06 · La technologie des Nains

Avec l’aide des Valar, la société Elfique des Terres Éternelles (Aman) créa les plus beaux travaux jamais achevés par les enfants d’Eru. Dans toutes les Terres du Milieu, cependant, seuls les Nains peuvent clamer leur suprématie en tant que purs constructeurs. La construction Naine, particulièrement souterraine, est sans rivale dans sa force et son échelle ; de tous les héritages des Naugrim, aucun ne surpasse la Moria.

La fascination des Nains pour les choses inanimées nées de l’artisanat imprègne chaque niveau de leur pensée et de leur société. Toujours actifs, ils travaillent en permanence améliorant ou réparant un ancien travail, soit fabriquant quelque chose de neuf. Leur unique dévotion pour le travail canalise traditionnellement la plus grande part de leurs énergies mentales et physiques vers des tâches matérielles, D’où la préoccupation entière des Nains pour la technologie. La culture Naine pousse ses ingénieurs, ses maçons, ses forgerons, ses scientifiques, ses travailleurs et ses guerriers avec une vigueur qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Il est peu surprenant, par conséquent, que les Naugrim soient la race la plus en avance technologiquement dans les Terres du Milieu. La Moria, le couronnement de leurs réalisations, est également le plus grand exemple de la technologie Naine.
Les Forgerons
Les forgerons Nains sont les plus en vue des artisans Nains, car les produits de leur travail circulent à travers l’ensemble des Terres du Milieu. Les outils, armures et armements Nains ont une grande valeur et sont prisés des artisans, guerriers et nobles au même titre.
Les outils produits dans la Moria obtiennent les prix les plus élevés, car les forgerons Nains de Khazad-dûm sont considérés comme les meilleurs de leur race. L’héritage des descendants de la lignée de Nogrod, combiné aux longues années d’échange culturel avec les Elfes Noldor de l’Eregion, fournit aux forgerons de la Moria une richesse d’expérience et de connaissance concernant à la fois la métallurgie et la magie. Des habitations constamment sûres ajoutent une atmosphère de stabilité et de continuité, c’est pourquoi les Naugrim ont besoin de frontières protégées par leur production soignée. Pour les Nains, le temps et le tempérament sont des ingrédients essentiels, aussi importants que le minerai et le feu. Fondée sur des objets renommés pour leur beauté et leur pouvoir, l’école de la Moria est le groupe de forgerons le plus intrigant et le plus productif d’Endor.
Outils et Techniques
Les talents Nains engendrent les outils les plus fins des Terres du Milieu, des instruments qui, à leur tour, rendent plus facile à l’artisan la fabrication de la pièce suivante. Les Naugrim produisent et utilisent une vaste sélection d’outils spécialisés, mais ils comptent surtout sur un petit ensemble d’instruments à tout faire. La meilleure description de cet ensemble provient des lettres de Morgevil Curucam, envoyé d’Arthedain en Moria de 1541 jusqu’à 1566, dans le troisième âge. Forgeron lui même, Morgevil passa la plus grande partie de son temps dans la Moria à se promener à travers les chauds Halls des Forgerons.
Ce qui suit est sa lettre datée du 26 Narwain 1555 :
« Je suis constamment ébahi par ces artisans. Ils ne semblent jamais dormir, et sont toujours à chanter et à marteler dans les quartiers étouffants de chaleur où la seule lumière est celle qui s’échappe des forges. Même le froid mordant de ce Narwain peut être préférable à la chaleur étouffante des Halls de Fonderie de leur Roi. Mais les Nains apprécient cette chaleur et je ne peux dénier leur art
Les forgerons emploient des centaines de petits outils — alênes, ciseaux, colliers, moules, chaîne de manœuvre, doloires, cisailles à métal, et d’autres du même genre — mais, plus que tous, ils apprécient ceux-là même que nous connaissons chez nous. Les forges, les enclumes, les tenailles et les marteaux supportent le choc de leur travail. Assez étrangement, ils font principalement ce à quoi notre peuple s’efforce, quoiqu’ils rafistolent beaucoup et s’appliquent à leur travail sans penser au surmenage. Leur repos se compose de repas gigantesques et de baquets de bière aigre. Les Nains considèrent le travail et la guerre comme amusement et espièglerie.
