06 · Politique et pouvoir en 3A 1640
Le Royaume d’Arthedain est né dans le chagrin, les luttes et les jalousies fratricides ; la mort de leur « Royaume-Père », en 3A 861, laisse les états frères d’Arthedain, du Cardolan et du Rhudaur se battre pour la survie et la suprématie, les conduisant inexorablement à leur diminution réciproque.
6.1 Les guerres contre le Roi-Sorcier d’Angmar
Bien qu’une paix difficile et sporadique régnât entre les trois Royaumes successeurs pendant plus de quatre cents ans après l’écroulement d’Arnor, les nations se développèrent chacune de leur côté et l’équilibre en Eriador s’éroda. Puis, avec l’avènement du Royaume-Sorcier d’Angmar, la résurgence des Ténèbres du Seigneur Ténébreux menaça de consumer les trois Royaumes.
L’Ascension du Seigneur des Nazgûl
Le glas du malheur sonna pour le Rhudaur et le Cardolan vers 3A 1300, quand, tel un serpent dormant émergeant de son trou, le royaume du Roi-Sorcier dressa sa tête assoiffée de sang et montra ses crocs. Le Maléfique avait envoyé ses plus grands serviteurs pour détruire et avaler les esprits des Hommes du Haut Septentrionaux.
Angmar fut constitué pour un seul but : le Roi-Sorcier le fonda pour détruire le trio des Royaumes Dúnedain Septentrionaux, soit un par un, par la fourberie et la tricherie, soit par une seule grande vague meurtrière. Au- dessus de toute autre considération, il pensait et pense encore réduire en esclavage ou détruire le peuple Dúnedain dans sa totalité. (Rappelez-vous que pour Sauron, instructeur secret du Roi-Sorcier, vivre bien n’est pas la meilleure revanche ; la revanche est la meilleure revanche !)
En 1300, l’Arthedain se positionnait comme le frère le plus calme, le plus sage, le plus vieux, essayant de clore les combats entre ses deux jeunes frères fougueux, souhaitant ne pas à avoir choisir de camp. Mais, induit par la perfidie du Rhudaur de supporter le Cardolan contre Angmar, le Roi d’Arthedain, Argeleb I, tenta un essai futile de plus pour réunir les Royaumes Septentrionaux en 1349, réclamant la souveraineté sur tous les pays qui constituaient jadis Arnor. Le Cardolan apparaissait être d’accord, mais les seigneurs Hommes des Collines du Rhudaur (secrètement encouragés par le Royaume- Sorcier voisin) attaquèrent et tuèrent en 1356 Argeleb, anéantissant tout espoir d’arriver à un Royaume Septentrional réunifié pour cet Age. L’Arthedain, avec l’aide des Elfes de Lindon et de Rivendell et les Hommes du Cardolan, réussit à repousser les forces maléfiques d’Angmar, au prix d’une grande perte en vies, et à ramener le prestige et la sécurité pour un futur sûr et paisible. Après 1356, la Cour Royale d’Arthedain, à Fornost Erain, ne fut plus jamais la même. Jadis, à l’image d’un Havre Elfe, un lieu de beauté et de lumière, Fornost devint une cité aux murs glacés par la peur, et elle abrita un sentiment imprégnant et jamais oublié de mort et de chagrin. Ses Prophètes commencèrent à dénombrer les jours de survie de l’Arthedain.
La Grande Invasion de 3A 1409
En 1409, l’Arthedain se dressa, équipé pour la bataille d’armures, de casques, de boucliers et d’épées, face aux prétendants à son annihilation — les sauvages guerriers d’Angmar, menés par l’infâme Roi-Sorcier, génie maléfique et lanceur de sorts. Jamais le danger ne fut plus grand, lors de ces noires heures de cet hiver où l’Arthedain et le Cardolan étaient seuls et vulnérables. Le Gondor avait ses préoccupations et les Seigneurs-Elfes de Lindon n’avaient envoyé aucune troupe au Front. Le Rhudaur était devenu la proie de la puissance et des promesses d’Angmar et était tombé sous l’influence des plus barbares Hommes des Collines, natifs de la région, rentrés dans une alliance ouverte avec le Roi-Sorcier. Ceux d’entre eux encore fidèles aux idéaux des Dúnedain fuirent vers le Cardolan ou vers Fornost et s’organisèrent eux-mêmes pour la bataille ou une fuite plus lointaine car Angmar est un ennemi implacable. Plus terrifiant, le Roi-Sorcier réunit sous sa bannière sanglante non seulement les Hommes des Collines des Landes d’Etten et les Hommes du Rhudaur mais aussi des hordes d’Easterlings venus de Rhûn, des bandes de Septentrionaux cruels des vallées de l’Anduin, ainsi que les éternels Orques et toujours assoiffés de sang Trolls du Noir Pays. À quelle puissante et effrayante armée les Hommes de l’Arthedain et du Cardolan devaient faire face !
