06 · Politique et pouvoir en 3A 1640

Le Royaume d’Arthedain est né dans le cha­grin, les luttes et les jalou­sies fra­tri­cides ; la mort de leur « Royaume-Père », en 3A 861, laisse les états frères d’Arthedain, du Car­do­lan et du Rhu­daur se battre pour la survie et la supré­ma­tie, les condui­sant inexo­ra­ble­ment à leur dimi­nu­tion réci­proque.

6.1 Les guerres contre le Roi-Sorcier d’Angmar

Bien qu’une paix dif­fi­cile et spo­ra­dique régnât entre les trois Royaumes suc­ces­seurs pen­dant plus de quatre cents ans après l’écroulement d’Arnor, les nations se déve­lop­pèrent cha­cune de leur côté et l’équilibre en Eria­dor s’éroda. Puis, avec l’avènement du Royaume-Sor­cier d’Angmar, la résur­gence des Ténèbres du Sei­gneur Téné­breux menaça de consu­mer les trois Royaumes.

L’Ascension du Seigneur des Nazgûl

Le glas du mal­heur sonna pour le Rhu­daur et le Car­do­lan vers 3A 1300, quand, tel un ser­pent dor­mant émer­geant de son trou, le royaume du Roi-Sor­cier dressa sa tête assoif­fée de sang et montra ses crocs. Le Malé­fique avait envoyé ses plus grands ser­vi­teurs pour détruire et avaler les esprits des Hommes du Haut Sep­ten­trio­naux.

Angmar fut consti­tué pour un seul but : le Roi-Sor­cier le fonda pour détruire le trio des Royaumes Dúne­dain Sep­ten­trio­naux, soit un par un, par la four­be­rie et la tri­che­rie, soit par une seule grande vague meur­trière. Au- dessus de toute autre consi­dé­ra­tion, il pen­sait et pense encore réduire en escla­vage ou détruire le peuple Dúne­dain dans sa tota­lité. (Rap­pe­lez-vous que pour Sauron, ins­truc­teur secret du Roi-Sor­cier, vivre bien n’est pas la meilleure revanche ; la revanche est la meilleure revanche !)

En 1300, l’Arthedain se posi­tion­nait comme le frère le plus calme, le plus sage, le plus vieux, essayant de clore les com­bats entre ses deux jeunes frères fou­gueux, sou­hai­tant ne pas à avoir choi­sir de camp. Mais, induit par la per­fi­die du Rhu­daur de sup­por­ter le Car­do­lan contre Angmar, le Roi d’Arthedain, Arge­leb I, tenta un essai futile de plus pour réunir les Royaumes Sep­ten­trio­naux en 1349, récla­mant la sou­ve­rai­neté sur tous les pays qui consti­tuaient jadis Arnor. Le Car­do­lan appa­rais­sait être d’accord, mais les sei­gneurs Hommes des Col­lines du Rhu­daur (secrè­te­ment encou­ra­gés par le Royaume- Sor­cier voisin) atta­quèrent et tuèrent en 1356 Arge­leb, anéan­tis­sant tout espoir d’arriver à un Royaume Sep­ten­trio­nal réuni­fié pour cet Age. L’Arthedain, avec l’aide des Elfes de Lindon et de Riven­dell et les Hommes du Car­do­lan, réus­sit à repous­ser les forces malé­fiques d’Angmar, au prix d’une grande perte en vies, et à rame­ner le pres­tige et la sécu­rité pour un futur sûr et pai­sible. Après 1356, la Cour Royale d’Arthedain, à For­nost Erain, ne fut plus jamais la même. Jadis, à l’image d’un Havre Elfe, un lieu de beauté et de lumière, For­nost devint une cité aux murs glacés par la peur, et elle abrita un sen­ti­ment impré­gnant et jamais oublié de mort et de cha­grin. Ses Pro­phètes com­men­cèrent à dénom­brer les jours de survie de l’Arthedain.

