02 · Vue d’ensemble de la Moria


Inlas­sables étaient alors les gens de Durin,
Sous les mon­tagnes la musique s’éveillait,
Les har­pistes jouaient de la harpe, les ménes­trels chan­taient,
Et aux portes les trom­pettes son­naient.
Le monde est gris, les mon­tagnes sont vieilles,
Le feu de la forge est d’un froid de cendre,
Nulle harpe n’est pincée, nul mar­teau ne frappe :
Les ténèbres règnent dans les salles de Durin,
L’ombre s’étend sur son tom­beau
En la Moria, à Khazad-dûm.
Mais encore les étoiles noyées appa­raissent
Dans le sombre Lac du Miroir privé de vent,
Là gît sa cou­ronne dans l’eau pro­fonde,
Jusqu’à ce que Durin du som­meil se réveille.

SdA T.1, p. 166 

Pro­fon­dé­ment enfouie dans les entrailles de la partie cen­trale des Monts Bru­meux se tient la Moria, le « Gouffre Noir », grande et gran­diose, sombre et mys­té­rieuse, cachée par sa propre nature et par le pas­sage du temps, cette ancienne Cité sou­ter­raine des Nains demeure une des plus nobles créa­tions des Terres du Milieu. Elle consti­tue un témoi­gnage à la fois de l’honneur et de l’avidité, un sym­bole tou­jours étrange de la lutte contre les Ténèbres qui a tour­menté l’Endor. Ceux qui cherchent à fouler ses che­mins et à exploi­ter ses richesses indi­cibles sentent le pou­voir de sa situa­tion et de son legs, et doivent endu­rer des visions et des frayeurs au-delà de la com­pré­hen­sion. La Moria est à la fois l’incarnation de la beauté et de la mort.

Les Trois Pics

Ici se tient Khazad-dûm (Kh. « Châ­teau-Nain »), le Royaume du plus noble sei­gneur des Sept Tribus des Nains, une Cité sculp­tée de la roche et embel­lie par les plus habiles construc­teurs de leur époque. Au sein de ses cavi­tés, le Peuple de Durin mit au jour des joyaux et des métaux pré­cieux, et décou­vrit le Mithril, le « Vrai-Argent ». Ils construisent des esca­liers jusqu’aux pics tou­chant les étoiles et jusqu’aux pro­fon­deurs incon­nues et ter­ri­fiantes. Ils jetèrent des arches en tra­vers des puits sans fond et des canyons enchan­tés, et façon­nèrent des voûtes dans des grottes plus grandes que nombre de cita­delles.

Désor­mais, ses salles sont sombres et ses bâtis­seurs sont partis. Les majes­tueux niveaux de l’ancien temps demeurent, mais ils sont par­cou­rus par la pré­sence des Orques, Trolls, Loups et autres habi­tants odieux. Des bêtes gardent les pas­sages et s’acharnent sur qui­conque est assez fou pour les affron­ter, tandis que des démons indé­fi­nis rôdent en pro­fon­deur. Les contes parlent d’un Balrog, un « Démon de Puis­sance » qui servit déjà l’Ennemi Noir Mor­goth. La hideuse bête fut libé­rée par inad­ver­tance par les Nains obsé­dés de richesse, pour aus­si­tôt détruire deux Rois Nains et régner sur leur royaume par son hor­reur détes­table et son feu impla­cable. Alors, Khazad-dûm en est venu à être appelé Moria.

Un bref historique

Après la créa­tion d’Arda et de ses conti­nents, Eru (« l’Unique ») décida de peu­pler les Terres du Milieu de ses Enfants. Il choi­sit les Elfes pour être les Pre­miers Nés, et dit à ses ser­vants, les Valar, quel était son plan. C’est pour­quoi ils allèrent pré­pa­rer le monde dans les longues années d’avant la Venue.

Mais Aulë, For­ge­ron des Valar, bouillait d’impatience. Il sou­hai­tait l’éveil en ordre des enfants d’Eru pour leur ensei­gner ses tra­di­tions et son art, et len­te­ment sa pas­sion consuma son esprit. Fina­le­ment. Aulë ne put plus attendre plus long­temps, et il fit secrè­te­ment des Enfants de sa seule concep­tion. Il tira les Sept Pères des Nains de la terre et de la pierre, et les modela selon la vague des­crip­tion qu’avait donnée Eru. Ainsi, il s’écarta du plan d’Eru, car la forme des Enfants n’était pas claire pour Aulë, et les Nains sont nés comme ils sont main­te­nant : petits et bien bâtis, forts et inflexibles, farouches et orgueilleux. L’Unique n’est jamais trompé, et Aulë ne put long­temps cacher l’œuvre de ses mains. Quand les Pères des Nains s’éveillèrent, et qu’Aulë com­mença à leur donner la parole. Eru lui parla et lui rap­pela que les Valar n’étaient pas des­ti­nés à créer. Les choses que fait un Vala sont une partie de la des­ti­na­tion d’un Vala, et ils ne peuvent agir ou penser en dehors de l’esprit de leur créa­teur ; ainsi les Nains furent liés à Aulë. Le For­ge­ron n’avait jamais désiré une telle suze­rai­neté, ni sou­haité déplaire à Eru, et il recon­nut sa folie et se repen­tit.

Comme repen­tir, Aulë offrit de détruire ses propres créa­tions, mais Eru accepta les Nains dans la forme où ils avaient été faits, comme ses propres Enfants. L’Unique leur donna la vie et la volonté, et alors il plon­gea les Sept Pères, dans un pro­fond som­meil dans les cavernes où ils avaient été conçus. Là, ils repo­sèrent, pro­fon­dé­ment au cœur des mon­tagnes des Terres du Milieu, atten­dant leur temps. Bien que les Elfes vinrent plus tard, ils furent quand même les Pre­miers Nés.

La fondation de Khazad-dûm

Ainsi, des années après la nais­sance des Elfes, les Sept Pères se réveillèrent et ils s’avancèrent dans le monde avec leurs Sept Familles. Ils com­men­cèrent à explo­rer leur nou­veau pays, trou­vant de belles choses. Durant ces errances, beau­coup de Tribus choi­sirent de s’établir dans des lieux pro­di­gieux à l’intérieur des hau­teurs des Terres du Milieu, tandis que les autres voya­geaient à la recherche de plus grands dons. Quoiqu’ils soient une race sans grâce phy­sique, les Nains ont tou­jours l’œil pour les choses splen­dides et magni­fiques, et cette pas­sion les condui­sit à cher­cher de nou­velles richesses.

Ainsi les Familles prirent leur propre voie. Les Sept Rois Nains se que­rel­lèrent au sujet des ter­ri­toires et des che­mins qu’ils devaient prendre en quête des plus belles places pour rési­der. Des trois tribus qui péné­trèrent à l’intérieur du nord-ouest d’Endor, celle de Durin I (l’Immortel) quitta la route dans les Monts Bru­meux ; les autres se dis­pu­tèrent dans les Mon­tagnes Bleues au-delà d’Eriador, Durin I fut le Pre­mier Père des Nains, et sa Maison est la plus ancienne des Sept. C’est ainsi qu’il était le pre­mier parmi les égaux, quand toutes les Familles étaient réunies. Les trois tribus qui avaient atteint le bord Est des Monts Bru­meux, au début du Pre­mier Âge, sui­virent ses ordres et avan­cèrent loin dans la vallée de la Rivière Cele­brant aux envi­rons du Col du Rubi­corne afin de tra­ver­ser la chaîne. Ayant esca­ladé les ravins escar­pés, ils arri­vèrent aux fraîches chutes de Kibil-Nâla, qui ali­mentent la rivière, et ils cam­pèrent dans le vallon qui entoure la source.

Un matin, Durin se leva et explora la haute vallée, où, sur une saillie pro­té­gée par un bour­re­let de pierre, se trouve un petit lac étroit. En dépit de sa vigueur et du fait que le lac ne fut qu’à quelques cen­taines de mètres au-dessus des chutes. Durin res­sen­tit le besoin de se rafraî­chir et se baissa pour boire dans le lac. La sur­face du lac était comme du verre et son éclat attira son atten­tion. Quand il abaissa ses mains, tou­te­fois, il s’arrêta stu­pé­fait : le reflet ren­voyé par la sur­face brillante des eaux était celui de Durin, mais la « Cou­ronne des Sept Etoiles » cei­gnait sa tête.

