03 · Le pays
Perpétuellement couronnés de nuages, les Monts Brumeux divisent ce pays du Nord au Sud, dominants majestueusement les contreforts et les vallées avoisinants. Connues par les Elfes sous le nom de Hithaeglir (S. « Ligne de Pics Embrumés ») ou de Tours de Brume, ces montagnes sont sans aucun doute les plus hautes des Terres du Milieu. Culminant en son centre grâce au triple pic du Caradhras (S. « Rubicorne »), du Celebdil (S. « Pic d’Argent ») et du Fanuidhol (S. « Tête-dans-les-Nuages ») et au Nord et au Sud respectivement avec le Mont Gundabad et le Methedras (S. « Dernier Pic »), cette chaîne longue de plus de 1 400 km atteint une élévation moyenne de 3 000 à 3 600 m, comme l’indique la couche de neige permanente recouvrant le sommet de tous ses pics.
Bien que les Monts Brumeux soient des montagnes relativement jeunes, démontrés par ses pics acérés et leur extraordinaire altitude, le climat et l’érosion ont déjà laissé des cicatrices. D’immenses réserves d’eau sont constituées par les sommets enneigés et les glaciers ; de rapides torrents sont créés par ces sources d’eau et se répandent violemment dans les vallées. Le gel use et brise la roche dans les hautes altitudes laissant au-dessus de la limite des arbres des versants couverts d’éboulis anguleux. De tels amoncellements de roche s’accumulent de chaque côté des vallées en un équilibre prêt à être rompu pour donner des avalanches assourdissantes s’ils sont ébranlés. L’érosion et la fonte des neiges font fréquemment dévaler des rochers depuis les falaises et les flancs escarpés.
Dans cette région, la chaîne de montagnes fait 80 à 96 km de large, s’élevant graduellement depuis les contreforts et les landes à l’Ouest et depuis ses flancs plus escarpés à l’Est. La partie la plus au Nord des contreforts occidentaux (les Landes d’Etten et les Vaux d’Etten) est tabou et inhospitalière. Le paysage est composé de sinistres sommets et crêtes rocheux, de ravines profondes et de longues vallées, ainsi que d’amas de rochers. Le terrain est si rude et si désolé que les montagnes sont à peine plus difficiles à passer. Le long du versant oriental des Monts Brumeux, par contraste, la large plaine de la vallée de l’Anduin (S. « Longue Rivière ») s’étend en s’abaissant lentement vers l’Est et le Sud et est facilement traversable. Pour les Hommes du Nord, cette large et sinueuse rivière s’appelle le Long Flot.
3.1 Le climat
Dans toute la région, loin de l’influence modérée de la Grande Mer, l’hiver est froid et l’été est doux à assez chaud alors que le printemps et l’automne sont soudains et courts. Des distorsions climatiques se produisent depuis la barrière montagneuse, se traduisant par des variations marquées entre les contreforts occidentaux du Rhudaur et les Vallées de l’Anduin alors que les Monts Brumeux connaissent un climat particulier.
Deux masses d’air entrent en conflit le long de la frontière occidentale des Monts Brumeux. Des vents chauds dominants et chargés d’humidité venant de la Grande Mer à l’Ouest rencontrent de l’air froid descendant du Nord depuis l’immense Baie de Forochel ; ce conflit donne soit de douces bruines, soit de froides pluies battantes ou bien des chutes de neige lorsque la température avoisine le zéro. Lorsque les vents chauds de l’Ouest rencontrent les montagnes, l’air se refroidit rapidement et se condense en donnant des précipitations et des brumes perpétuelles et des nuages bas, qui donnent leur nom aux montagnes. La pression entre l’air chaud montant et l’atmosphère plus froide des montagnes, particulièrement durant l’été, crée de formidables orages, vision terrifiante pour les voyageurs peu familiers.
Grâce à la barrière montagneuse, les Vallées de l’Anduin sont épargnées par les vents violents et par l’excessive humidité et précipitations du Rhudaur. Les montagnes faisant obstacle aux pluies, le climat est sensiblement plus sec ; les écarts de températures entre l’hiver et l’été sont plus marqués. Les Vallées de l’Anduin sont cependant loin d’être arides car l’humidité nécessaire est apportée dans la région par les vents frais traversant la basse chaîne des Ered Mithrin au Nord et par les chauds vents occidentaux passant par la trouée au Sud des Monts Brumeux.
