04 · La flore et la faune

Tout comme l’Arthedain est la demeure de plu­sieurs cultures dis­tinctes et très dif­fé­rentes qui ne se mélangent que rare­ment, les plantes et la vie sau­vage du Royaume Sep­ten­trio­nal sur­vi­vant des Dúne­dain com­prennent des espèces rares mais mas­sives du Nord aux espèces nom­breuses mais minus­cules dans les maré­cages fétides autour de la Comté. Les plantes sont tout aussi variées, même si cela est moins spec­ta­cu­laire.

4.1 La vie dans le Nord

Dans le Grand Nord, des trou­peaux de grands ongu­lés par­courent la toun­dra brous­sailleuse de Foro­chel à la recherche de nour­ri­ture et d’abri. L’hiver est une saison maigre pour eux, car les plantes dont ils se nouassent — les lichens, les mousses et les courtes herbes pâles — ont une faible valeur nutri­tive. Comme leur masse et leur four­rure conservent la cha­leur de leur corps dans le long et gla­cial hiver, les ani­maux du Nord ont ten­dance à être mas­sifs ; pour­tant ils sont peu nom­breux car la zone de pâtu­rage est juste assez grande. En été, ces ani­maux perdent leurs épais pelages et se gorgent d’herbe et de baies, et boivent aux tor­rents de la région gon­flés par les neiges fon­dantes de l’hiver.

Les rennes (S. « Los­ran­dir ») par­courent les étranges ter­ri­toires sans arbres des régions Sep­ten­trio­nales, leur mufle au vent, humant à la recherche de l’odeur redou­tée d’une meute de Loups. Visions com­munes pour les Los­soth, de grands trou­peaux d’Orignaux, d’Élans et de Cer­vi­dés plus petits par­courent le sol gelé à la recherche de plaques de ver­dure. Plus loin à l’Ouest, des Chèvres gra­vissent et dévalent les contre­forts rocheux des Mon­tagnes Bleues, où la vision la plus rare du Grand Nord — un bos­quet d’arbres à feuilles caduques — peut être offerte, un autre reste de la vaste forêt qui cou­vrait l’Ouest il y a long­temps de cela.

Dans ou près de la Baie de Foro­chel vivent et tra­vaillent des familles de Visons, de Cas­tors, de Phoques et de Loutres, quelques Ours soli­taires et une grande variété de gibiers aqua­tiques. Avec l’arrivée de l’été plein de cou­leurs, un autre invité sai­son­nier, le Mous­tique, fait son appa­ri­tion et empli la Baie de son bour­don­ne­ment. Quand la terre glacée se dégèle, une grande partie des hautes plaines devient un maré­cage idéal pour engen­drer ces insectes voraces. Les légen­daires Mous­tiques Géants de Foro­chel, à qui la rumeur prête la taille d’un Mouton, sont répu­tés avoir emporté des enfants de Los­soth inat­ten­tifs vers des morts épou­van­tables, mais la jus­tesse de telles his­toires exa­gé­rées n’a jamais été démon­trée. Il est cer­tain que la pré­sence de ces créa­tures assoif­fées de sang est une petite raison pour laquelle les espions d’Angmar se risquent à voya­ger dans la Contrée Sep­ten­trio­nale pen­dant le long et sombre hiver. (La viande des bêtes mortes gelées étant mangée fraîche à n’importe quel moment, même un Troll serait d’accord.) De plus, les Ran­gers de l’Arthedain, qui gardent les fron­tières, couvrent une moins grande sur­face lors de l’agonie sous zéro de l’orageux hiver de six mois de Foro­chel. Le plus impor­tant, tou­te­fois, est que le pou­voir du Roi-Sor­cier est le plus puis­sant lors de la saison quasi sans soleil de la neige et de la glace.

En été, quand le soleil brille à tra­vers la brume pen­dant à peine quelques heures par jour, les fou­gères et les baies poussent et four­nissent aux Los­soth res­pec­ti­ve­ment la salade et le des­sert. (« La racine de fou­gère est la base de toute bonne salade », disent les Los­soth.) Les fleurs jaillissent, fleu­rissent, donnent leurs graines et meurent dans une course folle, peut-être par crainte d’une mort de froid lan­guis­sante dans l’obscurité presque sans fin de l’hiver sep­ten­trio­nal.