Durin consi­déra la vision comme un signe que la vallée était l’endroit d’où il devait diri­ger son royaume. Il retourna au cam­pe­ment et pro­clama qu’il devrait rester ici. Son armée se réunit, et des éclai­reurs furent envoyés dans les hau­teurs et au-dessus de la vallée. Ils trou­vèrent l’entrée d’une grotte sur le flanc de la mon­tagne, au-delà de laquelle se trou­vait un vaste com­plexe de chambres natu­relles extrê­me­ment riches. Durin choi­sit le site pour maison et le nomma Khazad-dûm, le « Châ­teau-Nain ».

La Famille de Durin se rallia autour de son Roi, mais les autres tribus déci­dèrent de pour­suivre leur route. Elles savaient que la richesse de Khazad-dûm ne pou­vait être par­ta­gée éga­le­ment, car ce n’était pas la cou­tume des Nains, ni de vivre confor­ta­ble­ment ensemble entre Familles. Tous, sauf le peuple de Durin, tra­ver­sèrent le Col du Rubi­corne, lais­sant leurs frères en arrière, dans le vallon sacré.

La construction du Château de Durin

Durin appela le lac enchanté Kheled-Zâram, le « Lac-de-Verre » ; le terme Wes­tron (Commun) étant « Étang-Miroir ». Un obé­lisque de pierre fut érigé au point où, le pre­mier, il porta son regard sur la « Cou­ronne de Durin » ; depuis ce jour, quelle que soit l’heure ou la forme que puisse prendre la lumière, chacun a l’occasion de voir les Sept Étoiles dans l’eau. Jusqu’à pré­sent, le visage de qui­conque ne s’est jamais reflété dans l’Étang-Miroir.

Étant donné que la vallée, entou­rant le Lac-de-Verre, est cou­verte d’ombres, par les trois grands pics, Tête-dans-les-Nuages, Rubi­corne et Pic d’Argent, il lui fut donné comme nom Aza­nul­bi­zar, ce qui veut dire « Vallée des Rigoles Sombres » ou « Vallée de la Rigole Sombre ». Durin consi­déra les deux, la vallée et son lac, comme entrée, et la partie la plus orien­tale, de son nou­veau royaume. Les Nains de Durin taillèrent alors des esca­liers tor­tueux le long de la face du Pic d’Argent pour relier la Vallée de la Rigole Sombre à Khazad-dûm. Un porche face à l’Est fut construit au sommet de l’escalier, et une paire d’énormes portes d’acier fut dres­sée pour pro­té­ger les Grandes Portes (Porte Est), alors la seule voie d’accès aux Halls des Nains.

Au fil des ans. Khazad-dûm s’étendit tou­jours plus vers l’Ouest à l’intérieur du Pic d’Argent. Des sup­ports natu­rels de cal­caire, de gra­nite et d’albâtre furent sculp­tés en de mer­veilleuses colonnes ; les chambres et les grottes devinrent de grands halls, cer­tains symé­triques, d’autres dis­sy­mé­triques. Les Nains nive­lèrent des pas­sages sinueux et les gar­nirent avec de la pierre fine­ment taillée. De majes­tueux esca­liers par­cou­rurent le com­plexe, se dérou­lant dans les pro­fon­deurs ou s’étendant en direc­tion des cimes au-dessus. Les arti­sans de Durin pro­dui­sirent des tapis, des ten­tures, des ban­nières, des para­vents dorés pour rendre chaudes les pièces. Des joyaux et des pierres semi-pré­cieuses accen­tuèrent les reliefs et furent incrus­tés dans de gigan­tesques fon­taines cise­lées et d’imposantes sta­tues. Les ingé­nieurs Nains dom­ptèrent les tor­rents sau­vages et les chutes, construi­sant de beaux canaux de pierre pour trans­por­ter l’eau vers les arides éten­dues sou­ter­raines. Des tours fan­tas­tiques et des fenêtres pro­fon­dé­ment taillées recueillirent l’air exté­rieur et accueillirent les rayons du soleil et de la lune. Des marbres poly­chromes et de l’obsidienne noire, sem­blable au verre, ornèrent les murs, et tout le Châ­teau fut empli de la lumière dan­sante d’un mil­lier de lampes de cris­tal.

Les Nains de Belegost et de Nogrod

Pen­dant que le Peuple de Durin tra­vaillait à la créa­tion de Khazad-dûm, les deux tribus, qui avaient conti­nué à tra­vers les Monts Bru­meux, tra­ver­sèrent les éten­dues d’Eriador et fon­dèrent leur propre demeure parmi les pics de l’orientale Ered Luin (S. « Mon­tagnes Bleues »). Elles devinrent des Cités sœurs, car les deux étaient proches de l’Orod Dolmed. Au Nord de la mon­tagne fut construite Bele­gost (S. « Puis­sante For­te­resse »), et les Nains la nom­mèrent Gabil­ga­thol. Nogrod (S. « Demeure des Nains »), ou Tumun­za­har, fut construite un peu plus loin au Sud.

Peu de temps après leur arri­vée, les Nains de Bele­gost ren­con­trèrent les Elfes Sin­da­rin de la région. Ce pre­mier face à face entre les Nains et les Pre­miers Nés fut cir­cons­pect, mais créa un lien entre ceux de Bele­gost et le Roi Thin­gol des Elfes Gris. Le com­merce entre les deux races fleu­rit, et les Nains (que les Elfes nom­maient Nau­grim ou « Peuple Trapu ») devinrent renom­més pour leur tra­vail de la pierre et du métal. Les forges de Bele­gost don­nèrent au monde la pre­mière cotte de mailles, et ses arti­sans creu­sèrent le refuge de Thin­gol à Mene­groth.

Les rela­tions entre les Elfes et les Nains de Nogrod ne furent pas aussi ami­cales, et, en consé­quence, leur com­merce fut très limité. Quoique les for­ge­rons de Nogrod aient sur­passé ceux du Nord (l’exalté Tel­char y com­pris), leurs talents n’excusaient pas leur sans-gêne. Les Nains de Nogrod deman­daient beau­coup trop pour leur superbe tra­vail de l’acier et convoi­taient trop des avan­tages pos­sé­dés par les Elfes.

Mais les dif­fé­rences entre les Elfes et les Nains n’interférèrent pas dans leur alliance contre l’Ennemi Noir Mor­goth. Les armées et l’armurerie des Nains four­nirent un ins­tru­ment dans la lutte contre les Ténèbres ; le sang Nau­grim coula sur do nom­breux champs de bataille, et leur pré­sence permit sou­vent de faire la déci­sion. À la Bataille des Larmes Innom­brables, le Roi Azag­hâl de Bele­gost condui­sit ses guer­riers dans les flammes de l’armée Dra­gons de Mor­goth.

Endur­cis par les feux de la terre et ceux de leurs propres forges — et por­tant des heaumes figu­rant des masques de visages mena­çants —, les Nains résis­tèrent aux assauts des Dra­gons. Azag­hâl fit face à Glau­rung et blessa le Père des Dra­gons, mais la bête tua le Roi. Sa valeur, tou­te­fois, ins­pira les Nains inflexibles, qui, alors, firent s’en retour­ner vers son foyer Glau­rung blessé et sa bande.

L’origine du conflit entre les Nains et les Sindar

Néan­moins, les Nains n’échappèrent pas au Malé­fice de Mor­goth. Nombre d’entre eux suc­com­bèrent à sa mal­veillance et à son avi­dité. De ceux-là, les pires vinrent de Nogrod, des guer­riers et des for­ge­rons Nains qui firent éclore la plus grande partie de la que­relle sem­pi­ter­nelle entre les Sindar et les Nains.

À cause de leur maî­trise abso­lue du tra­vail de l’acier, de la pierre et des gemmes, les for­ge­rons de Nogrod fai­saient des tra­vaux occa­sion­nels pour les Sei­gneurs Elfes. Le col­lier Nau­gla­mir fut la plus grande de ce type de créa­tion, et il fut porté par une suc­ces­sion de Rois Elfes Noldor. Au cours du Pre­mier Âge, il passa néan­moins au roi Thin­gol des Sindar. Thin­gol pos­sé­dait l’un des trois tout-puis­sants Sil­ma­rils (Joyaux du Pou­voir) — dont l’un avait été récu­péré de Mor­goth — et il voulut sertir le Joyau dans le col­lier. Ainsi, il en char­gea les arti­sans de Nogrod, car, en ce temps, nombre de ces for­ge­rons tra­vaillaient et rési­daient dans des quar­tiers sépa­rés à l’intérieur du châ­teau de Thin­gol, Mene­groth, espé­rant qu’ils pour­raient cor­ri­ger leurs propres inten­tions. Convoi­tant l’inestimable Joyau, les Nains assas­si­nèrent Thin­gol et volèrent le bien. Ils furent pour­sui­vis, et tous, sauf deux, furent tués. Les ven­geurs Sindar reprirent le Joyau et le rap­por­tèrent à Mene­groth.