Les températures descendent rapidement dans les montagnes au rythme de 2° C tous les 300 m d’élévation, voire de 3° C quand l’air monte rapidement. Bien sûr, le versant exposé au vent est souvent plus froid que le versant sous le vent, à élévation identique, à cause de ses effets. Les hautes vallées de montagne sont, à la même élévation, typiquement plus froides que le versant exposé car l’air froid stagne dans ces vallées et finit par se désagréger. Du fait des températures plus basses, les précipitations prennent couramment la forme de chutes de neige pendant le semestre le plus froid, même lorsqu’il pleut dans les basses terres. Traverser les Monts Brumeux avec succès demande une constante attention envers le climat car le moindre écart peut être fatal.
3.2 Les routes et les cols
Pour les voyageurs, la caractéristique géographique la plus importante de cette région est le Haut Col. Officiellement connue sous le nom de Cirith Forn en Andrath (S. « Col Haut à Grimper du Nord ») et parfois aussi comme la Passe d’Imladris, cette faille dans les Monts Brumeux sert de jonction importante entre l’Eriador et les Vallées de l’Anduin. C’est l’un des quatre cols généralement connus, les autres sont le Col des Iris et le Col du Rubicorne vers le Sud et le Col d’Angmar plus haut au Nord.
Beaucoup moins connu par les étrangers de la région, le Haut Col a une curieuse configuration car, en fait, c’est un double couloir ; il est constitué de deux branches parallèles dont celle du Sud est moins élevée que celle du Nord et distantes l’une de l’autre de plusieurs kilomètres. La branche Sud correspond à la route la moins élevée et la plus praticable ; elle serpente et borde un long précipice à la source de la rivière Bruinen à une altitude d’environ 1 000 m ; ensuite, elle descend brutalement vers l’Anduin en accompagnant une rivière coulant vers le Sud-Est. À l’opposé, le « chemin de montagne » supérieur suit un trajet spectaculaire en empruntant les parois d’étroites gorges adjacentes par l’intermédiaire de nombreux virages et épingles à cheveux. Il finit par culminer à plus de 1 600 m d’altitude puis descend pour émerger de la montagne à peu près au même endroit que la route Sud moins haute. Les deux cols craignent les avalanches mineures et les éboulis de rochers ; du mois de Hithui au mois de Gwirith — de la fin de l’automne au début du printemps — ils sont bloqués par la neige ; des montagnards compétents peuvent quand même les emprunter. Le chemin de montagne fut choisi par Thorin et ses compagnons avec Gandalf pour guide lors de leur quête ; le magicien, bien sûr, connaissait l’existence d’un « passage différent… d’accès plus facile » (Hob) mais aussi notoirement plus infesté de Gobelins.
Dans les contreforts du Rhudaur, la Grande Route Est en pierre construite par les Dúnedain mène jusqu’au Athrad Bruinen (S. « Gué du Bruinen ») ; néanmoins, la route vers les montagnes se transforme ensuite en un chemin en terre traversant les Falaises Froides accidentées vers le Haut Col. Localement, de tels chemins sont rencontrés, la plupart d’entre eux menant nulle part ou dans des culs-de-sac ; une carte ou un guide est nécessaire. Les conditions sont meilleures à l’Est. Les gens sortant par l’une ou l’autre des deux routes du Haut Col n’auront plus qu’à suivre la rivière jusqu’à l’Anduin et son Athrad Iaur (S. « Ancien Gué »). À deux jours vers le Nord, se trouve le Gué du Carrock, plus sûr.
3.3 La flore
Grâce aux différents aspects du terrain et du climat, une impressionnante vie végétale s’épanouit dans les environs des Monts Brumeux. Les plus belles plantes poussent, peut-être, dans les Vallées de l’Anduin. La plaine fluviale cultivée regorge de hautes herbes luxuriantes alors que les rives de l’Anduin et les marais adjacents débordent de fleurs sauvages et de hauts roseaux. Des bosquets d’arbres à larges feuilles s’élèvent parmi les douces prairies ; les ormes et les puissants chênes y prédominent.
Dans les collines du Rhudaur, la végétation s’entremêle avec la roche nue pour former un tableau morne. Les vallées et flancs de collines abrités sont boisés de vieux sapins tellement nombreux qu’il y fait sombre alors que les collines et landes plus exposées sont recouvertes d’une monotone bruyère décharnée. Les rares fleurs sauvages poussant dans les traîtresses fondrières offrent une touche de couleurs. Des parcelles rafraîchissantes de prairies et de cultures peuvent être découvertes près des cours d’eau principaux.
