05 · Politique et pouvoir

5.1 Tharbad et le Cardolan de 1409 à 1419

Vue d’ensemble politique

Le Car­do­lan est un royaume suc­ces­seur d’Arnor et, par exten­sion, de Núme­nor et est orga­nisé de façon simi­laire. Il est gou­verné par un monarque héré­di­taire, tra­di­tion­nel­le­ment l’aîné de la lignée pater­nelle ; jusqu’à pré­sent, le royaume n’a jamais eu de reine à sa tête.

Alors, qu’en théo­rie, l’autorité du Roi est abso­lue, il par­tage en pra­tique le pou­voir réel avec un cer­tain nombre de « Hiri » – barons pro­prié­taires ter­riens, char­gés au pre­mier chef de la défense de leur por­tion du royaume. Les charges des Hir­doms sont deve­nues héré­di­taires avec le temps, bien que chaque nouvel héri­tier doive être offi­ciel­le­ment confirmé au titre. Les Hiri sont aussi res­pon­sables en temps de paix de l’administration de leurs pro­vinces, de l’édification de ponts, routes, for­ti­fi­ca­tions et autres ouvrages, de la prise en charge des tra­vaux publics, de la col­lecte des taxes royales et des leurs propres et du juge­ment des dis­putes civiles. Leurs sug­ges­tions et péti­tions au Roi sont enten­dues au Conseil du Sceptre, bien que le Conseil n’agisse offi­ciel­le­ment qu’en qua­lité consul­ta­tive. Le Car­do­lan a pré­sen­te­ment sept Hir­doms : Girith­lin, Calan­tir, Tinare, Feotar, Tyrn Gor­thad, Ere­do­riath et Ethir Gwathló. Le Roi a aussi le pou­voir de créer à volonté un nou­veau siège au Conseil ; le Roi Osto­her éleva ainsi son Chan­ce­lier, Nimhir, à la dignité de membre en 1403.

La mort du Roi et de ses fils dans les Coteaux aux Tumu­lus créa un vide dans la lignée offi­cielle de suc­ces­sion et pré­senta un pro­blème épi­neux au Royaume. Deux jours après que la nou­velle de la mort du Roi ait atteint Thar­bad, le Chan­ce­lier Nimhir entre­prit de com­bler ce vide en se pro­cla­mant lui-même Régent du Car­do­lan, agis­sant au nom de l’unique héri­tière sur­vi­vante de la maison royale du Car­do­lan, la Prin­cesse Nir­na­del. Ses motifs étaient simple et rela­ti­ve­ment purs ; une action rapide et en force pou­vait éviter une guerre civile ou pire et per­mettre au royaume de se concen­trer sur les pro­blèmes cri­tiques aux­quels il avait à faire face pour son redres­se­ment. (Qui plus est, ce mou­ve­ment met­tait aussi le trône hors d’atteinte des Hiri, dont beau­coup avaient traité le Chan­ce­lier de haut par le passé.) Deux semaines plus tard, lors d’une réunion du Conseil du Sceptre fort réduite et orga­ni­sée à la hâte, Nimhir fut confirmé dans sa charge par deux des trois Hiri sur­vi­vants-Hir Tinare et Hir Calan­tir. Le troi­sième Hir, Mablung Girith­lin, s’opposa for­te­ment à ce chan­ge­ment, arguant que les dan­gers actuels récla­maient un diri­geant à poigne de fer de for­ma­tion mili­taire (comme lui-même). Mis sur la touche par le vote, le Hir n’entreprit tou­te­fois aucune action publique et retourna dans son fief mon­ta­gneux (pour y rumi­ner, pré­sume-t-on). La Régence fut aussi sup­por­tée par le Capi­taine Tar­de­gil, actuel chef de ce qui reste des forces mili­taires, dont la per­sonne est dévouée à la maison royale du Car­do­lan, et par Cira­mir, le légat Gon­do­rien qui, en raison de ses visées, appuie qui­conque est à même de main­te­nir l’ordre en ville et d’assurer la péren­nité des royaumes du Nord face aux agres­sions d’Angmar.

Avec presque la moitié de la récolte esti­vale détruite par les ani­maux sau­vages ou déro­bée par les bri­gands, le Car­do­lan (et par­ti­cu­liè­re­ment la cité de Thar­bad) doit faire face à la famine durant l’automne et l’hiver de 1409. Les Hir­doms fer­tiles de Tinare et d’Ethir Gwathló, les moins tou­chés par la guerre, deviennent les cibles d’une réqui­si­tion du grain, menée à bien par des « unités de mobi­li­sa­tion », com­po­sées d’un mélange de sol­dats de l’armée régu­lière et de nou­velles recrues. En Hithui, le Régent dépêche une ambas­sade au Gondor pour y cher­cher de l’aide. Indé­pen­dam­ment de l’efficacité de ces efforts, Thar­bad et la cam­pagne envi­ron­nante souf­fri­ront d’un hiver qui apporte son lot d’afflictions (y com­pris des mala­dies telles que la pel­lagre, le rachi­tisme et le scor­but) et de mécon­ten­te­ments (comme chez ceux qui, sans res­sources, ten­te­ront de s’emparer de celles des nantis). Des mil­liers de gens mour­ront ; seule la rela­tive dou­ceur de l’hiver empê­chera que la situa­tion ne s’aggrave.