Pour le Cardolan, l’invasion d’Angmar en 1409 fut trop forte et trop rapide. L’Ost du Roi-Sorcier traversa la Rivière Grisesource (Hoarwell) (S. « Mitheithel ») gelée en une vague de feu et d’acier. Engloutis par une monstrueuse vague d’horreur, les Hommes défendant le Mont Venteux furent submergés et massacrés, et la Tour brûlée. Les survivants — et il y en eu peu — trouvèrent refuge dans les Coteaux aux Tumulus et dans l’Ancienne Forêt ; le dernier Prince régnant du Cardolan fut tué pendant la bataille. Amon Sûl fut à ce moment-là abandonné à l’ennemi, et seule la courageuse mais futile défense des Sentinelles permit le sauvetage du grand Palantír. L’Arthedain se tenait mûr comme une pêche royale face à une cueillette sanglante. Rapidement, Annúminas fut envahie et ravagée, la cité abandonnée ; la famille royale de l’Arthedain fuit à Fornost Erain sur les Coteaux Septentrionaux, où étaient les Palantíri. Cependant, comme tout allait au plus mal, les Elfes de Lindon et de Rivendell vinrent au secours des Dúnedain, détournant le coup de dague d’Angmar. Avec l’arrêt de la Noire Marée, ils repoussèrent l’ennemi.
Mais beaucoup fut perdu lors de la bataille de 1409, beaucoup plus que l’orgueil et le prestige de l’Arthedain. Le Rhudaur et le Cardolan étaient maintenant fermement sous les ailes noires et cruelles d’Angmar, leurs civilisations détruites, leurs peuples moins nombreux, dispersés ou en état de choc. L’équilibre du pouvoir dans la région Septentrionale avait été dramatiquement rompu en faveur de l’effrayant Angmar. Plus tard dans cette année tragique, lorsque les Elfes s’en furent retournés chez eux et que de nouvelles neiges eurent recouvert le pays abreuvé de sang, les dirigeants et les guerriers de l’Arthedain se réunirent à l’intérieur des murs de Fornost pour se reformer et, dans une faible mesure, pour recréer la société qu’avait foulé dans la poussière les lourdes bottes des servants d’Angmar. Ce fut une tâche difficile ; Arveleg I, Roi de l’Arthedain, gisait mort sur le champ de bataille, parmi les rangs de ses soldats. Heureusement, deux Palantíri, ceux d’Annúminas et du Mont Venteux, restaient en sécurité dans la Tour Royale de Fornost. Mais les Gardiens des Pierres de Vision se demandaient pour combien de temps.
