06 · Politique et pouvoir
Le Cardolan a été une colonie Núménoréenne, une province d’Arnor et une monarchie indépendante. Les Princes du Cardolan, qu’ils s’appellent Protecteurs, Gouverneurs, Barons ou Princes, ont presque toujours gardé une grande autonomie. Dans toute son histoire, seuls Elendil et les Rois Thorondur et Valandil ont réellement réussi à faire rentrer les Princes dans le rang. Ainsi, la situation actuelle, où uniquement une minorité de Princes reconnaît un souverain, n’est pas anormale alors qu’elle pourrait l’être de prime abord.
6.1 Le gouvernement
Alors que le Royaume Dúnadan était aux ordres, la position du Roi était généralement celle du premier personnage parmi les seigneurs féodaux égaux. Le Roi seul détient l’autorité concernant les affaires extérieures et seul il peut promulguer les lois du pays. Néanmoins, le Roi a très peu de contrôle sur les affaires intérieures des Princes. En refusant de coopérer, les Princes peuvent effectivement utiliser leur droit de veto dans de nombreux cas concernant la sphère d’influence du Roi, particulièrement dans le domaine militaire. Leurs seules obligations explicites sont de payer annuellement leur tribut et de fournir des troupes en cas de guerre ; des raisons valables sont généralement invoquées, si nécessaires, pour retarder ces devoirs. C’est pour cette raison que Tarcil II institua le Conseil du Sceptre qui incluait tous les Princes. Le rôle du Conseil était de recueillir leurs avis et leurs conseils. Le Chancelier du Roi pouvait grandement renforcer les prérogatives du Roi car peu de Princes appréciaient les tâches courantes de la bureaucratie servant à entériner leurs décisions.
Après la chute du Royaume, la charge de Canotar (S. « Grand Commandeur », Q. « Kanotar ») combinait les fonctions administratives du Chancelier et le rôle — anciennement tenu par le Roi — de Capitaine de l’armée réunie du Royaume. Comme on peut s’en douter, cette charge ne dura pas longtemps ; les Princes rendent hommage désormais au commandant de la garnison du Gondor et au collecteur des impôts de Tharbad.
Les Princes Dúnedain

Quatre des sept Princes Dúnedain traditionnels du Cardolan sont encore à la tête de leur ancien fief. Leur titre date de l’époque des Núménoréens, bien qu’il fut renouvelé par Elendil, Thorondur et Valandil. Les Princes de Girithlin et de Calantir maintiennent l’ancienne tradition qui veut que le titre passe à un héritier mâle ; les autres principautés ont eu des héritières dirigeantes. Les fonctions et la forme de gouvernement des principautés ont varié. En général, les Princes délèguent la majorité des fonctions locales judiciaires et administratives les plus mineures à la petite noblesse Dúnadan. Maintenant, il est plus courant de voir les commandants militaires locaux ou les maires exercer ces fonctions.
La principauté d’En Eredoriath de la marche orientale, comprenant toutes les terres à l’est de la Nen-i-Sûl, faisait réellement partie du Rhudaur et fut un état militaire dirigé peu de temps par le Prince exilé d’Ethir Gwathló du Saralainn. Il fut un dirigeant régulièrement absent, vivant dans le luxe au Gondor, et uniquement concerné par la rentrée de ses impôts. Les Principautés survivantes devront être considérées séparément.
L’Hirdor de Girithlin
La Baronnie de Girithlin comprenait traditionnellement la moitié nord-est du Minhiriath, depuis l’Ancienne Route Nord jusqu’à la mer. Actuellement, la partie appartenant au Saralainn a été annexée par le nouveau Royaume du même nom et une portion conséquente des hautes terres du nord a été confisquée par le Seigneur de Guerre. La Baronnie est dirigée depuis Balost (S. « Puissant Fort »), une forteresse dans les hautes terres vers le sud. Le Baron a souvent supervisé l’administration de son domaine depuis l’une de ses grandes demeures que la famille possède dans Tharbad et dans Fornost Erain.
L’Hir Girithlin a toujours été l’un des Princes les plus riches, financé par les gisements d’ambre près de l’embouchure du Baranduin — tout du moins jusqu’à récemment car les gisements ont commencé à s’appauvrir et aucun autre n’a été découvert. La famille Girithlin a une tradition agressive d’ambition et d’indépendance. Même encore maintenant, lorsque le Baron joue le Serviteur Royal de l’Arthedain, certains de ses fonds vont subventionner ses frères plus indisciplinés.
Girithlin est gouverné avec une main de fer et le Baron est le dirigeant absolu et incontesté. La seule exception concerne les Hommes des Rivières du Baranduin qui s’occupent d’eux-mêmes. Cela a permis aux gisements d’ambre isolés de rester intacts et si les paysans se révoltent il y aura suffisamment d’argent pour louer les services des mercenaires. Les Princes de Feotar avaient une attitude similaire mais leur lignée est désormais éteinte.
L’Hirdor des Tyrn Gorthad
L’Hirdor des Tym Gorthad comprend la bande de terres faisant quatre-vingt kilomètres de large située au sud de la Route Est entre le Baranduin et la Nen-i-Sûl. Le Baron contrôle à ce jour uniquement une fraction de ce territoire dans la partie sud des Coteaux aux Tumulus. Il dirigeait jadis depuis la belle ville de Feagil au sud de Bree mais elle fut mise à sac lors de la Bataille des Tym Gorthad en 1409 et n’a pas été reconstruite. Il tient sa cour désormais dans sa forteresse de Minas Malloth plus loin au nord-est.
Du fait de la signification religieuse de ces terres, l’Hirdor regroupait jadis une assez grande population de Dúnedain. La principauté était presque aussi exposée que l’En Eredoriath lors des guerres entre Dúnedain et contre l’Angmar et a souffert en conséquence. Le plus grand péril fut l’invasion par les esprits morts-vivants connus sous le nom de Wights, qui désiraient prendre possession des rois morts des tumulus sacrés.
Comme l’invasion débuta durant la Grande Peste, le Baron a été un vassal très loyal du Roi d’Arthedain. La subvention venant de Fornost Erain servit à l’effort militaire de la Baronnie, raison pour laquelle les rares sujets qui osent résider sur ces terres hantées sont peu molestés. Une assez grande colonie de Hobbits y demeure, la majorité d’entre eux vivant près de l’Ancienne Forêt.