La Grande Invasion de 3A 1409

En 1409, l’Arthedain se dressa, équipé pour la bataille d’armures, de casques, de bou­cliers et d’épées, face aux pré­ten­dants à son anni­hi­la­tion — les sau­vages guer­riers d’Angmar, menés par l’infâme Roi-Sor­cier, génie malé­fique et lan­ceur de sorts. Jamais le danger ne fut plus grand, lors de ces noires heures de cet hiver où l’Arthedain et le Car­do­lan étaient seuls et vul­né­rables. Le Gondor avait ses pré­oc­cu­pa­tions et les Sei­gneurs-Elfes de Lindon n’avaient envoyé aucune troupe au Front. Le Rhu­daur était devenu la proie de la puis­sance et des pro­messes d’Angmar et était tombé sous l’influence des plus bar­bares Hommes des Col­lines, natifs de la région, ren­trés dans une alliance ouverte avec le Roi-Sor­cier. Ceux d’entre eux encore fidèles aux idéaux des Dúne­dain fuirent vers le Car­do­lan ou vers For­nost et s’organisèrent eux-mêmes pour la bataille ou une fuite plus loin­taine car Angmar est un ennemi impla­cable. Plus ter­ri­fiant, le Roi-Sor­cier réunit sous sa ban­nière san­glante non seule­ment les Hommes des Col­lines des Landes d’Etten et les Hommes du Rhu­daur mais aussi des hordes d’Easterlings venus de Rhûn, des bandes de Sep­ten­trio­naux cruels des val­lées de l’Anduin, ainsi que les éter­nels Orques et tou­jours assoif­fés de sang Trolls du Noir Pays. À quelle puis­sante et effrayante armée les Hommes de l’Arthedain et du Car­do­lan devaient faire face !

Pour le Car­do­lan, l’invasion d’Angmar en 1409 fut trop forte et trop rapide. L’Ost du Roi-Sor­cier tra­versa la Rivière Gri­se­source (Hoar­well) (S. « Mithei­thel ») gelée en une vague de feu et d’acier. Englou­tis par une mons­trueuse vague d’horreur, les Hommes défen­dant le Mont Ven­teux furent sub­mer­gés et mas­sa­crés, et la Tour brûlée. Les sur­vi­vants — et il y en eu peu — trou­vèrent refuge dans les Coteaux aux Tumu­lus et dans l’Ancienne Forêt ; le der­nier Prince régnant du Car­do­lan fut tué pen­dant la bataille. Amon Sûl fut à ce moment-là aban­donné à l’ennemi, et seule la cou­ra­geuse mais futile défense des Sen­ti­nelles permit le sau­ve­tage du grand Palantír. L’Arthedain se tenait mûr comme une pêche royale face à une cueillette san­glante. Rapi­de­ment, Annú­mi­nas fut enva­hie et rava­gée, la cité aban­don­née ; la famille royale de l’Arthedain fuit à For­nost Erain sur les Coteaux Sep­ten­trio­naux, où étaient les Palantíri. Cepen­dant, comme tout allait au plus mal, les Elfes de Lindon et de Riven­dell vinrent au secours des Dúne­dain, détour­nant le coup de dague d’Angmar. Avec l’arrêt de la Noire Marée, ils repous­sèrent l’ennemi.

Mais beau­coup fut perdu lors de la bataille de 1409, beau­coup plus que l’orgueil et le pres­tige de l’Arthedain. Le Rhu­daur et le Car­do­lan étaient main­te­nant fer­me­ment sous les ailes noires et cruelles d’Angmar, leurs civi­li­sa­tions détruites, leurs peuples moins nom­breux, dis­per­sés ou en état de choc. L’équilibre du pou­voir dans la région Sep­ten­trio­nale avait été dra­ma­ti­que­ment rompu en faveur de l’effrayant Angmar. Plus tard dans cette année tra­gique, lorsque les Elfes s’en furent retour­nés chez eux et que de nou­velles neiges eurent recou­vert le pays abreuvé de sang, les diri­geants et les guer­riers de l’Arthedain se réunirent à l’intérieur des murs de For­nost pour se refor­mer et, dans une faible mesure, pour recréer la société qu’avait foulé dans la pous­sière les lourdes bottes des ser­vants d’Angmar. Ce fut une tâche dif­fi­cile ; Arve­leg I, Roi de l’Arthedain, gisait mort sur le champ de bataille, parmi les rangs de ses sol­dats. Heu­reu­se­ment, deux Palantíri, ceux d’Annúminas et du Mont Ven­teux, res­taient en sécu­rité dans la Tour Royale de For­nost. Mais les Gar­diens des Pierres de Vision se deman­daient pour com­bien de temps.