A la fin de Gwae­ron 1410, les navires de ravi­taille­ment arri­ve­ront du Gondor ; l’armée, gros­sie par de nou­velles recrues qui veulent s’assurer de leur pro­chain repas, agira rapi­de­ment pour pré­ve­nir des émeutes sur les quais de Thar­bad. Le Régent devra envoyer un groupe de réfu­giés, fau­teurs de troubles, comme colons au Min­hi­riath ; il devra tenter de reco­lo­ni­ser Tyrn Gor­thad et Feotar comme assu­rance contre une pos­sible expan­sion d’Arthedain et employer son armée agran­die pour net­toyer le centre du Car­do­lan-spé­cia­le­ment la Grand-Route du Nord – des ban­dits et des bêtes en maraude. Il sera aussi fort affairé à jauger les mérites des divers pré­ten­dants à la main de la Prin­cesse Nir­na­del, notam­ment les fils des trois Hiri et le Roi Ara­phor d’Arthedain. En 1411, Nimhir aura à affron­ter un nou­veau défi, quand le chef d’une troupe de ban­dits qui tient encore sous sa coupe la plus grande partie de la contrée Nord se pro­cla­mera lui-même le nouvel Hir d’Eredoriath. Durant toute cette période, les forces dis­per­sées du Car­do­lan ten­te­ront de garder les fron­tières contre la pos­si­bi­lité de nou­veaux assauts d’Angmar (ou d’Arthedain). L’issue de ces diverses situa­tions à risque, de même que les fruits du labeur des espions Ang­ma­rim et des agents pro­vo­ca­teurs d’Arthedain, peuvent être d’une impor­tance déci­sive pour l’avenir du Royaume.

Nor­ma­le­ment, le peuple de Thar­bad se soucie peu de poli­tique, mais, depuis la mort du roi, les choses ont changé consi­dé­ra­ble­ment. A pré­sent, toutes les conver­sa­tions tournent autour de la sta­bi­lité du gou­ver­ne­ment, du pro­chain diri­geant, etc.

5.11 Personnages importants

Tardegil, Capitaine de l’Armée

Le capi­taine Tar­de­gil est un Dúna­dan, parent loin­tain de la Maison Royale. Gri­son­nant et tout cou­turé de cica­trices, c’est un vété­ran des guerres, aussi bien contre le royaume du Roi-Sor­cier que contre le « frère aîné » du Car­do­lan, l’Arthedain. Même si de plus jeunes offi­ciers le raillent à l’occasion der­rière son dos, nul n’ose s’en moquer en face, car il est tou­jours expert en lutte et en coups de poing (ainsi qu’en des formes de combat moins che­va­le­resques). Il appelle ses bles­sures et ses cica­trices, accu­mu­lées pour la plu­part dans l’exercice de son devoir (y com­pris la longue esta­fi­lade rosâtre de son cou, sou­ve­nir de la dague d’un soldat de l’armée régu­lière d’Arthedain, récol­tée au cours d’une rixe à l’Auberge du Repos Royal de Bree peu avant que n’éclate la der­nière guerre), des « déco­ra­tions hono­ri­fiques ».

Avant la bataille de Tyrn Gor­thad, Tar­de­gil et un petit contin­gent de régu­liers étaient en poste à Tha­lion, pour garder la Maison du Roi et l’accès à la Grand-Route Nord contre une pos­sible incur­sion des hordes d’Angmar, au cas où l’armée serait encer­clée ou défaite. Bien que ce fût, de fait, une conces­sion à ceux qui, comme le défunt Hir de Feotar, fai­saient valoir que le Capi­taine était trop vieux pour mener des troupes au combat, Tar­de­gil accepta ce poste, choi­sit trois cents hommes d’élite qui lui étaient per­son­nel­le­ment dévoués et érigea des défenses près de la petite ville-car­re­four. Quand la nou­velle de la mort du Roi attei­gnit Tha­lion, il offrit immé­dia­te­ment son allé­geance à la Prin­cesse Nir­na­del.

Indé­pen­dam­ment de la situa­tion poli­tique, il demeure loyal à la Maison Royale et à la prin­cesse, qui lui est chère. La seule autre moti­va­tion qui soit aussi impor­tante à ses yeux est de garan­tir la nour­ri­ture à ses troupes. Durant l’hiver de 1409–1410, ses hommes de troupe se mon­tre­ront des net­toyeurs aussi achar­nés que qui­conque dans la région, ne s’arrêtant qu’à la limite du ban­di­tisme ; le réel pou­voir que repré­sente son « armée », de même que sa méfiance vis-à-vis des poli­ti­ciens et sa loyauté à des idéaux abs­traits, en font une force très dan­ge­reuse et impré­vi­sible dans un envi­ron­ne­ment poli­tique instable. Sa puis­sante per­son­na­lité ins­pire le dévoue­ment aux hommes qui servent sous des ordres, si bien qu’il devien­drait enragé en appre­nant que l’un d’entre eux ait pu être acheté.

Les autres émi­nentes figures mili­taires de cette période sui­vant la guerre com­prennent le Capi­taine Guil­rod, com­man­dant de la gar­ni­son de 100 hommes sta­tion­née à Thar­bad, Tal­re­mis, un Semi-Dúna­dan de petite taille, ordon­nance atti­trée de Tar­de­gil ; Amrith, le plus effi­cace des éclai­reurs de l’armée ayant sur­vécu, et le capi­taine Asgon, grand capi­taine de la flotte du Car­do­lan.