Dol Tinarë
Historiquement, les terres du Emil de Tinarë comprennent la plus grande partie des hautes terres à l’est de l’Ancienne Route Nord. Depuis la destruction de la Maison Feotar, le Prince a acquis une grande portion des terres du Roi dans la partie nord du Bassin du Gwathló, que Feotar s’était approprié. Malgré leur ancienne prétention à réclamer les Pinnath Ceren, les Tinarë ont cessé depuis longtemps d’essayer de diriger les entêtés Eriadoriens qui y résident. Les Princes gouvernaient jadis depuis la petite cité d’Andrath à l’extrême sud des Coteaux aux Tumulus. Andrath est tombée en ruine et a été rebâtie de nombreuses fois mais la reconstruction n’a pas été recommencée depuis sa capture par le Roi Homme des Collines Bruggha en 1639. Metraith (Thalion), la grouillante ville sur la Route Nord, est pratiquement au centre du Cardolan et sert désormais de capitale comme de nombreuses fois dans le passé.
Sans tenir compte des acquisitions récentes, Tinarë n’est pas une province fertile et ses seigneurs ont prospéré grâce à leur droit ancestral d’instaurer un péage sur la Route Nord. Les Princes ont été exceptionnellement malins en investissant ces revenus dans des entreprises commerciales. Ce sont les seuls humains à avoir acquis d’une manière héréditaire le droit d’être appelés Ami-des-Nains. Tinarë est probablement la principauté qui a le moins souffert des troubles depuis la chute du Royaume. Le Prince suit une politique vaguement nostalgique, faite principalement pour maintenir son autonomie.
Dol Calantir
La principauté de Dol Calantir a toujours été le territoire agricole le plus riche du Cardolan car il comprend la plupart du Bassin du Gwathló au Minhiriath. Les Princes gouvernaient depuis la magnifique Argond (S. « Pierre Seigneuriale »), une tour à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Tharbad.
La Maison Calantir est réputée pour son arrogance, fait plutôt reproché aux Dúnedain d’Umbar. Cela est peut-être dû à sa position qui est dépendante de la productivité de ses serviteurs, dépendance plus forte que celle de ses cousins. Les terres furent très gravement endommagées lors de la rébellion des paysans en 1414 ; la saison des cultures diminuant en durée, la productivité n’est plus la même. L’attitude du dirigeant est de plus en plus autoritaire et peu de gens seraient surpris si une autre révolte éclatait.
Les Cantons Libres de Feotar
La principauté de Feotar comprenait les terres entre l’Anthiel (S. « Longue Source ») et la Nen-i-Sûl. Une importante bande de terrain de la partie sud a été annexée par le Canotar de Tharbad et par Tir Tinarë. Feotar dirige nominalement la plupart des Coteaux Méridionaux mais ils ont été désertés.
C’était une province assez prospère mais les Princes d’antan s’enrichissaient de leurs pratiques commerciales dans l’affrètement. Les Princes considéraient raisonnablement leurs sujets mais ils sont passés à la postérité plus pour leur ambition. Feotar « gagna » la guerre civile qui suivit la mort de la Reine Nirnadel mais n’obtint pas la couronne. Le troisième Canotar du Cardolan, Gaertil le Mauvais, était un psychopathe dont les pires méfaits furent réservés à son pays. Il fit exécuter ou exila pratiquement toute la petite noblesse et sa propre famille avant que ses gardes du corps, dégoûtés, ne les tuent, lui et son héritier.
Après la mort de Gaertil, aucun seigneur ne régna et les gens du commun apprirent à détester tout noble. Après une période de grande confusion, la population se résolut à se gouverner elle-même. Dans les villes le long du Gwathló, les décisions sont prises collectivement par les adultes mâles des communautés au cours de longues sessions agitées. Dans la campagne, les combattants Hommes du Nord et les riches paysans dirigent efficacement en tant que nouvelle petite noblesse qui fonctionne peu différemment par rapport au système établi dans le reste du Cardolan.
Le Royaume du Saralainn
Le Roi du Saralainn revendique tout le Minhiriath mais il ne dirige en fait que la région du même nom, l’ancienne principauté d’Ethir Gwathló (S. « Embouchure du Gwathló »). La capitale est le port de Sudúri, autrefois appelée Lond Gwathló et rebaptisée en honneur du père du premier Roi. Le Roi et sa cour sont cependant généralement en visite dans les clans ou dans les tribus. L’honneur de divertir le Roi ne peut être refusé et les ruineuses dépenses en découlant sont une dissuasion efficace qui limite les rébellions endémiques.
Les terres désolées du Saralainn attirèrent peu de gens lors de l’existence du Royaume. Le Prince d’Ethir Gwathló était principalement concerné par les revenus du péage du trafic fluvial et permit à quelques tribus de Dunlendings de s’installer sur son territoire en échange de vagues promesses, rarement tenues, de verser un tribut. La population augmenta beaucoup, gonflée par les réfugiés du nord et de l’est. La culture émergente des clans du Saralainn ne servit pratiquement pas à leur seigneur toujours absent et ils coopérèrent en général avec l’usurpateur Gordaigh Tueur-de-Trolls et son royaume nouvellement proclamé.
Le Roi du Saralainn a suffisamment de problèmes à maintenir un semblant d’ordre dans son royaume agité. Les clans et les tribus doivent payer un tribut au Roi et lui fournir des troupes mais, dans les deux cas, ce n’est pas facile à obtenir. Si tous les clans et les tribus le reconnaissaient comme tel, le Roi du Saralainn serait de très loin le plus puissant seigneur du Cardolan mais cela n’est jamais encore arrivé.
Le « Royaume » du Seigneur de Guerre
Au cours des Années Pestilentielles, le Seigneur de Guerre mena une armée d’Orques, de Chauves-Souris, de Ouargues et de Trolls des Collines depuis le Rhudaur. Ils établirent une base dans un complexe de cavernes de gypse au sud de la partie centrale du Haut Plateau de Girithlin et malheureusement s’installèrent pour rester. Plusieurs villages proches paient un tribut au Seigneur de Guerre ; il détient aussi plusieurs esclaves qui cultivent les terres près de Logeband (S. « Prison du Serpent »), le nouveau nom des cavernes venant du serpent blanc arboré sur le bouclier du Seigneur de Guerre. Plusieurs tentatives d’écraser son « Empire » ont été faites mais il s’est révélé être un général compétent et Logeband est approvisionnée pour soutenir un long siège.
