03 · Le pays

Per­pé­tuel­le­ment cou­ron­nés de nuages, les Monts Bru­meux divisent ce pays du Nord au Sud, domi­nants majes­tueu­se­ment les contre­forts et les val­lées avoi­si­nants. Connues par les Elfes sous le nom de Hithae­glir (S. « Ligne de Pics Embru­més ») ou de Tours de Brume, ces mon­tagnes sont sans aucun doute les plus hautes des Terres du Milieu. Culmi­nant en son centre grâce au triple pic du Caradh­ras (S. « Rubi­corne »), du Celeb­dil (S. « Pic d’Argent ») et du Fanuid­hol (S. « Tête-dans-les-Nuages ») et au Nord et au Sud res­pec­ti­ve­ment avec le Mont Gun­da­bad et le Methe­dras (S. « Der­nier Pic »), cette chaîne longue de plus de 1 400 km atteint une élé­va­tion moyenne de 3 000 à 3 600 m, comme l’indique la couche de neige per­ma­nente recou­vrant le sommet de tous ses pics.

Bien que les Monts Bru­meux soient des mon­tagnes rela­ti­ve­ment jeunes, démon­trés par ses pics acérés et leur extra­or­di­naire alti­tude, le climat et l’érosion ont déjà laissé des cica­trices. D’immenses réserves d’eau sont consti­tuées par les som­mets ennei­gés et les gla­ciers ; de rapides tor­rents sont créés par ces sources d’eau et se répandent vio­lem­ment dans les val­lées. Le gel use et brise la roche dans les hautes alti­tudes lais­sant au-dessus de la limite des arbres des ver­sants cou­verts d’éboulis angu­leux. De tels amon­cel­le­ments de roche s’accumulent de chaque côté des val­lées en un équi­libre prêt à être rompu pour donner des ava­lanches assour­dis­santes s’ils sont ébran­lés. L’érosion et la fonte des neiges font fré­quem­ment déva­ler des rochers depuis les falaises et les flancs escar­pés.

Dans cette région, la chaîne de mon­tagnes fait 80 à 96 km de large, s’élevant gra­duel­le­ment depuis les contre­forts et les landes à l’Ouest et depuis ses flancs plus escar­pés à l’Est. La partie la plus au Nord des contre­forts occi­den­taux (les Landes d’Etten et les Vaux d’Etten) est tabou et inhos­pi­ta­lière. Le pay­sage est com­posé de sinistres som­mets et crêtes rocheux, de ravines pro­fondes et de longues val­lées, ainsi que d’amas de rochers. Le ter­rain est si rude et si désolé que les mon­tagnes sont à peine plus dif­fi­ciles à passer. Le long du ver­sant orien­tal des Monts Bru­meux, par contraste, la large plaine de la vallée de l’Anduin (S. « Longue Rivière ») s’étend en s’abaissant len­te­ment vers l’Est et le Sud et est faci­le­ment tra­ver­sable. Pour les Hommes du Nord, cette large et sinueuse rivière s’appelle le Long Flot.

3.1 Le climat

Dans toute la région, loin de l’influence modé­rée de la Grande Mer, l’hiver est froid et l’été est doux à assez chaud alors que le prin­temps et l’automne sont sou­dains et courts. Des dis­tor­sions cli­ma­tiques se pro­duisent depuis la bar­rière mon­ta­gneuse, se tra­dui­sant par des varia­tions mar­quées entre les contre­forts occi­den­taux du Rhu­daur et les Val­lées de l’Anduin alors que les Monts Bru­meux connaissent un climat par­ti­cu­lier.

