07 · Pouvoir et politique


Lorsque les hommes du Gondor arri­vèrent pour la pre­mière fois au Cale­nard­hon, ils ne trou­vèrent pas la région com­plè­te­ment vide d’habitants, il y avait des hommes dans les prai­ries et les val­lées des mon­tagnes. Cer­tains, sur­tout des Dun­lan­dais, s’étaient tour­nés depuis long­temps vers le Mal, soit en ado­rant le Sei­gneur Téné­breux et son Trône, soit en tolé­rant les membres de cette reli­gion ; ces hommes com­bat­tirent le Gondor et furent tués ou repous­sés. D’autres encore, comme les Hommes du Nord, qui se consi­dé­raient comme parents loin­tains des Gon­do­riens, se sou­ve­naient de la cruelle avi­dité avec laquelle les Númenó­réens avaient assis leur pou­voir lors de leurs trac­ta­tions avec les Humains infé­rieurs des Terres du Milieu, avant la Chute, com­men­cèrent par craindre les Hommes du Gondor. Mais ils furent rapi­de­ment conquis par l’amour et la cour­toi­sie des Fidèles envers ceux qui com­bat­taient Sauron. Accep­tant, sans que­relle, la supé­rio­rité d’hommes qui fai­saient remon­ter leur généa­lo­gie au-delà de la Mer, les Hommes Com­muns vou­lurent adop­ter le mode de vie des Hommes du Haut et ils apprirent avec avi­dité tout ce que leur ensei­gnèrent les hommes du Gondor. C’est ainsi que les races se réunirent, la majeure et les mineures se réjouis­sant toutes de cette union, jusqu’au jour où elles ne devinrent qu’un seul peuple, les Cale­nard­ho­niens, heu­reux de vivre dans leurs prai­ries d’au-delà des mon­tagnes et loin dé la Mer, mais non sépa­rés des habi­tants des Pro­vinces Méri­dio­nales, car tous les hommes étaient les féaux du Roi.

Le Roi est la source de tout pou­voir, mili­taire et civil, au Cale­nard­hon. La pro­vince n’a jamais été octroyée à un grand sei­gneur et le Cale­nard­hon est trop loin de la Mer pour que ces nobles puissent vou­loir le convoi­ter. Le Roi nomme lui-même les com­man­dants de for­te­resses qui pro­tègent la Grande Route Ouest et les Marches. Les Com­man­dants Royaux sont nommés pour un nombre d’années indé­fini ; ils servent aussi long­temps qu’il plait au Roi de les main­te­nir dans leur fonc­tion et ils peuvent être rap­pe­lés à tout ins­tant. Ce sont géné­ra­le­ment des hommes dotés d’un bon lignage, mais pas parmi les plus hauts venus des Pro­vinces du Sud, sou­vent aussi ce sont des Cale­nard­ho­niens. Les com­man­dants nommés au Cale­nard­hon sont des hommes qui ont gagné leur expé­rience mili­taire à la suite de longues années de ser­vice dans l’armée ou la marine du Gondor, mais en aucun cas le com­man­de­ment n’est héré­di­taire ; ainsi, le pou­voir mili­taire est séparé du pou­voir civil dans les prai­ries du Cale­nard­hon.

Cette sépa­ra­tion des pou­voirs dans cette région n’est pas la norme dans le Royaume du Gondor. Elle naquit ainsi : au cours des pre­miers siècles du Troi­sième Âge, lorsque la pré­sence du Gondor se limi­tait à une petite chaîne de forts le long de la Grande Route Ouest et au Bas-Fond Sud, il n’y avait pas assez d’habitants pour que le cumul des fonc­tions civiles et mili­taires sous l’autorité d’une seule per­sonne soit effi­cace. À cette époque, les gar­ni­sons étaient toutes impor­tées. Plus tard, après que la pro­vince ait été plus den­sé­ment peu­plée, il n’y avait aucun besoin de cette union, car les fron­tières avaient été repous­sées grâce aux conquêtes de Rómen­da­cil sur les Orien­tais en 3A 500 qui trans­for­mèrent le Cale­nard­hon en une pai­sible base arrière, plus tard l’attention du Royaume fut entiè­re­ment tour­née vers la Mer.

Au Cale­nard­hon, le pou­voir civil émane direc­te­ment du peuple. Sa révé­rence envers la lignée d’Elros et pour les héri­tiers d’Anárion est la consé­quence natu­relle de son orgueil envers ce lignage et de sa fierté d’appartenir à ce peuple. Les des­cen­dants des Fidèles qui vinrent au Cale­nard­hon, bien que n’étant pas de lignée exal­tée, étaient clai­re­ment supé­rieurs aux Humains ordi­naires. Ils étaient plus grands, vivaient plus long­temps, pos­sé­daient une étrange lueur dans leurs yeux et leur civi­li­sa­tion et leur tech­no­lo­gie étaient les plus avan­cées. Au début, ils res­sem­blaient plus aux Eldar qu’aux hommes ordi­naires et étaient des chefs nés. Même après que des mariages entre les deux peuples, et des cen­taines d’années de coha­bi­ta­tion, aient brouillé les dif­fé­rences entre les héri­tiers de Númenór et les hommes ordi­naires, ils sont restés les maîtres et le peuple compte tou­jours sur eux.