Tharbad
Bien que Tharbad ait perdu toute sa splendeur et une grande partie de sa fierté, c’est encore une puissante cité, tout du moins selon les standards du Nord. Le Roi du Cardolan jadis gouvernait Tharbad ; elle lui procurait une base de pouvoir pour contrôler ses princes indisciplinés. Peu de Rois aimaient vivre à Tharbad, préférant le complexe royal du Thalion de Metraith. Ils administraient la cité par l’intermédiaire du Maire.
Il y a encore un Maire mais il ne sert que lors des cérémonies. Après la chute du Royaume, le Gondor endossa un rôle de plus en plus prédominant à Tharbad. L’administration de la cité est désormais entre les mains du Canotar Gondorien. Même les pouvoirs réels de ce dernier sont limités. Le vrai pouvoir de la cité est détenu par une multitude de guildes. Les guildes ont toujours représenté une puissante force dans la cité mais avec la désorganisation du commerce, des industries et de l’approvisionnement en nourriture après 1409, leur influence a grandement augmenté. Bien que les conflits entre guildes (et entre les guildes et les réfugiés de la cité) aient favorisé les agitations dans Tharbad, le Canotar pense qu’elles sont nécessaires en tant que seul prétexte pour ramener un semblant d’ordre.
Politiquement parlant, Tharbad fonctionne comme une cité libre. Elle contrôle une bonne partie des terres alentours grâce aux soldats Gondoriens du Canotar. Le Canotar sauve ainsi la face mais tout le monde sait qu’il a peu de chances de recevoir des renforts ou plus d’argent en provenance du Sud. Par conséquent, il a plutôt tendance à agir prudemment dans le paysage politique brumeux du Cardolan.
6.2 L’art de la Guerre
L’art de la guerre a bien décliné depuis l’époque de l’Armée Royale. La force de piquiers lourds du Cardolan, largement composée de Tergíl ayant embrassé la profession depuis des générations, était alors considérée comme la plus fine force d’infanterie lourde de tous les Royaumes Exilés. À cette époque, il y avait aussi une Marine Royale, qui trouvait bien peu d’opposants. La plupart des navires furent revendus ; quelques- uns servent encore chez le Prince de Dol Amroth. Leur sort fut meilleur que celui des soldats du Cardolan. Pendant un temps, le Cardolan se plaça en première ligne pour résister aux forces du Roi-Sorcier, partant en campagne et éliminant Orques et Easterlings. Désormais, le conflit est une composante constante de la vie au Cardolan mais c’est une guerre qui voit les villages se faire piller, les champs se faire incendier et des sièges n’aboutissant pas ; la guerre sans gloire et pas vraiment honorable.
Organisation militaire du Royaume
En théorie, le Roi du Cardolan peut réunir et armer une milice de 5 000 à 8 000 personnes, une infanterie de métier forte de 2 000 à 3 000 soldats et environ 2 000 mercenaires. Une cavalerie de 200 à 400 soldats, formée de la noblesse montée des Dúnedain qui généralement combat à pied, domine cette force. Ces valeurs dépendent cependant de la coopération des Princes. Les propres forces du Roi comprennent 600 très bons Ragheurs connus sous le nom de Malthoth (S. « Casques d’Or »), les Partisans du Roi — ses gardes du corps forts d’une vingtaine de Requain (S. « Chevaliers ») — et une milice de 2 000 personnes recrutées dans Tharbad. Une force occasionnelle de 800 mercenaires peut être disponible ; elle est organisée en une unité de cavalerie moyenne et une unité d’archers. En général, chaque Prince peut lever une force de 400 Ragheurs, de 300 mercenaires, une milice de 2 000 personnes et une cavalerie de 60 soldats chez ses vassaux. La tactique standard de l’Host du Cardolan était d’utiliser la milice comme garnison des forteresses du Cardolan et pour protéger l’approvisionnement de l’armée. Les piquiers étaient alors envoyés à la recherche de l’ennemi pour l’engager afin que les nobles puissent frapper le coup décisif sur un flanc.
6.21 Les classes de combattants
Les différentes classes de combattants du Royaume existent encore mais certaines ne sont plus que le fantôme de ce qu’elles étaient lors des jours heureux.
Les Ragheurs

Terme venant de Ragh Crann-Sleagha (D. « Rangs de Piquiers »). Les descendants au sang moins pur des soldats des premières garnisons núménoréennes et leurs femmes et maîtresses Eriadoriennes ne furent pas les bienvenus à Núménor, c’est pourquoi un grand nombre de ces Tergíl épousèrent la profession de leurs pères et restèrent au Cardolan. Avec les siècles, ils devinrent la principale classe militaire, le cœur des forces armées du Cardolan. Ils adoptèrent aussi l’invective crachée à leur visage par les maraudeurs Dunéens comme un titre honorifique.
La fierté professionnelle des Ragheurs est légendaire et, bien qu’en subissant seulement des exercices intensifs, ils devinrent la meilleure unité d’infanterie lourde de tout l’Endor. Du moins, il est peu sage de suggérer le contraire à portée de voix d’un Ragheur. Leurs faits d’armes les plus notables se produisirent lors de la Bataille de Dagorlad en 2A 3434 lorsqu’ils tinrent le flanc de l’armée contre une attaque des Mûmakil après la déroute des Elfes Sylvains et lors du Désastre de Cameth Brin en 3A 1217. Les Ragheurs, bien qu’épuisés par une journée de combats désespérés et pris au dépourvus, se rallièrent et se frayèrent un passage parmi les hordes de Gundabad.
Les Ragheurs se sont lentement éteints au cours des guerres intestines que se livrèrent les Royaumes Frères avant la venue du Roi-Sorcier. La grande armée réunie au Cardolan fut taillée en pièces lors de la Bataille des Tym Gorthad en 1409. Une petite centaine de combattants a survécu, désormais organisée en l’une des plus craintes et des plus respectées compagnies mercenaires. Les Ragh Crann-Sleagha sont célèbres pour n’avoir jamais dénoncé un contrat en cours.
Les Ragheurs survivants se servent encore de l’équipement de leurs ancêtres. Ils portent un haubert de mailles et des bottes à la semelle en acier. Les hommes d’armes portent un armet à visière amovible. L’arme principale est une lourde pique longue de 3,60 m. Comme on peut s’en douter, les Ragheurs évoluent en ordre très serré et se basent sur une charge irrésistible comme attaque et sur leur impénétrable forêt de piques comme défense. En combat rapproché, ils utilisent une courte, lourde et distinctive épée de secours qu’ils appellent d’une manière originale « couteau ».