Comme on peut le penser, les outils Nains ont tendance à être plus petits que ceux des Hommes, bien qu’ils utilisent communément de grands marteaux et doloires à deux-mains. J’ai aussi remarqué des enclumes en acier de toutes les tailles, certaines longues de 2,10 m et façonnées à partir des restes d’armes entières. Le bloc moyen mesure 90 cm, ce qui est le double de la norme pour celles de l’Eriador. C’est leur variété, pourtant, qui m’intrigue, parce que la Moria doit apprécier en fin de compte un type d’enclume pour surpasser toutes celles qu’on trouve ailleurs.
Les différences les plus remarquables entre nos outils et ceux de la Moria sont liées à leur taille et à leur composition. Les outils Nains utilisent un acier extrêmement résistant, aussi résistant qu’aucun de ceux que j’ai vu à Fornost, et capable de couper un bon fer comme du lard. Certains parmi leurs meilleurs forgerons sont même approvisionnés avec un équipement formé de l’alliage de Mithril que les Sindar appellent « Ithilnaur ». Des enchanteurs et des alchimistes parcourent ces Halls de Façonnage et produisent les trésors incroyables en partance pour les coffres des seigneurs Nains et des grands rois. »
Fonderie
Comme le note Morgevil, les Outils Nains sont superbes, mais c’est leur technique qui leur permet d’exceller plus que tous autres. La construction de forges, la fonderie et le forgeage des métaux sont des arts raffinés dans la Moria.

Un bon feu permet au forgeron de fondre et de forger des métaux durs et il est crucial pour obtenir des alliages de qualité tel l’acier de la Moria et l’Ithildin. Les forges des Halls de fonderie de la Moria dépendent de deux sources principales de feu, toutes deux extrêmement chaudes. Des feux de charbon alimentent la plupart des forges de Khazad-dûm, tandis que les feux de la Terre (le magma volcanique) sont utilisés lorsqu’une chaleur extrême est nécessaire. Les feux de bois, ailleurs familiers, se rencontrent rarement dans la Moria, et ne sont utilisés que lorsque certains enchantements ou incantations les requièrent. Les forges Naines sont construites en fonction des sources de feu et pour fournir différents niveaux de température. Presque toutes sont des unités à plusieurs chambres qui permettent au forgeron de choisir la température appropriée à ses besoins de forgeage ; ces fours possèdent de trois à sept zones qui entourent toutes les sections intérieures et composent la chaleur. Chacune est alimentée par un orifice de prise d’air incliné relié au circuit naturel pour maintenir le flux. La chaleur continue entretient un courant d’air constant qui, à son tour, agit comme un soufflet. Il donne vie aux flammes contenues dans le dur charbon noir ou la lave volcanique en ébullition, nourrissant des feux qui ne sont jamais éteints, ni même autorisés à vaciller. A tout moment, les murs surchauffés des fours et les corniches chauffantes rougeoient avec une radiance constante et flamboyante, et régulièrement chauffent ou fondent suivant leur durée d’exposition. Les chambres extérieures aux fours sont relativement « fraîches » et permettent de mener un travail délicat, mais elles sont néanmoins chaudes. Les sections de forgeage intermédiaires égalent en température les plus chaudes qu’on trouve en Arthedain et sont idéales pour fondre les difficiles minerais de fer et le Galnim (S. « Blanc- Brillant » ; c.-à-d. l’Aluminium). Seule une chaleur à blanc imprègne le cœur des fours. Fondre dans les sections intérieures de la forge réclame le plus grand talent, puisque leur température stupéfiante fondrait le plus dur des minerais en une poignée de secondes. Une fois encore, cependant, les Nains ont adapté les outils pour remplir cette tâche. Les forgerons de la Moria utilisent des louches, des moules, des godets à fusion et des planches à feu en pierre ou en Laen (verre volcanique résistant), afin de contrôler le minerai liquide sans avoir à craindre de perdre leurs instruments. Lorsqu’ils travaillent avec le feu de la terre pendant de longues périodes, ils trouvent le Laen absolument essentiel. Même des outils en pierre pourraient s’amollir ou se montrer inutilisables s’ils étaient exposés à de tels extrêmes, particulièrement durant les longues périodes nécessaires à la fonte correcte du minerai de Mithril.
Forgeage
Le forgeage comme la fonderie, est un métier élaboré dans la Moria. A peu près toutes les techniques utilisées par les hommes et les Elfes sont utilisées ici, ensemble, avec un petit nombre de procédés originaux. Après la fonte du minerai, le métal liquide séparé est extrait sous forme d’un lingot ou d’une feuille. Alors le métal est soit combiné avec d’autres matériaux pour former un alliage, soit rangé sous sa forme pure. Les Naugrim déplacent les piles de métal refroidi au moyen de systèmes de poulies, de traîneaux et de charrettes dont les roues cheminent dans les rainures, jusqu’à des Halls de Stockage grossièrement taillés, où est conservé jusqu’à ce qu’on en ait besoin pour le forger.