Deux masses d’air entrent en conflit le long de la fron­tière occi­den­tale des Monts Bru­meux. Des vents chauds domi­nants et char­gés d’humidité venant de la Grande Mer à l’Ouest ren­contrent de l’air froid des­cen­dant du Nord depuis l’immense Baie de Foro­chel ; ce conflit donne soit de douces bruines, soit de froides pluies bat­tantes ou bien des chutes de neige lorsque la tem­pé­ra­ture avoi­sine le zéro. Lorsque les vents chauds de l’Ouest ren­contrent les mon­tagnes, l’air se refroi­dit rapi­de­ment et se condense en don­nant des pré­ci­pi­ta­tions et des brumes per­pé­tuelles et des nuages bas, qui donnent leur nom aux mon­tagnes. La pres­sion entre l’air chaud mon­tant et l’atmosphère plus froide des mon­tagnes, par­ti­cu­liè­re­ment durant l’été, crée de for­mi­dables orages, vision ter­ri­fiante pour les voya­geurs peu fami­liers.

Grâce à la bar­rière mon­ta­gneuse, les Val­lées de l’Anduin sont épar­gnées par les vents vio­lents et par l’excessive humi­dité et pré­ci­pi­ta­tions du Rhu­daur. Les mon­tagnes fai­sant obs­tacle aux pluies, le climat est sen­si­ble­ment plus sec ; les écarts de tem­pé­ra­tures entre l’hiver et l’été sont plus mar­qués. Les Val­lées de l’Anduin sont cepen­dant loin d’être arides car l’humidité néces­saire est appor­tée dans la région par les vents frais tra­ver­sant la basse chaîne des Ered Mithrin au Nord et par les chauds vents occi­den­taux pas­sant par la trouée au Sud des Monts Bru­meux.

Les tem­pé­ra­tures des­cendent rapi­de­ment dans les mon­tagnes au rythme de 2° C tous les 300 m d’élévation, voire de 3° C quand l’air monte rapi­de­ment. Bien sûr, le ver­sant exposé au vent est sou­vent plus froid que le ver­sant sous le vent, à élé­va­tion iden­tique, à cause de ses effets. Les hautes val­lées de mon­tagne sont, à la même élé­va­tion, typi­que­ment plus froides que le ver­sant exposé car l’air froid stagne dans ces val­lées et finit par se désa­gré­ger. Du fait des tem­pé­ra­tures plus basses, les pré­ci­pi­ta­tions prennent cou­ram­ment la forme de chutes de neige pen­dant le semestre le plus froid, même lorsqu’il pleut dans les basses terres. Tra­ver­ser les Monts Bru­meux avec succès demande une constante atten­tion envers le climat car le moindre écart peut être fatal.

3.2 Les routes et les cols

Pour les voya­geurs, la carac­té­ris­tique géo­gra­phique la plus impor­tante de cette région est le Haut Col. Offi­ciel­le­ment connue sous le nom de Cirith Forn en Andrath (S. « Col Haut à Grim­per du Nord ») et par­fois aussi comme la Passe d’Imladris, cette faille dans les Monts Bru­meux sert de jonc­tion impor­tante entre l’Eriador et les Val­lées de l’Anduin. C’est l’un des quatre cols géné­ra­le­ment connus, les autres sont le Col des Iris et le Col du Rubi­corne vers le Sud et le Col d’Angmar plus haut au Nord.

Beau­coup moins connu par les étran­gers de la région, le Haut Col a une curieuse confi­gu­ra­tion car, en fait, c’est un double cou­loir ; il est consti­tué de deux branches paral­lèles dont celle du Sud est moins élevée que celle du Nord et dis­tantes l’une de l’autre de plu­sieurs kilo­mètres. La branche Sud cor­res­pond à la route la moins élevée et la plus pra­ti­cable ; elle ser­pente et borde un long pré­ci­pice à la source de la rivière Brui­nen à une alti­tude d’environ 1 000 m ; ensuite, elle des­cend bru­ta­le­ment vers l’Anduin en accom­pa­gnant une rivière cou­lant vers le Sud-Est. À l’opposé, le « chemin de mon­tagne » supé­rieur suit un trajet spec­ta­cu­laire en emprun­tant les parois d’étroites gorges adja­centes par l’intermédiaire de nom­breux virages et épingles à che­veux. Il finit par culmi­ner à plus de 1 600 m d’altitude puis des­cend pour émer­ger de la mon­tagne à peu près au même endroit que la route Sud moins haute. Les deux cols craignent les ava­lanches mineures et les ébou­lis de rochers ; du mois de Hithui au mois de Gwi­rith — de la fin de l’automne au début du prin­temps — ils sont blo­qués par la neige ; des mon­ta­gnards com­pé­tents peuvent quand même les emprun­ter. Le chemin de mon­tagne fut choisi par Thorin et ses com­pa­gnons avec Gan­dalf pour guide lors de leur quête ; le magi­cien, bien sûr, connais­sait l’existence d’un « pas­sage dif­fé­rent… d’accès plus facile » (Hob) mais aussi notoi­re­ment plus infesté de Gobe­lins.