Les créa­tures qu’on doit craindre le plus — et tout le monde les craint — sont les Loups et, plus rare­ment, les Ouargues et les Trolls des Neiges qui par­courent les Terres Sep­ten­trio­nales à la recherche de proies affai­blies ou impru­dentes. Tout ce qui peut mar­cher, courir, galo­per, ramper ou glis­ser devrait le faire. Ima­gi­nez une meute d’une dou­zaine de Loups Blancs se met­tant sur votre chemin et vous com­men­cez à com­prendre pour­quoi la chasse et la pêche sont des acti­vi­tés de groupe. En géné­ral plus froid est l’hiver, plus affa­més et plus hardis seront les Loups. Et mal­heu­reu­se­ment, depuis la Grande Peste de 1636–37, par­tout dans le Royaume Sep­ten­trio­nal l’hiver est tou­jours plus sévère, long et de plus en plus froid.

4.2 La vie autour du Lac Evendim

On prend conscience, quand on tra­verse la région cen­trale rocheuse de l’Arthedain en direc­tion des sereines col­lines d’Evendim et des pla­cides eaux d’un bleu pro­fond du Nenuial — où jadis se reflé­tait la capi­tale Annú­mi­nas — des ravages dus à l’invasion d’Angmar et au climat hos­tile. Bien que d’une grande super­fi­cie (envi­ron 2300 kilo­mètres carrés), le Nenuial (ou « Lac Even­dim ») voit de moins en moins de canards et d’oies reve­nir chaque année, les forêts qui pro­té­geaient le lac ayant été abat­tues pour la construc­tion d’abris et le chauf­fage. Avec la pré­sence des Hommes du Haut de l’Arthedain der­rière les murailles for­ti­fiées, les bêtes errantes trouvent peu à manger, mais comme le dit le pro­verbe Troll : « On peut chas­ser les oiseaux quand les pâles hommes sont partis ». Les élé­gants jar­dins d’herbes d’Annúminas gisent sous une épaisse couche de pous­sière, les immeubles s’étant écrou­lés sur les champs de superbes fleurs elfiques fleu­ris­sant jadis en un arc-en-ciel de cou­leurs, la terre nue s’étendant brûlée par les torches d’Angmar.

4.3 L’écologie autour de Fornost Erain

Vivante, quand bien même fai­ble­ment, et située plein Est par rap­port aux ruines d’Annúminas, se tient For­nost Erain, la capi­tale spi­ri­tuelle et mili­taire de l’Arthedain, blot­tie aux pieds des anciens Coteaux Sep­ten­trio­naux. For­nost, autre­fois pro­té­gée par des régions fer­tiles, cou­vertes de hêtres et de frênes, ainsi que de majes­tueux chênes et ormes sur les hau­teurs, se tient aujourd’hui expo­sée et, la plu­part du temps, sans défense face aux vents ; seuls quelques groupes d’arbres sur­vivent. Quelques-uns des brillants tré­sors de Númé­nor sont pré­ser­vés à l’intérieur des hauts murs de la cité. Là, des oiseaux Kirinki chantent des chan­sons mélan­co­liques d’inspiration elfique, dans les arbres en fleurs emplis­sant l’air gla­cial de par­fums. Les jar­dins d’herbes, plus petits mais en bon état, pro­duisent le Gale­nas, appré­cié pour sa fra­grance. Ils pro­duisent aussi l’Athelas (« Feuille du Roi »), une herbe cura­tive, aux pou­voirs de gué­ri­son magiques, qui délivre la tête et le corps de tous les maux du moment qu’elle est admi­nis­trée cor­rec­te­ment et à temps. L’Arthedain, pour ce qui est du pain, pro­duit du maïs et d’autres céréales en de telles quan­ti­tés que les sillons semblent s’étirer à perte de vue. Mais l’Oiolairë si bien entre­tenu, un arbre lui­sant à feuillage per­sis­tant et à la douce sen­teur, et les vignes fleu­ries, ori­gi­naires de Númé­nor, sont perdus à jamais.

