3·1 Le Rhovanion Meridional


Le Rho­va­nion (W. « Pays Sau­vage »), ter­ri­toire fort étendu, com­prend toutes les régions situées à l’Est de l’Anduin, au Sud des Mon­tagnes Grises, au Nord du Mordor et à l’Ouest de la rivière Carnen et de la Mer de Rhûn. Ce pays de plai­santes col­lines ondu­lantes — for­te­ment boisé à l’Ouest et au Nord, mais en majeure partie fait de prai­ries fer­tiles à l’Est et au Sud — entre­tient sans pro­blème une nom­breuse popu­la­tion d’Hommes du Nord, qui vivent dans plu­sieurs com­mu­nau­tés dis­tinctes. La vallée de l’Anduin et les col­lines orien­tales des Monts Bru­meux sont bien sur une partie du Rho­va­nion, mais elles sont décrites par ailleurs (voir cha­pitre 4.0).

Le Pays du Rhovanion

Le Nord-Ouest du Rho­va­nion est le royaume de Grand’Peur (connu aussi sous le nom de la Grande Forêt Verte). Les hautes terres situées à l’intérieur et au Nord de cette magni­fique forêt donnent nais­sance à des dizaines de cours d’eau mais les plus remar­quables sont le Taur­duin et l’Emynen. Ces deux flots rejoignent la Cel­duin (W. « Rivière Cou­rante »), res­pec­ti­ve­ment au Long Lac (S. « Annen ») et en aval du Long Lac, gon­flant le flux rapide de la rivière lorsqu’elle court le long de la lisière orien­tale de Grand’Peur. Dans sa course vers le Sud, la Cel­duin s’élargit et se ralen­tit et com­mence son voyage vers l’Est à tra­vers les prai­ries ondu­lantes du Rho­va­nion. Elle rejoint la puis­sante Carnen (W. « Eau-Rouge ») à 225 kilo­mètres à l’Est de la Forêt.

La Cel­duin consti­tue la fron­tière Nord du ter­ri­toire des Éothraim. Elle sert de sépa­ra­tion entre le Rho­va­nion méri­dio­nal et le Rho­va­nion sep­ten­trio­nal. Lorsque la Carnen rejoint la Cel­duin, la rivière se dirige vers le Sud, puis vers le Sud-Est, vers la Mer de Rhûn. Grand axe de com­merce entre les Elfes, les Hommes du Nord du Pays Sau­vage, les peuples du Dor­wi­nion (le pays des vierges) et leurs voi­sins Orien­tais, ce grand sys­tème flu­vial est la ligne de vie du Rho­va­nion orien­tal.

Soixante-cinq kilo­mètres après le confluent de la Carnen et de la Cel­duin, là où la Carnen est large de plus de 400 mètres, un autre affluent impor­tant la rejoint. Il s’agit de la rivière Donu dont le flot venant du Sud-Ouest, s’échappe d’un canyon légè­re­ment boisé enca­dré de falaises et se jette dans les eaux tein­tées de fer et de cuivre de la Cel­duin. Le confluent sert de site à la ville nommée Ilanin.

Le ter­ri­toire Orien­tais s’étend à l’Est de la Donu et à l’Ouest de la Mer de Rhûn. Une ligne de col­lines s’étire vers le Sud, le long de la rive Sud-Est de la vaste Mer Inté­rieure, et évolue tout d’un coup en une for­mi­dable chaîne de mon­tagnes basses. Ces pics se dressent en gar­diens des magni­fiques val­lées qui bordent le rivage de Rhûn. C’est la partie la plus orien­tale du Rho­va­nion et elle consti­tue le pays des enne­mis jurés des Sei­gneurs-Cava­liers, la tribu Orien­taise des Sagath.