De grandes forêts de conifères s’étendent sur les crêtes et les pentes à la base des Monts Brumeux, se développant sous des températures plus fraîches et sur des terrains moins riches là où les arbres à larges feuilles ne le peuvent. Après quelques centaines de mètres, la limite des arbres est rencontrée ; seuls des arbustes rabougris et de l’herbe poussent dans les vallées supérieures des montagnes. Rapidement, ils laissent la place au lichen, à la roche nue et enfin à la neige.
La végétation la plus singulière d’une partie de la région se cache dans le complexe réseau de cavernes sous les montagnes. Seule la végétation fongique peut croître sans lumière ; elle y prend des formes fantastiques et atteint fréquemment des tailles époustouflantes. Des rumeurs font état que certaines grottes abritent des forêts de champignons immenses, d’étranges nodules phosphorescents et d’autres végétaux qui défient toute description.
Les vallées fluviales abritées et le rude climat des montagnes permettent aux herbes médicinales de s’épanouir. Ces cadeaux de la nature promettent la guérison aux malades et aux blessés si elles tombent entre les mains de personnes compétentes et rapportent de bons prix sur les marchés de la plupart des villes. Leur approvisionnement est cependant limité et elles disparaîtront si elles sont trop récoltées.
3.4 La faune
Les animaux sauvages abondent dans cette région en grande partie peu colonisée. Les poissons foisonnent dans les cours d’eau et dans les rivières alors que les herbivores courants, tels que lapins et lièvres, et les campagnols sont présents partout où il y a de la végétation, ce qui procurent de la nourriture aux plus grands prédateurs. Les castors construisent leur hutte et leur barrage dans des cours d’eau loin de tout. Les canards, les oies et les cygnes fourmillent le long du large Anduin ; les cormorans se perchent près des berges de la rivière. Les faisans pullulent dans les hautes herbes des prairies ; les cailles élisent domicile dans les sous-bois des forêts. Dans les terres boisées, les grands-ducs nocturnes nichent dans des arbres creux. Les petits reptiles, les tortues, les lézards et les serpents sont particulièrement répandus dans les terres marécageuses.
Quatre espèces de gros mammifères à sabots attirent l’attention. Des hardes de rapides cerfs, chacune menée par un mâle, errent dans les plaines herbeuses le long de l’Anduin. Des rennes peuplent les hautes terres du Rhudaur, se nourrissant de bruyère. Les mouflons préfèrent les versants moins élevés des montagnes et les vallées ; ils sont caractérisés par leurs épaisses cornes recourbées — d’où leur autre nom de Grandes Cornes ; les mâles s’affrontent à la saison de l’accouplement lors de joutes : ils se foncent l’un sur l’autre tête en avant, ce qui produit de forts craquements se répercutant dans les vallées. Au-dessus de la limite des arbres vivent les chèvres des montagnes très agiles et « alpinistes » très compétentes ; elles passent leur vie à errer sur les rebords et les falaises. Leur épaisse fourrure blanche et leurs cornes acérées font d’elles une magnifique vision lorsqu’elles sont perchées à flanc de montagne et, de plus, leur permettent de survivre au climat et aux prédateurs. Les mouflons et les chèvres ont tendance à voyager en troupeaux de mâles et de femelles séparés jusqu’à la saison de l’accouplement, qui dure de la fin de l’automne au début de l’hiver.
Une écologie souterraine distincte s’est développée dans les cavernes des montagnes. Quelques habitants, tels que les rongeurs, sont de passage venant de l’extérieur. D’autres, comme le pâle poisson aveugle, nagent dans les lacs souterrains s’étant adaptés à l’obscurité permanente. Des colonies de chauves-souris se perchent parmi les stalactites descendant du plafond des grottes ; elles volent à travers les passages tortueux grâce à leurs ondes ultrasoniques pour aller chasser dehors de nuit. La plupart de ces chauves-souris sont petites et de faible envergure ; ce sont des insectivores inoffensifs.
D’autres créatures visqueuses sans nom, plus anciennes dans la région que les Orques, « se trouvent toujours là, furetant en catimini dans les coins écartés » (Hob). Peu de gens ont déjà rencontré personnellement ces horreurs ; ils sont encore moins nombreux à connaître leur vraie nature, que ce soit des reptiles, des mammifères dégénérés ou n’importe quoi d’autre détaché de ce monde et laissé là lors de la formation des Terres du Milieu. Les personnes ayant rencontré et survécu à ces troglodytes antédiluviens ont gardé le silence sur ce qu’elles ont appris.
Certaines créatures de cette région valent que l’on se penche un peu plus dessus.