Ceux des Nains qui réchap­pèrent revinrent chez eux en Nogrod, et dirent à leur peuple que leurs com­pa­gnons avaient été mis à mort sur ordre de Thin­gol Sans connais­sance de la vérité et contre l’agrément des Nains de Bele­gost, l’armée de Nogrod s’arma et marcha sur Mene­groth. Ils mirent à sac la for­te­resse des Elfes et s’emparèrent du Sil­ma­ril.

Les Nains de Nogrod retour­nèrent très vite en direc­tion de chez eux, mais des rumeurs de leurs exac­tions fil­trèrent encore plus rapi­de­ment, et une armée d’Elfes, d’Hommes et d’Ents tomba sur eux au gué nommé Sarn Athrad. Les haches des Nains furent sans effet sur la ven­geance de leurs pour­sui­vants cour­rou­cés, et les

Nau­grim furent tous mas­sa­crés. Fina­le­ment, le Sei­gneur de Nogrod fut étendu mort, et le Sil­ma­ril maudit fut jeté dans les flots de la Rivière Ascar. Une paix dif­fi­cile revient mais, depuis ce temps, les Nains et les Sindar ont tou­jours été en dif­fé­rent.

La fuite vers Khazad-dûm

Des années plus tard, Mor­goth fut ren­versé par l’Armée des Valar et le Nord-Ouest des Terres du Milieu détruit. Ce désastre s’abattit sur ces peuples alors que la cata­clys­mique Grande Bataille avait exigé beau­coup de ce pays. La plus grande partie de Bele­riand sombra dans la mer ; trem­ble­ments de terre et incen­dies détrui­sirent Nogrod et Bele­gost. Les Nains sur­vi­vants fuirent vers l’Ouest à l’intérieur d’Eriador et com­men­cèrent à errer. Fina­le­ment, ils rejoi­gnirent le Peuple de Durin à Khazad-dûm, appor­tant avec eux aussi bien leurs hyp­no­tiques connais­sances que leur haine inflexible des Sindar. Leur arri­vée encom­bra la maison de Durin et mit à l’épreuve le tem­pé­ra­ment de ses habi­tants. Il s’ouvrit un âge de construc­tion et de tra­vail des mines sans égal dans les annales du peuple Nain.

Les années d’or du Deuxième Âge

Les limites de Khazad-dûm s’élargirent régu­liè­re­ment vers le nord et l’ouest pen­dant les sept cent cin­quante pre­mières années du Deuxième Âge. Avec des mar­teaux et des pioches, avec de la féro­cité et du feu ; les Nains abat­tirent chaque obs­tacle et décou­vrirent une richesse en mine­rais en appa­rence sans limite. Alors que les siècles pas­saient, la plu­part de la pierre de la partie supé­rieure du Pic d’Argent fut exploi­tée de quelque manière que ce soit. En tout endroit, les Nains creu­saient impla­ca­ble­ment : la roche était taillée et mode­lée pour être uti­li­sée comme sup­port ; les cavernes et les fis­sures deve­naient des halls et des pas­sages ; les mine­rais tirés du cœur de la terre conte­naient des métaux, aussi bien pré­cieux qu’utiles. La plus grande for­te­resse des Nains deve­nait tou­jours plus grande.

Les Elfes pros­pé­rèrent aussi en ces temps non trou­blés, car ceux qui avaient sur­vécu à la Chute de Mor­goth construi­sirent de nou­veaux royaumes en Lindon (ce qui res­tait de Bele­riand) et dans l’ouest d’Eriador. Les éta­blis­se­ments Noldor com­men­cèrent à ache­ter des matières pre­mières au Peuple de Durin rapi­de­ment après la fin du Pre­mier Âge, et les routes de com­merce naquirent. Les cara­vanes qui trans­por­taient les pro­duits des Nains quit­taient les Grandes Portes de Khazad-dûm et mon­taient la route en esca­lier qui venait de la Vallée de la Rigole Sombre et qui tra­ver­sait le Col du Rubi­corne. Après avoir des­cendu les basses col­lines d’Eregion, elles font route vers l’ouest à tra­vers la plaine sau­vage d’Eriador, pour fina­le­ment atteindre leur des­ti­na­tion, les Col­lines aux Tours ou les Havres Gris. Les Elfes règlent ces char­ge­ments avec de pré­cieux joyaux ou des pro­duits finis. Avec le temps, beau­coup de Noldor (Elfes Pro­fonds) vinrent à l’est sur les contre­forts occi­den­taux des Monts Bru­meux, et beau­coup s’établirent le long des routes du com­merce d’Eregion. Ces Elfes vivaient ami­ca­le­ment avec la Famille de Durin, car aucune ani­mo­sité n’existait entre les Noldor et les Nau­grim. Le com­merce aug­menta, pous­sant tou­jours plus les mines des Nains.

La Découverte du Mithril

Vers 2A 700, les ingé­nieurs Nains éten­dirent leurs mines de fer et d’argent vers la face nord du Pic d’Argent, et décou­vrirent une veine d’un tout nou­veau métal. Il pou­vait pro­duire des alliages plus durs, plus légers et plus forts que l’acier, et de plus il était aussi mal­léable que le cuivre. Ils l’appelèrent Vrai-Argent, ou « Mithril » (S. « Brillance Grise ») dans la langue des Elfes, car il lui­sait d’une lumière qui ne se ter­nis­sait pas, ni ne s’affaiblissait quand on l’avait tra­vaillé. Aucun métal ne pos­sé­dait ses pro­prié­tés com­bi­nées, la force et la beauté, ni n’inspirait une telle demande. Les Nains, déjà riches de Khazad-dûm devinrent encore plus opu­lents.

La décou­verte du Mithril occa­sionna une migra­tion des Noldor vers Ere­gion. Venant à la recherche de nou­veaux maté­riaux pour leurs mer­veilleux tra­vaux, ces Elfes s’établirent dans de petites Cités Elfes et construi­sirent une grande ville au confluent des Rivières Siran­non et Glan­duin. Le Mithril exci­tait les insa­tiables curieux que sont les Noldor. Elfes qui riva­li­saient — et sou­vent sur­pas­saient — les Nains dans les arts de tra­vailler le métal. Les joyaux des Noldor étaient pré­cieux et deman­daient les maté­riaux les plus fins. Le Mithril était une matière qu’ils ne pou­vaient igno­rer. Dans la décen­nie de la décou­verte du Mithril, le Peuple de Durin ter­mina une route sou­ter­raine au cœur du Pic d’Argent, qui reliait leur Cité et les mines au royaume Elfe d’Eregion. La porte Ouest de Khazad-dûm fut ouverte, et les mar­chan­dises pour les maga­sins et les forges des Noldor n’avaient plus à voya­ger par la longue route qui fran­chis­sait le Col du Rubi­corne. Khazad-dûm s’étendait d’un côté à l’autre des Monts Bru­meux. Les articles Elfes et les pro­duits Nains cir­cu­laient libre­ment et la Cité des Nains devint connue pour son opu­lente splen­deur crois­sante. C’était vrai­ment un âge d’or.

L’origine du nom « Moria »

En l’an 800 du Deuxième Âge, une menace dans l’amitié entre les Enfants de Durin et le peuple d’Eregion appa­rut. Des Elfes Sindar du Royaume du Roi Thran­duil de Lindon émi­grèrent dans le pays Noldo, et se fixèrent parmi les Elfes Pro­fonds. Venant de l’ouest d’Eriador à la recherche d’un nou­veau royaume, ils appor­taient les vieux sou­ve­nirs de la Dou­leur du Nau­gla­mir, du Sac de Mene­groth, et de la bataille de Sarn Athrad, Comme tous les Nains, le Peuple de Durin n’oubliait pas un droit ou un tort, ou n’abandonnait pas une ran­cune bien nour­rie, et les huit siècles passés depuis la fin du Pre­mier Âge n’avaient pas effacé la sus­pi­cion et la haine entre les Nains et les Sindar.

