05 · Les Rohirrim (après 3A 2510)


« Dans les ces années tar­dives de l’indomptable Troi­sième Âge, les hommes du mal et du bien se bat­taient pour conqué­rir des royaumes, parmi eux il y avait Eorl, Sei­gneur des Éothéod. Son temps vint en 3A 2510 lorsqu’il répon­dit à l’appel du Gondor et mena son peuple vers le Sud pour tuer les hordes des Bal­choth. Inten­dant du Gondor recon­nais­sant, Cirion offrit aux Éothéod vic­to­rieux la tota­lité du Cale­nard­hon, une pro­vince déso­lée et dan­ge­reuse du Gondor sep­ten­trio­nal. Mais là où les autres ne voyaient que d’effrayantes terres désertes, Eorl voyait une terre comme celles de ces ancêtres. Le Sei­gneur-Cava­lier fit son ser­ment à Cirion et mena son peuple dans ces pâtu­rages balayés par les vents, où ils plan­tèrent leurs cœurs et éle­vèrent leurs trou­peaux. Les Elfes Sindar appe­lèrent le nou­veau royaume le Rohan, le Pays des Che­vaux. Le peuple d’Eorl l’appela la Rid­der­mark ».
— d’après le Livre Brisé de Galmód, Sweor­sun, env. 3A 2900

Quand Sauron retourne à Dol Guldur en pro­ve­nance de l’Est, en 3A 2460, il retrouve de nou­veau sa force et donne une nou­velle vie aux enne­mis du Gondor. Les com­mu­ni­ca­tions entre le Gondor et le Peuple des Che­vaux des val­lées de l’Anduin, déjà insuf­fi­santes, sont tota­le­ment cou­pées.

Les machi­na­tions de Sauron dans l’Est portent leurs fruits des fruits de mau­vais pré­sages pour les Hommes du Gondor. Des nou­velles vagues d’Orientais, connues sous le nom de Bal­choth, ou « Horde Ter­rible », jaillissent vers l’Ouest, encou­ra­gées par la répu­ta­tion de fai­blesse du Gondor et pous­sées par la séche­resse qui sévit dans leur pays depuis plu­sieurs années. Ils affluent dans le Rho­va­nion et conso­lident leurs forces.

Quand Cirion l’Intendant prend le pou­voir en 2489, c’est un homme très inquiet Ses armées sont occu­pées à la fron­tière Sud, où les Cor­saires d’Umbar sont actifs en vertu d’une haine ances­trale ; la menace d’une inva­sion par l’Est se pro­file chaque jour davan­tage. Cirion connaît les rap­ports de ses espions qui disent qu’une vaste armée a de nou­veau été levée contre le Gondor et il sent que ces hommes cruels lorgnent vers les vastes plaines vertes du Cale­nard­hon, la pro­vince la plus haut au Nord du Gondor, avec l’ardente convoi­tise d’un homme assoiffé qui voit devant lui un tor­rent d’eau douce.

Les Bal­choth sont pauvres en équi­pe­ment de guerre et pos­sèdent peu de che­vaux ou de machines — mais leur nombre semble incal­cu­lable — et leurs armées couvrent l’horizon quel que soit l’endroit où ils marchent. Le Cale­nard­hon a, à cette époque, une très faible den­sité de popu­la­tion et aucune grande force de défense ne peut s’élever dans la pro­vince contre les enne­mis sans nombre qui se ras­semblent dans les terres brunes des­sé­chées, entre l’Anduin et les lisières Sud de Grand’Peur.

Cirion ren­force les forts des col­lines le long de l’Anduin aussi bien qu’il le peut et pré­pare les armées du Gondor contre l’attaque. Il pioche dans le tré­fonds de ses res­sources mais les familles du Gondor ne peuvent donner plus de guer­riers que ceux qui sont déjà enrô­lés sous la ban­nière de l’Arbre Blanc. Ainsi, ses pen­sées se tournent vers les Éothéod, les anciens alliés du Gondor, qui main­te­nant errent dans le Grand Nord. C’est un long voyage pour des mes­sa­gers, et par­ti­cu­liè­re­ment hasar­deux au- delà des Bas-Fonds, en raison du pou­voir exercé par Dol Guldur. Pire encore, il n’est pas garanti que les Éothéod leur envoient de l’aide mais il n’y a pas d’autre solu­tion que de la leur deman­der.

