03 · Le vert pays du Calenardhon


Le chemin de Rho­va­nion au Cale­nard­hon passe par le Bas-Fond Sud qui permet de fran­chir l’Anduin et conti­nue par une région val­lon­née connue sous le nom de Wold. À pre­mière vue, la terre, bien que verte, est déso­lée, l’herbe courte et l’absence d’arbres indiquent un manque d’eau (eau qui est trop faci­le­ment drai­née à tra­vers la roche poreuse des col­lines). Cette terre, pâtu­rage excellent pour les mou­tons, est de moins en moins escar­pée plus l’on des­cend vers le Sud-Est vers les gués de la rivière Enté­vière (S. Onodló, « Bain-des-Ents ») ; au loin, les pics recou­verts de neige des Mon­tagnes Blanches — qui peuvent être pris au pre­mier coup d’œil pour des nuages bas — semblent jaillir de la verte plaine ondu­leuse. Ensuite, len­te­ment comme les col­lines s’affaissent, l’herbe devient plus haute. Sur la rive gauche de l’Entévière, arro­sée par les nom­breux ruis­seaux des­cen­dus des mon­tagnes, l’herbe des pâtu­rages est longue et grasse. Comme l’on s’approche des mon­tagnes appa­raissent les magni­fiques pics du Rai­de­corne et du Mon­thanté ; ce der­nier, d’un noir de jais là où il est dépourvu de neiges éter­nelles, s’élève der­rière l’acéré Iren­saga et fait ombrage aux pics avoi­si­nants. À partir de la Snaw­burna (Snow­bourn), la Grande Route Ouest s’incurve vers l’Ouest pour se diri­ger vers la for­te­resse d’Aglarond et tra­verse les Gués de l’Isen pour rejoindre la cita­delle d’Orthanc avant de péné­trer en Eria­dor. Vers l’est, à partir de la Snaw­burna, la Grande Route Ouest atteint la ville de Cal­mi­rië puis s’incurve peu à peu vers le Sud à tra­vers les pâtu­rages et les col­lines de l’Estfolde jusqu’aux terres boi­sées de l’Anórien. Au-delà se trouve le Gondor.

Les Montagnes Blanches (Ered Nimrais)

Les Mon­tagnes Blanches, ou Ered Nim­rais, forment la fron­tière méri­dio­nale du Cale­nard­hon et, domi­nant les vastes plaines luxu­riantes, elles sont aussi hautes que par­tout ailleurs dans l’Ouest des Terres du Milieu, sur­tout dans le sec­teur d’Aglarond. Les pics les plus hauts, com­pre­nant la Rai­de­corne, le Mon­thanté et l’Irensaga, sont recou­verts de neige toute l’année. Bien que les pics de la région soient, en grande partie, consti­tués d’une roche ignée noire, les Mon­tagnes Blanches sont for­mées de marbre et de cal­caire, deux roches claires, qui ont donné son nom à ce massif mon­ta­gneux.

Façon­nées par l’ère gla­ciaire, les magni­fiques val­lées alpines telles que la Combe Pro­fonde et le Val de Hart, naissent dans les plaines ver­doyantes et se fraient un chemin jusqu’au sein du massif comme des fjords verts. Des ruis­seaux, nour­ris par la fonte des neiges, dévalent les pentes escar­pées vers les val­lées. Les col­lines et les contre­forts des Mon­tagnes Blanches sont par­ti­cu­liè­re­ment fores­tiers et giboyeux.

Pour les aven­tu­riers, il existe de nom­breuses grottes et cavernes dans les Mon­tagnes Blanches. La plu­part, malgré tout, sont plus petites que le com­plexe des Brillantes Cavernes d’Aglarond et sont l’œuvre de l’action de l’eau sur la roche cal­caire. D’autres com­plexes de cavernes, comme celui du Chemin des Morts der­rière Dun­har­row, sont le résul­tat des frac­tures et des défauts inhé­rents à la roche ignée.

Des gemmes et des métaux pré­cieux peuvent être décou­verts dans la partie occi­den­tale de la chaîne, mais de telles veines ne sont pas très riches (sauf dans les envi­rons d’Aglarond).