Dans les contre­forts du Rhu­daur, la Grande Route Est en pierre construite par les Dúne­dain mène jusqu’au Athrad Brui­nen (S. « Gué du Brui­nen ») ; néan­moins, la route vers les mon­tagnes se trans­forme ensuite en un chemin en terre tra­ver­sant les Falaises Froides acci­den­tées vers le Haut Col. Loca­le­ment, de tels che­mins sont ren­con­trés, la plu­part d’entre eux menant nulle part ou dans des culs-de-sac ; une carte ou un guide est néces­saire. Les condi­tions sont meilleures à l’Est. Les gens sor­tant par l’une ou l’autre des deux routes du Haut Col n’auront plus qu’à suivre la rivière jusqu’à l’Anduin et son Athrad Iaur (S. « Ancien Gué »). À deux jours vers le Nord, se trouve le Gué du Car­rock, plus sûr.

3.3 La flore

Grâce aux dif­fé­rents aspects du ter­rain et du climat, une impres­sion­nante vie végé­tale s’épanouit dans les envi­rons des Monts Bru­meux. Les plus belles plantes poussent, peut-être, dans les Val­lées de l’Anduin. La plaine flu­viale culti­vée regorge de hautes herbes luxu­riantes alors que les rives de l’Anduin et les marais adja­cents débordent de fleurs sau­vages et de hauts roseaux. Des bos­quets d’arbres à larges feuilles s’élèvent parmi les douces prai­ries ; les ormes et les puis­sants chênes y pré­do­minent.

Dans les col­lines du Rhu­daur, la végé­ta­tion s’entremêle avec la roche nue pour former un tableau morne. Les val­lées et flancs de col­lines abri­tés sont boisés de vieux sapins tel­le­ment nom­breux qu’il y fait sombre alors que les col­lines et landes plus expo­sées sont recou­vertes d’une mono­tone bruyère déchar­née. Les rares fleurs sau­vages pous­sant dans les traî­tresses fon­drières offrent une touche de cou­leurs. Des par­celles rafraî­chis­santes de prai­ries et de cultures peuvent être décou­vertes près des cours d’eau prin­ci­paux.

De grandes forêts de coni­fères s’étendent sur les crêtes et les pentes à la base des Monts Bru­meux, se déve­lop­pant sous des tem­pé­ra­tures plus fraîches et sur des ter­rains moins riches là où les arbres à larges feuilles ne le peuvent. Après quelques cen­taines de mètres, la limite des arbres est ren­con­trée ; seuls des arbustes rabou­gris et de l’herbe poussent dans les val­lées supé­rieures des mon­tagnes. Rapi­de­ment, ils laissent la place au lichen, à la roche nue et enfin à la neige.

La végé­ta­tion la plus sin­gu­lière d’une partie de la région se cache dans le com­plexe réseau de cavernes sous les mon­tagnes. Seule la végé­ta­tion fon­gique peut croître sans lumière ; elle y prend des formes fan­tas­tiques et atteint fré­quem­ment des tailles épous­tou­flantes. Des rumeurs font état que cer­taines grottes abritent des forêts de cham­pi­gnons immenses, d’étranges nodules phos­pho­res­cents et d’autres végé­taux qui défient toute des­crip­tion.