Les Guerres Insignifiantes (3A 1410–1640)

Les Quin­zième et Sei­zième Siècles virent l’Arthedain s’accrocher à ce qu’il en res­tait après les guerres de 1356 et de 1409. De fré­quents raids fron­ta­liers et de constantes escar­mouches mar­quèrent ces tristes années, ainsi nommés les « Guerres Insi­gni­fiantes », ser­vant par là à de constant sou­ve­nir du Malé­fique rési­dant dans les terres affa­mées au-delà des défenses peu éten­dues de l’Arthedain. Alors, au tout début du Dix-Sep­tième Siècle, le Roi Arge­leb II — qui, avec les restes affai­blis de son peuple, pou­vait être exposé aux ravages de la Grande Peste de l’Hiver de 1635–36 et des hivers tou­jours plus rigou­reux de For­nost — alluma une petite chan­delle d’espoir : il offrit au peuple Hobbit de Bree une bande fer­tile de terre d’approximativement 40 lieues sur 50 dans l’Arthedain méri­dio­nal ; un beau pays, val­lonné et vert, que les Hob­bits nom­mèrent la Comté. Sans aucun doute, Arge­leb ne se fit pas d’illusion sur la valeur des Hob­bits en tant que sol­dats ; ils sont sim­ple­ment trop petits et pai­sibles pour être de grands guer­riers. (Les gens de l’Arthedain se plaignent entre eux d’avoir à se pen­cher ou à s’agenouiller pour être en mesure d’écouter les petites gens parler). Au lieu de cela, ce qu’Argeleb accom­plit fut de s’assurer que dans le cas où une autre inva­sion vien­drait de l’Est ou du Sud, les Hob­bits pour­raient l’avertir rapi­de­ment. Ainsi, les Mes­sa­gers du Roi s’en allant vers le Gondor ou vers Lindon pour­raient-ils désor­mais comp­ter sur de la nour­ri­ture, un abri et des che­vaux frais dans les mai­sons sûres des Hob­bits le long de la route, car la Grande Route de l’Est coupe, d’une façon pra­tique, la Comté en deux. L’Arthedain pro­fi­te­rait aussi des pro­duits culti­vés par les Hob­bits amou­reux de la nature. Après tout, l’Arthedain épuisé ne montra jamais beau­coup d’intérêt dans la culture des champs, la lais­sant à la classe la plus basse des ouvriers. D’une façon quelque peu para­doxale, l’amour des Dúne­dain pour l’esprit de la terre ne se trans­forma jamais en une affec­tion de la culture du sol sur une échelle appré­ciable et, à la dif­fé­rence des Hob­bits, les Hommes du Haut se moquent de plan­ter et de prendre soin des récoltes ; pour eux, il s’agit d’un tra­vail pour des gens plus simples. La tenue de jar­dins d’herbes, qui néces­site une plus grande tech­nique et apporte des résul­tats magiques, est une chose dif­fé­rente, cepen­dant, chose que les Arthe­dain appré­cient. Ils culti­vaient et uti­li­saient des herbes à Númé­nor et ils le feront tou­jours.

La structure militaire en Arthedain

La défense de l’Arthedain est orga­ni­sée autour de deux struc­tures mili­taires. Le noyau est com­posé d’une très petite Armée Royale (S. « Daga­rim Aran »), tandis que la majo­rité des sol­dats sont tirés des rangs des soixante-trois Armées Nobles (S. « Dege­rim Ereter »). Ensemble, ces forces consti­tuent une armée bien équi­pée et bien expé­ri­men­tée capable de défendre le Royaume Sep­ten­trio­nal de tous sauf des enne­mis les plus enva­his­sants. Dans les temps de calme rela­tif, elles font régner la loi et la paix en témoi­gnant d’une pré­sence constante de l’autorité. Quand un conflit éclate, l’Armée Royale d’élite est la pre­mière à ren­trer en cam­pagne et, dans la plu­part des cas, suffit à rele­ver le défi. Néan­moins, s’il y a une véri­table menace pour le Royaume, le Roi peut en appe­ler à la Noblesse pour four­nir des troupes pour la guerre.

L’armée Royale (Dagarim Aran)

Le Daga­rim Aran est l’armée pro­fes­sion­nelle du Roi, une force de choc qui garde les ter­ri­toires royaux et les cita­delles-clefs. Elle n’obéit qu’au Roi ou à un de ses agents et est constam­ment prête à la guerre. Cepen­dant, bien que petite et à la charge de la Maison du Roi, elle ne dif­fère guère de ses homo­logues pri­vées.

Bien que le Roi soit le com­man­dant suprême de toutes les années, même le Daga­rim Aran est direc­te­ment dirigé par un vassal. Habi­tuel­le­ment, c’est le Prince de la Cou­ronne qui est sélec­tionné comme Sei­gneur Com­man­dant, étant ins­truit dans les arts de la guerre depuis son plus jeune âge. Il super­vise les acti­vi­tés mili­taires jour­na­lières, l’approvisionnement en vivres et sur­veille l’entraînement du régi­ment. Il mène aussi l’Armée Royale dans nombre de cam­pagnes.