Les glo­rieux Noldor acce­ptèrent poli­ment le peuple de Thran­duil, mais l’arrivée des Sindar leur aliéna sim­ple­ment les Nains. Les Nau­grim ralen­tirent leur com­merce avec Ere­gion et refu­sèrent de trai­ter avec les Elfes Gris, Pour la pre­mière fois, une dis­pute avec les Noldor devint un pro­blème, et le conflit couva.

Les chefs d’Eregion — notam­ment Cele­brim­bor, Gala­driel et le Sinda Cele­born (mari de Gala­driel) — réa­li­sèrent que l’harmonie avait dis­paru et que, chaque jour, la paix était de plus en plus mena­cée. Ils pres­sèrent Thran­duil de faire partir son peuple d’Eregion et de recher­cher un nou­veau domaine. Leurs mots son­naient vrai, et Thran­duil cher­cha conseil parmi les Sindar. Depuis, le peuple des Elfes Gris est tombé sous le joug des Grands Elfes, plus puis­sants, et ils acce­ptèrent de partir et ainsi aux envi­rons de 2A 850, les Sindar tra­ver­sèrent le Col du Rubi­corne à la recherche d’un nou­veau ter­ri­toire, qu’ils pour­raient s’approprier. (Ils se fixèrent fina­le­ment dans le nord de Mirk­wood.) Avec le départ des Elfes Gris de Thran­duil, les rela­tions entre Khazad-dûm et Ere­gion reprirent, mais elles ne revinrent jamais au stade de l’amitié. Les Nains main­tinrent leurs dis­tances et, quoique leur hos­ti­lité ait entiè­re­ment dis­paru, la sus­pi­cion et les incer­ti­tudes res­tèrent. Les tra­di­tions des Nau­grim n’incluent pas la coopé­ra­tion et la concorde, et le Peuple de Durin tomba trahi par son propre point faible. Depuis ce jour, l’arrivée de Thran­duil fut consi­dé­rée comme un signe de l’allégeance des Noldor, Les Nains n’oublient pas les « périodes sombres ».

Le « Seigneur des Dons » et les Anneaux de Pouvoir

Dans les trois cent cin­quante années qui sui­virent l’époque de l’exode de Thran­duil d’Eregion, aussi bien les Elfes que les Nains conti­nuèrent à bâtir leurs royaumes et à com­mer­cer avec pré­cau­tion, quand le besoin s’en fai­sait sentir. Un équi­libre dif­fi­cile pré­va­lait ; la paix régnait. Alors. Anna­tar, le « Sei­gneur des Dons », appa­rut en Ere­gion. Sage et hon­nête en appa­rence. Anna­tar prê­chait qu’avec son aide, les Noldor pou­vaient bâtir un pays plus magni­fique qu’aucun, où que cela soit. Ses mots sédui­sirent les Grands Elfes, car ils aimaient leur royaume et les Terres du Milieu, mais regret­taient la beauté des Terres Éter­nelles dans l’Ouest le plus loin­tain. Comme les Nains, ils aimaient Aulë et se réjouis­saient dans la créa­tion de choses puis­santes et élé­gantes.

Anna­tar et les sept Anneaux

Anna­tar était versé dans la haute tra­di­tion, et dis­tri­bua des pré­sents stu­pé­fiants aux orfèvres d’Eregion. Les talents des Grands Elfes attei­gnirent des som­mets ines­ti­mables et leur maître, Cele­brim­bor, croyait toutes les paroles du Sei­gneur des Dons. Les sui­vants de Gala­driel et de Cele­born recom­man­dèrent la pru­dence, mais ils ne s’accordèrent pas avec les désirs de leurs frères. Un schisme en résulta, et le peuple de Gala­driel décida de quit­ter Ere­gion et de séjour­ner en Lori­nand (plus tard appe­lée Lórien), à l’est des Monts Bru­meux.

Gala­driel demanda un pas­sage sûr à tra­vers Khazad-dûm, et la Belle Dame fut auto­ri­sée à conduire son peuple par la Route des Nains. Entre-temps, les orfèvres de Cele­brim­bor conti­nuèrent de tra­vailler atten­ti­ve­ment sous la conduite de leur nou­veau pro­fes­seur, et la for­tune d’Eregion fleu­rit. Les dis­si­dents étaient partis avec Gala­driel, et tout allait bien, excepté le fait qu’Annatar était en fait Sauron, le Sei­gneur Téné­breux et le plus haut ser­vant du Mal qu’était Mor­goth.

Fina­le­ment, Sauron per­suada les Noldor d’Eregion de créer les Anneaux de Pou­voir, et les orfèvres tra­vaillèrent de nom­breuses années sous sa conduite. Ils for­gèrent les Neuf Anneaux, puis après les Sept. Dix ans plus tard. Cele­brim­bor acheva les Trois Anneaux des Elfes, fruits de son propre tra­vail, qui pos­sèdent cepen­dant une très grande puis­sance.

Le Don de l’Anneau de Durin

Les Nains regar­daient avec pré­cau­tion ces évé­ne­ments et prê­tèrent atten­tion aux peurs de Gala­driel. Jamais faibles, ils n’aimaient pas et crai­gnaient les choses incon­nues et ils n’avaient guère confiance dans la pré­sence d’Annatar. Des nou­velles de la forge des puis­sants anneaux arri­vèrent au Roi Durin III et donc il envoya des mes­sa­gers à Cele­brim­bor. Le Sei­gneur Elfe appré­cia les besoins de son voisin et désira main­te­nir l’amitié avec les Nau­grim. Ainsi il donna à Durin III le pre­mier et le plus grand des Sept Anneaux.

Le don plut à Sauron, car le Téné­breux pré­voyait de contrô­ler tous ceux qui por­te­raient les Anneaux de Pou­voir et, de cette manière, tous les Peuples Libres des Terres du Milieu. Durin III était Roi de Khazad-dûm, le plus puis­sant des Nains vivants, et Sauron avait soif de la richesse du royaume du Sei­gneur Nain. Le Sei­gneur Téné­breux se retira en Mordor pour ter­mi­ner la tâche de maî­tri­ser les grands Anneaux.

Approxi­ma­ti­ve­ment une dizaine d’années après son retour dans le Noir Pays, Sauron forgea secrè­te­ment l’Anneau Unique dans les feux d’Orodruin (la Mon­tagne du Destin). C’était l’Anneau Sou­ve­rain, né du même savoir qui avait fait les autres et, avec celui-ci, le Téné­breux devint le Sei­gneur des Anneaux. Mais quand il l’eut placé à son doigt, Cele­brim­bor réa­lisa l’état du monde, et ordonna que l’on ne se serve pas des Trois Anneaux. Sauron fut furieux, étant donné que ses arte­facts ne pou­vaient pas com­man­der ceux qui ne les por­taient pas. Pire encore, il se rendit compte qu’il ne pou­vait contrô­ler le Roi Nain, qui por­tait déjà un des Sept. Durin III, comme tous les Nau­grim, était dif­fi­cile à saisir et il ne se soumit pas à sa domi­na­tion.

La Guerre et la Dénomination de « Moria »

Neuf décen­nies pas­sèrent pen­dant les­quelles le Sei­gneur Téné­breux ras­sem­bla son armée et se pré­para à la guerre. Alors, en 2A 1692, ses armées se déver­sèrent de Mordor et tra­ver­sèrent l’Anduin, mar­chant vers l’ouest. Cele­brim­bor réagit en envoyant les Trois Anneaux des Elfes en sûreté en Lindon, ou le Roi Gil-Galad main­te­nait sa vigi­lance. Les ser­vants de Sauron enva­hirent Ere­gion quatre ans plus tard. Aussi bien les Noldor d’Eregion que les Nains de Khazad-dûm se for­ti­fièrent eux-mêmes, mais la ter­reur et la furie de l’assaut sem­blaient ne pou­voir être enrayées. Les guer­riers Nains refu­sèrent de quit­ter l’enceinte pro­tec­trice de leur Cité, pen­dant que les Grands Elfes com­bat­taient les hordes du Sei­gneur Téné­breux à tra­vers les ravins et les col­lines cou­vertes de houx d’Eregion. De jour, les Noldor résis­taient à des vagues d’Hommes impi­toyables ; la nuit les rangs des assaillants étaient rem­plis d’Orques et de Trolls en nombre incal­cu­lable. La horde de Sauron perça le front et dévasta la Cité Elfe d’Ost-in-Edhil. Cher­chant un refuge pour son peuple assiégé, Cele­brim­bor envoya des mes­sa­gers à Durin III.

