02 · Le Calenardhon : Passage stratégique


Le Cale­nard­hon est une pro­vince fer­tile située au nord des Mon­tagnes Blanches, entre l’Isen et l’Anduin. Les larges prai­ries du Cale­nard­hon ont tou­jours joué un rôle stra­té­gique impor­tant pour les Hommes du Gondor ; ils ont com­mencé à s’y éta­blir peu de temps après avoir conso­lidé leur posi­tion au sud des Mon­tagnes Blanches. L’occupation mili­taire de la Brèche du Cale­nard­hon, notoire point faible dans les défenses des fron­tières du Gondor, a débuté très tôt : au cours du Deuxième Âge, les Númenó­réens bâtirent la gigan­tesque for­te­resse d’Orthanc pour pro­té­ger l’Eriador des entre­prises de Sauron.

Les pre­miers peu­ple­ments du Cale­nard­hon s’érigèrent sur le par­cours de la Grande Route Ouest où les habi­tants pou­vaient comp­ter sur la pro­tec­tion des forts, éta­blis pour pro­té­ger les voies de com­mu­ni­ca­tion ainsi que pour écar­ter tout danger d’invasion. Cette route était le lien vital réunis­sant le Royaume d’Arnor à celui du Gondor, lien par lequel s’écoulait tout le trafic éco­no­mique des deux royaumes. Bien que ce com­merce ait quelque peu baissé après l’éclatement de l’Arnor en 3 royaumes dis­tincts (le Car­do­lan, le Rhu­daur et l’Arthedain), la Grande Route Ouest demeure d’une impor­tance pri­mor­diale, car toute force hos­tile au Gondor, en Eria­dor, devra emprun­ter cette voie pour pou­voir le mena­cer. Pour parer à ce danger, le Gondor érigea la puis­sante for­te­resse cir­cu­laire d’Angrenost en pierre lisse, non loin des Gués de l’Isen ; il plaça un Palantír au sommet de l’inexpugnable tour d’Orthanc, au nord des plaines de l’Isengard.

Malgré tout, il y eut des inva­sions, prin­ci­pa­le­ment par la fron­tière Est en fran­chis­sant le large Anduin par le Bas-Fond Sud. L’unique autre route sus­cep­tible d’être emprun­tée par des enva­his­seurs (pas­sant par l’Ithilien et les ponts d’Osgiliath) pas­sait par une bande de terre étroite bordée par des marais et le fleuve à l’Ouest et par la lisière mon­ta­gneuse du Mordor à l’Est. Mais le Mordor a été puis­sam­ment for­ti­fié par les Hommes du Gondor afin d’empêcher le retour de la Force Téné­breuse. Pour­tant, après avoir tra­versé l’Anduin pour entrer au Cale­nard­hon, une armée d’invasion n’aurait plus eu devant elle, entre cette pro­vince et l’Anórien, qu’une plaine immense ; pire encore, seule Minas Anor (la future Minas Tirith [S. « Tour de Garde »] après que Minas Ithil soit tombée entre les mains de Sauron) se dres­se­rait entre les enva­his­seurs et les riches pro­vinces du Gondor au sud des Mon­tagnes Blanches. C’est pour cette raison, et éga­le­ment pour pro­té­ger le Cale­nard­hon, que le Gondor a tou­jours pré­féré livrer bataille le plus au nord pos­sible ; cela signi­fiant que, privés du sou­tien de ses for­te­resses, ses sol­dats devaient se battre pra­ti­que­ment à armes égales contre les enva­his­seurs.

Les luxu­riantes prai­ries du Cale­nard­hon sont un objec­tif de choix pour les bar­bares de l’Est, avides de terres. Au Sud de la rivière Enté­vière, les pâtu­rages, bien arro­sés par les nom­breux ruis­seaux déva­lant des Mon­tagnes Blanches, sont plus riches que les coteaux déso­lés situés au nord de l’Entévière et que l’on appelle le Wold (région val­lon­née). À cause de ses riches pâtu­rages et de ses faci­li­tés com­mer­ciales le long de la Grande Route Ouest, les contre­forts des Mon­tagnes Blanches et leurs val­lées alpines furent abon­dam­ment peu­plés par les Hommes du Gondor dès leur ins­tal­la­tion dans cette pro­vince. Enri­chis par une terre fer­tile et par des échanges com­mer­ciaux avec le Royaume du Nord et aussi, en partie, avec le Rho­va­nion et le Pays Sau­vage, les Gon­do­riens du Cale­nard­hon pros­pé­rèrent jusqu’à la Grande Peste.