Cirion envoyé trois paires de mes­sa­gers, sur les meilleurs che­vaux du royaume, avec un jour d’écart entre chaque paire. Chacun des six cour­riers porte une pierre gravée du sceau des inten­dants et d’un mes­sage adressé au cour et à la mémoire : le Gondor est en grave danger d’être com­plè­te­ment détruit par les Bal­choth et a déses­pé­ré­ment besoin de l’aide des Éothéod.

Un seul des mes­sa­gers arrive dans la Contrée Sep­ten­trio­nale : Boron­dir Udal­raph (Boron­dir Sans-étrier), un grand cava­lier, qui se réclame de la des­cen­dance d’un des capi­taines des Sei­gneurs-Cava­liers du Rho­va­nion, homme qui serait resté au Gondor après les guerres contre les Cha­rio­tiers. Le com­pa­gnon de Boron­dir est tué par des flèches alors qu’ils che­vauchent ayant passé Dol Guldur, Boron­dir lui-même est pour­suivi par des pis­teurs Bal­choth jusqu’aux Champs de Flambes. Après cela, d’autres mau­vais hommes l’assaillent depuis leur repère de Grand’Peur mais, enfin, au bout d’une che­vau­chée de 15 jours, Boron­dir arrive à Fram­sburg.

Sans s’arrêter pour se rafraî­chir, il saute les marches de pierre et est admis dans le Hall du Roi, où il s’emploie, dès qu’il le peut, à parler un tant soit peu d’une manière cohé­rente. Il délivre alors son mes­sage : le Gondor est assiégé et tom­bera devant les Bal­choth si aucune aide n’arrive rapi­de­ment,

L’Althegn Eorl, qui est alors Sei­gneur des Éothéod, réflé­chit un moment en silence. Cepen­dant, ses pen­sées sont claires et, peu de temps plus tard, Eorl se lève et dit : « Je vien­drai… si Mund­burg tombe, nous devrons tous fuir devant les Ténèbres « . Pre­nant la pierre gravée de Boron­dir il se retire pour prendre conseil avec les Sei­gneurs des Éothéod pour la levée de l’ost.

La levée prend quelques jours car ils sont en paix avec tous leurs voi­sins mais, fina­le­ment, Eorl che­vauche vers le Sud à la tête d’une grande Éoherë (R. « Ost de Che­vaux ») de cava­liers : 7000 hommes armés de pieds en cape et des cen­taines de scouts et archers à cheval équi­pés plus légè­re­ment Boron­dir che­vauche à leurs côté en tant que guide.

La Chevauchée d’Eorl

L’armée d’Eorl che­vauche rapi­de­ment vers le Sud, pre­nant la vieille route à l’Est de l’Anduin. Per­sonne ne la défie mais quand l’armée arrive près de Dol Guldur, ils voient les méphi­tiques nuages noirs du Téné­breux et se dirigent vers l’Ouest et les rives de l’Anduin pour éviter le pou­voir du lieu mau­vais. En cette heure sombre, beau­coup d’Hommes des Che­vaux regardent de l’autre côté de la rivière, pour entre­voir la belle Lórien, qui est répu­tée pour être un pays de jeu­nesse éter­nelle et de prin­temps doré per­ma­nent.

La Forêt des Elfes s’enveloppe d’une brume qui va vers l’Est, tra­ver­sant la grande rivière, à la conster­na­tion des cava­liers. Mais, alors que la brume les entoure de toute part, Eorl chasse toute panique dans ses rangs. Il leur ordonne d’écouter leurs che­vaux, qui n’ont pas peur de la brume et qui marchent d’un pas haut et fier comme s’ils étaient revi­go­rés ; les hommes eux- mêmes se sentent réjouis et accueillent cette brume comme s’il s’agissait d’une nou­velle assu­rance venue de nulle part et les fatigues du long voyage dis­pa­raissent

Et ainsi, le brouillard les pro­tège de Dol Guldur pen­dant deux jours et nuits, cachant leur pas­sage aux yeux des pis­teurs des Bal­choth. À l’aurore du jour sui­vant, quinze jours après avoir quitté Fram­sburg, la brume s’éclaircit et les Hommes des Che­vaux débouchent dans les plaines situées au Sud-Ouest de Grand’Peur. Ils ne sont pas très loin des Bas-Fonds et aucun ennemi en vue ; cepen­dant, il est clair que, vu le grand nombre de radeaux et barques gros­sières sur l’autre rive de l’Anduin, les Bal­choth ont déjà péné­tré au Cale­nard­hon. Des nuées de fumée s’élevaient en spi­rales des décombres des forts au Sud.