Le Roi Nain refusa d’ouvrir la Porte Ouest aux Elfes, tout comme il avait refusé ses guer­riers pour la défense d’Eregion. La route pour fuir était fermée, et les Noldor furent mas­sa­crés. Cele­brim­bor com­bat­tit jusqu’à la fin, mais Sauron et ses Orques le cap­tu­rèrent, le tor­tu­rèrent, et alors exé­cu­tèrent le Maître-Orfèvre. Après avoir mis à sac les tré­sors et les ate­liers de tra­vail de la Maison des Orfèvres Joailliers, le Malé­fique prit les six des Sept res­tants, et l’ensemble des Neuf Anneaux de Pou­voir. L’Eregion gisait dévas­tée, et le Royaume Elfe s’en était allé pour tou­jours. Ses sur­vi­vants, peu nom­breux, fuirent vers le nord à Rhu­daur, où leur chef, Elrond, le fils d’Eärendil fonda le havre appelé Imla­dris (Riven­dell). Le secret des Trois Anneaux Elfes partit avec lui, et Sauron fut privé de sa plus grande récom­pense.

Après une futile pour­suite de la com­pa­gnie d’Elrond, les forces du Sei­gneur Téné­breux se tour­nèrent vers une armée com­po­sée des Nains de Durin et d’Elfes de la Lórien. La Horde Malé­fique gagna et attei­gnit la Porte Ouest de Khazad-dûm, mais une fois de plus, elle était close. La foule de Sauron fit demi-tour et rava­gea tout Eria­dor. Un an plus tard, la pire peur du Sei­gneur des Anneaux devint réelle. Après un délai de cinq ans, une armée de Númenó­réens sta­tionna aux Havres Gris et assura avec succès une défense de Lindon. Alors, les Númenó­réens voguèrent vers le sud et jetèrent l’ancre à Lond Daer à l’embouchure de la Rivière Gwathló. Une série de batailles suivit et les Grands Hommes de Núme­nor — alliés aux guer­riers de Gil-Galad, de Lindon, et à ceux de Gala­driel, de la Lórien — chas­sèrent les ser­vants de Sauron en dehors d’Eriador. Les Terres du Milieu jouirent de la paix, par la suite, pen­dant quatre cents ans.

Les légendes disent que Durin III était quelque peu affecté par son Anneau de Pou­voir quand il rejeta les défen­seurs de Cele­brim­bor. Des peurs non fon­dées d’avoir à par­ta­ger la richesse de Khazad-dûm semblent être appa­rues, avec ou sans l’aide de Sauron. Les his­toires des Nains disent de toute façon que le Roi Nain agit sans consul­ter son peuple, sachant que la défense d’Eregion était infruc­tueuse et que la Cité des Nains était trop en danger pour ris­quer d’ouvrir ses portes. Une émi­gra­tion chao­tique d’Elfes fuyants aurait pu appor­ter le mal­heur. De toute façon, Durin III n’accorda pas son aide quand le besoin s’en fit cruel­le­ment sentir, et les Elfes ne lui par­don­nèrent jamais, ni à son peuple. Depuis ce jour, nombre de peuples Elfes por­tèrent une haine tenace au Peuple de Durin. (Seuls les Elfes de Lórien, sui­vants de Gala­driel, main­tinrent une amitié avec les Nains.) Dès lors, les autres appe­lèrent Khazad-dûm « Moria », le « Gouffre Noir ».

La fuite des Nains

Quoique la fin de la Guerre entre les Elfes et Sauron conclue une ère de tumultes, les Nains gar­dèrent le sou­ve­nir du Deuxième Âge comme des « Années Mau­dites ». Sauron se retira en Mordor, et len­te­ment pansa ses plaies. La tran­quillité régna, mais la mal­veillance du Sei­gneur Téné­breux se dis­si­mu­lait tou­jours. En dépit de son repos, le Malé­fique toucha les Nains rapi­de­ment après sa retraite d’Eriador. La force directe ayant échoué, il décida d’appliquer d’autres moyens de contrôle. Des agents appor­tant six des Sept Anneaux de Pou­voir res­tants vinrent trou­ver les Rois Nains sui­vants de Durin. Sauron espé­rait que les Anneaux lui per­met­traient de com­man­der les Nains, mais les Sei­gneurs Nains, comme Durin III, ne se sou­mirent pas à la volonté du Détesté. Une fois de plus les Khazad firent échouer les plans du Noir Ser­vant. Ainsi fait, tous les Nains acquirent la haine immor­telle du Sei­gneur des Anneaux. Sauron fut furieux et maudit toute la race des Nains, déci­dant qu’un sort spé­cial ferait s’écrouler les Nau­grim.

Le Destin des Sept Anneaux des Nains

La malé­dic­tion s’étendit len­te­ment, insi­dieu­se­ment, mais effi­ca­ce­ment. Les réso­lu­tions des Nains empê­chèrent Sauron de domi­ner les Sept Tribus, mais les Anneaux du Pou­voir exci­taient tou­jours les plus grands désirs des Rois Nains. Avec le temps, leur fas­ci­na­tion face à l’habileté et aux choses pré­cieuses devint une insa­tiable obses­sion qui gran­dit en une avi­dité d’or, d’argent et de joyaux. Les objets de richesse et de puis­sance devinrent le centre de la vie des Nains, et ceux qui refu­saient que les Nau­grim recherchent l’opulence devinrent leurs enne­mis. Nombre d’entre eux creu­sèrent plus pro­fond dans la terre, pen­dant que d’autres aban­don­nèrent leurs foyers à la recherche de tré­sors plus grands. De plus en plus, les Nains se bat­taient avec leurs voi­sins et se que­rel­laient entre eux. Durant cette époque, les Sei­gneurs Nains por­tèrent les Anneaux jusqu’à leur mort, ayant besoin d’eux pour toutes choses, car sans eux tout sem­blait pâle et sans valeur.

Les Nains demeu­rèrent pré­oc­cu­pés d’un bout à l’autre du reste des Années Mau­dites, et c’est ainsi que les des­seins de Sauron furent servis. Pen­dant que les Elfes et les Hommes lut­taient contre les Ténèbres de Sauron, les armées des Nains mar­chaient dans des pays éloi­gnés à la recherche de nou­veaux tré­sors. Les évé­ne­ments du monde se pas­saient loin d’eux. Núme­nor colo­nisa et conquit de vastes ter­ri­toires dans les Terres du Milieu, seule­ment pour tomber dans les machi­na­tions du Téné­breux. Le conti­nent des Grands Hommes périt, trahi par l’orgueil et sub­mergé par la Grande Mer d’Eru. Cepen­dant ses Fidèles fils sur­vé­curent et construi­sirent dans les Terres du Milieu les Royaumes d’Arnor et de Gondor. De plus, ils s’allièrent avec les Elfes et anéan­tirent le Sei­gneur des Anneaux, ter­mi­nant de cette manière le Deuxième Âge. Nombre de Peuples Libres per­dirent leurs mai­sons et leurs vies, alors qu’au même moment les fiers et orgueilleux Nains accu­mu­laient des richesses et demeu­raient reclus dans leurs halls pro­té­gés. À l’aube du Troi­sième Âge, Endor était de nou­veau en paix.

Mal­heu­reu­se­ment, la bonne for­tune des Nains s’inversa, et une vague de cala­mi­tés frappa les riches Nau­grim. Des bêtes sau­vages, par­ti­cu­liè­re­ment des Dra­gons, bou­le­ver­sèrent et raz­zièrent beau­coup des Tré­sors Nains. La cupi­dité amena davan­tage de luttes intes­tines, et les tribus se tour­nèrent fré­quem­ment les unes contre les autres. Une par une, les Sept Mai­sons des Nains furent rui­nées et abat­tues, au point qu’ils durent prendre la fuite de leurs refuges et com­men­cer à errer. Même les Anneaux de Pou­voir connurent la mau­vaise for­tune, vers le milieu du Troi­sième Âge, car beau­coup furent perdus. Les flammes des Dra­gons en consu­mèrent cer­tains ; d’autres sim­ple­ment dis­pa­rurent.