Les Guerres Insignifiantes (3A 1410–1640)
Les Quinzième et Seizième Siècles virent l’Arthedain s’accrocher à ce qu’il en restait après les guerres de 1356 et de 1409. De fréquents raids frontaliers et de constantes escarmouches marquèrent ces tristes années, ainsi nommés les « Guerres Insignifiantes », servant par là à de constant souvenir du Maléfique résidant dans les terres affamées au-delà des défenses peu étendues de l’Arthedain. Alors, au tout début du Dix-Septième Siècle, le Roi Argeleb II — qui, avec les restes affaiblis de son peuple, pouvait être exposé aux ravages de la Grande Peste de l’Hiver de 1635–36 et des hivers toujours plus rigoureux de Fornost — alluma une petite chandelle d’espoir : il offrit au peuple Hobbit de Bree une bande fertile de terre d’approximativement 40 lieues sur 50 dans l’Arthedain méridional ; un beau pays, vallonné et vert, que les Hobbits nommèrent la Comté. Sans aucun doute, Argeleb ne se fit pas d’illusion sur la valeur des Hobbits en tant que soldats ; ils sont simplement trop petits et paisibles pour être de grands guerriers. (Les gens de l’Arthedain se plaignent entre eux d’avoir à se pencher ou à s’agenouiller pour être en mesure d’écouter les petites gens parler). Au lieu de cela, ce qu’Argeleb accomplit fut de s’assurer que dans le cas où une autre invasion viendrait de l’Est ou du Sud, les Hobbits pourraient l’avertir rapidement. Ainsi, les Messagers du Roi s’en allant vers le Gondor ou vers Lindon pourraient-ils désormais compter sur de la nourriture, un abri et des chevaux frais dans les maisons sûres des Hobbits le long de la route, car la Grande Route de l’Est coupe, d’une façon pratique, la Comté en deux. L’Arthedain profiterait aussi des produits cultivés par les Hobbits amoureux de la nature. Après tout, l’Arthedain épuisé ne montra jamais beaucoup d’intérêt dans la culture des champs, la laissant à la classe la plus basse des ouvriers. D’une façon quelque peu paradoxale, l’amour des Dúnedain pour l’esprit de la terre ne se transforma jamais en une affection de la culture du sol sur une échelle appréciable et, à la différence des Hobbits, les Hommes du Haut se moquent de planter et de prendre soin des récoltes ; pour eux, il s’agit d’un travail pour des gens plus simples. La tenue de jardins d’herbes, qui nécessite une plus grande technique et apporte des résultats magiques, est une chose différente, cependant, chose que les Arthedain apprécient. Ils cultivaient et utilisaient des herbes à Núménor et ils le feront toujours.
La structure militaire en Arthedain
La défense de l’Arthedain est organisée autour de deux structures militaires. Le noyau est composé d’une très petite Armée Royale (S. « Dagarim Aran »), tandis que la majorité des soldats sont tirés des rangs des soixante-trois Armées Nobles (S. « Degerim Ereter »). Ensemble, ces forces constituent une armée bien équipée et bien expérimentée capable de défendre le Royaume Septentrional de tous sauf des ennemis les plus envahissants. Dans les temps de calme relatif, elles font régner la loi et la paix en témoignant d’une présence constante de l’autorité. Quand un conflit éclate, l’Armée Royale d’élite est la première à rentrer en campagne et, dans la plupart des cas, suffit à relever le défi. Néanmoins, s’il y a une véritable menace pour le Royaume, le Roi peut en appeler à la Noblesse pour fournir des troupes pour la guerre.
L’armée Royale (Dagarim Aran)
Le Dagarim Aran est l’armée professionnelle du Roi, une force de choc qui garde les territoires royaux et les citadelles-clefs. Elle n’obéit qu’au Roi ou à un de ses agents et est constamment prête à la guerre. Cependant, bien que petite et à la charge de la Maison du Roi, elle ne diffère guère de ses homologues privées.
Bien que le Roi soit le commandant suprême de toutes les années, même le Dagarim Aran est directement dirigé par un vassal. Habituellement, c’est le Prince de la Couronne qui est sélectionné comme Seigneur Commandant, étant instruit dans les arts de la guerre depuis son plus jeune âge. Il supervise les activités militaires journalières, l’approvisionnement en vivres et surveille l’entraînement du régiment. Il mène aussi l’Armée Royale dans nombre de campagnes.
Un cercle de Princes et de Chevaliers aînés (S. « Requain Hail » ou « Rychin Hail ») assiste le Seigneur Commandant à la manière d’une équipe, et lui apporte une souveraineté sur un plus grand nombre d’unités d’active, tel un groupement d’Armées Nobles. Même en temps de paix, ce Cercle de Guerre (S. « Cordagar ») propose des politiques et des stratégies militaires au Conseil du Roi, affectant par là-même le futur politique de l’Arthedain.