Les val­lées flu­viales abri­tées et le rude climat des mon­tagnes per­mettent aux herbes médi­ci­nales de s’épanouir. Ces cadeaux de la nature pro­mettent la gué­ri­son aux malades et aux bles­sés si elles tombent entre les mains de per­sonnes com­pé­tentes et rap­portent de bons prix sur les mar­chés de la plu­part des villes. Leur appro­vi­sion­ne­ment est cepen­dant limité et elles dis­pa­raî­tront si elles sont trop récol­tées.

3.4 La faune

Les ani­maux sau­vages abondent dans cette région en grande partie peu colo­ni­sée. Les pois­sons foi­sonnent dans les cours d’eau et dans les rivières alors que les her­bi­vores cou­rants, tels que lapins et lièvres, et les cam­pa­gnols sont pré­sents par­tout où il y a de la végé­ta­tion, ce qui pro­curent de la nour­ri­ture aux plus grands pré­da­teurs. Les cas­tors construisent leur hutte et leur bar­rage dans des cours d’eau loin de tout. Les canards, les oies et les cygnes four­millent le long du large Anduin ; les cor­mo­rans se perchent près des berges de la rivière. Les fai­sans pul­lulent dans les hautes herbes des prai­ries ; les cailles élisent domi­cile dans les sous-bois des forêts. Dans les terres boi­sées, les grands-ducs noc­turnes nichent dans des arbres creux. Les petits rep­tiles, les tor­tues, les lézards et les ser­pents sont par­ti­cu­liè­re­ment répan­dus dans les terres maré­ca­geuses.

Quatre espèces de gros mam­mi­fères à sabots attirent l’attention. Des hardes de rapides cerfs, cha­cune menée par un mâle, errent dans les plaines her­beuses le long de l’Anduin. Des rennes peuplent les hautes terres du Rhu­daur, se nour­ris­sant de bruyère. Les mou­flons pré­fèrent les ver­sants moins élevés des mon­tagnes et les val­lées ; ils sont carac­té­ri­sés par leurs épaisses cornes recour­bées — d’où leur autre nom de Grandes Cornes ; les mâles s’affrontent à la saison de l’accouplement lors de joutes : ils se foncent l’un sur l’autre tête en avant, ce qui pro­duit de forts cra­que­ments se réper­cu­tant dans les val­lées. Au-dessus de la limite des arbres vivent les chèvres des mon­tagnes très agiles et « alpi­nistes » très com­pé­tentes ; elles passent leur vie à errer sur les rebords et les falaises. Leur épaisse four­rure blanche et leurs cornes acé­rées font d’elles une magni­fique vision lorsqu’elles sont per­chées à flanc de mon­tagne et, de plus, leur per­mettent de sur­vivre au climat et aux pré­da­teurs. Les mou­flons et les chèvres ont ten­dance à voya­ger en trou­peaux de mâles et de femelles sépa­rés jusqu’à la saison de l’accouplement, qui dure de la fin de l’automne au début de l’hiver.

Une éco­lo­gie sou­ter­raine dis­tincte s’est déve­lop­pée dans les cavernes des mon­tagnes. Quelques habi­tants, tels que les ron­geurs, sont de pas­sage venant de l’extérieur. D’autres, comme le pâle pois­son aveugle, nagent dans les lacs sou­ter­rains s’étant adap­tés à l’obscurité per­ma­nente. Des colo­nies de chauves-souris se perchent parmi les sta­lac­tites des­cen­dant du pla­fond des grottes ; elles volent à tra­vers les pas­sages tor­tueux grâce à leurs ondes ultra­so­niques pour aller chas­ser dehors de nuit. La plu­part de ces chauves-souris sont petites et de faible enver­gure ; ce sont des insec­ti­vores inof­fen­sifs.