Quand les Nains forgent un objet, ils convoient le métal brut jusqu’à l’une des nombreuses zones spécialisées. Ces Halls de Façonnage contiennent les versions réduites des fours plus grands qu’on trouve dans les nombreux Halls de Fonderie de la Moria. Suivant le métal et le type d’objet désiré, les Naugrim choisissent une zone où sont contenus le feu adéquat et les outils idéaux. La plupart do ces Halls de Façonnage tombent dans l’une de ces quatre catégories Travail des Barres. Travail des Fils. Travail des Feuilles ou travail en Moule.
Travail en moule
Parmi ceux-ci, le travail en moule s’accommode le mieux des travaux de routine. De vastes salles contiennent de sept à quarante neuf forges à feu de charbon qui sont arrangées en bancs. Les lingots sont roulés dans ses Halls et, alors, jetés pêle-mêle dans de grands creusets dans les chambres intérieures du four. Tandis qu’il est toujours dans le feu central, le métal liquide est versé dans le moule de pierres pré-creusé garni d’argile, qui est alors rapidement transféré dans la chambre de forge suivante pour une brève période. De là, il est déplacé dans les sections du four suivantes, prenant à chaque fois un bain dans un feu quelque peu moins chaud. De cette façon, la température diminue graduellement et l’objet conserve sa solidité. Finalement, l’objet est retiré de la forge et on peut le refroidir dans une série de puits d’eau séparés, chacun plus froid que son prédécesseur, les forgerons, alors, retirent les moules froids, desserrent les colliers et extraient l’objet. Ils nettoient la surface de l’objet en utilisant des outils fins tels des ciseaux et des râpes. Occasionnellement, cela demande un feu léger ou un bain d’acide, mais de tels moyens sont rares. Une fois nettoyé, l’objet est envoyé dans un Hall de Finition pour le travail final.
Travail des feuilles
Le façonnage dans le travail des feuilles entrai ne une procédure différente, partant de feuilles de métal plutôt que de lingots. Ces Halls de fonderie possèdent un petit nombre de larges fours qui contiennent des claies d’acier recouvertes d’argile. Les fines feuilles sont empilées sur les claies, et alors celles-ci sont glissées dans la forge pour un très court instant, juste suffisant pour ramollir le métal. Une fois ressorties, les claies basculent et les feuilles chaudes glissent de celles-ci, une à une, sur des charrettes mobiles équipées d’enclumes courbes. Les forgerons Nains déplacent leurs enclumes pour faire face aux coins de la salle. Chaque niche est la zone de travail d’un artisan, et contient un petit four à trois chambres.
Tandis que les assistants déplacent les enclumes, les forgerons commencent leur travail. Debout sur les charrettes en mouvement, ces artisans talentueux façonnent rapidemment les feuilles malléables sur les courbes des blocs d’acier curvilignes. Ils coupent les feuilles avec des cisailles en acier, et alors les façonnent dans la forme désirée en utilisant une batterie de marteaux étranges. Lorsque la charrette du forgeron atteint sa zone de travail, il a un produit brut. A partir de ce point, les assistants roulent sa charrette dans sa forge personnelle pour une courte période, ramollissant de la sorte le métal. Chaque feuille fine chauffe rapidement, tandis que la charrette lourde est à peine chauffée. Le forgeron continue alors à frapper et à sculpter, ajoutant même d’autres feuilles à l’aide de rivets. Il répétera le procédé jusqu’à ce qu’il obtienne une forme achevée. Alors, l’objet ira au stockage, ou hors de là dans un Hall de Finition pour les derniers détails.
Travail des fils
Le travail des fils produit les fameuses cottes de mailles et filigranes de la Moria. Ici les tâches de façonner le métal et de faire l’objet final sont réunies, donc chaque forgeron de fils est également un artisan raffiné. Ces Nains prennent des feuilles de métal brut et les transforment en rangées de filaments de fils épais. C’est un procédé fastidieux, mais les torons en résultant valent le temps passé. La cotte de mailles Naine est, au total, la meilleure armure lourde d’Endor.