La cavalerie et l’infanterie montée
Jadis, les seigneurs et hobereaux d’Arnor combattaient à pied aux côtés de leurs sujets. L’entrée en scène de superbes chevaux grâce aux Hommes du Nord fut accueillie avec enthousiasme car la marche était quelque chose d’indigne. La noblesse Dúnadan fut cependant entraînée à combattre comme fantassin, les chevaux étant hors de prix au début. C’est pourquoi la tendance parmi la petite noblesse à protéger son cheval en s’en servant uniquement comme moyen de transport pour gagner le champ de bataille était courante. Seule la haute noblesse pouvait supporter les dépenses en écuries, en nouvel équipement et l’entraînement nécessaires pour combattre montés efficacement.
Le Cardolan ne développa jamais une cavalerie lourde qui, en Arthedain et au Gondor, était prépondérante. La petite noblesse utilisait une variété de titres, tels que Roquen (S. « Chevalier »), Ereter (S. « Noble »), Ohtar-Erain (S. « Guerriers Royaux ») et Hir Nibin (S. « Baronnet »). Les Dúnedain montés d’une armée servaient généralement de force de frappe. Leur équipement variait toujours mais comprenait généralement un bouclier, une épée large et un arc.
La petite noblesse des Dúnedain subit de fortes pertes au moins aussi importantes que les Ragheurs au cours de nombreuses guerres au Cardolan. Ceux qui restèrent eurent tendance à mener leurs troupes à cheval. Il n’en existe plus suffisamment pour former une unité d’infanterie montée comme autrefois. Ce qu’il reste seulement de ce système, c’est la compagnie mercenaire connue sous le nom de Cruaidh Maraich (D. « Cavaliers d’Acier »). Ce sont en fait les héritiers des exilés Rhudauriens qui entrèrent au Gondor au quatorzième siècle et qui utilisent l’inhabituelle pratique Rhudaurienne qui voit les serviteurs du chevalier l’accompagner au combat suspendus à ses étriers.
La milice
D’après la loi, tous les hommes de plus de quatorze ans doivent effectuer leur service militaire lorsque leur Prince le demande. L’amendement à cette loi — tous les hommes doivent fournir leurs propres armes — est obéi au pied de la lettre ; néanmoins, les Princes les plus populaires furent heureux de pouvoir lever un quart des troupes parmi les individualistes gens du commun du Cardolan. Dans le Cardolan contemporain, les Princes s’estiment heureux s’ils peuvent lever la moitié de ce pourcentage.
Lorsque le Roi Thorondur organisa son nouveau royaume, il connaissait pertinemment bien la déficience principale de ses armées : ni les Ragheurs, ni les Requain n’avaient d’armes de jet. Il chercha à combler cette lacune en créant une force organisée, la Milice, pour renforcer les levées d’hommes en bonne santé. Chacun de ses membres était équipé d’un arc long, d’une armure en cuir et d’un casque. Les compagnies ainsi formées qui paradaient lors des Foires qui accompagnaient les trois Grands Festivals étaient payées et elles furent plus tard récompensées comme gagnantes des compétitions de parades et de tir à l’arc. La Milice était sous les ordres de son Prince mais était payée par le Roi ; cela contribua grandement au succès de l’institution. Malheureusement, le Trésor Royal ne put supporter ces dépenses après la Période des Troubles. Certains Princes continuèrent à l’entretenir par leurs propres fonds mais la dernière Milice — de Calantir — fut dissoute durant les Années Pestilentielles.
La milice actuelle, synonyme de la levée d’antan, est au mieux une populace armée, ne servant à rien en cas de combat. Elle est mieux utilisée comme muscles dans les travaux de siège et pour dévaster la campagne. Même lors de graves conflits, les Princes cessent d’en recruter dès qu’elle atteint une force de mille hommes.
Les bandes en guerre des tribus et des clans
Les combattants des tribus Dunéennes, du Cardolan ou d’ailleurs font partie des quelques facteurs militaires ayant à peine changé avec le temps. La tribu moyenne peut mobiliser environ 200 combattants, le quart d’entre eux sont expérimentés et portent donc une armure en cuir souple. Les combattants Dunéens se battent avec une lance de fantassin et un grand bouclier en cuir. Ils se servent aussi d’un gourdin de jet, notoirement inefficace, appelé un Weeb. Les membres des tribus essaient normalement de se servir de leur grand nombre pour encercler leurs ennemis ; contre une force stable et plus avancée techniquement, c’est généralement un suicide mais aucune idée meilleure ne les a encore frappés.
Les clans du Saralainn, lorsqu’ils sont suffisamment fous et/ou saouls pour ne pas considérer la guerre comme un jeu dangereux mais amusant, ne font pas dans la dentelle. Leur tactique standard est de se ruer comme des fous directement sur l’ennemi pour l’abattre de leurs redoutables haches d’armes, dont ils se servent dans le plus grand abandon. Les combattants les plus expérimentés ont évolué vers l’épée à deux mains ; les plus grosses sont généralement préférées. Un clan moyen peut mobiliser environ 120 combattants.
Les mercenaires
Le Cardolan a l’ancienne et l’honorable tradition d’utiliser des soldats étrangers, pratique datant des bandes de Dunlendings qui servaient les Núménoréens au cours des guerres contre les Eriadoriens. Les guerres perpétuelles et la faible population ont continué de créer une demande et les braves et les téméraires constituent une mine de volontaires.
L’Âge d’Or des Mercenaires dura de 1050, lorsque les Royaumes Frères fourbirent leurs armes pour leur première guerre, à 1409, quand l’Armée du Cardolan se désintégra au cours de la Bataille des Tym Gorthad. Le Cardolan compte sur les Hommes du Nord du Rhovanion qui servent principalement de cavalerie moyenne et sur les tribus Dunéennes d’Enedwaith qui servent de « chair à canon ». Ils étaient la réponse à la cavalerie légère des Easterlings et à l’infanterie orque qui servaient le Rhudaur et qui serviront l’Angmar peu de temps après. Les Hommes du Nord étaient particulièrement appréciés et nombreux furent-ils à avoir été persuadés de s’installer au Cardolan oriental. Leurs cinq Buhrs (R. « Fort/Villes du Haut de la Colline ») le long de la Nen-i-Sûl délimitèrent la frontière nord-est du Cardolan pendant de longues années. Depuis le déclin du Royaume, la plupart des Hommes du Nord ont migré vers leurs ancestrales demeures, à l’exception d’un grand nombre resté au Feotar.