Un cercle de Princes et de Che­va­liers aînés (S. « Requain Hail » ou « Rychin Hail ») assiste le Sei­gneur Com­man­dant à la manière d’une équipe, et lui apporte une sou­ve­rai­neté sur un plus grand nombre d’unités d’active, tel un grou­pe­ment d’Armées Nobles. Même en temps de paix, ce Cercle de Guerre (S. « Cor­da­gar ») pro­pose des poli­tiques et des stra­té­gies mili­taires au Conseil du Roi, affec­tant par là-même le futur poli­tique de l’Arthedain.

En des­sous du Cor­da­gar, on trouve une hié­rar­chie d’Arequain ou « Che­va­liers Royaux ». Ces Hommes sont des titu­laires d’une Che­va­le­rie non-héré­di­taire. À la dif­fé­rence d’un Roquen de la Noblesse, un Aro­quen peut-être issu de n’importe quelle classe et doit méri­ter ses cou­leurs. (Cepen­dant, peu sont des non-Dúne­dain). Les Che­va­liers Royaux sont divi­sés en 2 groupes selon leur ancien­neté et leur pairie, chacun d’eux four­nis­sant des chefs inter­mé­diaires. Ceux du groupe le plus âgé com­mandent à neuf de leurs homo­logues plus jeunes. À leur tour, les jeunes Are­quain dirigent une unité de neuf Guer­riers (S. « Ohtari »).

Les Armées Nobles (Degerim Ereter)

La Noblesse de l’Arthedain est issue, la plu­part du temps, des lignées des colons ori­gi­nels Elen­dili, les Fidèles qui fon­dèrent le Royaume. Il y a soixante-trois Mai­sons de Nobles ter­riens (S. « Ereter » ; sing. « Aratar ») et cha­cune pos­sède sa propre année. Quelques-unes, comme les Familles Eketta ou Tanna, ont des forces qui riva­lisent avec celles du Roi, mais la plu­part font confiance à de très petits contin­gents. Dans une bataille, les Dege­rim Ereter sont habi­tuel­le­ment com­bi­nés avec le Daga­rim Aran, for­mant l’année de l’Arthedain. Les Années Nobles extrê­me­ment grandes marchent et manœuvrent sous les ordres de leur propre Aratar, tandis que les plus petites forces sont regrou­pées ensemble et pla­cées sous le com­man­de­ment d’un membre du Cor­da­gar (en géné­ral un Prince).

Les Années Nobles sont néces­sai­re­ment de struc­tures variées. Toutes sont diri­gées par l’Aratar ou son Sei­gneur Com­man­dant dési­gné, et cha­cune se range der­rière le Roquen vassal local de la Noblesse infé­rieure. Ces Che­va­liers emmènent leur propre suite de Com­bat­tants (S. « Rhi­vi­lyr » ; sing. « Rhy­ve­lûr ») qui, avec la Garde du Sei­gneur, forment la horde de Guer­riers de l’armée.

Équipement

Géné­ra­le­ment, tous les guer­riers Arthe­dain, quelles que soient leur allé­geance directe ou leur ori­gine, sont très bien équi­pés. Chaque soldat porte un arc com­po­site, une épée courte (eket), une dague et une arme plus longue. Les cava­liers de l’Armée Royale (un tiers du total) portent une lance de cava­le­rie et une épée longue (anket), tandis qu’un fan­tas­sin uti­lise une lance longue de 1,80 m et une hache. On four­nit à tous un jeu d’outils, un cou­chage en laine et des usten­siles pour l’ordinaire.

L’armure des Arthe­dain est faite en un acier de bonne qua­lité et est parmi les meilleures en Endor. Léger et solide, il est idéal pour les cottes de mailles. Les fan­tas­sins du Roi portent des che­mises de mailles noires avec en sup­plé­ment de solides pro­tec­tions de jambes, tout cela cou­vert de noirs sur­cots ornés du blason des Sept Étoiles du Royaume Sep­ten­trio­nal. Chaque homme d’infanterie uti­lise aussi un bou­clier ovale (75 cm de dia­mètre) ren­forcé d’acier, dont les faces rela­ti­ve­ment rec­ti­lignes per­mettent de les emboî­ter, ce qui est idéal pour consti­tuer des palis­sades de bou­cliers (than­gail). Les cava­liers sont revê­tus de cottes de mailles et portent des bou­cliers ronds de 45 cm de dia­mètre bardés d’acier. Comme leurs com­pa­gnons à pied, ils portent des casques en acier sans visière qui sont conçus pour pro­té­ger le cou et les oreilles et pour s’adapter aux diverses dou­blures néces­saires pour les cam­pagnes sous le climat capri­cieux de l’Arthedain.