Les forgerons de fils sont assistés par des équipes d’aides talentueux qui entament le procédé en plaçant les feuilles dans de larges et bas fours semblables à ceux qu’on trouve dans le travail des feuilles. Les forges à fils se distinguent cependant d’une certaine façon ; elles sont alvéolées par des déflecteurs rectangulaires. A la différence du travail des feuilles, aucune claie n’entre en jeu, car le métal glisse dans des ouvertures individuelles, sabords étroits de pierre solide surchauffée.
Une fois à l’intérieur, le métal fond et tombe goutte à goutte dans d’étroits et longs canaux sur un plateau récepteur garni d’argile. Les assistants sortent les plateaux selon un horaire établi. Des plaques à tirer huilées sont rapidement abaissées dans le métal liquide ; on permet aux plateaux de refroidir juste assez longtemps pour que ce qui est maintenant des tiges de métal se solidifie, restant pourtant mou et incandescent. A ce stade, les ouvriers placent les plateaux dans des moules en pierre polie et commencent à retirer les plaques à tirer. Cela tend les baguettes de métal au dehors, créant de longs fils.
Quand les fils refroidissent, ils vont sur de nouveaux plateaux couverts d’argile pour être réchauffés. Les torons ramollis sont alors coupés dans des longueurs adaptées à l’objet désiré, et les forgerons les enlèvent. Comme les forgerons des Feuilles, chaque forgeron de Fils possède sa propre zone de travail, bien que ces ateliers soient mieux équipés. Nombre des forgerons de Fils sont des armuriers, tandis que d’autres sont des maitres accomplis des applications et de l’arrangement artistique. Avec une pléthore d’enclumes fines, ils chauffent, frappent et tordent, alternativement, leurs torons jusqu’à ce qu’un produit magnifique soit réalisé.
Travail des barres
Comme la plupart des armures de la Moria naissent du travail des fils, la plupart des armements de la Cité proviennent du travail des Barres. Ici, les longs et lourds lingots, de 7 à 21 livres, sont transformés en lames Naines.
Les forgerons les plus talentueux de la Moria travaillent au façonnage des Barres. Chacun possède sa chambre de travail, qui a comme personnel trois apprentis. Les apprentis sont d’âge et d’expérience variés, et on présume qu’ils forment une hiérarchie. Quand le maître transmet, l’ai né reçoit.
Les deux apprentis les plus jeunes supportent le choc du travail lourd, ils prennent les lingots hors des charrettes arrivant et les placent dans des creusets qui sont insérés dans la plus grande de deux petites forges spécialisées.
Celle-ci, une forge à fusion fermée, comme celles qu’on trouve dans les Halls de Fonderie, est utilisée pour fondre le métal brut. Une fois qu’il a atteint un état liquide, le métal en fusion est versé dans un moule à Barre et laissé à refroidir doucement et à se solidifier au moyen de séries de fours à chambres extérieures et de puits à eau. Les barres chaudes sont alors insérées dans le four ouvert afin de ramollir. Sa chaleur amène le métal à une teinte écarlate rougeoyante, point auquel il est retiré. Alors, l’apprenti le plus âgé le prend en charge. Travaillant sur une grande enclume avec support à barre encastré, il martèle la barre chaude en forme, la frappant afin de comprimer la structure originelle du métal. Comme la barre refroidit et atteint la forme compressée et allongée désirée, elle est réchauffée. La barre ramollie est alors repliée sur elle-même en une série de couches et re-martelée dans sa forme allongée.
Le procédé est répété sept fois. A la fin, le forgeron prend la tête des opérations et une lame est façonnée de la barre ultra-compressée. Sa forme et son degré d’achèvement dépendent de l’arme en fabrication. Les épées par exemple, ont un tranchant émoussé, un plat brut et une longue soie (le cœur de la garde). Les têtes de haches sont plus proches de l’état final, mais il leur manque encore un tranchant aiguisé, et toutes les armes sont sans embellissement. Le forgeron des Barres poursuit et achève sa tâche avec l’aide de fréquents ramollissements et de doux martèlements. En utilisant un groupe de maillets et de marteaux, il va aplanir l’objet, ajoutant des renforts de métal et en aiguisant plus les tranchants. Alors, la lame est emmenée à une pierre ronde en mouvement, une roue aiguisant et polissant le métal qui tourne en pompant sur un mécanisme à pédale. Avec cet outil, la lame atteint un état achevé, et seuls la gravure, les incrustations et le travail de la garde restent à faire. Comme le forgeron des barres est un artisan qui termine son propre travail, il effectue ces besognes tout aussi bien. Des incrustations en fil d’argent et des gravures de runes ornent le produit final, ainsi qu’une garde de tissu et de fil torsadé. Le résultat est soit un chef d’œuvre digne de la Moria, soit une pièce qui est retournée pour être refaite.