6.22 Les compagnies mercenaires

L’Âge d’Argent des Mercenaires a commencé, dit-on, en 1459 lorsque les Ragheurs restants ont assiégé Daeron Feotar, le premier Canotar, afin d’obtenir leur paye. Le succès de cette rébellion conduisit de nombreux soldats de métier du Cardolan (il n’en restait qu’un peu moins d’un millier) à remarquer qu’un Prince se devait de capturer des forts s’il voulait remporter des victoires. Comme ils étaient la seule force formée dans ce but, les Ragheurs et quelques nobles sans terre se regroupèrent en compagnies, vaguement basées sur les guildes de Tharbad et vendant leurs services au plus offrant. Ce processus a souvent été imité mais la réussite des compagnies d’origine n’a jamais été égalée.
Quatre grandes compagnies mercenaires sont actuellement en activité au Cardolan ; le pouvoir et l’influence de leur Capitaine rivalisent presque avec ceux des Princes mineurs. Les Ragh Crann-Sleagha, les survivants de la classe militaire targil, constituent la compagnie principale ; la deuxième, les Cruaidh Maraich, est à peine moins puissante ; ensuite, viennent les Troich-Armchleasah (D. « Combattants Nains »), une force d’armes combinées bâtie autour d’un noyau de robustes Nains ; enfin les Forak-Eiginn, les Violateurs de Forak. On a un petit aperçu des profondeurs dans lesquelles le Cardolan a sombré car Forak, un Semi-Orque, présente un certain intérêt dans la mesure où la plupart des Princes sont intéressés par ses services, qu’ils l’aiment ou non. Peu font confiance à Forak malgré ses succès. Il est un mal nécessaire dans ce pays et ses hommes sont des sapeurs très compétents.
6.3 La situation politique
Les Princes du Cardolan peuvent être grossièrement regroupés en trois factions plus ou moins permanentes, bien que les membres de chaque camp changent fréquemment et souvent très rapidement. La faction pro-Arthedain, les Arthedainendili, a tendance à considérer le Grand Roi de Fornost Erain comme l’autorité traditionnelle, dont la coopération est requise pour mener toute restauration de l’ordre au Cardolan. Les Gondorendili (S. « Amoureux du Gondor ») prétendent que le Roi du Gondor est la seule personne ayant suffisamment de pouvoir pour reconstruire le pays. Les Indépendants s’accordent à penser que la situation actuelle est grave mais ne voient aucune raison d’y impliquer des étrangers. Ce sont les positions tout le temps tenues en public. Chaque Prince, sauf peut-être Pelendur Hir Tym Gorthad (largement occupé avec ses propres terres), considère la réunification du Cardolan comme un processus qu’il pourra gérer et qui lui rapportera. Dans l’après-guerre des Années Pestilentielles, l’intrigue est plutôt monnaie courante et la situation politique est explosive.
La politique au Minhiriath
La situation politique actuelle au Minhiriath fait état de la complexité considérée comme normale au Cardolan. Echorion Hir Girithlin est probablement le meilleur prétendant au trône vacant du Cardolan et le Girithlin a toujours été traditionnellement indépendant. Néanmoins, les revenus de l’ambre diminuant ont convaincu Echorion, ou son régent et oncle Eärnil, qu’il est temps de jouer l’attente. Il n’arrête pas de clamer son soutien au Roi Argeleb II d’Arthedain. Eärnil fournit la plus grande partie des fonds nécessaires aux Ragh Crann-Sleagha pour qu’ils servent le Roi Lanaigh du Saralainn dans une campagne contre le Seigneur de Guerre.
Actuellement, les mercenaires ne font rien contre le Seigneur de Guerre mais se préparent plutôt à subir une expédition attendue des Arthedain. Ce secret est la seule raison de ces subsides. Lanaigh, héritier illégitime d’un usurpateur, a le moins à gagner dans une restauration Dúnadan. Il est très inquiet de l’agitation provoquée par les nombreux réfugiés restants encore dans sa capitale et a fait des avances franches au Gondor par l’intermédiaire du Canotar de Tharbad. Le Seigneur de Guerre semble satisfait de pouvoir continuer ses pillages sans problèmes mais il est en train de fomenter une machination complexe pour piéger Forak. Aussi peu probable que cela puisse être, le Roi-Sorcier considère vraiment Forak comme un rebelle et une forte récompense est sur sa tête, comme le prétend le Semi-Orque.
Le Mintyrnath
Situation presque sans précédent, Pelendur Hir Tym Gorthad est absolument loyal à l’Arthedain car ses Dúnedain portent un intérêt suffisamment important pour mener un combat dans cette région infestée de Wights. Cependant, Pelendur souhaiterait grandement voir l’expédition allant vers l’est se diriger plutôt vers le sud ; pour ce faire, il essaie de déclencher un affrontement entre Calantir et Girithlin en soudoyant Khanli, le capitaine des combattants nains actuellement à la solde de Finduilas Calantir, sans suspecter la traîtrise d’Eärnil.
Finduilas III, Emil de Dol Calantir, s’est retrouvée à la tête des Indépendants, même si de cœur elle fait partie des Arthedainendili. La Princesse est peu respectée par ses pairs du fait de son sexe et car c’est une mage. Actuellement, elle fait partie des plus compétentes dans ce grand jeu politique. Elle sait que des négociations sont en train entre Khanli et Pelendur et ces derniers ne le savent pas. Elle a permis que cela se fasse car ses intérêts sont plus importants et une telle petite guerre permettrait utilement de détourner les soupçons. Ses meilleurs agents, après des décennies de préparations, sont sur le point de déclencher une importante rébellion anti-gondoriens au sein des guildes de Tharbad. Si cela réussit, tout irait pour le mieux car les rebelles seraient facilement matés.
Hallas, Emil de Dol Tinarë, s’est retrouvé à la tête des amis du Gondor. Cette position ne lui est pas entièrement étrangère mais les années lui pèsent et il perd de l’intérêt qu’il porte dans cette partie. Son ambition courante est de restaurer l’ancienne capitale d’Amach dans sa splendeur de jadis et il se sert de Forak dans ce but. Il a aussi loué les services des Cavaliers d’Acier afin qu’ils mènent un raid contre le Seigneur de Guerre car Hallas pense que son âge l’empêche d’agir. Celedur, cinquième et dernier fils survivant, et Faradil, petit-fils de son premier fils, voient d’un très mauvais œil les tentatives du vieil homme de dilapider leur héritage. Fait sans précédent, les autres Princes ne tombent pas à bras raccourcis sur Tir Tinarë faible et peu intéressante, un peu comme des loups le feraient sur une brebis agonisante.