La Venue du Balrog

Seul le Peuple de Durin échappa aux afflic­tions et aux dépos­ses­sions que connais­saient ses frères. Pro­té­gés par les portes impre­nables de la Moria, ils tra­vaillaient depuis trois mil­lé­naires, creu­sant, sculp­tant et for­ti­fiant leur gran­diose demeure. Les bâtis­seurs com­plé­tèrent et ren­for­cèrent les impo­sants esca­liers et les hautes tours ; les arti­sans taillèrent des halls somp­tueux ; les mineurs creu­sèrent des puits plus loin au nord et à l’ouest, et tou­jours plus pro­fon­dé­ment dans la terre en dessus des trois pics. La Cité com­pre­nait sept Étages et sept Pro­fon­deurs ; ses Mines s’étendaient sur bien plus.

Les Familles de Durin amas­sèrent une richesse dépas­sant l’entendement durant ces longs jours, sur­tout parce qu’ils déte­naient la seule source connue de Mithril sur les Terres du Milieu. La demande pour ce superbe métal aug­men­tait et, grâce à la veine de Mithril, la Moria s’étendit loin au cœur du Rubi­corne. Chaque année, le Mithril deve­nait plus dif­fi­cile à extraire et de ce fait plus cher. Les Nains conti­nuèrent de creu­ser, jusqu’à ce qu’ils libèrent une hor­reur qui vint à eux des mines.

C’était sous le règne de Durin VI que les mineurs Nains tom­bèrent sur une fis­sure natu­relle, un abîme pro­fond qui sem­blait sans fond. À l’intérieur gisait la créa­ture hideuse qui était le Destin de la Moria et le fléau de Durin. La chose hor­rible était un Balrog, un « Démon de Puis­sance » qui avait échappé à la chute de son maître à la fin du Pre­mier Âge et volé pour se mettre en sécu­rité. Caché pro­fon­dé­ment dans un abysse, il avait dis­paru du monde pen­dant plus de 54 siècles.

Une fois décou­vert, le Balrog fit quelques ravages. Il remonta, por­tant un fouet effrayant et une épée de flammes aussi large qu’un homme. Les mineurs Nains furent dans un pre­mier temps lit­té­ra­le­ment para­ly­sés ; mais quand le monstre de feu appro­cha, ils cou­rurent effrayés, seule­ment pour être mas­sa­crés comme des bêtes conduites à la bou­che­rie. Ceux qui sur­vé­curent aver­tirent le Roi Durin VI, et une garde d’élite se mit en route à la ren­contre de l’intrus. Ce brave groupe de guer­riers empê­cha le Balrog d’entrer dans l’intérieur de la Cité, mais ils le firent au prix de leur vie. L’ennemi des Nains fit écla­ter leurs lignes, abat­tit le Roi, et dés­in­té­gra les nobles sui­vants dans une furieuse confla­gra­tion. Quand le feu cessa, les corps des Nains gisaient épar­pillés dans le Hall Baraz.

Nàin I suc­céda à son père comme Roi de la Moria, et mit immé­dia­te­ment en place la défense de la Cité, les Nains étaient déter­mi­nés à venger leurs pertes et à débar­ras­ser le Royaume de la ter­rible créa­ture. Leurs robustes rem­parts et leurs vaillants carac­tères ne furent pas de taille devant le Balrog, car la bête était, de toute façon, un malé­fique, un esprit né avant le temps et pos­sé­dant les dons des Terres Eter­nelles. Quand le démon de Puis­sance dévasta la cita­delle des Nains envi­ron un an plus tard (3 A 1981), il mas­sa­cra Nàin et ses gardes per­son­nels, et écrasa les défen­seurs. Le Peuple de Durin fuit vers l’extérieur par la Porte Est de la Moria, aban­don­nant la Cité sous la cruelle domi­na­tion de Mor­goth.

L’établissement dans la Montagne Solitaire

Conduits par le Roi Thrain I, les Nains en fuite errèrent à tra­vers la vallée de l’Anduin et Rho­va­nion (Pays Sau­vage) pen­dant dix-huit ans avant de trou­ver une nou­velle maison. Ils finirent cette longue période à Erebor, la « Mon­tagne Soli­taire », la source de la Rivière Cel­duin. Dans des cavernes rap­pe­lant celles de la Moria, les Nains creu­sèrent un nouvel éta­blis­se­ment et un com­plexe minier. Erebor se montra un site idéal, car c’était une for­te­resse natu­relle qui ser­vait de source de fer et de gemmes. De plus les Familles de Durin éta­blirent rapi­de­ment des rela­tions com­mer­ciales avec les proches villes des Hommes du Nord. Dale et Esga­roth Auprès du Grand lac. La Tribu sur­vé­cut et s’épanouit, bien que la Cité dans Erebor n’approcha jamais la beauté ou la splen­deur que l’on trou­vait dans la Moria.

La Grande Guerre Entre les Nains et les Orques

Pen­dant que la for­te­resse était construite à Erebor, beau­coup parmi le Peuple de Durin errèrent plus loin vers le Nord et l’Est. Nombre de ces Nains aven­tu­reux cher­chaient des richesses sem­blables à celle de Khazad-dûm et se déses­pé­raient des filons de la Mon­tagne Soli­taire. Ainsi, ils com­men­cèrent à creu­ser des mines dans l’Ered Mithrin (S. « Mon­tagnes Grises »), une région riche en Argent. Les colo­nies des Nains sui­virent rapi­de­ment et, en 3 A 2210, le Roi Thorin déplaça sa maison d’Erebor vers un site dans les Mon­tagnes Grises.

D’autres Nains construi­sirent des mines dans l’est, en par­ti­cu­lier dans les Col­lines de Fer (S. « Emyn Engrin »). Là, ils tra­vaillèrent en paix pen­dant envi­ron quatre cents ans. Alors en 3A 2589, une grande tra­gé­die frappa les Cités des Nains de l’Ered Mithrin. Exci­tés par les constantes exca­va­tions dans les mon­tagnes, des Dra­gons vinrent en direc­tion du sud de la Lande Des­sé­chée des Mon­tagnes Grises et dévas­tèrent tout sur leur chemin. Ils tuèrent le Roi Dàin et chas­sèrent les Nains de leurs cavernes sou­ter­raines. Les Nau­grim s’en allèrent de tous leurs éta­blis­se­ments des mon­tagnes à la fin de l’année sui­vante. Le Roi Thror revint à Erebor avec la plu­part d’entre eux, mais cer­tains émi­grèrent vers la sécu­rité des Col­lines de Fer. Cent quatre-vingts ans plus tard, le Dragon Smaug le Doré vola du sud vers la Mon­tagne Soli­taire. Le grand Dragon rédui­sit Dale en un amas de ruines fumantes et anni­hila une armée de Nains. Les Nains d’Erebor fuirent, et tout le Peuple de Durin se réunit dans Emyn Engrin.

L’Histoire de Thror

Lassé du monde et espé­rant une nou­velle et per­ma­nente maison, le Roi Thror refusa de rester dans les Col­lines de Fer plus de quelques mois. Il prit une petite armée de sui­vants et partit pen­dant vingt ans en expé­di­tion, qui vai­ne­ment lui fit connaître à peu près tous les che­mins de Rho­va­nion. Les explo­ra­teurs bre­douilles allèrent vers le sud et attei­gnirent le Pays de Dun dans le sud-ouest d’Eriador en 3A 2790.

À ce moment. Thror réa­lisa que l’Anneau de Durin l’avait conduit dans une aven­ture folle et que cha­cune de ses pen­sées était consu­mée par les sug­ges­tions de l’Anneau. Le Roi était concerné par la sécu­rité de son peuple et passa l’Anneau des Nains à son plus vigou­reux fils, Thrain II. Quand il fit ce don, il parla comme quelqu’un abattu par le temps et les cir­cons­tances :

« Cela peut déjà prou­ver la fon­da­tion pour vous d’une nou­velle for­tune, quoique cela semble impro­bable. Mais il faut de l’or pour faire de l’or. »
SdA, III.

Peu de temps après. Thror quitta son entou­rage, pre­nant son vieux ser­vi­teur Nar comme seul com­pa­gnon.

La seconde partie du voyage de Thror le condui­sit au nord, puis vers l’est, à tra­vers le Col du Rubi­corne vers la Vallée de la Rigole Sombre. Son objec­tif était la Moria. Vieux, déses­péré, et quelque peu fou, le roi dési­rait retrou­ver et explo­rer la Cité perdue. Plus vrai­sem­bla­ble­ment, il vou­lait jouir de ses mer­veilles.