La Grande Peste, comme la majo­rité des enne­mis du Gondor, vint de l’Est, pas­sant par le Rho­va­nion où elle frappa en pre­mier à la fin de 1635 et rava­gea le Cale­nard­hon le long de la route com­mer­ciale. Du Cale­nard­hon, l’épidémie se répan­dit sur les deux axes de la Grande Route Ouest : vers l’Est jusqu’en Anó­rien puis vers le Sud et les pro­vinces méri­dio­nales du Gondor où elle s’abattit sur Osgi­liath avec un effet dévas­ta­teur ; vers l’ouest jusqu’en Eria­dor, où le Min­hi­riath, pro­vince méri­dio­nale du Car­do­lan, et le Comté furent dure­ment tou­chés.

La Grande Peste dévasta le Cale­nard­hon. Ses effets mor­tels furent aggra­vés par un hiver rigou­reux qui obli­gea les hommes à se cloî­trer chez eux avec leurs ani­maux. L’épidémie n’emporta pas seule­ment presque la moitié de la popu­la­tion du Cale­nard­hon, elle tua aussi en grande partie le com­merce sur la Grande Route Ouest. De nom­breuses villes et vil­lages furent com­plè­te­ment et sou­dai­ne­ment aban­don­nés ; d’autres péri­cli­tèrent. Les avant-postes mili­taires du Gondor furent main­te­nus avec un mini­mum d’effectifs et cer­tains des plus petits forts lais­sés à l’abandon. Les enne­mis du Gondor, ayant éga­le­ment été déci­més par l’épidémie, ne purent mener aucune inva­sion mas­sive pour l’envahir, et ce durant plu­sieurs cen­taines d’années. Les temps devinrent rudes, car la vigi­lance du Gondor s’affaiblissait. Des bri­gands et hors-la-loi, la plu­part ori­gi­naires de la Dun­lande (« Pays de Dun » ou « Pays Sau­vage »), com­men­cèrent à s’attaquer, avec des bandes d’Orientais, aux vil­lages isolés et aux cara­vanes emprun­tant spo­ra­di­que­ment la Grande Route Ouest. Décou­ra­gés par les mai­sons vides de leurs voi­sins et par les rumeurs de la force gran­dis­sante des bar­bares de l’Est, mais aussi effrayés par la puis­sance du Roi-Sor­cier au Nord, dans Grand’Peur (Mirk­wood), une grande partie des gens hon­nêtes du Cale­nard­hon cher­cha refuge au sud des Mon­tagnes Blanches où l’on se sen­tait tou­jours en sécu­rité. La popu­la­tion déclina len­te­ment et les consé­quences étaient claires : le Cale­nard­hon, autre­fois riche et peuplé, était devenu une marche fai­ble­ment défen­due par des sol­dats qui, à cer­tains endroits, sur­pas­saient en nombre les civils.

Mais la terre elle-même demeu­rait plus luxu­riante et plus verte que jamais, une proie ten­tante pour les géné­ra­tions suc­ces­sives de bar­bares Orien­tais main­te­nant que la pro­vince était dépeu­plée. Au début, la force mili­taire du Gondor, maté­ria­li­sée par une chaîne de forts le long de l’Anduin et au nord de Sarn Gebir, était suf­fi­sante pour repous­ser les attaques. Mais, comme elle allait en s’affaiblissant, les bar­bares repar­taient sans cesse à l’assaut, tes­tant l’ardeur du Gondor. Fina­le­ment, la défense du Cale­nard­hon devint un pro­blème inso­luble pour les Rois et Inten­dants du Gondor, pro­blème qui ne fut réglé qu’après un mil­lé­naire de com­bats spo­ra­diques, lorsque Cirion l’Intendant octroya le Cale­nard­hon aux Rohir­rim en échange d’un ser­ment d’assistance au Gondor.