Au Sud et à l’Ouest des Mon­tagnes de Rhûn se trouvent les larges plaines du Rho­va­nion méri­dio­nal. De hautes herbes et des col­lines au doux relief dominent ce pays alors qu’elles grimpent vers l’Ouest en direc­tion de la Forêt Verte méri­dio­nale et des hautes steppes de la rivière Anduin. C’est un pays idéal de pâtu­rages. Les Éothraim y élèvent leurs trou­peaux de che­vaux et de bes­tiaux. En voya­geant vers le Sud, cepen­dant, les riches herbes laissent la place à des varié­tés plus rases et à des brous­sailles. Les col­lines s’abaissent vers le Sud-Est et cèdent gra­duel­le­ment la place aux landes semi-arides Asdriags, le long des flancs des Mon­tagnes de Cendres (S. « Ered Lithui ») du Mordor. Plus à l’Ouest, les contre­forts des Mon­tagnes de Cendres donnent nais­sance à des tor­rents occa­sion­nels et le pays est sou­vent plus fer­tile mais ces contrées sont ne sont pas trop accueillantes.

Le Sud-Ouest du Rho­va­nion est encore moins hos­pi­ta­lier. Ponc­tuée par des monts abrupts et des maré­cages, la seule plaine non acci­den­tée de la région est la légen­daire Plaine de la Bataille (S. Dagor­lad). Entou­rées par les Terres Brunes au Nord et par le Mordor au Sud, la Dagor­lad est un cou­loir tra­di­tion­nel de migra­tion humaine ou d’invasion des régions occi­den­tales du Rho­va­nion. C’est une région inha­bi­tée où des vents chauds agressent les herbes des col­lines et sou­lèvent une pous­sière étouf­fante sur les che­mins des­sé­chés.

Climat

En géné­ral le climat du Rho­va­nion méri­dio­nal est doux et favo­rable à la culture et à l’élevage. Les hivers, bien que géné­ra­le­ment froids et sou­vent extrê­me­ment nei­geux, ne sont jamais rigou­reux ni très longs. Les tem­pé­ra­tures infé­rieures à –18 degrés Cel­sius sont l’exception et non la règle ; il y a de fré­quentes périodes de temps chauds et de dégel qui brisent la mono­to­nie de la neige et de la glace. Tou­te­fois, des vents glacés et cruel­le­ment froids et une pluie gla­ciale peuvent s’installer sur le pays pen­dant des semaines, assaillant ou iso­lant les voya­geurs et les gar­diens de trou­peaux qui empruntent les che­mins. Les étés, bien que chauds, ne sont pas d’une cha­leur oppres­sante ; il y a habi­tuel­le­ment une brise qui apaise la peau les jours les plus chauds, ren­dant la vie tolé­rable. Les tem­pé­ra­tures esti­vales aux envi­rons de 30 degrés sont la norme alors que l’air de l’hiver ne des­cend que rare­ment en des­sous de –7 degrés.

Étant donné le manque de bar­rières natu­relles pro­té­geant des vents domi­nants qui viennent de l’Ouest, le climat du Rho­va­nion est tou­jours variable. De fré­quents orages, averses de grêle ou tor­nades frappent sans véri­ta­ble­ment pré­ve­nir. Les condi­tions cli­ma­tiques sur les plaines décou­vertes peuvent chan­ger dra­ma­ti­que­ment en quelques minutes. Les chan­ge­ments de tem­pé­ra­ture sou­dains — une chute attei­gnant sou­vent 10 à 15 degrés en une demi-heure — peuvent aba­sour­dir l’imprudent et ter­ras­ser l’imprudent. Néan­moins, les Éothraim s’enorgueillissent de leur habi­lité à pré­voir les chan­ge­ments cli­ma­tiques du Rho­va­nion. Les Sei­gneurs-Cava­liers n’oublient jamais la maî­tresse des deux.

