03 · Le pays
Les terres du Cardolan, comme sa population, sont plutôt variées. On peut y rencontrer des forêts anciennes et profondes, des côtes rocheuses, des collines ondulées disposées comme des rangées de solides guerriers rouges de santé et des terres arables parmi les plus riches de tout l’Eriador. La majorité du paysage est cependant dominée par de douces collines battues par le vent et sans arbre, une désolation contrebalancée par la grouillante cité de Tharbad, la Reine du Nord.
3.1 La géographie
Le Royaume du Cardolan englobe toutes les terres situées entre les rivières Brandevin, Flotgris et Grisefontaine, plus généralement appelée par leurs noms elfiques : Baranduin, Gwathló et Mitheithel, et jusqu’à la Grande Route Est. Cela forme un territoire d’environ mille kilomètres de long sur deux cent quarante de large. L’Ancienne Route Nord, la Iaur Men Formen, traverse le pays par son milieu et divise le Cardolan en deux zones géographiques plutôt nettes : le Minhiriath (S. « Pays des Fleuves ») au sud-ouest et le Mintyrnath (S. « Pays des Coteaux ») au nord-est.
Les origines du paysage
Lors des Jours Anciens, le Cardolan était recouvert par une seule forêt primordiale qui recouvrait tout l’Eriador méridional. La côte s’étendait alors beaucoup plus loin vers l’ouest et formait la région la plus au sud de l’ancien Beleriand. Ces terres furent englouties dans l’océan lors de la grande Guerre de la Colère qui marqua la fin des Jours Anciens. Tout ce qu’il reste de cette région est le Rast Vorn (S. « Cap Noir ») et ses Eryn Vorn (S. « Bois Noirs »). Les grandes forêts furent détruites au cours du Deuxième Âge, révélant une terre généralement pauvre et stérile, comme celle des forêts tropicales humides loin au sud. La plus grande partie de la couche superficielle de cette terre nouvellement exposée fut balayée par les forts vents marins, c’est la raison pour laquelle les zones fertiles du Cardolan sont celles qui sont régulièrement envahies par les inondations annuelles de ses grandes rivières.
Les rivières du Cardolan
Malgré les nombreuses petites rivières qui donnent son nom au Minhiriath et les coteaux du Mintyrnath, la géographie du Cardolan, dans son ensemble, est dominée par les grandes vallées fluviales lui servant de frontières.
Le Baranduin (S. « Long Cours Mordoré ») serpente nonchalamment depuis le Lac Evendim en Arthedain vers la mer au sud, formant la frontière nord-ouest du Cardolan. Sa couleur, et donc son nom, lui vient de la riche terre de ses berges. Le Baranduin est une rivière ancienne, large et lente, mais il est peu profond, ce qui en fait une pauvre voie commerciale.
La Mitheithel (S. « Grise Source ») à l’est naît des neiges et des sources des hautes terres du Rhudaur. Torrent étroit et fougueux, elle s’est seulement partiellement assagie lors de sa confluence avec la Bruinen à la pointe de l’angle. Elle continue sa descente vers le Nîn-in-Eilph, les Marais du Vol-de-Cygnes. Juste au-dessus de Tharbad, là où la Mitheithel rejoint la rivière Glanduin venant d’Enedwaith, elle donne naissance au Gwathló (S. « Cours Ombragé Venant des Fondrières »). Il est difficile de naviguer sur la Mitheithel depuis Tharbad jusqu’à l’Angle ; il est pratiquement impossible d’y trouver un gué sur toute sa longueur.
Le Gwathló est une rivière large et lente, comme le Baranduin, mais pas durant les crues de printemps. Il est profond et il est possible d’y naviguer avec des navires de haute mer jusqu’à Tharbad. Les vents dominants viennent de l’est et la rivière est infestées de bancs de vase toujours mouvants, raisons pour lesquelles de plus petits bateaux assurent la plus grande partie du commerce fluvial. Le commerce est important car la route maritime vers le Gondor est beaucoup plus rapide que la route terrestre qui a fait de Tharbad le centre de tout le négoce venant du nord. Les crues annuelles du Gwathló sont beaucoup plus sérieuses que celles de toute autre rivière du Cardolan, particulièrement sur sa rive nord. Après un hiver rigoureux, Tharbad peut provisoirement devenir une île pendant plusieurs semaines au cours du printemps.
Le Minhiriath
La moitié sud-ouest du Cardolan détient son nom de sa myriade de cours d’eau et rivières mineures qui se déversent dans le Baranduin, dans le Gwathló et dans la mer. Le Minhiriath peut de plus être divisé en quatre zones géographiques ; les Eryn Vorn, la plaine centrale ou Saralainn (D. « Domaine Exalté »), le Haut Plateau de Girithlin qui s’étend du centre du Cardolan le long de la rive sud du Baranduin et le bassin du Gwathló. Les Eryn Vorn couvrent le Rast Vorn, la grande péninsule au sud de l’embouchure du Baranduin ; sans tenir compte de la partie marécageuse au sud-est, le Rast Vorn est recouvert par d’anciennes forêts. Les arbres eux-mêmes semblent partager la malveillance de ses autochtones, les Beffraen, influencés par le paysage fracturé qui rappelle les cataclysmes des Jours Anciens. Les Eryn Vorn n’ont pratiquement pas été explorés pendant toute l’histoire du Cardolan.
La plaine centrale du Minhiriath est presque sans traits distinctifs, à l’exception de ses nombreux petits ruisseaux. Elle s’élève lentement au fur et à mesure que l’on se rapproche de la mer ; la région proche des cours d’eau est raisonnablement fertile mais la plus grande partie des terres n’est bonne qu’à élever des moutons. Une caractéristique positive de ce pays est la série de lits de rivières couleur ambre rencontrés le long de la rive sud du Baranduin près de son embouchure. Le nom de Saralainn vient du folklore d’après un barde Dunéen au parler imagé qui encourageait les gens à s’installer dans cette région qu’il dépeignait comme étant « exaltée », un peu comme si l’on pouvait baptiser une terre désolée arctique de « verte ».

