant l’été et au début de l’automne. Elles ne sont jamais aussi chaudes et ven­tées que les plaines du Rho­va­nion et elles pro­duisent un effet apai­sant.

Vie animale

Bien qu’au pre­mier regard elles soient en appa­rence quelque peu inha­bi­tées, les plaines rocheuses de la Contrée Sep­ten­trio­nale accueillent une sur­pre­nante variété de vie ani­male. Des meutes de loups ont pour proies des hardes de cerfs rouges ou d’élans. Des chèvres des mon­tagnes, à la four­rure hir­sute et aux cornes droites, esca­ladent les hau­teurs à pic avec une faci­lité sur­na­tu­relle, offrant des cibles à chas­ser pour les aven­tu­reux Sei­gneurs-Cava­liers. Des ours noirs ou bruns habitent les ver­sants abri­tés des col­lines se nour­ris­sant de baies et de pois­sons trou­vés dans les fon­drières et les val­lées des cours d’eau. La plu­part des ani­maux hibernent ou émigrent vers le Sud à la mi automne. Par contre, les rennes tra­versent les mon­tagnes du Grand Nord avec l’assaut de la froi­dure de l’hiver. Ils four­nissent de la nour­ri­ture aux loups dans un hiver autre­ment plus rigou­reux.

D’autres ani­maux ne font que se camou­fler en accord avec la saison. Ce petit jeu dans la Contrée Sep­ten­trio­nale se fait selon un plan défini de chan­ge­ment de cou­leur de l’été à l’hiver. Le plu­mage des per­drix des neiges, par exemple, devient blanc dès les pre­miers frimas. Les renards rouges adoptent une cou­leur argen­tée, une four­rure hiver­nale en très bon état pou­vant rap­por­ter au moins 5 po. Les lièvres et les her­mines s’adaptent éga­le­ment.


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