Écologie

À l’exception des tor­nades, l’été dans les plaines du Rho­va­nion est une belle saison. Les herbes, vertes au ras du sol, envoient leurs tiges fleu­ries, qui virent au doré lorsqu’elles mûrissent au soleil. Agi­tées par les vents d’Ouest, les hautes herbes ondulent d’une manière inces­sante dans le pay­sage val­lonné. Les ombres des nuages glissent sur le pays et l’air y est très pur. L’horizon y est très vaste, jamais brisé ni par de hauts arbres, ni par des pics, ni par de grandes construc­tions. De blancs nuages d’orage flottent hauts au-dessus des têtes, sou­vent com­pa­rés par les Éothraim à Nahar, le cheval de Béma. (Ils croient que les éclairs sont les lances et les flèches de Béma.) Les bos­quets de petits arbres qui se nichent dans les coins et les lits des ruis­seaux un peu par­tout dans les prai­ries sont vert sombre en été. Vus de loin, ils res­semblent à des îles flot­tant sur un océan cou­leur ambre.

Chaque automne — quand l’air com­mence à se refroi­dir pre­nant le chemin de l’hiver et que les graines entament leur des­cente digne du haut des herbes et tapissent le sol — la terre se pare d’un vert mor­doré ponc­tué par des taches de cou­leur brillante, les bos­quets d’arbres mar­quant de façon écla­tante le chan­ge­ment des sai­sons. Lors de cer­tains jours d’automne par­ti­cu­liè­re­ment ora­geux, les feuilles mortes s’écoulent en tor­rents des arbres en longs panaches de cou­leur, à peu de choses près comme si la terre, ayant pris feu, pro­je­tait des gerbes d’étincelles.

L’hiver arrive avec les chutes de neige et, bien que la pre­mière neige fonde sou­vent, à plus ou moins long terme le sol est cou­vert d’un tapis de blan­cheur qui demeure si l’on ne tient pas compte d’un léger dégel — intact pen­dant plu­sieurs mois. Les Hommes des Che­vaux croient que la neige est bonne pour la terre, bien qu’ils grognent dès qu’elle dépasse trente cen­ti­mètres d’épaisseur (ce qu’elle fait tou­jours vers la fin de l’hiver). Les grandes épais­seurs de neiges empêchent la pâture, ce qui fait mai­grir leurs che­vaux, mais les hivers sont vrai­ment suf­fi­sam­ment doux pour rendre cette saison appré­ciable — même pour des gens qui passent la plus grande partie de leur temps au dehors sur le dos d’un cheval.

Le prin­temps vient tôt dans l’année, en géné­ral avec un pre­mier dégel par­fois vers la fin de Gwae­ron (le troi­sième mois). Il peut neiger encore deux ou trois fois après cela mais les chutes de neige prin­ta­nières sont dif­fé­rentes de celles de la mi-hiver. Elles fondent en géné­ral vers la fin de l’après-midi du jour sui­vant ou se trans­forment en pluie au cours de leur des­cente, de sorte que seuls les ver­sants sep­ten­trio­naux des col­lines et les crêtes retiennent un peu de neige. C’est une époque de l’année par­ti­cu­lière. Lorsque la terre prin­ta­nière est mi-cou­verte de neige, mi-vêtue d’herbe nou­velle, les cou­chers de soleil sont au meilleur de leur beauté. Les creux emplis de neige sai­sissent la lumière vio­lette du soir et la ren­voient, don­nant nais­sance à une brume tein­tée de violet, au point que les ombres semblent lumi­nes­centes.

Flore

Lorsque le prin­temps vient à sa fin et que les risques de voir la neige tomber ont dis­paru, une éclo­sion de fleurs jaunes, aux pétales res­sem­blant à ceux de grandes pâque­rettes, se répand à tra­vers la prai­rie. Leurs tiges occupent, pen­dant une courte époque, bien plus de place que les pousses vertes des prai­ries, à tel point que toutes les col­lines semblent jaunes. Le vent souffle au-dessus des fleurs et, les pla­quant au sol, révèle le vert pro­fond et écla­tant de l’herbe nou­velle.