Le Haut Plateau de Girithlin s’élève de plusieurs dizaines de mètres au-dessus du niveau des plaines du Saralainn par l’intermédiaire d’une série de douces collines aux crêtes ondulées alignées. L’aspect général de ces hautes terres n’est pas grandement différent de celui des plaines mais l’érosion y constitue un problème particulièrement épineux.
Le Bassin du Gwathló comprend la région sujette aux inondations par cette rivière. Il est très étroit près de la mer et s’élargit irrégulièrement pour atteindre une largeur d’environ cent trente kilomètres près de Tharbad. Les inondations sont une nuisance majeure pour les habitants de cette région mais le limon qui s’y dépose permet de rendre les terres inondées les plus fertiles de tout le Nord. Le Bassin du Gwathló sert de grenier pour tout l’Eriador, bien que la plus grande partie de ses surplus serve à nourrir la population de Tharbad.
Le Mintyrnath
Alors que la géographie du Minhiriath est assez simple, celle de cette région de collines est plutôt complexe. Six divisions soudaines et occasionnelles peuvent être faites. Une portion conséquente du Bassin du Gwathló s’étend au-dessus de la Route Nord. Vers l’ouest, se dresse le plateau à collines des Pinnath Ceren, les collines rouges qui ont donné son nom au Cardolan. Légèrement plus au nord se tient l’Ancienne Forêt et, à l’est, les collines ondulées des Tyrn Gorthad, les Coteaux aux Tumulus, et les Tyrn Hyannen, les Coteaux Méridionaux. Au sud-ouest de ces étendues se tient le Haut Plateau de Girithlin. Le Cardolan oriental se fond dans la grande plaine monotone de l’Eriador, l’En Eredoriath.
Les coteaux au sud de la Route Est forment la particularité géographique la plus remarquable du Mintyrnath. Il n’y a qu’une seule série de collines mais l’habitude a fait qu’elles portent deux noms : les Coteaux aux Tumulus dans la partie nord-ouest où elles sont plus concentrées et les Coteaux Méridionaux ailleurs. Les Coteaux sont formés par une série de crêtes se dirigeant vers le nord-est, chacune de ces crêtes à son versant sud-ouest relativement escarpé et descend en pente assez douce vers le nord-est jusqu’à la crête suivante. Cette région stérile est balayée par les vents et est à peine habitée. Les Tym Gorthad sont remarquables par leurs tumulus, sépultures qui datent, dit-on, des ancêtres Edain des Dúnedain des Jours Anciens. Les Princes du Cardolan ont perpétué cette coutume en en faisant aussi leur lieu de sépulture.

Directement à l’ouest des Coteaux aux Tumulus se tient l’Ancienne Forêt. C’est un lieu sombre et dangereux où les arbres semblent se rappeler et haïr tous ceux qui détruisirent jadis leur innombrables frères. La demeure de Tom Bombadil est localisée quelque part au plus profond de la forêt. Il est plus connu par la population du Cardolan sous le nom de Orald ; il a très peu d’influence dans leurs affaires.
Au sud sud-ouest de l’Ancienne Forêt s’étendent les Pinnath Ceren et, au-delà, le Haut Plateau de Girithlin. Les Pinnath Ceren (S. « Crêtes Rouges ») sont formées par un groupe de collines de couleur rouge surmontant un petit plateau. Le minerai de fer qui donne cette couleur était très utilisé par les Nordiques habitant les forêts de l’Eriador avant le retour des Núménoréens. Les Pinnath Ceren devinrent un centre de résistance à leur colonisation car c’était alors le seul site d’extraction d’un alliage rare de cobalt et d’étain, à ce jour épuisé, pouvant être utilisé dans les primitifs fourneaux des Nordiques qui en sortaient le Cuivre du Cardolan, un métal rouge qui pouvait presque rivaliser avec l’acier dur de Núménor. Le Haut Plateau de Girithlin surplombe le bassin du Gwathló à l’est ; cette région comprend une ligne de crêtes importante appelée Pinnath Nimren (S. « Crêtes Blanches »), tirant leur nom des nombreux affleurements de marbre blanc. Sans tenir compte du climat plus rude, le haut plateau est généralement similaire au Saralainn.
Les côtes
La côte nord du Cardolan depuis l’embouchure du Baranduin jusqu’au Rast Vorn est souvent rocheuse, faisant preuve d’une beauté sauvage reconnue uniquement par ses habitants. Il y a peu de ports mais la région est assez bien protégée des tempêtes ; ses ressources, principalement les crustacés et de petites baleines, sont très utilisées.