La Princesse Nirnadel

La Prin­cesse Nir­na­del est le seul enfant vivant du défunt Roi Osto­her. C’est une grave jeune femme de seize ans, bien édu­quée et par­fai­te­ment consciente de sa posi­ton de pion sur l’échiquier poli­tique actuel. Elle ido­lâtre son « oncle favori », Nimhir, et espère qu’il pren­dra son bon­heur futur en compte quand il lui choi­sira un mari. Nir­na­del, avec les yeux gris et la che­ve­lure sombre de sa défunte mère, est tou­jours phy­si­que­ment imma­ture. La souf­france de son peuple la concerne vrai­ment, et elle fait constam­ment enra­ger Nimhir et ses gardes du corps per­son­nels en s’éclipsant pour aller prêter assis­tance aux Mai­sons de Gué­ri­son.

Par beau­coup de côtés, Nir­na­del est une girouette ; mariée à un époux pré­ve­nant, elle pour­rait deve­nir une reine capable mais elle pour­rait s’aigrir et se replier sur elle-même si elle épou­sait un mari cruel ou sans atten­tion. Sa seule amie intime est sa vieille nour­rice Ana­riel de 60 ans, une femme loyale à défaut d’être supé­rieu­re­ment brillante, qui regarde tous les hommes (sauf Nimhir) comme des menaces pour celle dont elle a la garde.

Mablung Girithlin (Hir Girithlin)

Girith­lin, un Dúna­dan d’âge moyen, gou­verne les terres qui longent la rivière Baran­duin. Ses ancêtres appar­tiennent à l’orgueilleuse famille des Elda­nar, qui repose dans les Coteaux aux Tumu­lus. Mablung Girith­lin lui-même est un homme cor­pu­lent, autre­fois fort comme trois hommes, mais devenu désor­mais quelque peu enrobé ; en dépit de cela, il demeure vani­teux et arro­gant. Il est le seul Hir ayant sur­vécu à la désas­treuse bataille de Tyrn Gor­thad en Urui 1409 ; il croit que les troupes furent mal diri­gées au combat par le Roi et ses capi­taines, bien qu’il ne le déclare pas ouver­te­ment hors de ses propres murs. L’assertion de Girith­lin quant à son droit à la cou­ronne est basé sur le fait qu’il des­cend de la lignée des Hommes d’Arnor la plus élevée en noblesse après la Maison Royale ; il sou­haite donner à ses pré­ten­tions une plus grande légi­ti­mité par le biais d’un mariage unis­sant sa maison à celle de Nir­na­del, mais a peu d’espoir d’y arri­ver tant que le Régent se tient en tra­vers de sa route. Bien que beau­coup croient que le fait qu’il est revenu dans son châ­teau plein de colère signi­fie qu’il est en train de se reti­rer des affaires poli­tiques du Car­do­lan, rien ne pour­rait être plus éloi­gné de la vérité. Il a placé des espions à Thar­bad pour contrô­ler les acti­vi­tés de Nimhir et de son gou­ver­ne­ment et cherche à se faire un ami de Lamril, le porte-parole des réfu­giés.

Girith­lin est extrê­me­ment para­noïaque. Il se méfie du Chan­ce­lier et du Hir Tinare et déteste les Arthe­dain ; il croit que les Elfes de Lindon sont prêts à lais­ser tout l’Eriador tomber aux mains d’Angmar et à n’intervenir que quand il serait patent que leur propre sécu­rité serait éga­le­ment mena­cée.

Fala­thar Girith­lin, rainé de Mablung, est un cha­leu­reux sup­por­ter des vues poli­tiques de son père, mais espère voler de ses propres ailes aus­si­tôt que pos­sible. Bara­hir, beau-frère du Hir Girith­lin, est un vieux com­pa­gnon de beu­ve­ries du Maire Minas­tan. Il est un des rares aux­quels se fie l’Hir Girith­lin et lui sert de mes­sa­ger et d’informateur.

Duin Tinare (Hir Tinare)

Tinare est un spé­ci­men ata­vique de pre­mier choix des hommes de l’Ouesternesse. Il est plus jeune que Girith­lin, élé­gant et de noble main­tien, habile à manier les armes et fort cultivé, t,out en étant capable de ne pas faire montre d’orgueil dans ses affaires tant publiques que pri­vées.

La récolte de Tinare en 1409 reste dans une large pro­por­tion peu affec­tée par les dépré­da­tions des Ang­ma­rim, et l’Hir Duin aura le geste appa­rem­ment noble d’offrir tous les sur­plus de ses vastes pos­ses­sions ter­riennes per­son­nelles à l’armée. En fait, ce don (ainsi que d’autres, faits en privé) aura pour effet d’acheter la loyauté d’environ une cen­taine de sol­dats, en poste à Thar­bad pour la plu­part, pour se pré­mu­nir contre Hir Girith­lin, le Chan­ce­lier, l’Arthedain ou qui­conque mena­ce­rait ses terres ou ses ambi­tions per­son­nelles. L’Hir Duin brigue pour Osto­mir, son bras armé, la charge de mari et de prince consort auprès de la jeune Prin­cesse. Comme son père, Osto­mir est de main­tien prin­cier et excelle dans tout ce qu’il fait. De la même façon, les deux autres fils sur­vi­vants et les trois filles du Hir Duin sont de beaux exemples de lignage Dúna­dan.