La tra­ver­sée des Ered Nim­rais, sur­tout dans la région des hauts pics, est extrê­me­ment ris­quée, quelle que soit la saison ; les ava­lanches n’y sont pas rares et le climat y est rude. Il faut s’attendre à du bliz­zard et à des tem­pé­ra­tures néga­tives en hiver. Même des mon­ta­gnards expé­ri­men­tés auraient des dif­fi­cul­tés à accom­plir la tra­ver­sée. En plus des dan­gers natu­rels inhé­rents, il existe des peu­plades qui vivent dans ces mon­tagnes ; parentes des Dun­lan­dais, elles sont iso­lées, xéno­phobes et ne sont les vas­sales de per­sonne. Elles sont hos­tiles aux étran­gers et donc dan­ge­reuses. Qui­conque dési­rant explo­rer les mon­tagnes devra louer — autant que faire se peut — les ser­vices d’un guide.

Les Prairies

La région des prai­ries est limi­tée au Nord par la Forêt de Fan­gorn et les contre­forts des puis­sants Monts Bru­meux et est irri­guée par des affluents de l’Entévière. De nom­breux cours d’eau nais­sant dans les Mon­tagnes Blanches dévalent jusqu’aux vertes plaines du Cale­nard­hon. Les pâtu­rages bien irri­gués sont parmi les plus riches des Terres du Milieu ; ils reposent sur un sol cal­caire recou­vert d’une couche de limon fer­tile attei­gnant une épais­seur de 6 m dans l’Ouestfolde. Ces pâtu­rages vont jusqu’aux Mon­tagnes Blanches en de nom­breux endroits avec peu de col­lines s’interposant. Les dis­tances peuvent être trom­peuses et les Mon­tagnes, que l’on peut voir par­tout dans l’Ouestfolde, sont en réa­lité à bien des lieues. Cette confu­sion dans les dis­tances, ajou­tée à l’effet du vent jouant sur l’herbe, pro­voque sou­vent l’impression d’être dans un rêve pai­sible, en dehors du temps, sen­sa­tion qui peut émous­ser la vigi­lance des voya­geurs. Au Sud de la Snaw­burna, les pâtu­rages de l’Estfolde sont aussi riches que ceux de l’Ouestfolde. Une chaîne de col­lines sépare la plaine des Mon­tagnes Blanches. L’Estfolde est limité au sud-est par la Glan­hir (S. « Rivière Limite ») et le Bois de Firien.

Sépa­rés par l’Entévière, l’Ouestemnet et l’Estemnet forment une tran­si­tion gra­duelle des pâtu­rages extrê­me­ment luxu­riants près des mon­tagnes jusqu’aux tertres dénu­dés du Wold. L’Ouestemnet s’étend sans inter­rup­tion jusqu’à la lisière de la Forêt de Fan­gorn. L’Estemnet s’étend au-delà du Mur Est du Cale­nard­hon où les hau­teurs escar­pées et déso­lées de l’Emyn Muil ren­contrent sou­dain les terres vertes. Au Nord de l’Estemnet se trouve le Wold.

Le Wold

Le Wold, bien que ver­doyant, est vir­tuel­le­ment dépourvu d’arbres ; les col­lines acci­den­tées et dénu­dées y sont en désordre et, dans les coteaux envi­ron­nants, les col­lines se dressent en longues chaînes presque concen­triques. La roche sous-jacente y est si per­méable que l’eau la tra­verse comme dans une pas­soire. L’herbe du Wold est élas­tique et courte, d’une cou­leur brune, comme s’il n’avait pas plu depuis long­temps, mais c’est un bon pâtu­rage pour les ovins. Cer­tains trous d’eau retiennent l’eau col­lec­tée par infil­tra­tion dans les col­lines après les pluies. Bien que ces col­lines sans arbre n’offrent que peu d’abris où se cacher, le ter­rain est si acci­denté que des bataillons pour­raient passer à proxi­mité les uns des autres sans jamais déce­ler la pré­sence enne­mie.

La fron­tière est du Wold est formée par le puis­sant Anduin qui peut être tra­versé sans trop de dif­fi­cul­tés aux Bas-Fonds nord et sud. Au nord, la rivière Lime­claire (S. Lim­light) sert de fron­tière au Cale­nard­hon et au Wold.

La Marche Occidentale

Petit ter­ri­toire situé à l’ouest des Mon­tagnes Blanches, entre les rivières Isen et Adorn. Il est admi­nis­tré par le com­man­dant de la for­te­resse d’Aglarond. L’Adorn, qui prend sa source dans les Ered Nim­rais, est le prin­ci­pal affluent de l’Isen. Le ter­ri­toire situé entre les deux rivières, appelé Marche Occi­den­tale, est en partie boisé et abrite des hardes de cer­vi­dés. Il est habité par un peuple des forêts appa­renté aux Dun­lan­dais ; ils pêchent, dans les deux rivières, le saumon à la ligne et avec des filets. Ces habi­tants n’ont jamais fait preuve d’amitié envers les Dúne­dain et sup­portent mal l’autorité du Roi du Gondor.