Les membres des Années Nobles sont moins uni­for­mé­ment équi­pés, mais la plu­part des forces s’alignent sur ce thème géné­ral. On doit noter, tou­te­fois, que la plu­part des Dege­rim Ereter ne mettent pas en ligne plus d’un cava­lier pour sept fan­tas­sins.

6.2 La politique de guerre (3A 1640)

Pen­dant plus de 200 ans, l’Arthedain a vaillam­ment résisté aux attaques pério­diques et furieuses d’Angmar et à la sub­ver­sion et la tri­che­rie du Rhu­daur frère. La Grande Peste d’il y a quatre hivers a consumé la chair déjà affai­blie et res­treinte du Car­do­lan et il ne reste qu’os et peau et le sou­ve­nir de ce qui fut autre­fois un pays beau et vert. Le Rhu­daur, englouti par Angmar il y a plus de 300 ans, est un autre sou­ve­nir amer pro­fon­dé­ment gravé dans l’âme triste des Dúne­dain.

Donc, l’Arthedain est seul désor­mais, en 1640, sus­pendu dans l’accalmie entre les tem­pêtes, coupé du Gondor, loin dans le Sud, par la dis­tance et le com­por­te­ment. Le Roi Arge­leb II, qui a détenu le Sceptre d’Annúminas pen­dant cin­quante ans, est en contact avec ses parents les plus humains et les plus bel­li­queux en Gondor, mais ils affrontent Sauron dans un combat au face-à-face mortel de volonté et de puis­sance et ne pour­rait offrir qu’une petite assis­tance assez rapi­de­ment pour aider l’Arthedain dure­ment tour­menté, si jamais Angmar devait atta­quer à nou­veau. À l’Ouest, les Elfes de Lindon, parmi les­quels nom­breux sont ceux qui ont com­battu pour repous­ser les hordes avides de sang qui mena­çaient d’envahir tout le Royaume Sep­ten­trio­nal en 1409, tournent désor­mais leurs regards las vers l’Ouest en direc­tion de la Mer.

Ainsi la Noblesse et les Mili­taires de l’Arthedain sont anxieux à l’intérieur des for­ti­fi­ca­tions de For­nost, aban­don­nés par le Rhu­daur traître, hantés par le fan­tôme qui fut autre­fois le vert et beau Car­do­lan, et mena­cés par les hordes gran­dis­santes de l’avide Angmar. Entre For­nost et les Col­lines aux Tours se trouvent les vil­lages et des avant-postes mili­taires, isolés, épar­pillés, mais aucun centre de popu­la­tion ou de culture. En regar­dant vers l’Ouest, les meilleurs amis de l’Arthedain, les Elfes de Lindon, ont tourné leurs regards vers la Mer et vers la terre natale qui les attend. En Arthe­dain, il n’y a désor­mais rien à faire hormis s’occuper des pré­pa­ra­tifs de guerre même si les Dúne­dain prient pour la paix et la déli­vrance — et attendent le pire à venir.

6.3 La préoccupation du Gondor

Que fai­sait le Gondor durant tous ces car­nages ? Pour­quoi le Royaume Méri­dio­nal des Dúne­dain, autre­fois puis­sant, ne s’est-il pas pré­ci­pité à l’aide de ses com­pa­triotes Sep­ten­trio­naux ? Tout sim­ple­ment parce que le Gondor était en train de se déchi­rer lui-même. En 1409, la Lutte Fra­tri­cide avait com­mencé ; les fac­tions poli­tiques divi­sées et cruel­le­ment oppo­sées étaient déjà en train de se battre pour contrô­ler le gou­ver­ne­ment du Gondor. De 1432 à 1448, les plus grands hommes du Gondor, « non- tein­tés » par le sang plus sau­vage et moins royal du Roi Elda­car, né en Rho­va­nion, et menés par le Capi­taine de la Flotte du Gondor vicieux et rusé, Cas­ta­mir, com­bat­tirent et vain­quirent Elda­car, brû­lèrent Osgi­liath et, en dix ans de gou­ver­ne­ment, rédui­sirent le Pays des Pierres à un géant de papier inca­pable de sur­veiller ses fron­tières et de pro­té­ger ses inté­rêts. En se pen­chant et en regar­dant du haut de sa tour de Dol Guldur en Mirk­wood Méri­dio­nal, Sauron n’aurait pas pu être plus ravi. Les vaillants Hommes du Gondor fai­saient pour lui son tra­vail san­glant — s’entretuant — et sans que cela coûte quoi que ce soit au Sei­gneur Téné­breux !