Celeph Calantir (Hir Calantir)

L’Hir de Calan­tir est vieux, noueux et déformé par les ans. Son visage est ravagé par des cica­trices de petite vérole ; il n’a plus guère de che­veux et il s’est amai­gri et fra­gi­lisé. Son entê­te­ment et sa séni­lité se sont déve­lop­pés de concert à une allure folle ces der­nières années. Lui et ses fils ont plus fait qu’aucune autre famille de l’endroit pour accroître la faible popu­la­tion du Car­do­lan, épar­pillant des héri­tiers dans leur royaume comme dans celui des autres. Il est dési­reux de sou­te­nir les ambi­tions poli­tiques du Chan­ce­lier, aussi long­temps que ramée tient Orques et ban­dits hors de son lit. Il a six fils et huit filles sur­vi­vants ; on n’en trouve jamais moins d’une demi-dou­zaine dans sa suite proche, atten­dant avec anxiété qu’il devienne une figure his­to­rique.

Nimhir, Chancelier et Régent

Nimhir est un Dúna­dan sui­vant de la Maison Royale du Car­do­lan. Son père, Vinya­rion fut, pen­dant de nom­breuses armées, inten­dant de la maison de Tha­lion, poste qui échut à Nimhir à la mort de celui-ci. En 1398, le Roi Osto­her manda Nimhir à Thar­bad pour qu’il le serve comme conseiller et, en 1403, le fit membre à part entière du Conseil du Sceptre. Cette der­nière dis­tinc­tion rendit l’Hir de Tyrn Gor­thad et l’Hir de Girith­lin spé­cia­le­ment jaloux de l’influence de Nimhir sur le Roi ; cita­din, peu entraîné à mailler les armes, il n’était guère (pen­saient-ils) digne des charges qu’on lui avait confiées. Alors que le Chan­ce­lier a tou­jours tenu la Maison Royale du Car­do­lan dans la plus haute estime, il a été échaudé par le mau­vais trai­te­ment qu’il a reçu ; comme il se sent lui-même un ardent patriote, il ne consi­dère pas comme déplacé de prendre avan­tage de ses étroites rela­tions avec la Prin­cesse « pour le bien du pays ».

Nimhir n’est en aucune façon un meneur d’hommes, ni un guer­rier, ni un grand ora­teur. Néan­moins, il a prouvé qu’il était un diri­geant ferme et décidé, ne ter­gi­ver­sant jamais pour prendre une déci­sion, ni ne vacillant après qu’elle ait été prise ; il com­prend les res­pon­sa­bi­li­tés du pou­voir et les consé­quences de ses actions. Bien qu’il ne soit pas assez altruiste pour igno­rer le gain per­son­nel en main­te­nant sa posi­tion, il essaie vrai­ment de faire passer en pre­mier la pros­pé­rité du pays et le bien-être de la Prin­cesse Nir­na­del.

Ciramir, Légat du Gondor

Cira­mir est un diplo­mate cultivé qui a vu du pays. Il est bien­veillant et a du savoir vivre, mais est aussi pers­pi­cace et fort versé dans la poli­tique com­plexe des états du Nord. Il fut marin dans sa jeu­nesse et par­ti­cipa à la défense mari­time du grand port d’Umbar, lors du siège des Hara­drim (pré­su­més très cruels) en 1379. S’il n’était pas des­tiné à être un guer­rier, comme il fut prompt à l’admettre, il fut néan­moins capable d’embrasser une nou­velle car­rière en tant que diplo­mate, se dis­tin­guant lors de son ser­vice à Lindon, à For­nost et à la cour du Gondor avant d’être assi­gné à Thar­bad en 1407. Il n’aime pas Thar­bad, la com­pa­rant peut-être par les yeux de l’esprit avec les grandes cités de son pays natal ou d’Arthedain, mais n’a pas permis que cela affec­tât son tra­vail.

Bien que repré­sen­tant d’un pou­voir étran­ger, Cira­mir pos­sède une grande influence dans les affaires de la ville ; son appui est cru­cial dans le combat poli­tique interne du Car­do­lan. Les troupes et les ingé­nieurs qu’il com­mande forment une res­source esti­mable, très convoi­tée par chaque pré­ten­dant au trône. Le sup­port que Cira­mir apporte au Régent tient uni­que­ment à ce qu’il croit qu’un diri­geant ayant des liens directs avec la Maison Royale (même s’il ne s’agit que d’une Prin­cesse imma­ture) a le plus de chances de garder le Pont et la Route Nord-Sud (qui sont d’une impor­tance cri­tique pour le com­merce Gon­do­rien) ouverts et déga­gés ; son allé­geance pour­rait rapi­de­ment s’évanouir – si les évé­ne­ments devaient lui prou­ver que cette pré­somp­tion était fausse. Dans les limites de la diplo­ma­tie et de la pru­dence, Cira­mir est droit et hon­nête ; il ne peut être acheté.