Principaux cours d’eau

L’Entévière (Onodló, « Bain-des-Ents »)

Nais­sant dans les pro­fon­deurs de la Forêt de Fan­gorn et s’écoulant vers le sud-est dans la pre­mière partie de son cours, l’Entévière est la prin­ci­pale rivière du Cale­nard­hon. Lorsqu’elle surgit de la forêt pour s’écouler dans les plaines de l’Ouestemnet, ce n’est encore qu’un petit ruis­seau aux rives escar­pées. Quelque peu gros­sie par les eaux du Wold qui s’écoulent vers l’Ouest, l’Entévière inflé­chit quelque peu sa course rapide vers le Sud et tra­verse les prai­ries des deux Emnets jusqu’à ce qu’elle s’élargisse et que son cours se ralen­tisse lorsqu’il tra­verse une large avan­cée rocheuse aux Gués des « Pas de l’Entévière », où il peut être fran­chi. Plus tard, ren­forcé par d’autres tor­rents des­cen­dus des Mon­tagnes Blanches, son cours se fait plus rapide comme il s’incurve encore plus vers le Sud. Il est navi­gable, en aval des Gués, par des navires à fond plat et, en amont, par des canoës. La froide et rapide Snaw­burna se jette dans l’Entévière avant que celle-ci ne s’enfonce vers le sud-est, s’éloignant des mon­tagnes pour atteindre la région maré­ca­geuse appe­lée les « Bouches de l’Entévière ». À tra­vers ces maré­cages, et par de nom­breux canaux, l’Entévière finit par se jeter dans le puis­sant Anduin.

La Snawburna

La Snaw­burna prend sa source dans les Mon­tagnes Blanches et coule toute l’année avec la même vigueur, devant une grande partie de sa force à la fonte des neiges et des gla­ciers dans les val­lées de haute mon­tagne. Cris­tal­line et gla­ciale, la Snaw­burna peut faci­le­ment être passée à gué sur pra­ti­que­ment toute sa lon­gueur (sauf lors des crues au prin­temps). Ses eaux scin­tillantes regorgent de grosses truites brunes.

Le climat

Le climat dont jouit le Cale­nard­hon est de type tem­péré. Les étés y sont plai­sam­ment chauds et les hivers sont rare­ment rigou­reux. La neige tombe sur les plaines, mais elle tient rare­ment tout l’hiver et n’est pas très épaisse. Les huit semaines qui vont du milieu de Rin­garë jusqu’au milieu de Súlimë sont tra­di­tion­nel­le­ment la période la plus froide. Bien sûr, dans les Mon­tagnes Blanches, les tem­pé­ra­tures sont plus basses et les hivers plus sévères. Les Mon­tagnes Blanches retiennent une bonne partie des tem­pêtes venues du sud, ce qui atté­nue leurs effets dans les col­lines et les plaines en contre­bas. Au Cale­nard­hon, la majo­rité des pires tem­pêtes viennent du nord-est. Les nuits d’été sont très douces dans les mon­tagnes et l’atmosphère est claire et fraîche. Les coteaux du Wold sont sou­vent battus par les vents.

Même au cours des hivers les plus froids, une brise chaude et sèche tra­verse par­fois les mon­tagnes, fai­sant fondre les neiges et aug­men­tant le danger d’avalanches. Si les prai­ries sont recou­vertes d’une épaisse couche de neige, celle-ci dis­pa­raî­tra en une jour­née, s’écoulant vers les combes.

La Marche Occi­den­tale, moins pro­té­gée par les mon­tagnes, reçoit plus de pluies que le Cale­nard­hon et est par­fois tra­ver­sée par des oura­gans venus de la mer.

Distances et temps de voyage

Le temps de voyage dépend de plu­sieurs fac­teurs et est approxi­ma­tif ; mais il faut savoir que les voyages à tra­vers le Cale­nard­hon sont rela­ti­ve­ment faciles. Les routes ou les pistes sont bonnes et les gens accueillants ; il n’y a que peu de risques de délais sup­plé­men­taires. À cheval à un pas normal, l’on peut cou­vrir une étape de 48 à 66 km par jour, pen­dant 2 à 3 jours au maxi­mum. Si l’on est pressé et si le cheval est vigou­reux, on peut le lancer au galop pen­dant deux ou trois heures par­cou­rant ainsi des dis­tances de 128 à 160 km en une jour­née. Tra­ver­ser le Wold, de par sa nature acci­den­tée, est un peu plus dif­fi­cile, la moyenne s’en res­sen­tira donc. L’absence de points de repère dans les plaines du Cale­nard­hon rend tou­jours pos­sible le fait de se perdre par une jour­née bru­meuse ou une nuit de brouillard si on s’éloigne de la route.