Forgeage à froid
Khazad-dûm est le domicile d’une technique encore autre de forgeage, une technique unique et pleine d’enchantements. Morgevil fut convié à assister à la mise en œuvre de ce procédé et mentionna sa visite aux forgerons à froid de la Moria dans une lettre datée du 14 Gwaeron 1560 :
« Mon guide Buri est aveugle d’un Œil, mais n’a pas de difficulté à descendre les étroites Spirales de l’Escalier de granite qui mène vers le bas aux ateliers à Froid. Pour ma part, j’ai toujours été effrayé par les Marches d’accès dans la Moria, car elles ne possèdent pas de garde-fous et s’élancent occasionnellement à travers d’énormes Cavernes ouvertes. Même les courants d’air à travers les puits de ventilation ressemblent à des tempêtes quand vous parcourez ces escaliers précaires.
La septième volée de marches Naines s’achève à environ vingt et un mètres au-dessus du sol d’une caverne de glace excessivement froide. Ici, le chemin s’infléchit et devient une rampe courbe qui serpente jusqu’à la surface en-dessous. Je ne pouvais m’expliquer le Froid, et j’attendais une ouverture sur le rude hiver extérieur, mais je fus vite détrompé. Le sol incliné de la caverne est en réalité le sommet d’un immense Glacier souterrain qui s’étend à travers les profondeurs septentrionales du pic d’argent.
Une chaussée surélevée enjambe le glacier et se fraie un chemin par une ouverture dans le mur, à peu près 30 m du versant inférieur de la rampe et 60 m au dessus de la base de l’escalier en spirale. Des Lumières Dansantes disposées parmi les gigantesques glaçons et les abasourdissantes colonnes de glace ajoutent un air elfique à la chambre ; cependant la Scène redevient rapidement une scène familière de la Moria. Après avoir passé le pont-levis, et la porte qui garde l’ouverture, nous entrâmes dans un tunnel faiblement éclairé aux murs lisses et luisant en calcaire. Le Passage s’envola tout droit comme une Flèche dans une autre Caverne de glace (cette fois plus petite).
Les ateliers à froid de la Moria prennent place dans le second hall de glace, parmi les stalagmites extravagantes, et des milliers de saillies qui sont comme des Ecuelles de verre enchanté emplies d’eau gelée. Des Lanternes d’or et des lampes de cristal dans des écrins d’acier ornent les murs et illuminent une collection d’Aires de travail, toutes séparées par de profondes Gorges emplies de glace. Quelles merveilles la Moria contient-elle ? Ici des chœurs de forgerons Nains façonnent leurs produits, tandis que le son d’énormes flûtes naturelles et de tambours résonne au long des murs. Travaillant dans les forges de glace des ateliers à froid, ils créent des objets de pouvoir en utilisant les « flammes gelées » enchantées tirées du bois mystique Helvorn. Le Helvorn provient de vallées secrètes dans les hautes montagnes, et je n’ai aucune idée de comment il a atteint ces profondeurs. Le bois gris-bleuâtre est livré par des tranchées garnies de glace et en glisse dans les halls de stockage situés autour et au-dessus des ateliers à froid. Les ouvriers prennent le bois des glissières et l’enfournent dans de hautes fentes sur les Cotés des Forges à Froid. Alors le Helvorn tombe et l’écorce éclate sous l’impact, exposant à l’air le Cœur magique de l’arbre abattu. Les flammes d’un froid mordant explosent hors du cœur, donnant vie à un feu de froid nouveau.
Les feux de froid de la Moria résident dans les voûtes secrètes de fours aux chambres multiples (tout comme ceux qui soufflent le feu chaud dans les halls de fonderie au-dessus). Ces forges à froid sont cruciales pour le façonnage du Laen enchanté semblable au verre, car le Laen ne fait que devenir plus dur avec la hausse des températures. C’est le froid absolu qui amolli la merveilleuse substance, permettant aux forgerons du Laen de sculpter des Artefacts fabuleusement solides et beaux.