Minastan, Maire de Tharbad

Minas­tan, un Dúna­dan, fut estro­pié par une bles­sure gagnée lors d’une pré­cé­dente guerre entre l’Arthedain et le Car­do­lan. Le Roi Osto­her le récom­pensa en 1396 en lui décer­nant la charge de Maire de Thar­bad. Au fil des ans, il en est venu à réa­li­ser que les miasmes fétides du Nin-in-Eilph semblent engen­drer des voleurs, des ruf­fians et des propres à rien ; il a sim­ple­ment res­treint les acti­vi­tés du peu impor­tant Guet de sa ville à inter­dire aux pires d’entre eux l’accès au Pont et à les tenir éloi­gnés des quar­tiers les plus for­tu­nés.

Avec le vaste afflux de réfu­giés à Thar­bad, Minas­tan a été forcé de s’investir dans un rôle plus actif, uti­li­sant le Guet pour monter la garde sur les quais et près des entre­pôts afin de pré­ve­nir les émeutes d’affamés et de contrô­ler les bandes fluc­tuantes et voci­fé­rantes. Des années pas­sées loin de l’armée ont accru sa timi­dité (et son tour de taille); bien qu’habité par des opi­nions bien ancrées, au nombre des­quelles une ardente anti­pa­thie pour l’Arthedain, Minas­tan n’est, désor­mais, plus effi­cace quand il s’agit de parler en public ou d’émouvoir une foule. C’est dans le domaine admi­nis­tra­tif que se révèlent ses capa­ci­tés les plus fortes en tant que Maire, lorsqu’il négo­cie avec les repré­sen­tants des guildes de la ville ou les délé­ga­tions com­mer­ciales de For­nost, de Lindon, des Mon­tagnes Bleues et du Gondor.

Lamril

Lamril vivait à l’origine dans la petite ville de Tha­ra­man, où il exer­çait le métier de for­ge­ron à la suite de son père. Sa voix à la parole élo­quente aurait pu être confi­née à jamais à la conver­sa­tion avec ses appren­tis et ses voi­sins dans la forge du vil­lage, mais le danger immi­nent d’une force d’Orques ou pire força les vil­la­geois à s’enfuir vers la sécu­rité rela­tive de Thar­bad. Ce sou­dain chan­ge­ment l’a pro­pulsé sur la scène de l’histoire, car il est devenu un cham­pion des droits et des besoins des réfu­giés sans foyer. En partie pour tirer avan­tage de sa grande popu­la­rité parmi les réfu­giés et en partie pour l’expulser de Thar­bad, le Chan­ce­lier Nimhir mettra Lamril à la tête de l’effort de colo­ni­sa­tion dans Min­hi­riath au prin­temps de 1410.

Tout d’abord, Lamril par­lera pour les droits des réfu­giés dépla­cés sans idée de profit per­son­nel. Mais tout ora­teur doué du pou­voir de mobi­li­ser une foule nour­rit en lui, peu ou prou, une cer­taine méga­lo­ma­nie et Lamril n’y fait pas excep­tion. Lamril est un homme simple, sans sophis­ti­ca­tion, d’origine Dun­len­ding ; il n’est pas subtil et peut deve­nir une proie facile pour des mani­pu­la­teurs, que ce soit le Chan­ce­lier, l’Arthedain, n’importe lequel des Hiri, ou même l’Angmar. Têtu et sus­cep­tible, ce spé­ci­men phy­si­que­ment impo­sant est pro­ba­ble­ment le meilleur choix pour diri­ger une colo­nie dans une contrée sau­vage, en butte aux ani­maux féroces, aux sabo­teurs, au climat rude et aux pêcheurs bar­bares.

Autres personnages importants

Dirha­vel l’Alchimiste et Bre­thil le Mari­nier sont tous deux déter­mi­nés à aider le Chan­ce­lier Nimhir à recons­truire la nation (Dirha­vel par son appui tacite et ses recherches expé­ri­men­tales sur le Silima, Bre­thil en met­tant à dis­po­si­tion le Tin­do­me­rel pour la mis­sion de trans­port de grain). Anca­lime, la plus riche tenan­cière de la ville, se soucie peu des partis, les affaires étant stables quel que soit l’état de l’économie. Lothi­riel la joaillière et Eilwen l’aubergiste ont laissé prise au déses­poir, espé­rant sim­ple­ment sur­vivre assez long­temps pour voir le prin­temps appor­ter quelque sou­la­ge­ment à leurs familles. Firiel des Mai­sons de Gué­ri­son recon­naît que la ville a le moral bien bas et tente de l’alléger en dis­tri­buant les sur­plus des Mai­sons, mais elle a assez à faire elle-même en lut­tant contre l’épidémie sur la Rive Nord. Enfin, Hoeg­war l’espion et la paire à la mau­vaise répu­ta­tion que forment Thor­dil et Brego se réjouissent des troubles actuels. La mis­sion d’Hoegwar semble en bonne voie de réus­site, cepen­dant que Thor­dil et Brego se sont aper­çus que de nom­breuses filles sont si déses­pé­rées de n’avoir pas à manger qu’elles rejoin­dront d’elles-mêmes le réseau de traite des blanches sans coer­ci­tion aucune.