4.4 L’écologie de la Comté

Dans la Comté, la vie n’est ni si aride, ni si cruelle que dans le Nord, ni non plus si instable qu’à For­nost. Par­tout des groupes de hauts arbres donnent des cou­leurs à cette cam­pagne val­lon­née. D’un bout à l’autre du Nord de la Comté, se déroule un patch­work bien découpé de champs déjà culti­vés. Les brous­sailles mul­ti­co­lores des Coteaux Loin­tains et des Coteaux Blancs dominent la partie occi­den­tale, tandis qu’au Sud des champs de céréales, déli­mi­tés par des haies, se battent pour l’espace. À l’Est de la Comté, dans la vallée, large et acci­den­tée, de la rivière Bran­de­vin, s’étendent des champs de céréales en culture. Des car­rières de pierre gisent là éga­le­ment, aban­don­nées et sans uti­lité. À proxi­mité, des marais, nommés les Marais des Eaux-des-Mou­che­rons, pul­lulent d’insectes, de rep­tiles, d’amphibiens et d’oiseaux de toute sorte.

4.5 La vie dans les Marais des Eaux-des-Moucherons

Nee­ker­bree­kers

Tout juste au Nord-Est de la jonc­tion entre le Chemin Vert et la Grande Route de l’Est se dresse un bois épais s’étendant sur presque 32 kilo­mètres, une forêt petite et dense appe­lée le Bois de Chet, où les renards et les écu­reuils chassent et détalent. À son extré­mité orien­tale, nichée entre la forêt et les Col­lines du Temps, on pénètre dans une terre de maré­cages suin­tante qui aspire les bottes, les Marais des Eaux-des-Mou­che­rons recou­verts de brouillard. Ici, au milieu de l’éventail habi­tuel de créa­tures se trou­vant dans leur élé­ment dans la fange vaseuse et les eaux fétides d’un marais (ser­pents, tor­tues, gre­nouilles, pois­sons, rats-mus­qués, ratons-laveurs et d’autres du même genre) se ras­semble une décon­cer­tante armée de grin­ceurs inces­sants noc­turnes : les insectes appe­lés Nee­ker­bree­kers. Leur cri désa­gréable, affo­lant, sem­blable au cri du cri­quet – « neek-breek, breek-neek » — reten­tit dans la nuit comme un tam­bour dans votre crâne, et il est dif­fi­cile de dormir pour ceux qui sont affu­blés d’une bonne ouïe. Des mouches affa­mées qui mordent, des mou­che­rons abru­tis­sants et de féroces insectes ailés appe­lés Dum­ble­dors dominent les marais en nombre trop impor­tant pour les éviter ; on doit se sou­mettre à eux et fuir. De l’herbe grim­pante drape les arbres comme de vieilles mousses ; des rumeurs par­lant de fan­tômes assoif­fés de sang appe­lés Mew­lips et d’oiseaux cha­ro­gnards connus sous le nom de Gor­crows par­viennent tou­jours aux oreilles des aven­tu­riers assez fous pour poser trop de ques­tions avant de tra­ver­ser les Marais. Les Hob­bits parlent de Hum­me­rhorns, des insectes volants sau­vages des légendes qui peuvent réduire un homme en un corps exsangue en une courte nuit. Mais c’est juste une légende… juste une légende.

Ainsi, il y a beau­coup à voir et à faire, ainsi qu’à éviter, en Arthe­dain. La chasse est bonne dans le Nord, si vous pouvez braver le ter­rain froid, acci­denté et soli­taire ; la pêche est riche et facile dans les rivières et les tor­rents, où de beaux arbres prennent racine dans des terres fer­tiles. Des bou­leaux se dressent soli­taires sur les rives du Bran­de­vin et, loin dans l’Ouest sur le Lhûn, les Hommes des Rivières trouvent un bois superbe pour leurs canoës. Dans l’ensemble, le Royaume Sep­ten­trio­nal est un pays noble et sombre pos­sé­dant une flore et une faune diver­si­fiées. Mais, à moins d’être pour­suivi, vous seriez avisé, voya­geur, d’éviter de vous aven­tu­rer nui­tam­ment dans les Marais des Eaux-des-Mou­che­rons suite à la sinistre chan­son Hobbit :

Autour de vous des wights et des vam­pires volent -

Neek-breek, breek-neek.

Sous vos pieds gisent les sables mou­vants !

Neek-breek, breek-neek !


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