Chauves-souris géantes vampires
Les Monts Brumeux abritent une unique et particulièrement nuisible espèce de chauves-souris : la chauve-souris géante vampire, une monstruosité noire de plus de trente centimètres d’envergure qui niche parmi ses cousines plus petites mais qui chasse en nuée. Les chauves-souris géantes vampires sont connues pour accompagner les osts orques en guerre en formant de sinistres nuages, s’attachant sans distinction sur les blessés et les morts qui leur fournissent une source facile de sang frais.
Ouargues
Prédateur le plus sauvage de la région, le Ouargue (terme Homme du Nord signifiant « loup » et « hors-la-loi ») est le produit de l’élevage de loups ayant donné une créature à la taille et à l’intelligence inusuelles. Les légendes disent qu’ils furent créés par Morgoth lors des Jours Anciens pour faire la guerre dans le Nord. Ils hantent principalement à ce jour le versant oriental des Monts Brumeux mais s’aventurent souvent au Rhudaur lorsque la nourriture se fait rare sur leurs terrains de chasse. Les mâles Ouargues font environ 2,40 à 2,70 m de long, queue comprise ; les femelles sont un peu plus petites. Tous ont une longue, douce et dense fourrure grise. Leurs sens de l’odorat, de la vue et de l’ouïe sont affûtés ; ils ont une grande endurance et peuvent courir jusqu’à 48 km/h à la poursuite d’une proie. Ce sont des carnivores intrépides ; bien qu’ils se nourrissent généralement de créatures plus petites qu’eux, ils peuvent s’attaquer à du plus gros gibier.
Les Ouargues chassent en petits groupes familiaux d’une demi- douzaine d’unités, menés par un mâle dominant. Parfois, ils se réunissent en une grande meute pour attaquer des troupeaux de proies plus grandes ; dans ces meutes, les mâles établissent une hiérarchie dont l’autorité est basée sur la force et la férocité. Les meutes sont territoriales et peuvent couvrir une région de plusieurs centaines de kilomètres carrés.
Les techniques de chasse des Ouargues sont à l’image de leur ruse maléfique. Tant que cela est possible, ils évitent d’attaquer de front les grosses proies. Ils préfèrent leur tendre des embuscades ou les piéger dans une épaisse couche de neige. En chasse, ils coordonnent leur harcèlement grâce à un simple langage fait de hurlements intermittents.
Bien que dangereux pour l’extérieur, les Ouargues sont très protecteurs quand il s’agit des leurs. Un mâle et une femelle restent ensemble pour la vie ; le louveteau, qui devient adulte en deux à trois ans, reste ensuite dans le groupe familial. La période de l’accouplement se produit en hiver jusqu’au début du printemps ; une portée typique, née deux mois plus tard, comprend 4–14 louveteaux. L’antre où la femelle met bas et protège la portée est une caverne, une crevasse rocheuse ou une berge en surplomb, souvent ayant servi à un précédent locataire. Tous les membres de la famille s’occupent soucieusement de la mère et des petits, rapportant la nourriture dans le repaire.
Les Ouargues se joignent souvent aux pillards orques, trouvant que c’est un moyen facile de se procurer de la nourriture et servant de montures aux petits Gobelins. Ils sont, cependant, notoirement changeants, se nourrissant tout aussi bien des Orques tombés que des ennemis tués. Les Ouargues, à la différence des loups normaux, ont perdu toute peur de l’homme. Ils sont particulièrement efficaces contre la cavalerie, chargeant parmi les chevaux pris de panique tout en leurs déchirant les flancs ; ils sont redoutables lorsqu’ils sont lancés à la poursuite d’ennemis en fuite.
Ours
Si les Ouargues sont implacables lorsqu’ils sont en meutes, individuellement, le grand ours brun des Monts Brumeux est de très loin le prédateur le plus puissant. Comme leurs noirs cousins plus petits, les Grands Ours sont omnivores, se nourrissant de plantes, de racines et de baies ou bien de poissons, de rongeurs fouisseurs et même de proies plus grosses. Le miel, bien sûr, reste le mets favori ; il est quasiment certain qu’un ours sera tenté par une ruche accessible.
Le Grand Ours possède des pattes à cinq doigts aux griffes non rétractiles ; sa fourrure est épaisse et longue. Bien qu’il se déplace sur ses quatre pattes dans une faussement lente et maladroite démarche, il peut se relever sur ses pattes arrières et culminer à trois mètres de hauteur. Menacé, il se redresse pour combattre avec griffes antérieures et crocs. Peu de gens sont arrivés à survivre à un Grand Ours enragé car une telle bête pèse dans les sept cent cinquante kilos, peut défoncer les côtes d’un homme en un simple coup de patte et peut vraiment se déplacer aussi rapidement qu’un cheval si elle y est obligée.