5.12 Forces militaires

L’armée du Car­do­lan, avant la grande guerre de 1409, comp­tait envi­ron 400 Requain (che­va­liers), 2500 fan­tas­sins régu­liers et mer­ce­naires et quelques 15 à 16000 manieurs de lances réqui­si­tion­nés, ayant subi un entraî­ne­ment mini­mum. Chaque Hir pos­sé­dait éga­le­ment une suite à cheval et des gardes du corps qui se répar­tis­saient comme suit : Tyrn Gothad 100, Ere­do­riath 160, Feotar 140, Calan­tir 150, Girith­lin 140, Tinare 110 et Ethir Gwathló 80. Pra­ti­que­ment 80 % de l’armée du Car­do­lan périt dans la bataille autour de l’Apogée du Climat et dans la der­nière défense déses­pé­rée des Coteaux aux Tumu­lus ; les troupes per­son­nelles des Hiri souf­frirent en pro­por­tion. Seules celles des Hir­doms du Sud et les quelques troupes lais­sées sous le com­man­de­ment du Capi­taine Tar­de­gil près de Tha­lion sur­vé­curent en nombre.

En consé­quence, une des pré­oc­cu­pa­tions les plus urgentes pour le Chan­ce­lier Nimhir est de main­te­nir l’armée en tant qu’unité cohé­sive-loyale, nour­rie et en ordre de marche –et d’augmenter sa force aussi rapi­de­ment que pos­sible. Le recru­te­ment n’est cepen­dant pas aussi for­mi­dable que ce à quoi on pour­rait s’attendre dans la mesure où les régu­liers de l’armée sont parmi les quelques citoyens qui sont rela­ti­ve­ment assu­rés de rece­voir des repas de façon suivie dans les mois à venir. Qui plus est, Nimhir a fait réqui­si­tion­ner presque tous les che­vaux valides du royaume pour l’usage de l’armée. Le Car­do­lan pos­sède aussi une petite flotte, qui se com­pose de six galéasses légères, employées en pre­mier lieu pour la défense côtière et les patrouilles sur la rivière. Quatre de ces bateaux sont nor­ma­le­ment mouillés à Talsir et les deux res­tants à Thar­bad ; tous les six ont sur­vécu à la guerre sans dom­mage.

5.2 Cardolan et Tharbad en d’autres temps

La période 1409-12 a été choi­sie comme arrière-plan de ce module d’aventures car, pour le Car­do­lan, c’est un temps de grand tumulte ; pour les Per­son­nages Joueurs, néan­moins, c’est un temps riche d’opportunités. En consé­quence, toute pré­vi­sion de l’histoire ulté­rieure de Thar­bad et du Car­do­lan peut être gran­de­ment affec­tée par ce qui se pas­sera durant cette période. Néan­moins, la des­crip­tion des futurs évé­ne­ments pro­bables qui suit est four­nie au MJ afin de l’aider à éta­blir une pers­pec­tive pour déve­lop­per des aven­tures dans cette région en d’autres temps.

Durant tout l’été de 1412, le Régent Nimhir réus­sit à dépla­cer déli­ca­te­ment les res­sources qui res­taient dans le royaume sur l’échiquier qu’était le Car­do­lan. Il monta habi­le­ment pré­ten­dants et Hiri les uns contre les autres jusqu’à ce que son ennemi aigri, l’Hir Girith­lin, tentât un coup d’état. Girith­lin essaya de kid­nap­per la Prin­cesse Nir­na­del pour la forcer à épou­ser son fils Fala­thar, sa pré­ten­tion au trône deve­nant un fait accom­pli. Nul ne sait si ce plan bizarre fut ins­piré ou faci­lité par les agents de l’espion Ang­ma­rim Hoeg­war. Quelle que fut sa source, cette ten­ta­tive fut pire qu’un échec : elle se solda par la double mort de la Prin­cesse et du Régent et plon­gea la nation dans une san­glante guerre civile entre les sup­por­ters de Girith­lin et ceux de Tinare (les MJ peuvent choi­sir par eux-mêmes l’issue du conflit). Quand fina­le­ment la pous­sière se redé­posa, le Légat Gon­do­rien plaça l’appui du Royaume du Sud der­rière le nou­veau diri­geant, espé­rant (à nou­veau) que cet appui décou­ra­ge­rait une rébel­lion ulté­rieure et assu­re­rait une conti­nuité dans la sur­veillance des chaus­sées et de la Route Nord-Sud.

Durant les vingt années qui sui­virent, ce suc­ces­seur (qui adopta le titre de Kano­tar ou Grand Com­man­deur) fut capable de main­te­nir la sta­bi­lité au Car­do­lan à un niveau super­fi­ciel, car nul sou­lè­ve­ment d’importance ne se pro­dui­sit. Les efforts de colo­ni­sa­tion com­men­cés sous le bref règne de Nimhir furent éga­le­ment une réus­site, recu­lant les fron­tières poli­tiques du Car­do­lan et four­nis­sant d’importantes nou­velles sources ali­men­taires et éco­no­miques (ainsi décou­vrit-on de l’alun au Sara­lainn en 1423).

Dirha­vel l’Alchimiste

Néan­moins, la perte du der­nier héri­tier en titre de la lignée du Roi eut un effet subtil en pro­fon­deur sur le peuple et les Hiri du Car­do­lan, minant leur loyauté à leur chef et au royaume. En 1420, la plu­part des Hir­doms répu­gnaient à contri­buer à tout effort qui ne leur pro­fi­tait pas direc­te­ment autre­ment que par une assis­tance sym­bo­lique ; la col­lecte des impôts était deve­nue une tâche ardue qui néces­si­tait fré­quem­ment l’appui de troupes ou de mer­ce­naires enga­gés pour la cir­cons­tance. Qui plus est, une grande partie de Tyrn Gor­thad, de Feotar et d’Eredoriath n’avait été repeu­plée et res­tau­rée que d’une façon mar­gi­nale et il y res­tait beau­coup de pré­da­teurs indi­gènes (tant hommes que bêtes).