Pour être sûr de ne ren­con­trer aucune résis­tance active au Cale­nard­hon, Cas­ta­mir nomma les com­man­dants, et leurs gar­ni­sons, à de nou­velles affec­ta­tions dans le Sud. Il les rem­plaça par ses propres hommes, sol­dats et marins d’Umbar et de Pelar­gir, des hommes qui avaient com­battu à ses côtés lors de la Lutte Fra­tri­cide ; il qua­dru­pla éga­le­ment la taille des gar­ni­sons. Ceci fait, Cas­ta­mir découpa le Cale­nard­hon en trois fiefs et les octroya à trois capi­taines qui s’étaient vaillam­ment battus pour lui ouvrir la voie du trône. Alan­dur reçut Cal­mi­rië et l’Estfolde (il était son second cousin). L’Estemnet, Tir-Anduin et les forts de l’Emyn Muil furent octroyés à Soron­do­thor, un homme ori­gi­naire d’Umbar. La for­te­resse d’Aglarond et l’Ouestfolde furent confiés à Fin­long, autre favori de Cas­ta­mir.

Ces nou­veaux sei­gneurs appor­tèrent la richesse et la splen­deur du Sud au Cale­nard­hon ; ils appor­tèrent éga­le­ment un nou­veau type de gou­ver­ne­ment imposé par la force et des lois des­ti­nées à briser le peuple de la pro­vince. Pour la pre­mière fois dans son his­toire, le Cale­nard­hon fut gou­verné — et gou­verné par une main de fer — par un pou­voir étran­ger.

Si Cas­ta­mir s’était montré un sou­ve­rain sage et avisé, les choses se seraient pro­ba­ble­ment arran­gées au cours de son règne ; mal­heu­reu­se­ment, il ne vivait que pour sa Flotte, les croi­sières et les conquêtes de nou­veaux ter­ri­toires dans le Sud. En partie pour punir le Cale­nard­hon de son hos­ti­lité à son égard lors de la Lutte Fra­tri­cide et en partie pour enri­chir la Flotte, Cas­ta­mir tripla les impôts et exigea leur paie­ment en espèces. Après quelques années, il com­mença à faire des plans pour le trans­fert de la capi­tale d’Osgiliath à Pelar­gir.

La Lutte Fratricide

La longue ère de paix et d’harmonie prit brus­que­ment fin avec l’accession au trône d’Eldacar en 1435. L’orgueil cruel et funeste qui avait amené la ruine sur les Númenó­réens dans le passé, causa une rui­neuse guerre civile qui trou­bla tout le royaume pen­dant des années. Vala­car, le père d’Eldacar, avait épousé Vidu­mavi, une prin­cesse du Rho­va­nion. C’était la pre­mière fois que l’héritier du trône du Gondor se mariait en dehors de la lignée d’Elros.

Les Grands Sei­gneurs des Pro­vinces Méri­dio­nales refu­sèrent de recon­naître le fils de Vidu­mavi, Elda­car, à cause non seule­ment de son sang en partie Sep­ten­trio­nal, mais aussi parce qu’il n’avait jamais vu la Mer. Se ral­liant sous la ban­nière de Cas­ta­mir, Prince et Capi­taine des Vais­seaux, les sei­gneurs rebelles (la majo­rité venant de Pelar­gir et d’Umbar) atta­quèrent Osgi­liath par terre et par l’Anduin. Les familles furent divi­sées dans leur loyauté et de nom­breux hommes braves mou­rurent des deux côtés. La cité tomba après un long siège. Le Palantír d’Osgiliath dis­pa­rut lors de l’incendie de la cité qu’ordonna Cas­ta­mir ; Elda­car réus­sit, malgré tout, à se réfu­gier au Rho­va­nion chez le peuple de sa mère.

Usur­pa­teur cruel et sans scru­pule, Cas­ta­mir agit rapi­de­ment pour asseoir son pou­voir. Il ne montra aucune pitié pour ceux qui avaient pris les armes pour Elda­car ; il en exé­cuta beau­coup et dépouilla les autres. Il plaça ses hommes aux prin­ci­paux leviers de com­mande. Après s’être emparé du pou­voir, Cas­ta­mir envoya son armée au Cale­nard­hon (qui s’était déclaré en faveur d’Eldacar, lui four­nis­sant hommes, navires et appro­vi­sion­ne­ment en Osgi­liath durant le conflit) pour « paci­fier » la pro­vince.

Il n’y eut que peu de résis­tance au début. La majo­rité des par­ti­sans d’Eldacar, les plus en vue, l’avaient rejoint au Rho­va­nion. Les autres — ceux qui n’avaient pas com­battu dans le Sud — atten­daient de voir ce que ferait le nou­veau Roi. Au début, beau­coup espé­raient des chan­ge­ments béné­fiques. Ils croyaient que la situa­tion revien­drait à un état de « statu quo ante ». Les Grands Sei­gneurs du Sud arran­geaient tout à leur avan­tage ; tandis qu’au Cale­nard­hon les céréales pous­saient, les mou­tons étaient prêts pour la tonte, Osgi­liath et le nou­veau Roi sem­blaient bien loin.