Les Hommes du Nord craignent d’arriver trop tard car tous les Bal­choth ont déjà tra­versé la rivière. Eorl envoie alors ses éclai­reurs pour voir si une quel­conque force pour­rait l’empêcher de tra­ver­ser. Les pre­miers reviennent en rap­por­tant que, bien qu’il y ait des signes d’une grande bataille fai­sant rage dans les col­lines du Wold der­rière la rivière, il n’y a de sen­ti­nelles en vue. Eorl ordonne à son armée de tra­ver­ser l’Anduin le matin sui­vant. Avant que le soleil ne déchire le ciel de l’orient, les Hommes du Nord passent la Grande Rivière et entrent dans les plaines brillantes au Sud-Est de la Lórien.

Alors que les der­niers cava­liers sont en train de tra­ver­ser, les scouts ramènent un soldat Gon­do­rien ; il donne des nou­velles de la défaite de Cirion et des armées du Gondor et dit que Cirion a été conduit au Nord vers la Clai­re­chaux, dan­ge­reu­se­ment assiégé par les Bal­choth, qui sur­passent lar­ge­ment en nombre les forces du Gondor.

L’armée d’Eorl che­vauche vers l’Est et le Sud poussé par le vent et, fina­le­ment, au cou­cher du soleil, atteint une basse crête her­beuse. Là, ils espionnent l’ennemi. Au-delà, — sur un tertre dans une boucle formée par le confluent de l’Anduin avec la Clai­re­chaux — se trouve l’armée de Cirion. Se tenant serré en bon ordre, ils tiennent bons, pres­sés dure­ment vers les eaux qui semblent être leur seul destin. La scène est sinistre : Cirion est dan­ge­reu­se­ment cerné, non seule­ment par les Bal­choth, mais aussi par une armée d’Orques qui est des­cen­due des Monts Bru­meux en grande force.

Alors les Éothéod chargent depuis la hau­teur sur le flanc de l’ennemi, rem­por­tant une vic­toire cer­taine sur les ser­vi­teurs pitoyables de Sauron.

La Bataille du Parth Celebrant

Menée par Eorl, dont le vif cheval Felaróf mène la charge dans les rangs des Bal­choth, l’armée Éothéod passe à tra­vers les Orien­tais, bri­sant leurs rangs pau­vre­ment formés dans un grand car­nage. Un autre groupe du Peuple des Che­vaux frappe l’arrière des tribus Orques. Cirion et tous les hommes du Gondor, ragaillar­dis par l’arrivée sou­daine de ces anciens alliés, chargent de la col­line chan­tant leur hymne de bataille. Pris en tenaille par les forces de Cirion et les cava­liers d’Eorl, l’ennemi se dis­loque, comme des jeunes enfants devant la foudre, la panique aug­men­tant leur état et assu­rant leur mort.

Les Orques en déroute s’enfuient vers les mon­tagnes mais sont rat­tra­pés alors qu’ils tra­versent péni­ble­ment un tapis d’herbe vert argenté. Leurs alliés Bal­choth rompent alors vers la Claire- chaux, où la plu­part péris­sent dans l’eau fraîche. D’autres réus­sissent à passer de l’autre côté de la rivière et à s’enfuir dans le Wold. Leur désar­roi fait d’eux des cibles faciles pour les archers à cheval qui les pour­suivent.

La Bataille du Champ du Cele­brant met fin à la menace Bal­choth. L’armée Eas­ter­ling est anni­hi­lée et la plu­part des gens des tribus res­tées au Rho­va­nion font retraite vers l’Est. Cirion et Eorl se congra­tulent pour leur grande vic­toire mais la joie est enta­chée car il y a beau­coup de mort ; Boron­dir, qui a été le pre­mier à se tailler un pas­sage vers Cirion, est tombé dans le milieu de la jour­née en défen­dant son sei­gneur.