Tharbad
Imlach Haradrimris ne reçut la charge de Canotar qu’il y a sept mois, après la mort suspecte de son prédécesseur. Cette nomination ne semble pas avoir été la plus sage car Imlach est un soldat aguerri qui a servi le Gondor durant pratiquement toute sa vie en Harondor. Bien que ce vaillant vétéran se soit reconnu des affinités pour la politique du Cardolan, il a instauré un impressionnant programme de réformes dans Tharbad, cité qui s’est agrandie en s’habituant à la corruption et au manque d’intérêts de ses différents gouverneurs. Malheureusement, ces réformes ont vu Imlach se créer de nombreux ennemis parmi les guildes les plus puissantes, alors qu’il reste populaire parmi les moins puissantes, telles que celles des marins et des manœuvres. Imlach est sur le point de découvrir le projet de rébellion mais seul l’avenir dira s’il le découvre à temps ou pas.
6.4 L’économie
Lorsque le voyageur en provenance du sud entre en Eriador par voie maritime ou terrestre, il doit passer par le Cardolan pour aller vers le Nord. Sa géographie était jadis la base de la prospérité du Cardolan. Sa population dépendait du commerce : les fertiles terres du Bassin du Gwathló alimentaient jadis l’Eriador et la laine des moutons tondue par les bergers et filée et teinte à Tharbad était vendue sur les marchés depuis la Mer de Rhûn jusqu’en Harad. En ces temps troublés, seules les moissons les plus riches peuvent subvenir aux besoins de Tharbad et les industries basées sur les moutons se sont pratiquement effondrées.
La route maritime et le commerce de la laine
Le voyage maritime depuis les côtes du Gondor, en contournant le Cap Andrast puis en remontant le Gwathló jusqu’à Tharbad fut, jusqu’à l’époque de la Lutte Fratricide du Gondor (3A 1432–1447), le moyen de transport le plus sûr entre les Dúnedain du sud et du nord. Il reste le plus rapide. Les navires de haute mer peuvent l’emprunter mais le Gwathló peut être difficile à négocier. C’est pour cette raison que la procédure normale veut que les vaisseaux soient déchargés à Sudúri puis les marchandises sont acheminées jusqu’à Tharbad par des barges et inversement.
Le Gwathló fut à une époque si encombré que barges et navires devaient attendre à Sudúri pour obtenir un lieu de mouillage. Ces jours sont passés depuis longtemps. La guerre constante entre l’Umbar et le Gondor a fait de la Baie de Belfalas un lieu peu sûr pour les marchands. En retour, l’approvisionnement grandement réduit en laine brute reçue par Tharbad a forcé les tisserands et teinturiers à abandonner les forts rendements et les bas prix sans concurrence au profit de produits de meilleure qualité mais plus chers. La compétition est donc plus âpre.
La plupart des villes, et même des villages, du Cardolan ont jadis participé au commerce de la laine. Le marché et la population en déclin ont forcé à se reconvertir vers une économie principalement agricole se suffisant à elle-même. Avec ses terres en général pauvres et son manque d’autres ressources naturelles, le Cardolan exporte peu pour compenser le commerce de la laine. La Grande Peste a provoqué une inflation qui a presque été la cause du remplacement de l’utilisation de l’argent par le troc ; elle a aussi beaucoup réduit le prix des terres et a provoqué l’abandon de la plupart des fermes les plus reculées.
Le proche effondrement de l’économie du Cardolan a eu certains effets plutôt étranges. Les produits de base, particulièrement la nourriture, sont très chers alors que les produits finis sont comparativement bon marché. La main-d’œuvre est généralement chère mais les prix consentis pour du travail de qualité, sauf pour les soins, ont proportionnellement baissé.
L’ancienne Route Sud
L’Ancienne Route Sud chemine depuis Osgiliath, passe par le Calenardhon (Rohan), le Pays de Dun et l’Enedwaith jusqu’à Tharbad ; elle fut construite à la fin du Deuxième Âge. Il fallut aux nouveaux Royaumes Exilés de nombreuses années pour construire une puissance maritime suffisamment forte pour renverser les Núménoréens Noirs et une alternative à la route maritime était nécessaire. Même du temps de la splendeur des Dúnedain, ce voyage était long et pas complètement sûr à cause des tribus en raid. Désormais, la route maritime est compromise, situation similaire à celle d’il y a deux millénaires, mais le pouvoir des Dúnedain a décliné.
L’Ancienne Route Sud est à nouveau la route la plus sûre entre les Royaumes Septentrionaux et le Gondor. Cela est particulièrement vrai en fin de printemps et d’hiver lorsque les tribus non civilisées sont occupées par les récoltes. Il est devenu pratique courante chez les marchands de se regrouper en de grandes caravanes pour mieux se défendre ; une escorte Gondorienne est souvent du voyage. En général, trois à quatre caravanes font le voyage au printemps depuis le Gondor et s’en retournent à l’automne.
Les monnaies
Dol Amroth | Minas Anor | Fornost | Moria | Thalion | Tharbad | |
---|---|---|---|---|---|---|
Face | Prince | Roi du Gondor | Roi d’Arthedain | Roi | Roi du Cardolan | Emblème de la Guilde |
Pile | Bateau-Cygne | Arbre Blanc | Sept Étoiles | Marteau et enclume | Tête de Bélier | Valeur de la pièce |
Langue | Sindarin | Sindarin | Sindarin | Sindarin | Sindarin/Dunéen | Sindarin |
Lettres | Tengwar | Tengwar | Tengwar | Angerthas | Angerthas | Tengwar/Angerthas |
Émissions | C, B, A, O | C, B, A, O, M | E, C, B, A, O | C, B, A, O, M | C, B, A, O | B, A, O |
Codes des émissions : M = Mithril, O = Or, A = Argent, B = Bronze, C = Cuivre, E = Étain ; l’ordre indique les proportions de l’alliage constituant la pièce.