Et les choses en appa­rence se pas­saient ainsi, mais Alan­dur pos­sède le secret d’un cer­tain type d’encens du Sud, pré­paré à partir de fleurs de la jungle qui, lorsqu’il est brûlé dans une pièce ou sous une tente, délie la langue des hommes et rend impos­sible la conser­va­tion du moindre secret. Mais Alan­dur est très pru­dent quant à l’utilisation de cet encens et il pré­fère sou­vent, par l’intermédiaire de son épouse, sou­ti­rer des infor­ma­tions aux autres femmes de la pro­vince. Il récom­pense bien ses infor­ma­teurs, en secret, car les gens devien­draient soup­çon­neux, mais avec sub­ti­lité de façon à ce que ses hommes, par ailleurs tous d’honnêtes per­sonnes, puissent avan­cer en estime et en pros­pé­rité. Leur conscience, qui pour­rait les trou­bler, est calmée en partie par le charme d’Alandur et aussi parce qu’il semble ne tirer aucun parti des infor­ma­tions récol­tées sur les enne­mis du Roi. Au contraire même, il semble les hono­rer et les invite à ses récep­tions.

Cela est dû au fait qu’Alandur pense que tuer des gens, au mépris de la loi, est une brèche dans l’édifice social par laquelle peut passer une cer­taine hos­ti­lité dans la pro­vince. Il pré­fère empoi­son­ner les gens — à regret, si cela s’avère néces­saire — lorsqu’ils viennent dîner chez lui. Il uti­lise deux poi­sons sub­tils à l’action lente. Le pre­mier, le juth s’attaque à l’esprit quelques semaines après son absorp­tion. Les effets sont lents à se décla­rer et les pre­miers symp­tômes appa­raissent sous la forme d’incidents isolés révé­lant d’étranges com­por­te­ments. Ces inci­dents se mul­ti­plient peu à peu jusqu’à ce qu’il devienne évident que la per­sonne a perdu la raison. Le second poison, le slota, agit sur la moelle épi­nière cau­sant une para­ly­sie qui s’intensifie len­te­ment ; elle com­mence par atta­quer les jambes et pro­gresse jusqu’à atteindre le cœur, ce qui cause la mort. Les pre­miers symp­tômes appa­raissent sur les doigts de pied 3 ou 4 jours après l’absorption, ceci dépen­dant de la vita­lité de la vic­time. Les effets du slota sont irré­ver­sibles, car cen­trés sur le sys­tème ner­veux et entraînent la mort de l’individu touché, par­fois au bout de deux mois.

Hen­derch, le séné­chal, est un homme puis­sant aux bras de gorille et por­tant une longue barbe noire. Ori­gi­naire d’Umbar, Hen­derch a accom­pa­gné Alan­dur lors de tous ses voyages dans le Sud, s’élevant du rang de simple mate­lot jusqu’à la situa­tion de com­man­dant en second d’Alandur. Hen­derch méprise Cal­mi­rië, car c’est une cité de l’intérieur des terres et parce que les hivers y sont froids ; il est entiè­re­ment dévoué aux inté­rêts d’Alandur. C’est un adepte de l’épée large et est éga­le­ment un archer de pre­mière force ; il porte tou­jours sur lui une dague enduite de poison et un cor­se­let en Mithril sous ses vête­ments. Si quelqu’un émet des réserves sur les nou­veaux impôts du Roi Cas­ta­mir ou sur ses méthodes de per­cep­tion, Hen­derch, qui est un assas­sin jovial mépri­sant tous les hobe­reaux, l’encouragera à en parler à Alan­dur lors d’un dîner. Hen­derch assure qu’Alandur prête tou­jours l’oreille aux doléances. Sa charge de séné­chal exige de lui qu’il par­coure la pro­vince. Il est tou­jours accom­pa­gné de cinq archers à cheval et de cinq lan­ciers lourds ainsi que de son gros chien, Sour­nois, qui est dressé pour l’attaque.

Hen­derch aime boire dans les tavernes et son œil s’attarde sou­vent sur les dames. Il pos­sède un appar­te­ment à la Taverne du Tau­reau et de l’Ours à Cal­mi­rië et l’on dit qu’il est amou­reux d’Astrith, fille d’un noble cam­pa­gnard.

Calmirië et l’Estfolde

Cas­ta­mir octroya Cal­mi­rië et toutes les terres à l’ouest de l’Entévière à Alan­dur, un grand marin blond de Pelar­gir, pour le récom­pen­ser de ses ser­vices au cours de la Lutte Fra­tri­cide (Alan­dur com­man­dait la force des marins qui ont pris d’assaut les portes d’Osgiliath lors de l’attaque finale). Il a fait trois voyages dans les terres du Sud aux côtés de Cas­ta­mir, à qui il a donné sa totale loyauté. C’est à cette époque et au cours de ces voyages qu’il a appris tout ce qu’il sait sur les poi­sons ; il se bat d’ailleurs tou­jours avec une épée enduite d’une sub­stance mor­telle.