Les côtes du Rast Vorn sont les plus traîtresses d’après les marins Dúnedain. De nombreux hauts fonds et récifs sont généralement masqués par d’épaisses nappes de brouillard. Les rivages nord et ouest exposés sont escarpés et offrent peu d’endroits où accoster. Le rivage sud-est est un marais couvert de roseaux ; il est, dit-on, habité par des créatures surnaturelles et nuisibles. Les Beffraen autochtones attaquent souvent ceux qui cherchent refuge sur ces côtes.
Par contraste, les rivages du Saralainn sont réputés pour leurs larges plages et dunes. Les autochtones y portent néanmoins peu d’intérêt, peut-être à cause des tempêtes qui frappent durement les plages chaque décennie, dévastant ces basses terres. La grande quantité de marchandises empruntant le Gwathló est principalement déchargée au port de Sudúri, situé à une cinquantaine de kilomètres en amont de l’embouchure. Le site de la cité résout la plupart des problèmes ayant détruit l’effort fourni par les Núménoréens pendant un millénaire pour entretenir un port à Lond Daer.
L’Enedwaith

La population du Cardolan, concentrée le long de la rive nord du Gwathló, doit se sentir concernée par les événements se produisant sur la rive sud dans la région de l’Enedwaith. La plus grande partie de l’Enedwaith est une plaine herbeuse semi-aride abritant des tribus de Dunlendings, qui partent souvent en raids au Cardolan. Le long du Gwathló, commençant à environ cent trente kilomètres au sud de Tharbad, deux grandes forêts procurent une grande partie du bois servant à construire des bateaux au Cardolan. Ce bois est collecté grâce à de grandes expéditions de type militaire car la peur des tribus Dunéennes, des cousins des Beffraen qui habitent la forêt du sud et des Trolls de Pierre de la forêt du nord est grande.
Les mille kilomètres carrés du Nîn-in-Eilph, les Marais du Vol-de-Cygnes, sont souvent visités malgré les traîtresses fondrières alcalines et les innombrables reptiles venimeux. Parfois, c’est pour y rechercher des herbes rares mais le plus souvent des braconniers s’y rendent pour les majestueux cygnes dont les superbes plumes sont si appréciées par ces dames du Gondor.
3.2 Le climat
Bien que le paysage du Cardolan puisse paraître parfois monotone, le climat quant à lui est très varié. Le Cardolan possède un climat humide à mi-latitude en moyenne doux mais qui est sujet à certaines des intempéries les plus rigoureuses de tout l’Endor. Le Minhiriath et le Mintyrnath subissent cependant des temps plus distincts. En règle générale, la température du Mintyrnath est cinq degrés plus fraîche.
Les deux régions ont un printemps frais et humide, un été généralement sec et moyennement chaud, un automne frais et humide et un hiver froid. Le temps est dominé par de l’air chaud et humide venant de l’océan et par l’air froid et sec venant des Monts Brumeux et de Forochel. En fin de printemps et en début d’été, ces masses d’air sont sujettes à se rencontrer pour donner des effets souvent désastreux. La plupart des dommages sont occasionnés par de forts orages mais ils peuvent très rapidement se transformer en grêle ou en ouragans. Ces derniers sont très fréquents au centre du Cardolan, particulièrement au mois de Nórui. Moins courantes mais plus dévastatrices, les tornades viennent de la pleine mer et frappent les côtes. Au début de l’automne, tous les trois ans, des tempêtes de vent frappent les rivages ; environ une tempête par décennie répand la désolation et une par siècle sera monstrueuse. Les personnes âgées parlent encore de la « Tempête Vengeresse de 1081 ». Les vents dominants au Cardolan viennent de l’ouest, ce qui a tendance à compliquer la navigation sur le Gwathló.
Comme le Cardolan est un pays pratiquement sans arbres, les températures montent rapidement au cours de la journée et descendent non moins rapidement la nuit. Il n’est pas rare de les voir varier de vingt degrés sur une période de vingt-quatre heures, tout particulièrement en été et en altitude. Les températures moyennes au Cardolan ont très légèrement baissé depuis les deux siècles derniers et cette évolution inquiète les fermiers du Cardolan qui n’ont pas les moyens de perdre quelques jours lors des récoltes, sans compter les gelées hivernales tardives. Les superstitieux mettent en cause le Roi-Sorcier d’Angmar (cette tendance empirera jusqu’à son départ en 3A 1975 et ensuite petit à petit augmentera).

Fichiers
Pour les fichiers .markdown, préférer un clic droit et sélectionner
« Enregistrer le lien sous... »