Mon seigneur, j’ai vu ce procédé à l’œuvre, et j’écris à son propos ; cependant, je dois dire que ce que vous lisez ne peut décrire les techniques obsédantes ou les splendides Résultats nés des ateliers à froid. »
Les machines
Les Halls de fonderie étendus et élaborés de la Moria concourent à entrainer dans un tourbillon les outils et les pièces nécessaires à la production de machines ingénieuses. Avec une multitude d’aciers de grande qualité et de métaux spéciaux, ainsi qu’une passion pour les choses mécaniques, les ingénieurs Nains assemblent des appareils qui réduisent le labeur et accomplissent des exploits dont on ne rêve pas ailleurs. Des machines simples comme les poulies, les leviers, les contrepoids, les bobines de cordes de tension, les charrettes à roues, les traineaux, les engrenages et les vis sont choses communes dans la Moria. Des combinaisons de ces mécanismes, souvent des engins très complexes et élaborés, sont déployés où il faut. La plupart sont localisés dans les Mines, les fonderies, les Halls de Finition et dans les Halls des Seigneurs, ou dans des endroits critiques de la défense de Khazad-dûm.
Certains principes figurent les plans d’ingénierie des Naugrim, comme le feraient des machines particulières. Quelques-uns parmi les schémas les plus communs méritent d’être traités, puisqu’ils sont fondamentalement des ouvrages de la Moria.
Poulies (Kh. « Stelikhur ») : Les étages et profondeurs étendus de la Moria couvrent de nombreux niveaux souterrains. Afin de faire circuler les marchandises vers le haut et le bas à travers ses nombreux puits verticaux et à travers les myriades de vides caverneux, les Khazad emploient des poulies. D’une manière générale, ce sont des dispositifs aux nombreux enroulements qu’empruntent une corde solide ou des câbles de fils tressés. Certains sont fixes pour monter ou descendre de grands fardeaux au travers des tubes de lave grossièrement taillés qui unissent les sept Etages et Profondeurs ; d’autres sont des appareils de levage mobiles qui glissent le long des rainures au sol ou sur des charrettes.
De plus, certains passages — notamment les deux halls parallèles à la principale Route Naine qui traverse la Moria — contiennent des voies à poulies horizontales. Ce sont des groupes de poulies, installées en longues lignes et fixées aux plafonds des couloirs. Leurs câbles de connexion sont suspendus par des barres d’acier en L, qui jouent également le rôle des guides pour les marchandises qui font la navette par ce moyen. Le bout des barres supporte de petites roues sur lesquelles le câble court. Quand un fardeau est déplacé, il est emballé ou placé sur une plateforme et ceci, à son tour, est attaché à un crochet uni à la ligne guide. Quand le câble se déplace, la charge qu’il supporte fait de même.

Elévateurs (Kh. « Zurik — lagil ») : Les poulies sont également cruciales pour les quatorze élévateurs principaux de la Moria, Ce sont des cages de 6,30 x 6,30 x 4,20 m équipées de roues dirigées vers l’extérieur situées sur leurs panneaux latéraux. Les roues s’emboitent dans des rainures en fer qui courent le long d’axes lisses et rectangulaires qui connectent les quatorze niveaux de Khazad-dûm. Des câbles gigantesques en acier supportent les cages tandis qu’elles montent ou qu’elles descendent en opposition à d’énormes contrepoids détachables. Des puits parallèles contiennent les poids en roche, chacun de ceux-ci étant équipés d’un anneau en fer qui se loge dans des crochets entrelacés dans les câbles ou scellés dans la base d’autres poids de pierre. Comme ces rocs portent leur masse gravée, ils peuvent être jaugés et utilisés pour contrebalancer les charges dans les cages. Les ouvriers attachent simplement le poids approprié de façon à ce que la masse de l’élévateur excède de 210 livres celle du contrepoids. Alors ils utilisent un treuil et une poulie guide pour faire monter ou descendre la cage.

Wagon de Feu (Kh. « Niulogad ») : En dehors de la Perceuse à Minerai, le Wagon de Feu est la machine préférée des mineurs. Ce sont en vérité des fourneaux à charbon en fer mobiles, équipés de sabords à flammes et de soufflets intégrés. Les mineurs roulent les Wagons de Feu jusqu’à des murs de roche compacte, et attisent les braises avec un ou plusieurs soufflets spéciaux. Les flammes surgissent des sabords et lèchent la surface de pierre, chauffant ainsi la roche. Une fois chaude, la pierre est aspergée d’eau froide, et le brusque changement de température fêle le mur. Cela simplifie la besogne d’ameublir la terre dure dans les mines de la Moria. Alors les Perceuses à Minerai et les travailleurs, avec leurs pics, piochent prudemment la pierre répandue riche en minerai. Une variante du Wagon de Feu sert de fourneau de forge mobile.