Alan­dur fit agran­dir la for­te­resse de Cal­mi­rië dans les flancs de la mon­tagne et au-dessus de la ville et s’y fit construire un palais en marbre. Sa garde per­son­nelle, com­po­sée de Sude­rons coif­fés de tur­bans et armés de cime­terres, étonne toute la ville. Affable, sou­riant, plai­sant et diplo­mate de haut lignage, Alan­dur a adapté rapi­de­ment le gou­ver­ne­ment de son domaine à ses inté­rêts. Admi­nis­tra­teur capable, il a tout fait pour récon­ci­lier les Cale­nard­ho­niens avec leur nou­velle admi­nis­tra­tion. Il a nommé deux de ses lieu­te­nants, les plus dignes de confiance, comme gou­ver­neurs de l’Estfolde et d’Onodrith ; indo­lent par nature, il a aban­donné tout le tra­vail déplai­sant, comme la per­cep­tion de lourdes taxes, à ces hommes et à son séné­chal, Hen­derch. Alan­dur passe le plus clair de son temps à la chasse au faucon qui est la seule acti­vité sem­blant lui faire oublier, pour quelque temps, la Mer. Il fait deux fois par an le tour de la pro­vince, sur­veillant l’administration de ses terres et se fami­lia­ri­sant avec le peuple qu’il gou­verne.

Alan­dur et Sara­nelda, sa magni­fique épouse à la che­ve­lure brune, sont célèbres pour leur somp­tueuse hos­pi­ta­lité. Les voya­geurs sont tou­jours les bien­ve­nus à leur table et Alan­dur prend soin d’inviter tous les hommes impor­tants de la pro­vince à dîner dans son palais en marbre lorsque leurs affaires les amènent à Cal­mi­rië. Il fait clai­re­ment com­prendre qu’il espère le même accueil et la même cour­toi­sie lors de ses tour­nées d’inspection, quel que soit le motif de sa visite et même si c’est uni­que­ment pour le plai­sir de chas­ser dans cette partie de son domaine.

Les taxes, déclare Alan­dur, ont été levées par le Roi, pour le bien du Royaume et il est du devoir de tout hon­nête homme de les payer. Malgré tout, si quelqu’un se pré­sente à son palais avec une plainte jus­ti­fiée, Alan­dur fait ce qu’il peut pour allé­ger ses impôts allant jusqu’à annu­ler une partie des taxes dues dans l’année cou­rante.

C’est ainsi qu’Alandur a rapi­de­ment gagné le res­pect de nombre de Cale­nard­ho­niens. Le peuple du Cale­nard­hon et sur­tout de Cal­mi­rië est fas­ciné par la splen­deur des manières de leur nou­veau sei­gneur ; les invi­ta­tions à ses récep­tions et à ses chasses sont très pri­sées. Alan­dur semble se confier à beau­coup de gens ; il insi­nue que le Roi allé­ge­rait sûre­ment les impôts de la région jusqu’à leur niveau anté­rieur si la loyauté du Cale­nard­hon lui était assu­rée. Hélas, Alan­dur sait qu’il y a beau­coup de gens qui doutent de leur nou­veau Roi, nombre d’entre elles étant tou­jours des alliés d’Eldacar. Cela ne veut pas dire qu’il sou­haite punir ces hommes ; au contraire, il vou­drait avoir une chance de les convaincre qu’en appor­tant leur sou­tien à Cas­ta­mir, ils feraient beau­coup pour le bien commun. Il est clair, assure Alan­dur, que qui­conque l’aiderait à main­te­nir la pro­vince selon le vau de Cas­ta­mir serait récom­pensé. Avant la fin de la pre­mière année, Alan­dur dis­po­sait d’un réseau de plu­sieurs « espions » et il semble que per­sonne ne peut s’empêcher de lui dire la vérité.

Onodrith et la rivière

Ono­drith, qui est une partie du fief d’Alandur, est une épine consi­dé­rable pour Hen­derch. Il y existe, ainsi que chez les bate­liers de la rivière, une nette hos­ti­lité envers le nou­veau Roi, essen­tiel­le­ment parce que Cas­ta­mir, vou­lant punir ces der­niers d’avoir appro­vi­sionné Osgi­liath durant la guerre, envoya un fort déta­che­ment de sol­dats qui remon­tèrent la rive droite de la rivière avec l’ordre de détruire toutes les embar­ca­tions qu’ils pour­raient trou­ver. Plus de la moitié furent brû­lées durant ce raid et de nom­breux bate­liers furent tués. Pour enve­ni­mer les choses, Cas­ta­mir ins­ti­tua une nou­velle taxe sur les licences des navires (1 po par an) et une autre taxe sur le bois employé pour la construc­tion des embar­ca­tions (5 po). Une douane fut construite, à 5 km en amont des fon­drières, où les bate­liers devaient non seule­ment payer une nou­velle taxe sur les mar­chan­dises qu’ils trans­por­taient, mais aussi un droit de pas­sage à chaque montée et des­cente de la rivière.

Bien qu’Alandur ait fait tout ce qu’il a pu pour gagner la confiance des bate­liers, en leur disant par exemple que lui aussi vivait de l’eau, rien ne pou­vait leur faire oublier que Cas­ta­mir avait ordonné de brûler leurs navires. Leurs cœurs étaient tour­nés contre le nou­veau Roi.

Alan­dur nomma Telfar, le neveu de sa femme, gou­ver­neur d’Onodrith. Telfar n’est ni cruel ni inca­pable, mais étant donné qu’il est chargé de la per­cep­tion des nou­velles taxes levées sur les bate­liers, il est méprisé et l’on a tenté, plu­sieurs fois, de l’assassiner.