D’autres créa­tures vis­queuses sans nom, plus anciennes dans la région que les Orques, « se trouvent tou­jours là, fure­tant en cati­mini dans les coins écar­tés » (Hob). Peu de gens ont déjà ren­con­tré per­son­nel­le­ment ces hor­reurs ; ils sont encore moins nom­breux à connaître leur vraie nature, que ce soit des rep­tiles, des mam­mi­fères dégé­né­rés ou n’importe quoi d’autre déta­ché de ce monde et laissé là lors de la for­ma­tion des Terres du Milieu. Les per­sonnes ayant ren­con­tré et sur­vécu à ces tro­glo­dytes anté­di­lu­viens ont gardé le silence sur ce qu’elles ont appris.

Cer­taines créa­tures de cette région valent que l’on se penche un peu plus dessus.

Chauves-souris géantes vampires

Les Monts Bru­meux abritent une unique et par­ti­cu­liè­re­ment nui­sible espèce de chauves-souris : la chauve-souris géante vam­pire, une mons­truo­sité noire de plus de trente cen­ti­mètres d’envergure qui niche parmi ses cou­sines plus petites mais qui chasse en nuée. Les chauves-souris géantes vam­pires sont connues pour accom­pa­gner les osts orques en guerre en for­mant de sinistres nuages, s’attachant sans dis­tinc­tion sur les bles­sés et les morts qui leur four­nissent une source facile de sang frais.

Ouargues

Pré­da­teur le plus sau­vage de la région, le Ouargue (terme Homme du Nord signi­fiant « loup » et « hors-la-loi ») est le pro­duit de l’élevage de loups ayant donné une créa­ture à la taille et à l’intelligence inusuelles. Les légendes disent qu’ils furent créés par Mor­goth lors des Jours Anciens pour faire la guerre dans le Nord. Ils hantent prin­ci­pa­le­ment à ce jour le ver­sant orien­tal des Monts Bru­meux mais s’aventurent sou­vent au Rhu­daur lorsque la nour­ri­ture se fait rare sur leurs ter­rains de chasse. Les mâles Ouargues font envi­ron 2,40 à 2,70 m de long, queue com­prise ; les femelles sont un peu plus petites. Tous ont une longue, douce et dense four­rure grise. Leurs sens de l’odorat, de la vue et de l’ouïe sont affû­tés ; ils ont une grande endu­rance et peuvent courir jusqu’à 48 km/​h à la pour­suite d’une proie. Ce sont des car­ni­vores intré­pides ; bien qu’ils se nour­rissent géné­ra­le­ment de créa­tures plus petites qu’eux, ils peuvent s’attaquer à du plus gros gibier.

Les Ouargues chassent en petits groupes fami­liaux d’une demi- dou­zaine d’unités, menés par un mâle domi­nant. Par­fois, ils se réunissent en une grande meute pour atta­quer des trou­peaux de proies plus grandes ; dans ces meutes, les mâles éta­blissent une hié­rar­chie dont l’autorité est basée sur la force et la féro­cité. Les meutes sont ter­ri­to­riales et peuvent cou­vrir une région de plu­sieurs cen­taines de kilo­mètres carrés.

Les tech­niques de chasse des Ouargues sont à l’image de leur ruse malé­fique. Tant que cela est pos­sible, ils évitent d’attaquer de front les grosses proies. Ils pré­fèrent leur tendre des embus­cades ou les piéger dans une épaisse couche de neige. En chasse, ils coor­donnent leur har­cè­le­ment grâce à un simple lan­gage fait de hur­le­ments inter­mit­tents.