La flore des plaines ondu­lantes du Rho­va­nion est un mélange d’herbes variées et de fleurs sau­vages. La plu­part font un four­rage excellent. Les petits arbres (4,50 à 7,50 m de haut) du Rho­va­nion méri­dio­nal, sou­vent rabou­gris et tordus, sont com­pa­ra­ti­ve­ment peu nom­breux et peu variés. À la limite de la Forêt Verte ou dans les val­lées des rivières, on trouve des bos­quets mixtes de bou­leaux blancs, d’érables rouges, de noi­se­tiers, de pins et d’essences aux bois durs. Les bos­quets à essence unique, en par­ti­cu­lier ceux des rares chênes ou ifs, sont consi­dé­rés comme des sites sacrés. Plus au Sud, ces bos­quets deviennent extrê­me­ment clair­se­més. Ces régions sont domi­nées par les épi­neux carou­biers sau­vages et les ceri­siers, nombre d’entre eux s’entrelaçant au niveau du sol comme des poteaux indi­ca­teurs tordus.

Faune

Ce furent les che­vaux sau­vages du Rho­va­nion qui atti­rèrent en pre­mier de nom­breux Hommes du Nord vers les plaines. Robustes, vigou­reux et infa­ti­gables, ce sont des bêtes magni­fiques. Néan­moins, les Sei­gneurs-Cava­liers les ont tou­jours consi­dé­rés comme légè­re­ment infé­rieurs à leurs propres mon­tures, qui avaient sou­vent un peu de sang orien­tal. Les varié­tés sau­vages sont d’une cor­pu­lence légè­re­ment trapue, avec des membres rap­pro­chés et solides ; leur cri­nière et leur queue contrastent vive­ment avec la cou­leur de leur robe. Leur beauté n’est enta­chée que par leur esprit indomp­table. Les éta­lons sau­vages gardent jalou­se­ment leurs juments et, libres, essayent sou­vent de voler des juments domes­tiques, qui les rejoignent avec plai­sir si elles ne sont pas gar­dées.

Une espèce d’onagre tra­verse sou­vent les prai­ries des plaines semi-arides du Sud-Est. Ces onagres émigrent vers le Nord au prin­temps et reviennent vers le Sud avant les pre­miers frimas, car ils ne peuvent sur­vivre à un hiver enneigé sans abri. Bien sûr, les Éothraim ont cap­turé nombre de ces ânes, afin d’élever des mules et des ânesses. Le pro­duit en résul­tant est vendu aux agri­cul­teurs du Dor­wi­nion et aux habi­tants des villes du Gondor ou le long des routes et des cours d’eau du Nord.

Les kines sau­vages blancs qui abondent dans les parages de la Mer de Rhûn sont dédiés à Béma ; ce sont des bêtes grandes et fortes munies de grosses cornes noires qui sont tou­jours uti­li­sées par les Hommes du Nord pour fabri­quer une sorte de cor de chasse. La corne est aussi employée dans la fabri­ca­tion des arcs com­po­sites, tout comme le sont les ten­dons des jar­rets et les nerfs.

Les anti­lopes et les cerfs, qui sont aussi dédiés à Béma (qui apporta beau­coup d’animaux nobles sur les Terres du Milieu pour amé­lio­rer la chasse), sont très abon­dants dans les plaines du Rho­va­nion. Les cerfs ont ten­dance à se dépla­cer en petits groupes dans les hautes terres recu­lées, où les zones boi­sées clair­se­mées leur four­nissent une cou­ver­ture et de bons pâtu­rages en hiver. Les anti­lopes se trouvent plus au Sud, se dépla­çant par hardes de cin­quante ou plus. Leurs courtes cornes en spi­rale sont très appré­ciées pour la fabri­ca­tion des poi­gnées d’épées.

Des meutes de chiens sau­vages, de cha­cals noirs (Rh. Undar­laif), des Culcar­nix (ron­geurs fouis­seurs géants), des chèvres sau­vages, des chats sau­vages et l’infâme vipère Ëgil sont les autres habi­tants les plus remar­quables du Rho­va­nion.


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