Aglarond, Dunlostir et l’Ouestfolde

Cas­ta­mir a nommé Fin­long, l’un de ses favo­ris, au poste de com­man­dant d’Aglarond et lui octroya l’Ouestemnet et une grande partie de l’Ouestfolde. Marin sans peur, mais dépourvu de toute expé­rience du gou­ver­ne­ment, Fin­long est devenu un gou­ver­neur au peu d’entendement, mépri­sable et avide. Les pros­pères fermes de l’Ouestfolde consti­tuaient une grande richesse (à condi­tion de lais­ser les fer­miers tran­quilles), mais Fin­long voit des espions par­tout. Il accuse sou­vent les fer­miers de conspi­rer afin de ren­ver­ser le Roi — cela lui donne un pré­texte pour saisir les pro­prié­tés. Il garde les pri­son­niers, accu­sés de tra­hi­son, dans les cachots d’Aglarond où ils sont enchaî­nés aux murs. Il est rapi­de­ment devenu évident aux pro­prié­taires ter­riens de Dun­los­tir que la pos­ses­sion d’un riche patri­moine ou le fait d’avoir une trop jolie fille était un danger. Fin­long, qui parle avec un léger bégaie­ment, attend tou­jours la plus petite occa­sion de dis­pute afin d’avoir l’excuse d’écraser les per­sonnes sous des impôts sup­plé­men­taires puis il les accuse de tra­hi­son ou de crime de lèse-majesté et les fait enchaî­ner s’ils s’insurgent contre ce nouvel impôt. Les voya­geurs sont éga­le­ment accu­sés des mêmes crimes s’ils paraissent riches. Le prin­ci­pal diver­tis­se­ment de ce tyran consiste à che­vau­cher à tra­vers l’Ouestfolde, à la tête d’un grand nombre de sol­dats et de belles femmes, chas­sant à courre ou au faucon et pié­ti­nant les récoltes.

Tir-Anduin et l’Estemnet

Cas­ta­mir octroya Tir-Anduin à Soron­do­thor. Ce domaine inclut tout l’Estemnet ; il est bordé à l’Est par l’Anduin, à l’Ouest par l’Entévière (Bain-des-Ents), au Sud par les Fon­drières et au Nord par la Forêt de Fan­gorn et la Lime­clair. Le contrôle de Cas­ta­mir sur le Rho­va­nion étant très contesté, Tir-Anduin est devenu de fait une pro­vince fron­ta­lière. Soron­do­thor fut choisi comme Nou­veau Sei­gneur de ce fief, non seule­ment parce que lui et sa famille ont lar­ge­ment contri­bué finan­ciè­re­ment à la vic­toire de Cas­ta­mir, mais aussi parce qu’il était né et avait vécu dans les marches fron­ta­lières du sud d’Umbar (où sa famille admi­nistre un domaine avec beau­coup de com­pé­tence).

Der­nier d’une famille de 10 enfants, Soron­do­thor a été capi­taine au long cours durant un grand nombre d’années. Il mesure 1,52 m — ce qui est très petit pour un Dúna­dan — et est presque aussi large que haut. Il porte une barbe rousse sépa­rée en deux pointes. Dans sa jeu­nesse, ses che­veux roux et sa petite taille l’ont fait sur­nommé Kirinki (petit oiseau rouge de Númenór). Il a une quin­zaine d’années de plus que Cas­ta­mir qui lui sauva la vie un jour où leur navire s’était brisé sur les récifs d’une île. Soron­do­thor est convaincu que Sauron se trouve der­rière l’accession au trône d’Eldacar. Admi­nis­tra­teur très capable, il est éga­le­ment un guer­rier confirmé et le genre de chef qui peut gal­va­ni­ser ses hommes au plus fort du combat. Sachant aussi bien se battre au cime­terre et à la hache d’arme qu’à la masse, Soron­do­thor a une grande pré­sence d’esprit ; malgré son carac­tère flam­boyant, il n’a jamais perdu le contrôle de lui-même lorsqu’il menait ses troupes au combat ou lors de ses acti­vi­tés d’administrateur.

Soron­do­thor a fait for­tune et l’a perdue plu­sieurs fois tout au long de ses voyages de com­merce dans les Terres du Sud. Il a appli­qué son intel­li­gence des mar­chés au bazar de Tir-Anduin et y a intro­duit quelques réformes simples : il a ainsi créé un sys­tème per­ma­nent de trans­bor­deurs capables de trans­por­ter de grosses car­gai­sons ; il a éga­le­ment pavé la grande place du marché et ins­tallé de nou­veaux quais des deux côtés du fleuve ; ses sol­dats patrouillent le long de la rive orien­tale, la ren­dant plus sûre pour d’honnêtes mar­chands ; il a qua­dru­plé le volume du com­merce en seule­ment quelques années, ajou­tant des mil­liers de pièces d’or au Trésor Royal. Bien qu’il ne sache que peu de choses sur les mou­tons et les ber­gers, Soron­do­thor a encou­ragé la pro­duc­tion de laine en fai­sant creu­ser des puits dans l’Estemnet et le Wold et en fai­sant tout son pos­sible pour que les ber­gers tirent le meilleur béné­fice de la vente de leur laine brute. Il a fait construire de nou­veaux dépôts et un quai à 1 500 m en aval d’Onodrith et envoie tou­jours un agent à la foire à la laine de Cal­mi­rië.