Un ours est généralement solitaire, errant à la recherche de nourriture et n’ayant aucun territoire particulier. Il fait partie des plus anciens habitants de la région, étant là bien avant que les Géants n’arrivent. Normalement farouche et pas agressif envers les Humains, le comportement de l’ours est imprévisible lors de la saison de l’accouplement, au début de l’été, donnant une nouvelle signification au terme « irascible ».
Durant l’hiver, l’ours se retire dans sa caverne pour hiberner, ayant stocké de grandes réserves de graisse durant l’automne. La femelle donne naissance tous les deux ans durant l’hibernation à une portée de 1–4 oursons ; chacun d’entre eux ne pèse que cinq cents grammes à la naissance. Ils restent ensuite avec leur mère pendant environ deux ans et demi ; toute autre créature ferait bien d’éviter une ourse avec ses petits.
3.5 Le commerce
Le commerce est le sang de la vie pour les communautés urbaines d’Hommes du Nord s’étant installées le long de l’Anduin là où les routes commerciales se croisent. Les villes ne pourraient se développer sans le flot ininterrompu des voyageurs et des marchands. À cause de la Grande Peste et des dangers de voyager sur les terres vouées au Mal, certaines communautés sont retournées à l’état de simples villages de pêcheurs ou n’ont pas survécu.
Un faible courant de Nains allant et venant de Khazad-Dûm, et certains marchands Hommes du Nord orientaux, voyagent encore le long de la Route de l’Ancienne Forêt, l’ancienne Men-i- Naugrim. Ces dernières années, l’influence de Sauron dans la partie méridionale de Mirkwood a rendu cette route hautement hasardeuse ; cela a provoqué l’effondrement de la jadis prospère communauté d’Hommes du Nord près de l’Ancien Gué, qui servait de lien vital vers le Haut Col. Une grande partie du commerce a été déroutée vers le Nord ; cette piste a mauvaise réputation mais elle est plus sûre et passe par le Royaume des Elfes des Bois de Mirkwood Septentrional pour émerger de la forêt près de Maethelburg.
Jadis, les caravanes de marchands Dúnedain en provenance d’Amor traversaient régulièrement les Monts Brumeux par la branche Sud du Haut Col que les chevaux et les chariots pleins pouvaient emprunter. Malheureusement, les Orques de la Porte des Gobelins ont efficacement fermé cette route depuis les trois siècles derniers ; plus personne ne peut passer sauf les grandes expéditions bien armées ou ceux portant le sauf-conduit du Roi-Sorcier. Le chemin de montagne supérieur est encore sûr pour les voyageurs mais il est moins praticable pour le commerce car il ne peut être emprunté que par des mules et des poneys ou par des voyageurs à pied à cause de ses fortes déclivités.
Seul le large Anduin reste une route sûre, coulant au cœur des terres des Hommes du Nord vers la frontière du Gondor aux Piliers d’Argonath et, ensuite, vers la métropole d’Osgiliath en train de dépérir mais encore peuplée. Les marchands Hommes du Nord parcourent la rivière sur leurs cnearras, ces légères embarcations à clins à faible tirant d’eau qui peuvent être facilement transportées pour contourner des rapides et des chutes.
Comme l’économie des Hommes du Nord est agricole et pastorale, les principales marchandises exportées sont des produits non finis : la laine, les denrées alimentaires, les grumes et l’ambre. Les Beornides vendent parfois leur excellent miel et aussi leur cire d’abeilles. Le grain, la viande et l’hydromel des fermes des Hommes du Nord trouvent preneur chez les Nains de la Moria. En échange, les Hommes du Nord importent les métaux et la joaillerie finement ciselée, les armes et les armures des Nains ou des majestueuses armureries du Gondor ; les Hommes du Nord pratiquent peu les métiers de la forge et leurs terres sont pauvres en minerais ne recelant qu’un peu de fer dans les fondrières.
Dans la campagne, la monnaie est rarement disponible ; le troc est le mode préféré des échanges commerciaux. Par contre, dans les villes une économie parallèle basée sur la monnaie a fleuri. Les transactions peuvent se faire avec de l’argent ou selon un mode satisfaisant l’acheteur et le vendeur. Le système monétaire du Gondor est employé en standard pour les échanges car les Hommes du Nord n’ont pas de monnaie et manquent de métaux précieux pour frapper la leur.
Fichiers
Pour les fichiers .markdown, préférer un clic droit et sélectionner
« Enregistrer le lien sous... »