Bien que dan­ge­reux pour l’extérieur, les Ouargues sont très pro­tec­teurs quand il s’agit des leurs. Un mâle et une femelle res­tent ensemble pour la vie ; le lou­ve­teau, qui devient adulte en deux à trois ans, reste ensuite dans le groupe fami­lial. La période de l’accouplement se pro­duit en hiver jusqu’au début du prin­temps ; une portée typique, née deux mois plus tard, com­prend 4–14 lou­ve­teaux. L’antre où la femelle met bas et pro­tège la portée est une caverne, une cre­vasse rocheuse ou une berge en sur­plomb, sou­vent ayant servi à un pré­cé­dent loca­taire. Tous les membres de la famille s’occupent sou­cieu­se­ment de la mère et des petits, rap­por­tant la nour­ri­ture dans le repaire.

Les Ouargues se joignent sou­vent aux pillards orques, trou­vant que c’est un moyen facile de se pro­cu­rer de la nour­ri­ture et ser­vant de mon­tures aux petits Gobe­lins. Ils sont, cepen­dant, notoi­re­ment chan­geants, se nour­ris­sant tout aussi bien des Orques tombés que des enne­mis tués. Les Ouargues, à la dif­fé­rence des loups nor­maux, ont perdu toute peur de l’homme. Ils sont par­ti­cu­liè­re­ment effi­caces contre la cava­le­rie, char­geant parmi les che­vaux pris de panique tout en leurs déchi­rant les flancs ; ils sont redou­tables lorsqu’ils sont lancés à la pour­suite d’ennemis en fuite.

Ours

Si les Ouargues sont impla­cables lorsqu’ils sont en meutes, indi­vi­duel­le­ment, le grand ours brun des Monts Bru­meux est de très loin le pré­da­teur le plus puis­sant. Comme leurs noirs cou­sins plus petits, les Grands Ours sont omni­vores, se nour­ris­sant de plantes, de racines et de baies ou bien de pois­sons, de ron­geurs fouis­seurs et même de proies plus grosses. Le miel, bien sûr, reste le mets favori ; il est qua­si­ment cer­tain qu’un ours sera tenté par une ruche acces­sible.

Le Grand Ours pos­sède des pattes à cinq doigts aux griffes non rétrac­tiles ; sa four­rure est épaisse et longue. Bien qu’il se déplace sur ses quatre pattes dans une faus­se­ment lente et mal­adroite démarche, il peut se rele­ver sur ses pattes arrières et culmi­ner à trois mètres de hau­teur. Menacé, il se redresse pour com­battre avec griffes anté­rieures et crocs. Peu de gens sont arri­vés à sur­vivre à un Grand Ours enragé car une telle bête pèse dans les sept cent cin­quante kilos, peut défon­cer les côtes d’un homme en un simple coup de patte et peut vrai­ment se dépla­cer aussi rapi­de­ment qu’un cheval si elle y est obli­gée.

Un ours est géné­ra­le­ment soli­taire, errant à la recherche de nour­ri­ture et n’ayant aucun ter­ri­toire par­ti­cu­lier. Il fait partie des plus anciens habi­tants de la région, étant là bien avant que les Géants n’arrivent. Nor­ma­le­ment farouche et pas agres­sif envers les Humains, le com­por­te­ment de l’ours est impré­vi­sible lors de la saison de l’accouplement, au début de l’été, don­nant une nou­velle signi­fi­ca­tion au terme « iras­cible ».

Durant l’hiver, l’ours se retire dans sa caverne pour hiber­ner, ayant stocké de grandes réserves de graisse durant l’automne. La femelle donne nais­sance tous les deux ans durant l’hibernation à une portée de 1–4 our­sons ; chacun d’entre eux ne pèse que cinq cents grammes à la nais­sance. Ils res­tent ensuite avec leur mère pen­dant envi­ron deux ans et demi ; toute autre créa­ture ferait bien d’éviter une ourse avec ses petits.

3.5 Le commerce

Le com­merce est le sang de la vie pour les com­mu­nau­tés urbaines d’Hommes du Nord s’étant ins­tal­lées le long de l’Anduin là où les routes com­mer­ciales se croisent. Les villes ne pour­raient se déve­lop­per sans le flot inin­ter­rompu des voya­geurs et des mar­chands. À cause de la Grande Peste et des dan­gers de voya­ger sur les terres vouées au Mal, cer­taines com­mu­nau­tés sont retour­nées à l’état de simples vil­lages de pêcheurs ou n’ont pas sur­vécu.