Roues Hydrauliques (Kh. « Thronustul — Throda ») : Comme le feu, l’eau est une grande source naturelle d’énergie, et les Naugrim tirent une grande partie de sa force. Les Roues Hydrauliques Naines alimentent en énergie les Foreuses de Roche, les Perceuses à Minerai, les Moulins à Blé, les Mécanismes de Pièges, les Ponts Tournants et un grand assemblage de machines plus petites. En utilisant les sources d’eau locales, elles apportent l’énergie aux régions les plus reculées de la Moria.
Des canalisations pour l’eau, en pierre ou en cuivre, courent à travers la Moria. La plupart détournent des cours d’eau souterrains afin de contrôler à la fois le débit et l’orientation de l’eau. Des Roues Hydrauliques permanentes en cuivre et en étain, certaines atteignant 21 m de diamètre, enjambent les plus grandes chutes et les plus grands canaux. Des conduites plus petites ont des équipements standards qui permettent à des roues et engrenages de porter l’énergie dans des régions plus isolées ou confinées.
Les ouvrages du Pouvoir
Même sans les richesses mécaniques, la Moria est riche d’une légion d’ouvrages enchantés ou magiques, les choses du Pouvoir. Les Naugrim de la Moria ne font pas de purs Mages, mais beaucoup sont doués d’un choix de sorts et d’incantations utilisant les voies du Pouvoir. Maîtres en Alchimie ou en Pouvoir de manipuler les choses inanimées, ces Nains sont souvent des ingénieurs ou des forgerons qui sont capables de façonner des objets de prix avec des propriétés mystiques ou particulières. De tels objets accomplissent des besognes miraculeuses ou ont des qualités intensifiées, Ils sont par conséquent révérés, et leurs créateurs se voient accorder un statut élevé dans la société, fondée sur l’artisanat, de la Moria. Ce qui suit sont certains des ouvrages prédominants ou prééminents.
Pierres-lumière

Même les rudes Naugrim ont parfois besoin de lumière, si ce n’est pour d’autre raison que d’élever les esprits et d’illuminer les grandes envolées de leurs chambres majestueuses. Les lampes et les lanternes fournissent la plus grande part de l’éclairage de la Moria, mais les Nains préfèrent des éclairages moins typiques dans leurs halls et passages consacrés. Dans les temples, les halls monumentaux, les tombes, les Halls des Seigneurs et les couloirs de défense, des gemmes rougeoyantes indiquent le chemin ou dissipent les ténèbres.
Les Pierres-Lumière sont des joyaux magiques transparents qui possèdent un leu » intérieur enchanté. Cette lueur brûlante » se trouve dans le cœur de la gemme et est colorée par la teinte de son réceptacle. Des rayons de différentes couleurs se croisant se mélangent pour former d’autres nuances, ainsi, en choisissant les combinaisons appropriées de Pierres-Lumière et en les arrangeant avec soin, les Nains peuvent rendre à peu près n’importe quel effet recherché. De plus, les plus grands joyaux donnent généralement une lumière plus forte et peuvent contrebalancer ou dominer leurs compagnons plus petits.
La vie d’une Pierre-Lumière est subordonnée aux talents et au pouvoir de son créateur. Quelques Maitres Artisans sont capables d’enchanter des gemmes qui brilleront pendant des décennies, voire des générations ; cependant la plupart s’obscurcissent et expirent graduellement après quelques années.
Gardiens-dans-la-pierre
Une autre collection, plus petite, de rochers magiques est fixée dans des sites choisis à travers la Moria, particulièrement aux chemins d’entrée ou escaliers spéciaux, ou dans des tunnels privés. Appelés « Gardiens-dans-la-Pierre » (ou simplement « Gardiens »), ces statues magnifiquement sculptées ont des yeux semblables à du verre incrusté. Chacune est une création individualisée inspirée d’une bête effrayante ou hideuse tirée de l’histoire ou de la tradition. En tant que telles, elles ont une attitude saisissante ou même terrifiante, cependant elles demeurent de superbes pièces d’artisanat, dons de l’habile et douce sculpture Naine.