Durant les années 1430, la dépen­dance crois­sante du Car­do­lan vis-à-vis de l’aide que lui appor­tait le Gondor devint plus mani­feste encore, lorsque des évé­ne­ments sinistres affai­blirent encore plus la cohé­rence du royaume. La Garden du Légat Gon­do­rien (qui avait sou­vent été « emprun­tée » par le Kano­tar pour être assi­gnée à d’importantes besognes rela­tives à la sécu­rité) fut rap­pe­lée au Gondor au 1434, dès le début de la san­glante Lutte Fra­tri­cide ; Cira­mir (qui pen­dant tant d’années avait exercé au Car­do­lan une influence patriar­cale de bon ton) fut forcé de se mettre à sup­plier à son tour, requé­rant (et obte­nant de mau­vaise grâce) qu’on alloue 300 hommes de troupe à son ser­vice. Les agents Ang­ma­rim à Thar­bad, voyant une occa­sion en or dans cet affai­blis­se­ment, se sur­pas­sèrent, fomen­tant des révoltes contre les impôts, en même temps au Calan­tir et au Sara­lainn. Lamril, agis­sant sur la foi de mes­sages reçus en rêve et sen­tant le mécon­ten­te­ment géné­ral (bien que se trom­pant quant à sa source jusqu’à ce qu’il fut trop tard), pro­clama qu’il était la « vraie voix du peuple ». Il marcha sur Thar­bad à la tête d’une bande d’insoumis qui se com­po­sait de fer­miers maniant la fourche, de mili­ciens pro­ve­nant de loca­li­tés du Sara­lainn, de mer­ce­naires Dun­len­dings cour­rou­cés par la coupe sombre faite dans les gages qu’on leur avait promis et d’une mys­té­rieuse petite for­ma­tion de magi­ciens, menés par un magi­cien réservé mais puis­sant du nom de Gaur­thring (qui était lui-même ligué avec Angmar ). Cette force fut stop­pée et dis­per­sée tout près de la cité, après un consi­dé­rable bain de sang dans les deux camps. Durant la bataille, Lamril décou­vrit les noirs des­seins de Gaur­thring. Mais avant qu’il puisse agir, il fut tué par le fourbe Mage, de même qu’une large frac­tion des hommes valides du Sara­lainn-lequel tomba par la suite sous la domi­na­tion poli­tique des Hiri du Sud.

Pen­dant l’été de 1439, un émis­saire de l’usurpateur Gon­do­rien Cas­ta­mir arriva à Thar­bad. Au lieu d’offrir un pai­sible conseil comme son pré­dé­ces­seur (qui avait été forcé de s’enfuir en exil en Arthe­dain), le nou­veau Légat demanda un tribut annuel sub­stan­tiel pour prix de l’amitié renou­ve­lée du Gondor. Le Kano­tar essaya de satis­faire à cette demande en pro­mul­guant un nouvel ensemble de droits de pas­sage et de tarifs doua­niers ; les Hiri de Tyrn Gor­thad et de Girith­lin y répon­dirent en se décla­rant eux-mêmes indé­pen­dants de l’autorité du Kano­tar et furent capables de main­te­nir cette indé­pen­dance en dépit de la dona­tion par Cas­ta­mir de deux cent mer­ce­naires Variags (qui furent détruits alors qu’ils ten­taient de pour­fendre, de violer et de piller au nom du Gondor). Même le ren­ver­se­ment de Cas­ta­mir et le retour d’exil de Cira­mir âgé ne purent apai­ser l’aliénation de ces pro­vinces fron­ta­lières. Bien que les Hiri se fussent accor­dés sur le fait que le danger que repré­sen­tait Angmar était plus impor­tant que leurs dif­fé­rences per­son­nelles, ils ne vou­lurent plus dès lors prêter ser­ment d’allégeance au Kano­tar.

Depuis cette époque, le Car­do­lan devint une dési­gna­tion géo­gra­phique plutôt que poli­tique. Au milieu du siècle, le « royaume » du Car­do­lan n’était plus qu’une asso­cia­tion lâche de pro­vinces lar­ge­ment auto­nomes. Des cam­pagnes orga­ni­sées durant cette période devraient le dépeindre comme un endroit véri­ta­ble­ment très dan­ge­reux, avec les pro­vinces du Nord comme cibles des raids Ang­ma­rim tou­jours fré­quents, le Sara­lainn retour­nant pour une grande part à l’état sau­vage et Thar­bad elle-même som­brant tou­jours plus pro­fond sous la coupe des cor­rom­pus et des mal­hon­nêtes. Bien qu’un Conseil du Sceptre exis­tât encore nom­mé­ment, il se réunis­sait fort peu et pou­vait encore plus rare­ment tomber d’accord sur une action com­mune. Le fief du Kano­tar, même avec le retour d’un appui sym­bo­lique du Gondor, était réduit à Thar­bad elle-même, au Calan­tir et à tout autre Hirdom qu’il pou­vait cajo­ler ou ache­ter pour avoir sa faveur tem­po­raire.