Trajet Dis­tance
Agla­rond (Ferté-au-Cor) Gués de l’Isen 80 km
Agla­rond Isen­gard (Orthanc) 128 km
Agla­rond Forêt de Fan­gorn 240 km
Agla­rond Confluence de l’Isen et de l’Adorn 280 km
Agla­rond Cal­mi­rië 320 km
Agla­rond Minas Anor 736 km
Cal­mi­rië Minas Anor 520 km
Cal­mi­rië Gués de l’Isen 384 km
Cal­mi­rië Isen­gard 448 km
Cal­mi­rië Glan­hir (S. « Rivière Limite ») 184 km
Cal­mi­rië Gués des « Pas de l’Entévière » (Ono­drith) 64 km
Cal­mi­rië Forêt de Fan­gorn 320 km
Cal­mi­rië Bas-Fond Sud (Tir-Anduin) 360 km
Cal­mi­rië Lime­clair (fron­tière nord) 456 km
Cal­mi­rië Parth Cele­brant (Bas-Fond Nord) 416 km
Cal­mi­rië Mur Est du Cale­nard­hon (à vol d’oiseau) 208 km
Ono­drith Forêt de Fan­gorn 256 km
Ono­drith Bas-Fond Sud (Tir-Anduin) 240 km

Les voyages sur l’Entévière sont sûrs et pra­tiques ; il faut entre sept et dix jours pour arri­ver jusqu’à l’Anduin ; Osgi­liath, à partir de ce point, ne se trouve plus qu’à deux jours et une nuit. Le voyage de retour prend envi­ron trois semaines. Le bateau trans­por­tera des pas­sa­gers, pour un prix modique, s’il y a de la place et l’on peut ache­ter des canoës en Ono­drith.

Voyage sur la Grande Route Ouest

Si l’on vient de l’Eriador et que l’on se rend au Cale­nard­hon en emprun­tant la Grande Route Ouest, l’on devra passer par les Gués de l’Isen, non loin d’Angrenost. Le Methe­dras, der­nier pic des Monts Bru­meux, se dresse au Nord, entouré de col­lines ; entre deux contre­forts Sud, au cœur d’une vallée abri­tée se trouve la cita­delle d’Orthanc. Au Sud, au-delà de la for­te­resse d’Aglarond, les hauts pics des Mon­tagnes Blanches pro­filent leurs ombres dans les plaines du Cale­nard­hon. La Grande Route tra­verse un pays riche qui s’étend à perte de vue et où règnent la paix et la pros­pé­rité ; elle est reliée aux vil­lages des mon­tagnes et des plaines grâce à un réseau de routes secon­daires ; tout y semble pai­sible. Les Mon­tagnes Blanches, dis­tantes de 15 à 25 km, semblent être à portée de la main. L’on peut par­fois voir les aigles, pla­nant au-dessus des prai­ries, à la recherche d’une proie. En voya­geant sans se pres­ser et en s’arrêtant pour se rafraî­chir aux nom­breuses auberges sur la route, l’on peut atteindre la Snaw­burna en quatre ou cinq jours. Ensuite, après avoir contourné l’Irensaga et pro­gressé à tra­vers les pâtu­rages quelque peu acci­den­tés, le voya­geur par­vient à Cal­mi­rië à l’Estfolde. Une fois dans cette plai­sante cité pro­vin­ciale, le voya­geur ne sera plus qu’à deux semaines de Minas Anor juchée sur le ver­sant escarpé du Mont Min­do­luin.

Au-delà des fron­tières occi­den­tales du Cale­nard­hon, la Route de l’Ouest tra­verse le Pays des Dun­lan­dais et passe le Gwathló (Flot­gris) à Thar­bad, puis conti­nue à tra­vers le Royaume Sep­ten­trio­nal d’Arnor pour atteindre fina­le­ment les ports Elfes (Havres Gris) sur le Golfe de Lune. La Grande Route n’est qu’une partie d’une route plus ancienne qui reliait les confins des Terres du Milieu. Sa partie orien­tale passe l’Anduin au Bas-Fond Sud, tra­verse le Rho­va­nion jusqu’au Dor­wi­nion, le pays des Vins, qui jouxte la Mer de Rhûn. Au-delà de la Mer de Rhûn, la Route pénètre dans le ter­ri­toire dan­ge­reux des Orien­tais.


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