Pièces standard : les royaumes septentrionaux des Dúnedain ne développèrent jamais une économie complètement basée sur la monnaie ; ils eurent tendance à se fier aux pièces du Gondor pour parvenir à leurs fins. L’économie du Cardolan était basée sur la pièce de bronze jusqu’à ce que l’ère de la guerre et de l’inflation qui débuta à la fin des années 1200 fit que la pièce en argent fut plus demandée. Malgré le déséquilibre et les vives tractations occasionnelles dus aux marchands méridionaux, aucune autre option ne put remplacer l’adoption des taux d’échange du Gondor.
Taux d’échange : 2 étain = 1 cuivre ; 10 cuivre = 1 bronze ; 5 bronze = 1/2 argent ; 10 bronze = 1 argent ; 5 argent = 1/2 or ; 10 argent = 1 or ; 10 or = 1 mithril.
Note : l’Hôtel Royal de la Monnaie du Cardolan fut en activité entre 3A 862 et 1411. La production était limitée, généralement sous la forme de pièces d’or commémoratives pour célébrer les couronnements et les naissances royales. Les pièces de cuivre et de bronze étaient émises par le Roi pour qu’il puisse les offrir aux pauvres le jour de Yule. Néanmoins, au cours des années prospères du Cardolan, le haut niveau du commerce voulut que plus d’espèces soient disponibles et l’Hôtel de la Monnaie émit d ’importantes quantités de 1/2 pa et de 1/2 po (les deux en argent importé de la Moria). Après la destruction du Royaume, la Guilde des Marchands de Tharbad produisit à l’occasion ses propres monnaies rudimentaires. La dernière émission fut celle d’une poignée de pièces de bronze datée de 3A 2814.
6.5 Les institutions
On peut supposer que la population du Cardolan est difficile à gouverner au vu du chaos de la situation politique courante en Eriador. Actuellement, rien ne peut être aussi éloigné de la vérité. En règle générale, la population est plutôt loyale ; le malaise vient de l’interprétation de la loi. Elle a un intérêt presque obsessionnel dans les traditions et les rituels. La plupart du temps exprimés sous la forme de guildes et d’institutions, les exemples les plus frappants sont les puissantes guildes de Tharbad et les Foires bisannuelles dans tout le pays. Cette tendance pourrait être attribuée aux diverses natures pluri-culturelles des peuples du Cardolan, qui augmentent le désir de conserver leurs racines. Ce penchant a récemment débouché vers une recherche de sécurité et de réconfort à cause des événements incertains et inconstants.
6.51 Les Guildes de Tharbad
Une histoire récente des Guildes de Tharbad correspond pratiquement à une histoire de la cité elle-même. Les guildes datent de l’arrivée d’une faction dissidente de souffleurs de verre venue de Fornost Erain peu de temps après la division de l’Arnor. Avant, Tharbad n’était qu’une cité presque entièrement tournée vers le commerce dont les fabricants ne pouvaient subvenir aux besoins de la cité. La jalousie envers le traitement préférentiel des souffleurs de verre provoqua l’organisation de pratiquement tous les autres artisans en guildes.
Les souffleurs de verre se divisèrent à nouveau, peu de temps après, en guildes plus concernées par l’alchimie et la qualité artistique. Les guildes mineures, à leur tour, se languirent comme les organisations fraternelles qui ne faisaient que parader aux Foires et lors des Grands Festivals ; cela dura jusqu’à ce que le Roi Tarandil réorganisa les structures politiques et économiques de son royaume en 3A 1079. Tarandil dut résorber les dettes conséquentes contractées par son père pour la Guerre de Douze Ans et, au vu de l’économie se suffisant largement à elle-même et de l’indépendance de ses Princes, ces dettes auraient peu de chances d’être remboursées. Tarandil réalisa que son autorité devait être bien assise et que quelque chose devait être fait en matière d’exportation. Il décida que les moutons (qui dépassaient déjà le nombre de ses sujets) étaient sa seule option. Il restructura la loi concernant l’aptitude des seigneurs et des paysans à posséder la terre ; il accorda des subventions aux guildes qui s’occupaient de la laine et de la viande de mouton ainsi qu’aux marchands qui les exportaient.
Les guildes devinrent rapidement les rivales du pouvoir des Hiri (S. « Seigneurs / Barons ») mais leur déclin débuta avec le Désastre de Cameth Brin et se précipita jusqu’à la Chute du Royaume. Le déclin du commerce détruisit les revenus à partir desquels les guildes avaient été bâties et leur fournit de nouvelles raisons d’exister.
La dévastation du Cardolan occidental qui précéda et suivit la Bataille des Tyrn Gorthad fit migrer des milliers de réfugiés vers le bastion presque inexpugnable de Tharbad. Ils se massèrent dans Caras Gwanoth, le bidonville à l’extérieur du mur d’enceinte de Tharbad, malgré le fait qu’il n’y avait pas assez de travail, de demeures ou de nourriture pour eux. En dépit de plusieurs efforts de colonisation du Cardolan oriental qui contribuèrent à la montée du Saralainn, la population réfugiée continua de croître et les tensions montèrent entre les Anciens Tharbadiens et les nouveaux arrivants affamés et importuns. Les guildes fournirent les premiers véhicules aux Anciens Tharbadiens afin qu’ils puissent s’armer contre leurs « invités » tapageurs.
Au cours de la rébellion paysanne largement suivie menée par Lamril de 3A 1434, les milices des guildes fournirent le gros des forces qui défirent l’armée des paysans. Les membres victorieux des guildes tombèrent sur la population de retour dans son bidonville, le rasa et massacra la plus grande partie de ses malheureux habitants. Cela conduisit le Canotar à disperser les milices mais la protection est restée l’une des fonctions principales des guildes.