Les gardes-fron­tières de Soron­do­thor, chacun étant un guer­rier valeu­reux, portent une livrée rouge et argent. La plu­part sont ori­gi­naires d’Umbar ou du sud du Gondor. Leur casque d’acier est sur­monté d’une crête de plumes rouges. En hiver, ils portent tous de longs man­teaux de laine rouge et sont armés de cime­terres et de bou­cliers. Pour décou­ra­ger la contre­bande et encou­ra­ger les gens à payer les Taxes Royales (1 pa pour toute per­sonne péné­trant dans le domaine de Soron­do­thor), les marches sont sillon­nées par des déta­che­ments de cava­le­rie légère, consti­tués de deux archers à cheval et de trois lan­ciers. La Clai­re­chaux et l’Anduin sont patrouillés par des petits navires à rames qui sont très rapides et stables sur l’eau ; six rameurs, trois archers et un bar­reur forment l’équipage habi­tuel. Les rameurs sont des guer­riers armés de pied en cape. La patrouille flu­viale est une mis­sion agréable qui est très deman­dée par les fan­tas­sins en gar­ni­son dans les forts. Le domaine de Soron­do­thor inclut éga­le­ment un fort sur la rive Ouest de l’Anduin en amont des rapides de Sara Gebir. Les for­te­resses d’Amon Lhâw et d’Amon Hen sur les col­lines sur­plom­bant le fleuve, lorsqu’il s’engouffre dans l’étroit chenal condui­sant aux Chutes du Rauros, sont occu­pées par les hommes de Cas­ta­mir en tant que fron­tière des pro­vinces natales.

Angrenost (Isengard)

Caran­thir, com­man­dant de la gar­ni­son d’Angrenost lorsque débuta la Lutte Fra­tri­cide, a été nommé à ce poste par le père d’Eldacar et, nor­ma­le­ment, sa sym­pa­thie alla vers ce der­nier lorsque la guerre éclata. La gar­ni­son d’Orthanc n’était pas assez impor­tante pour per­mettre à Caran­thir d’envoyer une aide signi­fi­ca­tive aux forces d’Eldacar, mais lorsque Cas­ta­mir usurpa le trône, Caran­thir refusa de remettre les clefs de la for­te­resse. Il avait assez d’hommes pour tenir les portes et garnir les murailles de la cita­delle contre l’ennemi, sauf si celui-ci lui oppo­sait une grande armée ; il se mit en posi­tion d’attente pour voir ce que l’avenir appor­te­rait (le Palantír en sa pos­ses­sion lui permit de confir­mer les rumeurs selon les­quelles Elda­car se serait échappé des ruines d’Osgiliath et se serait réfu­gié au Rho­va­nion). Rapi­de­ment, un grand nombre de fidèles d’Eldacar ayant réussi à le rejoindre, malgré le cordon de troupes qui sta­tion­nait à l’entrée de la vallée sur l’ordre de Fin­long, per­mirent à Caran­thir de faire des sor­ties au cours des­quelles il put repous­ser les hommes de Fin­long et fina­le­ment arriva à s’emparer de la rive droite de l’Isen jusqu’aux Gués.

L’opposition à Castamir et aux nouveaux seigneurs

L’opposition à Cas­ta­mir aurait rapi­de­ment été étouf­fée dans l’œuf après qu’il ait usurpé le trône s’il s’était montré un sou­ve­rain avisé. La longue suc­ces­sion de Rois de Númenór puis du Gondor com­porte un ou deux anté­cé­dents où l’on a vu des hommes s’emparer du pou­voir par la force. Les par­ti­sans de Cas­ta­mir avaient prouvé, durant la Lutte Fra­tri­cide, que leur parti était le plus fort et que Cas­ta­mir pos­sé­dait plus de sang royal qu’Eldacar, non seule­ment parce qu’il était l’arrière-petit-fils de Minal­car du côté de son père, mais aussi par l’évidence de son appar­te­nance à un haut lignage par sa mère. Cas­ta­mir se révéla rapi­de­ment un sei­gneur orgueilleux et rapace et son avi­dité fit vaciller son trône sous lui. Rapide à s’offenser et lent à oublier ce qu’il consi­dé­rait comme des insultes envers la Cou­ronne, Cas­ta­mir est un admi­nis­tra­teur inca­pable, ayant ten­dance à nommer ses favo­ris aux plus hautes charges de l’état (quelles que soient leurs capa­ci­tés) étant ainsi sûr de pou­voir comp­ter sur leur loyauté. La conduite vio­lente de Cas­ta­mir au cours de la longue et ter­rible Lutte Fra­tri­cide, ajou­tée aux nou­velles taxes qu’il ins­taura pour enri­chir la Flotte, ainsi que sa volonté de trans­fé­rer la capi­tale d’Osgiliath à Pelar­gir, créèrent rapi­de­ment un ter­rain fer­tile pour les par­ti­sans d’Eldacar qui avaient été ragaillar­dis par la confir­ma­tion des rumeurs selon les­quelles ce der­nier avait échappé à la ruine d’Osgiliath et qu’il vivait avec le peuple de sa mère au Rho­va­nion.