Chronologie

Deuxième Âge

1693
Sauron entre en guerre contre les Elfes d’Eregion et d’Eriador.
1700
Tar-Minas­tir envoie la flotte et l’armée de Númenór au secours de Gil-galad et des Elfes. Sauron est repoussé d’Eriador jusqu’au-delà de la Trouée du Cale­nard­hon.
Env. 1750
Les Númenó­réens amé­nagent la muraille cir­cu­laire et lisse de l’Isengard.
2280
Fon­da­tion d’Umbar.
2350
Fon­da­tion de Pelar­gir.
2350–3260
Crois­sance de la puis­sance de Númenór.
3261
Sauron se soumet à Ar-Pha­razôn et est ramené, enchaîné, à Númenór.
3310
Cor­rompu par les men­songes de Sauron et sa propre peur de la mort, Ar-Pha­razôn com­mence la construc­tion de la Grande Flotte pour enva­hir les Terres Éter­nelles.
3319
La Flotte atteint le rivage de Vali­nor, ayant bravée l’interdiction des Valar. Númenór est englou­tie sous les flots.
3320
Elen­dil et ses fils conduisent les Fidèles jusqu’en Endor et fondent les Royaumes d’Arnor et du Gondor, les Royaumes Exilés.
3429
Sauron attaque le Gondor, espé­rant détruire le Royaume avant qu’il puisse se ren­for­cer. Il s’empare de Minas Ithil et brûle l’Arbre Blanc.
3446
Sauron est vaincu par les Humains et les Elfes au cours de la Guerre de la Der­nière Alliance.

Troisième Âge

Env. 1
Les Hommes du Gondor com­mencent la construc­tion de la for­te­resse d’Angrenost (Isen­gard) pour défendre la Brèche du Cale­nard­hon contre des attaques venues de l’Ouest ; ils érigent l’inexpugnable tour d’Orthanc et y ins­tallent un Palantír dans ses niveaux supé­rieurs.
1–250
Le peu­ple­ment du Cale­nard­hon se fait tout au long de la Grande Route Ouest.
Env. 250
L’usage rendu cou­rant du soc de char­rue en acier permet la mise en culture des pâtu­rages. La popu­la­tion s’accroît rapi­de­ment à partir de ce moment dans l’Ouestfolde et l’Estfolde.
490
Les Orien­tais de Rhûn enva­hissent le Gondor par le Dagor­lad. Rómen­da­cil les écrase et étend les fron­tières orien­tales du Gondor en englo­bant le Rho­va­nion et en s’arrêtant aux rivages de la Mer de Rhûn.
600‑1400
Le Cale­nard­hon connaît une ère de richesse et de paix.
Env. 1260
Vala­car épouse Vidu­mavi, nais­sance de leur fils Elda­car.
1432
Elda­car monte sur le trône du Gondor ; Cas­ta­mir et les sei­gneurs rebelles, refu­sant de recon­naître un Roi à moitié Homme du Nord, se révoltent ; début de la Lutte Fra­tri­cide.
1432–1437
La Lutte Fra­tri­cide déchire le Gondor.
1437
Cas­ta­mir brûle Osgi­liath. Elda­car se réfu­gie au Rho­va­nion au sein du peuple de sa mère.
1438
Cas­ta­mir ins­talle les Nou­veaux Sei­gneurs du Cale­nard­hon et aug­mente les impôts pour punir le Cale­nard­hon de s’être rangé aux côtés d’Eldacar.
1439–1442
La résis­tance contre Cas­ta­mir et les Nou­veaux Sei­gneurs, Alan­dur et Soron­do­thor, com­mence à prendre forme.
1442
L’Aspic Vert com­mence à désta­bi­li­ser le pou­voir d’Alandur et de Soron­do­thor au Cale­nard­hon. Les forces d’Eldacar com­mencent à lancer des raids au-delà de l’Anduin et de la Clai­re­chaux.
1447
Retour d’Eldacar ; le Cale­nard­hon se range sous sa ban­nière. Il tue Cas­ta­mir aux Gués de l’Erui et bat les Sei­gneurs Rebelles qui se replient sur Pelar­gir.
1448
Les Sei­gneurs Rebelles s’enfuient en Umbar. Umbar et le Harad refusent de recon­naître la suze­rai­neté du Gondor.
1636–1637
La Grande Peste dévaste le Cale­nard­hon.
1851–2510
Guerres fron­ta­lières et inva­sions suc­ces­sives des Orien­tais.
2510
Cirion l’Intendant octroie le Cale­nard­hon à Eorl et aux Cava­liers Rohir­rim.
2759
Sarou­mane reçoit les clefs d’Orthanc.

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