Les guildes de Tharbad
Profession | Couleurs de la Cocarde |
---|---|
Alchimistes | Rouge, marron, blanc et bleu |
Armuriers | Argent et noir au centre |
Aubergistes | Vin et or au centre |
Bateliers | Gris vert |
Brasseurs | Noix |
Brodeurs | Rose rouge sur fond blanc |
Chanteurs de charme | Mauve |
Charpentiers | Marron clair |
Charpentiers de marine | Vert marin |
Charretiers | Orange |
Charrons | Noir et marron au centre |
Fabricants de lampes | Jaune et bleu au centre |
Ferblantiers | Argent et or au centre |
Forgerons | Noir |
Herboristes | Vert clair |
Maçons | Blanc et gris au centre |
Manœuvres | Gris |
Marchands | Pourpre et or au centre |
Marins | Bleu foncé |
Mercenaires | Rouge sang |
Négociants | Or (rarement portée) |
Négociants en vins | Vin |
Papetiers | Jaune clair |
Pêcheurs | Bleu clair |
Potiers | Brun rougeâtre |
Sauniers/Emballeurs | Rouge et blanc couleur os au centre |
Tanneurs | Marron et blanc au centre |
Teinturiers | Jaune |
Tisserands | Neutre |
Tonneliers | Marron clair et noir au centre |
Note : il existe au moins une quarantaine de Guildes Mineures qui sont reconnues mais qui ont peu d’influence. En font partie : les Bergers, les Cordonniers, les Érudits, les Fermiers, les Fossoyeurs, les Guides, les Joueurs, les Scribes, les Serruriers, les Verriers, etc. Chacune de ces Guildes Mineures a ses propres couleurs, toujours un dessin à trois couleurs vaguement en rapport avec sa profession et entouré d’une bordure blanche. Aucun membre de Guilde ou apprenti ne sera vu en public sans porter la cocarde appropriée car la plupart des guildes infligent des amendes pour un tel manque de fierté.
Politique courante des guildes

Comme les tensions ont augmenté dans Tharbad depuis les Années Pestilentielles, les guildes ont obtenu une « popularité » sans précédent. Elles contrôlent efficacement toute l’activité économique de la cité et l’affiliation est quasiment obligatoire pour les gens du commun. Cela est constaté généralement par le port de la cocarde aux couleurs de sa guilde, qui peut déboucher sur des problèmes sérieux si l’on entre dans le mauvais quartier. Les Guildes des Mercenaires et des Marchands louent leurs couleurs aux visiteurs de la cité ; très peu de personnes ennuieront quiconque portant les couleurs pourpre et or, tout du moins en plein jour. Un bras armé dont les services sont à louer est toujours disponible.
L’ancien triumvirat des Guildes des Tisserands, des Teinturiers et des Sauniers/Emballeurs regroupe le plus grand nombre de membres à Tharbad mais elles sont aussi de ce fait les plus pauvres et leur pouvoir s’est beaucoup amenuisé depuis l’époque où elles dominaient la cité. Ces trois guildes sont divisées par des factions rivales, ce qui les rend particulièrement vulnérables à une influence extérieure.
La guilde la plus récente, et la plus grande, est celle des Manœuvres. Elle est principalement constituée de réfugiés venus du sud lors des Années Pestilentielles. Ils se sont organisés selon la tradition dans Tharbad et se virent accorder un quartier où vivre, qui brûla lors du Grand Incendie de 3A 1634. Bien que les Manœuvres soient nombreux, rares sont-ils à être bien nourris ou bien armés, ce qui restreint leur influence.
Les guildes les plus puissantes sont celles des Marchands et des Négociants ; bien que relativement petites, elles contrôlent une grande quantité d’argent. La Guilde des Marchands est grandement contrôlée par des Nains de la Moria et par les propriétaires Gondoriens des navires. Ils ont bien sûr grand intérêt à ce que la cité soit stable. La Guilde des Négociants est devenue si importante que ses membres peuvent défiler dans les cités lors des Grands Festivals. Bien que plutôt riche, la Guilde des Négociants n’est pas aussi efficace que l’on peut croire.
Elle en est arrivée à se spécialiser dans des activités délictueuses, comparativement faisant moins de victimes, comme la contrebande (particulièrement des drogues), le jeu et la prostitution ; une certaine suffisance y règne.
Parmi les guildes mineures, la Libre Association des Bateliers et la Guilde des Prophètes sont probablement les plus intéressantes. Le nombre de barges dans la cité varie beaucoup de semaine en semaine et de saison en saison ; ils répugnent généralement à s’immiscer dans la politique locale. L’Association est cependant courtisée et consultée car ses robustes membres bagarreurs sont certainement un facteur décisif et non engagé dans l’équilibre du pouvoir en place. La Guilde des Prophètes fut officiellement dissoute en 1504 et les rares membres de la Guilde des Alchimistes s’y connaissant en magie ont pris leur retraite. Cette course d’actions fut recommandée par le puissant Magicien Tharkûn (S. « L’Homme au Bâton »), plus connu sous le nom de « Gandalf le Gris », qui résida peu de temps dans la cité. Certains dirigeants de Tharbad savent qu’une Guilde des Prophètes clandestine existe encore mais même le Canotar ou le Maître de la Guilde des Négociants ne connaissent pas ses membres, ni son importance.
6.52 Foires et festivals
Le Cardolan ayant une population largement dispersée, ses habitants se sont regroupés pour honorer leurs déités et pour faire des affaires. Avec les ans, ces pratiques se sont régularisées et formalisées. Les situations honoraires, tels que les officiels et commissaires des Foires et Festivals et les chantres du savoir-vivre, se font obéir même des voyous les plus endurcis. Néanmoins, malgré les rituels et les échanges commerciaux vitaux, les foires et les festivals sont l’occasion de se réunir, de se recueillir et de faire la fête, même si les denrées se font rares depuis quelques années.
La Foire Automnale est le plus important de ces événements. Les récoltes doivent être vendues sur les marchés et, petit à petit, cette foire a gagné en notoriété pour devenir la principale manifestation au cours de laquelle les produits changent de main. Les négociants de tout l’Ouest viennent à la Foire Automnale du Cardolan. Il existe plusieurs foires régionales mais la plus importante est celle qui se tient au Thalion. Même sans Roi, la Foire Automnale coïncide avec l’Eruhantalë, l’un des trois Jours Sacrés des Dúnedain. Le Canotar préside désormais lors des prières et des défilés de la population.
Le festival des Moissons Familiales se tient peu de temps après lorsque les participants à la foire ont regagné leur domicile ; ce festival est un événement entièrement local, tout comme l’est la célébration de Yule qui égaie le long hiver. La vie est plutôt monotone jusqu’à l’arrivée du printemps, annoncé par la Foire Printanière. Cela coïncide avec l’Erukyermë, le Grand Festival de printemps. Peu d’échanges commerciaux sont à réaliser durant le printemps, c’est pourquoi cette Foire a une importance économique moindre. L’intérêt réside dans les parades et défilés et plus particulièrement dans le combat simulé et les tournois entre combattants du Cardolan. Seuls les Dúnedain et les Tergíl ont tendance à observer le festival de fin d’été d’Erulaitalë.
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