En dessous du Cordagar, on trouve une hiérarchie d’Arequain ou « Chevaliers Royaux ». Ces Hommes sont des titulaires d’une Chevalerie non-héréditaire. À la différence d’un Roquen de la Noblesse, un Aroquen peut-être issu de n’importe quelle classe et doit mériter ses couleurs. (Cependant, peu sont des non-Dúnedain). Les Chevaliers Royaux sont divisés en 2 groupes selon leur ancienneté et leur pairie, chacun d’eux fournissant des chefs intermédiaires. Ceux du groupe le plus âgé commandent à neuf de leurs homologues plus jeunes. À leur tour, les jeunes Arequain dirigent une unité de neuf Guerriers (S. « Ohtari »).
Les Armées Nobles (Degerim Ereter)

La Noblesse de l’Arthedain est issue, la plupart du temps, des lignées des colons originels Elendili, les Fidèles qui fondèrent le Royaume. Il y a soixante-trois Maisons de Nobles terriens (S. « Ereter » ; sing. « Aratar ») et chacune possède sa propre année. Quelques-unes, comme les Familles Eketta ou Tanna, ont des forces qui rivalisent avec celles du Roi, mais la plupart font confiance à de très petits contingents. Dans une bataille, les Degerim Ereter sont habituellement combinés avec le Dagarim Aran, formant l’année de l’Arthedain. Les Années Nobles extrêmement grandes marchent et manœuvrent sous les ordres de leur propre Aratar, tandis que les plus petites forces sont regroupées ensemble et placées sous le commandement d’un membre du Cordagar (en général un Prince).
Les Années Nobles sont nécessairement de structures variées. Toutes sont dirigées par l’Aratar ou son Seigneur Commandant désigné, et chacune se range derrière le Roquen vassal local de la Noblesse inférieure. Ces Chevaliers emmènent leur propre suite de Combattants (S. « Rhivilyr » ; sing. « Rhyvelûr ») qui, avec la Garde du Seigneur, forment la horde de Guerriers de l’armée.
Équipement
Généralement, tous les guerriers Arthedain, quelles que soient leur allégeance directe ou leur origine, sont très bien équipés. Chaque soldat porte un arc composite, une épée courte (eket), une dague et une arme plus longue. Les cavaliers de l’Armée Royale (un tiers du total) portent une lance de cavalerie et une épée longue (anket), tandis qu’un fantassin utilise une lance longue de 1,80 m et une hache. On fournit à tous un jeu d’outils, un couchage en laine et des ustensiles pour l’ordinaire.
L’armure des Arthedain est faite en un acier de bonne qualité et est parmi les meilleures en Endor. Léger et solide, il est idéal pour les cottes de mailles. Les fantassins du Roi portent des chemises de mailles noires avec en supplément de solides protections de jambes, tout cela couvert de noirs surcots ornés du blason des Sept Étoiles du Royaume Septentrional. Chaque homme d’infanterie utilise aussi un bouclier ovale (75 cm de diamètre) renforcé d’acier, dont les faces relativement rectilignes permettent de les emboîter, ce qui est idéal pour constituer des palissades de boucliers (thangail). Les cavaliers sont revêtus de cottes de mailles et portent des boucliers ronds de 45 cm de diamètre bardés d’acier. Comme leurs compagnons à pied, ils portent des casques en acier sans visière qui sont conçus pour protéger le cou et les oreilles et pour s’adapter aux diverses doublures nécessaires pour les campagnes sous le climat capricieux de l’Arthedain.
Les membres des Années Nobles sont moins uniformément équipés, mais la plupart des forces s’alignent sur ce thème général. On doit noter, toutefois, que la plupart des Degerim Ereter ne mettent pas en ligne plus d’un cavalier pour sept fantassins.
6.2 La politique de guerre (3A 1640)
Pendant plus de 200 ans, l’Arthedain a vaillamment résisté aux attaques périodiques et furieuses d’Angmar et à la subversion et la tricherie du Rhudaur frère. La Grande Peste d’il y a quatre hivers a consumé la chair déjà affaiblie et restreinte du Cardolan et il ne reste qu’os et peau et le souvenir de ce qui fut autrefois un pays beau et vert. Le Rhudaur, englouti par Angmar il y a plus de 300 ans, est un autre souvenir amer profondément gravé dans l’âme triste des Dúnedain.