Un faible cou­rant de Nains allant et venant de Khazad-Dûm, et cer­tains mar­chands Hommes du Nord orien­taux, voyagent encore le long de la Route de l’Ancienne Forêt, l’ancienne Men-i- Nau­grim. Ces der­nières années, l’influence de Sauron dans la partie méri­dio­nale de Mirk­wood a rendu cette route hau­te­ment hasar­deuse ; cela a pro­vo­qué l’effondrement de la jadis pros­père com­mu­nauté d’Hommes du Nord près de l’Ancien Gué, qui ser­vait de lien vital vers le Haut Col. Une grande partie du com­merce a été dérou­tée vers le Nord ; cette piste a mau­vaise répu­ta­tion mais elle est plus sûre et passe par le Royaume des Elfes des Bois de Mirk­wood Sep­ten­trio­nal pour émer­ger de la forêt près de Mae­thel­burg.

Jadis, les cara­vanes de mar­chands Dúne­dain en pro­ve­nance d’Amor tra­ver­saient régu­liè­re­ment les Monts Bru­meux par la branche Sud du Haut Col que les che­vaux et les cha­riots pleins pou­vaient emprun­ter. Mal­heu­reu­se­ment, les Orques de la Porte des Gobe­lins ont effi­ca­ce­ment fermé cette route depuis les trois siècles der­niers ; plus per­sonne ne peut passer sauf les grandes expé­di­tions bien armées ou ceux por­tant le sauf-conduit du Roi-Sor­cier. Le chemin de mon­tagne supé­rieur est encore sûr pour les voya­geurs mais il est moins pra­ti­cable pour le com­merce car il ne peut être emprunté que par des mules et des poneys ou par des voya­geurs à pied à cause de ses fortes décli­vi­tés.

Seul le large Anduin reste une route sûre, cou­lant au cœur des terres des Hommes du Nord vers la fron­tière du Gondor aux Piliers d’Argonath et, ensuite, vers la métro­pole d’Osgiliath en train de dépé­rir mais encore peu­plée. Les mar­chands Hommes du Nord par­courent la rivière sur leurs cnear­ras, ces légères embar­ca­tions à clins à faible tirant d’eau qui peuvent être faci­le­ment trans­por­tées pour contour­ner des rapides et des chutes.

Comme l’économie des Hommes du Nord est agri­cole et pas­to­rale, les prin­ci­pales mar­chan­dises expor­tées sont des pro­duits non finis : la laine, les den­rées ali­men­taires, les grumes et l’ambre. Les Beor­nides vendent par­fois leur excellent miel et aussi leur cire d’abeilles. Le grain, la viande et l’hydromel des fermes des Hommes du Nord trouvent pre­neur chez les Nains de la Moria. En échange, les Hommes du Nord importent les métaux et la joaille­rie fine­ment cise­lée, les armes et les armures des Nains ou des majes­tueuses armu­re­ries du Gondor ; les Hommes du Nord pra­tiquent peu les métiers de la forge et leurs terres sont pauvres en mine­rais ne rece­lant qu’un peu de fer dans les fon­drières.

Dans la cam­pagne, la mon­naie est rare­ment dis­po­nible ; le troc est le mode pré­féré des échanges com­mer­ciaux. Par contre, dans les villes une éco­no­mie paral­lèle basée sur la mon­naie a fleuri. Les tran­sac­tions peuvent se faire avec de l’argent ou selon un mode satis­fai­sant l’acheteur et le ven­deur. Le sys­tème moné­taire du Gondor est employé en stan­dard pour les échanges car les Hommes du Nord n’ont pas de mon­naie et manquent de métaux pré­cieux pour frap­per la leur.


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