En fait, les diri­geants du Gondor sont en bonne posi­tion, ayant en face des yeux les dents cro­chues du Mordor avec seule­ment le puis­sant Anduin et leur propre force mili­taire pour les pro­té­ger, pour dire qu’ils n’ont pas un soldat à gas­piller. Il y a aussi une dif­fé­rence d’attitude entre les deux états Dúne­dain ; tandis que le Gondor s’occupe en géné­ral d’épée et de bou­clier, l’Arthedain regarde les étoiles et compte sur­tout sur les incan­ta­tions et la Magie pour se pro­té­ger, pleu­rant chaque ren­contre san­glante en vers et en chan­sons. Bien qu’ils soient des guer­riers vaillants, nobles et capables, les gens d’Arthedain voient en per­ma­nence leur nombre et leur durée de vie se réduire et leur esprit se fati­guer sans cesse. Ce sont des vision­naires, pas des stra­tèges mili­taires. Et désor­mais le fait que l’Arthedain rêve d’un Royaume Sep­ten­trio­nal des Dúne­dain réuni­fié semble com­plè­te­ment sans espoir, une simple survie se révé­lant suf­fi­sam­ment dif­fi­cile.

6.4 La politique et la Cour Royale

La Cour Royale d’Arthedain valo­rise et suit la tra­di­tion ; une hié­rar­chie stricte four­nit la struc­ture — le bien social — qui unit chaque membre de la société aux autres. L’unique défaut d’un tel modèle est qu’il laisse peu de place à l’expérience et encore moins à l’iconoclastie. Chacun a le choix de s’y inté­grer et d’accomplir la tâche qui lui est assi­gnée ou bien il est mis à l’écart ou puni.

6.41 La structure de la cour royale

En résumé, la Cour d’Arthedain est struc­tu­rée de la manière sui­vante, et par ordre d’importance :

Le Conseil du Roi

En 3A 1640, le Roi Arge­leb II fait face à un Conseil assez hos­tile com­posé des chefs des sept prin­ci­pales familles nobles du Royaume Sep­ten­trio­nal, cha­cune d’elles pos­sé­dant des pro­prié­tés consi­dé­rables et entre­te­nant des hommes d’armes indé­pen­dants des forces royales. (La carte pour le MJ en noir et blanc indique ces pro­prié­tés). Les sept Grandes Mai­sons sont, dans l’ordre de puis­sance : les Tarma, les Eketta, les Orros, les Hyarr, les Emerie, les Foros et les Noirin. (Pour plus de détails sur les familles Tarma et Eketta et leurs intrigues, repor­tez-vous au Para­graphe 10.2.) Chaque Grande Maison arbore sa propre ban­nière bico­lore et son uni­forme dis­tinct.

La plu­part des familles nobles, qui sont com­prises dans le Conseil du Roi, tirent leurs noms de régions de Númé­nor, d’où elles fuirent avec Elen­dil avant la Chute. Par contraste, le com­ba­tif clan des Eketta tire son nom de l’épée courte per­çante que pré­fé­rait les Dúne­dain, l’eket. Le clan des Eketta s’installa il y a long­temps dans les terres rocheuses du rivage Nord-Est du Lac Nenuial, où se dresse leur place-forte, Bare­ketta, à deux jours de cheval des ruines d’Annúminas. Tra­di­tion­nel­le­ment, beau­coup des chefs mili­taires de l’Arthedain pro­viennent de la famille Eketta, qui sont connus comme étant les pre­miers dans la bataille et les der­niers à se rendre ou à tomber.

Les autres familles nobles — à l’exception du clan Tarma, qui est aussi tra­di­tion­nel­le­ment mili­ta­riste — consi­dèrent les Eketta comme inquié­tants et sou­hai­te­raient presque qu’ils aient vogué il y a long­temps au Sud vers le Gondor, avec leurs parents guer­riers. Les Tarma réclament la terre au Sud-Ouest d’Annúminas et le Lac, ainsi que le Nord-Est de la Comté, où se dresse leur for­te­resse de Tar­ma­bar. Pen­dant des siècles, les Tarma ont réclamé comme leur fief le pays aujourd’hui connu comme la Comté.

Les Autres Membres de la Cour

Le Sei­gneur Com­man­dant d’Arthedain et le Capi­taine de la Garde de For­nost ont, au mieux, des rela­tions d’adversaires. Chacun a ten­dance à être jaloux de sa sphère d’influence : le Sei­gneur Com­man­dant tend à prendre garde aux désirs de la noblesse tandis que le Capi­taine de la Garde pense et avant tout au Roi. Pour plus de détails sur à la fois les Hommes et la struc­ture des mili­taires de l’Arthedain voyez LA STRUC­TURE MILI­TAIRE DE L’ARTHEDAIN.