Le Roi Thror et son Anneau

Quels que fussent ses motifs. Thror ren­con­tra sa fin. Nar vit sa folie et l’abandonna dans sa quête et aver­tit son ami, mais le Roi per­sé­véra et passa les portes ouvertes de la Porte Est. Ce fut la der­nière fois qu’on vit Thror vivant. Le vieux Nar resta dehors et atten­dit plu­sieurs jours, jusqu’à ce qu’un son de trompes et un cri sau­vage le fissent se lever. Ram­pant hors de sa cachette, il vit un corps déca­pité s’écraser sur les esca­liers. Une tête gisait à ses côtés, face contre sol. Le Nain ter­ro­risé grimpa et décou­vrit qu’il s’agissait du corps de Thror et que la tête avait été mar­quée au fer rouge d’une rune signi­fiant « Azog ». Sou­dai­ne­ment, à l’extérieur des ténèbres de l’entrée il perçut la voix du Sei­gneur Orque qui avait tué son Roi. Nar courut.

La Guerre contre Azog et les Orques

La charge de Thrain à Aza­nul­bi­zar

Le vieux Nain rap­porta les nou­velles à Thrain II, et, pen­dant sept jours, le nou­veau Roi resta silen­cieux. Alors le sei­gneur Nain se leva et appela à la guerre pour venger la mort de son père. Les paroles de Thrain par­cou­rurent le pays, mais malgré tout, cela prit trois ans pour ras­sem­bler l’Armée unie des Nains. Quand les armées se réunirent en 3A 2792, cela était le plus grand ras­sem­ble­ment de Nains depuis les Jours Anciens.

La Grande Guerre entre les Nains et les Orques, une étrange et san­glante lutte, fit rage d’un bout à l’autre des Monts Bru­meux pen­dant six longues années. Depuis ce jour, les Nains se déver­sèrent et les Orques se cachaient à leur seule men­tion. Pous­sant le cri de guerre « Azog », les armées des Nains met­taient à sac toutes les tanières Orques qu’ils pou­vaient trou­ver, allant tou­jours plus au sud depuis le col de Cirith Gun­da­bad. Une haine déter­mi­née aiguillon­nait les Nains en direc­tion de la Moria, le domaine de celui qu’ils cher­chaient si amè­re­ment. Là, la pro­gres­sion fut lente, car la plu­part des batailles se pas­saient pro­fon­dé­ment à l’intérieur de la terre. (Bien sûr, les Nau­grim pour­sui­vaient les Orques par­tout où ils pou­vaient les trou­ver.) La tota­lité des tribus Orques fut anéan­tie dans des batailles ran­gées, tandis que les Nains chas­saient les ani­maux à tra­vers le pay­sage de mon­tagnes acci­den­tées.

Dàin Pied-de-Fer tranche la tête d’Azog

Fina­le­ment, par un jour sans soleil dans le noir de l’hiver, les Nains attei­gnirent la Vallée de la Rigole Sombre et firent l’ascension du vallon en direc­tion de la Porte Est. Comme ils appro­chaient, ils virent la horde Orque d’Azog rangée en ordre de combat sur la pente et les esca­liers, mais les Nau­grim pres­sèrent le pas avec un zèle sin­gu­lier. Ils sup­por­tèrent les chants et les pro­jec­tiles lancés sur eux depuis le haut avec mépris et pivo­tèrent pru­dem­ment une fois passé l’Étang-Miroir. Alors, l’armée de Thrain put voir Khazad-dûm et laissa échap­per un cri toni­truant. En sur­nombre, ils plon­gèrent dans la bataille avec une auda­cieuse féro­cité. Les Nains n’en épar­gnèrent aucun ; avec des haches et des pioches, des mar­teaux et des fléaux, ils mois­son­nèrent les Orques comme du blé et inves­tirent la pente en direc­tion des portes. Les heures pas­saient et le mas­sacre conti­nua sans répit jusqu’à ce que, au fait de la déroute des Orques, un jeune Nain du nom de Dàin (Pied-de-Fer) tran­cha la tête d’Azog avec une hache rouge. Ce qui res­tait de l’armée des Orques s’éparpilla, et les Nau­grim pas­sion­nés tra­quèrent la plu­part d’entre eux pen­dant des heures. La Bataille d’Azanulbizar était ter­mi­née. À peine la moitié des Nains avait sur­vécu, mais la Grande Guerre était finie, et le compte de Thror était payé.

La Moria dans les récentes années

Les pertes de la guerre convain­quirent le roi Thrain qu’il avait trop peu de guer­riers pour reprendre la Moria. Avec le Fléau de Durin vivant et atten­dant à l’intérieur, il crai­gnait une autre bataille, donc il décida de ne pas entrer dans la Cité. Comme les nom­breux cadavres excluaient des sépul­tures indi­vi­duelles, les Nains prirent leurs haches pour aller dans les forêts, et ils cou­pèrent des arbres pour des bûchers funé­raires. Ils brû­lèrent leurs morts, ras­sem­blèrent leurs équi­pe­ments, et pour­sui­vant leur propre voie, quit­tèrent la Vallée de la Rigole Sombre à jamais dépouillée de forêts.

Dain ramena nombre des Nains aux Col­lines de Fer, mais les autres se dis­per­sèrent une fois de plus. Thrain ne pou­vait répri­mer son désir d’errer, et retourna avec une com­pa­gnie au Pays de Dun. Peu de temps après, ils tra­ver­sèrent Eria­dor et construi­sirent une nou­velle maison dans l’est des Mon­tagne Bleues, non loin des endroits où se tenaient jadis Nogrod et Bele­gost. Là, les Nains exploi­tèrent le fer et se mul­ti­plièrent len­te­ment.

La perte de l’Anneau de Durin

Mal­heu­reu­se­ment, il n’y avait que peu de richesses dans l’Ered Luin et des pen­sées, sur les mots de Thror concer­nant l’Anneau et son besoin d’or pour faire de l’or, han­taient le Roi. Bien qu’il demeura en exil dans l’Ered Luin jusqu’en 3A 2841, Thrain vit ses vexa­tions et ses inquié­tudes gran­dir. Ses pen­sées devinrent un besoin d’or, et il décida de retour­ner aux halls d’Erebor. Réunis­sant un groupe, il s’aventura vers l’est.

Dés que les aven­tu­riers furent en route, ils ren­con­trèrent la mau­vaise for­tune. Des loups sui­virent leur piste, et des Cre­bains malé­fiques cou­vrirent d’ombre leurs mou­ve­ments. Néan­moins, les aven­tu­riers avan­cèrent rapi­de­ment, tra­ver­sant Eria­dor et les Monts Bru­meux à l’automne, et tra­ver­sèrent la Rivière Anduin quand les feuilles tom­bèrent. Une fois en Rho­va­nion, cepen­dant, leur chance les aban­donna. Les Orques contrèrent toutes leurs ten­ta­tives d’obliquer vers le nord, et les contre­temps se mul­ti­plièrent. Ils errèrent ainsi pen­dant presque quatre ans, quand par une noire nuit plu­vieuse, ils trou­vèrent refuge à la lisière de Mirk­wood. Au lever du jour, les com­pa­gnons de Thrain décou­vrirent que leur Roi était parti.

Les agents de Sauron avaient pris Thrain, pour leur Sei­gneur Téné­breux, qui était alors à Dol Guldur. Le Malé­fique enferma promp­te­ment le Roi dans une prison humide, où il mourut cinq ans plus tard. Juste avant sa mort, le Sei­gneur Nain reçut une visite secrète du Magi­cien Gan­dalf (le Gris), mais, à cette époque. Sauron avait déjà récu­péré l’Anneau de Durin. Ainsi finit le long et noble règne de Thrain II, la der­nière vic­time de la malé­dic­tion de l’Anneau. Son fils Thorin II (Ecu-de-Chêne) fut cou­ronné Roi du Peuple de Durin la même année.

La Quête d’Erebor de Thorin II

Thorin II monta sur le trône en étant un Nain en exil, sans sa propre maison pour sa Famille et sans l’Anneau qui était son héri­tage. Il conti­nua l’œuvre de son père, et les Nains des Mon­tagnes Bleues pros­pé­rèrent, mais il n’oublia jamais la quête de Thrain pour rame­ner à Erebor la lignée de Durin. Thorin était impa­tient de tuer Smaug et de récla­mer les richesses prises à sa Maison.