Donc, l’Arthedain est seul désormais, en 1640, suspendu dans l’accalmie entre les tempêtes, coupé du Gondor, loin dans le Sud, par la distance et le comportement. Le Roi Argeleb II, qui a détenu le Sceptre d’Annúminas pendant cinquante ans, est en contact avec ses parents les plus humains et les plus belliqueux en Gondor, mais ils affrontent Sauron dans un combat au face-à-face mortel de volonté et de puissance et ne pourrait offrir qu’une petite assistance assez rapidement pour aider l’Arthedain durement tourmenté, si jamais Angmar devait attaquer à nouveau. À l’Ouest, les Elfes de Lindon, parmi lesquels nombreux sont ceux qui ont combattu pour repousser les hordes avides de sang qui menaçaient d’envahir tout le Royaume Septentrional en 1409, tournent désormais leurs regards las vers l’Ouest en direction de la Mer.
Ainsi la Noblesse et les Militaires de l’Arthedain sont anxieux à l’intérieur des fortifications de Fornost, abandonnés par le Rhudaur traître, hantés par le fantôme qui fut autrefois le vert et beau Cardolan, et menacés par les hordes grandissantes de l’avide Angmar. Entre Fornost et les Collines aux Tours se trouvent les villages et des avant-postes militaires, isolés, éparpillés, mais aucun centre de population ou de culture. En regardant vers l’Ouest, les meilleurs amis de l’Arthedain, les Elfes de Lindon, ont tourné leurs regards vers la Mer et vers la terre natale qui les attend. En Arthedain, il n’y a désormais rien à faire hormis s’occuper des préparatifs de guerre même si les Dúnedain prient pour la paix et la délivrance — et attendent le pire à venir.
6.3 La préoccupation du Gondor
Que faisait le Gondor durant tous ces carnages ? Pourquoi le Royaume Méridional des Dúnedain, autrefois puissant, ne s’est-il pas précipité à l’aide de ses compatriotes Septentrionaux ? Tout simplement parce que le Gondor était en train de se déchirer lui-même. En 1409, la Lutte Fratricide avait commencé ; les factions politiques divisées et cruellement opposées étaient déjà en train de se battre pour contrôler le gouvernement du Gondor. De 1432 à 1448, les plus grands hommes du Gondor, « non- teintés » par le sang plus sauvage et moins royal du Roi Eldacar, né en Rhovanion, et menés par le Capitaine de la Flotte du Gondor vicieux et rusé, Castamir, combattirent et vainquirent Eldacar, brûlèrent Osgiliath et, en dix ans de gouvernement, réduisirent le Pays des Pierres à un géant de papier incapable de surveiller ses frontières et de protéger ses intérêts. En se penchant et en regardant du haut de sa tour de Dol Guldur en Mirkwood Méridional, Sauron n’aurait pas pu être plus ravi. Les vaillants Hommes du Gondor faisaient pour lui son travail sanglant — s’entretuant — et sans que cela coûte quoi que ce soit au Seigneur Ténébreux !
En fait, les dirigeants du Gondor sont en bonne position, ayant en face des yeux les dents crochues du Mordor avec seulement le puissant Anduin et leur propre force militaire pour les protéger, pour dire qu’ils n’ont pas un soldat à gaspiller. Il y a aussi une différence d’attitude entre les deux états Dúnedain ; tandis que le Gondor s’occupe en général d’épée et de bouclier, l’Arthedain regarde les étoiles et compte surtout sur les incantations et la Magie pour se protéger, pleurant chaque rencontre sanglante en vers et en chansons. Bien qu’ils soient des guerriers vaillants, nobles et capables, les gens d’Arthedain voient en permanence leur nombre et leur durée de vie se réduire et leur esprit se fatiguer sans cesse. Ce sont des visionnaires, pas des stratèges militaires. Et désormais le fait que l’Arthedain rêve d’un Royaume Septentrional des Dúnedain réunifié semble complètement sans espoir, une simple survie se révélant suffisamment difficile.
6.4 La politique et la Cour Royale
La Cour Royale d’Arthedain valorise et suit la tradition ; une hiérarchie stricte fournit la structure — le bien social — qui unit chaque membre de la société aux autres. L’unique défaut d’un tel modèle est qu’il laisse peu de place à l’expérience et encore moins à l’iconoclastie. Chacun a le choix de s’y intégrer et d’accomplir la tâche qui lui est assignée ou bien il est mis à l’écart ou puni.