La plupart des Gardiens sont tirés de l’albâtre, du marbre, du porphyre ou de l’onyx, mais certains sont sculptés en pierre plus dure, comme le granite ou le basalte. Parfois, leur taille ou leur forme détermine le matériau utilisé par le tailleur de pierre, car ils vont de quelques kilos à plusieurs tonnes et peuvent inclure de délicates excroissances. En général, ils sont tous d’une matière homogène ; seuls leurs yeux font exception. Le Laen ou des gemmes lisses et polies composent les yeux incrustés.
Bien sûr, ce sont les yeux qui perçoivent les choses, et ceux installés sur les gardiens ont exactement ce but. Où qu’ils se tiennent, ils font attention à tous ceux qui croisent leur regard. Le « regard » d’un Gardien combine une incroyable infravision à un système de localisation des sons similaires au radar qu’emploient les chauves-souris et les Faucons-Echos. Alors, ils agissent en accord avec leur fonction. Quelques-uns ont les yeux qui s’éclairent violemment pour prévenir la garnison de la Moria ou aveugler les intrus ; d’autres prennent leur souffle et émettent des sons semblables à des cors graves ou à des sons stridents de flûte ; d’autres encore bougent pour barrer le passage ou pour repousser l’imprudent. Cette dernière forme de Gardiens ne rampe ni ne se déplace comme un animal ; il glisse plutôt sur un rail ou monte ou descend comme une partie d’une colonne à contrepoids. Souvent, la colonne ou le pilier en dessous de la statue contient la porte d’entrée ou la voie d’accès, et le mouvement du Gardien dissimule ou supprime l’accès à travers l’ouverture.
Les gardiens sont, presque évidemment, enchantés. Les incantations Naines charment à la fois la pierre et les yeux en gemmes, un peu comme la magie qui produit les Pierres-Lumière. Plus que tout, cependant, les sorts qui enchantent ces créatures sculptées sont liés aux yeux. Supprimer les yeux en gemmes revient à aveugler le Gardien et à geler son Esprit.
Cet Esprit magique ressemble au Pouvoir lié par les sorts qui habite les « Deux-Gardiens » qui protègent la Tour de Cirith Ungol. Bien sûr, les Gardiens de la Moria sont plus faibles, mais leurs Esprits se manifestent de façons différentes. Même les Gardiens mobiles, toutefois, sont limités à une fonction précise. Ils ne ressemblent pas à la pierre vraiment animée des Gardiens de Pierre (Pûkel) des Woses.
Symboles nains
Les Symboles Nains sont en réalité des sorts implantés dans des objets (habituellement, des boucliers). Ces sorts sont activés (lancés) en lisant une inscription en Khuzdul à la surface de l’objet. De tels sorts sont d’ordinaire utilisables 7 fois par jour. Chacune des Sentinelles Mystiques et leurs chefs ont au moins un Symbole Nain sur la face intérieure de leur bouclier. Les Symboles standards comprennent :
- « Lumière Soudaine » avec l’effet se faisant sentir en face du bouclier ;
- « Soulagement d’Etourdissement III » pour tous dans un rayon de 4 m ;
- « Bénédiction » dans un rayon de 4 m ;
- « Prière » ;
- « Résistance » ;
et de nombreux autres sorts similaires du Royaume de la Théurgie.
Clés runiques

De façon occasionnelle, les Gardiens enchantés gardent des portes. Ces Portes Naines sont, à leur tour, fréquemment enchantées elles-mêmes et ne s’ouvrent que d’une manière spéciale. Des mots ou des phrases en gardent quelques-unes, tandis que d’autres ne cèdent que devant certaines personnes spécifiques. La majorité, toutefois, nécessitent des clés et, parmi celles-ci, les Clés Runiques sont les plus uniques et fascinantes.
Les Clés Runiques sont presque toujours des plaques métalliques faites d’alliage de Mithril ou d’acier fin. Les serruriers leur donnent souvent la forme d’anneaux à face plate ou de plaques munies de boutons ou de poignées, mais quelques-unes ressemblent à des fers à marquer. Des symboles magiques — des runes chargées de sortilèges tirées des Angerthas Moria — ornent le plat de la Clé Runique, comme un bas-relief ou une marque sculptée. Le symbole est une version inversée de sa contrepartie, qui est sculptée dans quelques murs ou portes Naines. Lorsque la Rune en relief ou la marque s’adapte étroitement dans l’entaille sculptée, elle défait ou décode la serrure magique qui protège la Porte Naine des intrusions.
Fichiers
Pour les fichiers .markdown, préférer un clic droit et sélectionner
« Enregistrer le lien sous... »