Les Pro­phètes et les Gar­diens des Pierres ont une impor­tance plus grande en temps de paix rela­tive. En fait, ils sont les conseillers les plus proches du Roi. Tou­te­fois, avec la menace constante d’Angmar et l’incapacité du Gondor à appor­ter une aide, les Pro­phètes sont reje­tés dans l’ombre par les mili­taires. Les infor­ma­tions par­fois trou­blantes four­nies par les Pierres font peu pour calmer les nerfs fra­giles des Princes et Che­va­liers com­ba­tifs de l’Arthedain.

Les autres membres du Conseil servent au bon plai­sir du Roi et ont rare­ment leur mot à dire sur les affaires de l’état. Ils s’occupent plutôt de leurs domaines, car l’Arthedain croit fer­me­ment en une société ordon­née, culti­vée et bien entre­te­nue.

6.42 La procédure de prise de décision royale

Comme dans la plu­part des monar­chies, le Roi prend les déci­sions finales au sujet des pro­blèmes impor­tants tels les décla­ra­tions et les stra­té­gies des guerres, la levée des taxes et l’octroi de terres et de pri­vi­lèges à ses sujets. Ainsi, Arge­leb II, diri­geant actuel, sus­cita une grande contro­verse lorsqu’il accorda les terres, main­te­nant appe­lées la Comté, aux Hob­bits, il y a trente-neuf ans, à l’encontre de quelques pro­tes­ta­tions de ses Conseillers.

Un bref schéma du pro­ces­sus de la prise de déci­sion royale dont le résul­tat fut l’attribution de la Comté aux Hob­bits suit :

6.5 La politique provinciale

L’Arthedain est un pays à deux lois, celle du Roi et celle des Nobles ; le bas peuple obéit aux deux ou en payent le prix. À l’extérieur des hauts murs de For­nost Erain, dif­fé­rents types de socié­tés existent, plus tran­chées mais non moins rigides. Cha­cune des Sept Grandes Mai­sons, dont les chefs appar­tiennent au Conseil du Roi, contrôle une por­tion sub­stan­tielle de l’état réel du Royaume Sep­ten­trio­nal et, mis à part la conces­sion du droit de pas­sage aux mes­sa­gers du Roi et l’application des décrets Royaux qui les concernent direc­te­ment, chaque Grande Maison est un petit royaume en elle-même. Les routes Royales et le pays appar­tiennent en ce qui les concernent indis­cu­ta­ble­ment au Roi, mais comme le montre une carte de l’Arthedain, la plus grande partie du pays demeure dans les mains fermes des Sept Grandes Mai­sons. (Voir la carte du MJ).

Par exemple, la région agri­cole, verte et val­lon­née, de la Comté, jusqu’au décret d’Argeleb II en 1601, appar­te­nait à la Maison des Tarma. Ce clan com­ba­tif fit peu pour culti­ver cette région mais le patrouilla et le par­ta­gea en grandes par­celles pour ses che­va­liers, à qui le Roi et les Hob­bits ôtèrent en effet leur fran­chise. C’est pour­quoi on com­prend mieux le cour­roux des Tarma. Les ser­vants, les fer­miers, les mar­chands et les arti­sans rési­dant dans un fief contrôlé par une des Sept mai­sons font allé­geance en pre­mier au Roi puis aux Nobles, qui les pro­tègent et les contrôlent.

Plus encore qu’à la Cour Royale, la struc­ture du gou­ver­ne­ment dans un des Sept Grands Fiefs repose sur un modèle mili­taire, quoique les bourgs et les vil­lages soient libres de choi­sir leurs propres diri­geants locaux. Mais pour les déci­sions au sujet des pro­blèmes les plus simples, comme la mois­son ou savoir qui doit payer pour le rem­pla­ce­ment d’une clô­ture endom­ma­gée, l’indépendance de gou­ver­ne­ment n’existe plus.

Avec la menace de l’invasion, les Grandes Mai­sons mettent tra­di­tion­nel­le­ment leurs forces à la dis­po­si­tion du Roi, bien que des que­relles sur les pré­séances et la stra­té­gie soient cou­rantes.

6.6 La politique et les Prophètes

6.61 L’organisation et l’entraînement des Prophètes

Cen­tra­li­sés à la Cour Royale de For­nost depuis la chute d’Annúminas, les 27 Pro­phètes du Royaume Sep­ten­trio­nal com­prennent une des orga­ni­sa­tions les plus exclu­sives, voir sacro­saintes. Leur unique tâche réside dans la garde des deux Palantíri et dans l’utilisation et l’interprétation des visions qu’ils apportent.