Le Serment d’Eorl et le Don du Rohan

Une fois la guerre ter­mi­née, Eorl et une Éored de Cava­liers vont vers le Sud au Cale­nard­hon avec Cirion et l’armée du Gondor fort dimi­nuée. Les deux sei­gneurs che­vauchent sou­vent ensemble et les sol­dats se demandent com­ment Cirion va remer­cier les Éothéod pour l’aide appor­tée. Lorsqu’ils arrivent enfin à la Rivière Limite, qui est la fron­tière Sud du Cale­nard­hon, Cirion se tourne vers Eorl, fils de Léod, et lui fait ses adieux. L’Intendant parle du besoin de remettre en ordre le pays du Gondor. Avant de le quit­ter, Cirion s’enquiert de savoir si les Éothéod dési­rent avoir la res­pon­sa­bi­lité et le soin du Cale­nard­hon, ainsi que garder ce pays déchiré par la guerre ou si le Peuple des Che­vaux pré­fère s’en retour­ner chez lui. Eorl accepte de rester dans la Verte Pro­vince pen­dant trois mois, après quoi, lui et Cirion se ren­con­tre­ront de nou­veau et tien­dront conseil.

Alors Cirion et l’armée du Gondor passent dans les bois d’Anórien par la route à l’ombre des arbres, pen­dant qu’Eorl repart avec ses hommes et ins­talle son cam­pe­ment dans des pâtu­rages proches des Mon­tagnes Blanches, sur une basse col­line près d’un cours d’eau de bonne taille. Ils res­tent dans ce vaste pays avec leurs che­vaux, répa­rant le mieux qu’ils peuvent les bles­sures de la guerre et engrais­sant leurs che­vaux par l’herbe grasse qu’ils y trouvent là. Et les Cava­liers constatent que le Cale­nard­hon est vaste, vert et magni­fique.

Une fois les trois mois écou­lés, Eorl che­vauche vers la Rivière Limite avec une escorte de cava­liers. Il y ren­contre Cirion et se dirigent avec leurs capi­taines vers la Col­line de la Crainte, au sommet de laquelle se trouve le tom­beau d’Elendil. Lorsqu’ils arrivent à une aire de repos, un peu avant le sommet, ils s’assoient et res­tent silen­cieux quelques minutes ; alors Cirion se lève et, sur la pre­mière marche menant au tom­beau, indique la manière dont il compte remer­cier les Éothéod d’avoir apporté de l’aide au-delà de toute espé­rance aux peuples du Gondor.

Cirion déclare qu’il accorde aux Éothéod l’entière pro­vince du Cale­nard­hon comme cadeau, pour être à eux et à leurs trou­peaux, tant que durera le pou­voir de l’Intendant — jusqu’au retour du roi — ceci signi­fiant qu’ils auraient leurs propres lois et leurs propres chefs, sans aucune res­tric­tion ni condi­tion hormis le fait qu’ils devront être pour tou­jours les alliés du Gondor. Ce lien fut éga­le­ment tissé vis-à-vis des Gon­do­riens.

Ensuite, Eorl se lève, étonné de la sagesse de Cirion car il a conscience que ce plan béné­fi­ciera gran­de­ment aux deux peuples. Les Éothéod reçoivent un vaste pays riche en guise de domaine et les fron­tières du Gondor seront ainsi peu­plées et pro­té­gées. Les deux peuples renou­vellent ainsi l’amitié de leurs ancêtres et goûtent au métis­sage qui a apporté tant de pros­pé­rité à leurs aïeuls, il y a si long­temps. Ces pen­sées tra­ver­sèrent l’esprit d’Eorl avant de parler.

Eorl accepte le don, pour lui-même et pour son peuple, et, ensuite, lui et Cirion gra­vissent l’escalier vers le Tom­beau d’Elendil et — lieu des plus sacrés pour les Dúne­dain — prêtent nombre de ser­ments dont se sou­vien­dront les deux peuples.

Lorsqu’ils reviennent fina­le­ment au camp, porl et Cirion tiennent conseil avec le Prince de Dol Amroth et Eomund — res­pec­ti­ve­ment capi­taine des armées du Gondor et des Éothéod — et défi­nissent les fron­tières de la Rid­der­mark, le pays qui fut connu par la suite par le peuple de Cirion sous le nom de Rohan.


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