6.41 La structure de la cour royale
En résumé, la Cour d’Arthedain est structurée de la manière suivante, et par ordre d’importance :
- Le Roi.
- Le Conseil du Roi (7 membres, chacun d’eux appartenant à l’une des 7 familles nobles différentes).
- Le Seigneur Commandant de l’Armée d’Arthedain et le Capitaine de la Garde du Palais (deux personnes).
- Les Prophètes et Gardiens des Palantíri.
- Les Mentalistes, Herboristes et Alchimistes.
- Des Artistes et des Artisans représentatifs choisis par le Conseil du Roi.
- Les Historiens de la Cour et les Gardiens des Archives.
- Des serviteurs subalternes du Roi et de sa Cour.
Le Conseil du Roi
En 3A 1640, le Roi Argeleb II fait face à un Conseil assez hostile composé des chefs des sept principales familles nobles du Royaume Septentrional, chacune d’elles possédant des propriétés considérables et entretenant des hommes d’armes indépendants des forces royales. (La carte pour le MJ en noir et blanc indique ces propriétés). Les sept Grandes Maisons sont, dans l’ordre de puissance : les Tarma, les Eketta, les Orros, les Hyarr, les Emerie, les Foros et les Noirin. (Pour plus de détails sur les familles Tarma et Eketta et leurs intrigues, reportez-vous au Paragraphe 10.2.) Chaque Grande Maison arbore sa propre bannière bicolore et son uniforme distinct.
La plupart des familles nobles, qui sont comprises dans le Conseil du Roi, tirent leurs noms de régions de Núménor, d’où elles fuirent avec Elendil avant la Chute. Par contraste, le combatif clan des Eketta tire son nom de l’épée courte perçante que préférait les Dúnedain, l’eket. Le clan des Eketta s’installa il y a longtemps dans les terres rocheuses du rivage Nord-Est du Lac Nenuial, où se dresse leur place-forte, Bareketta, à deux jours de cheval des ruines d’Annúminas. Traditionnellement, beaucoup des chefs militaires de l’Arthedain proviennent de la famille Eketta, qui sont connus comme étant les premiers dans la bataille et les derniers à se rendre ou à tomber.
Les autres familles nobles — à l’exception du clan Tarma, qui est aussi traditionnellement militariste — considèrent les Eketta comme inquiétants et souhaiteraient presque qu’ils aient vogué il y a longtemps au Sud vers le Gondor, avec leurs parents guerriers. Les Tarma réclament la terre au Sud-Ouest d’Annúminas et le Lac, ainsi que le Nord-Est de la Comté, où se dresse leur forteresse de Tarmabar. Pendant des siècles, les Tarma ont réclamé comme leur fief le pays aujourd’hui connu comme la Comté.
Les Autres Membres de la Cour
Le Seigneur Commandant d’Arthedain et le Capitaine de la Garde de Fornost ont, au mieux, des relations d’adversaires. Chacun a tendance à être jaloux de sa sphère d’influence : le Seigneur Commandant tend à prendre garde aux désirs de la noblesse tandis que le Capitaine de la Garde pense et avant tout au Roi. Pour plus de détails sur à la fois les Hommes et la structure des militaires de l’Arthedain voyez LA STRUCTURE MILITAIRE DE L’ARTHEDAIN.
Les Prophètes et les Gardiens des Pierres ont une importance plus grande en temps de paix relative. En fait, ils sont les conseillers les plus proches du Roi. Toutefois, avec la menace constante d’Angmar et l’incapacité du Gondor à apporter une aide, les Prophètes sont rejetés dans l’ombre par les militaires. Les informations parfois troublantes fournies par les Pierres font peu pour calmer les nerfs fragiles des Princes et Chevaliers combatifs de l’Arthedain.
Les autres membres du Conseil servent au bon plaisir du Roi et ont rarement leur mot à dire sur les affaires de l’état. Ils s’occupent plutôt de leurs domaines, car l’Arthedain croit fermement en une société ordonnée, cultivée et bien entretenue.