Les Pro­phètes sont consul­tés à la dis­cré­tion du Roi. Le Pro­phète actif le plus ancien pro­cèdent aux rem­pla­ce­ments dans l’organisation, avec l’accord du Roi. Les jeunes hommes nobles accep­tés par les Pro­phètes servent 9 ans en tant qu’apprentis, durant les­quels ils ne sont jamais lais­sés seuls avec une Pierre. Ils étu­dient les livres des tra­di­tions et des textes sur les Pierres ; ils ont rare­ment l’occasion de voir un Palantír durant son uti­li­sa­tion. Pen­dant les sept années sui­vantes, chaque jeune homme noble est suivi par un Pro­phète qui éta­blit un rap­port spé­cial avec l’étudiant. Toute infrac­tion aux règles — même pour un simple retard à un cours — est puni soit par l’expulsion, soit par une obser­va­tion.

Quand un Pro­phète meurt, un Pro­phète en cours d’éducation suivie peut être nommé pour prendre sa place. Sou­vent, la place reste vacante jusqu’à ce qu’un étu­diant pro­met­teur rem­plisse ses 16 années néces­saires d’étude et de bon com­por­te­ment. Même alors, un Pro­phète nou­vel­le­ment nommé fait atten­tion à ses aînés et ne parle pas à moins qu’on lui adresse la parole. Quelques rares Pro­phètes plus anciens se voient auto­ri­sés à pos­sé­der des sup­ports pour les Pierres érigés dans leurs rési­dences, mais un tel usage privé d’un Palantír n’est pas attesté par des docu­ments. L’utilisation des Pierres à la cour est de loin plus cou­rante que la vision per­son­nelle, cour où elles sont res­tées depuis le dif­fi­cile voyage depuis Annú­mi­nas.

Tra­di­tion­nel­le­ment, les Pro­phètes de For­nost sont les conseillers en les­quels le Roi a le plus confiance. Même le Sei­gneur Com­man­dant de l’armée fait atten­tion aux Visions des Pierres, quand elles sont claires. Tou­te­fois, avec les ambi­guï­tés naît la ten­sion, et au mieux les Pro­phètes et les mili­taires se dis­putent, car les mili­taires veulent agir, bouger. Par­fois, les Pro­phètes ne peuvent que dire que le temps appor­tera la réponse, car beau­coup de visions sont voi­lées et cer­taines ne signi­fient rien. Ainsi la néces­sité de seize ans d’étude et d’entraînement est évi­dente.

6.62 La signification des Palantíri

Les Palantíri confiés à l’attention des Pro­phètes res­te­ront tou­jours les plus aimés des pos­ses­sions de l’Arthedain. Aucune Pierre de Vision n’est aussi puis­sante que celle qui fut perdue à Osgi­liath pen­dant la Lutte Fra­tri­cide en Gondor, mais elles offrent à la fois au Roi le pou­voir de « voir ce qui se passe dans son royaume, et ce que ses ser­vi­teurs sont en train de faire » (SdA, III). De plus, ils peuvent offrir la pré­mo­ni­tion ; l’exemple le plus fameux est la pro­phé­tie du Pro­phète Mal­beth disant qu’Arvedui serait le der­nier des monarques du Royaume Sep­ten­trio­nal s’il ne pou­vait réunir les deux pays Dúne­dain.

Si la flamme vacillante au cœur des grands globes cris­tal­lins sym­bo­lise l’espoir du peuple de l’Arthedain, comme beau­coup le croient, alors avec l’échec d’Arvedui dans son acces­sion au trône du Gondor en 3A 1944, la flamme est tout sauf éteinte.

6.7 Commerce

Bien que le troc soit pré­do­mi­nant en pro­vince et dans les vil­lages de la Comté, une grande partie du com­merce de l’Arthedain néces­site des pièces de mon­naie. L’Hôtel Royal de la Mon­naie situé à For­nost (et avant qu’il ne soit en ruine à Annú­mi­nas) pro­duit nombre de pièces à partir de métaux de très grande qua­lité. La valeur de la mon­naie de l’Arthedain est recon­nue à tra­vers tout le Nord- Ouest d’Endor. Le contrôle royal sur sa cir­cu­la­tion donne au Roi un levier à la fois sur les affaires internes et sur les affaires étran­gères.

Les impor­ta­tions prin­ci­pales de l’Arthedain com­prennent le vin, la bière, des métaux bruts, des bois pré­cieux et des tissus fins (par­ti­cu­liè­re­ment la soie). Le Royaume Sep­ten­trio­nal exporte des four­rures, du tabac, des herbes et des pro­duits finis, par­ti­cu­liè­re­ment des pro­duits du cuir, de l’armement et des pièces de mon­naie.

Table des prix et échanges


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