Au Cale­nard­hon, les sym­pa­thies du peuple allaient à Elda­car ; en fait, plu­sieurs des hommes les plus impor­tants de la région l’avaient rejoint au Rho­va­nion. La route très fré­quen­tée qui relie le Cale­nard­hon et l’Anórien à Minas Anor est à pré­sent sillon­née par les fidèles d’Eldacar (qui se font passer pour des com­mer­çants ou des mar­chands). Les mes­sages et l’argent cir­culent, sur­tout sous la forme de joyaux. Osten­si­ble­ment, se fai­sant passer pour des mar­chands, des hommes fran­chissent le fleuve à Tir-Anduin et ne reviennent jamais. Ils rejoignent la ban­nière d’Eldacar : des aigles blancs et l’Arbre Blanc sur un champ vert.

Intensification de la résistance contre Castamir : 3A 1442

En 3A 1442, la résis­tance à Cas­ta­mir prit sa forme défi­ni­tive. Les par­ti­sans d’Eldacar opé­raient en réseaux secrets qui pas­saient l’argent et les mes­sages du Cale­nard­hon au Rho­va­nion. Ils ont à pré­sent un espoir réel de ren­ver­ser le régime cruel de Cas­ta­mir : Elda­car, selon tous les rap­ports, recrute et entraîne une grande armée.

À Cal­mi­rië, qui est la halte prin­ci­pale pour les voya­geurs emprun­tant la Grande Route Ouest (et dont les nom­breuses foires four­nissent une bonne excuse pour se rendre dans la cité), l’Auberge du Tau­reau et de l’Ours est tenue par les fidèles d’Eldacar. Le noble local, Var­da­mavi, aidera qui­conque lui don­nera le bon mot de passe qui se pré­sente sous la forme d’un poème dont chaque vers doit être connu pour moitié par chaque per­sonne :

Un nuage de tem­pête est sus­pendu au-dessus de la mer
Les grains des champs ont été récol­tés
Les aigles blancs retournent sur l’arbre
Et les gens entrent en pos­ses­sion de leurs biens

Alan­dur, bien sûr, est au cou­rant de ce qua­train et, grâce à ses nom­breux espions, il se trouve en posi­tion de force afin de tirer avan­tage de son réseau d’informateurs. De nom­breux voya­geurs sont invi­tés à sa table, car telle est la cou­tume. Aucun n’est arrêté et tous repartent sans dom­mage. Plu­sieurs fidèles d’Eldacar répé­te­ront plus tard à leurs com­pa­gnons de route que le nou­veau Sei­gneur de Cal­mi­rië est un homme affable à qui l’on peut tout faire croire. Ils apportent si sou­vent des mes­sages à Var­da­mavi que celui-ci oublie sou­vent qui le lui a déli­vré et à qui il est des­tiné.

La fille de Var­da­mavi, Astrith, une magni­fique jeune femme aux yeux sombres et tristes méprise ouver­te­ment les ten­ta­tives de son père afin d’aider les par­ti­sans d’Eldacar. Elle pense qu’il ne sor­tira rien de bon des acti­vi­tés rebelles de son père, hormis des ennuis. « Donnez-moi les bras solides d’un marin, » dit-elle, se moquant d’Henderch lorsque celui-ci se trouve à Cal­mi­rië (en fait Astrith est une Ranger du 10e niveau). Elle a hérité ses talents de sa mère, une beauté aux yeux sombres de Dun­los­tir, qui mourut lorsqu’Astrith n’avait que 10 ans.

Il y a peu de temps, après la Foire à la Laine, Var­da­mavi s’est rendu à la demeure d’Alandur, avec d’autres auber­gistes, pour pré­pa­rer la Foire aux Che­vaux.

Hen­derch conti­nue à se rendre à l’Auberge du Tau­reau et de l’Ours, même depuis qu’il sait que Var­da­mavi com­plote contre le Sei­gneur Alan­dur ; cela ajoute du piment à ses rela­tions avec Astrith qui lui a dit plu­sieurs fois qu’elle tenait son père pour fou. Hen­derch, qui peut englou­tir un nombre incroyable de chopes de bière sans perdre la tête, ne croit pas un ins­tant qu’un ramas­sis de fer­miers, de char­re­tiers et de ber­gers puisse se dres­ser contre le Sei­gneur Alan­dur (qui connaît le nom de tous les conju­rés) ; il pense au contraire qu’une petite révolte dans la pro­vince ren­drait son tra­vail plus aisé. Il pour­rait ainsi se débar­ras­ser de quelques-uns des plus impor­tants fau­teurs de trouble, et si seule­ment les fleg­ma­tiques fer­miers de Dun­los­tir pou­vaient étouf­fer Fin­long sous une pile de sacs de grains, Alan­dur agran­di­rait son domaine et lui-même rece­vrait cer­tai­ne­ment Dun­los­tir en fief. Et tout comme Elda­car se dit Roi du Rho­va­nion, Hen­derch pense que lui aussi pour­rait se tailler un royaume.