6.42 La procédure de prise de décision royale
Comme dans la plupart des monarchies, le Roi prend les décisions finales au sujet des problèmes importants tels les déclarations et les stratégies des guerres, la levée des taxes et l’octroi de terres et de privilèges à ses sujets. Ainsi, Argeleb II, dirigeant actuel, suscita une grande controverse lorsqu’il accorda les terres, maintenant appelées la Comté, aux Hobbits, il y a trente-neuf ans, à l’encontre de quelques protestations de ses Conseillers.
Un bref schéma du processus de la prise de décision royale dont le résultat fut l’attribution de la Comté aux Hobbits suit :
- Le Roi apprend d’un Conseiller que Marcho et Blanco des Pâles désirent l’entretenir d’un problème important.
- Argeleb accorde la requête et, en présence de son Conseil, écoute ce que les frères Hobbits ont à dire.
- Le Conseil du Roi débat sur le don du pays aux Pâles et aux leurs en Cour ouverte, en présence du Roi. Il prête grande attention à l’opinion du Seigneur Commandant, qui recommande la cession du pays. (Il est concerné par le fait que la Maison des Tarma est devenue trop puissante et importante d’elle-même et qu’elle menace son contrôle — et celui du Roi — sur les forces combattantes du Royaume Septentrional. Revendiquer une partie de leur pays et le donner aux Hobbits revient à remettre les Tarma à leur place, une manœuvre risquée au moment où le Roi a crucialement besoin de leur appui). Les Nobles votent 5–2 en faveur de la Cession ; les Maisons des Tarma et des Eketta s’y opposent (Les autres 56 Maisons Nobles suivent le vote majoritaire du Conseil, qui les représentent toutes).
- Argeleb consulte les Prophètes, qui regardent dans le Palantír et rapportent cependant un résultat inquiétant à leur régent.
- Le Roi réfléchit et annonce en Cour plénière qu’il accède à la requête des Pâles.
- Marcho et Blanco dansent une gigue devant la Cour, à la consternation de certains, et au grand plaisir d’autres, dont Argeleb.
6.5 La politique provinciale
L’Arthedain est un pays à deux lois, celle du Roi et celle des Nobles ; le bas peuple obéit aux deux ou en payent le prix. À l’extérieur des hauts murs de Fornost Erain, différents types de sociétés existent, plus tranchées mais non moins rigides. Chacune des Sept Grandes Maisons, dont les chefs appartiennent au Conseil du Roi, contrôle une portion substantielle de l’état réel du Royaume Septentrional et, mis à part la concession du droit de passage aux messagers du Roi et l’application des décrets Royaux qui les concernent directement, chaque Grande Maison est un petit royaume en elle-même. Les routes Royales et le pays appartiennent en ce qui les concernent indiscutablement au Roi, mais comme le montre une carte de l’Arthedain, la plus grande partie du pays demeure dans les mains fermes des Sept Grandes Maisons. (Voir la carte du MJ).
Par exemple, la région agricole, verte et vallonnée, de la Comté, jusqu’au décret d’Argeleb II en 1601, appartenait à la Maison des Tarma. Ce clan combatif fit peu pour cultiver cette région mais le patrouilla et le partagea en grandes parcelles pour ses chevaliers, à qui le Roi et les Hobbits ôtèrent en effet leur franchise. C’est pourquoi on comprend mieux le courroux des Tarma. Les servants, les fermiers, les marchands et les artisans résidant dans un fief contrôlé par une des Sept maisons font allégeance en premier au Roi puis aux Nobles, qui les protègent et les contrôlent.
Plus encore qu’à la Cour Royale, la structure du gouvernement dans un des Sept Grands Fiefs repose sur un modèle militaire, quoique les bourgs et les villages soient libres de choisir leurs propres dirigeants locaux. Mais pour les décisions au sujet des problèmes les plus simples, comme la moisson ou savoir qui doit payer pour le remplacement d’une clôture endommagée, l’indépendance de gouvernement n’existe plus.
Avec la menace de l’invasion, les Grandes Maisons mettent traditionnellement leurs forces à la disposition du Roi, bien que des querelles sur les préséances et la stratégie soient courantes.