Les ans pas­saient, et vint le temps où le Roi Thorin retourna faire un séjour dans l’est et où il ren­con­tra par hasard Gan­dalf dans une auberge à Bree. Une union s’en suivit et, en 3A 2942, Thorin mena une com­pa­gnie, com­po­sée de Nains, de Gan­dalf et du Hobbit Bilbo Bag­gins, vers la Mon­tagne Soli­taire. Là, ils entrèrent dans Erebor et déran­gèrent Smaug le dragon dans son som­meil. La bête enra­gée rava­gea la cam­pagne envi­ron­nante, mais fut abat­tue par une flèche quand elle atta­qua la proche Cité du Lac. Mal­heu­reu­se­ment, il ne fut pas accordé de répit à la com­pa­gnie de Thorin après le décès de Smaug, car une troupe d’Elfes marcha sur Erebor avec des vues sur le trésor du Dragon. De plus, Bard le tueur du Dragon leva une autre armée, d’Hommes de la Cité du Lac, dans le même but. Thorin était assiégé dans la Mon­tagne Soli­taire et atten­dait l’aide des Nains des Col­lines de Fer.

Entre temps, une armée d’Orques, de loups et d’Ouargues arriva sur la scène. Conduite par le Sei­gneur Orque Bolg de Gun­da­bad (fils d’Azog), ils com­bat­tirent les armées com­bi­nées des Peuples Libres : les Elfes, les Hommes de Bard, la com­pa­gnie de Thorin et les Nains de Dàin II venus des Col­lines de Fer. Ainsi, à la Bataille des Cinq Armées, les forces alliées vain­quirent la horde de Bolg, avec l’aide des Grands Aigles et de Beorn, Homme du Nord, Chan­geur de Forme. Thorin mourut devant l’entrée d’Erebor, mais son rêve fut réa­lisé. Dàin II fut cou­ronné Roi et la maison du Peuple de Durin fut une fois encore éta­blie dans la Mon­tagne Soli­taire.

Balin et le Retour dans la Moria

La Com­pa­gnie de Thorin com­pre­nait Balin, un guer­rier Nain qui avait accom­pa­gné Thrain dans sa der­nière expé­di­tion. Comme tous les Nains qui avaient sur­vécu à la bataille contre Bolg. Balin était excité au sujet du réta­blis­se­ment d’Erebor, mais son enthou­siasme engen­dra le désir de pour­suivre la recons­truc­tion de la Maison de Durin jusqu’au bout. Balin dési­rait arra­cher la Moria au Balrog. Il prit sa chance en 3A 2989, quand le nou­veau Royaume fut établi et qu’un large nombre de ses Nains acce­ptèrent de le suivre à Khazad-dûm et de bâtir une colo­nie dans les anciens halls. La même année, le groupe de Balin marcha vers le sud en direc­tion de la Vallée de la Rigole Sombre et passa la Porte Est sans ren­con­trer d’opposition. Tout était calme dans la Moria, donc les Nau­grim bien équi­pés s’attaquèrent à la res­tau­ra­tion de la Cité. Ils cou­ron­nèrent Balin Roi de Khazad-dûm — le pre­mier qui ne fut pas aussi Sei­gneur du Peuple de Durin — et éta­blirent une maison per­ma­nente et vigi­lante.

Peu de temps après la fon­da­tion du Royaume de Balin, des Orques, des Trolls et d’autres bêtes se ras­sem­blèrent dans les pro­fon­deurs de la Moria et assaillirent la colo­nie des Nains. Les Nains repous­sèrent l’assaut, mais ce n’était que le com­men­ce­ment : dans les cinq années sui­vantes, la horde malé­fique har­cela les Nau­grim et affai­blit sans arrêt leurs forces. Insi­dieu­se­ment, le nœud cou­lant se res­ser­rait régu­liè­re­ment autour de l’établissement et de plus en plus de créa­tures malé­fiques répon­daient au défi. Un grand Kraken, le « Gar­dien dans l’Eau », remonta la rivière Siran­non et condamna ses flots, créant de cette façon un plan d’eau fer­mant la Porte Ouest de la Moria. Avec chaque mois passé, le Peuple de Balin recu­lait jusqu’à ce qu’en der­nier lieu ils fussent qua­si­ment encer­clés. Leur périlleuse posi­tion devint abso­lu­ment inte­nable peu de temps après.

Pen­dant qu’il était seul et qu’il obser­vait l’Étang-Miroir, le Roi Balin tomba dans une embus­cade et fut tué par les Orques. Bien que sa mort fut vengée, l’assassinat laissa les Nains désem­pa­rés et sans chef. Les Nains har­ce­lés ne virent fina­le­ment aucune solu­tion si ce n’est de faire une sortie. Frap­pant vers l’Est, ils s’efforcèrent d’arriver à la Porte Est, mais ils n’atteignirent jamais leur but. Un vaste ras­sem­ble­ment d’Orques les ren­con­tra juste à l’intérieur de l’entrée et repoussa les Nau­grim après un san­glant accro­chage. Les Nains firent retraite en direc­tion du Nord vers la sainte Chambre des Archives (le Hall de Mazar­bul). Alors que les Nau­grim battus pré­pa­raient la défense finale, la horde Orque frappa. Aucun Nain ne sur­vé­cut. La Moria était deve­nue une fois de plus une pro­vince des Ténèbres.

La Fin du Troisième Âge

Vingt-cinq ans après la der­nière résis­tance de Balin, durant les der­niers mois de la Guerre de l’Anneau (3A 3019), la Com­pa­gnie de l’Anneau entra dans la Moria. Por­tant l’Anneau Unique, ils ten­tèrent de tra­ver­ser en secret le cœur des Monts Bru­meux ; ainsi ils choi­sirent la route des Nains hono­rée par le temps. Leur venue sonna le com­men­ce­ment d’une nou­velle ère pour Khazad-dûm.

L’histoire est bien connue, car elle est enre­gis­trée par Frodon dans le Livre Rouge de la Marche Occi­den­tale. D’Eregion, le groupe passa par la Porte Ouest de la Moria. C’était en hiver, et le manque de pré­ci­pi­ta­tion, joint aux longues années sans excès d’humidité, eut pour consé­quence que le plan d’eau du Gar­dien fut assez bas pour leur per­mettre de se glis­ser sans être réel­le­ment moles­tés. Le Gar­dien frappa sans effi­ca­cité, et la Com­pa­gnie passa par les Portes de Durin.

Bien que noire et rébar­ba­tive, la Moria fut tran­quille pen­dant la pre­mière jour­née et demie du pas­sage de la Com­pa­gnie. Ses gar­diens ne furent pas réveillés par l’intrusion jusqu’à ce qu’un Hobbit incons­cient (Per­egrin Took) jette une pierre dans un gouffre. De nom­breuses heures plus tard, l’alarme sonna dans les pro­fon­deurs en-des­sous, les Orques de la Moria appa­rurent, menés par un grand Troll. La Com­pa­gnie se rendit compte de sa posi­tion lorsqu’ils se tinrent dans la Chambre des Archives, appre­nant le sort de Balin. Les tam­bours Orques les obli­gèrent à fuir au sud, puis à l’est, en direc­tion de la Porte Est. Durant la tra­ver­sée du Pont de Durin, ils ren­con­trèrent le Balrog, et, là. Gan­dalf se tint devant lui pen­dant que les autres s’échappaient par les Grandes Portes et, plus bas, dans la Vallée de la Rigole sombre. Le Magi­cien lutta avec le Fléau de Durin, et le Pont se brisa sous eux. Ils tom­bèrent dans les plus basses Sous-Pro­fon­deurs et se bat­tirent à tra­vers la Moria pen­dant dix jours avant que l’esprit du Balrog — et le corps de Gan­dalf — périsse.

Avec la mort du Balrog, les défen­seurs malé­fiques de la Moria étaient vul­né­rables. Cepen­dant, même après la chute de Sauron, le Peuple de Durin ne fit pas de plans immé­diats pour refon­der le Châ­teau des Nains. Dain II mourut des mains des Orien­taux devant les portes d’Erebor. Bien que la Famille gagna la bataille, la Maison était de nou­veau dimi­nuée. Le nou­veau Roi, Thorin III, décida de ména­ger son peuple. Il réa­lisa que la Moria était un bien fuyant, qui ne pour­rait être gagné que lorsque le Peuple de Durin serait plus fort. Le Sei­gneur Nain jura que, une fois réta­blie, Khazad-dûm ne serait plus jamais aban­don­née.

Chronologie

Cette chro­no­lo­gie retrace l’histoire aussi bien de Khazad-dûm que du Peuple de Durin.

Le Premier Age

Années des Arbres

Années des Étoiles

Années du Soleil et de la Lune

Le Deuxième Âge

Le Troisième Âge


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