Pour­tant, quelques temps plus tard, même le confiant Hen­derch devint inquiet de la situa­tion. Un nou­veau chef se dresse au Cale­nard­hon : l’Aspic Vert. Deux des « infor­ma­teurs » d’Alandur ont été tués par de courtes flèches vertes empoi­son­nées et Alan­dur, malgré les infor­ma­tions four­nies par ses autres espions qui ont réussi à faire parler des gens ayant ren­con­tré ce nou­veau chef, n’est pas encore en mesure de percer l’identité de ce mys­té­rieux Aspic Vert. Et cela devient sérieux : trois sol­dats ont été tués aux portes de la cité le der­nier jour de la Foire à la Laine ; les meurtres venaient juste d’être décou­verts lorsque toutes les pièces d’eau de l’Avenue des Fon­taines se mirent à cra­cher une écume verte. Ceci, com­biné au meurtre des trois sol­dats, mit à rude épreuve la patience d’Alandur.

Per­sonne ne sait qui est l’Aspic Vert. Par­fois, il semble qu’il s’agisse de plu­sieurs per­sonnes ; ainsi une patrouille de cava­le­rie est tombée dans une embus­cade, sur la Grande Route Ouest près de la Rivière Snaw­burna, le matin sui­vant le meurtre des sol­dats aux portes de la ville. Le seul sur­vi­vant rap­porta qu’un essaim d’Abeilles Ter­restres — ou peut-être plu­sieurs — avait effrayé les che­vaux qui dans leur panique firent vider les étriers à leurs cava­liers. Sa propre mon­ture s’emballa et galopa sur une longue dis­tance. Lorsqu’il réus­sit enfin à calmer son cheval, il lui fit faire demi-tour et retrouva morts tous ses com­pa­gnons. Atteints de bles­sures super­fi­cielles, ils avaient été tués par de courtes flèches vertes empoi­son­nées.

Comme si cela ne suf­fi­sait pas, les bate­liers se révol­tèrent ; la Douane Royale fut incen­diée et Cas­ta­mir veut savoir pour­quoi les cou­pables ne sont pas encore cap­tu­rés et punis.

À Tir-Anduin, Soron­do­thor s’est retrouvé avec une guerre fron­ta­lière sur les bras et a été obligé de dou­bler la force de ses patrouilles ; elles comptent à pré­sent 10 cava­liers cha­cune. Il ne dis­pose pas d’assez d’hommes pour atta­quer les rebelles de l’autre côté du fleuve, aussi se contente-t-il de raids sur leurs camps. Il a d’ailleurs com­mandé plu­sieurs de ces attaques à la tête de ses Kirin­si­re­dain. Il n’y a plus de volon­taires pour les patrouilles flu­viales, mais l’activité crois­sante fron­ta­lière convient aux hommes de Soron­do­thor, car ils aiment se battre et croient tou­jours qu’Eldacar n’est qu’une marion­nette entre les mains de Sauron.

Le com­merce dans le bazar a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué, car l’accès à Tir-Anduin est devenu risqué. Soron­do­thor, arri­vant à tirer profit de toutes les situa­tions, a pris la déci­sion d’exiger une cau­tion de trois pièces d’or pour toute per­sonne dési­rant tra­ver­ser le fleuve vers le Rho­va­nion. Les hon­nêtes mar­chands peuvent bien sûr récu­pé­rer leur dépôt à la fin du jour, mais les per­sonnes rejoi­gnant Elda­car enri­chissent ainsi le trésor de Soron­do­thor.

Par-dessus tout, Soron­do­thor a été impres­sionné par l’habilité des com­man­dos atta­quant son ter­ri­toire. Ils se battent bien et ne mal­traitent pas leurs pri­son­niers. Ils sont éga­le­ment bien armés, se retirent en bon ordre et n’accordent aucun quar­tier à leurs enne­mis. Ces attaques lui causent un maxi­mum de pertes tout en n’utilisant qu’un nombre réduit de sol­dats ; cette gué­rilla ruine le com­merce et le prive donc de res­sources moné­taires.

Mais ce n’est pas la seule chose qui déroute Soron­do­thor : ses sol­dats lui ont rap­porté le nombre crois­sant de « fous », venant du Cale­nard­hon pour com­mer­cer dans le bazar. L’un deux, par exemple, dégaina son épée et se pré­ci­pita sur une char­rette trans­por­tant de la laine ; il y plon­gea et replon­gea sa lame jusqu’à l’épuisement. Il reprit ses esprits en prison et déclara alors avoir com­battu un Mûma­kil ; après une fouille minu­tieuse, la décou­verte de cer­tains docu­ments révéla qu’il s’agissait d’un agent d’Eldacar.

Dans l’Ouestfolde, plu­sieurs per­cep­teurs de Fin­long ont été assas­si­nés et leurs corps, traî­nés et écar­te­lés par des bœufs, ont été aban­don­nés en évi­dence sur la Grande Route Ouest. La riposte de Fin­long a été, bien sûr, de jeter encore plus de monde dans ses cachots. En 1442, plus d’une cen­taine de fer­miers, les plus pros­pères de la région, étaient empri­son­nés en Agla­rond, et la popu­la­tion ne rêve plus que de les faire évader. Pour l’instant, per­sonne n’a éla­boré un plan réel­le­ment viable, mais les fer­miers sont en com­mu­ni­ca­tion per­ma­nente avec les forces de Caran­thir en Orthanc.


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