Durant cette période, l’une des quelques rai­sons qui pou­vaient amener les Hiri à se ranger pour un temps sous la même ban­nière était les ten­ta­tives répé­tées du Roi Ara­phor d’Arthedain pour réunir Arnor sous sa loi. Une force expé­di­tion­naire envoyée au Car­do­lan par Ara­phor en 1455 fut la pre­mière de plu­sieurs entre­prises aven­tu­reuses du même type qu’il mît sur pied durant son long règne *quel s’acheva en 1589). La posi­tion des com­bat­tants varia consi­dé­ra­ble­ment d’une guerre à l’autre et quelques Hir­doms com­bat­tirent effec­ti­ve­ment pour l’Arthedain pen­dant cer­tains de ces conflits. Ara­phor apprit rapi­de­ment (et dou­lou­reu­se­ment), quoi qu’il en soit, que ses alliances avec les Hiri du Nord du Car­do­lan étaient construites sur de la boue ou des sables mou­vants, se dés­in­té­grant d’habitude à la pre­mière occa­sion dont ceux-ci pou­vaient tirer parti. Alors que les états du Car­do­lan étaient en défi­ni­tive capables de repous­ser toutes les avances d’Araphor, chaque escar­mouche rédui­sait de plus en plus le nombre déjà bien faible des Dúne­dain du Nord.

La Grande Peste qui balaya l’Eriador en 1636–37 fut plus dévas­ta­trice pour le Car­do­lan que pour toute autre région. Thar­bad avait tou­jours été une terre d’élection pour les mala­dies comme pour les voleurs, ce qu’accroissait encore la pré­sence des envi­rons maré­ca­geux du Nin-in-Eilph ; le germe, une fois intro­duit dans la cité, se répan­dit rapi­de­ment en aval. Plus de 85 % des habi­tants de Thar­bad et presque 80 % de la popu­la­tion de Min­hi­riath mou­rurent dans les mois qui sui­virent. La Peste, mys­té­rieu­se­ment, s’acharna tout par­ti­cu­liè­re­ment contre les Dúne­dain ; à peine une poi­gnée des hommes de cette race sur­vé­cut, fuyant au Nord vers l’Arthedain. Les autres sur­vi­vants, cepen­dant, conti­nuèrent à habi­ter Thar­bad et d’autres villes du Car­do­lan, sans être déran­gés, pen­dant des cen­taines d’années après cela, bien que dans un état de splen­deur fort dimi­nué.

L’Ancienne Route Sud conti­nua à être une impor­tante voie de com­merce jusqu’à la mort du Roi Arve­dui d’Arthedain et la défaillance du der­nier des Royaumes Sep­ten­trio­naux en 3A 1974. Néan­moins, la dis­pa­ri­tion de toute sorte de gou­ver­ne­ment cen­tral ou d’armée au Car­do­lan signi­fia que ceux qui s’aventuraient hors des murs des quelques colo­nies iso­lées devinrent la proie des ban­dits de grands che­mins ; Thar­bad, tombée en ruines sauf dans le vieux quar­tier Sud de la ville, devint un repaire grouillant de vide-gous­sets, de voleurs de bétail, de pirates, de négo­ciants et mar­chands peu scru­pu­leux et de propres à rien de tout poil.

Après la chute de l’Arthedain et l’extinction de la lignée royale du Gondor, le trafic le long de la route Nord-Sud déclina gran­de­ment. La route elle-même n’était plus entre­te­nue et tomba en ruine en de nom­breux endroits. Le peuple du Car­do­lan main­tint cepen­dant tou­jours un contact com­mer­cial avec les hommes de Bree et dans les années ulté­rieures avec le nou­veau royaume du Rohan. Des his­toires du cru affirment que nombre de vaillants guer­riers de Thar­bad se dis­tin­guèrent en par­ti­ci­pant aux nom­breux conflits, entre les Rohir­rim et les Dun­len­dings, qui se dérou­lèrent entre 2699 et 2759 du 3A (bien qu’on soit loin d’être sûr du côté duquel ils com­bat­tirent).

Thar­bad devint com­plè­te­ment déserte à l’époque des grandes crues de 3A 2912 quand le Gwathló englou­tit les chaus­sées et le pont main­te­nant décré­pits et se rua à tra­vers ce qui fut jadis une ville fière. Les der­niers rési­dents furent forcés de partir en grande hâte, lais­sant der­rière eux des ruines inon­dées. Les terres autour de la ville retom­bèrent rapi­de­ment à l’état de maré­cages à l’abandon, rem­plis de ser­pents, d’alligators et d’autres créa­tures des marais. Dans les der­niers jours du Troi­sième Age, l’histoire nous rap­porte que des espions de Sarou­mane, les Noirs Cava­liers du Mordor et Boro­mir du Gondor tra­ver­sèrent tous la dan­ge­reuse Thar­bad, qui alors ne consis­tait plus qu’en mor­ceaux affais­sés de chaus­sées, en construc­tions en ruines sur des tertres vacillants et en un dan­ge­reux gué formé par les ruines du pont (Boro­mir y perdit son cheval en tra­ver­sant). Il est pro­bable que d’autres y soient passés aussi à cette époque, por­tant des mes­sages au Nord ou au Sud, ou exa­mi­nant avec atten­tion les der­niers restes d’une ville autre­fois altière, à la recherche de quelque objet de valeur, sou­ve­nir d’un âge ancien.


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