6.6 La politique et les Prophètes
6.61 L’organisation et l’entraînement des Prophètes
Centralisés à la Cour Royale de Fornost depuis la chute d’Annúminas, les 27 Prophètes du Royaume Septentrional comprennent une des organisations les plus exclusives, voir sacrosaintes. Leur unique tâche réside dans la garde des deux Palantíri et dans l’utilisation et l’interprétation des visions qu’ils apportent.
Les Prophètes sont consultés à la discrétion du Roi. Le Prophète actif le plus ancien procèdent aux remplacements dans l’organisation, avec l’accord du Roi. Les jeunes hommes nobles acceptés par les Prophètes servent 9 ans en tant qu’apprentis, durant lesquels ils ne sont jamais laissés seuls avec une Pierre. Ils étudient les livres des traditions et des textes sur les Pierres ; ils ont rarement l’occasion de voir un Palantír durant son utilisation. Pendant les sept années suivantes, chaque jeune homme noble est suivi par un Prophète qui établit un rapport spécial avec l’étudiant. Toute infraction aux règles — même pour un simple retard à un cours — est puni soit par l’expulsion, soit par une observation.
Quand un Prophète meurt, un Prophète en cours d’éducation suivie peut être nommé pour prendre sa place. Souvent, la place reste vacante jusqu’à ce qu’un étudiant prometteur remplisse ses 16 années nécessaires d’étude et de bon comportement. Même alors, un Prophète nouvellement nommé fait attention à ses aînés et ne parle pas à moins qu’on lui adresse la parole. Quelques rares Prophètes plus anciens se voient autorisés à posséder des supports pour les Pierres érigés dans leurs résidences, mais un tel usage privé d’un Palantír n’est pas attesté par des documents. L’utilisation des Pierres à la cour est de loin plus courante que la vision personnelle, cour où elles sont restées depuis le difficile voyage depuis Annúminas.
Traditionnellement, les Prophètes de Fornost sont les conseillers en lesquels le Roi a le plus confiance. Même le Seigneur Commandant de l’armée fait attention aux Visions des Pierres, quand elles sont claires. Toutefois, avec les ambiguïtés naît la tension, et au mieux les Prophètes et les militaires se disputent, car les militaires veulent agir, bouger. Parfois, les Prophètes ne peuvent que dire que le temps apportera la réponse, car beaucoup de visions sont voilées et certaines ne signifient rien. Ainsi la nécessité de seize ans d’étude et d’entraînement est évidente.
6.62 La signification des Palantíri
Les Palantíri confiés à l’attention des Prophètes resteront toujours les plus aimés des possessions de l’Arthedain. Aucune Pierre de Vision n’est aussi puissante que celle qui fut perdue à Osgiliath pendant la Lutte Fratricide en Gondor, mais elles offrent à la fois au Roi le pouvoir de « voir ce qui se passe dans son royaume, et ce que ses serviteurs sont en train de faire » (SdA, III). De plus, ils peuvent offrir la prémonition ; l’exemple le plus fameux est la prophétie du Prophète Malbeth disant qu’Arvedui serait le dernier des monarques du Royaume Septentrional s’il ne pouvait réunir les deux pays Dúnedain.
Si la flamme vacillante au cœur des grands globes cristallins symbolise l’espoir du peuple de l’Arthedain, comme beaucoup le croient, alors avec l’échec d’Arvedui dans son accession au trône du Gondor en 3A 1944, la flamme est tout sauf éteinte.
6.7 Commerce
Bien que le troc soit prédominant en province et dans les villages de la Comté, une grande partie du commerce de l’Arthedain nécessite des pièces de monnaie. L’Hôtel Royal de la Monnaie situé à Fornost (et avant qu’il ne soit en ruine à Annúminas) produit nombre de pièces à partir de métaux de très grande qualité. La valeur de la monnaie de l’Arthedain est reconnue à travers tout le Nord- Ouest d’Endor. Le contrôle royal sur sa circulation donne au Roi un levier à la fois sur les affaires internes et sur les affaires étrangères.
Les importations principales de l’Arthedain comprennent le vin, la bière, des métaux bruts, des bois précieux et des tissus fins (particulièrement la soie). Le Royaume Septentrional exporte des fourrures, du tabac, des herbes et des produits finis, particulièrement des produits du cuir, de l’armement et des pièces de monnaie.
Table des prix et échanges
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